❖ Leonard Peltier enfin libre ! - Biden lui accorde une commutation de peine mais pas la grâce
"La victoire de la libération de Leonard Peltier est un symbole de notre force collective, et notre résistance ne s'arrêtera jamais", a clamé un organisateur autochtone.

"Je rentre enfin chez moi" : Biden accorde la commutation de peine - mais pas la grâce - à Leonard Peltier
"La victoire de la libération de Leonard Peltier est un symbole de notre force collective, et notre résistance ne s'arrêtera jamais", clame un organisateur autochtone.
Par Brett Wilkins, le 20 janvier 2025, Common Dreams
Lundi, à peine quelques minutes avant la fin de ses fonctions, Joe Biden a commué la peine de prison à vie de Leonard Peltier, le militant âgé de l'American Indian Movement qui, selon ses partisans, a été piégé et accusé du meurtre de deux agents fédéraux lors d'une fusillade survenue dans une réserve en 1975.
"C'est enfin fini, je rentre chez moi. Je veux montrer au monde que je suis quelqu'un de bien, au cœur noble. Je veux aider les autres, comme ma grand-mère me l'a appris", a déclaré Leonard Peltier, âgé de 80 ans, dans un communiqué publié par le groupe d'activistes indigènes NDN Collective.
Si la grâce totale pour laquelle lui et ses défenseurs se sont longtemps battus n'est pas accordée, la commutation de peine du président démocrate sortant permettra à Peltier - emprisonné depuis près d'un demi-siècle - de "passer les jours qui lui restent à la maison", selon la déclaration de Joe Biden, disparue du site de la Maison Blanche depuis l'entrée en fonction du président républicain Donald Trump, lundi après-midi.
"Des nations tribales, des lauréats du prix Nobel de la paix, d'anciens responsables de l'application de la loi (y compris l'ancien procureur américain dont le bureau a supervisé les poursuites et l'appel de Mr Peltier), des dizaines de législateurs ainsi que des organisations de défense des droits de l'homme soutiennent fermement la décision d'accorder la clémence à Mr Peltier, soulignant son âge avancé, ses pathologies, ses liens étroits avec la communauté amérindienne et son leadership au sein de celle-ci, ainsi que le temps considérable déjà passé en prison", a expliqué Biden.
La secrétaire d'État à l'intérieur de Joe Biden, Deb Haaland, première secrétaire d'État autochtone de l'histoire des États-Unis, s'est exprimée dans un communiqué :
"La commutation de la peine de Leonard Peltier me touche au plus haut point. Sa sortie de prison représente une mesure de justice qui a longtemps échappé à tant d'Amérindiens pendant tant de décennies. Je me réjouis de savoir que Leonard peut maintenant rentrer chez lui, auprès des siens. Je salue le président Biden pour sa décision et sa compréhension de ce que cela signifie pour les communautés amérindiennes."
Le député Raúl Grijalva (D-Ariz.), qui, le mois dernier, a pris la tête de 34 législateurs américains dans une lettre appelant à la clémence pour Leonard Peltier, a déclaré dans un communiqué :
"Pendant bien trop longtemps, Mr Peltier a été privé de justice et de la possibilité de mener une vie pleine et saine aux mains du gouvernement américain, mais aujourd'hui, il peut enfin rentrer chez lui".
"La décision du président Biden n'est pas seulement appropriée, charitable et décente, elle témoigne de la résilience de Mr Peltier et du soutien inébranlable des innombrables leaders mondiaux, des voix indigènes, des experts juridiques et des droits civils, et de tant d'autres personnes qui ont plaidé sans relâche pour sa libération. Bien qu'il reste encore beaucoup à faire pour réparer le système qui a permis cette injustice et tant d'autres contre le pays indien, en particulier dans les années à venir, célébrons aujourd'hui le retour de Mr Peltier chez lui".
Nick Tilsen, fondateur et directeur général du collectif NDN, a déclaré lundi :
"La liberté de Leonard Peltier aujourd'hui est le fruit de 50 ans de résistance intergénérationnelle, d'organisation et de plaidoyer.
La libération de Leonard Peltier est notre libération - nous l'honorerons en le ramenant sur ses terres natales pour qu'il y passe le reste de ses jours entouré de ses proches, guérissant et renouant avec sa terre et sa culture.
Que la libération de Leonard nous rappelle que les soi-disant États-Unis sont entièrement bâtis sur les terres volées des peuples indigènes et que ces derniers ont su résister à toutes les tentatives visant à les opprimer, à les réduire au silence et à les coloniser. La victoire de sa libération est un symbole de notre force collective, et notre résistance ne s'arrêtera jamais".
Paul O'Brien, directeur exécutif d'Amnesty International USA, a déclaré :
"Le président Biden a agi à juste titre en commuant la peine d'emprisonnement à perpétuité de Leonard Peltier, ancien et militant autochtone, compte tenu des graves préoccupations en matière de droits de l'homme concernant l'équité de son procès."
Si Peltier admet avoir participé à la fusillade du 26 juin 1975 dans la réserve des Sioux Oglala à Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, il nie avoir tué les agents du Bureau fédéral d'enquête Jack Coler et Ronald Williams.
Comme l'a rappelé lundi Jennifer Bendery, journaliste politique au HuffPost :
Aucune preuve n'a jamais été trouvée et apportée quant au fait que Peltier ait commis un crime, et le gouvernement américain n'a jamais réussi à déterminer qui avait tiré sur ces agents. Mais les autorités fédérales avaient besoin d'un coupable. Le FBI venait de perdre deux agents et les coaccusés de Peltier avaient tous été acquittés sur la base de la légitime défense. Peltier est donc devenu leur homme.
Son procès a été marqué par de nombreuses irrégularités. Le FBI a menacé et contraint des témoins à mentir. Les procureurs fédéraux ont dissimulé des preuves qui disculpaient Peltier. Au second jour du procès, une jurée a reconnu avoir des "préjugés contre les Indiens", mais a quand même été maintenue dans le jury.
Le dossier du gouvernement s'est effondré après ces révélations, et il a simplement révisé les charges retenues contre Peltier en les transformant en "assistance et complicité" à l'égard de ceux qui avaient tué les agents, et ne s'appuyant que sur le fait qu'il était l'une des dizaines de personnes présentes au moment de la fusillade. Peltier a été reconnu coupable et condamné à deux peines de prison à vie consécutives.
Joe Stuntz Killsright, militant de l'American Indian Movement (AIM), a également été tué à Pine Ridge lorsqu'un agent du Bureau des affaires indiennes des États-Unis lui a tiré une balle dans la tête après que Coler et Williams eurent été tués. La mort de Stuntz n'a jamais fait l'objet d'une enquête.
Certains militants indigènes ont salué la commutation de peine de Peltier tout en se souvenant d'Annie Mae Pictou Aquash, une militante micmaque qui a été enlevée et assassinée à Pine Ridge en décembre 1975 par ses camarades de l'AIM. Certains défenseurs d'Aquash pensent qu'il s'agit d'un assassinat ordonné par les dirigeants de l'AIM, qui craignaient qu'elle ne soit une informatrice du FBI.
Avant de quitter ses fonctions, Joe Biden a accordé une multitude de grâces préventives de dernière minute destinées à protéger de nombreux membres de la famille et fonctionnaires que Trump et ses alliés ont menacés de poursuites judiciaires motivées par des considérations politiques.
Cependant, le président sortant a anéanti les espoirs de figures telles que Steven Donziger, Charles Littlejohn et les descendants d'Ethel Rosenberg (ndr : ou du fondateur de WikiLeaks Julian Assange), qui aspiraient à des grâces ou à des commutations de dernière minute.
Brett Wilkins est rédacteur pour Common Dreams.
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ndr : Participation possible en fin de chaque article de Common Dreams.
📰 https://www.commondreams.org/news/leonard-peltier-commutation
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Vous trouverez ci-dessous les liens vers les articles de ce blog consacrés à Leonard Peltier

Leonard Peltier, ce prisonnier politique amérindien oublié, incarcéré depuis près de 47 ans (décembre 2022)
Il est temps de libérer Leonard Peltier, le plus ancien prisonnier politique américain (Septembre 2023)
Après près de 50 ans de prison, Leonard Peltier se voit refuser la libération conditionnelle (Juillet 2024)
Leonard Peltier : "Vous ne m'avez pas détruit, je reste intact" (Juillet 2024)
Emprisonné depuis 50 ans : Amnesty appelle à la libération de Leonard Peltier, qui fête ses 80 ans derrière les barreaux (septembre 2024)
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Une excellente nouvellle pour Peltier. Un cynisme et un opportunisme de plus pour Biden.
Merci pour ce relai
Corrine.