🚩 La psychologie de la capture de Julian Assange, partie 3 - Wikileaks & Russiagate : Faites-nous confiance, nous sommes la CIA 🎗⏳
L'1 de nos derniers déploiements dans cette guerre est 1 petit outil fort pratique, d'apparence inoffensive, qui écrase l'information et s'appelle "NewsGuard". Hyper excitant, ce n'est que le début
Dans la troisième partie de sa série d'enquêtes spéciales sur Julian Assange, le Dr Lissa Johnson, psychologue clinicienne, nous éclaire un peu plus sur la manière dont l'État le plus malhonnête du monde a coopté tant de personnes pourtant intelligentes pour tirer sur le messager
✒️ Par Lissa Johnson, le 2 mars 2019, New Mathilda
📌 Demain, le 3 mars, un rassemblement appelant le gouvernement australien à protéger son citoyen, Julian Assange, de l'extradition et des poursuites judiciaires des États-Unis aura lieu à Sydney, à l'amphithéâtre de Martin Place, à partir de 14 heures. Le journaliste et cinéaste John Pilger prendra la parole lors du rassemblement, ainsi que le professeur Stuart Rees, défenseur respecté des droits de l'homme.
La manifestation a reçu le soutien du musicien Roger Waters et de Terry Hicks, père de l'ancien prisonnier de Guantanamo Bay David Hicks, d'enseignants australiens, de la rédactrice en chef de Disobedient Media Elizabeth Lea Vos , et de l'auteur et journaliste Chris Hedges, lauréat du prix Pulitzer.
Le dimanche suivant, le 10 mars, un second rassemblement aura lieu à Melbourne sur les marches de la bibliothèque d'État à 13 heures.
Julian Assange en est à sa neuvième année de détention arbitraire déclarée par les Nations unies, il est désormais soumis à un véritable isolement cellulaire et sa santé est défaillante. Il risque l'extradition vers les États-Unis et des poursuites judiciaires pour journalisme s'il sort de l'ambassade de l'Équateur à Londres.
L'organisateur du rassemblement, James Cogan, a décrit la persécution d'Assange comme le "fer de lance d'une offensive mondiale contre la liberté d'expression et la censure des voix d'opposition sur l'internet". Dans le même ordre d'idées, Mike Pompeo, alors directeur de la CIA, s'est engagé à poursuivre, avec une "grande vigueur", les "petits" médias dans le sillage de Wikileaks.
Les rassemblements de Sydney et de Melbourne exigeront que le silence et la collaboration du gouvernement australien dans la persécution d'Assange cessent. Terry Hicks a déclaré à propos de ces rassemblements que "la bataille pour obtenir la liberté de Julian dépend de la prise de parole des citoyens ordinaires".
Armes destinées à troubler la démocratie
Alors que l'asile politique de Julian Assange est en suspens, certains citoyens lambda de gauche et de la #Resistance™ libérale, plutôt que de s'exprimer, marchent au pas derrière l'administration Trump qui mène sa répression contre le journalisme via Wikileaks. Non seulement certains rentrent dans le rang, mais ils ils mènent la charge, les médias "libéraux" comme The Guardian en tête. C'est un rêve autoritaire, note Glenn Greenwald.
Si le ministère de la Justice de l'administration Trump parvient à poursuivre Assange, le journalisme lui-même est en passe d'être criminalisé. C'est ce qu'affirment des juristes de gauche comme de droite, de l'actuel et ancien conseiller principal du New York Times à l'ancien maire de New York, Rudi Giuliani, en passant par le ministère de la Justice de Barack Obama.
L'Union américaine pour les libertés civiles , le directeur de Human Rights Watch et le Comité pour la protection des journalistes, entre autres, ont également mis en garde contre les conséquences désastreuses pour le journalisme si Assange devait être poursuivi.
Au même titre que le journalisme, toute critique publique de l'État-entreprise, comme celle des activistes, des blogueurs, des universitaires ou des utilisateurs des médias sociaux, est mise à l'index, écrit Chris Hedges ..
Compte tenu de tout cela, comment les défenseurs de la liberté, tels que les libéraux, les gauchistes et autres personnes soucieuses d'égalité, ont-ils été cooptés pour participer à une telle croisade de censure transfrontalière et extraterritoriale ? Pourquoi soutiennent-ils l'une des offensives totalitaires les plus conséquentes sous la surveillance de leur ennemi juré, Donald Trump, en donnant à son administration les moyens de les réduire au silence ?
Cet état de fait dépasse même les objectifs de la branche de contre-espionnage cybernétique du ministère américain de la Défense (DoD), décrits dans un document de 2008, visant à détruire la "confiance" au "centre de gravité" de Wikileaks. Non seulement la confiance en Wikileaks est attaquée, mais elle est aussi cooptée par les agences de renseignement américaines, qui ont une longue tradition de mensonges, au détriment de Wikileaks et de son taux d'exactitude de 100 %.
Plus précisément, pour justifier la persécution d'Assange par la gauche, les partisans de l'offensive doivent prendre les agences de renseignement américaines au mot, en acceptant sur parole les "évaluations" des services de renseignement selon lesquelles Wikileaks est de mèche avec Vladimir Poutine et Donald Trump.
Jusqu'à présent, ces "évaluations" sont tout ce que près de deux ans d'enquête de Mueller ont permis de rassembler concernant la collusion présumée entre Trump, la Russie et Wikileaks.
Même en tenant compte du récent témoignage de Michael Cohen sur Roger Stone, dernière bombe creuse d'une longue série de plus de 50 bombes ayant explosé auparavant, aucune preuve de collusion entre Trump et la Russie n'a pu être trouvée, avec ou sans Wikileaks.
Pour donner un sens aux "évaluations" proposées par les agences de renseignement pour étayer le Russiagate, Seymour Hersh, journaliste d'investigation chevronné et reporter des services de renseignement, explique qu'au sein de la "communauté du renseignement", le terme "évaluation", et même une évaluation de "haute confiance, signifie en fait qu'ils ne savent tout simplement pas".
En outre, les agences de renseignement qui attendent de nous que nous les croyions sur parole quant aux liens entre Wikileaks et la Russie sont les mêmes que celles qui nous ont trompés lors de la guerre d'Irak en affirmant faussement qu'il existait des liens entre Saddam Hussein et Al-Qaïda.
En fait, Hersh se souvient que la dernière fois qu'il a été confronté à une "évaluation" de la sécurité nationale présentant un "degré de confiance élevé", il s'agissait de l'"évaluation" selon laquelle Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive (ADM).
Regardons les choses en face : l'État américain chargé de la sécurité nationale ment depuis le premier jour, à propos de la torture, de la surveillance de masse, de l'espionnage du Congrès, du trafic de cocaïne, des bébés en couveuse, de la guerre du Vietnam et du renversement du gouvernement chilien. En fait, ils ont renversé de nombreux gouvernements.
Mais cette fois-ci, ils disent la vérité. Faites-leur confiance. Ils le jurent. Peu importe qu'ils soient dans le business de l'opération clandestine. Une opération qui "passe inaperçue". Une opération, par exemple, visant à criminaliser le journalisme et à écraser la dissidence qui passe inaperçue sous le couvert de "défendre la démocratie".
Non, cette fois c'est différent. Saddam n'avait peut-être pas d'ADM, mais la Russie en possède. (Armes de destruction de la démocratie). Des spots publicitaires Facebook. Et des mèmes. Des chiots et des Pokémon … C'est du lourd.
Certes, la plupart des contenus sur les réseaux sociaux accusés d'avoir contribué à l'élection de Trump ont été diffusés après l'élection, 90 % d'entre eux n'étaient même pas liés à l'élection et ils ne représentaient qu'entre 0,004 et 0,00008 de ce qui a été vu pendant la campagne électorale.
Mais Robert Mueller semble prendre tout cela très au sérieux. Et Mueller veut faire tomber Trump. Il doit donc avoir raison.
L'année dernière, l'inculpation par Mueller de 12 officiers du renseignement russe (GRU) ressemblait à un document légal, formel, de 29 pages, avec de nombreux détails, alléguant que des officiers russes avaient "piraté les réseaux informatiques du... Comité national démocrate (DNC)" et communiqué les documents piratés à "l'Organisation 1", aujourd'hui connue sous le nom de Wikileaks.
Les médias mainstream ont certainement traité les actes d'accusation comme des condamnations prononcées par un tribunal. Ils n'ont même pas ressenti le besoin de rapporter l'évaluation de l'ancien directeur technique de la NSA, William Binney, qui affirme que si les courriels de la DNC avaient été piratés, comme le prévoit l'acte d'accusation de Mueller, la NSA en aurait été informée.
La NSA possèderait les enregistrements du piratage, y compris l'origine du dit piratage, déclare Binney, soulignant que "s'il s'agissait des Russes, la NSA disposerait d'une voie de traçage jusqu'à ces derniers et serait sans équivoque sur l'identité de l'auteur du piratage". En d'autres termes, il suffirait à Mueller de demander à la NSA. Plus besoin de toutes ces suppositions et de ce puzzle chaotique de réunions, d'appels téléphoniques et d'"évaluations" par les agences de renseignement, qui alimentent un barrage incessant de bombe médiatique du début à fin, jour après jour.
Le procureur général adjoint ne s'est toutefois nullement préoccupé de ces détails lors de sa conférence de presse sur les inculpations du GRU, et les médias mainstream non plus. Vous pouvez voir cette conférence de presse ici.
Vous pouvez également regarder une prestation antérieure de Robert Mueller ici, délivrant un autre message sincère des agences de renseignement américaines, également débarrassé de toute opinion divergente. En 2003, Robert Mueller a déclaré devant le Congrès : "Bagdad n'a pas réussi à démanteler ses armes de destruction massive, tentant sciemment d'échapper à la communauté internationale et de la tromper. Nous craignons en particulier que Saddam Hussein ne fournisse à des terroristes du matériel biologique, chimique ou radiologique".
Faites-nous confiance. Nous sommes la CIA.
"Salut ! Je suis la CIA", dit un mème qui a été supprimé de Twitter, "Vous vous souvenez peut-être de moi grâce à des films tels que 'Les ADM en Irak'", "Nous ne savons pas comment cette cocaïne arrive jusqu'ici" et "Regardez ! Ce sont les Russes !".
Lorsqu'il est aussi facile de résumer la sagesse consistant à faire confiance aux agences de renseignement américaines, pourquoi quelqu'un ne souffrant pas d'un cas clinique d'amnésie rétrograde croirait-il les agences de renseignement sur parole ? Pourquoi "de nombreux "libéraux" qui se sont fait les dents sur le scepticisme à propos de la guerre froide [...] insistent aujourd'hui sur le fait que nous devons tous accepter tout ce que la communauté du renseignement américain nous donne à entendre" ?
Même les enfants comprennent la logique de la méfiance à l'égard de quelqu'un qui a menti à plusieurs reprises dans le passé.
Avant que vous ne parliez du "Trump Derangement Syndrome" (j'y reviendrai), rappelez-vous que l'establishment de la sécurité nationale des États-Unis, avec sa longue histoire de mensonges envers le public, a réussi à le tromper au sujet de Julian Assange depuis 2010. Avec suffisamment de réussite, comme je l'ai expliqué dans la deuxième partie, pour que les populations tolèrent l'emprisonnement politique d'Assange pour faits de journalisme, sous la forme d'une détention arbitraire, durant plus de huit ans.
"Faites-nous confiance", disaient-ils en 2010. "Wikileaks fait du tort à des innocents". En réalité, il n'y a "pas la moindre preuve que les révélations faites par WikiLeaks aient causé un quelconque préjudice à qui que ce soit", écrit la journaliste et auteure Nozomi Hayase. Le vice-président Joe Biden l'a lui-même admis en 2010, déclarant que les publications de Wikileaks n'avaient causé "aucun dommage substantiel", si ce n'est qu'elles étaient "embarrassantes". La guerre occidentale contre le terrorisme, en revanche, a fait entre 500 000 et 1,3 à 2 millions de morts depuis le 11 septembre.
"Faites-nous confiance" Wikileaks est une "organisation terroriste". En réalité, il s'agit d'une organisation médiatique. C'est ce qu'a décidé un tribunal britannique en 2017.
"Faites-nous confiance" : Assange a été accusé de viol. Le fait est qu'aucune accusation n'a jamais été portée contre Julian Assange et que les femmes impliquées dans enquête suédoise n'ont pas accusé Assange de viol. Dans des messages textuels, l'une d'entre elles a déclaré que la police avait "inventé" les accusations.
Selon une déclaration officielle de l'ancien procureur général de Stockholm et directeur de l'autorité régionale de poursuite de cette ville, l'enquête a été entachée d'irrégularités de A à Z. La Suède elle-même a cherché à clore l'enquête, qui n'était qu'une enquête préliminaire, en 2013, en interrogeant Assange à l'ambassade d'Équateur. Le Royaume-Uni n'était pas d’accord.

"Faites-nous confiance", Assange échappe à la "justice britannique". Pas à une extradition vers les États-Unis. Il est libre de quitter l'ambassade équatorienne à tout moment. Et pourtant, en 2018, le DoJ américain a accidentellement révélé qu'un acte d'accusation scellé contenant des charges secrètes attendait bel et bien Julian Assange aux États-Unis, confirmant ce que Wikileaks dit depuis des années.
"Mais faites-nous confiance". Cette fois-ci. Nous disons la vérité dorénavant. En toute honnêteté. C'est un agent russe. Et un apologiste de Poutine. Et un larbin de Donald Trump. Et une marionnette du Kremlin.
Tout est de la faute de Julian Assange dans le cas de Donald Trump. C'est la vérité.
Ne laissez personne vous dire que l'élection de Trump a quelque chose à voir avec l'appauvrissement massif causé par des décennies de néolibéralisme. Non, pas du tout. La pauvreté rampante et sans fin ne joue aucun rôle dans la démagogie. Pas le moins du monde. Elle ne crée pas non plus de désillusion massive à l'égard des classes politiques dominantes.
Non. L'élection de Trump est l'œuvre de la Russie. Avec le concours de Julian Assange.
Parce qu'une classe ouvrière abandonnée par l'establishment politique, de gauche comme de droite, n'a rien à voir, de près ou de loin, avec la capacité de Trump à surfer sur la crête d'une vague de promesses vides faites aux travailleurs jusqu'à la Maison Blanche.
Pas plus que la jaunisse des familles américaines à l'idée d'envoyer leurs proches à la guerre et de les voir rentrer chez eux morts, blessés ou souffrant du syndrome de stress post-traumatique, mis au rebut par l'État. Il suffit d'ignorer cet d’ignorer cet article universitaire qui conclut que les guerres Bush-Obama ont coûté la Maison Blanche à Hilary Clinton.
Les auteurs de ce document, des universitaires ayant manifestement trop de temps à perdre, se sont mis en tête de parler d'un "casualty gap", c'est-à-dire d'une fracture émergente "entre les communautés dont les jeunes meurent pour défendre le pays et les communautés dont les jeunes ne meurent pas".
Bidon.
Les chercheurs pensent que ce n'est pas parce qu'il existe une "relation significative entre le taux de sacrifice militaire d'une communauté et son soutien à Trump" que le coût humain de la guerre a quelque chose à voir avec quoi que ce soit.
Foutaises.
"Si la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin avaient souffert d'un taux de pertes même légèrement inférieur, ils auraient tous les trois pu basculer du rouge au bleu et envoyer Hillary Clinton à la Maison-Blanche", affirment-ils.
Il s'agit manifestement de désinformation russe. Nous allons mettre ces universitaires sur une liste noire et les diffamer en tant qu'agents russes. Tout de suite.
L'élection de Trump n'a également rien à voir avec la stratégie du "joueur de flûte" des démocrates visant à élever Donald Trump au cours de la campagne électorale de 2016. Ni leur sentiment avoué d'avoir le droit de truquer les primaires et de faire un travail de sape sur Bernie Sanders, qui avait la meilleure chance de battre Trump.
Ni les 2 milliards de dollars d’exposition médiatique gratuite accordés à Trump par nos fidèles amis, les médias d'entreprise. (Ce qui, à lui seul, représente plus d'argent, soit dit en passant, que le coût total des campagnes électorales américaines les plus coûteuses de l'histoire).
Non, aucun de ces éléments n'a joué le moindre rôle dans l'élection de Trump. Absolument pas. Tout est de la faute d'Assange. De même que la Russie. (Et peut-être un peu de Jill Stein.)
Continuez à vous le répéter.
Vous pourrez alors dormir sur vos deux oreilles lorsque nous arrêterons Assange et le ramènerons enchaîné aux États-Unis. Rien ne viendra ronger votre conscience lorsque nous l'enfermerons et jetterons la clé. Pour le journalisme. Le journalisme factuel. Nous détestons ce genre de choses.
Et puis, il faut bien que quelqu'un paie pour l'élection de Trump, alors autant que ce soit Julian Assange. Nous, les agences de renseignement, sommes de votre côté. Absolument. Nous sommes presque des progressistes ces jours-ci. Et nous, les progressistes, devons nous serrer les coudes. Contre Trump.
Bien sûr, nous avons une longue histoire de soutien aux dictateurs fascistes d'extrême droite et aux escadrons de la mort dans le monde entier. Mais nous avons vu la lumière maintenant. En toute honnêteté. Juste à temps pour faire tomber Trump. Quelle heureuse coïncidence.
Tout ce que vous avez à faire, c'est de nous faire confiance, et de chasser de votre esprit toutes ces autres explications de l'élection de 2016. Si vous blâmez Julian Assange pour tout, cela vous donne un punching-ball facile pour évacuer toute votre rage refoulée contre le système foireux qui a vomi Donald Trump.
C'est beaucoup plus commode que d'affronter les horribles vérités qui se cachent derrière l'élection de 2016. Comme si votre gouvernement n'était pas si intéressé que ça par vous. Comme l'a dit un jour un homme sage. Il vous a quitté pour les ploutocrates il y a des années. La promesse de la démocratie américaine était belle tant qu'elle a duré, mais c'est désormais une corporatocratie. Même une étude de Princeton l'a affirmé.
Plutôt que de digérer cette réalité qui fait réfléchir, blâmer Assange revient à blâmer l'ami qui vous a montré les lettres que votre conjoint a écrites à son amant milliardaire, dans votre dos, planifiant leurs retraites de luxe ensemble, alors qu'ils vous laissaient pour morte.
C'est trop laid pour être cru. Il est plus facile de blâmer l'ami. De tirer sur le messager. C'est une stratégie d'adaptation qui permet de tenir à distance les réalités douloureuses. Pour un temps au moins.
Alors allez-y, continuez à le blâmer. Nous l'éliminerons en votre nom. Comme une procuration pour éliminer Donald Trump. Tout ce que nous voulons, c'est que vous restiez tranquille. Gentiment et silencieusement. Pas un mot. Pendant que nous nous refermons sur lui. Laissez-nous faire.
Quoi qu'il en soit, ne signez aucune pétition et n'assistez à aucun rassemblement. Surtout ne participez pas aux rassemblements ce week-end ou le suivant si vous vivez à Sydney ou à Melbourne.
Restez chez vous le dimanche 3 mars à 14 heures. N'allez pas, nous disons bien N'ALLEZ PAS écouter le journaliste et cinéaste John Pilger, ou le professeur Stuart Rees, parler à l'amphithéâtre de Martin Place ce dimanche.
Nos amis du Guardian ont gentiment cessé de publier les travaux de John Pilger, Dieu merci. Il exprime toutes sortes de vérités sans fard sur la guerre. Ce n'est tout simplement pas à l'ordre du jour. Nous ne voudrions donc pas que vous sachiez que vous pouvez tout simplement vous rendre à Martin Place dimanche pour l'écouter.
Parce que vos esprits sont déjà trop imprégnés de vérité. Notamment grâce à Julian Assange. La vérité est brouillonne et difficile à cerner. Vous n'avez pas le temps de vous en occuper. Nous allons tout prédigérer pour vous et vous dire quoi penser.
Nous devons d'abord fermer Wikileaks et prendre le contrôle d'une chose indisciplinée appelée "Internet". Il est truffé d'arrivistes qui pensent qu'ils peuvent diffuser des faits et des opinions. À leur guise. Sans notre accord préalable.
Nous nous sommes donné beaucoup de mal pour infiltrer les médias avec des membres du personnel de la CIA comme "experts" (par exemple, l'ancien chef de la CIA John Brennan à MSNBSC ou Michael Hayden à CNN, et l'ancien directeur du renseignement national James Clapper à CNN, auxquels s'ajoutent environ 11 autres personnes à travers CNN, NBC et CBS). Il s'agit d'un véritable coup d'État en matière de renseignement médiatique).
Et nous avons un contractant de la CIA qui est également membre du conseil d’administration du Pentagone à la tête du Washington Post. Qu'est-ce que cela signifie ? C'est aussi l'un des hommes les plus riches de l'histoire. Celui-là n'est pas près de faire chavirer les navires du capitalisme prédateur.
Sans parler des nombreux journalistes serviles et des plateformes de réseaux sociaux prêts à s'aligner sur les plans des services de renseignement des médias pour s'assurer que la "vérité" est exactement ce que nous disons qu'elle est. Comme l'Alliance for Securing Democracy et Hamilton 68 Dashboard, l'initiative pour l'intégrité de l'Institute for Statecraft (qui est britannique, mais nous avons uni nos forces), PropOrNot, le, le Digital Forensics Lab, une "fusion de l'État de sécurité nationale et de la Silicon Valley", et NewsGuard.
Je veux dire que nous nous retrouvons avec toute cette infiltration des médias, et qu'une bande d'inconnus, avec rien d'autre qu'un ordinateur portable (et pour certains d'entre eux des carrières journalistiques illustres et primées, des postes universitaires de haut vol, ou des expériences dans le domaine de la diplomatie, du renseignement et de la politique), peut simplement se connecter et fournir des observations sur lesquelles nous échappons à tout contrôle.
Et on attend de nous que nous le supportions. Cela dépasse l'entendement. Comment pouvons-nous assurer une "communication stratégique" dans un tel environnement intellectuellement transparent et libre ? Impossible.
Il fut un temps où il fallait être un squillionare pour obtenir une tribune publique. Nous aimions cela. Mais Wikileaks est arrivé avec son concept d'informations partagées par la communauté. L'auteur Nazomi Hayase parle de "démocratisation de la connaissance". Et nous n'avons jamais aimé le partage communautaire de quoi que ce soit.
Rappelez-vous ce que nous avons fait à tous ces mouvements de peuples indigènes à l'esprit communautaire à l'époque, après la Seconde Guerre mondiale. Ces gens ordinaires dans les nations colonisées, en quête d'autodétermination et de justice sociale ?
Ces paysans et ces travailleurs qui, comme au Vietnam et en Corée, pensaient pouvoir créer leurs propres communautés politiques et se gouverner eux-mêmes ? Tout comme ces bons à rien sur le net qui pensent pouvoir créer leurs propres communautés médiatiques et s'informer eux-mêmes ?

Nous les avons tous présentés comme des menaces pour la démocratie soutenues par la Russie (ça marche à chaque fois) et nous les avons anéantis. Nous les avons massacrés dans les villages où ils dormaient et vivaient. Nous les avons brûlés vifs par millions au napalm. Nous avons mené de sales guerres dans leurs pays, sur la base de mensonges.
Puis nous avons enterré l'histoire, le mieux possible. Lorsque les documents sur la guerre de Corée ont été déclassifiés et que le professeur Bruce Cumings Cumings a écrit à leur sujet, tout le monde était passé à autre chose. Qui plus est, le récit officiel était déjà si bien ancré que l'histoire enfouie n'avait aucune chance d'aboutir. Le récit était ancien et sentait le renfermé, et tout le monde s'en contrefichait.
Bien sûr, le lanceur d'alerte des Pentagon Papers, Daniel Elsberg, a tout chamboulé lorsqu'il s'est agi du Viêt Nam. Nous détestons les lanceurs d'alerte. Voilà une autre raison de s'en prendre à Wikileaks qui les protège contre les représailles. Ce qui est très frustrant pour nous.
Nous avons cherché à jeter Elsberg en prison, comme nous le faisons avec Assange, sans succès. Mais cette fois, nous avons pavé la voie psychologique avec le Russiagate et une campagne de diffamation de dix ans. Nous avons donc toutes nos chances.
Le fait est que nous écraserons ces mouvements de médias indépendants comme nous l'avons fait pour ces mouvements populaires à l'époque, en nous camouflant derrière un écran de fumée russophobe, hier comme aujourd'hui. Cela s'appelle la contre-insurrection. Nous le pratiquons depuis des décennies.
C'est la guerre. Ne vous y trompez pas. C'est une guerre de l'information, contre les "rébellions de l'information" sur le "champ de bataille" d'Internet, comme l'a récemment entendu la commission judiciaire du Sénat.
L'un de nos derniers déploiements dans cette guerre est un petit outil fort pratique, d'apparence inoffensive, qui écrase l'information et qui s'appelle "NewsGuard". C'est comme une ceinture de chasteté, mais appliquée au journalisme. Tous les sites web qui s'éloignent de nos récits oints sont marqués d'un énorme "rouge", pour les tenir à l'écart. Comme Wikileaks. (Même si NewsGuard admet que Wikileaks a un taux d'exactitude de 100 %. Peu importe).
Le plus fort, c'est que nous sommes en train de négocier pour imposer NewsGuard à tout le monde, involontairement, pour toutes leurs recherches sur l'internet. Même lorsqu'ils utilisent Facebook et Twitter. Surtout quand ils se connectent à Facebook et à Twitter. Le partage communautaire d'informations y est beaucoup trop important.
En fait, nous travaillons en partenariat avec Microsoft, qui intègre NewsGuard dans ses produits, que cela plaise ou non au public. Et nous travaillons avec l'UE pour déployer NewsGuard dans toute l'Europe. Tout ça est terriblement excitant. Nous finirons par empêcher les gens de lire ce qu'ils veulent et nous leur ferons avaler notre propre version de la réalité. Attendez de voir.
Et une fois que nous aurons criminalisé le journalisme via Julian Assange, tous les sites de médias indépendants que nous ne pourrons pas éliminer avec NewsGuard seront poursuivis légalement. Comptez là-dessus. Comme Mike Pompeo l'a dit lorsqu'il était directeur de la CIA, nous "poursuivrons avec une grande vigueur" les "petits" médias parallèlement à Wikileaks. Nous ne pouvons attendre. Nous ne faisons que commencer.
Le fait est que nous avons besoin de votre aide. Nous avons besoin que vous détestiez Julian Assange, ou du moins que vous ne vous souciiez pas de ce qui lui arrive, afin que (a) vous ne nous blâmiez pas pour le gigantesque chaos de l'élection de Trump et de l'implosion de l'empire américain/capitaliste, et (b) que nous puissions faire taire tous ceux qui, comme Assange, nous critiquent. En plus, (c) nous pouvons nous en tirer avec d'autres trucs ploutocratiques impériaux, comme la guerre, la criminalité et la corruption entre l'État et les entreprises, et ce genre de choses.
Voilà le b.a.-ba des opérations psychologiques. Comme le stipule ce manuel Psyops ou manuel d'opérations psychologiques publié par l'état-major interarmées, "un adversaire est plus touché par la désertion que par le massacre".
Faites-nous donc confiance. Assange est le diable. Ou du moins, il est de mèche avec le diable. Ou peut-être simplement avec le Kremlin. À tout le moins, il est un service de renseignement hostile non étatique. Et ABC l'a appelé "la b**** de Poutine". Cela doit donc être vrai.
Est-ce qu'on vous mentirait ?"*
Par la suite, j'examinerai les vulnérabilités psychologiques spécifiques du système de traitement de l'information humaine mises à profit et exploitées afin de coopter la confiance de Wikileaks, qui affiche un taux d'exactitude de 100 %, et des agences de renseignement américaines, qui ont une longue tradition de mensonges. Comment cela a-t-il été possible ?
Au cours de ce processus, j'examinerai les mécanismes par lesquels le MOAB psychologique de ce projet, le Russiagate, a travaillé pour renverser la réalité, faisant de la censure un bastion de la démocratie et du journalisme basé sur les faits une menace à vaincre.
En attendant, si vous souhaitez lutter contre la censure sur Internet et défendre un éditeur persécuté, vous pouvez faire connaître les rassemblements australiens pour la libération de Julian Asssange, ou y participer si vous le pouvez, le 3 mars à Sydney à l'amphithéâtre Martin Place à partir de 14 heures, et à Melbourne à la State Library le 10 mars à partir de 13 heures. Gardez un œil sur ce fil Twitter ou cette page Facebook pour les mises à jour.
* Avertissement : ce dialogue est fictif. Il ne prétend pas représenter les propos réels d'un individu.
La psychologie dans la capture d'Assange
Déjà traduites et publiées
Partie 1 : La psychologie pour capturer Julian Assange : Qu'est-ce que la torture a à voir dans cette affaire ?
À venir la traduction :
Partie 5 : La psychologie de la capture de Julian Assange : propagande de guerre 101
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