🚩 La psychologie de la capture de Julian Assange, deuxième partie : le tribunal de l'opinion publique et l'histoire inédite à glacer le sang 🎗⏳
La finalité psychologique de cette guerre n'est pas juste la disparition de Wikileaks. Il s'agit d'obtenir le consentement du public pour considérer le journalisme d'intérêt public d'ennemi public n°1
NDR : La première partie a été publiée sur cette plateforme le 13 septembre 2022 - Le lien vous est redonné en fin de publication.
Dans le cadre de son enquête spéciale sur la détention de Julian Assange, le Dr Lissa Johnson s'intéresse à l'art de la diffamation ainsi qu'aux méthodes employées pour corrompre un système judiciaire.
✒️ Par Dr Lissa Johnson, le 25 février 2019, New Mathilda
📌 Le vendredi 14 février [2019], le rédacteur en chef du site d'information Consortium News, Joe Lauria, s'est rendu à Sydney pour animer un événement intitulé "Politics in the Pub" : Whistleblowing, Wikileaks and the Future of Democracy (Divulgation, Wikileaks et l'avenir de la démocratie). Cet événement a été organisé en prévision des prochains rassemblements pour la libération d'Assange, qui auront lieu à Sydney ce dimanche 3 mars et à Melbourne le dimanche 10 mars.
Le célèbre journaliste et réalisateur John Pilger prendra la parole lors du rassemblement de Sydney, dans l'amphithéâtre de Martin Place, à partir de 14 heures. Chris Hedges, journaliste lauréat du prix Pulitzer, a apporté son soutien aux manifestations en ces termes :
"J'implore tous ceux qui le peuvent de participer aux rassemblements. Il est impératif que nous fassions pression sur le gouvernement australien pour qu'il s'assure que son citoyen, Julian Assange, soit protégé de l'anarchie de l'empire américain".
En ouverture de la soirée "Politics in the Pub", Lauria a décrit le combat pour la défense de Julian Asssange comme une "affaire historique pour la liberté de la presse. C'est ainsi que j'ai commencé à m'impliquer davantage".
Lauria anime des veillées hebdomadaires en ligne Unity4J en soutien à Julian Assange depuis décembre dernier, succédant à Suzie Dawson, dans le cadre de la plateforme Unity4J. Parmi les invités, on peut citer Daniel Elsberg, lanceur d'alerte des Pentagon Papers, John Kiriakou, lanceur d'alerte de la CIA, Chris Hedges, John Pilger et bien d'autres encore.
La carrière journalistique de Joe Lauria a embrassé les grands médias et les médias indépendants, et notamment 25 ans en tant que correspondant de l'ONU, où il a couvert toutes les grandes crises mondiales dont les Nations unies ont été saisies. Au cours de sa carrière, Joe Lauria a fait l'expérience directe de la censure journalistique et de l'application des récits officiels, notamment pendant la période qui a précédé la guerre en Irak. Il est donc particulièrement bien placé pour animer des débats sur l'importance de Wikileaks et de Julian Assange.
Après avoir pris la direction de Consortium News en avril 2018, Lauria a expliqué, lors d'un service commémoratif en l'honneur du défunt fondateur du site web - le journaliste d'investigation chevronné Robert Parry - comment il en était venu à écrire pour le site web d'information indépendant de Parry en 2011.
Il a déclaré :
"Si vous regardez les différentes conférences de Bob, disponibles sur YouTube, vous verrez qu'on lui demandait souvent pourquoi il avait créé Consortium News. Bob dit, en substance, qu'il en avait assez de la résistance des rédacteurs en chef qui mettaient des bâtons dans les roues de ses articles, souvent d'une importance nationale majeure."
Un rédacteur de Newsweek lui a dit qu'ils supprimaient un article pour le "bien du pays". Les faits qu'il avait déterrés allaient trop loin dans l'exposition du côté obscur de la puissance américaine. Son rédacteur en chef parlait, bien sûr, de ce qui était bon pour les dirigeants du pays, pas pour le reste d'entre nous.
"Comme vient de nous le dire John Pilger, Bob a créé un consortium pour les journalistes qui se heurtaient à la même obstruction de la part de leurs rédacteurs en chef : un espace où ils pouvaient publier ce qu'ils ne parvenaient pas à faire paraître dans les médias mainstream".
Soit dit en passant, Chris Graham est devenu rédacteur en chef de New Matilda pour des raisons similaires : créer une plate-forme pour les articles sur les affaires autochtones qu'il lui était impossible de faire publier dans les médias grand public.
Lauria a poursuivi en décrivant certains actes spécifiques de suppression que lui-même avait subis au cours de sa carrière. Il a notamment été licencié après avoir fait état de dissensions au sein de l'ONU lors de la préparation de la guerre en Irak ; de l'occultation de la reconnaissance de la Palestine par 130 nations à l'ONU lors d'un vote sur le statut de ce pays ; et de la suppression d'un article "sur un document déclassifié de la Defense Intelligence Agency (DIA) qui prédisait la montée d'ISIS en 2012, mais qui a été ignoré à Washington. Ce document indiquait que les États-Unis et leurs alliés en Europe, en Turquie et dans le Golfe soutenaient une principauté salafiste dans l'est de la Syrie qui pourrait se transformer en État islamique".
Supprimé. Pour le bien du pays.
"L'omission de ces informations jour après jour dans la presse et à la télévision, au fil des décennies, donne au peuple américain une vision biaisée de son pays, un sens presque caricatural de la moralité supposée de l'Amérique dans les affaires internationales", a déclaré Lauria.
Sur l'importance de Wikileaks dans un tel paysage médiatique, lors d'une interview avec Chris Hedges, lequel a également perdu sa carrière dans les médias dominants après avoir critiqué la guerre en Irak, Lauria a déclaré :
" Au fil des ans, nous avons assisté au déclin du journalisme américain... cette acceptation des déclarations et des positions officielles, et le fait de les rapporter sans jamais les remettre en question ".

Hedges, ancien correspondant à l'étranger et chef du bureau du New York Times au Moyen-Orient, a ajouté lors d'une veillée en ligne pour Assange :
"J'ai encore des collègues qui sont là [au New York Times], et ils n'hésitent pas à dire que le journalisme d'investigation sur les rouages du pouvoir a été totalement gelé, du fait de la surveillance généralisée. Les fonctionnaires, parce qu'ils savent qu'ils sont surveillés, et les journalistes, parce qu'ils savent qu'ils le sont également, ne peuvent plus faire la lumière sur les rouages du pouvoir."
"Le seul mécanisme qu'il nous reste pour comprendre, sans détour, les crimes commis par les puissants, par les élites, ce sont les fuites... Si l'on supprime ce mécanisme, la tyrannie, la corruption se déchaînent."
Ce que vous ne savez pas peut vous nuire
Lorsque Lauria a pris en charge les veillées Unity4J pour Assange en décembre de l'année dernière, la période était mouvementée dans la lutte pour la défense de Julian Assange.
Alors que l'année 2018 touchait à sa fin, les craintes d'une extradition imminente d'Assange vers les États-Unis se multipliaient. Des protocoles de plus en plus stricts ont été imposés à sa présence dans l'ambassade équatorienne, créant potentiellement des prétextes pour son expulsion, l'ambassadeur et le ministre des affaires étrangères équatoriens ont conseillé à Assange de quitter l'ambassade et de se rendre aux autorités britanniques, et six démocrates de premier plan ont écrit une lettre au secrétaire d'État Mike Pompeo, lui recommandant d'exhorter l'Équateur à "résoudre" la "situation" avec Julian Assange.
Si les efforts visant à expulser Julian Assange de l'ambassade aboutissent, on s'attend à ce qu'il soit extradé vers les États-Unis pour y être inculpé de ses activités de publication.
Cette perspective a incité le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire et 33 parlementaires européens à adresser des déclarations fermes aux gouvernements britannique et équatorien en décembre de l'année dernière, les mettant en garde contre le fait de faciliter la poursuite d'un journaliste, d'un rédacteur en chef et d'un éditeur pour avoir "publié la vérité". Les déclarations appelaient à la "libération immédiate d'Assange, ainsi qu'à son transfert vers un pays où il serait en sécurité", et rappelaient au Royaume-Uni ses obligations légales "contraignantes" de garantir la liberté d'Assange.
Au début de l'année, cependant, on a appris que le Fonds monétaire international (FMI) avait offert à l'Équateur un plan de sauvetage de 10 milliards de dollars en échange de la remise de Julian Assange aux États-Unis. Ce pactole s'ajoute aux pressions et incitations américaines antérieures, qui incluraient une augmentation des exportations de pétrole, une coopération militaire et 1,1 milliard de dollars de prêts supplémentaires du FMI.
L'avocat australien Greg Barns a parlé de chantage à l'égard d'une nation. Le site d'information 21st Century Wire l'a qualifié de
"l'une des plus grandes affaires de corruption (ou d'extorsion) internationale de l'histoire".
Les médias mainstream ont dit qu'il n'y avait pas de quoi en faire un plat. À l'instar des faits qui ont entravé la guerre en Irak, des détails tels qu'une prime de 10 milliards de dollars du FMI sur la tête de Julian Assange ont été tenus à l'écart des opinions publiques occidentales et omis dans le récit dominant sur Wikileaks et Julian Assange.
En réalité, depuis le début, le récit officiel sur Assange et Wikileaks a été tissé autant par omission que par diffamation.
Concernant la diffamation, John Pilger a déclaré l'année dernière, lors du rassemblement de Sydney pour la libération d'Assange :
"Je connais bien Julian. Je le considère comme un ami proche : une personne d'une résilience et d'un courage extraordinaires. J'ai vu un tsunami de mensonges et de calomnies l'engloutir, sans fin, de manière vindicative et perfide, et je sais pourquoi ils le calomnient".
Vidéo : John Pilger exprime son soutien à Julian Assange - Juin 2018
Ce qui dérange le plus Pilger, c'est le "journalisme de Vichy"
Le légendaire écrivain et cinéaste australien John Pilger est revenu en Australie pour demander une aide urgente, tant gouvernementale que publique, au fondateur de Wikileaks, Julian Assange. Le discours prononcé hier par John Pilger à l'hôtel de ville de Sydney était instructif et douloureusement poignant.
Selon lui, Julian Assange n'est pas seulement victime de persécutions de la part des États-Unis et d'autres États, qui lui ont accordé l'asile politique - ou un endroit où rester arbitrairement "terré" pendant six ans, conformément à deux décisions des Nations unies... Ce qui dérange le plus Pilger, c'est le "journalisme de Vichy", dont il donne de nombreux exemples, qui a servi à rassembler les mensonges et les calomnies susceptibles d'anéantir le soutien du public à Wikileaks, et à nous détourner de la lecture du contenu de leurs publications. Si seulement nous les lisions maintenant, nous pourrions être sceptiques à l'égard des journalistes qui décrivent un faucon de guerre comme "l'icône de notre génération"...
Plus inquiétant encore, Pilger nous rappelle que ce sont deux journalistes du Guardian, David Leigh et Luke Harding, qui ont imprudemment publié le mot de passe de la collection de câbles du gouvernement américain alors que Wikileaks était en train de les expurger. Les criminels et les services de renseignement du monde entier, y compris ceux des États répressifs, ont ainsi obtenu instantanément les informations dont ils avaient besoin pour poursuivre les lanceurs d'alerte et les dissidents. Comme Madelene Albright, ils ont pu dire : "Cela valait la peine" de placer Wikileaks dans une situation aussi terrible.
Pilger a lu des déclarations de la famille d'Assange, concernant la détérioration de son état de santé, et de "Women Against Rape", qui sont consternées d'avoir été manipulées par de fausses affirmations ayant sapé la crédibilité d'Assange et de Wikileaks.
"En 2008, un plan visant à détruire Wikileaks et Julian a été présenté dans un document secret daté du 8 mars 2008. La Cyber Counter-intelligence Assessment Branch du ministère américain de la défense en était l'auteur. Ce document décrit en détail l'importance de détruire, je cite, "le sentiment de confiance" que constitue le "centre de gravité" de Wikileaks".
Au cours de la décennie qui a suivi, comme nous l'avons vu dans la première partie, conformément au modus operandi du contre-espionnage, qui cherche à "exploiter les informations" sur les "faiblesses" de l'adversaire, toutes les principales faiblesses du système humain de traitement de la réalité ont été exploitées pour salir Julian Assange et Wikileaks.
Dans ce cas, l'adversaire dans le collimateur des États-Unis n'est pas seulement Julian Assange et Wikileaks, mais également les populations mondiales que Wikileaks cherche à informer. Ce sont nos propres vulnérabilités - les vulnérabilités des systèmes de traitement de l'information de tous les êtres humains - qui ont été mises à profit et exploitées pour saper et discréditer Wikileaks.
En outre, comme je l'expliquerai plus en détail dans un prochain article, la perception humaine de la réalité est une bête intrinsèquement vulnérable. Elle est mue par une série d'influences psychologiques inconscientes qui se prêtent à la manipulation.
L'une de ces vulnérabilités, sur laquelle repose toute la campagne de diffamation d'Assange, concerne la nature narrative de la prise de décision humaine. Bien que les êtres humains se perçoivent comme des penseurs rationnels qui évaluent les preuves de manière logique et prudente, la vérité est que nous sommes enclins à comprendre le monde, et en particulier le monde social, à travers des récits.
Plutôt que de rendre des verdicts en évaluant soigneusement les faits et les preuves, par exemple, on a constaté que les jurés décident de la culpabilité ou de l'innocence en construisant des récits. À partir des informations qui leur sont présentées au tribunal, ils créent des récits tissant des liens entre ce qui leur a été dit.
L'histoire qui relie le plus facilement les preuves dans un récit cohérent, qui est compatible avec les connaissances existantes et la vision du monde des jurés, devient la version de l'affaire qu'ils sont le plus enclins à accepter. Le fait que l'accusé soit le méchant ou le protagoniste de cette histoire détermine les verdicts d'innocence et de culpabilité.
Il en résulte pour les campagnes de diffamation, comme celle menée contre Julian Assange, que dans le tribunal de l'opinion publique, les chances d'un spécialiste de la diffamation dépendent des récits de culpabilité qu'il ou elle est capable de tisser. Il est essentiel de placer la cible dans un rôle antipathique, en tant qu'antagoniste.
Les faits brisant la cohérence narrative et interférant avec les thèmes d'un récit, tels que les "bons" qui placent une prime de 10 milliards de dollars sur la tête d'un éditeur, doivent être tenus à l'écart. Ce n'est que si les récits couvrent de manière fluide et cohérente les principaux "faits" connus d'une affaire que le verdict peut basculer.
Comme l'a déclaré le professeur Piers Robinson, titulaire de la chaire de politique, de société et de journalisme politique à l'université de Sheffield, dans une interview sur la propagande moderne, "l'omission - ce dont on ne parle pas - est l'un des principaux éléments de la propagande et de la manipulation de l'opinion publique".
L'une des tâches essentielles des propagandistes tels que ceux qui mènent une guerre psychologique contre Wilkileaks consiste donc à fournir au public des informations soutenant les récits officiels et à exclure celles qui ne le sont pas. Depuis sa mise en œuvre, la campagne de diffamation contre Julian Assange et Wikileaks a été remarquablement concertée et cohérente à cet égard.
Dans le cas d'Assange, les documents omis ne sont pas seulement ceux qui sapent les récits officiels (tels que les récits sur l'enquête suédoise et le Russiagate), mais aussi ceux qui donnent aux opinions publiques occidentales des raisons de s'inquiéter du sort de Julian Assange.
Si de tels éléments sont admis dans le récit officiel, l'opinion publique pourrait alors s'identifier à Assange. Il pourrait être considéré comme un protagoniste dont la situation est critique et méritant qu'on s'en préoccupe. Une situation néfaste pour les campagnes de diffamation. Les protagonistes sont difficiles à salir.
Cependant, que vous vous préoccupiez ou non du sort de Julian Assange, les raisons de s'en préoccuper sont majeures. C'est pourquoi les récits dominants sur Assange se sont efforcés de faire en sorte que nous ne le fassions pas. Se soucier, c'est-à-dire
À vous glacer le sang
Il fut un temps où la version officielle était qu'Assange avait lui-même provoqué son asile en se soustrayant aux interrogatoires suédois sur des allégations d'agression sexuelle. Le sous-message était qu'il ne méritait pas votre sympathie. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même.
Une fois l'affaire suédoise classée en 2017, l'idée d'échapper à la justice suédoise a cédé la place à celle d'échapper à la justice britannique. On disait maintenant que Julian Assange était "terré" dans l'ambassade d'Équateur pour échapper à un mandat d'arrêt britannique concernant la concoction pseudo-juridique d'une défunte violation de la liberté sous caution liée à l'enquête suédoise close.
L'implication sous-jacente demeure : Julian Assange a provoqué lui-même son emprisonnement. Dans ce récit, il était toujours un fugitif fuyant la justice, et non un éditeur cherchant l'asile pour échapper aux persécutions américaines.
Malgré leur inexactitude factuelle, ces récits ont survécu dans l'esprit de bien des personnes au fil des ans, essentiellement grâce à la campagne concertée d'omission, comme je l'expliquerai.
Toutefois, à la fin de l'année dernière, le ministère de la justice a accidentellement confirmé ce que Wikileaks disait depuis au moins 2012 : des accusations secrètes pèsent sur Julian Assange aux États-Unis s'il quitte l'ambassade d'Équateur, très probablement pour des publications de 2010 concernant les guerres en Irak et en Afghanistan.
En conséquence, la thèse du "fugitif de la justice britannique" est désormais abandonnée. Il n'est plus à démontrer que les États-Unis s'acharnent sur Julian Assange, et qu'ils le font avec détermination. Mike Pompeo l'a admis dans son premier discours en tant que directeur de la CIA l'année dernière.
De son côté, l'Équateur fait de son mieux pour forcer Assange à quitter l'ambassade équatorienne, l'ayant coupé du monde extérieur depuis mars 2018, lui imposant un isolement effectif, dans le but de le "briser psychologiquement", selon l'ancien président équatorien Raffael Correa.

Les conditions imposées à Assange sont "fondamentalement le genre de techniques de torture [utilisées] dans les sites noirs, à Gitmo et dans les prisons en Irak", déclare l'ancien directeur technique de la NSA, William Binney.
"C'est une technique que les psychologues ont mise au point avec la CIA pour traiter les individus de telle sorte qu'ils se sentent profondément isolés et qu'ils finissent par s'en prendre psychologiquement à eux-mêmes".
La santé physique et mentale d'Assange, comme le rapporte le British Medical Journal Opinion, fait l'objet d'attaques soutenues, équivalant à un "traitement cruel, inhumain et dégradant", qui pourrait mettre sa vie en danger, selon les Nations unies.
Son traitement a été dénoncé non seulement par le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire et des parlementaires européens, mais aussi par HRW, Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes et l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU). La mère de M. Assange, Christine Assange, a qualifié son traitement d'"assassinat lent et cruel".
Pourtant, les récits officiels incitent les opinions publiques occidentales à ne pas s'en préoccuper. Même si personne ne nie que les États-Unis veulent s'en prendre à Julian Assange, on omet de mentionner d'autres éléments pour maintenir l'attention et l'inquiétude de l'opinion publique à l'écart.
Oui, il y a le Russiagate, qui provoque de la colère à cause d'une "collusion" perçue, que j'examinerai en tant qu'illusion collective dans la partie 4. Mais le Russiagate lui-même repose sur une omission critique, sans laquelle ses prétentions à "défendre la démocratie" tomberaient à l'eau.
Quelle omission ? Qu'est-ce qui est tenu à l'écart du récit officiel aujourd'hui ?
Un oubli essentiel pour maintenir le public désengagé de Julian Assange (et engagé dans le Russiagate) concerne les implications juridiques plus larges si Assange était extradé et poursuivi aux États-Unis.
Quelles conséquences juridiques plus larges ?
Si des poursuites sont engagées aux États-Unis, Julian Assange devrait être jugé soit en tant que conspirateur dans l'obtention de fuites, soit en vertu de la loi draconienne sur l'espionnage de 1917, adoptée pendant la Première Guerre mondiale dans le contexte de la première "peur rouge", lorsque "des individus étaient littéralement jetés en prison simplement pour avoir écrit des lettres au rédacteur en chef", écrit l'Union américaine pour les libertés civiles (American Civil Liberties Union, ACLU).
Et alors ?
Ainsi, bien que l'administration Trump semble prête à ouvrir cette voie juridique autoritaire, les administrations américaines précédentes ont fait marche arrière, de peur de criminaliser le journalisme.
Le ministère de la justice d'Obama, par exemple, aussi désireux que quiconque de fermer Wikileaks, a examiné de près la possibilité de poursuivre Assange pour avoir publié des documents classifiés de cette manière, mais a conclu qu'il était impossible de le faire sans exposer d'autres éditeurs, tels que le New York Times, au même sort. L'administration Obama a appelé cela le "problème du New York Times".
L'ancien avocat en chef du New York Times, James Goodale, célèbre pour les Pentagon Papers, aujourd'hui professeur adjoint à la Fordham Law School, décrit les implications juridiques des poursuites contre Julian Assange comme étant "à glacer le sang".
Goodale a déclaré à la Columbia Journalism Review que
"le plus grand défi pour la presse aujourd'hui est la menace de poursuites contre WikiLeaks, et c'est absolument effrayant... Si vous poursuivez WikiLeaks au pénal, vous poursuivez le Times. C'est la criminalisation de tout le processus".
L'actuel avocat général adjoint du New York Times a tenu à peu près le même discours devant un groupe de juges en juillet de l'année dernière.
Il a déclaré que,
"les poursuites contre [Assange] constitueraient un très, très mauvais précédent pour les éditeurs... D'après ce que je sais, il est en quelque sorte dans une position classique d'éditeur et je pense que la loi aurait beaucoup de mal à faire la distinction entre le New York Times et WikiLeaks".
De même, le directeur exécutif de Human Rights Watch (HRW), Kenneth Roth, a tweeté en 2018 :
"Il est profondément troublant que l'administration Trump, qui a montré peu de considération pour la liberté des médias, inculpe Assange pour avoir reçu d'un représentant du gouvernement et publié des informations classifiées - exactement ce que les journalistes font tout le temps."
En bref, si Assange était poursuivi de cette manière transfrontalière, extra-territoriale et créant un précédent, le résultat juridique serait que n'importe qui, n'importe où dans le monde, pourrait être arrêté pour avoir publié des documents qui ont irrité les élites américaines, peu importe leur exactitude ou leur caractère factuel.
Malgré cela, ou à cause de cela, en 2017, en tant que procureur général de Trump, Jeff Sessions a déclaré que l'arrestation d'Assange était une "priorité". Interrogé sur les implications pour le journalisme en général, Sessions a refusé d'exclure la possibilité de poursuivre d'autres médias dans le sillage de Wikileaks.
L'ancien juge et avocat Bill Blum écrit :
"Aucune publication ne serait à l'abri de la vengeance et de l'ingérence de l'administration. Les petites rédactions indépendantes - comme Truthdig, The Intercept, The Nation et d'autres de gauche - seraient particulièrement vulnérables".
Pour que les intentions des États-Unis soient claires comme de l'eau de roche, Mike Pompeo a promis, dans son premier discours en tant que directeur de la CIA, de s'en prendre aux "valeurs de liberté d'expression" de Wikileaks, décrivant l'éditeur comme un "service de renseignement non étatique hostile". Mike Pompeo a également confirmé que les États-Unis "travaillaient à faire tomber" Wikileaks, l'assimilant à Al-Qaïda.
L'ancien directeur de la CIA, Mike Pompeo (IMAGE : Gage Skidmore, Flickr)
Mike Pompeo a ajouté que les "ennemis" de la CIA comprenaient non seulement Wikileaks, mais aussi
"tous ceux qui offrent une vitrine" aux fuites (factuelles). En d'autres termes, les éditeurs : les journalistes d'intérêt public, les médias indépendants, les sites web, les blogueurs.
Les groupes dans la ligne de mire de Pompeo "sont peut-être petits, mais ils représentent une "nouvelle menace [...] et je suis certain que cette administration les poursuivra avec beaucoup de vigueur", a-t-il déclaré.
Et c'est ce que l'administration a fait, avec l'aide d'un complexe militaro-intelligent-médiatique bipartisan et sans frontières. La censure orwellienne du ministère de la Vérité et les déclinaisons des campagnes de diffamation telles que PropOrNot ont été déployées, par exemple, ainsi que l'initiative Integrity de l'Institute for Statecraft, une "unité de diffamation politique", et, plus récemment, l'outil de censure NewsGuard, un plugin de navigateur destiné à filtrer les informations non conventionnelles.
Newsguard s'efforce de rendre son système de classement obligatoire pour toute utilisation d'Internet aux États-Unis et s'est associé à Microsoft, qui aurait l'intention d'intégrer NewsGuard dans tous ses produits.
"Le conseil consultatif de l'outil de censure ressemble à la liste des boursiers d'un groupe de réflexion néoconservateur", écrit Caitlyn Johnstone, qui se décrit comme une journaliste rebelle. L'un des membres du conseil, par exemple, ancien sous-secrétaire d'État à la diplomatie publique, peut être vu ici en train de prôner l'utilisation de la propagande contre les populations nationales. (La vidéo est vraiment révélatrice si vous la regardez jusqu'à 1m 50s).
NewsGuard est apparu dans un contexte politique où des hauts responsables de Google, Facebook et Twitter ont comparu devant une commission sénatoriale du renseignement en 2017, au cours de laquelle ils ont été exhortés à "agir dès maintenant sur le champ de bataille des médias sociaux pour réprimer les rébellions de l'information". Il a été recommandé aux leaders de la technologie d'élaborer des "déclarations de mission" pour empêcher les internautes de "fomenter la discorde" en ligne.
Les enquêteurs du gouvernement américain ont même prié Facebook et Twitter de leur fournir des informations sur le profil des utilisateurs de médias sociaux qui publient des contenus "discordants", y compris éventuellement leur nom, numéro de téléphone et adresse électronique.
Nous voulons des noms.
"Oui, cela s'est vraiment passé", écrit Caitlin Johnstone.
Il est évident qu'il est de plus en plus difficile, sur un internet libre et ouvert, d'arriver à un récit de diffamation par omission. L'unité de diffamation Integrity Initiative, financée par le gouvernement, a récemment fermé son site web après avoir été démasquée par un groupe d'universitaires britanniques indépendants et de journalistes en ligne.
Mais qu'en est-il de la situation de Julian Assange dans les grands médias ? Où sont les références aux avertissements des avocats actuels et anciens du New York Times sur les implications juridiques "à glacer le sang" de la poursuite d'Assange ?
Où est la couverture de la promesse de Pompeo de s'en prendre aux "petites" plateformes médiatiques dans le sillage de Wikileaks ? Ou encore les rapports sur les unités de diffamation orwelliennes et les croisades de censure entre l'État et les entreprises déjà en cours ?
Ils sont absents. Tout comme les voix dissidentes étaient inexistantes lors de la préparation de la guerre en Irak. Et tout comme la voix de Julian Assange est portée disparue aujourd'hui.
Tout comme d'autres voix et "plateformes" indépendantes et dissidentes, pour reprendre les termes de Pompeo, aussi "petites" soient-elles, manqueront à l'avenir si les États-Unis remportent leur guerre juridique et psychologique contre Wikileaks.
La finalité psychologique de cette guerre n'est pas simplement la fermeture de Wikileaks. Il s'agit d'obtenir le consentement du public pour traiter le journalisme d'intérêt public comme l'ennemi public numéro un. Le Russiagate, avec son armée d'exécutants en ligne, fonctionne comme un outil psychologique dans cette guerre visant à désigner les voix indépendantes comme des combattants ennemis.
Comme le souligne Chris Hedges, la mission consiste à "criminaliser toute surveillance ou enquête journalistique sur l'État-entreprise" et à "transformer les fuites et les divulgations d'informations en véritable trahison". Il note que "la persécution d'Assange fait partie d'un vaste assaut contre les organes d'information anticapitalistes et anti-impérialistes [faisant] des journalistes, des écrivains, des dissidents et des intellectuels [...] des cibles de choix".
L'observateur politique et maître des mots CJ Hopkins, de Consent Factory, conseille de "s'attacher".
"Ce qui se prépare va faire passer COINTELPRO pour l'œuvre d'un amateur de mèmes. Les médias d'entreprise néolibéraux, les opérations psychologiques comme Integrity Initiative, les applications de censure Internet comme NewsGuard, ShareBlue et d'autres organisations de David Brock, ainsi qu'une légion de générateurs d'hystérie de masse, vont sans cesse bombarder nos cerveaux d'absurdités, de désinformation et de mensonges purs et simples (tout comme leurs homologues de la droite, bien sûr, au cas où vous penseriez qu'il y aurait une alternative). Cela va devenir extrêmement délirant".
Des pacificateurs, de la pâtée pour chats et une cuvette de WC à Gitmo
Si la criminalisation imminente du journalisme est omise dans le récit dominant sur Julian Assange et Wikileaks, qu'est-ce qui a été omis en cours de route ? Quelles preuves ont été exclues du tribunal de l'opinion publique afin de tisser un récit coupable autour de Julian Assange, de le présenter comme l'antagoniste, de nous empêcher de nous en soucier et d'ouvrir la voie psychologique à la guerre contre les médias indépendants qui se déroule aujourd'hui ?
Il y a, bien sûr, la fuite d'un document de 2008 du service de contre-espionnage cybernétique du ministère de la défense, qui décrit un plan, élaboré de longue date, visant à détruire la confiance au centre de gravité de Wikileaks. Inutile de préciser qu'il ne s'agit pas là d'une caractéristique des informations grand public.
Deux ans plus tard, lors de la première attaque majeure contre la confiance du public dans Wikileaks, la couverture de l'enquête suédoise sur Assange, qui a commencé avec deux femmes demandant qu'il passe un test sanguin de détection d'éventuelles MST, a omis un contexte et des détails d'une importance vitale. À titre d'exemple, le même mois où l'enquête suédoise a été lancée, un document des services de renseignement indiquait que "l'administration Obama [avait] exhorté des alliés étrangers à engager des poursuites pénales contre Assange".
Peut-être s'agissait-il d'une simple coïncidence. Ou pas. Quoi qu'il en soit, l'affaire de viol suédoise a été menée de manière irrégulière. L'enquête a d'abord été ouverte puis close en cinq jours, le procureur général de Stockholm concluant qu'il n'y avait eu "aucun acte criminel".
L'enquête a toutefois été rouverte quelques jours plus tard par une autre procureur, ce qui est "très inhabituel" selon Alfred De Zayas, professeur de droit international et avocat principal à la retraite du Haut-Commissariat aux droits de l'homme.
Une fois rouverte, l'affaire a été traitée selon des procédures juridiques et policières "inédites", écrit Naomi Wolf. Par ailleurs, les femmes impliquées dans l'affaire n'ont jamais accusé Assange de viol dans leur témoignage officiel, contrairement à ce que l'on laisse entendre. En réalité, la femme au centre de l'allégation de viol a déclaré, dans des messages textuels consultés par les avocats d'Assange, qu'elle "ne voulait pas accuser Assange de quoi que ce soit", que "la police était impatiente de mettre la main sur lui" et que c'était "la police qui avait inventé" les allégations. Elle a également déclaré à un ami qu'elle s'était sentie "piégée" par la police. Ces détails, encore une fois, sont largement absents des comptes-rendus des médias grand public.
Comme si cela ne suffisait pas à donner à réfléchir, l'avocat de la femme était associé dans un cabinet d'avocats à un ancien ministre de la justice (ce qui est loin d'être un choix habituel pour un avocat dans une affaire de viol note Wolf), qui avait déjà facilité la restitution d'un suspect de la Suède à l'Égypte, à la demande de la CIA, ce qui avait conduit à la torture du suspect.
Il n'est donc nullement étonnant qu'Assange ait exigé une garantie contre l'extradition des États-Unis avant de se rendre en Suède.
Au final, les représentants de Women Against Rape ont écrit en 2012 :
"Les autorités se soucient si peu de la violence contre les femmes qu'elles manipulent les allégations de viol à leur guise... cette fois pour faciliter l'extradition d'Assange ou même sa restitution aux États-Unis."
Lorsque l'affaire a été classée en 2017, elle traînait depuis sept ans, sans qu'Assange n'ait été inculpé de quoi que ce soit. Absolument rien. L'affaire n'avait jamais dépassé le stade de l'enquête préliminaire.
Pour clore l'enquête, il suffisait que les autorités suédoises garantissent la sécurité d'Assange contre une extradition américaine ou qu'elles l'interrogent à l'ambassade d'Équateur. Le récit officiel ne mentionne pas le fait que la Suède a proposé cette dernière solution en 2013. "Le Royaume-Uni n'a cependant pas accepté, écrit Sefania Maurizi, et l'affaire judiciaire a ainsi traîné pendant quatre années supplémentaires".
La question de savoir pourquoi le Royaume-Uni prolongerait inutilement l'enquête suédoise n'est jamais sérieusement posée dans les médias grand public.
Était-ce dans l'espoir qu'Assange cède et quitte l'ambassade d'Équateur pour être extradé de Suède vers les États-Unis ? Ou était-ce pour tirer le maximum de propagande de l'affaire ? Ou encore pour détourner l'attention de la véritable histoire qui se déroule à Washington pendant ce temps.

En juillet 2010, un mois avant le début de l'enquête suédoise, le FBI avait ouvert sa propre enquête sur Wikileaks, en partenariat avec le département de la défense et le service de sécurité diplomatique du département d'État. L'enquête s'est rapidement transformée en une "opération gouvernementale", impliquant la DIA, le DoJ, la CIA, diverses divisions de l'armée, le Conseil consultatif présidentiel sur le renseignement et de nombreuses branches de l'État chargé de la sécurité nationale.
Parallèlement à cette opération menée par le FBI, Julian Assange a été placé en 2010 sur une "liste de cibles de chasse à l'homme" par la NSA, et un grand jury a été convoqué dans le district oriental de Virginie. Une "cellule de crise" a également été mise en place, sous la direction d'un général de brigade de la DIA, dans une "suite de bureaux gouvernementaux situés non loin du Pentagone", où "120 analystes du renseignement, agents du FBI et autres" travaillaient "24 heures sur 24, sept jours sur sept - en première ligne de la guerre secrète menée par le gouvernement contre WikiLeaks".
Heureusement pour cette guerre secrète, tous les regards étaient tournés vers la Suède à l'époque.
Mais pourquoi cette enquête à l'échelle du gouvernement ? Qu'avait fait Wikileaks pour provoquer cela ? La vie ou la sécurité de quelqu'un était-elle menacée ?
Bien qu'il n'y ait "pas la moindre preuve que les révélations [de Wikileaks] aient causé du tort à qui que ce soit", écrit la journaliste et auteure Nozomi Hayase, ce que Wikileaks a fait en 2010, c'est révéler des milliers de civils morts en Irak et en Afghanistan qui n'avaient pas été signalés auparavant. Ces victimes incluaient des enfants, des journalistes et leurs sauveteurs abattus avec la plus grande désinvolture, ainsi que d'autres "violences aveugles, tortures, mensonges [et] pots-de-vin", écrit Chris Hedges. Selon le lanceur d'alerte des Pentagon Papers, Daniel Elsberg, les fuites ont mis au jour "une dissimulation massive de la part des autorités américaines sur une période de plusieurs années".
Quelqu'un devait payer. Et ce n'était certainement pas les criminels de guerre.
Après ces révélations, les calomnies "terroristes" à l'encontre d'Assange ont commencé à pleuvoir. Le vice-président Joe Biden l'a qualifié de "terroriste de haute technologie", alors qu'il avait déclaré quelques jours plus tôt que les documents publiés sur l'Irak et l'Afghanistan n'avaient causé "aucun dommage substantiel", si ce n'est qu'ils étaient "embarrassants".
Aujourd'hui, toutes ces années de publications embarrassantes plus tard, les accusations secrètes qui ont fait surface contre Assange se trouvent exactement là où le grand jury de 2010 s'était réuni : dans le district oriental de Virginie. En conséquence, les accusations devraient être liées à la révélation des crimes de guerre américains en 2010, et non à l'élection américaine de 2016.
Le district oriental de Virginie est connu sous le nom de "tribunal de l'espionnage", selon John Kiriakou, lanceur d'alerte sur les tortures infligées par la CIA. C'est "le siège de la CIA, du Pentagone et de la quasi totalité des entreprises privées de renseignement de la région de Washington", explique Kiriakou. Aucune personne accusée de violation de la sécurité nationale n'a jamais gagné un procès dans ce pays, ajoute-t-il.
Si Assange devait être extradé pour être poursuivi aux États-Unis, le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a estimé que son risque de "persécution politique et de traitement cruel, inhumain et dégradant" et de "préjudice physique" était "tout à fait avéré".
Avéré, en effet. En 2011, Fred Burton, alors vice-président chargé de la lutte contre le terrorisme au sein de la société de sécurité privée Stratfor, en collaboration avec le FBI, le service de sécurité diplomatique et le ministère de la défense, a annoncé publiquement que l'extradition d'Assange vers les États-Unis était de plus en plus probable. En privé, dans une correspondance interne, Burton a déclaré : "Assange fera une belle mariée en prison. Que le terroriste aille se faire voir. Il mangera de la bouffe pour chats pour toujours".
Pourquoi ? Parce que, selon Burton, "[Assange] est un pacifiste. Il a besoin qu'on lui plonge la tête dans une cuvette de toilettes pleine à Gitmo".
Un pacifiste.
Et voilà. Le monde à l'envers de la guerre contre Wikileaks. Où les pacifistes sont les terroristes qui méritent tout ce qui leur arrive. Un monde à l'opposé du récit officiel.
Dans un univers où la morale est moins inversée, être pacifiste est un motif de nomination au prix Nobel de la paix 2019, comme Julian Assange l'a reçu de Mairead Maguire, lauréate du prix Nobel de la paix. Ce qui paraît bien plus logique.
Pendant ce temps, au tribunal de l'opinion publique, après une décennie de narration par omission lors du procès médiatique, Julian Assange est sur le point de se retrouver entre les griffes des États-Unis. Si cela devait arriver, "la CIA et le FBI seront tous deux à bord de cet avion. Ils le ramèneront enchaîné aux États-Unis", prévient John Kiriakou.
Si vous souhaitez prendre position contre une telle situation, vous pouvez faire connaître les rassemblements australiens pour la défense de Julian Asssange, ou y participer si vous le pouvez. Ces rassemblements auront lieu à Sydney, au Martin Place Amphitheatre, le 3 mars à partir de 14 heures, et à Melbourne, à la State Library, le 10 mars à partir de 13 heures. Surveillez ce fil Twitter ou cette page Facebook pour les mises à jour.
Comme l'a souligné Joe Lauria lors de sa visite à Sydney, le mouvement en faveur de la libération d'Assange revêt une importance historique. À ce stade, l'expression d'une opposition publique au traitement du journalisme d'intérêt public comme ennemi public numéro un pourrait être l'une des rares choses qui se trouvent entre la liberté d'expression et une cuvette de toilettes à Gitmo.
Prochainement, avant de plonger sérieusement dans l'arsenal de tactiques psychologiques déployées dans la guerre psychologique contre Wikileaks, j'explorerai le phénomène par lequel des guerriers ostensiblement progressistes et libéraux du Russiagate #Resistance™ se sont rangés derrière l'administration Trump alors même que cette dernière mène sa répression contre le journalisme via Wikileaks, un rêve autoritaire, note de Glenn Greenwald.
Dans le processus, je poserai la question de savoir pourquoi quiconque - de gauche, de droite ou indifférent - placerait sa foi dans les agences de renseignement américaines, alors même que certains des mêmes individus qui nous ont conduits dans la guerre d'Irak ouvrent la voie au Russiagate et à Wikileaks, en criant "faites-nous confiance".
Lissa Johnson est psychologue clinicienne et directrice d'un cabinet privé. Avant de devenir psychologue, elle a obtenu un diplôme en études des médias, avec une spécialisation en sociologie. Lissa s'intéresse depuis longtemps à la psychologie des questions sociales et à l'impact des questions sociales sur la psychologie. Elle est une ancienne membre du groupe consultatif sur l'intérêt public de la Société australienne de psychologie.
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Part 1: The Psychology Of Getting Julian Assange: What’s Torture Got To Do With It ?
Part 2: The Psychology Of Getting Julian Assange: The Court Of Public Opinion And The Blood-Curdling Untold Story
Part 3 : The Psychology of Getting Julian Assange – Wikileaks and Russiagate: Trust Us, We’re The CIA
Part 4 : The Psychology Of Getting Julian Assange: Why Even Some Lefties Want To See Him Hang
Part 5 : The Psychology Of Getting Julian Assange: War Propaganda 101
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🚩 La psychologie pour capturer Julian #Assange, 1re partie : Qu'est-ce que la torture a à voir dans cette affaire ?🎗⏳
Par le Dr Lissa Johnson, le 23 février 2019 📌 Dans la première partie d'une série spéciale d'enquêtes de New Matilda, le Dr Lissa Johnson, psychologue clinicienne, expose la "science" (stratégie scientifique) qui se cache derrière la chasse à l'homme menée contre Julian Assange, et les tactiques que les détenteurs du pouvoir utilisent pour vous mainteni…