🚩 Julian Assange : Actualité semaine #15 - Avril 2024 🎗⏳
"Si la majorité des informations sont classifiées, c'est pour protéger la sécurité politique et non la sécurité nationale", Julian Assange
"À moins d’un changement de cap, la civilisation mondiale sera devenue d’ici à quelques années une dystopie de surveillance postmoderne, à laquelle seuls les plus habiles auront une chance de se soustraire. En vérité, nous y sommes peut-être déjà."
- Julian Assange
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SOMMAIRE :
1 - Julian Assange : Ce que signifient les "assurances" américaines en vue d'une extradition - Anja Larsson et John Brown
2 - La farce des assurances diplomatiques étatsuniennes - Craig Murray
3 - Les assurances américaines concernant Assange ne sont que du vent - Andrew Wilkie
4 - La procédure d'extradition d'Assange va de l'avant et la CIA couvre ses arrières - Caitlin Johnstone
5 - Assurances viciées : La torture judiciaire d'Assange se poursuit - Binoy Kampmark
6 - L'administration Biden présente des assurances "sournoises" pour obtenir l'extradition d'Assange - Thomas Scripps
7 - Les États-Unis donnent des assurances au Royaume-Uni concernant Assange - Tareq Haddad
8 - Le directeur de la CIA affirme qu'une action en justice contre l'espionnage présumé des visiteurs d'Assange, soutenu par la CIA, pourrait nuire à la sécurité des États-Unis - Kevin Gosztola
9 - L'extradition de Julian Assange se rapproche après que les États-Unis ont assuré ne pas réclamer la peine capitale - Riley Stuart
10 - Imaginez un Julian Assange libre - M.C. Armstrong
11 - Joe, 10 excellentes raisons de libérer Assange et de le laisser rentrer chez lui - Fil Twitter Free Assange
12 - Jeffrey Sterling : "J'ai été témoin de l'obsession concernant l'Iran au sein de la CIA. Assange ? Aucune chance pour lui de pouvoir bénéficier d'un procès équitable et d'un traitement humain aux États-Unis" - Stefania Maurizi
13 - "La dignité humaine est inviolable", scandent des militants défilant dans les rues de Stuttgart en soutien au fondateur de Wikileaks - Carlo Dela Peña
14 - Non-assurances pour Assange & Troubles au Moyen-Orient - Vidéo de Consortium News acec Craig Murray
15 - L'infâme, délirant et long article vomi par Alan Howe dans The Australian, propriété de Murdoch - Gary Lord - Traduction de la feuille du torchon d'Alan Howe
16 - En Bref
Des manifestants demandent la libération de Julian Assange et interrompent la déposition de Merrick Garland au tribunal administratif
Grottammare, Italie, rejoint la liste des villes italiennes ayant décidé d'accorder la citoyenneté d'honneur à Julian Assange.
Articles plus anciens en lien avec l'actu de la semaine
17 - Gordon Kromberg, le procureur controversé au coeur de l'affaire Assange (2021) - Murtaza Hussain
18 - WikiLeaks gagne une motion de rejet dans le procès du Comité national démocrate dans une décision importante sur le premier amendement (2019) - Doughty Street Chambers
19 - Selon Joe Biden, Julian Assange est un terroriste high-tech (2010) - Ewen MacAskill
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1- ♟ Julian Assange : Ce que signifient les "assurances" américaines en vue d'une extradition
Les États-Unis vont donner au Royaume-Uni des "assurances" diplomatiques concernant l'éventuelle extradition de Julian Assange. Que faut-il en penser ? Et qu'en est-il des récentes déclarations de Joe Biden sur l'Australie, pays d'origine de Julian Assange ?
Par Anja Larsson et John Brown, le 16 avril 2024, Der Freitag
Le 11 avril 2019, Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, a été saisi par la police britannique à l'ambassade d'Équateur, où il vivait sous protection de l'asile politique depuis mi-2012. Alors qu'il était embarqué, scandant que "le Royaume-Uni doit résister", il tenait une copie de l'"Histoire de l'État de sécurité nationale" de Gore Vidal (2014). Au cours des cinq dernières années, il a été placé en détention provisoire dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, surnommée le "Guantanamo britannique" en raison de la détention de longue durée de personnes soupçonnées de terrorisme sans inculpation. L'année dernière, dans une lettre envoyée à Sa Majesté le Roi Charles III, nouvellement couronné, Mr. Assange a souligné "le record du Royaume-Uni en tant que nation comptant la plus grande population carcérale d'Europe occidentale", agrémenté de "corbeaux pittoresques nichant sur les barbelés et de centaines de rats affamés". (ndr : Lettre sardonique nous rappelant son esprit incisif, traduite en français ici)
Vidéo de 1' avec sous titres disponibles
À l'automne 2020, à l'issue d'un procès de quatre semaines visant à déterminer s'il devait être extradé vers les États-Unis, la juge lui a donné raison. Malgré cette victoire, il a reçu l'ordre de rester à Belmarsh pendant la procédure d'appel. À l'issue d'une audience de deux jours en février dernier, deux juges de la Haute Cour ont essentiellement reporté la décision d'autoriser ou non Mr. Assange à faire appel devant la Cour suprême du Royaume-Uni jusqu'à ce que le gouvernement américain puisse éventuellement offrir des garanties diplomatiques sur certains points : "que M. Assange soit autorisé à invoquer le premier amendement, qu'il ne soit pas lésé lors du procès (y compris lors de la condamnation) en raison de sa nationalité, qu'il bénéficie des mêmes protections du premier amendement qu'un citoyen des États-Unis et que la peine de mort ne soit pas prononcée". La date limite pour la soumission de ces assurances est le 16 avril. Une nouvelle audience est provisoirement prévue pour le 20 mai.
"Si les assurances ne sont pas données, nous accorderons l'autorisation d'interjeter appel sans autre forme d'audience. Si elles le sont, nous donnerons aux parties la possibilité de présenter d'autres arguments avant de prendre une décision finale sur la demande d'autorisation d'appel", peut-on lire dans le jugement de la Haute Cour. Si les juges n'autorisent pas Mr. Assange à faire appel pour quelque motif que ce soit, tous les recours légaux auront été épuisés au Royaume-Uni et un pourvoi devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pourra être engagé. La Cour européenne des droits de l'homme a déjà confirmé en décembre 2022 qu'elle avait reçu la requête préliminaire en appel de Mr. Assange, et Stella Assange a déclaré que "ses avocats demanderaient aux juges européens une injonction d'urgence si nécessaire" afin de s'assurer que ce dernier ne soit pas extradé tant que ceux-ci n'auront pas statué sur l'affaire.
À l'approche de la date limite de remise des assurances, nous devons nous poser trois questions :
Le gouvernement des États-Unis est-il en mesure de fournir des garanties sur l'un ou l'autre de ces points ?
S'il le peut, pourquoi ne l'a-t-il pas déjà fait ?
Et si le gouvernement des États-Unis viole les assurances, existe-t-il un recours ?
Les assurances diplomatiques, également appelées "garanties diplomatiques", sont des promesses orales ou écrites faites par un État, généralement le chef d'État ou au moins des fonctionnaires de haut rang, à un autre État concernant le transfert et le traitement de la personne visée. Elles sont généralement offertes dans le cadre de procédures d'expulsion, de refoulement ou d'extradition, lorsque l'"État d'accueil" ou l'"État requérant" souhaite convaincre l'"État d'origine" que la personne à extrader ne risque pas de faire l'objet d'un procès inéquitable, d'être maltraitée, torturée ou condamnée à la peine capitale.
Avant la décision de 2021 de la Haute Cour britannique en faveur de l'accusation, le gouvernement américain a prétendument offert un "lot" de garanties "que Mr. Assange ne sera pas soumis à des SAM (mesures administratives spéciales) ou emprisonné à l'ADX (à moins qu'il ne fasse quelque chose après l'offre de ces garanties répondant aux critères pour l'imposition de SAM ou la désignation à l'ADX Florence (prison fédérale de très haute sécurité)". Les États-Unis ont également donné l'assurance qu'ils consentiraient à ce que Mr. Assange soit transféré en Australie pour y purger toute peine privative de liberté qui lui serait imposée s'il était condamné. Le jugement rendu par le très honorable Lord Chief Justice Ian Burnett of Maldon et le Lord Justice Timothy Holroyde indique que "la juge Vanessa Baraitser n'a reçu aucune assurance lorsqu'elle s'est prononcée contre l'extradition en janvier 2021; si la juge avait disposé de ces assurances, elle aurait tranché différemment la question de l'oppression".
Tout comme le terme "restitution extraordinaire" est un euphémisme pour désigner un enlèvement parrainé par l'État, les mesures administratives spéciales (SAM) sont des conditions d'isolement extrême. En 2017, le Center for Constitutional Rights, basé à New York, a publié un rapport sur cette pratique qui, selon lui, "combine la brutalité et l'isolement des unités de sécurité maximale avec des restrictions supplémentaires qui privent les individus de presque tout lien avec le monde humain". Selon l'Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus, ou "Règles Nelson Mandela", l'isolement cellulaire est défini comme "22 heures ou plus par jour sans contact humain significatif", et l'isolement cellulaire prolongé comme "une période de plus de 15 jours consécutifs" (Règle 44). Depuis au moins 2011, l'ONU appelle à une "interdiction absolue" pour les États de soumettre les prisonniers à un "isolement cellulaire indéfini et prolongé". Selon l'avocate de la défense, Jennifer Robinson, et le rédacteur en chef par intérim de WikiLeaks, Kristinn Hrafnsson, Mr Assange a déjà été soumis à ce type d'isolement à Belmarsh.
En soutenant que l'accusation américaine n'aurait pas dû être autorisée à faire appel, la défense de Mr. Assange a déclaré : "L'approche adoptée par les États-Unis, qui n'ont délivré des assurances conditionnelles qu'à ce stade, leur a conféré un avantage tactique au détriment de l'équité et d'une manière qui a garanti la détention prolongée de Mr. Assange, même après l'ordre de sa libération".
La professeure en droit Marjorie Cohn, lors d'un débat public qui a suivi la récente décision de la Haute Cour, a souligné l'importance de la clause "à moins que" dans cette assurance précédente. "À moins que quelqu'un du [Bureau] des prisons ne décide, pour une raison subjective non révisable, qu'il peut être détenu dans ces conditions", a-t-elle précisé.
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Ses observations sont étayées par les témoignages de Joel Sickler, criminologue et porte-parole défendant les détenus, et de Maureen Baird, ancienne cadre supérieure du Bureau fédéral des prisons (BOP). Lors du procès de 2020, Joel Sickler avait déclaré qu'"un ressortissant étranger de premier plan qui a lutté pendant des années contre son extradition et qui est accusé d'atteinte à la sécurité nationale a peu de chances d'être placé dans une structure pénitentiaire autre que celle présentant la sécurité la plus élevée possible afin d'empêcher toute évasion". En outre, Baird a déclaré que si Assange devait s'opposer à une désignation SAM, tout appel qu'il pourrait tenter serait "un exercice futile" car "je n'ai jamais vu un détenu se voir retirer sa désignation SAM, seulement la voir prolongée".
La professeure Cohn a poursuivi : "Il y a des cas, notamment en Espagne, où les États-Unis ont donné des assurances spécifiques, la personne a été extradée d'Espagne vers les États-Unis, puis les États-Unis sont revenus sur ces assurances. Je pense donc qu'il sera difficile pour les États-Unis de donner des garanties infaillibles". Elle fait probablement référence au cas de David Mendoza-Herrarte, qui a été extradé vers les États-Unis en 2009 pour trafic de drogue. Malgré l'assurance que Mendoza pourrait purger le reste de sa peine de prison en Espagne s'il était condamné, une fois sur le sol américain, le juge américain a fait valoir que, n'étant pas signataire du traité d'extradition entre l'Espagne et les États-Unis, il ne pouvait se prévaloir d'aucune violation des accords diplomatiques, si tant est qu'il y en ait. Et ce, bien qu'il ait signé un contrat distinct avec les autorités américaines et espagnoles. Ses demandes de transfert de prison vers l'Espagne ont ensuite été rejetées pendant plusieurs années, jusqu'en 2015, après qu'un juge espagnol lui a révélé l'existence de ce contrat et qu'il a commencé à obtenir gain de cause devant les tribunaux civils américains. Le journaliste Richard Medhurst, qui a interviewé Mendoza, a rapporté qu'entre-temps, un tribunal français avait bloqué l'extradition de Michael et Linda Mastro vers les États-Unis en juin 2013, "citant le cas de Mendoza comme preuve que la France ne pouvait pas faire confiance aux assurances données par les États-Unis".
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2- ♟ La farce des assurances diplomatiques étatsuniennes
Par Craig Murray, le 17 avril 2024, blog de l’auteur
Les États-Unis ont maintenant, à première vue, produit la note diplomatique donnant les deux assurances requises par la Haute Cour pour permettre la poursuite de l’extradition de Julian Assange. L’assurance que Julian Assange sera autorisé à invoquer le premier amendement pour sa défense est un sophisme d’une faiblesse flagrante.
Vous pouvez (re)lire mon analyse de l’arrêt de la Haute Cour sur le droit d’appel d’Assange ici en anglais et en français ici, article n°4.
Permettez-moi d’abandonner l’assurance contre la peine de mort, car je suis certain qu’elle sera acceptée par la Cour. Les États-Unis n'ont nul besoin d'exécuter Julian, ils peuvent l'incarcérer à vie dans un minuscule tombeau de béton, sous une privation sensorielle extrême, comme un mort-vivant terrifiant servant d'avertissement à tout journaliste qui se risquerait à révéler leurs crimes.
Si cela devait s’avérer gênant, il pourrait à tout moment le même sort qu’Epstein ou Seth Rich. N’oubliez pas que le gouvernement américain a comploté pour le kidnapper et/ou l’assassiner, comme cela a été plaidé et n’a pas été nié devant le tribunal.
L’assurance requise sur la protection du premier amendement est mal comprise par presque tous ceux qui en font état, et la note diplomatique américaine cherche à tirer parti de cette confusion.
La Haute Cour a estimé que le premier amendement offre les mêmes protections que l’article X de la Convention européenne des droits de l’homme et que, par conséquent, les droits d’Assange au titre de la Convention seront protégés s’il est autorisé à invoquer le premier amendement comme moyen de défense devant un tribunal américain. La Cour n’a pas demandé l’assurance qu’un tel plaidoyer aboutirait. L’article X de la CEDH est lui-même truffé d’exceptions autoritaires, notamment en matière de sécurité nationale.
L’assurance sur laquelle la Haute Cour a insisté est qu’un tel plaidoyer ne pourrait pas être rejeté en raison de la nationalité d’Assange. Cela contredirait la disposition distincte de la CEDH contre la discrimination fondée sur la nationalité. La note diplomatique américaine n’a pas véritablement abordé ce point, mais elle prétend le faire.
Dans une déclaration sous serment adressée au tribunal britannique, le procureur américain avait déjà déclaré qu’Assange pouvait être privé de la protection du premier amendement parce qu’il était un ressortissant étranger ayant agi à l’étranger. Mike Pompeo l’avait également déclaré officiellement. Le principe est clairement énoncé par la Cour suprême dans l’affaire USAID contre Open Society :
"CHERCHER À", le terme crucial
Les États-Unis n’ont donc tout simplement pas pu affirmer que Julian Assange pourra invoquer le premier amendement, car le juge, suivant le précédent de la Cour suprême, va très certainement le rejeter pour des raisons de sa nationalité.
La note diplomatique indique donc que Julian Assange peut chercher à soulever une défense fondée sur le premier amendement sans interdiction pour des raisons de nationalité. Cela signifie précisément que ses avocats sont autorisés à dire :
"Mon client souhaite invoquer la protection du premier amendement pour sa liberté d’expression".
C’est ce que signifie "chercher à invoquer".
Le juge répondra immédiatement :
"Le premier amendement ne s’applique pas à votre client en tant que ressortissant étranger agissant à l’étranger, comme l’a établi la Cour suprême des États-Unis dans l’affaire USAid contre Open Society".
Cette réponse est conforme à la phrase utilisée dans la note diplomatique américaine :
"Une décision sur l’applicabilité du premier amendement est entièrement du ressort des tribunaux américains".
Le 20 mai, une audience se tiendra pour déterminer si cette non-assurance est suffisante pour protéger Julian Assange de toute discrimination fondée sur la nationalité et permettre la poursuite de l’extradition.
En tant que personne raisonnable, vous pensez sans doute qu’il est impossible qu’un tel tour de passe-passe juridique puisse être accepté. Mais si c’est le cas, cher lecteur, vous n’avez aucune idée de la corruption des pigeons déguisés en juges britanniques.
Qui aurait pu penser qu’ils auraient pu décider que le traité entre le Royaume-Uni et les États-Unis a force de loi pour extrader Julian Assange, mais que l’article IV du traité excluant les délits politiques n’a étrangement pas de force de loi ?
Qui aurait cru qu’ils auraient pu décider que l’espionnage par le gouvernement américain des entretiens juridiques avocat/client de Julian Assange et la saisie de ses documents juridiques n’invalidaient pas la procédure ?
Qui aurait cru qu’ils auraient pu juger que le complot du gouvernement américain visant à l’enlever ou à l’assassiner n’est pas pertinent, car s’il est extradé, le gouvernement américain n’aura plus besoin de l’enlever ou de l’assassiner ?
Je pourrais continuer ainsi. Je serais très surpris si les juges de la Haute Cour, à la suite de l’audience du 20 mai, ne statuaient pas que le droit de demander à ne pas être discriminé pour des raisons de nationalité (et de se voir opposer un refus) constitue une protection suffisante contre la discrimination fondée sur la nationalité.
Ils n'ont vraiment honte de rien.
📰 https://www.craigmurray.org.uk/archives/2024/04/the-farce-of-diplomatic-assurances/
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3- ♟ Les assurances américaines concernant Assange ne sont que du vent
Par Andrew Wilkie, le 17 avril 2024, blog du député australien
"L'assurance donnée par le gouvernement des États-Unis selon laquelle Julian Assange bénéficierait de toutes les protections d'un citoyen américain devant un tribunal américain relève manifestement de la fantaisie. Le fait que Mr Assange puisse "soulever et tenter d'invoquer lors du procès les droits et protections accordés par le premier amendement de la Constitution des États-Unis", mais que son application "relève exclusivement de la compétence des tribunaux américains" ne constitue en aucun cas une garantie. Soit il le fait, soit il ne le fait pas, c'est aussi simple que cela. En effet, ces assurances sont essentiellement des promesses politiques et il n'y a aucun moyen de les faire respecter par un tribunal.
Si les États-Unis ne peuvent garantir que Mr Assange pourra sans équivoque s'appuyer sur la protection de la liberté d'expression prévue par le premier amendement, alors la Haute Cour de justice du Royaume-Uni doit permettre à Mr Assange de faire appel de son extradition. Mieux encore, les États-Unis peuvent trouver une solution diplomatique et abandonner les poursuites à l'encontre de Mr Assange pour lui permettre de retourner en Australie".
📰 https://andrewwilkie.org/2024/04/us-assurance-for-assange-a-fantasy/
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4- ♟ La procédure d'extradition d'Assange va de l'avant et la CIA couvre ses arrières
Par Caitlin Johnstone, le 17 avril 2024, blog de l'auteure
Ils sont donc bel et bien en train de passer à l'acte. L'administration Biden ignore réellement la demande de l'Australie de mettre fin à l'affaire Julian Assange et poursuit sa campagne d'extradition d'un journaliste "coupable" d'avoir révélé la vérité sur les crimes de guerre perpétrés par les États-Unis.
Pour faire avancer le dossier d'extradition, les procureurs américains devaient, suite à une décision de la Haute Cour britannique, fournir des "assurances" selon lesquelles les États-Unis ne réclameraient pas la peine capitale et ne priveraient pas Julian Assange de son droit à la liberté d'expression en raison de sa nationalité. Les États-Unis ont fourni l'assurance contre la peine de mort (à laquelle ils s'étaient précédemment opposés), et pour ce qui est de celle concernant la liberté d'expression, ils se sont contentés de dire qu'Assange pourra "soulever et chercher à invoquer" les droits du premier amendement des États-Unis, ajoutant :
"Une décision quant à l'applicabilité du premier amendement est exclusivement du ressort des tribunaux américains".
Ce qui revient à dire :
"Je veux dire, vous êtes le bienvenu de TENTER d'obtenir des protections de la liberté d'expression ?"
Parallèlement, le directeur de la CIA, William Burns, a déposé une requête de privilège de secret d'État pour ne pas divulguer des informations dans le cadre d'un procès intenté à l'agence par quatre journalistes et avocats américains ayant été espionnés lors de leurs visites à Assange au sein de l'ambassade d'Équateur à Londres. Le privilège des secrets d'État est une règle de preuve américaine conçue pour empêcher les tribunaux de révéler des secrets d'État dans le cadre d'un procès civil ; la CIA a commencé à l'invoquer dans le cadre du procès Assange au début de l'année.
Burns argumente :
"Je fais valoir les secrets d'État et les privilèges statutaires dans cette affaire car j'ai déterminé que le fait d'admettre ou de nier que la CIA possède des informations impliquées dans les allégations qui subsistent dans la plainte modifiée pourrait raisonnablement causer de graves - et dans certains cas, exceptionnellement graves - préjudices à la sécurité nationale des États-Unis. Après délibération et examen personnel, j'ai déterminé que les bases factuelles complètes de mes affirmations de privilège ne peuvent être exposées dans le dossier public sans confirmer ou infirmer si la CIA dispose d'informations relatives à cette affaire, risquant ainsi de porter atteinte à la sécurité nationale des États-Unis que je cherche à protéger".
Ce qui est évidemment un tas de conneries. Comme Assange lui-même l'a tweeté en 2017, "L'écrasante majorité des informations sont classifiées pour protéger la sécurité politique, pas la sécurité nationale". Burns ne s'inquiète aucunement de nuire à "la sécurité nationale des États-Unis", il s'inquiète des retombées politiques potentielles d'informations sur l'espionnage par la CIA d'avocats et de journalistes américains, alors que ceux-ci rendaient visite à un journaliste activement ciblé par la branche juridique du gouvernement américain.
La sécurité politique est également la raison pour laquelle les États-Unis s'efforcent de punir Julian Assange pour avoir publié des faits fort embarrassants sur les crimes de guerre américains. Le Pentagone a déjà reconnu il y a des années que les fuites de Chelsea Manning pour lesquelles Assange est poursuivi n'ont entraîné la mort de personne et n'ont eu aucun impact stratégique sur les efforts de guerre américains. Que la criminalité du gouvernement américain soit exposée aux yeux de tous est tout simplement préjudiciable d'un point de vue politique.
Ils pressent et pressent cet homme aussi fort qu'ils le peuvent et aussi longtemps qu'ils le peuvent pour le réduire au silence et en faire un exemple de ce qui arrive lorsque des journalistes révèlent des informations non autorisées sur l'empire. Tout comme à Gaza, la persécution de Julian Assange trahit tout ce que les États-Unis et leurs alliés occidentaux prétendent défendre, et révèle le visage cruel de la tyrannie sous le masque de la démocratie libérale.
📰 Lien de l'article original :
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5- ♟ Assurances viciées : La torture judiciaire d'Assange se poursuit
Par Binoy Kampmark, le 17 avril 2024, Counter Currents
Ce mois-ci encore, le président américain Joe Biden, presque comateux, a fait une remarque désinvolte et hasardeuse selon laquelle son administration "examinait" la demande de l'Australie de mettre un terme à l'affaire Julian Assange. Le fondateur de WikiLeaks a déjà passé cinq années éprouvantes dans la prison londonienne de Belmarsh, où il poursuit une bataille remarquable, bien qu'épuisante, contre la demande d'extradition des États-Unis pour 18 chefs d'accusation, dont 17 fondés de manière incongrue et scandaleuse sur la loi américaine de 1917 sur l'espionnage (Espionage Act).
Comme on lirait dans le marc de café, ses défenseurs ont pris cette remarque comme un signe de progrès. Jennifer Robinson, membre de longue date de l'équipe juridique d'Assange, a déclaré à Sky News Australia :
La "réponse de Biden, c'est ce que nous demandons depuis plus de cinq ans. Depuis 2010, nous disons qu'il s'agit d'un dangereux précédent. Nous espérons donc qu'il s'agissait d'une remarque sérieuse et que les États-Unis agiront en conséquence".
Le rédacteur en chef de WikiLeaks, Kristinn Hrafnsson, a jugé "extraordinaire" le commentaire bredouillé du président, espérant "voir dans les jours à venir" si "une clarification de ce que cela signifie" serait apportée par les puissants.
Le 14 avril, le Wall Street Journal a rapporté que Canberra avait sollicité ses homologues américains sur un potentiel accord de plaidoyer pour crime, permettant à l'éditeur de rentrer en Australie.
"Les procureurs et l'avocat d'Assange ont discuté d'une série d'accords potentiels, y compris ceux incluant le plaidoyer de culpabilité à un crime en vertu de la loi sur l'espionnage en vertu de laquelle il a été inculpé, et ceux de conspiration visant à manipuler des informations classifiées, ce qui serait un délit mineur, selon des personnes familières avec l'affaire".
Le mois dernier, la Haute Cour du Royaume-Uni a donné ce qui ne peut être considéré que comme une prescription absurde à l'accusation au cas où elle souhaiterait obtenir gain de cause. Il est peu probable que l'extradition soit refusée si Assange bénéficie des protections offertes par le premier amendement (tout en rejetant les affirmations selon lesquelles il est un journaliste légitime), s'il a la garantie de ne pas être lésé, tant au cours du procès que lors de la condamnation, en raison de sa nationalité, et s'il n'est pas passible de la peine capitale. Le fait que de telles directives aient même été envisagées montre la nature quelque peu délirante des juges britanniques à l'égard de leurs homologues américains.
Le 16 avril, les partisans d'Assange ont reçu la confirmation que le combat contre l'extradition, loin d'être terminé, se poursuivrait de manière acharnée. Ne souhaitant pas voir s'ouvrir la perspective d'une audition complète des arguments d'Assange, déjà entravés, le département d'État américain a, presque à l'heure près, fait part de ses assurances dans une note diplomatique adressée au Crown Prosecution Service (CPS).
"Assange", a affirmé l'ambassade des États-Unis à Londres, fidèle à la formule proposée par la Haute Cour, "ne sera pas lésé en raison de sa nationalité concernant ses arguments de défense qu'il pourrait chercher à invoquer lors du procès et de la condamnation".
S'il est extradé,
"Assange aura la possibilité de soulever et d'invoquer lors du procès (qui inclut toute audience de détermination de la peine) les droits et protections accordés par le premier amendement de la Constitution des États-Unis".
Une mise en garde manifeste, qui devrait être observée avec circonspection par les juges de la Haute Cour, s'ensuit.
"La décision relative à l'applicabilité du premier amendement relève exclusivement de la compétence des tribunaux américains."
L'ambassade des États-Unis a également promis que
"la peine de mort ne sera ni requise ni prononcée à l'encontre de Mr Assange. Les États-Unis sont en mesure de fournir cette assurance car Assange n'est pas accusé d'un délit passible de la peine de mort, et les États-Unis assurent qu'il ne sera pas jugé pour un délit passible de la peine capitale".
Cet engagement n'écarte nullement la menace d'une inculpation d'Assange pour des infractions supplémentaires telles que l'espionnage traditionnel, sans parler de la complicité de trahison, qui serait passible de la peine capitale.
En 2020, Gordon Kromberg (ndr : voir article en fin de publication), le procureur en chef du ministère de la justice chargé de l'affaire, a déclaré à la Cour pénale centrale d'Angleterre et du Pays de Galles que les États-Unis
"pourraient faire valoir que les ressortissants étrangers n'ont pas droit aux protections prévues par le premier amendement, du moins en ce qui concerne les informations relatives à la défense nationale".
Il est également probable qu'Assange, en révélant prétendument les noms de sources de renseignement américaines et en les exposant ainsi à un risque de préjudice, exclut également la possibilité de se prévaloir de ces protections.
Il est plus que troublant que le zélé Kromberg prenne les devants au cas où Assange atteindrait les côtes américaines. Des avocats et des défenseurs des droits civiques l'ont accusé d'utiliser le tribunal du district oriental de Virginie pour des poursuites sélectives et malveillantes. Comme Murtaza Hussain de The Intercept l'a observé avec une sombre précision en juillet 2021,
"[p]lus que d'être poussé dans l'obscurité par ces tentatives, il sert aujourd'hui de figure clé dans l'une des affaires de libertés civiles les plus importantes au monde".
La Haute Cour a également reconnu le point de vue de Kromberg lors du procès concernant la possibilité que le premier amendement ne couvre pas les ressortissants étrangers. On peut raisonnablement supposer que [Kromberg] n'aurait pas dit que l'accusation "pourrait soutenir que les ressortissants étrangers n'ont pas droit aux protections prévues par le premier amendement", à moins qu'il ne s'agisse d'un argument défendable que l'accusation serait en droit de faire valoir avec de réelles chances de succès. Ces dernières assurances ne changent rien à ce fait.
Un message de Stella, l'épouse d'Assange, résume de manière claire et accablante la note de l'ambassade.
"Les États-Unis ont émis une non-garantie en ce qui concerne le premier amendement, et une garantie standard en ce qui concerne la peine de mort. Ils ne s'engagent pas à retirer l'affirmation précédente de l'accusation selon laquelle Julian n'a pas de droits au premier amendement parce qu'il n'est pas citoyen américain. Au lieu de cela, les États-Unis se sont limités à des propos ambigus affirmant que Julian pourra "chercher à invoquer" le premier amendement s'il est extradé."
Il faudra attendre l'audience du 20 mai pour savoir si les juges sont satisfaits de cette dernière manœuvre diplomatique, n'ayant aucune valeur contraignante tangible ou réelle pour les procureurs et les juges américains. Quant à Assange, les rouages de la torture judiciaire ne cessent de faire leur œuvre.
Binoy Kampmark a été boursier du Commonwealth au Selwyn College, à Cambridge. Il enseigne actuellement à l'université RMIT. Courriel : bkampmark@gmail.com
📰 https://countercurrents.org/2024/04/faulty-assurances-the-judicial-torture-of-assange-continues/
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6- ♟ L'administration Biden présente des assurances "sournoises" pour obtenir l'extradition d'Assange
Par Thomas Scripps, le 17 avril 2024, WSWS
Lorsque, à la fin du mois dernier, la Haute Cour du Royaume-Uni a offert aux États-Unis la possibilité de fournir un tel accord pour empêcher Assange de faire appel de son extradition vers l'Amérique, le World Socialist Web Site a écrit :
"Les propositions de la Cour ne sont qu'une feuille de vigne. Les procureurs américains fourniront des "assurances" aussi peu valables que celles déjà fournies dans le cadre de ses conditions d'emprisonnement".
Cela a été confirmé. Les garanties exigées par le tribunal étaient qu'Assange ne serait pas passible de la peine de mort et, sur deux points connexes, qu'il ne serait pas lésé lors du procès en raison de sa nationalité australienne et qu'il bénéficierait de la liberté d'expression prévue par le premier amendement de la Constitution des États-Unis.
Un fac-similé de la lettre envoyée par l'ambassade américaine au ministre britannique des affaires étrangères David Cameron mardi, publié par Consortium News, se lit comme suit :
"Assange ne sera pas lésé en raison de sa nationalité en ce qui concerne les défenses qu'il pourrait chercher à soulever lors du procès et de la condamnation. Plus précisément, s'il est extradé, Assange aura la possibilité de soulever et d'invoquer au procès les droits et protections accordés par le premier amendement".
Soulignant ensuite que
"la décision relative à l'applicabilité du premier amendement relève exclusivement de la compétence des tribunaux américains".
Le fax se poursuit ainsi :
"La peine capitale ne sera ni requise ni prononcée à l'encontre d'Assange. Ces assurances sont contraignantes pour toute personne, actuelle ou future, à qui a été délégué le pouvoir de décider de ces questions."
Stella, l'épouse d'Assange, n'a pas tardé à pointer du doigt les "propos sournois et flagrants" de la première assurance, qui stipule simplement qu'Assange pourra "chercher à faire valoir" les droits du premier amendement, mais ne garantit nullement qu'il les obtiendra.
D'un point de vue juridique, cela devrait interdire purement et simplement l'extradition.
L'article 87 de la loi britannique sur l'extradition (2003) exige que
les tribunaux "décident si l'extradition de la personne serait compatible avec les droits de la Convention [Convention européenne des droits de l'homme] au sens de la loi sur les droits de l'homme de 1998... Si le juge décide que la réponse est négative, il doit ordonner la libération de la personne".
L'article 10 de la Convention est le droit à la liberté d'expression. La même protection est inscrite dans le système juridique américain sous la forme du premier amendement. Mais la lettre de l'ambassade américaine laisse la porte ouverte à la possibilité d'un refus de ce droit à Assange, sur décision des tribunaux américains.
Comme l'a fait remarquer Stella Assange,
la lettre "ne s'engage pas à retirer l'affirmation précédente de l'accusation selon laquelle Julian n'a pas droit au premier amendement parce que non citoyen américain".
Le procureur principal Gordon Kromberg et l'ancien directeur de la CIA Mike Pompeo ont tous deux affirmé cette assertion.
Stella Assange a ajouté que la "vie de son mari est en danger" chaque jour supplémentaire passé en prison :
"La note diplomatique ne fait rien pour soulager l'extrême détresse de notre famille quant à son avenir - sa sinistre perspective de passer le reste de sa vie en isolement dans une prison américaine pour avoir publié des articles journalistiques primés."
Sa déclaration souligne le cynisme de l'assurance de la peine capitale offerte par les États-Unis. Des preuves médicales substantielles ont été fournies dans le cas d'Assange, confirmant la forte probabilité de suicide en cas d'extradition et d'emprisonnement aux États-Unis. Sa santé mentale et physique s'est déjà fortement dégradée au cours des cinq années passées à Belmarsh.
Le gouvernement américain, dont les agences de renseignement ont surveillé Assange et préparé son assassinat, ne peut pas non plus revenir sur sa promesse ou faire en sorte qu'Assange soit éliminé "officieusement".
Soulignant le caractère anarchique de l'affaire, le jour même où les États-Unis ont envoyé leurs "assurances" au Royaume-Uni, le directeur de la CIA, William Burns, a présenté une déclaration aux tribunaux espagnols. Burns a affirmé que :
"Les privilèges statutaires de la CIA... pour protéger les sources, les méthodes et les activités de renseignement en question" dans une affaire examinant l'espionnage de l'Agence contre Assange, refusant de confirmer ou d'infirmer son implication ou de fournir "des bases factuelles pour mes affirmations de privilège".
Rien de tout cela n'a été reconnu par le New York Times, quotidien proche du Parti démocrate, qui a atteint de nouveaux sommets dans sa couverture de l'affaire en citant certains des commentaires de Stella Assange, tout en omettant sa référence aux "paroles ambiguës" de l'administration Biden, ce qui lui a permis de publier un article totalement dénué d'esprit critique intitulé "Les États-Unis établissent des protections pour Assange s'il est extradé".
Les tribunaux britanniques adopteront probablement le même point de vue volontairement crédule (ndr : je vous aurais bien traduit credulous par hypocrite, car c'est tout à fait ça).
Geoffrey Robertson KC, fondateur et codirecteur du cabinet Doughty Street Chambers, qui représente Assange et l'a déjà représenté directement, a déclaré :
"À moins que vous ne puissiez le garantir [le droit à la liberté d'expression], je pense que les tribunaux britanniques hésiteront à extrader Mr Assange vers une situation ou un procès où il ne bénéficie pas d'une protection égale des lois".
Tel sera sans doute l'argument juridiquement irréprochable avancé par les avocats de Julian Assange lors de la prochaine audience prévue le 20 mai. Mais la Haute Cour a déjà accepté des assurances tout aussi peu valables et futiles à un stade antérieur de l'affaire pour passer outre les avertissements concernant le risque élevé de suicide d'Assange, ce qui interdit l'extradition en vertu de l'article 91 de la loi sur l'extradition.
Ces assurances "garantissaient" qu'Assange ne serait pas placé dans la prison supermax des États-Unis, l'ADX Florence, ni soumis à des mesures administratives spéciales (SAMS), implicitement reconnues comme constituant des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants interdits par l'article 3 de la Convention.
Mais dans chaque cas, l'engagement a été pris
"sous réserve que les États-Unis conservent le pouvoir d'imposer des SAM [ou une désignation ADX] à Mr Assange dans le cas où, après avoir reçu cette assurance, il commettrait à l'avenir tout acte répondant au critère d'imposition de SAM [ou d'une désignation ADX]".
La Haute Cour du Royaume-Uni a répondu favorablement dans son arrêt de décembre 2021 en déclarant
qu'elle ne voyait "aucun fondement dans les critiques formulées à l'encontre des assurances individuelles... Il n'y a aucune raison de supposer que les États-Unis n'ont pas apporté les assurances de bonne foi".
Dans sa dernière décision, qui rejette le droit d'appel d'Assange à condition que les nouvelles assurances soient données, la Haute Cour s'est à nouveau efforcée de souligner la fiabilité de l'État américain, allant même jusqu'à nier qu'il y avait "quoi que ce soit montrant" un lien entre les complots de la CIA visant à kidnapper ou empoisonner Assange et la tentative du procureur de le faire extrader.
Si ces assurances sont acceptées par la Haute Cour le 20 mai, la demande d'appel d'Assange sera rejetée, l'exposant ainsi à un risque imminent d'extradition. Son équipe juridique a déposé un recours préliminaire auprès de la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg, mais il n'est pas certain que le Royaume-Uni se conformera à l'ordre de cette cour de garder Assange sous sa garde jusqu'à ce qu'elle prenne une décision, même si Strasbourg accepte d'entendre l'affaire.
Dans le cadre de la défense juridique essentielle et permanente mise en place, les travailleurs doivent comprendre que le sort d'Assange dépend de l'intensification de la campagne mondiale exigeant sa libération.
📰 https://www.wsws.org/en/articles/2024/04/17/kyeo-a17.html
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7- ♟ Les États-Unis donnent des assurances au Royaume-Uni concernant Assange
Par Tareq Haddad, le 17 avril 2024, Blog de l'auteur
Londres, Royaume-Uni - Le gouvernement des États-Unis, par l'intermédiaire de son ambassade à Londres, a fourni mardi au Royaume-Uni de nouvelles assurances diplomatiques dans l'affaire Julian Assange.
Assange, dont la semaine dernière a marqué les cinq ans d'incarcération au H.M.P. Belmarsh, est dans la ligne de mire des procureurs américains depuis 2010. La nouvelle du mois dernier, rapportée par le Wall Street Journal, selon laquelle ses représentants étaient en pourparlers avec les avocats du ministère américain de la justice en vue d'un éventuel accord de plaidoyer, a peut-être renforcé l'espoir des partisans du journaliste que toute cette épreuve pourrait bientôt enfin se résoudre.
Ces espoirs ont sans doute été ravivés lorsque le président américain Joe Biden, qui accueillait le premier ministre japonais Fumio Kashida pour une visite officielle à la Maison-Blanche le 10 avril - la veille du jour où Assange comptait cinq ans d'emprisonnement - a déclaré à un journaliste : "Nous y réfléchissons", lorsqu'on lui a demandé s'il avait une réponse à donner aux appels du gouvernement australien demandant l'abandon des poursuites à l'encontre de Julian Assange.
Cependant, dans les coulisses de la politique - et de ce qui constitue clairement des poursuites motivées par des considérations politiques - les procédures judiciaires britanniques ont progressé à un rythme léthargique depuis ce jour d'avril 2019 à Londres où M. Assange a été traîné hors de l'ambassade de l'Équateur et arrêté par des agents du service de police métropolitain de la capitale.
Depuis ce jour où Assange - qui a lancé WikiLeaks en 2006 et est devenu un membre actif de la presse en 2007 - a été arrêté et emmené à la prison de sa Majesté Belmarsh dans le sud-est de Londres, les tribunaux britanniques ont lentement mais sûrement préparé le terrain pour son extradition vers l'Amérique, offrant peu de résistance aux poursuites et à la persécution d'un journaliste, éditeur et prisonnier politique dont la stature dépasse de très loin celle d'Alexei Navalny ou d'Evan Gershkovich.
Pourtant, après cinq années passées dans la prison de haute sécurité en tant que prévenu - ce qui signifie qu'Assange est détenu sans être coupable d'aucun crime - nous n'entendons guère de protestations de la part de personnes telles que le secrétaire d'État américain Antony Blinken et son homologue britannique, Lord David Cameron. Et ce, bien qu'ils se plaisent à faire la leçon aux autres sur leurs violations de la liberté de la presse.
Tweet de David Cameron :
"Un an après, la détention du journaliste Evan Gershkovich par la Russie est une preuve accablante de son mépris pour la liberté des médias et les valeurs de vérité et d'objectivité. Le Royaume-Uni se joint aux États-Unis pour demander à la Russie de libérer immédiatement Evan Gershkovich."
Répondant à celui d'Antony Blinken :
"Evan Gershkovich, un journaliste qui ne faisait que son travail, est détenu à tort par la Russie depuis un an. La Russie se doit de cesser de détenir arbitrairement des personnes tel que lui et Paul Whelan pour des raisons politiques. Les individus ne sont pas des monnaies d'échange. Evan, Paul - nous vous ramènerons à la maison."
Le mois dernier, devant la Haute Cour britannique, Dame Victoria Sharp et le juge Jeremy Johnson ont poursuivi la trajectoire familière dans cette affaire, rejetant la demande des avocats d'Assange de lancer un appel pour cinq des huit motifs présentés. Ils ont notamment rejeté les tentatives des avocats d'Assange d'introduire de nouvelles preuves, réaffirmant ainsi une décision antérieure, comme si aucune nouvelle preuve n'avait été apportée dans cette affaire depuis septembre 2020. Inutile de dire que bien des éléments sont apparus depuis lors.
Concernant les trois motifs restants, pour lesquels les juges ont estimé que les avocats d'Assange pourraient éventuellement interjeter appel, un autre tour de passe-passe a été révélé. Le gouvernement américain, dont les plus hauts responsables sont accusés d'avoir comploté pour assassiner ou kidnapper Assange, a s'est vu offrir la possibilité de fournir de nouvelles garanties - possibilité déjà offerte en 2021, lorsqu'une autre décision de justice n'allait pas dans le sens des États-Unis.
Dans le jugement du mois dernier, rendu le 26 mars, les juges ont accordé aux États-Unis un délai fixé au 16 avril pour présenter leurs assurances sur les points suivants : Assange sera autorisé à invoquer le premier amendement ; il ne subira pas de préjudice au cours du procès, y compris lors de la détermination de la peine, en raison de sa nationalité ; il bénéficiera des mêmes protections du premier amendement qu'un citoyen américain ; et la peine capitale ne sera pas prononcée.
Et le tour était joué. Mardi après-midi, juste à temps pour la date limite du 16 avril, le gouvernement américain, par l'intermédiaire de son ambassade, située dans le sud-ouest de Londres, dont le budget s'élève à un milliard de dollars, a fourni les assurances requises par le tribunal britannique.
Le texte des assurances fournies par le gouvernement américain stipule ce qui suit.
Premièrement, si Assange est extradé du Royaume-Uni,
il "ne sera pas lésé en raison de sa nationalité en ce qui concerne les moyens de défense qu'il pourrait tenter d'invoquer lors du procès et de la condamnation".
"Plus précisément, en cas d'extradition, Assange pourra invoquer et tenter d'invoquer lors du procès (qui inclut toute audience de détermination de la peine) les droits et protections accordés par le premier amendement de la Constitution des États-Unis".
"La décision relative à l'applicabilité du premier amendement relève exclusivement de la compétence des tribunaux américains."
La seconde assurance est la suivante :
"Une condamnation à mort ne sera ni requise ni prononcée à l'encontre d'Assange.
Les États-Unis sont en mesure de fournir cette garantie dans la mesure où Assange n'est pas accusé d'un délit passible de la peine capitale, et les États-Unis assurent qu'il ne sera pas jugé pour un délit passible de cette peine".
Le document ajoute :
"Ces assurances sont contraignantes pour toutes les personnes, présentes ou futures, à qui l'autorité a été déléguée pour prendre des décisions".
En dépit de ce qui pourrait être considéré comme une nouvelle étape positive pour Assange, sa femme, Stella, a insisté sur le fait que ce n'était absolument pas le cas.
Dans un message posté sur Twitter X mercredi, elle a accusé les États-Unis d'avoir émis
"une non-assurance en ce qui concerne le premier amendement et une assurance standard pour ce qui est de la peine capitale".
Elle a ajouté :
"Il n'y a aucun engagement à retirer l'affirmation précédente de l'accusation selon laquelle Julian n'a pas de droits au premier amendement parce qu'il n'est pas citoyen américain.
Au lieu de cela, les États-Unis se sont limités à des propos ambigus, affirmant que Julian pourra 'chercher à invoquer' le Premier Amendement s'il est extradé.
La note diplomatique ne fait rien pour soulager l'extrême détresse de notre famille quant à son avenir - sa sinistre perspective de passer le reste de sa vie en isolement dans une prison américaine pour avoir publié des articles journalistiques primés".
Elle a réitéré son appel au président Biden pour qu'il "abandonne ces poursuites avant qu'il ne soit trop tard".
Mais ces nouvelles assurances américaines, auxquelles s'ajoute le fait que le directeur de la CIA, William J. Burns, a fait cette semaine une déclaration soutenant le gouvernement américain dans une autre affaire judiciaire impliquant Assange, indiquent avec force la volonté de Joe Biden d'aller de l'avant avec le projet de faire venir le journaliste aux États-Unis pour y être jugé.
Néanmoins, les tribunaux britanniques ont une dernière chance de se racheter. Le 20 mai, ils décideront si les assurances américaines suffisent ou si une audience d'appel doit avoir lieu. Entre-temps, les avocats de Julian Assange et ceux du gouvernement américain ont jusqu'au 30 avril pour présenter de nouvelles observations écrites aux juges afin de faire valoir leurs arguments.
L'affaire se poursuit.
📰 https://www.tareqhaddad.com/news-u-s-sends-u-k-fresh-assurances-on-assange/
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8- ♟ Le directeur de la CIA affirme qu'une action en justice contre l'espionnage présumé des visiteurs d'Assange, soutenu par la CIA, pourrait nuire à la sécurité des États-Unis
En décembre, un juge américain avait estimé que quatre Américains pouvaient poursuivre la CIA pour violation de leurs droits à la vie privée en vertu de la Constitution américaine.
Par Kevin Gosztola, le 17 avril 2024, The Dissenter
Le directeur de la CIA, William Burns, a déclaré qu'un procès portant sur l'espionnage présumé d'Américains ayant rendu visite au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, devait être rejeté, faute de quoi la "sécurité nationale des États-Unis" pourrait subir des dommages "sérieux" et "exceptionnellement graves".
Dans une déclaration [PDF] invoquant le "secret d'État", Burns a affirme également que la CIA n'a pu fournir aucune explication en audience publique sur les raisons pour lesquelles l'agence considère que des dommages pourraient survenir si l'action en justice était intentée.
"Les bases factuelles complètes de mes affirmations de privilège ne peuvent être exposées dans le dossier public sans confirmer ou infirmer que la CIA dispose d'informations liées à cette affaire, ce qui risquerait de porter atteinte à la sécurité nationale des États-Unis que je cherche à protéger", ajoute-t-il .
Quatre Américains, deux avocats et deux journalistes, affirment que la CIA et son directeur Mike Pompeo ont ordonné à UC Global, une société de sécurité espagnole, de mener une opération d'espionnage contre Assange violant leur vie privée. UC Global aurait copié le contenu de leurs appareils électroniques et fourni les données à la CIA.
En décembre, le juge américain John Koeltl a rejeté plusieurs plaintes déposées contre la CIA. Mais il a également estimé que les Américains étaient recevables à poursuivre la CIA pour violation de leur "attente raisonnable de respect de la vie privée" au titre du quatrième amendement de la Constitution des États-Unis.
Une décision antérieure dans l'affaire Amnesty vs. Clapper, qui contestait la "légalité du programme de collecte massive de métadonnées téléphoniques" mis en œuvre par la NSA, a aidé Koeltl à statuer que les Américains prétendument ciblés avaient qualité pour poursuivre la CIA.
"Si la perquisition (de leurs conversations et de leurs appareils électroniques) et la saisie (du contenu de leurs appareils électroniques) effectuées par le gouvernement étaient illégales, les plaignants ont subi un préjudice concret et particulier pouvant être imputé au programme contesté et pouvant être réparé par une décision favorable", a-t-il déclaré.
Peu de temps après que le juge a déterminé que les Américains avaient qualité pour poursuivre la CIA, le procureur Damian Williams et le procureur adjoint Jean-David Barnea ont notifié à la cour que la CIA invoquerait le privilège des secrets d'État pour bloquer le procès.
Richard Roth, avocat des Américains prétendument visés, a déclaré :
"[N]ous trouvons extrêmement décourageant et déplorable que la CIA refuse même de répondre à la plainte. Au lieu de cela, elle choisit de se réfugier derrière le privilège des secrets d'État alors qu'il est indiscutable que nos clients n'ont rien à voir avec une quelconque enquête de la CIA ou d'une quelconque agence gouvernementale".
Ajoutant :
"La position de la CIA soulève une question de bon sens : s'il n'y a vraiment aucun fait à l'appui des allégations contenues dans la plainte, pourquoi la CIA ne peut-elle pas tout simplement nier chacune d'entre elles ?"
Burns a soumis une "déclaration classifiée" que seul le juge peut lire. Comme l'a déclaré Burns,
cette déclaration "définit pleinement la portée des informations" en cause et "explique le préjudice qui pourrait raisonnablement résulter de la divulgation non autorisée d'informations classifiées".
Roth a déclaré qu'il était
"manifestement injuste et inéquitable" et "impossible" pour les plaignants de "s'opposer à une requête "secrète" soumise par la CIA exclusivement au tribunal et que ni les plaignants ni leurs avocats ne sont même autorisés à lire".
Malgré des procédures rigoureuses qui prendraient indubitablement en compte les intérêts de la sécurité nationale, Burns a essentiellement assimilé le partage de documents dans le cadre de la procédure de divulgation à une fuite de sécurité nationale. (Remarque : la loi sur les procédures relatives aux informations classifiées est une loi qui s'applique aux poursuites pénales. Toutefois, cela ne signifie pas que les tribunaux ne peuvent pas adopter leurs propres procédures dans le cadre d'un procès civil).
Le privilège des secrets d'État trouve son origine dans l'affaire United States vs. Reynolds de 1953, dans laquelle le gouvernement américain a refusé de communiquer aux familles des victimes comment leurs proches étaient décédés dans un accident d'avion militaire, au motif que des "secrets" seraient révélés.
Des décennies plus tard, des documents déclassifiés de l'armée de l'air ont conduit les familles des victimes à poursuivre le gouvernement américain.
"Le gouvernement a dissimulé sa fraude pendant des décennies, conservant les rapports d'accident et les déclarations des témoins en tant que "documents classifiés" jusqu'aux années 1990, alors qu'ils ne contenaient aucun secret et n'avaient aucune autre utilité concevable", affirment les familles. "En fait, c'était l'objectif de l'armée de l'air en les classant : les enterrer si profondément et si longtemps que personne ne les trouverait".
La Cour suprême des États-Unis a statué en 2005 que le gouvernement n'avait pas commis de fraude, même si elle a reconnu l'absence "d'informations sensibles dans le rapport d'enquête sur l'accident et les déclarations des témoins".
En particulier, dans le cadre de la "guerre mondiale contre le terrorisme", le ministère américain de la justice a permis à des agences, comme la CIA, d'invoquer le privilège de secrets d'État afin que des affaires impliquant des violations des droits de l'homme et des libertés civiles puissent être rejetées.
"De notre point de vue, nous ne pouvons pas imaginer qu'il existe un quelconque privilège lié à des informations confidentielles concernant des citoyens américains s'étant rendus à l'ambassade d'Équateur", a déclaré Richard Roth, un avocat des Américains, au journal The Dissenter en février.
En outre, Burns a soutenu que la loi sur la CIA exempte cette dernière de publier ou de divulguer "l'organisation, les fonctions, les noms, les titres officiels, les salaires ou les effectifs du personnel employé par la CIA".
La loi sur la CIA, adoptée en 1949, a été utilisée par l'agence pour empêcher la divulgation de documents en vertu de la loi sur la liberté de l'information (FOIA). Il semblerait que Burns ait fait valoir ce "privilège statutaire" si Koeltl ne conclut pas que les informations relatives à la copie d'appareils électroniques américains relèvent du "secret d'État".
En vertu de la loi sur la CIA, les informations ne sont censées être tenues secrètes que si elles révèlent que la CIA exerce une fonction impliquant du "personnel employé par l'Agence" et non confirmée publiquement par le gouvernement.
La CIA a-t-elle pour habitude de copier le contenu des appareils électroniques des Américains lorsqu'ils se rendent dans des ambassades étrangères ? Si ce n'est pas le cas, il est difficile de comprendre comment ce qui est allégué dans ce procès ne serait pas un abus de pouvoir dans le contexte d'une opération d'espionnage typique contre un individu - Assange - qui a été désigné comme une cible.
Au cas où le privilège des secrets d'État et la loi sur la CIA ne suffiraient pas à mettre fin aux poursuites, Burns a également invoqué la loi sur la sécurité nationale (National Security Act). Cette loi peut empêcher la divulgation de documents contenant des "sources et méthodes de renseignement".
La CIA a recouru à maintes reprises au privilège des secrets d'État et à des lois telles que la loi sur la CIA ou sur la sécurité nationale pour se soustraire à l'obligation de rendre compte de ses actes répréhensibles. Burns voudrait faire croire au public que des "informations confidentielles vitales" sont menacées, mais la profusion de mensonges diffusés par la CIA pour taire les détails du programme de torture laisse penser que cette affaire n'est qu'une énième tentative éhontée de faire échec à la justice.
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9- ♟ L'extradition de Julian Assange se rapproche après que les États-Unis ont assuré ne pas réclamer la peine capitale
Par Riley Stuart, le 16 avril 2024, ABC News
La luttee de Julian Assange pour éviter l'extradition vers les États-Unis a reçu un coup dur, après que les avocats des États-Unis ont fourni les garanties exigées par un tribunal londonien concernant son traitement là-bas.
Julian Assange, de nationalité australienne, tente de contester l'extradition devant la Haute Cour d'Angleterre et du Pays de Galles, son ultime recours juridique dans cette juridiction.
Il fait face à de multiples accusations criminelles aux États-Unis, liées à la publication d'informations classifiées sur le site web WikiLeaks dont il est le fondateur.
Le mois dernier, deux juges de la Cour ont offert une bouée de sauvetage juridique à l'homme de 52 ans en demandant à l'équipe juridique américaine de fournir des garanties en cas d'extradition :
Assange serait autorisé à invoquer le premier amendement de la Constitution américaine (qui protège la liberté d'expression).
Assange ne serait pas lésé lors du procès ou de la condamnation en raison de sa nationalité
La peine capitale ne serait pas prononcée en cas de condamnation.
Mardi, les États-Unis ont fourni ces informations, mais avec un problème.
Dans une note diplomatique envoyée par l'ambassade des États-Unis à Londres, il est indiqué que si Assange peut "chercher à s'appuyer" sur les dispositions de la Constitution américaine relatives à la liberté d'expression, "la décision relative à l'applicabilité du premier amendement relève exclusivement de la compétence des tribunaux américains".
Cela signifie que les avocats des États-Unis et de Julian Assange reviendront devant le tribunal le 20 mai pour présenter leurs arguments finaux, avant que les juges ne prennent une décision - à une date qui reste à définir - sur la question de savoir si l'Australien peut faire appel de son extradition.
Assange est toujours détenu à la prison londonienne de Belmarsh. Il est derrière les barreaux depuis avril 2019.
L'équipe juridique d'Assange a déjà déclaré qu'elle chercherait à contester l'extradition devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), si les options juridiques au Royaume-Uni étaient épuisées.
Bien qu'il puisse légalement être extradé en attendant que la Cour européenne des droits de l'homme examine son cas, une telle démarche serait sans précédent.
Une solution diplomatique reste également possible.
La semaine dernière, le président américain Joe Biden a déclaré qu'il "examinait" la demande de l'Australie pour que son administration mette fin à la poursuite de M. Assange.
Le Premier ministre Anthony Albanese a déclaré qu'il s'agissait d'un "commentaire encourageant" et que l'Australie poursuivrait ses efforts diplomatiques à tous les niveaux du gouvernement.
L'épouse d'Assange, Stella, a déclaré dans un message publié sur les réseaux sociaux que les assurances données par les États-Unis à la Cour étaient des "mots vagues" ne faisant "rien pour soulager l'extrême détresse de notre famille quant à l'avenir de Julian Assange".
Les partisans de l'Australien restent préoccupés par son état de santé, qui, selon eux, se détériore derrière les barreaux.
"L'administration Biden doit abandonner ces poursuites dangereuses avant qu'il ne soit trop tard", a déclaré Mme Assange.
Rebecca Vincent, de l'organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières, a fait savoir qu'elle espérait que les garanties données par les États-Unis seraient examinées de manière approfondie par le tribunal.
"Il [l'appel de M. Assange] ne devrait pas être abandonné sur la seule base de promesses essentiellement politiques. Il s'agit de questions de la plus haute importance", a-t-elle déclaré.
Les accusations dont Assange fait l'objet concernent des documents publiés par WikiLeaks en 2010, décrivant, entre autres, les crimes de guerre perpétrés par les forces américaines en Irak et en Afghanistan.
Lors d'une audience sur deux jours à Londres en février, ses avocats ont soutenu que toutes les informations publiées par Assange étaient d'intérêt public, mais qu'il était visé pour être devenu le "porte-parole d'un mouvement politique mondial qui dénonce les États-Unis".
Les informations publiées par WikiLeaks ont été communiquées à Assange par Chelsea Manning, soldat devenu lanceur d'alerte.
Lors de l'audience en février, l'avocate Clair Dobbin KC, représentant les États-Unis, a déclaré à la Cour qu'Assange et sa plateforme WikiLeaks n'étaient pas "des journalistes ou des éditeurs classiques".
Elle a déclaré qu'Assange avait encouragé Manning à "voler" des documents classifiés et que des vies avaient été mises en danger par la décision de l'Australirn de "publier sciemment les documents avec les noms non censurés".
S'exprimant à Washington DC, Gabriel Shipton, le frère d'Assange, a déclaré que les informations fournies par les États-Unis mardi n'étaient "qu'une nouvelle étape dans cette procédure judiciaire qui n'en finit pas".
Il a qualifié le système carcéral américain d'"effroyable".
"C'est ce que nous redoutons vraiment. Que Julian soit extradé ici le 20 mai et que nous le perdions pour toujours", a-t-il déclaré.
Geoffrey Robertson KC, un ancien membre de l'équipe juridique d'Assange dont le cabinet représente toujours le hacker, a déclaré qu'il était peu probable que les assurances offertes par les États-Unis satisfassent les juges britanniques le 20 mai.
En effet, s'il peut invoquer la liberté d'expression, il n'est pas certain qu'un juge américain lui donne raison.
"Et à moins que vous ne puissiez le garantir, je pense que les tribunaux britanniques hésiteront à extrader Assange vers une situation ou un procès où il ne bénéficierait pas d'une protection égale des lois", a-t-il déclaré.
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10- ♟ Imaginez un Julian Assange libre
Par M.C. Armstrong, le 18 avril 2024, Honest Media
Alors que l'administration Biden redouble d'efforts en matière de guerre et de censure, imaginez un WikiLeaks pleinement opérationnel travaillant en étroite collaboration avec des journalistes courageux et indépendants pour remettre en question le régime de censure dans les médias traditionnels alors que les narratifs de l'administration Biden sur l'Ukraine, Gaza et le Covid montrent des signes d'effondrement.
Le frère de Julian Assange, Gabriel Shipton, a imaginé un tel futur lundi soir, lorsqu'il a partagé une vidéo de Julian Assange apparaissant sur une passerelle en plein air, au milieu d'une foule de supporters australiens acclamant sa libération. Pourquoi Shipton a-t-il osé cet espoir ?
Mardi, la Haute Cour de Londres a entendu la réponse de l'administration Biden aux affirmations d'Assange selon lesquelles la vie du journaliste serait en danger s'il venait à être extradé vers l'Amérique et qu'il lui serait impossible de bénéficier d'un procès équitable dans le district oriental de Virginie. La semaine dernière, dans ce qui était soit une gaffe, soit un signe avant-coureur, le président Biden a déclaré aux journalistes qu'il prenait en considération les appels de l'Australie à libérer Assange, suggérant qu'il pourrait bien, mardi, abandonner les poursuites au titre de la loi sur l'espionnage (Espionage Act) que son ministère de la justice a héritées de l'administration Trump.
Mais malheureusement rien de tout cela n'est arrivé.
Malgré les pressions exercées par Robert F. Kennedy Jr, qui a promis de libérer Assange dès le premier jour s'il était élu président, Joe Biden n'a pas assoupli sa position sur la criminalisation du journalisme et ses factotums ont refusé d'abandonner les poursuites mercredi, tandis que son adversaire Donald Trump a indiqué qu'il partageait les mêmes positions. Le consensus de l'uniparti sur la guerre sans fin et la censure est, bien sûr, ébranlé par des journalistes de la trempe d'Assange. Mais les États-Unis vont-ils sacrifier leur principe fondamental de liberté d'expression pour se venger du journaliste le plus innovant du 21ème siècle ?
Les prochains mois nous le diront. En ce qui concerne les étapes à venir dans cette affaire, les débats de mercredi ont offert une lueur d'espoir. Dans la réponse de l'administration Biden à la demande de la Haute Cour de s'assurer qu'Assange serait traité équitablement, les avocats américains ont présenté des arguments d'une faiblesse déconcertante. Stella Assange, l'avocate et épouse du journaliste, a apporté cette réponse :
"Les États-Unis ont émis une non-assurance en ce qui concerne le premier amendement et une assurance standard pour ce qui est de la peine capitale. Ils ne s'engagent pas à retirer l'affirmation précédente de l'accusation selon laquelle Julian n'a pas de droits au premier amendement parce qu'il n'est pas citoyen américain. Au lieu de cela, les États-Unis se sont limités à des propos ambigus affirmant que Julian pourrait "chercher à invoquer" le premier amendement s'il était extradé. La note diplomatique ne fait rien pour soulager l'extrême détresse de notre famille quant à l'avenir de Julian, qui s'attend à passer le reste de sa vie en isolement dans une prison américaine pour avoir publié des articles journalistiques primés. L'administration Biden doit abandonner ces poursuites dangereuses avant qu'il ne soit trop tard."
Y a-t-il vraiment des raisons d'espérer que Biden, qui a un jour qualifié Assange de "terroriste hi-tech", comme l'a rapporté le Guardian, fera ce qu'il faut ? Peut-être. Le New York Times, qui semble souvent n'être rien d'autre qu'un simple blog de relations publiques pour les démocrates, serait, selon The Intercept, en pleine mutinerie au sujet des politiques de guerre de l'administration et a commencé à divulguer des informations à un rythme effréné. Et, chose assez étonnante, même le Times a publié cette année un éditorial amer et rancunier de James Kirchick, qui a admis que Assange, "semblable à un fantôme" et "moralement douteux", méritait d'être libéré.
Kirchick se donne beaucoup de mal pour convaincre les lecteurs du Times qu'Assange est un individu déplorable et un ami de la Russie. Cependant, à Honest Media, nous ne pensons pas qu'il faille pisser sur Assange pour le sauver du bûcher public.
En privilégiant les documents de première main à la guerre narrative, Julian Assange et WikiLeaks ont fait évoluer le journalisme vers une activité journalistique plus démocratique, scientifique et soumise à l'examen des pairs. Assange, qui a révélé les crimes de guerre américains en Irak, à Guantanamo Bay et en Afghanistan, est sans conteste le journaliste le plus novateur du 21ème siècle. Et il mérite d'être libre.
Hier.
📰 Lien de l'article original :
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11- ♟ Joe, 10 excellentes raisons de libérer Assange et de le laisser rentrer chez lui
Par Free Assange, le 18 avril 2024, Fil Twitter X
◾️ 1- L'Australie appelle son plus proche allié à mettre un terme aux poursuites et à abandonner les accusations portées contre son citoyen, Julian Assange. Le fait que Biden ait récemment reconnu qu'il considérait cette demande esr "encourageant", a déclaré le Premier ministre australien, Anthony Albanese. 88 % des Australiens, la majorité des parlementaires ainsi qu'un groupe parlementaire multipartite plaident en faveur du retour d'Assange dans son pays d'origine.
◾️ 2- Dans l'ensemble du spectre politique, les voix américaines s'unissent pour soutenir la liberté d'Assange. Les organisations de défense de la liberté de la presse, les principaux journaux grand public et plus de 40 professeurs de droit américains sont tous d'accord pour dire que cette affaire constitue une "menace existentielle" pour le premier amendement (liberté d'expression/de la presse). La résolution 934 de la Chambre des représentants au Congrès bénéficie d'un soutien croissant.
◾️ 3- Des dirigeants du monde entier exhortent le ministère américain de la justice et le président Biden à mettre fin à cette persécution.
D'où vient le soutien d'Assange ?
Du pape, de chefs d'État, dont le chancelier allemand Scholz et le premier ministre australien Albanese, de ministres des affaires étrangères actuels et anciens, du Conseil de l'Europe, des experts des Nations unies, des deux tiers du Parlement australien, de parlementaires britanniques, australiens, islandais, allemands, autrichiens, irlandais, espagnols, français, suisses, belges, norvégiens, italiens, finlandais, suédois, grecs, chypriotes, brésiliens, argentins, équatoriens et mexicains, de juges et de professionnels du droit.
◾️ 4- La légitimité des États-Unis à défendre les valeurs démocratiques à l'intérieur et à l'extérieur du pays vidée de sa substance. Des dizaines d'organisations ont affirmé que "les poursuites engagées par les États-Unis contre Assange sapent la crédibilité du pays en matière de défense des journalistes contre la répression exercée par les régimes autoritaires et autres régimes violant les droits de l'homme à l'étranger". https://cpj.org/2022/12/cpj-partners-send-letter-calling-for-us-to-drop-charges-against-julian-assange/
◾️ 5- Les poursuites engagées contre Assange remontent à l'attaque de l'administration Trump contre le journalisme. Sous Obama, le ministère de la Justice a refusé de le poursuivre en raison du dangereux précédent que cela aurait créé, criminalisant le journalisme d'investigation. L'administration Biden aurait dû abandonner l'affaire dès le premier jour, et elle peut mettre fin à cette attaque à tout moment. Les poursuites engagées contre Assange constituent une menace flagrante et actuelle pour la liberté de la presse dans le monde entier.
◾️ 6- Les poursuites engagées contre Assange servent de prétexte pour attaquer les journalistes et les éditeurs partout dans le monde. Dans une véritable démocratie, les journalistes doivent être en mesure d'exposer la criminalité de l'État sans craindre de se voir jeter en prison. Les journalistes du monde entier ont tiré la sonnette d'alarme : si les gouvernements redéfinissent le journalisme comme de l'espionnage, les journalistes seront privés du droit fondamental d'agir dans l'intérêt du public.
◾️ 7- Les experts médicaux du monde entier expriment leur profonde inquiétude quant au risque pour Assange de mourir en prison. Selon le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer,
"les souffrances progressivement sévères infligées à Mr. Assange, du fait de son isolement prolongé, relèvent non seulement de la détention arbitraire, mais aussi de la torture et d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants".
Des centaines de médecins et de psychologues ont pris une position éthique, exhortant le ministre britannique de l'intérieur et publiant dans la revue médicale The Lancet :
"En tant que médecins, nous avons le devoir professionnel et éthique de nous élever contre la torture, de la dénoncer et d'y mettre un terme. Le silence sur la torture de Mr Assange pourrait bien faciliter sa mort. Le silence doit être rompu. Maintenant."
◾️ 8- Les organisations de défense des droits de l'homme du monde entier sont unanimes.
"La publication d'informations d'intérêt public est la pierre angulaire de la liberté des médias. Elle est également protégée par le droit international relatif aux droits humains et ne devrait en aucun cas être érigée en infraction pénale [...] L'acharnement du gouvernement américain contre Julian Assange [...] n'est rien de moins qu'une attaque en règle contre le droit à la liberté d'expression".
- Amnesty International, Human Rights Watch, l'ACLU, le Knight First Amendment Institute, le CPJ (Comité pour la protection des journalistes) et RSF figurent parmi les signataires exhortant l'administration Biden à abandonner les poursuites à l'encontre de Julian Assange. https://www.amnesty.org/en/latest/news/2024/02/uk-usa-global-media-freedom-at-risk-as-julian-assange-back-in-uk-court-facing-possible-extradition-to-usa/
◾️ 9- Les lanceurs d'alerte sont essentiels au renforcement des démocraties et des institutions. Ils ont confié à WikiLeaks le soin de publier des informations officielles sur le fonctionnement d'institutions puissantes sans que personne ne le remarque. Ces publications sont devenues l'outil le plus puissant à l'échelle mondiale pour poursuivre la justice. Elles ont permis de mettre au jour des crimes d'État, de fournir des preuves écrites et documentées dans des affaires de droits de l'homme impliquant des actes de torture, de susciter des réformes politiques, de libérer des prisonniers et de changer le monde pour le meilleur.
◾️ 10- Julian Assange et sa famille ont suffisamment souffert. Julian Assange est un journaliste australien sans condamnation, non violent, qui a passé ces cinq dernières années dans une cellule de prison. Auparavant, il avait passé sept ans dans une minuscule pièce de l'ambassade, et avant cela, deux ans en résidence surveillée. Julian est un père, un fils, un frère et un ami pour tous ceux qui l'aiment et ont besoin de lui. Les parents de Julian, son frère et sa femme ont terriblement souffert de sa persécution.
Gabriel et Max ont besoin de leur père.
📰 https://x.com/FreeAssangeNews/status/1780935858679386121
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12- ♟ Jeffrey Sterling : "J'ai été témoin de l'obsession concernant l'Iran au sein de la CIA. Assange ? Aucune chance pour lui de pouvoir bénéficier d'un procès équitable et d'un traitement humain aux États-Unis".
Jeffrey Sterling tentait de servir son pays en travaillant dans le monde obscur des opérations secrètes de la CIA, jusqu'à ce qu'il dénonce une opération bâclée contre l'Iran et en paye le prix fort. Il Fatto Quotidiano l'a interrogé sur le risque de guerre avec l'Iran, la CIA, la loi sur l'espionnage et Julian Assange.
Par Stefania Maurizi, le 20 avril 20 2024, Il Fatto Quotidiano
Il était l'un des rares agents d'infiltration noirs travaillant pour la CIA, affecté à l'Iran Task Force. En 2002, la CIA l'a licencié après qu'il eut porté plainte contre l'agence pour discrimination raciale. Jeffrey Sterling est devenu un fervent défenseur des lanceurs d'alerte inculpés en vertu de la loi sur l'espionnage pour avoir dénoncé des crimes et des abus perpétrés par les services de renseignement, ainsi qu'un fervent partisan de Julian Assange.
En 2011, il a été arrêté et inculpé pour violation de la loi sur l'espionnage, accusé d'avoir divulgué des informations classifiées à un journaliste américain travaillant pour le New York Times, James Risen, lauréat du prix Pulitzer. Bien que les autorités américaines n'aient pu apporter aucune preuve incriminante prouvant qu'il était l'auteur de la fuite, et bien qu'il ait toujours clamé son innocence, il a été condamné à trois ans et demi de prison. Jeffrey Sterling a été libéré après avoir purgé plus de deux ans de sa peine. Il Fatto Quotidiano s'est entretenu avec lui, alors qu'il était de passage en Italie à l'occasion du Festival international du journalisme.
🎙 Stefania Maurizi : Vous avez été inculpé en vertu de la loi sur l'espionnage, accusé d'avoir divulgué des informations sur une opération de la CIA en Iran, baptisée "opération Merlin". Pourriez-vous nous expliquer en quoi consistait cette opération ?
Jeffrey Sterling : L'opération Merlin visait à ralentir le programme d'armement nucléaire iranien grâce à des plans erronés d'une arme nucléaire. Les plans ont été "truqués" dans l'un des laboratoires nationaux, et les failles étaient censées être indétectables. L'idée était que les Iraniens utiliseraient ces plans et ne sauraient comment les corriger, ce qui ralentirait leurs aspirations à l'arme nucléaire. On m'a dit que l'opération avait été approuvée au plus haut niveau du gouvernement et on m'a assuré que les vices ne seraient jamais détectés.
Mon travail consistait à former un ancien scientifique nucléaire russe sur la manière de trouver les bons Iraniens et, une fois trouvés, sur la manière de leur transmettre les plans. Lorsqu'on les lui a présentés pour la première fois, il a immédiatement identifié les failles. J'ai immédiatement pensé que s'il était capable de les détecter, les Iraniens le seraient aussi. Ainsi, au lieu de freiner leur programme d'armement nucléaire, nous l'aiderions en fait à en accélérer la mise en œuvre.
J'ai fait part de mes préoccupations à tous les niveaux de la CIA et on m'a demandé de me taire. J'ai également exposé mes préoccupations au Congrès. Lorsque j'ai commencé à parler de cette opération dangereuse, la discrimination dont j'ai fait l'objet s'est intensifiée. J'ai été écarté de l'opération Merlin et finalement licencié.
🎙 En 2003, vous avez contacté la commission sénatoriale du renseignement pour l'alerter sur l'opération Merlin. Quelles étaient vos préoccupations ? En tant que lanceur d'alerte ayant parlé à la commission, pensez-vous que le contrôle démocratique de la communauté du renseignement est efficace ?
Je craignais que l'opération Merlin n'aide le programme nucléaire iranien. On craignait également que les plans puissent être utilisés pour concevoir une bombe "sale". Les États-Unis avaient lancé la première invasion de l'Irak et j'étais préoccupé par le fait que nos soldats puissent être exposés à une attaque à la bombe sale ; ils ne savaient peut-être pas dans quoi ils s'embarquaient, car ces plans auraient pu se retrouver entre les mains de n'importe qui. En outre, j'ai fait savoir au Sénat qu'il était également possible que les plans soient placés en Irak et utilisés comme fausse preuve d'un programme d'armement nucléaire irakien.
En tant que lanceur d'alerte, j'ai fait l'expérience directe de l'inexistence de contrôle démocratique sur la communauté du renseignement. Comme je l'ai expliqué au cours de mon procès, les collaborateurs avec lesquels j'ai discuté de l'opération Merlin n'ont pas prévenu les membres de la commission, ils ont immédiatement informé la CIA de ce que j'avais fait. Les commissions du renseignement de la Chambre des représentants et du Sénat sont composées de membres du personnel de la communauté du renseignement, ce qui constitue une ligne directe avec ces agences. Loin d'être un lieu de contrôle et un moyen de faire part de ses préoccupations, les commissions permettent d'identifier les lanceurs d'alerte et de les cibler en vue d'exercer des représailles.
🎙 Depuis 1979, l'Iran reste une obsession pour la CIA, et sous Trump et ses adeptes de la ligne dure, comme l'ancien chef de la CIA Mike Pompeo, le général iranien Soleimani a été éliminé et l'ancien chef du centre antiterroriste de la CIA, Mike D'Andrea - connu sous le nom de The Undertaker - a été nommé à la tête des opérations de la CIA en Iran. Vous attendez-vous à une guerre contre l'Iran, si les partisans de la ligne dure sont de retour ?
J'ai été témoin de l'obsession de l'Iran à la CIA. Lorsque j'ai rejoint les rangs de l'agence, il y avait encore des officiers ayant été retenus en otage ou ayant des amis ou des membres de leur famille qui l'avaient été. L'année 1979 en Iran a été une source d'embarras pour la CIA, qui ne l'a jamais oubliée. Je trouvais cette obsession malavisée, car elle n'aurait jamais permis autre chose que de l'animosité avec l'Iran ; la paix n'aurait jamais été possible.
Le jeu du chat et de la souris avec l'Iran s'est donc poursuivi, mais habituellement, les têtes plus sages l'emportent. Mais les partisans de la ligne dure se font de plus en plus entendre en raison de la même idéologie qui a empêché la CIA d'être efficace contre l'Iran. La CIA a fait preuve d'une sorte d'arrogance à l'égard de l'Iran qui, selon moi, était également ancrée dans le racisme. Les Iraniens étaient régulièrement qualifiés d'"écervelés" sans véritable intelligence. Au lieu d'essayer de comprendre les Iraniens, la CIA et la communauté du renseignement utilisent leur sectarisme pour maintenir l'Iran au rang d'ennemi. Les partisans de la ligne dure veulent une guerre avec l'Iran parce que cela entretient les vieilles rancœurs.
Mais, malgré l'opinion que j'avais de l'Iran lorsque j'étais à la CIA, nous savions également que ce pays disposait d'une armée très performante et qu'une guerre avec l'Iran coûterait très cher. La guerre avec l'Iran suscitait une appréhension certaine ; nos renseignements sur ce pays étaient alors, et je pense qu'ils le sont toujours, très limités. Il me semble que le point de vue était que si nous entrions en guerre avec l'Iran, ce ne serait pas en raison de nos propres actions et ambitions. Mais à cause d'une escalade en dehors des tensions directes entre les États-Unis et l'Iran. Si les partisans de la ligne dure accèdent au pouvoir, à mon avis, la rhétorique sur la nécessité d'attaquer l'Iran augmentera, mais je pense que même les partisans de la ligne dure auraient du mal à déclencher une guerre avec ce pays.
🎙 Vous avez été inculpé d'infractions à la loi sur l'espionnage dans le district oriental de Virginie, le tribunal de l'État où la CIA et le Pentagone ont leur siège et qui enquête sur certaines des affaires de terrorisme et de sécurité nationale les plus médiatisées. C'est devant ce même tribunal que Julian Assange sera jugé pour des violations présumées de la loi sur l'espionnage (Espionage Act). Les autorités américaines affirment que, s'il est extradé vers les États-Unis et traduit en justice, Julian Assange bénéficiera d'un procès équitable et d'un traitement humain : il n'a pas à craindre la vérité ni un procès, parce qu'il sera en mesure de se défendre. D'après votre expérience, le fondateur de WikiLeaks a-t-il une chance de bénéficier d'un procès équitable et d'un traitement humain ?
Assange n'a absolument aucune chance de pouvoir bénéficier d'un procès équitable ni de recevoir un traitement humain. Tout d'abord, en ce qui concerne un procès équitable, se défendre contre une inculpation au titre de la loi sur l'espionnage est littéralement impossible pour qui que ce soit. Il s'agit d'une loi de responsabilité stricte, ce qui signifie que vous êtes présumé coupable une fois accusé. Aucune défense n'est possible en ce qui concerne la vérité ; en fait, toute défense liée à la vérité sera interdite. En outre, Assange ne pourra accéder à aucune des soi-disant "preuves" utilisées contre lui. Et pour rendre les choses encore plus difficiles, le gouvernement n'a pas à démontrer le préjudice allégué. Il s'agit d'une loi et de poursuites judiciaires dans lesquelles le gouvernement affirme ce qu'il veut. Il s'agit d'une loi "parce que nous le disons", qui ne doit pas être remise en question, ni contestée.
Tout procès se tiendra dans le district oriental de Virginie, l'arrière-cour de la communauté du renseignement. La tenue d'un procès là-bas profitera entièrement au gouvernement. Au cours de mon procès, la quasi-totalité des membres du jury avaient un lien quelconque avec la communauté du renseignement, soit en tant qu'employé actuel ou ancien, soit parce qu'ils avaient des amis ou des parents qui y travaillaient. Ce lien les rend automatiquement partiaux à l'encontre des accusés, en particulier si les services de renseignement sont impliqués. Tout jury appelé à se prononcer sur le cas d'Assange ne verra rien d'autre que ce que le gouvernement a à dire au sujet d'Assange.
Je dois également évoquer les derniers développements concernant le tribunal britannique, qui demande l'assurance qu'Assange bénéficiera des mêmes droits que les citoyens américains accusés d'avoir enfreint la loi sur l'espionnage. Il n'existe aucun droit constitutionnel en ce qui concerne la loi sur l'espionnage. Toute garantie de ce type apportée par les États-Unis sera fausse. Aucun citoyen américain ne peut se prévaloir de la protection des droits constitutionnels lorsqu'il est jugé en vertu de la loi sur l'espionnage. Plus directement, le premier amendement n'est pas pertinent et ne peut être invoqué pour la défense.
Deuxièmement, en ce qui concerne le traitement humain - Il semble que tout le monde sache que les prisons américaines sont des lieux abominables, à l'exception des gouvernements américain et britannique. À partir du moment où le détenu est placé dans une prison américaine, il perd son humanité. Les prisons américaines sont conçues pour punir et briser les gens, il n'y a aucune compassion, aucune humanité. Les pénitenciers américains ne sont guère plus que des entrepôts humains où les détenus sont traités comme de vulgaires produits stockés.
L'une des plus grandes impostures révélées au cours de certaines procédures d'extradition était qu'Assange recevrait des soins de santé mentale. Rien n'est plus faux. Les prisons américaines sont conçues pour briser le mental des détenus. Prêter attention et répondre aux besoins des prisonniers en matière de santé mentale va à l'encontre de cette philosophie. Par exemple, lorsque je traversais une période difficile en prison, on m'a dit de parler à une conseillère. Cette dernière s'est montrée totalement indifférente à mon égard et, à vrai dire, furieuse que je lui fasse perdre son temps. Ne voulant pas être ignoré et ne voyant aucune aide venir de sa part, j'ai décidé de ne plus lui parler. Elle m'a répondu que si je ne lui parlais pas, elle me placerait à l'isolement. Sa réponse à mes problèmes de santé mentale a été de me plonger dans une situation qui ne ferait qu'empirer les choses.
Les soins de santé sont tout aussi terribles. J'ai eu un épisode cardiaque assez grave en prison. On m'a suggéré de boire plus d'eau. Il a fallu toute l'énergie de ma femme et les efforts de mes partisans qui ont bombardé le centre pénitentiaire d'appels téléphoniques et de courriels pour exiger que je reçoive des soins médicaux adéquats. Finalement, un sénateur américain s'est renseigné. Il a fallu une pression phénoménale pour que je reçoive des soins médicaux, et il en sera de même pour Assange, si ce n'est pire. La vie humaine est sans valeur dans les geôles américaines.
🎙 Si les autorités américaines s'engagent sur la voie de la guerre contre l'Iran, pensez-vous que de nouveaux lanceurs d'alerte sortiront de l'obscurité du secret d'État pour alerter le public et tenter d'éviter un nouveau conflit, ou pensez-vous que les dizaines de poursuites engagées en vertu de la loi sur l'espionnage, de Manning à Snowden, de vous à Julian Assange, ont instauré un climat d'intimidation ?
Si une guerre avec l'Iran devait se produire, je pense que certains lanceurs d'alerte se manifesteront. Et je le pense malgré la façon dont l'Espionage Act a été utilisé. Il n'a pas été utilisé pour lutter contre l'espionnage, il est utilisé contre les lanceurs d'alerte et Assange pour maintenir tout le monde dans l'ignorance des méfaits et des illégalités du gouvernement. Chaque lanceur d'alerte poursuivi est un avertissement pour quiconque ose dire la vérité. Mais même après des années de persécution des employés des services de renseignement et de la communauté militaire ayant révélé les crimes du gouvernement, les lanceurs d'alerte continueront à s'exprimer.
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13- ♟ "La dignité humaine est inviolable", scandent des militants défilant dans les rues de Stuttgart en soutien au fondateur de Wikileaks.
Par Carlo Dela Peña, le 15 avril 2024, SMNI News Channel
Des dizaines de militants ont défilé dans les rues de Stuttgart, en Allemagne, pour manifester leur soutien au fondateur de Wikileaks, Julian Assange, et demander qu'il soit mis fin à son extradition vers les États-Unis.
Les militants ont défilé pacifiquement dans les rues, brandissant des banderoles et des pancartes portant des slogans tels que "Arrêtez de me tuer", "Tous pour Assange", "La dignité humaine est inviolable" et "Dénoncer des crimes de guerre n'est pas un crime Liberté pour J. Assange. Stop à l'extradition vers les États-Unis".
L'un des militants a été vu portant une combinaison de prisonnier et des menottes alors qu'il marchait avec un chat sur l'épaule.
La manifestation a eu lieu le 11 avril, le jour même où Julian Assange a été incarcéré à la prison londonienne de Belmarsh et y est depuis cinq ans.
Nous sommes ici pour soutenir Julian Assange, parce que nous voulons qu'il soit libéré. C'est très crucial !
"Nous sommes convaincus qu'il a aidé le monde, c'est pourquoi nous devons être présents partout. Pour nous, il est un journaliste et la liberté de la presse est essentielle. Et on ne peut prétendre contrôler tout ce que l'on veut dans le monde, à commencer par les États-Unis.''
Il y a 214 signatures. Nous les afficherons à nouveau ici plus tard. Et nous espérons que quelqu'un du conseil local ou peut-être le maire prendra contact avec nous.''
[Nous suggérons de nommer] une rue, Rue Julian Assange. Le conseil municipal pourrait également rédiger une résolution [à cet effet]. Cela a également été demandé par le conseil municipal de Nuremberg, la ville des droits de l'homme", a dit un activiste de Stuttgart, Allemagne.
Le rédacteur en chef de Wikileaks appelle Biden à empêcher l'extradition d'Assange
À Londres, les partisans de Julian Assange se sont rassemblés devant le haut-commissariat australien avec le rédacteur en chef de Wikileaks, Kristinn Hrafnson, qui a critiqué l'attaque du gouvernement américain contre la liberté en insistant sur l'extradition d'Assange.
Les États-Unis tentent d'extrader Assange du Royaume-Uni, l'affaire étant ajournée jusqu'en mai.
Récemment, le président américain Joe Biden a déclaré qu'il "examinait" la demande de l'Australie d'abandonner les poursuites, ce que le premier ministre australien Anthony Albanese a qualifié d'"encourageant".
En mars, des médias ont rapporté que les États-Unis pourraient envisager un accord de plaidoyer.
Assange est recherché aux États-Unis pour 18 chefs d'accusation et encourt jusqu'à 175 ans de prison après avoir publié des milliers de dossiers militaires confidentiels et de documents liés aux guerres en Irak et en Afghanistan, y compris les images d'une attaque d'hélicoptère américain en 2007, qui a tué deux employés de Reuters et plusieurs autres personnes à Bagdad.
Stella Assange continue de réclamer la liberté et l'abandon de l'extradition par les États-Unis
Cela fait maintenant plus d'une décénie que le fondateur de Wikileaks lutte contre son extradition aux États-Unis.
En 2010, Assange a été arrêté par la police britannique pour un "délit" sexuel présumé qu'il a nié.
En 2012, il n'a pas payé sa caution et a obtenu l'asile à l'ambassade d'Équateur à Londres. En 2019, il a de nouveau été arrêté par les autorités après que l'Équateur a révoqué son asile et est resté à la prison de Belmarsh jusqu'à ce jour.
Dans une décision récente, les juges britanniques ont offert au gouvernement américain la possibilité d'apporter des "assurances" selon lesquelles l'extradition et l'affaire ne contreviendraient pas à la liberté d'expression, n'impliqueraient aucun préjudice au cours d'un procès concernant la nationalité d'Assange et n'entraîneraient pas la peine capitale en cas de condamnation.
En outre, il est souligné qu'Assange, en tant que citoyen australien, devra pouvoir bénéficier des mêmes protections du premier amendement qu'un citoyen américain.
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14- 🎥 Non-assurances pour Assange & Troubles au Moyen-Orient (Vidéo)
L'ancien diplomate britannique Craig Murray débat de la signification des "assurances" américaines concernant Julian Assange et de la catastrophe en devenir au Moyen-Orient dans l'émission CN Live !
Avec Craig Murray & Cathy Vogan, le 18 avril 2024, Consortium News
Vidéo de 59’ avec sous titres disponibles
L'ambassade des États-Unis a déposé mardi deux assurances auprès du ministère britannique des affaires étrangères, stipulant que les autorités américaines ne réclameraient pas la peine capitale contre l'éditeur emprisonné de WikiLeaks, Julian Assange, et qu'elles permettraient à ce dernier "d'invoquer et de chercher à faire valoir lors du procès [...] les droits et protections accordés par le premier amendement", selon la note diplomatique des États-Unis. Murray examine la signification des "assurances" américaines concernant Julian Assange et le désastre qui se profile au Moyen-Orient.
La note contient une déclaration vide de sens, à savoir que Julian Assange peut tenter d'invoquer le premier amendement lors du procès (et de la condamnation), mais que le ministère américain de la justice ne peut garantir que ces droits lui seront accordés, ce qui est précisément ce que la loi britannique sur l'extradition, fondée sur la Convention européenne des droits de l'homme, impose de garantir.
Parallèlement, le Moyen-Orient est au bord d'une guerre majeure, Israël semblant prêt à intensifier son conflit avec l'Iran, malgré les efforts apparents des gouvernements occidentaux pour l'en empêcher.
David Cameron, le ministre britannique des affaires étrangères, s'est rendu en Israël mercredi pour tenter de persuader les Israéliens de ne pas déclencher d'escalade à la suite de la réponse de l'Iran à l'attaque israélienne contre l'ambassade d'Iran à Damas. Selon Cameron, Israël a décidé de réagir.
Nous avons demandé à Craig Murray, ancien diplomate britannique, si Joe Biden allait cette fois-ci faire preuve de courage et signifier clairement au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou qu'il serait seul s'il frappait l'Iran, poussant ainsi Téhéran à riposter plus durement que la première fois.
L'analyste juridique Alexander Mercouris a également envoyé son analyse des assurances américaines dans l'affaire Assange.
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15- ♟ L'infâme, délirant et long article vomi par Alan Howe dans The Australian, propriété de Murdoch
Cet article en accès payant a été rapporté et commenté via Twitter X par Gary Lord, auteur du livre numérique ntitulé WikiLeaks, une histoire vraie, dont je vous partage la traduction des chapitres sur ce blog (un dernier reste à venir).
Qui a commandé cette diffamation lourde de conséquences ? Et pourquoi ?
Par Gary Lord, le 20 avril 2024, Thread Twitter X
"C'est tout à fait extraordinaire. Sorti de nulle part, le fleuron de la presse Murdoch, The Australian, publie ce long, infâme et délirant vomi d'Alan Howe, ancien journaliste de haut rang au UK Times et au New York Post (tous deux propriété de Murdoch).
Je publie l'intégralité de l'article ici afin que tout le monde puisse voir à quel point cet article est dérangé, sans donner à News Ltd les clics espérés. Voici l'URL de l'archive : https://archive.is/vpPI5
L'article cite Paul Monk, ancien responsable de l'analyse de la Chine pour le ministère australien de la défense, dont le site web le décrit comme "l'intellectuel public le plus versatile d'Australie à notre époque".
Que signifie "VERSATILE" exactement ??
Le plus intéressant dans cet article, c'est qu'il régurgite de vieilles calomnies discréditées et n'apporte rien de plus sur le fond.
Alors pourquoi Murdoch ressent-il le besoin d'attaquer ASSANGE en ce moment ? Julian est-il sur le point d'être libéré ? Ou s'agit-il simplement de préparer le public à l'extradition américaine ?
Je pourrais passer six heures à disséquer cette véritable saloperie, mais la plupart de ceux qui me suivent connaissent déjà la vérité - telle qu'elle est expliquée dans mon livre en ligne GRATUIT (lien dans la biographie) - ou lisez la version Amazon.
Quelques points clés.
L'article commence par l'affirmation volontairement choquante "Julian Assange est un criminel". Cela n'a rien à voir avec l'affaire britannique/américaine.
Il s'agit d'une condamnation par le tribunal de Melbourne pour piratage informatique en 1991, à une époque où le piratage informatique ne constituait même pas un délit ! (Voir le chapitre 1 Génèse de mon livre en anglais ou ici en français)
Assange "n'est ni un journaliste ni un éditeur" ??? Interrogeons des journalistes respectés à ce sujet.
Combien de prix a reçu Alan Howe, l'homme de main de Murdoch ?
En Australie, le criminel de guerre Ben Roberts Smith est protégé et payé par le magnat des médias Kerry Stokes. Les excuses pathétiques pour les crimes de guerre dans cet article suggèrent que Rupert Murdoch se joint à la mêlée (pendant que GAZA se fait génocider).
Pour voir à quel point cet article est malhonnête, trompeur et fourbe, il suffit de lire ce petit extrait :
"Assange a toujours nié [les accusations de viol], mais en août 2012, il a demandé l'asile à l'ambassade d'Équateur".
Vous saisissez à quel point cela donne l'impression qu'il était coupable ?
L'article affirme que l'ex-président équatorien Rafael Correa "détestait la presse libre de son pays mais admirait Assange". En réalité, la presse était contrôlée par les États-Unis, raison pour laquelle Correa a confié le pouvoir à Lenin Moreno.
Les citations suivantes proviennent d'acolytes de Moreno, ce qui n'est pas précisé.
NB : Correa a été contraint de céder le pouvoir à Moreno parce que les médias soutenus par les États-Unis détruisaient sa réputation. Le traître Moreno a ensuite trahi sa propre nation ainsi que son propre parti, et a emprisonné le vice-président de Correa, Jorge Glas, récemment traîné hors de l'ambassade mexicaine à Quito.
Mes remerciements à Robbie Barwick (directeur de recherche Parti des citoyens australiens) pour l'information. Free Assange
L'article est d'autant plus extraordinaire que les médias de Murdoch ont généralement laissé le Guardian, ce faux "journal de gauche", se charger de dénigrer Assange. Murdoch se contente généralement d'ignorer la question.
Qui a commandé cette diffamation lourde de conséquences ? Et pourquoi ?"
Traduction de ce torchon signé Alan Howe (Vous noterez aussi le choix de la photo de couverture choisie pour cette feuille de chou) - Accrochez-vous !
Par Alan Howe, le 20 avril 2024, The Australian
Julian Assange est un criminel, un affabulateur et un imposteur indiscipliné, arrogant et peu enclin au travail, dépourvu d'éducation, tout en restant un vulgaire personnage sans manières.
Dans le monde imaginaire d'Assange, c'est un guerrier pour la justice ; la vérité est que son WikiLeaks était un cheval de Troie au service de la haine. Assange n'a pas cherché à révéler ce qu'il croyait être la manière immorale et corrompue dont nos alliés occidentaux recherchent la sécurité dans un monde dangereux. Il voulait détruire les fondements des communications diplomatiques complexes et sensibles grâce auxquelles nous pouvons garder une longueur d'avance sur nos ennemis.
Ses trahisons l'ont fait entrer au panthéon de la trahison, aux côtés du collaborateur nazi norvégien Vidkun Quisling, de Guy Fawkes, auteur du complot de la poudre à canon, et du maréchal Philippe Pétain, qui dirigeait la France de Vichy.
Et toi, Assange ? Il n'y a aucun doute. Il est le Judas Iscariote de l'ère numérique.
Assange se décrit comme un journaliste, un rédacteur en chef et un éditeur. Il n'est ni journaliste ni éditeur - formé à l'un ou l'autre de ces métiers, il aurait traité ses fameuses fuites de manière plus responsable - mais il est certainement un éditeur au même titre que tous ceux qui publient une photo de leurs enfants sur les médias sociaux.
Personne ne considère comme du journalisme le fait de déverser de façon inconsidérée de la correspondance classifiée sur un site web.
Chelsea Manning, alors qu'elle suivait une formation en renseignement pour l'armée américaine, a volé des centaines de milliers de dossiers secrets à son employeur, qu'elle a cachés sur un CD déguisé en copie de l'album The Fame de Lady Gaga. La célébrité, en quelque sorte, allait s'abattre sur Manning. Elle a transmis ces fichiers à WikiLeaks, récemment créé.
Il était publié depuis l'Angleterre par Assange, né à Townsville et élevé à Melbourne. Il affirme avoir fréquenté 37 écoles mais n'y avoir appris que très peu de choses, mais il a étudié les mathématiques et l'informatique à l'université de Melbourne, qu'il a quittée avant d'avoir obtenu le moindre diplôme.
Assange est apparu pour la première fois sur mon radar en juillet 1995, alors que je dirigeais un journal de Melbourne et qu'il était interviewé sur les "recettes" de drogues médicamenteuses susceptibles d'être trouvées sur l'internet. Il a déclaré que toute personne ayant des connaissances de base en pharmacologie pouvait fabriquer des amphétamines, de l'ecstasy, du crack et "de nombreuses versions du LSD".
À l'époque, il faisait partie d'un groupe de pirates informatiques et dirigeait ses activités depuis la maison de sa mère. Sous le nom de Splendide Mendax (en gros, glorieux menteur), Assange et ses copains ont réussi à s'introduire dans des sites web importants à l'époque où la sécurité informatique n'était pas encore si bien cotée : on estime qu'aujourd'hui, environ 10 % du budget informatique d'une entreprise est consacré à empêcher l'accès à des personnes du type d'Assange.
En décembre de l'année suivante, selon des documents judiciaires obtenus par The Australian, Assange a comparu lors d'une audience préalable à la détermination de la peine devant la Victorian County Court, où il a notamment été accusé d'avoir piraté 11 000 ordinateurs appartenant à la société canadienne de télécommunications Northern Telecom. Son avocat à Melbourne, Paul Galbally, a déclaré au juge Leslie Ross : "L'un des motifs de ces infractions était qu'en accédant à ces sites informatiques majeurs, vous aviez le pouvoir et la possibilité de naviguer d'un site à l'autre".
Leslie Ross a estimé qu'Assange n'avait voulu que se donner du pouvoir et n'avait pas cherché à s'enrichir personnellement. Il n'a donc pas été condamné à une peine d'emprisonnement, mais à verser des réparations d'un montant de 2100 dollars.
Le sentiment de victimisation de l'heureux hacker était déjà bien développé - et allait s'épanouir abondamment - et Assange a déclaré à Ross : "Une grande injustice a été commise et je voudrais enregistrer le fait que vous avez été induit en erreur par l'accusation".
Il était, et reste, un pleurnichard de première classe. Comme l'a dit l'ancien premier ministre John Howard voici plus d'une décennie, "il n'est rien de plus qu'une personne de la pire espèce en quête d'attention".
Selon le Guardian, pour tenter d'attirer l'attention des femmes londoniennes, Assange s'est rendu sur un site de rencontres en utilisant le pseudonyme Harry Harrison et en écrivant qu'il mesurait 1 mètre 88 et que, selon le test en ligne du site, il était à "87 % un gros cochon". Il commençait ainsi : "ATTENTION : Vous voulez un gars normal et terre-à-terre ? Continuez à avancer... Je suis un DANGER, ACHTUNG!'".
Les documents WikiLeaks de 2010 ont fait connaître Assange et sa réputation. Le raz-de-marée de documents a été communiqué à des journaux de gauche, dont la plupart avaient été estimés par le passé, mais vivant désormais sur l'élan du passé. Il s'agit notamment du Guardian, du New York Times, de The Age et du Sydney Morning Herald.
Dans tout conflit, les forces de défense commettent toutes des actes regrettables qui se soldent par la mort d'innocents.
Dix millions de civils ont été tués au cours de la Première Guerre mondiale, ce qui n'est pas beaucoup, mais plus que le nombre de combattants. On estime que 85 millions de personnes sont mortes durant la Seconde Guerre mondiale, dont 25 millions de combattants.
Dans la nuit du 3 mars 1945, peu avant la fin de ce conflit, la RAF a bombardé par erreur le village néerlandais de Bezuidenhout, tuant 532 habitants. C'est la guerre. Cela arrive, comme nous l'avons vu avec le récent assassinat accidentel de travailleurs humanitaires à Gaza.
L'exclusivité la plus acclamée de WikiLeaks est la vidéo nommée Collateral Murder montrant l'assassinat d'un groupe d'Irakiens. Les soldats américains à Bagdad avaient essuyé des tirs et envoyé un hélicoptère Apache qui avait repéré un groupe d'habitants, dont certains semblaient détenir du matériel militaire.
Le son et les images de cet épisode révèlent que de jeunes soldats américains, sans doute inexpérimentés, observent ces hommes. Ils leur tirent dessus, les tuant tous, y compris deux journalistes de Reuters. C'est un événement épouvantable. Mais c'est aussi la guerre. Les tragédies involontaires sont regrettables mais fréquentes. Ces meurtres étaient-ils évitables ? Peut-être.
La nature des communications entre des nations, même alliées, est nécessairement secrète et solide. Qui peut oublier que WikiLeaks a révélé que le représentant des États-Unis en Australie pensait que le premier ministre australien de l'époque, Kevin Rudd, avait commis "d'importantes bévues", ou que Rudd avait déclaré à un groupe de membres du Congrès américain en visite que "l'establishment de la sécurité nationale en Australie était très pessimiste quant au pronostic à long terme pour l'Afghanistan".
Mais ces conversations, parfois mesquines, parfois vindicatives, permettent la libre circulation des opinions entre et sur les pays. Les rouages de la diplomatie s'enrayeraient si les dirigeants et les diplomates pensaient que rien de ce qu'ils disaient n'était privé. C'est pourquoi ces conversations ont été étiquetées "secrètes" et que Manning et Assange se sont rendus coupables de crimes graves.
Paul Monk, spécialiste des relations internationales, auteur et ancien analyste principal des services de renseignement australiens, suit l'affaire Assange depuis des années.
"Il y a toujours eu des personnes - la plus célèbre étant Daniel Ellsberg (qui a volé et publié les Pentagon Papers révélant les stratégies américaines pendant la guerre du Viêt Nam) - qui ont divulgué des informations pour ce qu'elles croyaient être des raisons de principe", explique-t-il. "On peut débattre à l'infini de la question de savoir s'ils ont fait le bon choix". Monk insiste sur le fait qu'Assange n'appartient pas à cette catégorie.
"Assange a ouvertement déclaré qu'il voulait rendre impossible le fonctionnement du système diplomatique et de sécurité", dit Monk, ajoutant qu'Assange a des problèmes caractériels plutôt qu'une "grande connaissance du fonctionnement de nos services diplomatiques et de nos agences de renseignement". Contrairement à Ellsberg, Assange n'a jamais travaillé au sein du système "qu'il a ouvertement déclaré vouloir détruire". Il n'a jamais saisi à quoi il servait. "Il est manifestement intelligent, mais d'une manière ou d'une autre, il est devenu un rebelle narcissique et obsédé par sa propre personne".
Ellsberg pensait qu'il serait emprisonné à vie pour ses crimes, le prix qu'il était prêt à payer pour ce qu'il considérait comme un devoir moral.
"Assange trouve scandaleux que l'on veuille l'arrêter", dit Monk.
Manning a transmis les premiers fichiers à WikiLeaks en février 2010. Elle a été arrêtée en mai et inculpée de vol, de fraude et d'abus informatiques, de désobéissance aux ordres et, plus grave encore, d'aide à l'ennemi, infraction pour laquelle un délinquant peut être exécuté. Les procureurs ont requis la peine de mort et Manning a finalement été condamnée à une peine d'emprisonnement de 35 ans, que Barack Obama a commuée au bout de sept ans.
Assange fait face à 18 chefs d'accusation aux États-Unis concernant les documents volés de WikiLeaks et pourrait être condamné à une peine combinée, mais improbable, de 175 ans. En 2010, son problème juridique le plus pressant était une série d'accusations possibles de viol et d'attouchements sexuels à la suite de son passage en Suède. Interpol a publié une notice rouge demandant son arrestation. Il a été brièvement détenu à Londres, libéré sous caution et a continué à travailler pour WikiLeaks tout en traitant les plaintes suédoises. Assange les a toujours niées, mais en août 2012, il a demandé l'asile à l'ambassade de l'Équateur à Londres et s'est vu accorder la citoyenneté équatorienne.
Rafael Correa, le président équatorien hypocrite et de gauche, détestait la liberté de la presse dans son pays, mais vouait une grande admiration à Assange. Un bureau de l'ambassade a été réaménagé pour lui, avec salle de bain et kitchenette, et la cuisine de l'ambassade l'a approvisionné en nourriture - ses partisans lui ont envoyé d'interminables paniers de produits Harrods - et lui a permis d'acheter un chat. Mais l'invité s'est rapidement transformé en parasite.
Assange aurait été sale, ingrat et ingérable. Les Équatoriens ont été patients avec leur hôte imprévu, dont le séjour leur a coûté 10 millions de dollars, principalement pour la sécurité. En 2019, ils en ont eu assez, ont annulé sa citoyenneté et ont invité la police londonienne à entrer pour l'arrêter.
Décrire sa chambre comme une porcherie serait une insulte aux porcs. L'ambassadeur d'Équateur, Jaime Marchan, a fait visiter les lieux au Daily Mail de Londres, déclarant qu'Assange "devait être rappelé en permanence à des normes de comportement usuelles". Il laissait toujours la plaque de cuisson allumée". Le diplomate chevronné a ajouté : "Le système d'asile a pour but de protéger les personnes innocentes. (Il) en a abusé. C'est un prédateur".
Selon Marchan, l'Australien avait une façon répugnante de protester contre ce qu'il considérait comme un traitement injuste : "Quand Assange voulait être désagréable, il laissait des excréments sur les murs et ses sous-vêtements couverts d'excréments dans les toilettes. Nous devions lui rappeler de tirer la chasse d'eau et de laver sa vaisselle".
Assange, à qui l'on a confié la quasi-totalité du bâtiment de l'ambassade, situé dans le quartier huppé de Belgravia, mettait de la musique à fond et refusait de nettoyer les excréments de son chat.
Marchan a ajouté avec irritation : "Nous avons prouvé que l'Équateur respectait les droits de l'homme, mais Assange n'a pas respecté ses obligations. Il est très égoïste. Je lui ai dit : "Un jour, tu te rendras compte de tout ce que l'Équateur a fait pour te protéger"".
Aujourd'hui, Assange est détenu à la prison de Belmarsh, près de Woolwich, dans le sud-est de Londres. Il a déjà écrit au roi Charles pour se plaindre de ses conditions de détention. Parmi les autres détenus célèbres, on peut citer Jonathan Aitken, ancien membre du cabinet britannique tombé en disgrâce, qui a décrit le "calme du matin ... étonnamment paisible - Belmarsh était aussi silencieux qu'un navire de guerre englouti". L'une des plaintes les plus graves de l'auteur Jeffrey Archer, lorsqu'il était détenu à Belmarsh, était de ne pas pouvoir acheter de bouteilles d'eau Highland Spring.
Andrew O'Hagan, auteur écossais de renom, a été approché par un éditeur pour écrire l'histoire de la vie de Julian Assange, qui s'intitulerait WikiLeaks versus the World : My Story by Julian Assange - et s'est retrouvé pendant un certain temps au cœur de la vie de l'activiste, les deux hommes se testant l'un l'autre pour voir si cela fonctionnerait.
O'Hagan est un dur à cuire de Glasgow, mais il n'avait jamais rencontré quelqu'un de comparable à son sujet. À l'époque, Assange s'était brouillé avec presque tout le monde, y compris les rédacteurs en chef des journaux qu'il avait choisis pour publier WikiLeaks. O'Hagan a observé : "Il était étrangement incapable de voir quand il devenait ennuyeux ou exigeant. Il parlait comme si le monde avait besoin qu'il parle et ne s'arrête jamais. Curieusement, pour un dissident, il n'avait pas de questions à poser".
Entre les propos d'Assange se vantant que le dictateur cubain Fidel Castro avait dit qu'il aimait WikiLeaks, O'Hagan a remarqué qu'il "avait tendance à manger avec ses mains. Dans les articles de magazines, les gens prétendent qu'il ne mange pas, mais il a avalé trois portions de lasagnes ce soir-là et il a mangé la pomme de terre au four et le pudding à la confiture avec ses mains".
Plus tard, l'auteur a loué une maison à proximité. "Je préparais le déjeuner tous les jours et il le mangeait, souvent avec les mains, puis léchait l'assiette. Pendant tout ce temps, il n'a pas une seule fois rapporté son assiette sale à l'évier. Cela ne fait pas de lui un Josef Mengele, mais, vous savez, la vie est la vie".
📰 https://x.com/jaraparilla/status/1781555075573494215
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16- ♟ En Bref
◾️ Des manifestants demandent la libération de Julian Assange et interrompent la déposition de Merrick Garland au tribunal administratif
De fervents défenseurs du premier amendement, dont Martha Allen, directrice de l'Institut des femmes pour la liberté de la presse et Medea Benjamin de CodePink) ont interrompu l'audition du Congrès (ce 16 avril) pendant le témoignage de l'avocat général Merrick Garland et appelé Garland à libérer Julian Assange, soulignant le caractère essentiel d'une presse libre.
◾️ Grottammare, charmante ville italienne, rejoint la liste des villes italiennes ayant décidé d'accorder la citoyenneté d'honneur à Julian Assange.
Source : Tweet de Stefania Maurizi, ce 19 avril
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Articles plus anciens en lien avec l'actu de la semaine
17- ♟ Gordon Kromberg, le procureur controversé au coeur de l'affaire Assange (2021)
Gordon Kromberg a fait l'objet d'allégations de partialité et de poursuites politisées. Aujourd'hui, il pourrait déterminer l'avenir du journalisme.
Par Murtaza Hussain, le 17 juin 2021, The Intercept
La bataille pour extrader l'éditeur de WikiLeaks, Julian Assange, du Royaume-Uni vers les États-Unis, s'annonce comme une affaire juridique d'une importance capitale pour l'avenir de l'information en matière de sécurité nationale. Les États-Unis maintiennent leur pression, malgré le changement d'administration, et le président Joe Biden poursuit ses efforts pour traduire Assange devant un tribunal américain, accusé d'avoir publié des documents gouvernementaux classifiés, en vertu de la loi sur l'espionnage (Espionage Act). Un nom peu connu dans les dossiers des audiences d'extradition au Royaume-Uni apparaît sans cesse comme un personnage clé dans le dossier du gouvernement américain : un procureur fédéral du nom de Gordon Kromberg.
Sur les questions centrales de l'aide apportée par Assange à la lanceuse d'alerte Chelsea Manning et du préjudice ostensible que ses actions auraient causé à la sécurité nationale des États-Unis, un document déposé au tribunal britannique au début de l'année cite textuellement les affirmations de Kromberg :
"Le témoignage de M. Kromberg à ce sujet est clair", peut-on lire dans ce document. "Il a déclaré que le vol de centaines de milliers de documents dans des bases de données classifiées était un processus en plusieurs étapes". Le même document cite à nouveau Kromberg, affirmant que "plus d'une centaine de personnes ont été mises en danger par les divulgations et qu'environ cinquante personnes ont demandé et reçu de l'aide des États-Unis" - des références à de prétendus agents des services de renseignement américains démasqués par les documents publiés par WikiLeaks.
Kromberg, procureur adjoint des États-Unis dans le district oriental de Virginie, est peut-être inconnu des observateurs étrangers et même de nombreux observateurs américains. Pourtant, dans les cercles juridiques américains, il est depuis plus de vingt ans un personnage très controversé, poursuivi par des accusations de partialité et de politisation dans ses poursuites. Pendant des années, des militants des droits civiques et des avocats ont tenté d'attirer l'attention sur les allégations de ses pratiques abusives. Loin d'être relégué dans l'ombre par ces efforts, il joue aujourd'hui un rôle clé dans l'une des affaires les plus déterminantes au monde en matière de libertés civiles.
Au total, les documents judiciaires de janvier relatifs à l'affaire d'extradition d'Assange mentionnent Kromberg plus de 40 fois afin d'étayer l'argument juridique en faveur de l'extradition d'Assange. Nombre de ses déclarations sont au cœur de la procédure engagée contre l'éditeur de WikiLeaks en vertu de la loi sur l'espionnage (Espionage Act).
Cette affaire a suscité l'inquiétude des groupes de défense des libertés civiles aux États-Unis, en particulier à la lumière de la décision de l'administration Biden de continuer à faire pression en faveur de l'extradition. Assange est devenu une figure controversée aux États-Unis en raison de son rôle présumé dans la manipulation de l'élection présidentielle de 2016, mais les accusations dont il fait l'objet portent presque exclusivement sur des actes de réception et de publication d'informations secrètes - le pain et le beurre de la plupart des activités journalistiques liées à la sécurité nationale.
"Si Julian Assange est extradé vers les États-Unis, il s'agira de loin du procès le plus déterminant et le plus dangereux pour la liberté de la presse au 21ème siècle. Dix-sept des dix-huit modifications apportées à l'acte d'accusation contre Assange sont des charges relevant de la loi sur l'espionnage (Espionage Act). Cette même loi est utilisée contre les sources et les lanceurs d'alerte depuis plus d'une décennie, et les organisations de presse sont terrifiées à l'idée qu'elle soit utilisée à leur encontre pour poursuivre les journalistes spécialisés dans la sécurité nationale recevant des informations classifiées de la part de leurs sources", a déclaré Trevor Timm, cofondateur et directeur exécutif de la Freedom of the Press Foundation (Fondation pour la liberté de la presse).
En janvier dernier, l'extradition d'Assange a été bloquée pour des raisons humanitaires. Plus récemment, un rapport du site d'investigation islandais Stundin a affirmé qu'un témoin clé dans l'affaire américaine contre Assange s'était rétracté, ce qui pourrait jeter le trouble sur les accusations portées contre lui. Pour l'instant, le combat pour l'extradition se poursuit et une nouvelle décision sur l'appel du gouvernement américain concernant la décision de janvier est attendue dans le courant de l'année.
Ne cédant aucunement aux pressions extérieures et aux critiques selon lesquelles l'utilisation de l'Espionage Act contre Assange mettrait en péril les libertés de la presse, le ministère de la justice de Joe Biden continue d'utiliser l'un de ses procureurs les plus virulents pour contribuer à amener Assange sur le sol américain.
Dans les années post attentats terroristes du 11 septembre 2001, Gordon Kromberg est devenu l'interlocuteur privilégié du gouvernement dans des affaires de terrorisme notoires impliquant des allégations de torture et de poursuites malveillantes ou abusives. Dans le passé, les avocats de la partie adverse et les groupes de défense des droits civiques l'ont accusé d'adopter un comportement raciste et de recourir à des tactiques contraires à l'éthique pour obtenir des condamnations.
Les experts juridiques ont déclaré que le choix d'un procureur notoirement politisé et agressif dans une affaire d'extradition très médiatisée comme celle d'Assange montre à quel point le gouvernement est motivé pour extrader l'éditeur de WikiLeaks et l'inculper coûte que coûte en vertu de la loi sur l'espionnage (Espionage Act).
Wadie Said, professeur de droit à l'université de Caroline du Sud et auteur de Crimes of Terror : The Legal and Political Implications of Federal Terrorism Prosecutions (Crimes liés au terrorisme : Les implications juridiques et politiques des poursuites fédérales en matière de terrorisme) a déclaré :
"Le point commun de la carrière de Kromberg a été la volonté de prendre des positions extrêmement provocatrices au nom du gouvernement et de maintenir le cap. Il a également fait preuve de la plus grande détermination à prendre en charge des affaires hautement politiques et à être lui-même un paratonnerre pour attirer l'attention ; il se place souvent au cœur de l'actualité par ses propres actions et déclarations".
Ajoutant :
"De mon point de vue, certaines des choses que Kromberg a dites par le passé et les positions qu'il a prises sont assez tendancieuses et même vindicatives en ce qui concerne son état d'esprit envers la personne qu'il cible".
Ni Kromberg ni le bureau du procureur du district Est de Virginie n'ont répondu aux demandes de commentaires.
En 2008, Kromberg a fait l'objet d'un article du Washington Post sur sa conduite dans la poursuite de Sami Al-Arian, un universitaire palestinien aux États-Unis accusé de terrorisme après le 11 septembre 2001. L'acharnement du gouvernement à l'égard d'Al-Arian a été considéré par de nombreux observateurs juridiques comme un exemple de poursuites abusives, le rôle de Kromberg faisant l'objet d'un examen particulièrement minutieux.
Les années de poursuites intensives menées par le ministère de la justice au sujet des liens présumés d'Al-Arian avec le terrorisme n'ont abouti à aucune condamnation par un jury sur 17 chefs d'accusation liés au terrorisme. En 2006, l'ancien professeur de l'université de Floride du Sud a accepté de plaider coupable d'un seul chef d'accusation, celui de complot en vue de fournir de l'argent à un groupe terroriste désigné. Près de dix ans plus tard, il sera expulsé vers la Turquie pour "mettre un terme à son affaire ainsi qu'aux souffrances de sa famille", comme il l'a déclaré à The Intercept.
Le rapport de 2008 sur le rôle de Kromberg citait un expert juridique qui qualifiait Kromberg de "canons lâches". Stephen Gillers, expert en éthique juridique à la faculté de droit de l'université de New York, a déclaré au Washington Post :
"Si j'étais le ministère de la justice, je ne voudrais pas le voir en première ligne dans ces poursuites très visibles et très litigieuses". (Kromberg s'est refusé à tout commentaire au Washington Post à l'époque).
Malgré l'accord sur le plaidoyer et l'expulsion prévue, le calvaire d'Al-Arian s'est poursuivi pendant neuf années supplémentaires, jusqu'en 2015, alors que Kromberg tentait de le forcer à fournir d'autres témoignages dans d'autres affaires et l'a de nouveau emprisonné pour outrage, jusqu'à son expulsion effective.
Kromberg a été accusé par des groupes de défense des droits civiques d'être motivé par une animosité anti-musulmane dans nombre de ses poursuites, notamment dans une affaire où il a été accusé de se railler de la famille d'un suspect de terrorisme ayant été torturé en détention en Arabie Saoudite ; il leur aurait dit que leur fils n'était "pas utile pour nous ici, il n'a plus d'ongles". (Kromberg a refusé de commenter cette allégation à l'époque).
Selon les déclarations sous serment déposées par les avocats de la partie adverse au sujet de sa conduite, Kromberg aurait critiqué "l'islamisation du système judiciaire américain" et aurait rejeté les appels visant à accommoder les accusés musulmans pendant le ramadan au motif que "s'ils peuvent s'entretuer pendant le ramadan, ils peuvent aussi comparaître devant un jury d'accusation". Ces sentiments semblent avoir de profondes racines idéologiques. Dans des carnets personnels publiés en ligne par Kromberg par le passé, il a épousé des points de vue extrêmes sur le conflit israélo-palestinien, faisant référence à la Cisjordanie occupée par Israël comme étant "la Judée et la Samarie".
Malgré ses antécédents douteux, Kromberg a continué à occuper une position élevée au sein du ministère de la justice. Outre son rôle actuel dans l'extradition d'Assange, il a également continué à poursuivre des affaires de terrorisme très médiatisées.
En 2017, Kromberg a instruit l'affaire d'un policier de Washington accusé d'avoir acheté des cartes-cadeaux pour soutenir le terrorisme, des accusations qui découlaient d'une opération d'infiltration controversée. Au tribunal, Kromberg a formulé des allégations qui ont fait froncer les sourcils, selon lesquelles le suspect était à la fois un partisan du groupe djihadiste État islamique et du parti nazi allemand de l'époque de la Seconde Guerre mondiale, au motif qu'il possédait des accessoires historiques. Se référant à un commentaire anonyme en ligne qui avait qualifié l'accusé de "racaille musulmane-nazie", Kromberg a soutenu devant le tribunal : "Que ce soit vrai ou non, je ne connais pas la réponse à cette question. Mais le fait est que l'affaire des nazis dans ce cas est très liée à l'affaire ISIS.
L'affaire Assange a été largement ignorée par la presse américaine, compte tenu des implications potentielles de sa poursuite en vertu de la loi sur l'espionnage (Espionage Act). Le rôle clé joué par Kromberg suggère toutefois que le ministère de la Justice ne prend pas à la légère les implications de l'affaire en ce qui le concerne. Les observateurs juridiques estiment que le fait que le gouvernement ait décidé de porter ces accusations, qu'il ait passé des années à poursuivre Assange sous diverses formes et ait chargé l'un de ses procureurs les plus agressifs de l'affaire, envoie un message terrifiant à ceux qui seraient tentés de publier des informations classifiées à l'avenir.
"Cette affaire est terriblement préoccupante et nous pensons qu'elle est politisée. Ce que nous avons vu jusqu'à présent, ce sont des intérêts très puissants jetant tout ce qu'ils ont sur une seule personne. Quelle que soit la suite des événements, cela aura en soi un impact considérable sur les informations relatives à la sécurité nationale. Très peu de personnes seront enclines à endurer ce qu'Assange a enduré pendant plus d'une décennie", a déclaré Rebecca Vincent, directrice des campagnes internationales de Reporters sans frontières.
Rebecca Vincent, qui a observé l'affaire pour Reporters sans frontières, a souligné que la pression psychologique et physique exercée par des années d'incarcération avait lourdement affecté Assange. La détérioration de son état et la probabilité qu'il subisse d'autres dommages dans les prisons américaines ont été un obstacle majeur aux efforts déployés jusqu'à présent pour l'extrader. La semaine dernière, le New York Times a révélé que le gouvernement américain avait accepté qu'Assange soit détenu en Australie, mais uniquement à condition que le gouvernement australien consente au transfert et que tous les recours dans l'affaire Assange aient été épuisés.
Par une sombre ironie, il se trouve que celui qui a plaidé devant les tribunaux britanniques, en janvier dernier, pour qu'Assange ne soit pas si mal loti s'il était détenu aux États-Unis, était Kromberg. Des documents judiciaires antérieurs relatifs à l'audience d'extradition d'Assange ont cité Kromberg pour déclarer que les attentes selon lesquelles Assange serait détenu dans une prison supermax très restrictive une fois envoyé aux États-Unis étaient "purement spéculatives", le citant plus loin pour dire que "la philosophie du [Bureau des prisons] est de loger tous les détenus dans l'environnement le moins restrictif possible pour le prisonnier".
Assange est devenu une figure polarisante aux États-Unis, ses détracteurs et ses partisans étant divisés sur la nature de son travail et de ses motivations, en particulier depuis les élections présidentielles américaines de 2016, au cours desquelles il aurait prétendument agi pour soutenir la candidature de Donald Trump. Les experts en liberté de la presse affirment que, quelle que soit l'opinion personnelle de chacun sur Assange, son extradition aboutie et sa condamnation pour publication d'informations classifiées en vertu de la loi sur l'espionnage auraient de lourdes conséquences pour l'avenir du journalisme relatif à la sécurité nationale aux États-Unis.
"Beaucoup détestent Julian Assange, ses opinions et ses tactiques, mais si l'on examine les accusations portées à son encontre en vertu de la loi sur l'espionnage, on s'aperçoit qu'elles concernent entièrement le fait d'avoir communiqué avec des sources, demandé davantage d'informations, reçu ou détenu des informations classifiées, puis publié un sous-ensemble de ces informations. Quoi que l'on pense d'Assange, ou si on le considère comme un journaliste ou non, ces actions correspondent à ce que les journalistes font en permanence", a indiqué Trevor Timm, de la Fondation pour la liberté de la presse.
Ajoutant :
"Si le gouvernement américain parvient à poursuivre Assange pour ces actions, rien ne l'empêchera à l'avenir de poursuivre les journalistes du New York Times ou du Washington Post pour les mêmes motifs."
Correction : 21 juillet 2021
Cet article a été mis à jour pour indiquer que Gordon Kromberg n'était pas le principal procureur lors de l'inculpation initiale de Sami Al-Arian en 2003.
Murtaza Hussain est journaliste à The Intercept et se concentre sur la sécurité nationale et la politique étrangère. Il est apparu sur CNN, BBC, MSNBC et d'autres médias.
📰 https://theintercept.com/2021/07/17/julian-assange-extradition-gordon-kromberg/
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18- ♟ WikiLeaks gagne une motion de rejet dans le procès du Comité national démocrate dans une décision importante sur le premier amendement (2019)
Dans une victoire historique pour WikiLeaks et son rédacteur en chef Julian Assange, un juge fédéral de New York a rejeté la plainte déposée par le Comité national démocrate (DNC) à la suite de la publication par WikiLeaks de documents du DNC en 2016. Cette affaire constitue un précédent important pour la liberté de la presse.
Par Doughty Street Chambers, le 5 août 2019
Jennifer Robinson représente WikiLeaks et a œuvré avec son co-conseiller américain Joshua Dratel pour répondre à la plainte du DNC et préparer la requête en irrecevabilité. Le procès avait été signifié à WikiLeaks par Twitter et soulevait d'importantes inquiétudes quant à la possibilité de publier dans le contexte d'une élection. De nombreuses organisations de défense de la liberté d'expression ont soutenu la position de WikiLeaks dans cette affaire, notamment le Knight First Amendment Institute de l'université de Columbia, le Reporters Committee for Freedom of the Press et l'American Civil Liberties Union (ACLU). Ces groupes ont déposé un mémoire en faveur du rejet de l'affaire pour des raisons liées au premier amendement.
Le juge de district John Koeltl a souligné que les activités de publication de WikiLeaks étaient "dignes d'intérêt" et les a décrites comme étant "manifestement du type de celles ayant droit à la protection la plus forte qu'offre le premier amendement".
Le juge Koeltl a souligné que
"les journalistes sont autorisés à demander des documents ayant été volés et à les publier".
Il a également observé qu'une telle collaboration journalistique avec les sources est "une pratique journalistique courante". Ce principe est important pour les journalistes d'investigation qui reçoivent fréquemment des informations de la part de lanceurs d'alerte.
Le juge a établi une comparaison avec l'affaire des Pentagon Papers de 1971, dans laquelle la Cour suprême des États-Unis a confirmé le droit du New York Times et du Washington Post de publier des documents secrets sur la guerre du Viêt Nam fournis par le lanceur d'alerte Daniel Ellsberg. Dans cette affaire, l'administration Nixon avait tenté d'empêcher les journaux de publier et les avait menacés de poursuites pénales.
"Si WikiLeaks peut être tenu pour responsable de la publication de documents concernant les stratégies de financement politique et de mobilisation des électeurs du DNC simplement parce que ce dernier les qualifie de "secrets" et de secrets commerciaux, il en va de même pour n'importe quel journal ou autre média", a écrit le juge de district John Koeltl.
Le juge Koeltl a également noté qu'il est "constitutionnellement insignifiant" que WikiLeaks ait su que les documents publiés avaient été acquis sans autorisation, par piratage ou par d'autres moyens avant qu'ils ne soient obtenus par WikiLeaks.
"Une personne a le droit de publier des documents volés que l'éditeur a demandés à une source tant que l'éditeur n'a pas participé au vol".
Mr Dratel, avocat de WikiLeaks dans cette affaire, a déclaré que
le rejet de la plainte du DNC "réaffirme les principes du premier amendement qui s'appliquent à tous les journalistes, qu'ils travaillent pour de grandes institutions ou de petites entreprises indépendantes".
En 2017, Mike Pompeo (alors directeur de la CIA et aujourd'hui secrétaire d'État américain), a affirmé que WikiLeaks était une "agence de renseignement non étatique hostile" et que Julian Assange ne devrait pas bénéficier des protections du premier amendement. La décision rendue dans l'affaire DNC démontre que cette affirmation est erronée. Ceci est également pertinent en ce qui concerne les tentatives américaines de poursuivre et d'extrader Mr Assange.
Mme Robinson a déclaré :
"Notre demande de rejet a fait valoir des principes de longue date du premier amendement qui protègent l'aptitude des médias à publier des informations dans l'intérêt du public. Cette décision confirme ce droit - et le fait que Wikileaks bénéficie également de la protection constitutionnelle prévue par le premier amendement".
Le DNC avait allégué que des "preuves circonstancielles" (indirectes) montraient que WikiLeaks avait collaboré avec la campagne de Trump dans le cadre de ses activités de publication. Le DNC a également déposé des plaintes au titre de la loi sur la fraude et les abus informatiques (Computer Fraud and Abuse Act), de la loi sur les organisations influencées par le racket et la corruption (Racketeer Influenced and Corrupt Organizations - RICO), de la loi sur les écoutes téléphoniques (Wiretap Act), de la loi sur les communications stockées (Stored Communications Act), de la loi sur le droit d'auteur (Digital Millenium Copyright Act) et des lois protégeant les secrets commerciaux. Les arguments du DNC ont été rejetés comme étant "sans objet ou sans mérite". L'action a été rejetée avec préjudice, signifiant que le DNC ne peut déposer une nouvelle plainte.
L'affaire a fait l'objet d'une large couverture médiatique, notamment ici , ici et ici.
Le jugement complet peut être consulté ici.
ndr : Koeltl a été nommé par le président Bill Clinton en 1994.
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19- ♟ Selon Joe Biden, Julian Assange est un terroriste high-tech (2010)
Le vice-président américain vient de tenir les propos les plus virulents de tous les responsables de la Maison-Blanche au sujet du fondateur de WikiLeaks et des câbles dipomatiques.
Par Ewen MacAskill, le 19 décembre 2010, The Guardian
Le vice-président américain, Joe Biden, a comparé aujourd'hui le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, à un "terroriste de haute technologie", émettant ainsi la critique la plus virulente à ce jour de la part de l'administration Obama.
Il a affirmé qu'en divulguant des câbles diplomatiques, Assange avait mis des vies en danger et rendu plus difficile la conduite des affaires des États-Unis dans le monde.
Sa description d'Assange montre un niveau de colère qui contraste avec les commentaires plus positifs d'autres hauts responsables de la Maison-Blanche, selon lesquels la fuite n'avait pas causé de graves dommages.
Interrogé dans l'émission Meet the Press de la chaîne NBC, Biden s'est vu demander si l'administration pouvait empêcher d'autres fuites, comme l'avait prévenu Assange la semaine dernière.
"Nous y réfléchissons en ce moment même. Le ministère de la justice étudie la question", a-t-il répondu, sans donner plus de détails.
Le ministère de la justice a du mal à trouver une législation permettant de poursuivre Assange.
Interrogé sur le caractère criminel des actes d'Assange, Biden a semblé suggérer qu'ils seraient considérés comme criminels s'il pouvait être établi que le fondateur de WikiLeaks avait encouragé ou aidé Bradley Manning, l'analyste du renseignement américain soupçonné d'être à l'origine de la fuite. Biden a affirmé qu'il s'agissait d'une situation différente de celle d'un journaliste recevant des documents divulgués.
"S'il a conspiré pour obtenir ces documents classifiés avec un membre de l'armée américaine, c'est fondamentalement différent que si quelqu'un vous tombe dessus (...) vous êtes un journaliste, voici des documents classifiés".
Lorsqu'on lui a demandé s'il considérait Assange comme plus proche d'un terroriste high-tech que le lanceur d'alerte ayant rendu publics les Pentagon papers dans les années 1970, qui révélaient le mensonge sur lequel reposait l'engagement américain au Viêt Nam, Biden a répondu :
"Je dirais qu'il est plus proche d'un terroriste high-tech que les Pentagon papers. Mais, écoutez, cet homme a fait des choses qui ont porté préjudice et mis en péril la vie et les occupations de personnes dans d'autres parties du monde.
Il a rendu plus difficile la conduite de nos affaires avec nos alliés et nos amis. Par exemple, lors de mes réunions - vous savez que je rencontre la plupart de ces dirigeants mondiaux - on souhaite désormais me rencontrer seul, plutôt que d'avoir du personnel dans la salle. Cela rend les choses plus compliquées, ce qui est dommageable".
L'interview, bien que diffusée hier, a été réalisée vendredi. La veille, il s'était montré plus neutre à l'égard de WikiLeaks, déclarant :
"Je ne pense pas qu'il y ait de dommages substantiels".
La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a été la première à critiquer les révélations de WikiLeaks à la fin du mois de novembre, lorsqu'elle a accusé le site web d'organiser une "attaque" contre le monde.
Ewen MacAskill a été correspondant du Guardian pour la défense et le renseignement jusqu'en 2018. Il a été chef du bureau de Washington DC de 2007 à 2013, rédacteur diplomatique de 1999 à 2006, correspondant politique en chef de 1996 à 1999 et rédacteur politique du Scotsman de 1990 à 1996. Twitter @ewenmacaskill.
📰 https://www.theguardian.com/media/2010/dec/19/assange-high-tech-terrorist-biden
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