❖ Après près de 50 ans de prison, Leonard Peltier se voit refuser la libération conditionnelle
Sinistre jour pour cet homme qui n'a jamais cessé de clamer son innocence, pour les peuples indigènes et la justice partout dans le monde. Son ultime chance : que Biden intervienne et commue sa peine.
Après près de 50 ans de prison, Leonard Peltier se voit refuser la libération conditionnelle
Le président Joe Biden est probablement le dernier espoir pour le militant des droits des Amérindiens, âgé de 79 ans et malade, de rentrer chez lui.
NDR : À lire ou relire. Gül, je te dédie cette publication, toi qui m'as confié lui avoir parlé sans que cela ne soit prévu.
Leonard Peltier, ce prisonnier politique amérindien oublié, incarcéré depuis près de 47 ans, publié sur ce blog le 07 décembre 2022.
Il est temps de libérer Leonard Peltier, le plus ancien prisonnier politique américain, publié sur ce blog le 15 septembre 2023
"On dit que le silence est la voix de la complicité. Mais le silence est impossible. Le silence hurle. Le silence est un message, tout comme ne rien faire est un acte. Laisse ton être sonner et résonner en chaque parole et chaque acte. Oui, deviens qui tu es. Il n'est pas concevable que tu esquives ton propre être ou ta responsabilité. Ce que tu fais est qui tu es. Tu es ta propre punition. Tu deviens ton propre message. Tu es le message."
Leonard Peltier, Écrits de prison, le combat d'un indien
Par Jennifer Bendery, 2 juillet 2024, Huffpost
La libération conditionnelle de Leonard Peltier a été refusée mardi, ce qui signifie qu'il ne reste probablement qu'une seule autre possibilité pour le militant des droits des Amérindiens, âgé de 79 ans et malade, d'être libéré après avoir purgé près de 50 ans de prison : Que le président Joe Biden intervienne et commue sa peine.
Peltier est incarcéré depuis 1977, date à laquelle le gouvernement américain l'a reconnu coupable d'avoir tué deux agents du FBI lors d'une fusillade survenue en 1975 dans la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud.
Mais son procès a été entaché de nombreuses irrégularités, les procureurs fédéraux ayant notamment dissimulé des preuves le disculpant et le FBI ayant menacé et contraint des témoins à mentir. Le dossier du gouvernement s'est effondré après ces révélations, si bien qu'il a brusquement révisé les charges retenues contre Peltier pour le transformer en complice de l'assassinat de ces agents, au motif qu'il était l'une des dizaines de personnes présentes au moment de la fusillade.
Aucune preuve n'a jamais été apportée sur le fait que Peltier ait commis un crime. Le FBI et le bureau du procureur des États-Unis n'ont jamais réussi à déterminer le ou les meurtriers de ces agents.
Peltier est largement considéré comme le prisonnier politique américain le plus ancien.
"L'annonce d'aujourd'hui perpétue l'injustice de cette longue épreuve pour Leonard Peltier. Cette décision est une occasion manquée pour les États-Unis de reconnaître enfin les fautes commises par le FBI et d'envoyer un message au pays indien concernant les conséquences des actions et des politiques du gouvernement fédéral dans les années 1970", a déclaré Kevin Sharp, son avocat.
Sharp, qui est également un ancien juge fédéral nommé sous la présidence de Barack Obama, a déclaré qu'il déposerait "immédiatement" un recours auprès de la commission d'appel de la Commission des libérations conditionnelles et devant un tribunal fédéral.
"Je n'ai pas perdu l'espoir que Leonard Peltier soit un jour libre", a-t-il déclaré.
Le FBI continue de s'opposer à la libération de Peltier et c'est la principale raison, sinon la seule, pour laquelle il est toujours derrière les barreaux. Mais les raisons invoquées pour s'opposer à la libération de Peltier sont pleines de lacunes, dépassées et remarquablement faciles à réfuter.
Le FBI n'a pas non plus abordé publiquement le contexte essentiel de cette fusillade de 1975 : le FBI lui-même alimentait intentionnellement les tensions dans cette réserve dans le cadre d'une campagne secrète visant à supprimer les activités de l'American Indian Movement (AIM), un mouvement populaire en faveur des droits des indigènes. Peltier en était un membre actif et donc une cible pour le FBI.
"Aujourd'hui marque un triste jour pour les peuples indigènes et la justice partout dans le monde", a déclaré Nick Tilsen, président-directeur général de NDN Collective, un groupe de défense des droits des indigènes.
Ajoutant,
"Ils ont refusé la liberté conditionnelle à un survivant des pensionnats indiens génocidaires et, alors qu'il lutte pour survivre à son incarcération injuste, ils s'obstinent à le détenir pour un crime pour lequel ils n'ont aucune preuve matérielle contre lui. "Il est clair que la Commission des libérations conditionnelles, censée être un organe indépendant, a été influencée par le FBI".
Depuis le début de sa détention, Peltier n'a jamais cessé de clamer son innocence, ce qui a très certainement contribué à lui refuser la libération conditionnelle.
Le dernier refus de libération conditionnelle dont il a fait l'objet remonte à 2009. Il est peu probable que Peltier vive assez longtemps pour tenter à nouveau d'obtenir une libération conditionnelle, compte tenu de la longueur de la procédure, de son âge avancé ainsi que de son mauvais état de santé. Peltier souffre de diabète et d'un anévrisme de l'aorte.
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Lors de l'audience de libération conditionnelle du mois dernier, l'équipe de Peltier a plaidé pour qu'il soit autorisé à vivre ses dernières années auprès des siens, sa famille et sa tribu, dans le Dakota du Nord. Ses partisans lui ont même aménagé une maison.
Actuellement, Peltier passe la plupart de ses journées confiné dans une cellule où il ne dispose que de quelques centimètres d'espace pour se déplacer, sa prison de haute sécurité en Floride étant régulièrement en état de confinement. Il lui faut un déambulateur pour se déplace et il est atteint de cécité d'un œil suite à un traumatisme crânien.
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![Leonard Peltier, Mouvement des Indiens d'Amérique Leonard Peltier, Mouvement des Indiens d'Amérique](https://substackcdn.com/image/fetch/w_1456,c_limit,f_auto,q_auto:good,fl_progressive:steep/https%3A%2F%2Fsubstack-post-media.s3.amazonaws.com%2Fpublic%2Fimages%2F47102e3f-b076-4615-a3c3-0fe48cca8e1b_585x387.jpeg)
Biden est probablement le dernier espoir de Peltier de rentrer chez lui. Le président a le pouvoir de le libérer unilatéralement à tout moment. Certains des alliés de Peltier ont laissé entendre leur intention de tout mettre en œuvre pour faire pression sur Joe Biden afin qu'il commue spécifiquement sa peine - une action qui permettrait à Peltier de recouvrer la liberté sans la grâce implicite associée à celle-ci.
Jusqu'à présent, le président américain ne s'est pas exprimé sur le cas de Peltier.
Un porte-parole de la Maison Blanche n'a pas répondu à une demande de commentaire.
Lors d'une rare interview en 2022, le militant des droits des Amérindiens emprisonné a déclaré qu'il savait ce qu'il dirait à Biden s'il pouvait discuter avec lui cinq minutes.
"Je ne suis pas coupable de cette fusillade. Je ne suis pas coupable", a-t-il déclaré au HuffPost. "Je voudrais rentrer chez moi pour passer le peu d'années qu'il me reste auprès de mes arrière-petits-enfants et de mon peuple".
"Une parodie des droits de l'homme".
- Paul O'Brien, directeur exécutif d'Amnesty International USA
Paul O'Brien, directeur exécutif d'Amnesty International USA, a qualifié l'emprisonnement prolongé de Peltier de "parodie des droits de l'homme".
"Non seulement il existe des préoccupations constantes et non résolues quant à l'équité de son procès, mais il a passé près de 50 ans derrière les barreaux, approche les 80 ans et souffre de plusieurs problèmes de santé chroniques. Nous en appelons une fois de plus au président Biden pour qu'il accorde la clémence à Leonard Peltier pour des raisons humanitaires, de compassion et de justice", a déclaré M. O'Brien dans un communiqué de presse.
On peut soutenir que Biden est particulièrement bien placé pour être le président qui permettra enfin à Peltier de rentrer chez lui.
Contrairement à la quasi-totalité de ses prédécesseurs, il a été un fier allié des communautés et des tribus autochtones depuis son entrée à la Maison-Blanche. Ce dernier a en effet supervisé des investissements historiques dans les territoires indiens. Il respecte la souveraineté tribale, parle du besoin de justice dans les communautés autochtones, en particulier lorsqu'il s'agit de mettre fin à la violence contre les femmes et a en outre nommé un nombre sans précédent de juges autochtones à la magistrature fédérale ainsi que plusieurs autochtones à des postes de haut niveau au sein de son administration.
Biden est entré dans l'histoire en nommant Deb Haaland, secrétaire d'État à l'intérieur, la première secrétaire d'État amérindienne du pays. En tant qu'ancienne membre du Congrès, elle a plaidé avec passion pour la libération de Peltier.
En outre, le propre parti de Joe Biden l'a supplié de faire preuve de compassion à l'égard de Peltier. En 2022, le Comité national démocrate a voté à l'unanimité une résolution exhortant le président à le libérer. Des dizaines de sénateurs et de membres du Congrès, dont l'ancien rival de Joe Biden à la présidence, Bernie Sanders (I-Vt.), ainsi que le président de la commission sénatoriale des affaires indiennes, Brian Schatz (D-Hawaii), ont exhorté le président à libérer Peltier à au moins quatre reprises.
"Le maintien en prison de Mr Peltier défie les promesses de la justice, et le pouvoir de faire preuve de clémence dans cette affaire relève uniquement de votre pouvoir discrétionnaire", peut-on lire dans l'une des lettres adressées par les sénateurs à Biden.
Ils poursuivent :
"Nous saluons les mesures prises par votre administration pour réparer les erreurs commises par le passé dans le traitement des Amérindiens par notre gouvernement, en particulier grâce au leadership de la secrétaire d'État Haaland et à son initiative sur les pensionnats indiens fédéraux. En outre, votre administration a fait preuve d'un engagement louable pour défendre les valeurs américaines fondamentales de liberté et de justice, et pour corriger les inégalités dans le système de justice pénale".
Concluant,
"Conformément à ces actions, nous vous demandons instamment d'accorder la clémence à Mr Peltier en commuant le reste de sa peine".
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Les dirigeants autochtones et les défenseurs des droits de l'homme ont eux aussi multiplié les appels à au président américain pour qu'il libère Peltier. L'année dernière, le président du Congrès national des Indiens d'Amérique (NCAI), le groupe de défense des droits des Amérindiens le plus important et le plus puissant du pays, a déclaré au HuffPost que la libération de Peltier était une priorité de l'organisation pour les élections de 2024.
"Vous êtes devenu complice de cette injustice pour le pays indien", a lancé Fawn Sharp, présidente du NCAI à l'époque, à l'encontre de Joe Biden pour avoir gardé le silence sur la libération de Peltier.
Suzan Harjo, militante de longue date des droits des autochtones et lauréate de la médaille présidentielle de la liberté en 2014, appelle à la libération de Peltier depuis des dizaines d'années. Lors d'un entretien téléphonique avec des journalistes le mois dernier, elle a déclaré que le public devait comprendre que Peltier représentait bien plus que sa personne pour les peuples indigènes.
"Leonard est en prison pour nous tous", a-t-elle déclaré, soulignant l'activisme de Peltier au sein de l'AIM pour attirer l'attention sur les violations des droits issus des traités, la discrimination et les brutalités policières à l'encontre des Amérindiens.
"Il est un exemple du mouvement AIM pour tous ceux d'entre nous qui pourraient être en prison".
"Si "les opprimés du monde entier" s'identifient au combat de Peltier pour la justice, ce n'est pas sans raison. Et s'il peut rentrer chez lui, ajoute-t-elle, il verra que le pays a changé pour le mieux pour les Amérindiens, en partie grâce à ce pour quoi il s'est battu", poursuit-elle.
Ajoutant,
"Il n'aura plus à se battre pour nous défendre comme il devait le faire auparavant. Tout le monde sera très heureux et dira : "D'accord, on se retire maintenant"".
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Jennifer Bendery est journaliste politique expérimentée au HuffPost. Elle couvre le Congrès et la Maison Blanche pour le HuffPost depuis avril 2011. Auparavant, elle a couvert le Congrès pendant quatre ans pour Roll Call, un journal de Capitol Hill, et a passé quatre ans à couvrir l'Assemblée législative du Texas pour GalleryWatch à Austin, TX. Elle a également travaillé dans l'édition de livres pendant trois ans à San Francisco et a été journaliste spécialisée dans les politiques de santé durant deux ans à Providence (RI).
📰 https://www.huffpost.com/entry/leonard-peltier-parole-denied-biden_n_668419f4e4b038babc7d147f
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