❖ Le Bouffon du petit roi Macron passera-t-il l'hiver ?
Comprendre la réaction en chaîne. La politique accaparée par l’économie & l’économie par la finance, suppression du coût du travail & non protection de la valeur-travail, endettement & non dévaluation
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SOMMAIRE :
1 - L'impasse française - Christos Marsellos
2 - Royaume du Grand-Cul-par-dessus-Tête : Deux petites chroniques savoureuses de Julie d'Aiglemont - Julie d'Aiglemont
3 - Nomination de François Bayrou : guerre des récits en Macronie - Pauline de Saint Rémy
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Un article de presse étrangère de Al Jazeera
4 - Qui est François Bayrou, le nouveau premier ministre français ? - Priyanka Shankar
Sur le sujet, publié il y a quelques jours sur ce blog
Patrick Lawrence étrille les centristes : L'exemple de Macron l'irresponsable - Patrick Lawrence
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1- L'impasse française
L’urgence à comprendre la réaction en chaîne : la politique accaparée par l’économie et l’économie par la finance, suppression du coût du travail au lieu de protéger la valeur-travail, l’endettement au lieu de la dévaluation, chaîne dont nous ne voyons encore probablement qu’une petite partie.
Par Christos Marsellos, le 15 décembre 2024, Defend Democracy Press
On a beau dire que seul un fou fait toujours la même chose en espérant obtenir un résultat différent, E. Macron s’y essaye une seconde fois, en nommant François Bayrou premier Ministre. Si le but est de maintenir le cap fixé par sa présidence, à savoir une politique de l’offre qui favorise le grand patronat dans l’espoir d’un ruissellement des gains toujours attendu et qui n’arrive jamais, on se demande bien pourquoi et à quoi bon. Son ministre de l’Économie d’avant la dissolution de juin 2024 se vantait certes de la baisse du chômage et proclamait même que la France vivait de nouvelles Trente Glorieuses, mais il est bien le seul Français à le penser ; les autres n’ont pas d’illusions quant à la baisse très réelle de leur niveau de vie, surtout ceux qui ne sont pas au chômage et qui n’arrivent pourtant pas à vivre dignement de leur travail. Il est d’ailleurs peu probable qu’E. Macron agisse ainsi dans le seul but de protéger la réputation de son bilan, dont la réalité néfaste s’expose désormais sous la double figure du surendettement et du déficit budgétaire, tant la tentative semble désespérée - il n’y a qu’à voir sa côte de popularité. Alors pourquoi ?
Si l’on reste au niveau des faits, il semblerait qu’en l’occurrence, la main du Président ait été forcée par le premier intéressé, son allié François Bayrou, qui, dit-on, menaçait de quitter le camp présidentiel. Encore une fois, on se demandera bien pourquoi, tant ses chances de réussir quoi que ce soit à Matignon, et même d’y rester longtemps, semblent minces voire inexistantes. Bénéficiera-t-il d’un pacte de non-censure ? Peu sont ceux qui semblent y croire, et même s’il est conclu on peut douter de sa durée. Quoi qu’il en soit, on ne peut pas ne pas se souvenir, avec quelqu’amusement, du fait qu’Houellebecq l’avait déjà imaginé Premier Ministre dans Soumission (2015) ; le contexte était celui d’un front républicain élargi faisant barrage au Rassemblement National, et il y était nommé Premier Ministre par un Président issu du parti imaginé de la Fraternité musulmane ! Le roman qui, d’ailleurs, par un coup d’ironie amère de l’histoire, mettait en scène, et de manière favorable, sous un faux nom, le personnage de Bruno Le Maire, ami alors d’Houellebecq, dressait par contre de Bayrou, expressément nommé , un portrait peu flatteur : "Le vieux politicien béarnais, battu dans pratiquement toutes les élections auxquelles il s’était présenté depuis une trentaine d’années, s’employait à cultiver une image de hauteur, avec la complicité de différents magazines ; c’est-à-dire qu’il se faisait régulièrement photographier, appuyé sur un bâton de berger, vêtu d’une pèlerine à la Justin Bridou, dans un paysage mixte de prairies et de champs cultivés, en général dans le Labourd. L’image qu’il cherchait à promouvoir dans ses multiples interviews était celle, gaullienne, de l’homme qui a dit non". Comme pour rappeler que la politique est un cruel métier, Houellebecq allait jusqu’à mettre dans la bouche d’un de ses personnages des remarques fort irrespectueuses, faisant fi de toute convenance : "Ce qui est extraordinaire chez Bayrou, ce qui le rend irremplaçable c’est qu’il est parfaitement stupide, son projet politique s’est toujours limité à son propre désir d’accéder par n’importe quel moyen à la magistrature suprême, comme on dit ; il n’a jamais eu, ni même feint, d’avoir la moindre idée personnelle ; à ce point, c’est tout de même assez rare. Ça en fait l’homme politique idéal pour incarner la notion d’humanisme, d’autant qu’il se prend pour Henri IV, et pour un grand pacificateur du dialogue interreligieux ; il jouit d’ailleurs d’une excellente cote auprès de l’électorat catholique, que sa bêtise rassure". Même si les Français ne partagent pas forcément cette irrévérence et cet avis, sans doute plus passionnés que justes, ils sont, dans leur vaste majorité, loin de nourrir le moindre espoir à l’occasion de cette nomination. Ils semblent même indifférents au fait que François Bayrou aura été nommé Premier ministre le 13 décembre, date de naissance d’Henri IV, comme il l’a lui-même rappelé à l’intention des ignorants.
Le président espère-t-il arrêter à si peu de frais le cataclysme qu’il a déclenché en juin 2024 avec la dissolution de l’Assemblée, et qui a pris des formes imprévues ? Il y a en effet des indices (une interview de son père, entre autres), qui suggèrent qu’E. Macron pensait qu’un gouvernement du RN sortirait des urnes ; que celui-ci subirait ensuite, sous l’assaut des marchés, une usure telle qu’il arriverait très affaibli aux prochaines élections présidentielles, tandis que lui garderait le rôle su sauveur de la constitution. Il pensait d’ailleurs, en précipitant le calendrier, que la gauche n’aurait pas eu le temps de se réunir. Les choses ne se sont pas déroulées ainsi ; l’union des gauches s’est faite, ne fût-ce que pour les élections. Et si, au final, le NFP lui a fait le cadeau de renforcer la représentation du camp présidentiel à l’Assemblée, c’est maintenant le camp qui est frappé le premier par l’usure gouvernementale. Au point que toute l’opposition espère qu’après un nouvel échec, la pression sera assez grande sur Emmanuel Macron pour qu’il démissionne. De son côté, il doit espérer, sinon arriver à bout de son mandat, au moins tenir pendant encore quelques mois, puis tenter de rebattre les cartes en faveur de ce ou de ceux qu’il représente, avec une nouvelle dissolution de l’Assemblée, assortie de nouveaux dilemmes, ou, pour être plus précis, des vieux dilemmes en déguisement, auxquels les Français seront encore confrontés. Dans les deux cas, on voit mal ce qui fonde l’espérance : c’est une sorte de retour de la pensée magique que de penser qu’avec le changement de Président, ou de nouvelles élections, les problèmes auront disparu. Entre-temps, la France aura perdu quelques mois cruciaux dans l’inaction et le système des partis aura encore plus phagocyté la perspective nationale.
La feuille de route adverse avait été décrite par l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin. Suivant l’usage républicain (usage seulement, car il n’y a pas de texte statutaire qui l’impose), le Président aurait dû mandater le parti arrivé en tête aux élections pour tenter de former un gouvernement. Il ne serait pas responsable de l’échec éventuel de cette tentative et pourrait procéder à un second essai, voire à un troisième, jusqu’à ce que l’idée d’un gouvernement d’union nationale mûrisse dans les esprits. La logique derrière cette feuille de route serait de permettre que les choses bougent, au lieu de se condamner à faire du sur-place jusqu’à l’éclatement ; en se cantonnant à un rôle neutre, le Président aurait fait prendre conscience aux partis de leurs limites et de leurs limitations. Rien ne garantit que cette voie aurait effectivement mis la France à l’abri de tout danger ; mais elle semble moins risquée et plus rationnelle que l’attitude d’un président qui donne l’impression de toujours augmenter la mise dans l’espoir de se refaire, alors que tout l’entourage voit le déroulement néfaste s’approcher.
Concrètement, le NFP, arrivé en tête lors des élections avec le soutien des électeurs macronistes et LR, ne pouvait prétendre appliquer son programme, pas plus que Macron lui-même lorsqu’il a été élu par une grande coalition pour faire barrage au RN, sans d’ailleurs avoir obtenu par la suite la majorité gouvernementale. Certes, cela n’a pas empêché Macron de s’y essayer, mais l’utilisation par son gouvernement de l’article 49.3 pour faire adopter des lois sans le vote du Parlement avait atteint ses limites. Le NFP n’aurait même pas eu ce luxe : la tentative d’appliquer son programme en l’état buterait contre une motion de censure immédiate. Le NFP ne voulait donc pas former un gouvernement pour appliquer son programme tel quel, mais pour avoir l’initiative dans la recherche de compromis ; il semblerait que même cela représentât un risque qu’E. Macron ne voulait pas prendre, car les compromis en question auraient pu inclure l’abrogation de la loi sur les retraites. Une telle situation serait peut-être pire encore que la paralysie du pays aux yeux de Macron et surtout de ceux auxquels son élection était due. Les propos d’Alain Minc lors d’un entretien accordé juste après la dissolution de l’Assemblée sonnent comme un lapsus : "Quand tout le monde lui aura tourné le dos, il faudra s’occuper de lui" ; il est difficile d’entendre cela autrement que comme une menace.
Le résultat (ou faut-il dire la cause ?) de tout cela est un grand dysfonctionnement de la Vème République qui se trouve réduite à un système de partis tel que celui caractérisant la IVème République et dont il s’agissait de s’affranchir. Tout le monde semble s’attendre à une crise de régime. Il n’y a cependant pas d’accord sur l’issue à prendre. Certains pensent qu’il serait temps de passer au scrutin proportionnel, dont on espère qu’il imposera une discipline favorisant les compromis chez un peuple qui y a été jusqu’ici réfractaire ; d’autres, comme Thomas Piketty récemment, y dénoncent un faux espoir, estimant que la vraie politique est toujours conflictuelle et qu’il faut favoriser la création d’un nouveau bipartisme mis à l’air du temps. Avant de dire en quoi cela consiste précisément, la deuxième option reste aussi formelle que la première.
Jacques Chirac était déjà élu sur le constat d’une fracture de la société française. Ne l’ayant pas réparée, malgré ses promesses, il a été sauvé in extremis lors de sa deuxième élection par un barrage au Front National. Emmanuel Macron a promis, lors de sa première élection, de débarrasser la France du spectre de l’extrême droite. Il n’a fait que multiplier les voix du RN. Le nouveau Premier Ministre part sur le constat, énoncé lors de la passation du pouvoir, qu’un mur de verre sépare les Français de leur classe politique. Il y a fort à parier qu’à la fin de son mandat, ce mur n’aura pas été brisé. Mais il en va de même de l’autre côté de l’Atlantique : Aux États Unis, Trump a promis de faire les choses si bien que les gens n’auront pas besoin de voter la prochaine fois – ce qui n’était pas la menace d’abolir la démocratie, qu’on lui a reprochée, mais le rêve même de toute démocratie bourgeoise : garantir la liberté de ne s’occuper que de ses affaires privées. Mais on peut déjà parier qu’à la fin de son mandat, la fracture de la société américaine sera encore là, et probablement aggravée. La répétition du phénomène laisse entrevoir un modèle constant et un problème qu’aucune critique des personnes n’atteindra. Sans comprendre les causes profondes qui font que nos sociétés non seulement en France, mais dans l’Europe entière, et aux États Unis probablement encore plus, sont si divisées, que peut-on espérer ? On aura le droit d’espérer, quand on aura saisi la spécificité de notre époque - au lieu de la considérer comme une illustration de rapports de forces déjà connus ou comme une simple réitération du passé - sans quoi, les commentaires politiques, comme ceux qui précèdent d’ailleurs, ne seront toujours que pur bavardage.
Nous voyons tous que ce dont nos sociétés souffrent va de pair avec l’effondrement non théorique mais pratique de la valeur-travail, le découplage du travail et de la valeur, faisant de la valeur quelque chose de plus en plus arbitraire, mêlant désir et confiance, aveugles autant que l’imaginaire peut l’être face à la réalité concrète - et cela non pas aux proportions somme toute modestes d’un fétichisme de la marchandise suivant les rapports sociaux, mais à celles, monstrueuses, d’un fétichisme de la monnaie suivant la projection de puissance géopolitique. Et nous commençons à peine d’imaginer l’impact que le découplage de la valeur et du travail aura dans des sociétés pour lesquelles, l’intelligence artificielle multipliant les effets de la révolution industrielle et technologique, le travail sera réduit à une part congrue de l’activité humaine. Il y a donc urgence à comprendre la réaction en chaîne avec laquelle la politique a été accaparée par l’économie et l’économie par la finance, ayant à l’esprit que de cette chaîne nous ne voyons encore probablement qu’une petite partie. Le dérapage de l’économie française n’est en tout cas qu’un exemple à très petite échelle de ce vaste phénomène ; la France, au lieu de protéger la valeur-travail a misé sur la suppression du coût du travail ; et a remplacé (en quoi elle est loin d’être la seule) la dévaluation à laquelle elle serait obligée si elle avait gardé sa souveraineté monétaire, par l’endettement. Mais elle a misé sur la confiance – des marchés – sans doute un peu plus que sa situation ne le permettait ; sachant que seule une projection géopolitique infinie permet un endettement infini, et que c’est là une aspiration, probablement fallacieuse d’ailleurs, que seulement d’autres puissances, d’une autre taille peuvent se permettre, et à vrai dire au dépens des autres, pas gratuitement…
📰 https://www.defenddemocracy.press/limpasse-francaise/
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2- Royaume du Grand-Cul-par-dessus-Tête : Deux petites chroniques savoureuses de Julie d'Aiglemont
◾️ Une petite brève de palais...
Julie d'Aiglemont, le 13 décembre 2024, Facebook

Monsieur de Bailleroux, duc de la Béarnaise, exultait. Il avait fait plier le Roy. À septante trois ans, ce fidèle Dévot devenait enfin Premier Grand Chambellan. Notre Calamiteux Foutriquet avait bien songé, dans un premier temps, nommer chef de son gouvernement Monsieur de L'Escure, que l'on disait enclin à écouter ce qui venait de la Sénestre. Les Haineux, le baron de Taiaut-Taiaut et les gens de Monsieur de la Béarnaise avaient poussé des cris d'orfraie. Celui qui avait leurs préférences était le baron Du Fourchu, un courtisan des plus assidus. C'était aussi le choix du Roy pour s'assurer des alliés.
Le duc de la Béarnaise, que Sa Capricieuse Solennité avait fait mander au Château pour le lui signifier, avait, dit-on, laissé éclater son ire, qui était fort grande. Le Roy avait cédé.
Au nom de l'intérêt général, Monsieur de la Béarnaise succédait doncques à Monsieur de la Barre-Niaise, lequel avait lui-même été choisi, au sortir d'une longue vacance estivale, au nom de ce même intérêt général.
Aux termes de la passation de pouvoirs entre les deux gérontes, Monsieur de la Béarnaise entonna le grand air du "devoir sacré" qui était désormais le sien. Sabre au clair, le duc se faisait fort de renflouer les cassettes du Royaume. Il veillerait tel un bon père de famille sur les bons Riens, ceux des petits villages. Aux autres, les vauriens des grandes villes, le duc réserverait le sort qu'il avait naguère infligé à un gamin qui voulait, avait-il prétendu, lui faire le gousset : un soufflet.
On était prévenu. Madame la ChatelHaine de Montretout savait pouvoir compter sur la mansuétude du duc à son égard et celui de ses troupes. Monsieur Faurus, l'encore chef de la Faction de la Rose, prévint que les siens ne brigueraient aucune charge dans le gouvernement, et qu'il fallait toujours les compter dans l'opposition. Les maudits Insoumis, par la voix de madame Panotus, declarèrent qu'ils tenteraient de faire chuter le nouveau Premier Grand Chambellan.
Le baron de Taiaut-Taiaut entendait bien récupérer sa charge de Chambellan des Affaires Domestiques afin de continuer de bouter les étrangers hors du royaume. La baronne de la Datte s'affairait elle aussi à conserver son maroquin. La Justice avait beaucoup à lui reprocher. Continuer de servir les intérêts du Roy l'en mettait provisoirement à l'abri.
L'église de la Grande Phynance et du Saint-Capital était fort aise de ce que monsieur de la Béarnaise accédât aux menées du pays. On partageait avec ce grand Dévôt une même vision de ce qu'était l'intérêt général.
Ainsi en allait-il au Royaume du Grand-Cul-par-dessus-Tête en cette fin de l'an vingt-quatre de la Grande Dissolution : on prenait les mêmes et l'on continuait.
◾️ Chronique du dix-septième de décembre, en l’an de disgrâce vingt-quatre
Julie d'Aiglemont, le 17 décembre 2024, Facebook
Monsieur de Bailleroux, duc de la Béarnaise, et nouveau Premier Grand Chambellan de Notre Dispendieux Bibelot, ne tarda point à se prendre les pieds dans le tapis. Un effroyable cyclone ravagea la petite ile de la Maillote, laquelle, quoique sise dans le lointain océan Indien, faisait partie intégrante du Royaume. Les masures en tôle, qui formaient le tiers des habitations et dans lesquelles vivaient les pauvres gens, en grand nombre sur ce petit caillou, furent hachées menu. Un silence de désolation régnait de tous côtés, et l’on craignait fort que beaucoup d’entre les misérables ne fussent ensevelis sous les planches et les gravats. L’eau et les vivres manquaient. Une grande disette était à craindre.
Le baron du Taiaut-Taiaut, qui entendait garder par tous les moyens sa charge de Chambellan aux Affaires Domestiques dans le nouveau gouvernement, se fit sur le champ transporter dans les airs par aéroplane, afin de faire savoir aux rescapés que la Couronne se souciait de leur malheur. Cependant, la noirceur de l'âme du baron éclata au grand jour. N'y avait-il point là un effet d'aubaine ? Parmi les morts, il se trouvait bon nombre de celles et ceux qu'il entendait bouter hors du Royaume parce qu’ils étaient à ses yeux, comme à ceux des Haineux, tout à fait indésirables. Monsieur de Taiaut-Taiaut ne put s'empêcher d'aller cuicuiter le fond haineux de sa pensée au dessus des égouts putrides du Rézossossial de monsieur du Musque, le grand ami de Sir Donald. "Il faut penser au jour d'après. On ne pourra pas reconstruire l'île de la Maillotte, sans traiter, avec la plus grande détermination, la question migratoire".
La raison eût voulu que ce fût le Premier Grand Chambellan qui fît le voyage afin de représenter le gouvernement de Sa Neigeuse Altitude. Las ! Monsieur de La Béarnaise l’entendit tout autrement. N’était-il point Bourgmestre de sa bonne et chère ville de La Poule-Au-Pot ? L’ile de la Maillote et les quelques masures renversées ne valait point qu’il manquât le conseil des Ediles, lequel eût – aux dires de certains d’entre eux, fort éberlués de la chose – pu se tenir à un autre moment. Le bon duc se fit doncques transporter dans les airs, non pas aux antipodes, mais dans sa chère cité. Il entendait rester au plus près de son terroir et de ses administrés, lesquels étaient, à ses yeux, le seul et véritable pays profond.
Au même instant, au Château, le Roy fit tenir un conseil extraordinaire afin de faire accroire à ses lointains sujets qu’il se souciait d’eux et de leur grand malheur. Le duc de La Béarnaise – qui n’avait point le don d’ubiquité- fit comme si tel était le cas, et il parla à ce conseil par le truchement d’une Lucarne Magique, cependant que dans le même temps, il était tout à sa Poule-au-Pot.
Dans le camp de la Sénestre, on railla fort le duc pour ce qui apparaissait comme un caprice et une faute. Il dut s’en expliquer devant la Chambre Basse. Il commit alors un nouvel impair. Comme Notre Evanescent Freluquet avait fait savoir qu’il entendait se rendre sur l’ile de la Maillote au plus vite, afin de guérir les écrouelles par l’imposition de ses blanches mains, le nouveau Premier Grand Chambellan argua pour sa défense – avec ce ton docte et compassé qu’on lui connaissait- que ce n’était point l’usage que le Roy et son Premier Chambellan se trouvassent en même temps hors du Royaume en terre étrangère. La chose était entendue : la petite ile de la Maillote n’était aux yeux de Monsieur de La Béarnaise, qu’une lointaine et fort ennuyeuse colonie, qui plus est peuplée de pauvres hères dont beaucoup avaient le grand tort d’être mahométans et de n’avoir point de papiers.
Monsieur de La Béarnaise avait fait du Roy Henri le Quatrième, son modèle. On se souvenait que celui-ci avait abjuré sa religion huguenote pour embrasser la catholique. "Paris vaut bien une messe". Monsieur de Bailleroux, duc de La Béarnaise, l’entendait tout autrement. La charge de Premier Grand Chambellan ne valait point qu’il renonçât à son fauteuil de Bourgmestre. Quelques médisants susurrèrent que la cause en était qu’il savait ses jours comptés à l’hôtel de Matignon.
PS : au moment où la désinformation et ses égouts putrides sont de mise, je tiens à rappeler que je suis lectrice assidue de la presse, même celle qu'on juge "bourgeoise", que c'est ma source d'information, sans laquelle ces modestes chroniques - qui s'en veulent un écho irrévérencieux- n'existeraient pas. Vive donc la liberté de la presse et des journalistes.
📰 Lien des chroniques : Julie d'Aiglemont
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3- Nomination de François Bayrou : guerre des récits en Macronie
Par Pauline de Saint Rémy, le 13 décembre 2024, Politico
Paris - Qu’avait-il réellement en tête, le matin du vendredi 13 décembre, au moment de recevoir François Bayrou à l’Elysée ?
Emmanuel Macron comptait-il vraiment aller au bout et nommer l’actuel ministre des Armées, Sébastien Lecornu, à Matignon ? A-t-il plutôt envisagé d’y imposer Roland Lescure, son ancien ministre de l’Industrie et un proche du secrétaire général du Palais, Alexis Kohler ? Le président était-il, en fait, déjà résolu à choisir son vieil et néanmoins encombrant allié François Bayrou, avec qui il échangeait depuis des jours sur cette éventualité ?
Sur toutes ces questions, en Macronie, les avis divergent et les accusations "d’intox" pleuvent depuis la nomination rocambolesque du président du MoDem au poste de Premier ministre. Si tout le monde ou presque s’accorde à dire que François Bayrou a bataillé ferme pour s’imposer vendredi matin, les versions diffèrent sur ce qu’avait initialement en tête le président de la République.
Le nom de Roland Lescure a d’abord circulé, avant que celui de Sébastien Lecornu ne prenne sa place dans les récits de L’Express, du Monde ou du Parisien. Le chef de l’État aurait ainsi tenté, dans la dernière ligne droite, d’imposer son ministre des Armées - son "choix de confort", dans les mots d’un ministre. Avant de se faire tordre le bras par François Bayrou.
Quelques irréductibles, qui ont tous souhaité s’exprimer sous couvert d’anonymat en raison de la sensibilité du sujet, continuent de certifier néanmoins que l’histoire n’était pas tout à fait celle-là. Le candidat déçu à Matignon et son entourage auraient eu, selon eux, la tentation d’apparaître comme le “second best”, dans les mots d'un proche d'Emmanuel Macron, histoire de se positionner pour la suite.
Un poste pour trois
Ce qui est sûr : à l’issue de son second entretien, vendredi en fin de matinée, avec le patron du MoDem - le plus bref, celui au cours duquel il lui a formellement annoncé sa décision de le nommer - le président et Alexis Kohler ont respectivement écrit et appelé Lescure, jugeant manifestement utile de le tenir informé.
Mercredi soir, en marge d’une cérémonie de remise de Légion d’honneur à l’Elysée, l’ex-ministre de l’Industrie, qui, depuis plusieurs semaines, jouait les entremetteurs avec certaines figures de la gauche et du centre droit pour travailler à l’idée d’une coalition, avait eu en outre un aparté avec le chef de l’État, comme l’a révélé Le Figaro.
Aucune proposition formelle ne lui a pourtant jamais été faite. Mais le nom de celui qui est désormais vice-président de l’Assemblée nationale avait bien été testé la veille auprès de la presse et des milieux économiques. Alexis Kohler n’aurait pas été le seul à le pousser : "Le président trouvait l’option intéressante, parce que ça parle à la gauche", nous a assuré du bout des lèvres un conseiller au fait des échanges.
Vers midi, vendredi, l’hypothèse Lescure a même été annoncée comme le scénario privilégié par Le Monde, qui, le premier, a révélé que l’entretien tout juste terminé entre Emmanuel Macron et François Bayrou avait mal tourné. Allant jusqu’à affirmer que le président proposait à François Bayrou d’être numéro 2 d’un gouvernement dirigé par le député des Français d’Amérique du Nord.
Et pourtant. Depuis que la nomination a été actée, l’entourage de François Bayrou n’en démord pas : c’est le profil de Sébastien Lecornu que le président avait en tête, vendredi matin, lorsqu’il a commencé par annoncer au Palois qu’il n’allait pas le nommer Rue de Varenne.
De quoi faire enrager vendredi soir un interlocuteur régulier du chef de l’État, qui, sûr de son fait, nous contactait : "C’était bien Lescure que Macron comptait nommer !".
De fait, Sébastien Lecornu avait été, dans les jours précédents, jusqu’à échanger en détail avec Emmanuel Macron sur certains aspects de la composition de son futur gouvernement. Lors de leur voyage commun en Arabie Saroudite, qui s’achevait mercredi, le président avait discouru devant son ministre - mais aussi devant un fidèle de François Bayrou, le locataire du Quai d’Orsay, Jean-Noël Barrot - sur sa conception du job, racontera en outre L’Express.
"On ne nomme pas les estafettes à Matignon"
Mais la désignation du ministre des Armées aurait relevé de l’humiliation pour l’homme aux quarante années de vie politique, à qui le président avait donné de bonnes raisons d’y croire, lui aussi. Quand bien même cet ex-LR, proche du chef de l’État et très en cour auprès de la Première dame, était depuis le début présenté comme le choix d’un simple "animateur" - loin de l’idée que le patron du MoDem se fait du poste de chef du gouvernement, mais compatible avec l’envie qu’éprouve Emmanuel Macron de reprendre la main.
Bayrou a le plus profond mépris pour Lecornu et ses proches, vus par lui et les siens comme des comploteurs de bas étage : "On ne nomme pas les estafettes à Matignon", aurait-il d’ailleurs lâché lors de l’un de ses tête-à-tête avec Emmanuel Macron, au début de la semaine fatidique de sa nomination, d’après l’un des deux visiteurs de l’Elysée mentionnés plus haut.
Le président pouvait-il alors ignorer que ce scénario ferait disjoncter son allié ? "Je suis venu avec vous pour faire de grandes choses ensemble, pas des petites choses. Si vous souhaitez faire des petites choses, je vous quitte", a lancé le Palois à Macron, comme l’a révélé L’Express.
L’idée que le président ait sérieusement envisagé de rembarrer Bayrou à la dernière minute pour nommer Lecornu ou Lescure justifiait en tout cas en creux la colère du premier. Et a fait de sa nomination sur le fil une victoire sur Emmanuel Macron.
Motus à l’Elysée
La séquence a d’ailleurs sans conteste été favorable au président du MoDem, du point de vue de la communication. Et l’entourage présidentiel n’a rien pu y faire, se contentant ce week-end de botter en touche sur le sujet, quitte à apparaître "à court de contre-récit", comme le pointait cette semaine auprès de nous un ancien ministre macroniste : "Le président lui a parlé [à François Bayrou] de différents profils [de Premier ministre] sans rien dévoiler", assurait simplement vendredi soir un conseiller de l’Élysée.
Au risque de laisser dire, au passage, que le président était encore incertain de son choix vendredi matin, neuf jours après la censure du gouvernement Barnier.
Emmanuel Macron lui-même, en privé, fait mine de ne pas avoir hésité : quelques heures après sa nomination, François Bayrou a rapporté qu’au cours de leur ultime échange en tête-à-tête, le chef de l’État lui avait en effet expliqué, en substance, avoir voulu tester sa résistance.
Façon, pour Emmanuel Macron, de sauver la face, au moment où il pliait face à la colère bayrouesque ?
Certains y croient pourtant. Le chef de l’État se serait, en réalité, rendu à l’évidence, trois ou quatre jours avant la nomination, qu’il nommerait Bayrou à la fin, nous certifiait un interlocuteur régulier du président vendredi. Mais pas sans le "tester", pas sans "voir une dernière fois ce que l’autre a dans le ventre". Parce que "nommer Bayrou, pour lui, c’est le pire : c’est le mec à qui il doit son élection", assurait le même.
Choix de raison ?
Sceptique, l’entourage du triple candidat à la présidentielle tâche de pousser son avantage : cité dans Le Monde, samedi, un "intime" affirmait qu’"il est désormais de notoriété publique que le président ne voulait pas [de François Bayrou]".
Un "récit tactique", aux yeux du même ancien ministre macroniste cité plus haut, qui voit là surtout une façon pour le patron du MoDem de faire penser qu’il s’est bel et bien imposé à Matignon… et au président.
Et le même de décrire ainsi le processus décisionnel d’Emmanuel Macron : "Quand ça traîne, le ‘PR’ refait les hypothèses, il entre dans une sorte de cercle vicieux. Et plus il a de temps, plus il change d’avis. Mais soyons sérieux : il n’aurait jamais nommé Bayrou comme ça s’il n’avait pas sérieusement envisagé l’option au départ. Je dirais qu’il est revenu, certes sous pression, à son choix initial, son choix de raison. Celui qui ouvrait les conditions d’un accord de gouvernement".
📰 https://www.politico.eu/article/nomination-de-francois-bayrou-guerre-des-recits-en-macronie/
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Presse étrangère
4- Qui est François Bayrou, le nouveau premier ministre français ?
Ce centriste de 73 ans, leader du Mouvement démocrate, remplacera Michel Barnier, débouté lors d'un vote de confiance au Parlement.
Par Priyanka Shankar, le 13 décembre 2024, Al Jazeera
Le président français Emmanuel Macron a nommé son allié centriste François Bayrou au poste de premier ministre après plusieurs jours d'impasse politique tendue.
Cet homme de 73 ans, membre du parti de centre-droit Mouvement démocratique (MoDem), remplacera Michel Barnier, qui a démissionné la semaine dernière après avoir perdu un vote de confiance à la chambre basse du parlement. Sur les 577 législateurs, 331 de gauche et de droite ont voté en faveur de sa destitution.
La chute du gouvernement de Barnier, qui a pris ses fonctions après les élections anticipées de juin et juillet, a non seulement plongé la France dans le chaos politique, mais a également conduit les dirigeants des partis d'opposition à réclamer la démission de Macron. De nombreux politiciens et citoyens français sont mécontents des politiques du président depuis des années.
Alors que Macron a déclaré qu'il irait jusqu'au bout de son mandat présidentiel en 2027, son nouveau choix, Bayrou, et son gouvernement tiendront-ils le coup ?
Voici ce que nous savons.
Qui est François Bayrou ?
François Bayrou est populairement connu comme le "troisième homme" de la politique française, un nom qu'il a acquis lors de l'élection présidentielle de 2007, au cours de laquelle il s'est présenté comme une "troisième voie" entre la droite et la gauche.
Bayrou a plusieurs cordes à son arc. Il est actuellement haut-commissaire au plan, l'organe du gouvernement français chargé d'animer et de coordonner les projets liés aux questions sociales, environnementales et technologiques. Il est également maire de Pau, une ville du sud-ouest de la France, et président du Parti démocrate européen et de son parti membre français, le MoDem.
Né dans une famille de riches agriculteurs dans la pittoresque ville française de Bordères, près de la chaîne des Pyrénées, il s'est intéressé à la politique dès son plus jeune âge. Il a travaillé comme professeur de latin et de grec dans la ville de Béarn avant de débuter sa carrière politique dans les années 1980.
Élu à l'Assemblée nationale en 1986, il devient membre du Parlement européen de 1999 à 2002. Bayrou a également été ministre de l'éducation à partir de 1993 au sein des gouvernements des Républicains d'Edouard Balladur et d'Alain Juppé.
En 2006, l'Union pour la démocratie française, parti de centre-droit aujourd'hui disparu, qui a fusionné avec le MoDem à la fin de l'année 2007, l'a désigné comme son candidat à l'élection présidentielle de 2007 face à Nicolas Sarkozy (droite) et Ségolène Royal (gauche). Bayrou est arrivé troisième au premier tour de scrutin, ne se qualifiant pas pour le second tour de la présidentielle, remporté finalement par Sarkozy.
Il s'est à nouveau présenté sans succès en 2012 et devait se présenter à l'élection présidentielle de 2017. Cependant, cette année-là, il s'est retiré pour offrir son soutien à Macron, une décision qui en a surpris plus d'un.
À l'époque, Bayrou avait déclaré lors d'une conférence de presse : "Les Français ont le sentiment que les paroles des hommes politiques ne comptent pas. Nous devons les convaincre que nos actes sont à la hauteur de nos paroles. C'est le bon moment pour le faire, même si c'est un sacrifice", ajoutant que Macron était "brillant" et qu'il jouerait un rôle important dans l'assainissement de la politique française.
La même année, Bayrou devient ministre de la justice dans le cabinet du Premier ministre Edouard Philippe. Mais son mandat a été entaché d'un scandale lorsque lui et le parti MoDem ont été poursuivis pour détournement de fonds du Parlement européen, allégation qu'il a niée devant le tribunal.
Il a démissionné de son poste de ministre de la justice après un mois de mandat en raison de ces allégations, mais a été acquitté des accusations de fraude en février de cette année.
Dans un post sur Twitter X après l'annonce de la nomination de Bayrou vendredi, l'allié de Macron et ancien Premier ministre Gabriel Attal a salué la nouvelle et déclaré que les membres de son parti Renaissance le soutiendraient.
"Il a les qualités pour défendre l'intérêt général et construire l'indispensable stabilité qu'attendent les Français".
Que pensent les leaders de l'opposition de cette nomination ?
Macron a tenu des réunions avec des dirigeants de gauche et de droite cette semaine avant de faire son choix.
Cependant, ce choix n'a pas été accueilli favorablement par tous, et certains appellent à un nouveau vote de défiance.
À gauche
Les parlementaires de l'alliance de gauche, le Nouveau Front populaire, qui a remporté le plus grand nombre de sièges lors du second tour des élections anticipées de juillet, s'opposent depuis longtemps aux politiques centristes de Macron et l'ont exhorté à prendre en compte les résultats des élections et à nommer un premier ministre issu de leur coalition, ce que le président français refuse toujours de faire.
Mathilde Panot, du parti de gauche dure La France insoumise, a déclaré sur Twitter X que son parti lancerait un vote de défiance.
"Une candidature de plus au sursis d'Emmanuel Macron.
Deux choix clairs s'offrent au pays : la continuité des politiques de malheur avec François Bayrou ou la rupture.
Deux choix s'offriront aux députés : le soutien au sauvetage de Macron ou la censure.
Nous avons fait le nôtre".
Marine Tondelier, chef de file du parti écologiste français de centre-gauche, a partagé le même point de vue et qualifié la nomination de Bayrou de "piètre théâtre de rue".
Fabien Roussel, secrétaire général du Parti communiste français, a également déclaré sur Twitter X que cette nomination était une "mauvaise nouvelle".
À droite
La dirigeante du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a averti que "l'extension du macronisme" de Bayrou aboutirait à un "échec".
"La poursuite du macronisme, deux fois rejeté dans les urnes, ne peut conduire qu'à l'impasse et à l'échec", a-t-elle posté sur Twitter X.
Jordan Bardella, président du RN, a déclaré aux médias locaux :
"Ce nouveau premier ministre doit comprendre qu'il ne dispose pas d'une majorité au parlement. ... Nos lignes rouges demeurent".
Le nouveau gouvernement français peut-il tenir ?
Les experts sont divisés sur l'avenir du gouvernement Bayrou. Selon Amine Snoussi, conseiller politique au Parlement français pour le parti de gauche La France Insoumise, toute personnalité de centre droit ou de droite est vouée à l'échec.
"La gauche unie est la coalition la plus forte au Parlement. Les centristes n'ont pas de majorité. Ils doivent s'appuyer sur la gauche ou l'extrême droite.
En refusant de donner le pouvoir à la coalition qui a remporté les dernières élections, Macron prend le risque d'une alliance cachée entre les centristes et l'extrême droite", a-t-il déclaré à Al Jazeera.
Il a ajouté que c'est ce qui est arrivé au dernier gouvernement, avec pour résultat la démission de Barnier.
Jonathan Machler, militant de la société civile et membre du Parti communiste français, a déclaré que Bayrou représentait le pur "macronisme" et que sa nomination ferait plonger la France dans une crise politique plus profonde.
"La seule alternative pour que le gouvernement perdure est d'écouter enfin les aspirations du peuple français et d'infléchir sa politique vers la gauche, notamment en ce qui concerne l'abrogation de la réforme des retraites, la question des salaires, l'aide aux agriculteurs et la fin de l'affaiblissement des services publics", a-t-il déclaré.
Cependant, Jacob Ross, expert en politique française et en relations franco-allemandes au German Council on Foreign Relations, a déclaré à Al Jazeera que Bayrou avait la réputation d'être "un politicien assez indépendant et libre-penseur" qui a fait de la "troisième voie" sa marque de fabrique.
Ross estime que cela pourrait profiter à Bayrou.
"Tout au long de sa longue carrière, il a parfois soutenu des candidats de gauche, parfois de droite, ce qui pourrait faire de lui un bon candidat pour construire une large coalition capable de gouverner le pays jusqu'en septembre et les éventuelles prochaines élections anticipées à l'Assemblée nationale", a-t-il dit.
Ajoutant,
"Bayrou a également été un défenseur des grandes coalitions et de la culture du compromis dans le passé. Il est également favorable à la réforme de la loi électorale et à l'introduction de la proportionnalité pour les élections législatives, ce qui pourrait faire partie de son programme et être l'une des raisons pour lesquelles Macron l'a nommé".
Quels seront les principaux défis pour Bayrou ?
Budget et économie
L'une de ses premières responsabilités en tant que premier ministre sera de faire adopter un budget 2025 par le Parlement, une tâche qui s'est avérée trop difficile pour son prédécesseur.
Les parlementaires du Nouveau Front Populaire ont déposé la récente motion de censure en réponse au budget d'austérité de Michel Barnier. La motion a ensuite été soutenue par le RN, qui est intervenu après que le premier ministre a tenté de faire passer le budget au Parlement sans vote.
Le RN souhaitait que ce budget comprenne une augmentation des pensions de l'État et une disposition visant à supprimer les réductions des remboursements médicaux. La gauche s'oppose à Macron depuis sa réforme des retraites, qui a vu l'âge national de départ à la retraite relevé.
Reconnaissant les défis auxquels il est confronté, Bayrou a déclaré aux journalistes vendredi :
"Tout le monde sait que la route sera longue".
La France accuse actuellement un déficit public équivalant à 6,1 % de son produit intérieur brut (PIB), auquel Bayrou devra s'attaquer. La réglementation de l'Union européenne impose aux États membres un déficit budgétaire ne dépassant pas 3 % du PIB.
Selon Ross, un budget préliminaire basé sur le budget actuel de Barnier sera probablement adopté sans trop de problèmes.
"Mais les discussions sur le budget 2025 s'accumulent depuis des mois. Chaque parti politique a ses propres intérêts à défendre. Le ministère de la défense et les forces armées s'inquiètent tout particulièrement, car ils auraient bénéficié de la plus forte augmentation du budget l'année prochaine" et les années suivantes, a-t-il dit.
Absence de consensus
Selon Gesine Weber, chargée de recherche au bureau parisien du German Marshall Fund of the United States, le système politique français a considérablement changé depuis les dernières élections. Les partis doivent désormais trouver des accords au Parlement, aucun bloc politique ne disposant d'une majorité.
"C'est quelque chose de relativement nouveau dans le système politique du pays, car le parlement français est aujourd'hui beaucoup plus diversifié qu'il ne l'était auparavant, lorsqu'il n'y avait que deux grands blocs [gauche et droite]", a-t-elle déclaré à Al Jazeera.
À la lumière de ces changements, a-t-elle ajouté, les principaux défis pour le nouveau gouvernement seront l'unité et la stabilité, ainsi que la manière de parvenir à des majorités stables au Parlement, au sein desquelles les dirigeants ne se précipiteront pas pour voter des motions de censure dès que l'occasion se présentera.
"Je ne m'attends toutefois pas à ce que le prochain gouvernement soit stable", a-t-elle ajouté.
📰 https://www.aljazeera.com/news/2024/12/13/who-is-francois-bayrou-frances-new-prime-minister
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Tout un voyage!…