❖ Mumia Abu Jamal, plus vieux prisonnier politique du monde, passe son 70ème anniversaire derrière les barreaux d'une geôle américaine
30 ans dans le couloir de la mort, 42 de prison (+ de 28 en isolement) & des conditions de détention infernales, ce coupable idéal ne renoncera ni à ses convictions ni à la justesse de son engagement
En ce triste 24 avril 2024, un rassemblement est prévu place à 18h de la République à Paris pour les 70 ans de Mumia Abu Jamal.
◾️ Communiqué du collectif de soutien Libérons Mumia !
La Préfecture de police n’autorisant plus la tenue de notre rassemblement place de la Concorde en raison de l’organisation des Jeux Olympiques, c’est désormais place de la République que nous nous retrouverons chaque mois.
C’est encore derrière les barreaux que Mumia passera son 70ème anniversaire ! À cette occasion, ses soutiens du monde entier organiseront le 24 avril des manifestations et des rassemblements pour exiger sa libération. Cliquez sur ce lien pour prendre connaissance de ces initiatives.
Nous comptons sur votre présence au rassemblement PLACE DE LA REPUBLIQUE (18 à 20 heures) pour manifester votre solidarité avec cet homme incarcéré depuis plus de quatre décennies (dont 30 années dans le couloir de la mort) pour un crime qu’il n’a pas commis et que le déni de justice est toujours la règle à son encontre malgré les preuves le disculpant.
Sans la mobilisation internationale Mumia n’aurait aucun espoir de sortir de l’enfer carcéral car sa peine à perpétuité est sans possibilité de libération conditionnelle. Sa santé très détériorée justifierait pourtant cette mesure immédiate et humaine afin qu’il puisse enfin rejoindre sa famille et bénéficier de soins appropriés à son état.
Une délégation française (*) se rendra aux Etats-Unis dans les prochains jours pour porter cette exigence auprès des autorités américaines et participer à la manifestation qui aura lieu à Philadelphie le 24 avril. La délégation déposera à cet effet la liste des 1.000 soutiens de France interpellant le Gouverneur de Pennsylvanie et le Procureur de Philadelphie car ils détiennent le pouvoir constitutionnel de lui rendre sa liberté.
Le 25 avril, la délégation rencontrera Mumia à la prison de Mahanoy. Un moment toujours très attendu par le Citoyen d’Honneur de Paris qu’il est (et de 25 autres villes françaises).
- Vous pouvez aussi, où que vous habitiez, faire parvenir à Mumia une carte postale de votre région pour son anniversaire. C’est aussi un moyen de pression sur les autorités pénitentiaires, politiques et judiciaires. Pour ce faire nous vous recommandons quelques précautions d’usages à respecter scrupuleusement : adresse et recommandations en cliquant ici.
- Nous portons à votre connaissance une lettre de parlementaires de Seine Maritime (en cliquant ici) qui pourrait inciter d’autres élus à en faire de même dans vos régions, départements, villes et villages.
◾️ Mobilisation d'artistes 100 artistes pour Mumia Abu Jamal
Vos images seront les bienvenues pour nourrir une campagne sur les réseaux sociaux en soutien à l’action du Collectif français Libérons Mumia qui rassemble une centaine d’organisations et de collectivités publiques : associations de défense des droits humains, syndicats, partis politiques, collectifs locaux et régionaux, collectivités territoriales à l’exemple de Paris et des 25 villes françaises qui l’ont élevé au rang de citoyen d’honneur.
Envoyez vos images (*) à Fred Garcia-Sanchez, l’initiatrice de cette campagne : 100artistespourmumiaabujamal@gmail.com en n’oubliant pas d’indiquer votre nom d’artiste et de mentionner votre accord pour la diffusion "libre de droit" de votre création.
Merci de faire suivre ce message à vos amis et connaissances.
Pour voir les créations qui nous sont déjà parvenues : 100-artistes.mumiabujamal.com
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Mumia Abu Jamal, plus vieux prisonnier politique du monde, fête ses 70 ans dans les prisons américaines
Journaliste et ancien militant des Black Panthers dans les années 70, Mumia Abu Jamal est persécuté par le système carcéral et judiciaire américain depuis 42 ans. Exigeons la liberté de Mumia et de tous les prisonniers politiques !
En lien, publié sur ce blog il y a un mois : La France aussi a son prisonnier politique (Georges Ibrahim Abdallah)
Par Youri Andre, le 24 avril 2024, Révolution Permanente
Ciblé depuis 1981 par la répression judiciaire et carcérale états-unienne pour son engagement politique et journalistique, il est considéré comme le plus vieux prisonnier politique du monde. Mumia Abu Jamal, qui fête aujourd’hui ses 70 ans, est devenu un symbole mondial dans la lutte pour la libération de tous les prisonniers politiques. Depuis son interpellation à l’âge de 27 ans, Mumia a passé 42 ans dans les prisons américaines où il subit des conditions de détention infernales.
Tout commence en décembre 1981, quand une fusillade dans les rues de Philadelphie mène à la mort d’un policier et à une blessure au ventre de Mumia, présent sur les lieux. Très rapidement, Mumia alors va être désigné comme le coupable idéal d’autant plus qu’il était déjà identifié comme un opposant aux pratiques de la police de Philadelphie ainsi que le FBI, qui le surveille car membre fondateur de la section locale des Black Panther et écrivain pour leur journal national. Le caractère politique de son emprisonnement va immédiatement être dénoncé par ses camarades et soutiens.
Après un procès expéditif, il est condamné à mort en 1982. Jusqu’à aujourd’hui de nombreuses associations et groupes militants pointent du doigt un procès bâclé et clairement politique. Amnesty International dénonçait par exemple en 2011 "l’absence de jurés afro-américains, une représentation de la défense inadéquate, un juge ouvertement hostile, l’utilisation de déclarations politiques pour le condamner à la peine de mort et l’appuie de la police en faveur de son exécution tout au long du procès". En 2012, suite à de nombreux appels, il est re-condamné, cette fois à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle.
Comme de nombreux militants de la gauche radicale américaine des années 1960 et 1970, notamment des mouvement radicaux noirs, il a subi la violente répression d’État qui cherchait alors à étouffer toute contestation de l’ordre social dans un contexte de grandes mobilisations contre la guerre du Vietnam ou contre le racisme d’État.
Dans son adolescence, Mumia se rapproche des Black Panther, organisation afro-américaine de la gauche radicale militant contre les abus policiers, l’oppression et l’exploitation des noirs américains. Il devient journaliste pour leur papier national, et participe à la fondation de leur section à Philadelphie. À l’époque de son arrestation, Mumia était aussi un journaliste d’investigation pour une radio locale qui connaissait une certaine popularité pour ses enquêtes sur la corruption policière et son suivi des luttes de l’organisation noire radicale MOVE, aussi lourdement pourchassée par l’État.
L’acharnement de l’État contre Abu Jamal s’explique aussi par le fait qu’il n’a jamais renoncé à ses convictions politiques et à la justesse de son engagement. Malgré ses 42 ans d’enfermement dont plus de 28 en isolement dans une cellule de la taille d’une place de parking, Mumia Abu Jamal a continué d’écrire et d’analyser la situation politique dans neuf livres écrits en prison et publié par ses camarades et soutiens dans lesquels il analyse l’impérialisme américain, soutient le mouvement Black Lives Matter ou encore critique le système carcéral américain. Le mouvement Black Lives Matter qui avait submergé les rues états-uniennes en 2020 avait porté la revendication de la libération de Mumia, démontrant son rôle structurant dans la politique antiraciste et anti-carcérale encore aujourd’hui.
Près d’une quinzaine de militants afro-américains de cette époque sont encore incarcérés aujourd’hui. Pour la justice états-unienne, l’objectif est de faire de Mumia un exemple de ce qui attend chaque militant qui s’organise contre sa politique raciste et impérialiste. Avec plus de 1,9 millions de prisonniers parmi lesquels des centaines de prisonniers politiques, le système carcéral américain est une véritable arme de répression de masse au service des classes dirigeantes.
Aujourd’hui, la lutte de Mumia résonne d’autant plus, à l’heure d’un renouveau des mouvements politiques progressistes de toute une frange de la population américaine, en allant des travailleurs qui renouent avec le syndicalisme combatif jusqu’aux jeunes qui se battent aujourd’hui contre les oppressions et la catastrophe climatique. Tandis qu’une nouvelle génération de jeunes anti-impérialistes lutte dans les universités américaines contre le génocide du peuple palestinien, il y a de nombreuses leçons à tirer de l’histoire de Mumia Abu Jamal et sa génération militante qui, eux aussi, ont fait face à l’impérialisme états-unien et son système répressif.
Alors que son état de santé se détériore à un rythme alarmant et que le pouvoir américain compte bien le laisser mourir derrière les barreaux, il est urgent d’exiger la libération de Mumia, ainsi que celle de tous les prisonniers politiques !
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◾️ Témoignage de Mumia Abu-Jamal* pour la Journée Mondiale contre la peine de mort, 10 octobre 2023
* Journaliste afro-américain en prison depuis de 41 ans (dont 28 ans passés dans le couloir de la mort)
"Salutations à mes amis de la Coalition Mondiale contre la peine de mort"
Peu de gens connaissent réellement la nature des couloirs de la mort. Ils sont utilisés comme un tremplin politique vers les portes du pouvoir pour beaucoup de politiciens. Mais le couloir de la mort est bien plus que cela. C'est un endroit où des hommes et des femmes et, jusqu'à récemment, même des mineurs étaient envoyés pour survivre et mourir dans une solitude et un désespoir douloureux.
Le couloir de la mort a été spécialement conçu pour isoler les gens, physiquement et psychologiquement. C’est une torture tant pour les détenus que pour leurs familles. Dans le couloir de la mort, la loi américaine a fait des prisonniers une caste d'intouchables où personne n'était donc autorisé à les toucher, ni un enfant, ni un parent, pas même son propre conjoint qui vous rendait visite dans une cage murée, séparée par une paroi de verre vous privant de tout contact humain.
Mais ce n'est pas tout. Vous étiez même isolé des autres condamnés à mort, enfermé dans une cellule durant 23 heures par jour jusqu'à ce que vous soyez exécuté ou que vous quittiez le couloir de la mort. La plupart des prisonniers du couloir de la mort ont passé des décennies dans de tellesconditions. C’est ainsi que j’ai survécu durant 28 années.
Pourquoi une telle torture ? Parce que l'État, en créant des conditions aussi extrêmes, cherchait à faire des individus une sorte de mort-vivant, tellement brisés que la mort réelle ne serait qu'un soulagement. Cette inhumanité contre laquelle vous luttez marque des points, du moins en Pennsylvanie. Ici aujourd'hui, le couloir de la mort est moins rempli. Le nombre de détenus est tombé à une centaine d’hommes, lesquels sortent plus de huit heures par jour hors de leur cellule et reçoivent leurs visiteurs avec contact physique. Désormais, l'État de Pennsylvanie ne signe plus de mandat d'exécution et promet d’abolir la peine de mort comme l’ont fait ces dernières années plusieurs États américains. Le vent semble tourner et le couloir de la mort n'est plus le couloir de la mort de mémoire cruelle.
Il reste cependant une question que pose l’incarcération à vie car la plupart des prisonniers qui échappent à l’exécution voient leur peine commuée en prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. Vous êtes toujours condamné à mourir en prison si vous n’obtenez pas - ce qui est très rare - l’annulation de votre peine ou la clémence en raison de votre état de santé.
J’appelle cela une seconde condamnation à mort.
Mumia ABU-JAMAL Pénitentiaire de Mahanoy Frackville - Pennsylvanie ÉTATS-UNIS Avril 2023
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◾️ Article signé Mumia pour Prison Radio à propos de la maltraitance des personnes âgées en prison
Septembre 2023
Tout récemment, au plus fort de la crise dévastatrice du Covid-19, une agence américaine de soins de santé a annoncé une série de projets et de programmes conçus pour soulager la souffrance humaine et plaider en faveur de l’abolition des systèmes d’incarcération de masse. L’American Public Health Association, connue sous le nom d’APHA, observant le nombre effroyable de décès dans les prisons, est déterminée à ce que l’âge de l’abolition soit arrivé et a appelé à la libération des personnes âgées encore incarcérées.
L’un des aléas de l’incarcération de masse est l’explosion du nombre de personnes âgées dans la population carcérale. Aujourd’hui, des hommes septuagénaires et octogénaires roulent en fauteuil, marchent avec des déambulateurs ou même se promènent à l’aide de cannes. Ils ont une foule de problèmes de santé : diabète très répandu, attaques cardiaques, cancers …
Souffrant déjà de l’isolement, de douleurs articulaires et de fragilités naturelles de la vieillesse, l’APHA a avancé l’idée novatrice que les personnes âgées dans les prisons sont victimes "d’abus et de maltraitance". En conséquence, l’APHA a exhorté leur libération de toutes les prisons d’État, de Comté, fédérales et territoriales.
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