❖ Julian Assange est à peine libre que les mé(r)dias continuent leur sale besogne
D'excellents articles de débunkage remettant les pendules à l'heure à propos de journaleux se prétendant journalistes et persistant dans leur odieux dénigrement de Julian Assange
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SOMMAIRE :
1 - Interview d'Alicia Castro, amie d'Assange : "Julian est un héros de la vérité" - Guillermo Collini
2 - Julian Assange et la Suisse, une longue histoire - Guy Mettan
3 - Les médias dominants traditionnels détestent Julian Assange - John Jiggens
4 - Assange et l'Amérique latine, une histoire d'amour qui continue - César G. Calero
5 - Les avocats de Julian Assange révèlent les péripéties du long chemin du fondateur de WikiLeaks vers la liberté - Steve Cannane & Ninah Kopel
6 - L'État a échoué, il n'a pas réussi à briser Assange - Patrick Lawrence
7 - Retour d'Assange en Australie : La rancœur des parasites bidouilleurs - Binoy Kampmark
8 - L'establishment journalistique italien à l'œuvre dans l'affaire Julian Assange : 10 fake sur le père de WikiLeaks - Stefania Maurizi
9 - Célébrons la liberté de Julian Assange et souhaitons-lui un joyeux anniversaire - greekemmy
10 - Julian Assange peut enfin fêter son anniversaire en tant qu'homme libre - Moritz Müller
11 - Assange sans ses chaînes - Constantine Markides
12 - Roger Waters aidera à financer WikiLeaks et espère le retour d'Assange - Bangkok Post
13 - Le rôle de Starmer dans la persécution d'Assange - Thomas Fazi
14 - Julian Assange calomnié sur France 5 - Fabien Rives
15 - Qu'est-ce qu'un journaliste ? - David Hardaker
16 - Julian Assange a été condamné, mais qui a commis le crime ? - Mark Weisbrot
17 - L'héroïque Julian Assange est libre, mais le courant dominant occidental persiste dans son silence sur les crimes de guerre qu'il a exposés - Gideon Polya
Vidéos
18 - Enregistrement complet de la comparution de Julian Assange devant le tribunal américain des Mariannes - BN News
19 - Julian Assange et les sombres secrets de la guerre - Un documentaire signé DW Documentary
20 - Entretien avec John Shipton, accordé juste après avoir appris la nouvelle de la libération de son fils Julian Assange et son arrivée imminente en Australie en homme libre - Sky News Australia
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1- ➤ Interview d'Alicia Castro, amie d'Assange : "Julian est un héros de la vérité".
Par Guillermo Collini, le 26 juin 2024, Filtra Leaks
L'ancienne ambassadrice d'Argentine au Royaume-Uni a fait part à FL de ses impressions sur la libération du journaliste australien, avec lequel elle s'était liée d'amitié à l'époque où le fondateur de WikiLeaks bénéficiait de l'asile de l'ambassade d'Équateur à Londres.
Compte tenu du contexte international et de votre connaissance du dossier, pourquoi pensez-vous que le gouvernement américain a fini par conclure un accord avec Julian Assange pour le libérer ?
Je pense que le résultat de la libération de Julian Assange et la conclusion d'un accord acceptable avec le système judiciaire américain sont liés à l'énorme pression internationale exercée par des milliers d'activistes dans le monde entier, qui exigeaient non seulement sa libération, mais aussi la liberté de la presse et le droit d'être informé de la vérité.
Je regrette que certains de ces combattants infatigables ne soient plus là pour vivre ce moment, en particulier Gavin MacFadyen, directeur de la Courage Foundation, et le journaliste australien John Pilger.
J'ai souvent demandé au Pape d'intercéder, j'aime à penser qu'il l'a fait. En tout cas, des milliers d'activistes dans le monde entier ont réclamé sa libération.
Comment avez-vous vécu son emprisonnement ?
-J'ai été consterné par son incarcération à Belmarsh. Dans une prison de haute sécurité, où un homme sans charges devait côtoyer de dangereux meurtriers. L'un des grands paradoxes de notre époque, inondée de fake news, de déformations, est que celui qui a publié des milliers de câbles révélant la vérité sur divers sujets, qui n'a jamais commis d'erreur ni dit de mensonge, a été incarcéré dans une prison de haute sécurité, alors que les criminels de guerre qu'il a dénoncés sont restés en liberté.
- J'ai cru comprendre que vous vous étiez liés d'amitié lorsqu'il bénéficiait de l'asile dans l'ambassade d'Équateur.
Je l'ai rencontré en 2012, alors que j'étais ambassadeur d'Argentine au Royaume-Uni et qu'il venait d'obtenir l'asile dans l'ambassade d'Équateur grâce à l'institution de l'asile diplomatique,
Cette institution a des racines latino-américaines. J'ai commencé à lui rendre visite à plusieurs reprises et nous sommes devenus de grands amis.
C'est l'une des personnes les plus intelligentes et les plus sensibles que je connaisse et c'est un homme qui a une mission : démocratiser les secrets bien gardés par les élites jusque là, et surtout par le complexe militaro-industriel des États-Unis. Démocratiser la vérité à tous les hommes et femmes de ce monde et nous enseigner des leçons uniques, précieuses et éternelles. Ainsi, les mensonges des médias sont à l'origine des guerres, qui n'existeraient pas si ces derniers n'étaient pas assujettis à la propagande et cherchaient la vérité, car personne n'aime les guerres.
Il nous a énormément appris, par exemple sur le niveau d'espionnage planétaire, le fonctionnement de Google en tant que grande machine d'espionnage mondiale, et bien d'autres choses encore.
Depuis la révélation de la vidéo montrant les dommages collatéraux, lorsque, depuis un hélicoptère à Bagdad, des soldats américains tirent sur des civils comme s'il s'agissait d'un jeu vidéo, y compris sur deux journalistes de Reuters, dont on ne connaît pas le sort, sa persécution a été acharnée et ininterrompue depuis lors, mais il n'a jamais cessé de se battre. Julian est un héros de la vérité, bien conscient des risques qu'il prenait.
Il nous a fourni à tous des outils pour comprendre, ouvrir les yeux, nous défendre, faire en sorte que les États soient plus transparents, que les citoyens conservent leur droit à la vie privée. Il a accompli un travail considérable.
Comment avez-vous accueilli la nouvelle de sa libération ?
-Je suis vraiment très émue par sa libération. Certains disent : "Ah, il lui a fallu céder", mais en vérité, je pense que la concession faite a été minime.
C'était une très bonne stratégie. Je dois dire qu'il a toujours pensé que cela pouvait très mal se terminer. Julian Assange a été un martyr de la vérité.
Je suis vraiment très heureuse aujourd'hui et le jour viendra, plus tôt que tard, où je pourrai m'asseoir à nouveau et parler à l'un des hommes les plus gentils et les plus intelligents que j'aie jamais rencontrés, Julian Assange, un héros de la vérité.
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2- ➤ Julian Assange et la Suisse, une longue histoire
Assange est enfin libre! Après quatorze ans de harcèlement judiciaire scandaleux et cinq ans de réclusion dans une cellule de haute sécurité pendant 23 heures sur 24, on ne peut que s'en réjouir. Même si cette joie laisse un petit goût amer, dans la mesure où cette libération n'a pu être obtenue qu'en plaidant coupable pour diffusion d'informations touchant à la défense nationale des États-Unis.
Par Guy Mettan, le 28 juin 2024, Bon Pour La Tête
On se consolera en se disant que cette triste histoire aura montré l'abjecte soumission de la justice britannique à l'allié américain et que son issue aura permis d'éviter un éventuel jugement de la Cour Suprême américaine qui aurait pu limiter la portée du Premier Amendement sur la liberté de la presse.
Les quatorze années qu'aura duré son enfermement, d'abord à l'ambassade d'Équateur puis à la prison de Belmarsh, auront aussi mis en lumière la profonde ambivalence, et parfois la trahison des médias à l'égard de celui qui a été perçu à juste titre et par beaucoup comme le héraut – et le héros – de la liberté d'expression.
Il faut se souvenir que dans les années 2010-2011, Assange a été une star, adulée par les médias du monde entier pour avoir révélé les exactions de l'armée américaine en Irak. Puis quand le vent a tourné et qu'il a dû se réfugier à l'ambassade d'Equateur en juin 2012 pour échapper aux fausses accusations montées contre lui par les services américains et la police suédoise – il était accusé de délit sexuel par deux prostituées qui se sont ensuite rétractées – et se soustraire à la menace d'extradition vers ce pays, et de là vers les États-Unis, les médias et les journalistes qui avaient publié ses révélations se sont alors retournés contre lui. À commencer par le Guardian qui avait été au cœur des Wikileaks et dont le rédacteur en chef, Alan Rusbridger, fut invité à quitter ses fonctions en 2015 après avoir aggravé son cas en publiant les documents d'Edward Snowden en 2013.
En 2016, après les révélations de Wikileaks sur la corruption du Parti Démocrate et le rôle trouble joué par Hillary Clinton alors en lice pour les présidentielles, la campagne contre Assange est devenue hystérique. On l'a notamment associé au Russiagate et aux accusations de collusion avec la Russie lancées contre Trump après l'échec d'Hillary Clinton, accusations qui furent par la suite démenties par les deux procureurs spéciaux nommés pour rétablir la vérité des faits.
Pendant près de dix ans, Assange fut lâché par la plupart des médias occidentaux, qui s'épanchèrent sur ses prétendus ébats sexuels et l'accusèrent de ne pas être un journaliste mais un dangereux narcissique qui avait «révélé ses sources» (alors que la tâche de les caviarder incombait aux médias, Assange étant lui-même une source), reprenant sans vergogne la bonne vieille stratégie des services de renseignement qui consiste à salir le messager quand on ne peut contester son message. Aujourd'hui encore, certains journalistes peu scrupuleux continuent à stigmatiser la soi-disant "dérive" d'Assange pour justifier leurs propres manquements.
Grâce au travail inlassable de sa femme Stella, de son père John Shipton et de son équipe d'avocats, et au soutien d'un réseau mondial de journalistes et de personnalités offusquées par ces revirements et l'odieux traitement qu'on lui faisait subir, la pression en faveur de sa libération reprit heureusement de l'élan après 2020. Des députés australiens puis le nouveau Premier ministre Albanese protestèrent tandis que les manifestations et autres démarches parallèles s'intensifièrent jusqu'au résultat actuel.
Cela étant dit, il faut rappeler que la Suisse, et Genève en particulier, ont joué un rôle important tout au long de l'affaire. D'innombrables démarches et lettres, notamment pour réclamer la grâce présidentielle d'Obama et de Trump, furent entreprises. Le 4 novembre 2010, sortant de sa semi-clandestinité, Assange a donné sa première conférence de presse internationale au Club suisse de la presse. Un mois plus tard, le 6 décembre, Postfinance fermait le compte de "Assange Julian Paul" à Genève, compte qui recueillait les dons versés à Wikileaks, au prétexte que son détenteur ne résidait pas en Suisse. Par la suite, l'équipe de Wikileaks pilotée par Kristinn Hrafnsson, et celle de ses avocats, d'abord conduite par l'ancien juge espagnol Baltazar Garzon puis par sa femme Stella, donneront une dizaine de conférences de presse et d'interventions à l'adresse du Conseil des Droits de l'Homme, avec l'aide discrète de Haiyun-Ray Antileo de la Fondation Courage. J'ai moi-même eu le plaisir de le retrouver dans son exil équatorien à Londres en 2015 avec Darius Rochebin pour un entretien diffusé par la RTS et l'Hebdo. En 2021, un appel de Genève en faveur de sa libération a été lancé aux Bains des Pâquis.
Enfin, il faut mentionner les dénonciations courageuses de Nils Melzer, l'éminent juriste suisse qui était à l'époque rapporteur spécial des Nations-Unies sur la torture. Nils Melzer a raconté les dessous de l'affaire dans un livre édifiant (L'Affaire Assange. Histoire d'une persécution politique, Editions Critiques 2022), avant d'entrer au CICR comme responsable du droit international.
Il est juste qu'au moment où Assange a recouvré sa liberté, ces actions, positives et négatives, soient rappelées.
📰 https://bonpourlatete.com/actuel/julian-assange-et-la-suisse-une-longue-histoire
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3- ➤ Les médias dominants traditionnels détestent Julian Assange
On dit souvent que la raison pour laquelle les médias traditionnels détestent tant Julian Assange est qu'ils sont jaloux de son statut de rock star. Mais c'est bien plus que cela. Non seulement Julian Assange a fait passer les médias mainstream pour malhonnêtes, mais en réinventant le journalisme de quatrième pouvoir avec WikiLeaks, il a remis en question le contrôle de la narration, véritable source de pouvoir pour les médias traditionnels.
Par John Jiggens, le 1er juillet 2024, Perles & irritations
L'homme précédemment connu sous le nom de prisonnier A9379AY a quitté la prison de Belmarsh le mardi 25 juin et est rentré en Australie lendemain. Le jet privé qui le transportait pour son vol de 36 heures vers l'Australie a atterri à Canberra cette nuit-là. Lorsqu'il est sorti, chaperonné de manière incongrue par un ancien Premier ministre, les acclamations et les applaudissements de ses partisans ont retenti dans l'obscurité. Les images télévisées le montrent reconnaissant envers ses partisans invisibles, levant le poing en signe de triomphe, alors qu'il foulait le sol australien pour la première fois depuis bien plus d'une décennie.
Deux personnes qui l'aimaient profondément l'attendaient pour l'accueillir. Avec émotion, il a embrassé sa femme, avant de serrer son père dans ses bras. Les images de son retour et des retrouvailles avec sa famille ont été diffusées en boucle les jours suivants. C'est un moment que beaucoup d'Australiens avaient espéré voir, mais pensaient ne jamais voir. Pour le gouvernement, pour le parlement, pour ses partisans, pour le peuple australien, c'était mission accomplie.
Julian Assange avait enfin été libéré !
Au téléphone, Julian Assange s'est entretenu avec le Premier ministre Anthony Albanese et l'a remercié de lui avoir sauvé la vie.
En cette période de l'année où notre côté du monde est le plus sombre, son père âgé a dit qu'il avait envie de faire la roue !
Le retour d'Assange a été jugé si important que la chaîne ABC l'a diffusé en direct. Dirigée par Sarah Ferguson, David Speers et Peter Hartcher, la couverture de l'Australian Broadcasting Corporation a été exceptionnellement toxique, reprenant des calomnies discréditées et dépréciant les énormes mérites d'Assange. Comme la plupart des médias traditionnels, de nombreux journalistes "vedettes" d'ABC détestent Assange.
Sarah Ferguson, animatrice du 7:30 Report, a appliqué sa technique hybride d'interview et d'embuscade à Majorie Taylor Greene, membre du Congrès américain, qui ne se doutait de rien. Elle avait été attirée sur ABC pour expliquer pourquoi elle, l'une des républicaines les plus en vue du mouvement MAGA, soutenait Julian Assange et avait exhorté Donald Trump à gracier Assange.
Comme on pouvait s'y attendre, Sarah Ferguson n'était pas très intéressée par l'opinion de la députée sur l'honnêteté et la véracité du journalisme de Julian Assange. Elle a passé la majeure partie de l'entretien hors sujet, réprimandant Majorie Taylor Greene sur le vol des courriels d'Hilary Clinton en 2016, régurgitant des mensonges clintonesques sur le Russiagate, salissant sournoisement Julian Assange au passage comme un serviteur poutinien de ce diable incarné, Donald Trump ! Majorie Taylor Greene l'a parfaitement résumée : "Cette fille reçoit ses ordres de conduite du parti démocrate !", s'exclame-t-elle. C'est tout à fait exact. Ferguson est une junkie de Clinton, qui a déclaré que le canular du Russiagate était l'histoire la plus importante du 21ème siècle : Hillary est son héroïne !
Peter Hartcher a poursuivi en expliquant pourquoi Julian Assange, qui s'est vu décerner de nombreux prix majeurs de journalisme en langue anglaise, n'est pas un vrai journaliste, contrairement à Peter Hartcher. Vanité ? Orgueil ? Folie des grandeurs ? Difficile de trancher. Pour conclure la couverture d'ABC, la sénatrice libérale Jane Hume a mis en garde les Australiens contre la tentation de considérer Julian Assange comme un héros !
Une collègue de Bay FM était tellement écœurée par la couverture d'ABC qu'elle a coupé le son pendant l'interview de Majorie Taylor Greene, mais j'ai pris sur moi et enduré le spectacle jusqu'à la fin, en me demandant stoïquement lequel des deux, de Hartcher ou de Ferguson, était le plus à vomir.
Mais comparés aux pages de vitriol et de venin dirigées contre Assange dans The Australian le lendemain, Hartcher et Ferguson semblaient presque des agneaux. Michael Ware et Justine Rosenthal sont deux Américains, décrits par The Australian comme des documentaristes primés. Leur diatribe haineuse, intitulée "Fittingly pathhetic end to tawdry tale of a traitor" (Fin pathétique de l'histoire sordide d'un traître), à propos de l'accord qu'Assange a été contraint de conclure pour mettre fin à son calvaire, commençait ainsi : "Enfin, Julian Assange a avoué qu'il était un traître". Pourquoi les Américains ne comprennent-ils pas qu'on ne peut trahir un pays que si l'on en est citoyen ? C'est l'extraterritorialité des poursuites engagées contre Assange en vertu de la loi américaine sur l'espionnage qui a transformé le duo improbable formé par Barnaby Joyce et George Christensen en défenseurs d'Assange.
On dit souvent que la raison pour laquelle les médias traditionnels détestent tant Julian Assange est qu'ils sont jaloux de son statut de rock star. Mais c'est bien plus que cela. Non seulement Julian Assange a fait passer la presse mainstream pour malhonnêtes, mais en réinventant le journalisme de quatrième pouvoir avec WikiLeaks, il a remis en question le contrôle de la narration, véritable source de pouvoir pour les médias traditionnels. Les poursuites engagées contre Julian Assange étaient une persécution politique déguisée en justice, affirme son père, John Shipton. Les grands médias ont été plus que complices. Il a déclaré :
"Si le ministère public du Royaume-Uni, le ministère public suédois et le ministère de la justice des États-Unis avaient respecté leurs propres lois, jamais Julian n'aurait passé une seule minute en prison. Le traité d'extradition entre les États-Unis et le Royaume-Uni interdit spécifiquement l'extradition pour des raisons politiques. Il s'agissait d'une persécution politique d'État à chaque minute de la journée. Les brimades, la diffamation, étaient permanentes. Malveillance, après malveillance, après malveillance. Les médias traditionnels se contentaient d'écrire ces énormités et de les formuler sur-le-champ. Vraiment, c'était épouvantable".
Libération d'Assange
La libération du citoyen australien Julian Assange des serres de nos prétendus alliés du pacte AUKUS, les États-Unis et le Royaume-Uni, a constitué un énorme succès pour la diplomatie, le peuple et le parlement australiens, le gouvernement Albanese et, surtout, pour le réseau mondial de partisans que la famille de Julian, son père, John Shipton, son frère, Gabriel Shipton, et sa femme Stella Assange, a tissé au fil d'années de campagne.
Grâce à nos échanges avec John Shipton à Bay FM à Byron Bay, j'ai pris conscience de l'ampleur de la charge de travail de John Shipton ainsi que de celle de la campagne familiale pour la libération de Julian Assange, qui a nécessité la mise en place d'un réseau de soutien s'étendant sur quatre continents. Au cours des dix dernières années, John Shipton nous a accordé des dizaines d'interviews, a parcouru le triangle branché Byron, Brisbane et Nimbin au moins une douzaine de fois et pris la parole lors de nombreux rassemblements locaux. Il a effectué des tournées similaires dans les villes de campagne situées entre Melbourne et Sydney, de même que dans les autres capitales.
Gabriel Shipton a produit le documentaire Ithaka, sur les poursuites engagées contre Assange au Royaume-Uni en vue de son extradition vers les États-Unis, qui a été dirigé par le réalisateur australien primé Ben Lawrence. Le documentaire se concentre sur l'activisme de John Shipton et Stella Assange en faveur d'Assange. Plus de 500 000 Australiens ont regardé Ithaka sur iView.
La famille a parcouru le monde avec le film, projetant Ithaka dans plus de 100 salles en Australie, aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Mexique, au Brésil ainsi que dans plusieurs pays européens, afin d'informer le monde sur l'affaire Assange. Le président mexicain, Andre Manuel Lopez Obrador, a invité John et Gabriel Shipton à être les invités d'honneur de la fête nationale du Mexique en 2023. Ils ont partagé une table avec le président Obrador et son épouse, ainsi qu'avec la famille de Che Guevara. Le maire de Mexico leur a remis les clés de la ville au nom de Julian.
Le président brésilien Lula Da Silva, présent à Londres pour le couronnement du roi Charles, a appelé à la libération d'Assange en déclarant :
"C'est une honte qu'un journaliste qui a exposé la supercherie d'un État contre un autre soit arrêté, condamné à mourir en prison et que nous ne fassions rien pour le libérer. C'est complètement insensé. On parle de liberté d'expression, ce type est en prison parce qu'il a révélé des actes répréhensibles. Et la presse ne fait rien pour défendre ce journaliste. Je ne peux comprendre cela".
En avril 2023, quatre-vingt-dix-neuf parlementaires brésiliens issus de cinq partis politiques ont signé une lettre adressée au Congrès américain, exigeant l'abandon de toutes les charges retenues contre le journaliste Julian Assange, fondateur de WikiLeaks.
L'une des puissantes voix institutionnelles qui se sont battues pour Assange a été celle des Amis parlementaires australiens de Julian Assange, un groupe multipartite de parlementaires du pays fondé en 2019, l'année où Assange a été inculpé d'espionnage par le ministère américain de la justice. Les membres fondateurs comptaient le député indépendant de Tasmanie Andrew Wilkie, le sénateur des Verts de Tasmanie Peter Whish-Wilson ainsi que le député national du Queensland George Christensen, reflétant ainsi la diversité des soutiens. Le groupe comprenait des personnes issues de l'ensemble du spectre politique, de l'extrême gauche à l'extrême droite, et de tout ce qui se trouve entre les deux, un mélange a priori fort improbable, a déclaré Andrew Wilkie :
"Il s'agissait d'un activisme tout à fait inhabituel pour un groupe parlementaire, qui est normalement plus un lieu où les gens se réunissent et discutent de choses et d'autres. Mais nous avons fait campagne, voyagé, fait ce que nous pouvions pour accroître la pression politique sur le gouvernement en place, quel qu'il soit, afin qu'il fasse quelque chose."
En mai 2023, une délégation du groupe parlementaire a rencontré l'ambassadrice des États-Unis en Australie, Caroline Kennedy, et ils ont discuté de la possibilité d'un accord. En septembre, une autre délégation multipartite s'est rendue aux États-Unis pour s'entretenir avec des sénateurs et des membres du Congrès américains au sujet de l'abandon des poursuites à l'encontre d'Assange. En février de cette année, Wilkie a présenté une motion de soutien à Assange qui a été adoptée par le Parlement australien par 86 voix contre 42, avec le soutien de Teals, d'indépendants, des Verts et de l'ALP, ainsi que de Bridget Archer, partisane d'un prêt de la coalition. La plupart des membres de la coalition ont voté contre la motion, mais Barnaby Joyce s'est abstenu.
Andrew Wilkie a déclaré :
"C'était un jour extrêmement important, puisque c'était la première fois en 14 ans que le Parlement australien soutenait Julian Assange. Et c'était la première fois que le gouvernement, officiellement, y compris le Premier ministre assis à la tribune, disait que cela avait assez duré. Je ne sais pas pourquoi l'opposition ne l'a pas soutenu, parce qu'elle avait déjà dit que cela avait assez duré. Je pense que c'est probablement la référence aux crimes de guerre américains qu'ils n'ont pu digérer. Bien que cette question ait évolué au fil du temps, je pense que cette motion a constitué une sorte de point de bascule. Et j'ai le sentiment qu'à partir de ce moment-là, le gouvernement s'est senti à l'aise et que nous approchions de la fin de la partie".
Wilkie attribue le mérite de l'aboutissement de l'affaire Assange aux millions de personnes à travers le monde et aux très nombreux Australiens qui ont protesté, fait campagne et exercé des pressions pendant des années.
"C'est cette vague de fond de l'opinion publique qui a exercé une pression sur les hommes politiques pour qu'ils se rallient à la cause", a-t-il dit. "Elle a permis au soutien politique au sein du Parlement australien de passer d'une quasi-absence à une majorité de députés affirmant que cela avait assez duré. Le mérite en revient en grande partie à la communauté australienne et à celle d'autres pays, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, qui ont vu grandir la vague de soutien public en faveur d'Assange, exerçant une pression de plus en plus forte sur ces gouvernements pour qu'ils s'assoient à la table des négociations et tentent de parvenir à un accord".
Il a salué la diplomatie d'Anthony Albanese, de Penny Wong, de notre haut-commissaire à Londres, Stephen Smith, et de notre ambassadeur à Washington, Kevin Rudd, qui ont permis de parvenir à cet accord.
"Cette affaire a toujours été, bien sûr, une affaire politique et la solution devait nécessairement être une solution politique. C'est pourquoi il était si important pour la communauté, et pour des gens comme moi, le Parlement et mes collègues, de convaincre en fin de compte le gouvernement australien, celui des États-Unis et du Royaume-Uni que l'affaire avait assez duré et qu'il fallait y mettre un terme. Ce qui s'est passé cette semaine est un exploit remarquable du gouvernement Albanais, d'une complexité inimaginable. Je veux dire que nous parlons de trois gouvernements nationaux différents, qui ont tous des priorités et des intérêts très, très différents dans cette affaire".
Après avoir séquestré et torturé Assange pendant quatorze ans, les États-Unis conviennent aisément avec Albanese que "trop c'est trop", et qu'Assange (et les journalistes du monde entier) a reçu une leçon suffisamment effrayante. En libérant Assange, l'administration Biden pourrait même se poser en championne du journalisme et en défenseur du premier amendement en abandonnant les poursuites engagées contre Assange en vertu de la loi sur l'espionnage, comme l'ont demandé le Times, le Guardian, Le Monde, Der Spiegel et El País (tous partenaires de WikiLeaks dans la publication des documents) en raison de la menace qu'il représente pour une presse libre et pour chacun d'entre eux. Cela présente également l'avantage d'offrir à Anthony Albanese et à son gouvernement un énorme cadeau en termes de relations publiques : le retour d'un citoyen australien quelque peu amoché du nom de Julian Assange.
📰 https://johnmenadue.com/assange-freed/
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4- ➤ Assange et l'Amérique latine, une histoire d'amour qui continue
Par César G. Calero, le 2 juillet 2024, Filtra Leaks
Alors que les élans de solidarité des dirigeants européens à l'égard de Julian Assange brillent par leur absence, il est une région du monde qui a largement œuvré à la défense du fondateur de WikiLeaks : l'Amérique latine. De Fidel Castro à Gustavo Petro, l'idylle entre les dirigeants de gauche latino-américains et Assange s'est poursuivie depuis la publication des premiers câbles classifiés américains en 2010. Lula da Silva, Mujica et Chávez ont salué le courage de l'activiste australien, et l'Équateur de Rafael Correa est devenu son plus précieux protecteur en lui accordant un refuge dans son ambassade de Londres pendant cinq ans. Avec la libération d'Assange, la lune de miel se poursuit.
"Les États-Unis se moquent que l'Uruguay soit rayé de la carte ou détruit ; contrairement à l'Irak, l'Uruguay est dans une très bonne position pour faire quelque chose (...) Le peuple uruguayen peut se sentir en sécurité en soutenant WikiLeaks", ironisait Assange lors d'une vidéoconférence organisée à la Faculté de psychologie de l'Université de la République d'Uruguay en mai 2013.
Il faisait référence à un câble signé par Frank Baxter, ambassadeur des États-Unis dans ce pays d'Amérique du Sud, dans lequel il assurait que les États-Unis se fichaient éperdument de voir l'Uruguay "rayé de la carte ou détruit".
"L'Uruguay ne dispose pas d'infrastructures essentielles pour les États-Unis, et son incapacité ou sa destruction n'aurait aucun effet débilitant sur la sécurité, l'économie ou la santé des États-Unis", peut-on lire dans ce câble de 2009.
À l'époque, Assange présentait son livre Cypherpunks : Internet Freedom and the Future of the Internet et s'était retranché dans l'ambassade de l'Équateur à Londres depuis près d'un an. Ce câble n'était qu'un échantillon de milliers de documents classifiés concernant des pays d'Amérique latine. Fin 2010, Julian Assange a invité plusieurs journalistes de la région à Londres afin d'élaborer un plan de publication et de sélectionner les organes de presse auxquels il ferait parvenir ses informations. Le consortium comprenait notamment Página 12 (en Argentine), La Jornada (au Mexique), IDL-Reporteros (au Pérou), El Faro (au Salvador), CIPER (au Chili) et El Espectador (en Colombie). Les câbles confirment l'ingérence permanente de Washington dans les affaires politiques internes de ses voisins du sud, un territoire qu'il a toujours considéré comme son arrière-cour. Ils révèlent également la vassalité des personnalités influentes des milieux politiques, économiques, culturels et médiatiques de ces pays à l'égard des diplomates américains.
Sur les 250 000 câbles divulgués par WikiLeaks, quelque 30 000 provenaient ou étaient destinés à l'Amérique latine et couvrent tous les sujets, des efforts de la Maison Blanche pour renforcer l'opposition vénézuélienne et renverser Evo Morales à son intérêt pour la santé mentale de Cristina Kirchner, en passant par son malaise face à l'inaction présumée de l'armée mexicaine dans la guerre contre la drogue menée par Felipe Calderón. Après les révélations de WikiLeaks, certains ambassadeurs ont été contraints de faire leurs valises. Et en Bolivie, Morales a mis à la porte 30 agents de la DEA (US Drug Enforcement Administration) accusés d'espionnage.
C'est en Amérique latine que les révélations de WikiLeaks ont été le plus rapidement prises en compte. C'était les années de la "marée rose", une époque où la gauche était hégémonique dans la région. L'un des premiers dirigeants à se féliciter de l'apparition de la plateforme est Fidel Castro, déjà atteint d'une grave maladie intestinale l'ayant contraint à déléguer le pouvoir à son frère Raúl. Pour le comandante, il s'agissait d'un "coup retentissant porté à l'empire", ainsi mis moralement "à genoux".
Hugo Chávez, bête noire de Washington jusqu'à sa mort en 2013, a déclaré que l'empire avait été "mis à nu". Et le leader bolivarien de hasarder dès la fin 2010 que les choses ne seraient pas faciles pour Assange : "Cet homme est pratiquement clandestin, il fait des déclarations depuis on ne sait où, il craint même pour sa vie". Un an et demi plus tard, le fondateur de WikiLeaks se réfugiait au sein de l'ambassade de l'Équateur à Londres. Correa lui a offert sa protection, mais son successeur, Lenín Moreno, s'est plié aux exigences des États-Unis et a mis fin à l'asile, autorisant ainsi son arrestation par les autorités britanniques. Depuis lors, Assange est resté détenu dans une prison de haute sécurité au Royaume-Uni jusqu'à sa libération, il y a quelques jours, après avoir plaidé coupable d'une accusation d'espionnage. "Nous étions peu nombreux à défendre un journaliste qui disait la vérité", a déclaré Correa, qui s'est exilé en Belgique en raison de la persécution judiciaire dont il fait l'objet en Équateur. L'ancien président progressiste a déclaré que la libération d'Assange lui inspirait des sentiments mitigés : "De la joie, mais aussi de l'indignation, car cela n'aurait jamais dû se produire".
Andrés Manuel López Obrador est un autre dirigeant latino-américain qui s'est impliqué davantage dans l'affaire Assange. Cette semaine, il a rendu publiques les lettres qu'il a envoyées aux présidents américains Donald Trump et Joe Biden pour demander la libération de l'activiste australien. Le président mexicain a reçu la famille d'Assange en avril 2023 et l'a qualifié de "prisonnier politique".
Lors de sa vidéoconférence avec la faculté de psychologie uruguayenne, Assange a rappelé le soutien reçu dans la région lorsque la police britannique a encerclé l'ambassade équatorienne en août 2012 :
"Les gouvernements latino-américains se sont levés pour défendre mes droits".
Les manifestations de solidarité des dirigeants de la gauche latino-américaine n'ont pas cessé pendant la longue captivité d'Assange. Le jour de sa libération, nombreux sont ceux qui l'ont félicité : Gustavo Petro (Colombie), Luiz Inácio Lula da Silva (Brésil), Xiomara Castro (Honduras), Luis Arce (Bolivie), Miguel Díaz-Canel (Cuba), Nicolás Maduro (Venezuela), Claudia Sheinbaum (présidente élue du Mexique) et López Obrador, entre autres. L'idylle continue.
📰 https://filtraleaks.com/assange/assange-y-america-latina-el-idilio-continua/
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5- ➤ Les avocats de Julian Assange révèlent les péripéties du long chemin du fondateur de WikiLeaks vers la liberté
Par Steve Cannane & Ninah Kopel, le 1er juillet 2024, ABC Investigations
Avec le décalage horaire et loin de chez lui, l'avocat américain Barry Pollack s'est retrouvé dans une salle d'audience bondée pour une audience de trois heures sur une petite île du Pacifique occidental mercredi dernier.
Il venait d'arriver à Saipan en jet privé avec Julian Assange, à l'issue de quelques semaines de négociations frénétiques menées pour obtenir la libération de son client de la prison de Belmarsh, où il avait passé plus de cinq ans à lutter contre son extradition vers les États-Unis.
Pour Pollack, il s'agit d'une fin extraordinaire dans une épreuve longue de plus d'une décennie.
"Le caractère surréaliste de l'événement s'est vraiment imposé lorsque nous étions assis à l'aéroport de Londres et que nous sommes embarqués à bord d'un avion privé pour nous rendre à Saipan".
"Aucun d'entre nous, lorsque nous avons entamé cette affaire, ne pensait qu'elle se terminerait dans un tribunal du Pacifique", a-t-il déclaré à la chaîne ABC.
Pour Barry Pollack, le chemin vers ce tribunal de Saipan a été fort long.
Il était l'avocat américain de Julian Assange depuis 2012, l'année où l'éditeur de WikiLeaks est entré pour la première fois dans l'ambassade d'Équateur à Londres et a demandé l'asile.
Forcer la porte
Si Mr Pollack a été la personne clé qui a négocié l'accord de plaidoyer avec le ministère américain de la justice (DOJ), il a dû se battre dès le début pour obtenir une audience équitable.
"J'ai représenté Julian pendant des années avant qu'il n'y ait le moindre engagement avec le ministère de la justice.
Avant qu'il ne soit rendu public qu'il avait été inculpé, ils ne voulaient même pas confirmer s'il y avait une enquête", explique-t-il.
En 2019, l'asile de Julian Assange a été retiré après que le vent politique a tourné et qu'un nouveau président a été élu en Équateur.
Il a été saisi au sein de l'ambassade et condamné à 50 semaines de détention à Belmarsh pour avoir enfreint sa liberté sous caution.
Très rapidement, il a été inculpé en vertu de la loi américaine sur l'espionnage pour avoir publié des centaines de milliers de documents militaires et diplomatiques américains sensibles, dont beaucoup concernaient les guerres d'Irak et d'Afghanistan.
Le département d'État américain a affirmé que Mr Assange avait mis des vies en danger en publiant des documents top secrets et le ministère de la justice a adopté une ligne dure à son égard.
"Après la révélation de son inculpation, leur position a été la suivante : lorsqu'il arrivera aux États-Unis et qu'il comparaîtra pour la première fois dans le district oriental de Virginie, nous reparlerons de lui à ce moment-là", explique Mr Pollack.
Des résultats électoraux qui changent la donne
Après l'élection de Joe Biden en 2020, Mr Pollack a vu une opportunité.
"Le ministère de la justice de Joe Biden avait publié de nouvelles directives sur les poursuites à l'encontre des journalistes et j'ai donc voulu leur présenter les raisons pour lesquelles je pensais qu'en vertu de leur nouvelle politique, les poursuites ne devaient pas avoir lieu", explique-t-il.
Le ministère de la justice a écouté mais n'a pas agi. Mais en 2022, un autre résultat électoral a contribué à changer la donne.
La conseillère juridique de Mr Assange, Jennifer Robinson, qui fait partie de son équipe depuis 2010, affirme que le Premier ministre Albanese s'intéresse depuis longtemps à son dossier.
"J'ai informé Anthony Albanese depuis qu'il était ministre des transports, voici plus de dix ans.
En tant que chef de l'opposition, nous avons continué à l'informer. Cette affaire était importante pour lui. Il a toujours dit, en tant que chef de l'opposition, 'trop c'est trop'. En tant que premier ministre, il a continué à le faire", indique-t-elle.
Quelques jours après l'élection du gouvernement Albanese en mai 2022, la ministre des affaires étrangères Penny Wong a évoqué l'affaire avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken, alors qu'elle se trouvait à Tokyo pour le sommet de la Quadrilatérale.
Le mois suivant, le premier ministre a évoqué le cas de Mr Assange pour la première fois avec le président Biden lors de la conférence de l'OTAN à Madrid.
"Il m'a assuré qu'il soulevait la question au plus haut niveau. Il a dit au public australien qu'il le faisait, et il l'a fait", déclare Mme Robinson.
Mais les progrès en coulisses au cours de cette première année ont été laborieux. Selon Mr Pollack, l'un des obstacles était que le ministère de la justice, sous l'administration Biden, tenait à montrer son indépendance, quel que soit le président de la Maison Blanche.
"Je pense que si rien n'a été accompli pendant cette période, c'est en partie parce que la Maison-Blanche de Joe Biden et le ministère de la Justice de Merrick Garland tenaient à faire passer le message qu'il ne s'agissait pas de l'administration Trump, que le ministère de la Justice n'était pas un bras politique de la Maison-Blanche et qu'il allait fonctionner de manière indépendante et professionnelle", explique-t-il.
Un peu plus d'un an après son élection, Mr Albanese a assisté au couronnement du roi Charles. À Londres, lors d'une interview accordée à la chaîne ABC, il a tenu ses propos les plus virulents sur l'incapacité à trouver une solution diplomatique à la question.
"Je sais que c'est frustrant. Je partage cette frustration. Je ne peux pas faire plus que d'exprimer très clairement ma position.
"Et l’administration américaine est certainement très consciente de la position du gouvernement australien", a-t-il déclaré.
Cela n'a pas été révélé publiquement à l'époque, mais en coulisses, les choses bougeaient. Le premier ministre avait donné à l'équipe juridique de Mr Assange une indication importante sur l'évolution possible de la situation à Washington.
"Le premier ministre m'a dit qu'il pensait qu'un accord pouvait être conclu en termes de plaidoyer.
Mais cette négociation devait se faire avec nous, son équipe juridique, et les avocats américains, donc les procureurs et mon co-avocat américain Barry Pollack", précise Mme Robinson.
L'entrée en scène de Kevin Rudd
Kevin Rudd a pris ses fonctions de nouvel ambassadeur d'Australie à Washington en mars de l'année dernière. L'une de ses premières tâches a été de s'occuper de l'affaire Assange.
Mr Rudd connaissait déjà parfaitement la situation critique de Mr Assange. Lorsqu'il était ministre des affaires étrangères en 2010, WikiLeaks a publié environ 250 000 câbles diplomatiques américains.
Certains étaient embarrassants pour Mr Rudd, un lot de résumés envoyés par l'ambassade américaine à Canberra le décrivant comme un "maniaque du contrôle" et un "micro-manager" pendant son mandat de Premier ministre.
Mais à l'époque, Mr Rudd avait pointé du doigt les États-Unis pour la publication des documents secrets, et non Mr Assange.
"Mr Assange n'est pas lui-même responsable de la publication non autorisée de 250 000 documents provenant du réseau de communication diplomatique américain.
Les Américains en sont responsables. Je pense qu'il y a de vraies questions à poser sur le caractère adéquat de leurs systèmes de sécurité et le niveau d'accès que les gens ont eu à ces documents pendant une longue période", a-t-il déclaré.
Treize ans plus tard, il était en passe de devenir un intermédiaire clé pour empêcher l'extradition de MrAssange vers les États-Unis et son jugement en vertu de la loi sur l'espionnage (Espionage Act).
"Il a été absolument crucial. Kevin était très investi dans cette affaire", déclare Mr Pollack.
Après sa conversation avec le premier ministre au sujet d'un éventuel accord, Mme Robinson s'est envolée pour les États-Unis afin de rencontrer Mr Rudd.
"Nous avons informé l'ambassadeur Rudd de l'affaire et avons discuté de ce que cela allait impliquer.
En ce qui concerne le rôle qu'il a joué à Washington, il a effectivement assuré un rôle de médiateur. Il s'est adressé au ministère de la justice et à d'autres services du gouvernement américain, en faisant clairement savoir que la résolution de cette affaire était une priorité pour le premier ministre et le gouvernement australien", dit-elle.
Mr Pollack, qui avait eu du mal à obtenir une audience du ministère de la justice dans un premier temps, a soudain pu entamer des discussions sérieuses au sujet de son client.
"Mr Rudd a travaillé avec acharnement, tant avec le ministère de la justice qu'avec moi, en essayant de pousser chaque partie à trouver une solution qui soit acceptable pour les deux parties.
Lorsqu'il s'agit d'une négociation complexe comme celle-ci, il est extrêmement utile qu'une tierce partie serve presque de médiateur pour tenter de rapprocher les deux protagonistes. Et Kevin a joué ce rôle", explique-t-il.
Mr Assange et son équipe juridique avaient un certain nombre de lignes rouges à respecter lors des négociations : il refusait de purger une peine de prison supplémentaire, ne voulait pas plaider sur le sol américain, ne voulait aucune restriction à sa liberté d'expression et aucune autre poursuite pour les informations qu'il avait recueillies et publiées.
Mais malgré l'intervention de l'ambassadeur Rudd, les négociations se sont rapidement arrêtées.
"Nous avons travaillé pendant des mois sur un accord qui prévoyait une série de délits [...] concernant la mauvaise manipulation d'informations classifiées, ce qui nous aurait permis, à lui comme à nous, de plaider la cause à distance et de rentrer en Australie.
Le ministère de la justice est ensuite resté silencieux à ce sujet, et nous n'avons plus eu de nouvelles pendant des mois", explique Mme Robinson.
Alors que les négociations se taisaient à Washington, les choses ont commencé à s'envenimer à Canberra.
Une délégation interpartis composée des sénateurs verts David Shoebridge et Peter Whish-Wilson, de l'ancien vice-premier ministre Barnaby Joyce, de la députée indépendante Monique Ryan, du député travailliste Tony Zappia et du sénateur libéral Alex Antic s'est envolée pour Washington afin de rencontrer le ministère de la justice et les membres du Congrès susceptibles d'influer sur le débat.
Mr Ryan a estimé que ce voyage avait contribué à convaincre ceux qui comptaient dans la capitale américaine de la volonté du peuple australien et d'une grande partie du parlement de mettre un terme à l'affaire.
"On ne sait jamais exactement comment les choses se produisent. Mais je pense que la délégation, dans son ensemble, a fait la différence", a-t-elle déclaré.
Pour renforcer encore le soutien généralisé au sein du parlement australien, le député indépendant Andrew Wilkie a présenté une motion à la Chambre des représentants exhortant les États-Unis et le Royaume-Uni à mettre fin aux poursuites engagées contre Mr Assange et à l'autoriser à rentrer en Australie, laquelle a été adoptée à la majorité des deux tiers.
Selon Mr Pollack, la délégation interpartis et l'agitation politique au sein de l'Australie ont été déterminantes pour amener le ministère de la justice à se réengager.
"Je pense que cela a fait la différence. Je pense que le soutien bipartisan en Australie a fait la différence, et je pense que le Premier ministre Albanese qui s'est exprimé a également changé le cours des choses".
L'autre facteur clé qui ressort est qu'après des années à se battre devant les tribunaux britanniques, le combat de Julian Assange pour empêcher son extradition vers les États-Unis était sur le point de s'achever.
Le dernier lancer de dés
Au cours de deux jours d'audience à Londres en février dernier, Julian Assange a demandé l'autorisation de faire appel devant la Haute Cour.
Cette démarche a été considérée comme son ultime lancer de dés.
Ce que la plupart des médias n'ont pas vu à l'époque, c'est qu'il s'agissait également de la dernière chance pour les États-Unis de mettre la main sur l'homme qu'ils poursuivaient depuis tant d'années.
Des courriels internes du ministère de la justice publiés par le Washington Post la semaine dernière montrent que les avocats américains ressentaient la pression.
"L'urgence a atteint un point critique.
L'affaire sera portée en appel et nous perdrons", a écrit l'un de leurs avocats dans un courriel.
Les avocats savaient que les États-Unis ne pouvaient pas garantir à Mr Assange la protection de la liberté d'expression en vertu du premier amendement, une assurance que les juges britanniques sollicitaient dans le cadre de son appel.
"Je pense qu'ils subissaient des pressions sur deux fronts.
Premièrement, il y avait une chance réelle que nous gagnions l'affaire d'extradition sur la base du premier amendement parce que, selon nous, les États-Unis ne pouvaient fournir une garantie satisfaisante quant à la protection du premier amendement.
Mais l'autre point que les gens oublient aussi, c'est que les États-Unis étaient, je pense, préoccupés par le fait qu'il soit extradé et fasse l'objet de poursuites très publiques au titre de la loi sur l'espionnage (Espionage Act) à l'encontre d'un journaliste au cours d'une année électorale", explique Mme Robinson.
Le fait que le journaliste américain Evan Gershkovich ait été enfermé dans une prison russe, à ce moment-là depuis près d'un an, en détention préventive où il faisait face à ce que les États-Unis considéraient comme des accusations d'espionnage forgées de toutes pièces, n'a fait qu'ajouter à la pression exercée sur ce front.
Mme Robinson est convaincue que cela a joué en faveur d'un regain d'intérêt pour un accord de plaidoyer.
"D'autres gouvernements commençaient à imiter les États-Unis, c'est-à-dire à utiliser la législation sur l'espionnage pour poursuivre des journalistes.
Un journaliste américain, Evan Gershkovich, est emprisonné en Russie. Les États-Unis tentent de négocier sa libération et quelle est la première chose que le gouvernement russe va leur dire ? Regardez ce que vous faites à Julian Assange", explique-t-elle.
Mme Robinson explique qu'avant les audiences à Londres, elle a appelé le procureur général Mark Dreyfus et l'a informé des faiblesses de l'affaire américaine.
"Après mes conversations, [Mark Dreyfus] est allé rencontrer le procureur général Merrick Garland aux États-Unis", dit-elle.
"Je pense qu'il était important de clarifier la position du gouvernement australien et d'exposer les points que nous avions soulevés, à savoir que vous pourriez bien perdre cette affaire d'extradition. Et c'est le moment de conclure l'accord".
Le bureau de Mr Dreyfus affirme que le procureur général était à Washington pour des réunions prévues de longue date avec un certain nombre d'agences et pour signer l'accord sur le Cloud Act, et que la question de Mr Assange a été soulevée avec Mr Garland.
En mai, deux juges de la Haute Cour britannique, Dame Victoria Sharp et le juge Johnson, ont statué en faveur de l'appel de Julian Assange, y compris sur la base du premier amendement, renforçant ainsi la pression sur les États-Unis pour qu'ils trouvent un accord.
Cependant, un autre obstacle majeur restait à franchir.
Les États-Unis ont insisté pour que Julian Assange plaide coupable, ce qui signifiait qu'il devrait se rendre au tribunal sur le sol américain, ce qui constituait le franchissement de l'une de ses lignes rouges.
"Julian était très ferme sur le fait qu'il ne voulait pas poser un pied aux États-Unis de peur d'être détenu pour d'autres motifs, ou que le ministère de la défense, la CIA ou quiconque ne lui cause des problèmes", explique Mr Pollack.
Une solution novatrice a été trouvée : la procédure s'est tenue à Saipan, qui fait partie d'un Commonwealth américain situé dans le Pacifique.
"Cette proposition émanait du ministère de la justice.
Selon moi, lorsqu'il est devenu évident pour eux que nous n'allions pas bouger sur ce point, ils ont fait une proposition très créative qui répondait à nos besoins et c'est ce qui a conduit à la résolution de ce problème", précise Mr Pollack.
Selon Mr Pollack, les États-Unis ont soutenu que Mr Assange devrait purger trois années de prison supplémentaires, mais ont fait marche arrière lorsqu'il est apparu clairement que Mr Assange n'était pas disposé à accepter cette proposition.
Les négociations sur l'exposé des faits ont pris du temps, les parties divergeant sur des points essentiels.
"Je pense qu'il est très important de souligner ce qui ne figure pas dans l'accord et dans l'exposé des faits", déclare Mme Robinson.
"Le premier est qu'aucun préjudice réel n'a été causé à un individu. Le gouvernement américain n'a pas pu identifier une seule personne ayant droit à une restitution à la suite de ces publications. Cela vient après des années et des années de déclarations gouvernementales affirmant que ces divulgations avaient mis des vies en danger et que des personnes avaient été tuées.
"Le deuxième point qui est vraiment important, c'est qu'après des années d'accusation de piratage, de pratiquer un journalisme différent, si vous lisez cet exposé des faits, il s'agit de la réception et de la publication d'informations provenant d'une source qui est incontestablement une activité journalistique".
Dans un communiqué de presse publié à la suite de l'accord, le ministère américain de la justice a maintenu que Mr Assange avait mis des vies en danger :
"Plus précisément, dans de nombreux cas, les documents classifiés que [Chelsea] Manning a illégalement fournis à Mr Assange ont ensuite été rendus publics par ce dernier et par WikiLeaks sous une forme brute ou non expurgée, ce qui a mis en grand danger les personnes qui avaient aidé le gouvernement américain.
La décision d'Assange de révéler les noms des sources humaines lui ayant été illégalement communiquées par Manning a créé un risque grave et imminent pour la vie des individus".
Par exemple, les câbles du département d'État diffusés par WikiLeaks contenaient des informations provenant de journalistes, de chefs religieux, de défenseurs des droits de l'homme et de dissidents politiques qui avaient choisi de fournir des informations aux États-Unis en toute confiance, au péril de leur propre sécurité".
Fin juin, environ une semaine avant la libération de Mr Assange, les parties sont finalement parvenues à un accord de plaidoyer.
Un document contenant toutes les dispositions acceptées par les deux parties a été complété, révisé et envoyé à Julian Assange à la prison de Belmarsh.
"Julian l'a signé, me l'a renvoyé, et je l'ai signé et envoyé au ministère de la Justice.
Une fois que nous avons eu un document signé, nous avons eu l'impression d'avoir franchi la ligne d'arrivée", explique Mr Pollack.
Mme Robinson déclare avoir du mal à croire que tout s'est finalement arrangé.
"Il s'agit d'un accord conclu avec l'administration américaine, réputée pour ne pas faire de compromis, et avec un client réputé pour ne pas faire de compromis", rappelle-t-elle.
"Il s'agissait de négociations incroyablement complexes avec des procureurs qui devaient être approuvés au plus haut niveau du ministère de la justice, de travailler dans trois juridictions différentes avec un client en prison, auquel nous n'avions pas facilement accès.
C'était donc extrêmement ardu, d'un point de vue logistique, politique et juridique.
Nous nous rendons encore compte que nous avons réussi à le faire et qu'il est rentré chez lui. Cela a pris un temps considérable".
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6- ➤ L'État a échoué, il n'a pas réussi à briser Assange
Par Patrick Lawrence, le 1er juillet 2024, ScheerPost
Après de longues négociations menées par les avocats de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks a accepté de plaider coupable d'avoir obtenu et publié illégalement des documents du gouvernement américain de diverses natures, dont beaucoup constituaient des preuves de crimes de guerre et de violations des droits de l'homme, et d'autres exposaient la corruption du Parti démocrate pendant la campagne présidentielle d'Hillary Clinton en 2016.
Mercredi, Assange a été condamné à une peine de cinq ans et deux mois, correspondant précisément au temps qu'il a passé à Belmarsh, pénitencier de haute sécurité situé dans le sud-est de Londres. C'est depuis Belmarsh qu'il s'est opposé aux demandes d'extradition vers les États-Unis, où il aurait été inculpé de multiples chefs d'accusation et condamné à une très lourde peine en vertu de la loi de 1917 sur l'espionnage (Espionage Act). Lorsqu'il est parti pour l'Australie à l'issue de la procédure à Saipan, la plus grande des Mariannes du Nord et également la capitale, Assange est sorti en homme libre pour la première fois depuis 14 ans, en comptant la période d'assignation à résidence en 2010.
Prenons le plus grand soin à nos mots face à ce revirement surprenant et bienvenu. Cela nous permettra d'appréhender le moment avec clarté.
Julian Assange n'a pas été libéré, voix passive, victime de décisions prises par les justices américaine et britannique - et très certainement dans les hautes sphères du régime Biden. Julian Assange a obtenu sa liberté, activement. Même pendant les moments les plus sombres de ses années d'assignation à résidence, d'asile à l'ambassade de l'Équateur à Londres et à Belmarsh, jamais il n'a renoncé à sa souveraineté. Il est resté le capitaine de son âme et n'a jamais permis à ses ravisseurs de l'embarquer à bord de son vaisseau.
Et c'est pour cela, fondamentalement, qu'Assange a souffert ces dernières années, en particulier les cinq années passées dans une cellule à Belmarsh. Le projet était précisément de détruire sa souveraineté, de le briser d'une manière ou d'une autre, et il a refusé de se laisser briser. Sa détermination, sa volonté - dont je ne peux imaginer l'impressionnante force motrice - l'ont conduit à la victoire.
Lorsque la nouvelle de sa liberté imminente nous est parvenue lundi soir dernier, j'ai réagi sans hésiter : "Ce n'est pas une mauvaise affaire. Tout le monde connaît la vérité et la valeur de ce qu'Assange a fait. Rien n'est perdu. La vie d'un homme bien était en jeu - c'est donc une victoire".
"Tout le monde" semble déjà une surestimation, mais j'y reviendrai dans un instant.
Parmi les détails curieux du plaidoyer d'Assange figure le choix du tribunal fédéral des îles Mariannes du Nord, une possession américaine, pour le dénouement de son affaire. Son équipe juridique a requis ce lieu particulier, ne l'oublions pas. Il est éloigné du continent américain mais proche de l'Australie, son pays natal. Selon moi, deux choses sont à déduire de cette situation.
Primo, il est probable que les avocats d'Assange aient pensé que c'était une très mauvaise idée pour leur client de poser un pied sur le sol américain, n'importe où près du tribunal des environs de Washington où les affaires de ce type, les affaires de sécurité nationale, sont habituellement instruites - jugées devant des jurés tirés d'un vivier largement étoffé d'agents de sécurité nationale actifs et retraités, de bureaucrates et d'apparatchiks en tout genre.
Le fait que le lieu du règlement final ait été négocié en dehors du tribunal de district de Virginie orientale indique que les avocats d'Assange sont restés très méfiants à l'égard des assurances données par les États-Unis quant à un traitement équitable en vertu de la loi, même pendant la durée de leurs négociations.
Secundo, et c'est là le point le plus important, le fait de déplacer l'affaire dans une salle d'audience aussi excentrée indique clairement l'influence considérable dont disposaient Assange et sa défense juridique pour déterminer les conditions dans lesquelles il obtiendrait sa liberté. Cela nous révèle quelque chose d'important sur les années qu'Assange a passées à Belmarsh, soumis à des conditions honteusement punitives, et sur le véritable simulacre que les divers juges, dont Vanessa Baraitser, ont orchestré au sein des tribunaux britanniques.
J'ai longtemps supposé, comme beaucoup d'autres, que le régime Biden et son prédécesseur ne voulaient tout simplement pas qu'Assange soit extradé, ne voulant pas s'engager dans un procès qui aurait plus ou moins automatiquement conduit à une condamnation à 170 ans de prison. Trop de désordre potentiel, trop de risques politiques, trop de lumière sur les hypocrisies de cette administration en matière de liberté de la presse et son indifférence, voire son approbation, du traitement inhumain infligé par les autorités britanniques à un homme dont l'organisation a exposé des crimes de guerre.
Comment expliquer autrement les délais interminables des tribunaux londoniens au cours des cinq dernières années ? Et je ne peux m'empêcher de penser, avec une conviction proche de la réalité, que la presse d'entreprise américaine, en particulier le New York Times, a joué un rôle modeste dans la décision de négocier un plaidoyer qui reflète dans une certaine mesure les conditions du camp Assange.
Pendant des années, le Times a évité de parler sérieusement de l'affaire Assange. Il aurait été embarrassant pour le journal de rendre compte de la procédure en Virginie orientale, comme il aurait été obligé de le faire. Nous nous souvenons tous que le Times a pleinement utilisé les communiqués de WikiLeaks jusqu'à ce que, en avril 2017, Mike Pompeo dénonce Assange comme "un acteur étatique de la Russie". C'est à ce moment-là que Washington s'est retourné frontalement contre l'organisation et son fondateur, et que la presse institutionnelle a consciencieusement suivi l'exemple du scandaleux secrétaire d'État de Trump.
Le régime Biden a enfin réussi à lâcher une patate chaude, mais il est exagéré de penser qu'il ne s'est pas brûlé les doigts. Comme d'autres l'ont fait remarquer, il aurait pu annuler complètement l'affaire et même aller jusqu'à offrir à Assange une compensation pour les maux endurés alors qu'il faisait face à des accusations injustes.
Cela aurait marqué une rédemption spectaculaire. Au lieu de cela, cette décision laisse la porte grande ouverte à la poursuite d'affaires telles que celle d'Assange chaque fois que les vérités d'un journaliste se révèleront tout aussi gênantes. Il s'agit là selon moi de dommages auto-infligés venant s'ajouter à des années de dommages auto-infligés. La sortie du gouvernement Biden de cette affaire mutile plus ou moins toute prétention qu'il affirmera désormais de respecter la liberté de la presse et les droits du premier amendement.
L'endurance à l'état pur
Je mesure l'ampleur du triomphe de Julian Assange non pas en termes politiques, bien que les aspects politiques de son accession à la liberté soient importants. Je l'envisage en termes plus personnels. Sa plus grande victoire réside dans la force et l'endurance dont il a fait preuve et qu'il a constamment démontrées alors que les rouages de deux États souverains tentaient de l'anéantir.
Les lecteurs se souviendront qu'il y a plusieurs années, Nils Melzer a témoigné devant le tribunal de Baraitser que le traitement subi par Assange répondait aux définitions officielles de la torture psychologique et physique. Peu de temps après le témoignage du rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, j'ai commencé à rédiger un essai sur l'affaire Assange pour Raritan, la revue culturelle et politique. Alors que j'écrivais Assange Behind Glass, que je reproduis ici à partir des archives de mon site web, il m'est venu à l'esprit que nous devions considérer cette affaire dans le contexte de la "domination totale" explorée par Hannah Arendt dans Les origines du totalitarisme, son regard rétrospectif, en 1951, sur les horreurs de la première moitié du 20ème siècle. "Son intention est de dépouiller l'humanité de toute identité et de toute individuation", ai-je écrit à propos du thème d'Arendt. Et de son texte :
"La domination totalitaire tente d'atteindre cet objectif par l'endoctrinement idéologique des élites et par la terreur absolue dans les camps... Les camps sont destinés non seulement à exterminer les gens et à avilir les êtres humains, mais aussi à servir l'expérience effroyable consistant à éliminer, dans des conditions scientifiquement contrôlées, la spontanéité elle-même en tant qu'expression du comportement humain, et à transformer la personnalité humaine en une simple chose. Ainsi, l'expérience de domination totale dans les camps de concentration dépend de l'isolement et l'invisibilité de ces derniers par rapport au monde de tous les autres, le monde des vivants en général".
J'ai également introduit Giorgio Agamben dans la pièce Raritan, car il a vu notre réalité dans la réalité des camps.
"Qu'est-ce qu'un camp, quelle est sa structure juridico-politique ?", a-t-il interrogé dans Homo Sacer : Sovereign Power and Bare Life (Stanford, 1998). "Cela nous conduira à considérer le camp non pas comme un fait historique et une anomalie appartenant au passé (même si elle est encore vérifiable), mais en quelque sorte comme la matrice cachée de l'espace politique dans lequel nous vivons encore."
C'est toujours dans ce contexte que je pense à l'épreuve prolongée d'Assange. Et c'est pour cette raison que je lis son accession à la liberté comme une victoire personnelle, l'accomplissement d'un individu exceptionnel, un homme qui s'est opposé à un système opérant dans un état d'exception (un thème qu'Agamben élucide ailleurs) et qui l'a vaincu.
La nouvelle de la libération d'Assange nous est parvenue, nous qui sommes au sud de la frontière, via mon iPad, lundi en fin de soirée. Après avoir lu l'article du New York Times - prudent, bien fait, digne d'un service de presse - nous avons regardé le fil des commentaires sous l'article. Et c'est là que s'est évanouie mon hypothèse selon laquelle "tout le monde" connaît la vérité et la valeur du travail d'Assange.
La grande majorité des commentaires que nous avons lus - et on ne sait jamais dans quelle mesure le Times les sélectionne pour donner l'image du public qu'il souhaite projeter - étaient scandaleusement hostiles à l'accord. J'ai pour habitude d'éviter de fournir des liens vers les articles du Times, mais "Assange Agrees to Plead Guilty in Exchange for Release, Ending Standoff with the U.S." (Assange accepte de plaider coupable en échange de sa libération, mettant fin à l'impasse avec les États-Unis) méritait une exception.
Lisez l'article si vous le souhaitez, mais n'omettez pas de prendre en considération les commentaires. La plupart condamnent la sortie de prison d'Assange, ou soutiennent qu'il devrait être jugé et se voir infliger la longue peine liée aux accusations d'espionnage, ou affirment qu'il a mis en danger des Américains et d'autres personnes en publiant divers documents liés aux opérations militaires américaines, ou qu'il est un laquais de Vladimir Poutine, ou qu'il a corrompu l'élection de 2016 et est responsable de la défaite d'Hillary Clinton. Et j'en passe.
Un certain M Caplow à Chapel Hill :
"Difficile de sympathiser avec quelqu'un qui a rendu la victoire de Trump plus probable. Les dommages intentionnels qu'il a causés à Hillary Clinton compensent tout le mérite de ses autres activités."
De Futbolistaviva à San Francisco :
"Il n'est pas et n'a jamais été un journaliste. C'était un pirate informatique. J'espère que c'est la dernière fois que nous entendons parler de lui".
Et dans la ligne de la logique motivée, voici ce que dit sheikhnbake, à Cranky Corner, en Louisiane :
"Avec les Pentagon Papers, le NY Times n'a pas volé de données gouvernementales secrètes. Cela aurait constitué de l'espionnage. Ils ont simplement gagné le droit d'imprimer ce qu'ils avaient reçu de quelqu'un d'autre. Assange et sa ménagerie ont en fait piraté et volé les informations, puis les ont publiées."
Il doit y avoir une différence que je suis incapable de comprendre, sheikhnbake, entre l'utilisation d'une machine Xerox, vers 1970, et un ordinateur tel qu'il est utilisé 40 ans plus tard.
Après avoir lu une bonne partie de ce texte, nous nous sommes intéressés à la manière dont Tucker Carlson a réagi à ce tournant dramatique. "Un homme bon, enfin libre. Le vent tourne", a-t-il tweeté. Je ne crois pas à ce revirement de Carlson - il n'y en a pas eu - mais laissons cela de côté. Ce qui a suivi les propos de Carlson est remarquable.
"Julian Assange reste un héros", a répondu David Benner, Némésis des néoconservateurs. "Sa liberté doit être célébrée, mais personne ne doit se reposer sur ses lauriers tant qu'il n'aura pas été gracié et décoré pour avoir exposé les crimes de guerre du régime". Les vrais criminels, a fait remarquer un autre lecteur, sont les agences désignées par des acronymes à trois lettres. Etc.
Astucieux. Droit au but. Sans charge idéologique.
Les cicatrices du Russiagate
Il n'y a qu'une seule façon d'expliquer cela et, pour être tout à fait honnête, cela écœure. Nous voyons ici au grand jour les cicatrices laissées par les années du Russiagate et la mesure dans laquelle elles ont défiguré non seulement le discours américain, mais aussi tant d'esprits américains. La vérité à proprement n'existe pas dans nos cercles libéraux. Il n'y a qu'une vérité démocrate, et celle-ci doit toujours, d'une manière ou d'une autre, expliquer la défaite d'Hillary Clinton face à Donald Trump.
À quoi servent ces gens ? Ils ont renoncé à leur capacité même de penser.
Peu de temps après la publication de l'essai de Raritan, Consortium News a amorcé une série de dix articles intitulée Les révélations de WikiLeaks, un répertoire et un résumé détaillés de toutes les publications majeures de l'organisation d'Assange.
Cette série s'inscrit dans le cadre du dévouement et de la compassion exceptionnels que Joe Lauria, le rédacteur en chef de Consortium News, a manifestés dès le début à l'égard de Julian Assange et de son cas. Les révélations de WikiLeaks peuvent être lues ici en anglais et ici en francais, et je les propose aux lecteurs de The Floutist non seulement pour leur valeur intrinsèque, mais aussi parce qu'elles soulèvent une question.
Je ne suis pas le seul à constater que WikiLeaks, pour des raisons évidentes, n'a pu maintenir le rythme de ses publications ces dernières années. Comment l'aurait-il pu ? Mais avec un passé aussi noble et prestigieux à l'esprit, nous devons nous interroger sur ce qu'il adviendra de WikiLeaks à présent - maintenant que son fondateur est libre et peut à nouveau aller et venir dans le monde. Plus précisément, quelle voie Julian Assange va-t-il emprunter pour aller de l'avant ?
J'ai longtemps pensé, avec un pessimisme involontaire, qu'il serait impossible pour Assange d'être libéré parce qu'il en sait trop - en particulier, mais pas seulement, la source de tout le courrier volé du parti démocrate. Révéler tous les mensonges selon lesquels les Russes sont responsables de la transmission de ces documents à WikiLeaks reviendrait à faire exploser une très grande partie de l'édifice ubuesque que l'on appelle le Russiagate. Impossible de penser qu'Assange pourrait être libéré avec tout ce qu'il sait de cette affaire et d'autres. Tout ce qui serait en jeu relèverait du dossier "too big to fail" (trop gros pour faire faillite).
L'accord de plaidoyer du camp Assange est-il assorti de codicilles non divulgués ? Ses activités professionnelles sont-elles désormais limitées par l'accord ? De telles questions sont inévitables, même si l'on ne se soucie pas de les poser. Les réponses ne sont pas claires et ne le seront peut-être jamais. Par respect et par admiration pour un homme venant de gagner sa liberté après avoir payé un énorme tribut dans sa lutte pour l'obtenir, je lui laisse ces questions, ainsi qu'à ceux qui l'entourent.
Patrick Lawrence, correspondant à l'étranger pendant de nombreuses années, principalement pour l'International Herald Tribune, est critique des médias, essayiste, auteur et conférencier. Son nouveau livre, Journalists and Their Shadows, vient d'être publié par Clarity Press. Son site web est Patrick Lawrence. Soutenez son travail via son site Patreon.
📰 https://scheerpost.com/2024/07/01/patrick-lawrence-the-state-failed-to-break-assange/
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7- ➤ Retour d'Assange en Australie : La rancœur des parasites bidouilleurs
Par Binoy Kampmark, le 1 juillet 2024, Australian Independent Media
Julian Assange, le célèbre WikiLeaks, est maintenant retourné dans son pays natal, après avoir enduré des conditions de captivité allant des locaux exigus de l'ambassade de l'Équateur à Londres aux installations de haute sécurité de la prison de Belmarsh. Son retour en Australie après avoir conclu un accord avec le ministère américain de la justice le place dans un État dont les dispositions en matière de secret sont parmi les plus rigoureuses du monde occidental.
En janvier 2023, selon le département du procureur général, le Commonwealth australien comptait 11 infractions générales au secret dans la partie 5.6 du code pénal, 542 infractions spécifiques au secret dans 178 lois du Commonwealth et 296 obligations de non-divulgation dans 107 lois du Commonwealth criminalisant la divulgation non autorisée d'informations par les employés actuels et anciens du Commonwealth.
En novembre 2023, le gouvernement Albanese a accepté les 11 recommandations formulées dans le rapport final de l'examen des dispositions relatives au secret. Tout en aspirant à réduire la prolifération excessive du secret, les vieilles habitudes ont la vie dure. Les protections suggérées concernant la liberté de la presse et les personnes fournissant des informations aux commissions royales n'inspireront plus guère la confiance.
Dans ce contexte, il n'est pas surprenant que le retour d'Assange, tout en réjouissant sa famille, ses partisans et les défenseurs de la liberté de la presse, ait suscité le ressentiment de l'establishment de la sécurité nationale, des lèche-bottes du quatrième pouvoir et d'un grand nombre de journalistes vendus. Ces attitudes semblent dire qu'il a transformé le journalisme, supprimé l'autocensure, exposé les lecteurs au texte classifié original et laissé le public décider lui-même de la manière de réagir aux révélations sur les abus de pouvoir. Un minimum d'éditorialisation, un maximum d'interprétation textuelle à travers les yeux du citoyen universel, une perspective terrifiante pour les membres du gouvernement.
Étant donné que la presse australienne est très à l'aise avec les politiciens - le radiodiffuseur national, l'Australian Broadcasting Corporation, dispose par exemple d'un bureau central de rédaction à la Maison du Parlement à Canberra - le retour d'Assange a suscité une vive agitation. Les journalistes de Canberra gagnent leur vie dans une relation symbiotique perverse, et souvent non critique, avec l'establishment politique qui leur sert une maigre pitance d'informations. La dernière chose qu'ils souhaitent, c'est qu'un Assange actif vienne perturber cette entente, qu'un guerrier radical de la transparence vienne bousculer des conventions d'hypocrisie depuis longtemps respectées.
Passons sur le venin. Le scribouillard de la tribune de presse, Phillip Coorey, de l'Australian Financial Review, s'est avéré être un ignorant provincial, à l'esprit mal tourné et confus à propos de WikiLeaks. "Je n'ai jamais réussi à me faire une opinion sur Assange". Étant donné que sa profession bénéficie des fuites, des révélations et de l'exposition des abus, on peut se demander ce qu'il fait dans cette profession. Après tout, Assange a été condamné en vertu de la loi américaine sur l'espionnage de 1917 pour s'être livré à cette même activité, une affaire qui devrait indigner Coorey.
Pour ce journaliste chevronné, un autre parallèle était plus approprié, quelque chose d'assez éloigné de toute notion de journalisme d'intérêt public qui avait effectivement été criminalisé par la République américaine. "La libération de Julian Assange est plus proche de celle de David Hicks, il y a 17 ans, qui, à l'instar d'Assange, a été considéré comme ayant enfreint la loi américaine alors qu'il ne se trouvait pas dans le pays, et qui a finalement impliqué un président américain ayant accordé une faveur à un premier ministre australien".
Le cas de Hicks reste un rappel effroyable de la lâcheté diplomatique et juridique de l'Australie. Coorey a raison de supposer que ces deux affaires sont le fruit d'élucubrations tourmentées de l'impérium américain, désireux de briser quelques têtes dans sa quête d'un monde sûr pour Washington. Les commissions militaires, dont Hicks a été victime, ont été créées au cours de la guerre mondiale contre le terrorisme, conformément à un ordre militaire présidentiel. Destinées à juger les citoyens non américains soupçonnés de terrorisme et détenus dans le centre de détention de Guantánamo Bay, elles constituaient un exercice grotesque du pouvoir exécutif, comme l'a souligné la Cour suprême des États-Unis en 2006. Il a fallu l'autorisation du Congrès, via la loi sur les commissions militaires (Military Commissions Act) en 2009, pour les épargner.
Le confrère de Coorey et rédacteur en chef international du Sydney Morning Herald et de The Age, Peter Hartcher, s'est également désintéressé de ce qu'Assange a révélé, bredouillant (en version payante) que le retour de l'éditeur était le moment où "l'Assangisme est apparu au grand jour". Il n'avait pas d'appétit pour "le culte" ayant apparemment contaminé le climat froid de Canberra. Il s'est également demandé si Assange pouvait "utiliser de manière constructive son statut de célébrité mondiale pour faire campagne en faveur du journalisme d'intérêt public et des droits de l'homme". Pour ce faire - et ici, le chouchou de l'establishment politique, qui bat le tambour de guerre pour les États-Unis - Assange devrait "fondamentalement" modifier "ses méthodes pour faire avancer la cause".
Tout cela n'était qu'un prélude pour Hartcher, qui s'est attaqué aux exploits journalistiques d'un homme plus honoré par des prix de journalisme que bien des membres de la tribune de Canberra réunis. L'affirmation selon laquelle il est "un journaliste vivement contesté par les vrais journalistes". Bien que le gouvernement américain ait admis que les révélations de WikiLeaks n'avaient pas porté préjudice à des sources américaines, "le projet d'Assange a fait beaucoup d'autres victimes". L'éditeur de retour au pays n'était en Australie qu'en "période de probation", ce qui rappelle que l'establishment médiatique tentera de le contraindre à une conformité perfide.
Même ce langage était trop doux pour un autre bidouilleur australien, Michael Ware, ayant auparavant travaillé pour Time Magazine et CNN. Avec une inventivité pathologique, il a estimé qu'Assange était "un traître dans la mesure où, en temps de guerre, alors que nous avions des troupes américaines, britanniques et australiennes sur le terrain, sous le feu de l'ennemi, Julian Assange a publié des tonnes de documents non expurgés". Peu importe la vérité au pouvoir ; dans le monde de Ware, la véracité lui est subordonnée, même dans une guerre illégale. Ce qu'il appelle "méthodes" et "méthodologie" ne peut être dévoilé.
Un tel journalisme de caniveau a son équivalent dans la politique de caniveau. Toutes les informations étaient menaçantes si elles n'étaient pas traitées de manière appropriée, et leurs effets les plus puissants sur le changement ont été étouffés. Le chef de l'opposition au Sénat, Simon Birmingham (en version payante), a trouvé "complètement inutile et totalement inapproprié que Julian Assange soit accueilli comme un héros de retour au pays par le Premier ministre australien". Se joignant à ses comparses Coorey, Hartcher et Ware, Birmingham a déblatéré sur la publication par Assange d'un demi-million de documents "sans les avoir lus, sans les avoir examinés, ni avoir vérifié s'il y avait quoi que ce soit susceptible de nuire ou de mettre en danger la vie d'autrui". Continuez à déformer les faits, Monsieur le sénateur.
Dennis Richardson, ancien chef du renseignement intérieur et spécialiste des portes tournantes (un fonctionnaire devient facilement un profiteur privé à Canberra), trouve lui aussi inexplicable que le Premier ministre ait contacté Assange pour le féliciter, ou même qu'il ait manifesté un quelconque intérêt public pour sa libération des griffes d'un système qui était en train de le tuer. "Je ne vois aucune autre raison pour laquelle un premier ministre pourrait féliciter Assange à son retour en Australie, si ce n'est à des fins politiques", a déploré Richardson dans le Guardian Australia.
Pour lui, Assange a été légitimement condamné, même s'il l'a été par le biais du plus célèbre des mécanismes, l'accord de plaidoyer. Le fait qu'Assange ait été espionné par des agents de la CIA et considéré comme l'objet possible d'un enlèvement, d'une restitution ou d'un assassinat n'a jamais troublé son esprit dépouillé.
Des yeux aiguisés seront braqués sur Assange en Australie, aussi longtemps qu'il le souhaitera. Assange est dans le collimateur de l'Alliance des cinq yeux, menacée en permanence par la perspective d'un rappel et d'un regain d'intérêt de la part de Washington. En outre, des dizaines de journalistes, indifférents aux dangers que la lutte contre l'éditeur fait peser sur leur profession, souhaitent qu'il en soit ainsi.
Le Dr Binoy Kampmark est maître de conférences à la School of Global, Urban and Social Studies de l'université RMIT. Il a été boursier du Commonwealth au Selwyn College de l'université de Cambridge. Il contribue à la rédaction de CounterPunch et peut être suivi sur @bkampmark.
📰 https://theaimn.com/assanges-return-to-australia-the-resentment-of-the-hacks/
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8- ➤ L'establishment journalistique italien à l'œuvre dans l'affaire Julian Assange : 10 fake sur le père de WikiLeaks
"Assange n'est pas un journaliste". "Il a mis ses sources en danger. "Il était au service de Poutine". Déboulonnage de 10 fake sur le père de WikiLeaks
Cette semaine, nous avons vu l'establishment journalistique italien à l'œuvre dans l'affaire Julian Assange. Un spectacle que nous n'oublierons pas !
Par Stefania Maurizi, 29 juin 2024, Il Fatto Quotidiano
Un personnage controversé qui a travaillé pour Poutine et aidé Trump. Le mercredi 26 juin, le jour même où le fondateur de WikiLeaks arrivait à Canberra, dans son Australie natale, après 14 ans de séquestration et d'emprisonnement, dans l'émission Omnibus de La7, on tirait à boulets rouges sur Julian Assange : dix accusations en seulement trois minutes et quarante-sept secondes. Un record. Examinons une à une les principales fake news qui ont circulé dans la presse italienne ces derniers jours.
1- Assange n'est pas un journaliste.
Un homme qui a révélé le manuel de la task force militaire qui gère le camp de détention de Guantanamo, les courriels internes du régime syrien, les manuels de la secte Scientologie, la vidéo Collateral Murder, 76 910 rapports secrets sur la guerre en Afghanistan, 391 832 rapports secrets sur la guerre en Irak, n'est-il vraiment pas un journaliste ? Vraiment, celui qui a révélé 251 287 câbles diplomatiques américains secrets, lesquels nous ont permis de découvrir en détail comment les États-Unis considéraient la Russie de Poutine - la décrivant comme un État mafieux - et nous ont permis de reconstituer de graves violations des droits de l'homme, des scandales et des pressions politiques dans 180 pays, n'est pas un journaliste ?
Pour leurs scoops, Assange et WikiLeaks se sont vu récompensés par une longue série de prix journalistiques. De l'Economist New Media Award au Walkley Award - considéré comme le Pulitzer australien - en passant par le Günter Wallraff Award, du nom du journaliste allemand célèbre pour ses enquêtes clandestines. Des dizaines de journalistes et de jurys du monde entier, de Londres à Berlin en passant par l'Australie, ont-ils commis une erreur flagrante en décernant un prix de journalisme à quelqu'un qui n'est pas journaliste ?
2- Assange a accompli des choses qu'un professionnel de l'information ne ferait jamais : il a aidé la lanceuse d'alerte Chelsea Manning à pirater les ordinateurs du Pentagone.
Cette affirmation est-elle vraie ? Non. Chelsea Manning est l'ancienne analyste de l'armée américaine qui a transmis à WikiLeaks 700 000 documents secrets du gouvernement américain, révélant des crimes de guerre, des actes de torture et des exécutions extrajudiciaires commis en Afghanistan, en Irak et à Guantanamo.
Même les autorités américaines, dans leur acte d'accusation contre Assange - aujourd'hui annulé parce que le procès contre le fondateur de WikiLeaks s'est terminé par un accord de plaidoyer - n'ont pas accusé Assange d'avoir piraté les ordinateurs du Pentagone. Ils l'ont inculpé pour avoir accepté d'aider Manning à déchiffrer un mot de passe. La différence est de taille. Sans entrer dans des détails extrêmement techniques, essayons d'expliquer ce que signifie l'acte d'accusation.
Pour des raisons de sécurité, les ordinateurs ne stockent pas les mots de passe des utilisateurs en texte clair. Ceux-ci sont cryptés à l'aide d'un algorithme mathématique, qui produit une valeur de hachage pour le mot de passe. C'est ce hachage qui est stocké dans l'ordinateur, et non le mot de passe lui-même.
Les autorités américaines accusent Chelsea Manning d'avoir demandé, lors d'une discussion avec un certain Nathaniel Frank - qui serait selon elles un nom de couverture utilisé par Julian Assange dans ses communications avec Manning - de l'aider à craquer un hachage de mot de passe.
Selon les États-Unis, si Chelsea Manning avait réussi à déchiffrer ce mot de passe, elle aurait pu entrer dans ces ordinateurs avec un nom d'utilisateur qui ne lui appartenait pas, ce qui aurait rendu plus difficile son identification en tant que source ayant transmis les documents à WikiLeaks.
Cependant, lors du procès d'extradition d'Assange devant les tribunaux britanniques, la défense de ce dernier a fait témoigner Patrick Eller, responsable des enquêtes informatiques au sein du Digital Investigation Command de l'armée américaine à Quantico, en Virginie, et qui, après avoir quitté l'armée, a créé une société de conseil en informatique, Metadata Forensics.
Eller a déclaré que Manning avait déjà accès à toutes les bases de données à partir desquelles elle avait téléchargé les documents envoyés à WikiLeaks et que, par conséquent, le fait de pirater les ordinateurs du Pentagone avec un nom d'utilisateur ne lui appartenant pas ne lui aurait pas donné plus d'accès qu'elle n'en avait déjà, en toute légitimité, puisque Manning était un analyste du renseignement américain et qu'elle avait donc accès aux ordinateurs du Pentagone.
Selon Eller, sur la base de ce qui est ressorti de la cour martiale de Manning, il est probable que Manning ait demandé à ce Nathaniel Frank, qui selon les autorités américaines était Assange, de l'aider à craquer un hash de mot de passe car sur les ordinateurs contenant des documents secrets, les soldats américains installaient souvent des logiciels interdits pour regarder des films, écouter de la musique et jouer à des jeux en ligne. Chelsea Manning étant particulièrement douée en informatique, ses collègues soldats la sollicitaient souvent pour installer des logiciels interdits sur les ordinateurs du Pentagone.
Ni les accusations des autorités américaines ni les contre-affirmations de l'expert de la défense d'Assange n'ont jamais été prouvées devant un juge, puisque le procès n'a jamais eu lieu et que l'affaire judiciaire contre le fondateur de WikiLeaks n'a jamais abouti à un accord de plaider-coupable.
Toutefois, si les États-Unis avaient réellement la preuve qu'Assange avait accepté en 2010 d'aider Manning à déchiffrer un mot de passe, pourquoi l'administration Obama n'a-t-elle pas immédiatement inculpé Assange pour cybercriminalité ? Cela aurait permis de mettre Assange et WikiLeaks hors d'état de nuire dès 2010. Au lieu de cela, l'administration Obama n'a jamais inculpé le fondateur de WikiLeaks pour quelque crime que ce soit.
3- Assange a grillé sa source, laquelle s'est retrouvée en prison.
Il s'agit là d'un mensonge monstrueux. Manning a été identifiée et arrêtée parce que, dans un moment de fragilité humaine, elle a avoué dans un forum de discussion à un parfait inconnu - qu'elle n'avait jamais rencontré, ni en personne ni par l'intermédiaire du web - avoir transmis des documents secrets à WikiLeaks. Cet inconnu s'appelait Adrian Lamo, c'était un informateur, qui s'est empressé de la dénoncer, et Manning s'est retrouvée en prison. Ce sont des vérités judiciaires, résultant d'une cour martiale tenue en 2013.
4- Assange n'a pas publié lui-même les documents secrets du gouvernement américain, comme le font les journalistes : il s'est appuyé sur les grands médias.
Est-ce vrai ? Non. Assange et WikiLeaks ont bel et bien publié les révélations, sur leur site. Et si aujourd'hui nous, journalistes, pouvons encore les lire et les utiliser pour enquêter, et si tout citoyen, universitaire ou militant, peut les consulter, c'est uniquement parce qu'Assange et WikiLeaks ont eu le courage de publier les documents originaux.
Les dossiers n'ont pas été rendus publics sans critères : des dizaines de journalistes de prestigieux journaux du monde entier ont travaillé en "partenariat médiatique" avec WikiLeaks pour vérifier les documents en parallèle avec Assange et WikiLeaks, pour trouver les révélations les plus importantes et protéger les noms des personnes en danger. L'auteur a travaillé sur tous les documents secrets de WikiLeaks. Ainsi, pour les câbles diplomatiques, nous avons travaillé à un rythme effréné pendant huit mois pour sélectionner les dossiers à publier.
5- Après s'être appuyé sur les grands médias pour publier les documents secrets du gouvernement américain, Assange les a contournés et a jeté tous les fichiers sur le net sans distinction, mettant en danger les sources, qui ont parlé aux troupes américaines en Afghanistan et aux dissidents de la Chine à l'Iran.
C'est faux. Si, au final, en septembre 2011, les 251 287 câbles sont sortis dans leur intégralité, sans qu'aucun nom ne soit protégé, ce n'est pas à cause d'Assange, qui aurait tout publié en ligne pour nuire aux États-Unis : c'est à cause de l'action de tiers sur lesquels ni Assange ni WikiLeaks n'avaient de contrôle.
L'accusation selon laquelle la publication des 700 000 documents secrets du gouvernement américain aurait mis des vies humaines en danger est l'une des grandes campagnes de diabolisation contre Assange et WikiLeaks, qui ont gravement nui à leur réputation.
Quatorze ans après la publication de ces dossiers, les autorités américaines n'ont pu trouver un seul exemple de personne tuée ou blessée. L'accord de plaidoyer, signé par Assange pour obtenir sa liberté, contient la confirmation finale : "À la date de cet accord de plaidoyer, les États-Unis n'ont identifié aucune victime pouvant prétendre à une réparation individuelle".
6- Les grands scoops de WikiLeaks en 2010, tels que Collateral Murder, n'ont abouti à rien.
C'est faux. Les grands scoops ont créé un modèle de journalisme d'investigation basé sur des fuites et des partenariats entre de grands journaux du monde entier. Ce modèle a été inventé par Assange lui-même en 2010, puis copié par certains des plus grands consortiums de journalisme d'investigation, comme celui qui a publié les Panama Papers.
Mais alors que les documents de WikiLeaks peuvent être lus par tout le monde (ndr : et je rajouterai gratuitement) et utilisés pour des enquêtes, des recherches universitaires et des recours devant les cours et tribunaux, les documents des autres consortiums de journalisme d'investigation restent largement inaccessibles, à l'exception des quelques reporters privilégiés y ayant accès. Le modèle de WikiLeaks est supérieur : après une période d'exclusivité limitée, au cours de laquelle quelques partenaires médiatiques ont accès aux fichiers de WikiLeaks, vérifient leur authenticité et publient leurs propres exclusivités sur la base des documents, les fichiers deviennent accessibles à tous sur le site de WikiLeaks.
Cette démarche est révolutionnaire, car elle permet à tout lecteur d'accéder aux sources primaires d'information publiées par les médias, de rechercher les faits qui l'intéressent le plus, d'utiliser les documents pour introduire une action en justice, et même de vérifier comment les journalistes les ont rapportés dans leurs articles : les ont-ils écrits fidèlement ou les ont-ils déformés, exagérés ou censurés ?
Ce processus de démocratisation renforce le pouvoir des lecteurs ordinaires : ils ne sont plus de simples destinataires passifs de ce que les journaux, la télévision et la radio rapportent, mais ont pour la première fois un accès direct aux sources primaires, réduisant ainsi l'asymétrie entre ceux qui ont ce privilège, tels que les journalistes, et ceux qui ne l'ont pas.
Les documents de WikiLeaks, comme les câbles, ont été utilisés, entre autres, par les habitants des îles Chagos pour faire appel devant la Cour suprême du Royaume-Uni de leur expulsion par les Britanniques en vue de la construction d'une base militaire américaine dans cette région. Khaled el-Masri, un commerçant en gros allemand kidnappé, torturé et sodomisé lors d'une des tristement célèbres restitutions extraordinaires de la CIA, y a également eu recours pour saisir la Cour européenne des droits de l'homme. Le Washington Post a exploité des courriels de la société italienne Hacking Team afin d'enquêter sur l'assassinat de Jamal Khashoggi.
7- Après les scoops de 2010, Assange s'est mis au service de Poutine, animant un talk-show sur la télévision du Kremlin.
Faux. L'émission The World Tomorrow diffusée sur la chaîne de télévision Russia Today, devenue RT, n'était pas une collaboration entre WikiLeaks et la télévision du Kremlin : il s'agissait d'une production indépendante. RT avait acquis la licence de diffusion auprès d'une société britannique de distribution de films, Journeyman Pictures, tout comme L'Espresso et La Repubblica l'avaient acquise pour l'Italie.
8- Lors de l'élection présidentielle américaine de 2016, Assange et WikiLeaks ont publié des courriels du parti démocrate américain volés par les services de renseignement russes. Assange a servi de porte-voix et d'amplificateur à une campagne des services de renseignement russes visant à cibler Hillary Clinton et à aider Donald Trump. Assange a nié avoir reçu les courriels des services russes, mais il existe des traces numériques.
C'est faux. Les empreintes numériques ne fournissent aucune preuve concluante que WikiLeaks a reçu les courriels des services russes, qui se cachaient derrière deux fausses identités opérant en ligne : DCLeaks et Guccifer 2.0.
En mai 2017, le ministère américain de la Justice a chargé le procureur spécial Robert S. Mueller d'enquêter sur l'affaire du Russiagate, c'est-à-dire sur les opérations d'influence présumées de la Russie lors de l'élection présidentielle de 2016. Après presque deux ans d'enquête, le "rapport Mueller", qui résume les conclusions de l'enquête, a été publié en avril 2019. Ce rapport a montré que la Russie avait interféré dans l'élection en piratant les courriels des démocrates, bien que le procureur n'ait trouvé aucune preuve d'un complot ou d'une coordination entre la campagne de Trump et la Russie, hypothèse qui était au cœur de la théorie du Russiagate.
Selon le rapport de Mueller, cachés derrière deux fausses identités, DCLeaks et Guccifer 2.0, les services de renseignement russes de la Grue auraient contacté WikiLeaks par le biais de messages directs sur Twitter pour proposer les documents, qui ont ensuite été envoyés via des courriels cryptés PGP. Mueller n'a pas accusé l'organisation d'Assange de savoir que la Russie était derrière ces deux identités, ni expliqué une contradiction macroscopique : comment est-il possible que le fondateur de WikiLeaks ait annoncé urbi et orbi la publication des emails le 12 juin 2016, alors que le premier contact avec DCLeaks avait eu lieu, selon l'enquête de Mueller, le 14 juin, et celui avec Guccifer 2.0 le 22 juin ? Les "traces" numériques ne résolvent pas cette contradiction, et le rapport Mueller n'offre aucune certitude quant à l'identité et à la manière dont ces courriels ont été transmis à WikiLeaks.
Huit années se sont écoulées depuis la publication des courriels des démocrates américains ; à ce jour, WikiLeaks et Julian Assange n'ont pas été inculpés pour la publication des courriels des démocrates, et l'enquête n'a pas permis d'identifier une quelconque coordination entre la campagne de Donald Trump et l'organisation d'Assange.
Un mois après la victoire de Trump, la BBC a interviewé le rédacteur en chef du New York Times de l'époque, Dean Baquet, qui avait publié de nombreux articles basés sur les courriels des démocrates révélés par WikiLeaks. Ce dernier a déclaré que l'idée que leur publication aurait pu le mettre au service de Vladimir Poutine l'avait parfois empêché de dormir, mais il a ajouté : "Cela m'empêcherait encore plus de dormir, ou en tout cas pendant plus longtemps, de garder le silence sur des informations provenant d'un piratage que je sais être vraies et dont les électeurs et les citoyens devraient avoir connaissance. Cela me mettrait vraiment mal à l'aise... Est-ce que je perdrais un peu de sommeil parce que j'ai été manipulé ? Bien sûr, mais j'en perdrais beaucoup plus si je gardais ces informations dans un coffre-fort".
La BBC a résumé la pensée du rédacteur en chef du New York Times de la manière suivante : "Pour Baquet, l'information prime sur tout, quelle que soit la manière dont elle a été obtenue". C'est Donald Trump lui-même qui, en avril 2019, a inculpé Julian Assange, non pas pour avoir publié les courriels des démocrates : il l'a inculpé pour avoir révélé des dossiers secrets du gouvernement américain, transmis à WikiLeaks par Manning, qui ont permis de révéler des crimes de guerre, des tortures, des assassinats extrajudiciaires par drones, de l'Afghanistan à l'Irak, en passant par Guantanamo.
9- Assange n'a jamais comparu devant un tribunal parce qu'il a toujours fui. Il n'a donc jamais été interrogé sur les accusations de viol.
C'est faux. Le fondateur de WikiLeaks a été interrogé par la police suédoise le 30 août 2010, dix jours après l'ouverture de l'enquête suédoise pour viol et harcèlement. Si le second interrogatoire a pris plus de six ans et n'a été mené à Londres que le 14 novembre 2016, c'est à cause de la procureure Marianne Ny, qui a refusé d'utiliser les accords de coopération judiciaire (Mlat) pour l'interroger dans la capitale britannique (ndr : avec autorisation de partir pour Londres), où Assange s'était rendu pour travailler sur la publication de documents secrets du gouvernement américain avec le Guardian.
Depuis 2010, les avocats du fondateur de WikiLeaks avaient demandé à ce qu'il soit interrogé par téléphone ou par vidéoconférence, par écrit ou en personne à l'ambassade d'Australie ou d'Équateur. En se réfugiant dans l'ambassade équatorienne, le fondateur de WikiLeaks ne s'est pas soustrait à la justice suédoise : l'Équateur a immédiatement offert sa coopération à la Suède pour permettre l'interrogatoire dans l'ambassade, avant même de lui accorder l'asile. La Suède n'a même jamais répondu. Toutes les options pour l'interroger par téléphone, par vidéoconférence ou en personne à l'ambassade étaient parfaitement légitimes en vertu du droit suédois, mais la procureure les a toutes rejetées.
Seule notre bataille juridique avec la loi sur la liberté de l'information (FOIA) nous a permis de découvrir pourquoi : ce sont les autorités britanniques du Crown Prosecution Service qui ont demandé aux autorités suédoises de ne pas l'interroger à Londres et, ce faisant, ont contribué à créer la paralysie judiciaire et diplomatique par laquelle Assange est piégé au Royaume-Uni depuis 2010. L'enquête menée par le rapporteur spécial contre la torture, Nils Melzer, a confirmé nos révélations et mis au jour cinquante violations des droits de la défense, dont une "manipulation proactive des preuves".
Les allégations de viol ont privé le public de toute empathie pour le fondateur de WikiLeaks pendant une décennie, en particulier le segment de l'opinion publique le plus sensible aux révélations de documents du gouvernement américain sur les crimes de guerre et la torture, étant donné que, bien souvent, ce segment coïncide avec celui qui se préoccupe le plus des droits de la femme. L'enquête suédoise a joué un rôle crucial en piégeant Assange à Londres à partir de 2010, sous la surveillance constante de Scotland Yard, jusqu'à son arrestation par les autorités britanniques le 11 avril 2019.
10- Julian Assange a systématiquement attaqué l'Occident, servant les intérêts de Poutine, mais l'Occident est supérieur à ce qu'il pense, car Obama a gracié Chelsea Manning et Biden a rendu sa liberté à Assange.
Faux. Assange n'a pas servi les intérêts de Poutine en révélant les crimes de guerre et la torture des troupes américaines en Afghanistan. Tout d'abord, WikiLeaks n'a pas seulement mis au jour les crimes de guerre des forces américaines, mais aussi, par exemple, ceux des talibans. Ensuite, en les révélant, WikiLeaks n'a pas servi les intérêts de Poutine : il a servi les intérêts des citoyens des pays démocratiques, en droit de savoir ce que leurs gouvernements font avec l'argent de leurs impôts et en leur nom.
Révéler les crimes de guerre du monde occidental n'est pas au bénéfice de la Russie ou de la Chine. C'est la première étape pour demander justice et punir les criminels. Si les citoyens n'ont pas accès aux informations sur le fonctionnement des appareils d'État, des services secrets et de la diplomatie, la démocratie ne saurait exister.
Assange a toujours été critiqué comme le fils ingrat de l'Occident, qui l'a élevé grâce à l'aide sociale et à la liberté d'éclairer les recoins les plus sombres de nos gouvernements. Un Occident qui, selon Omnibus, peut finalement être considéré comme bienveillant, puisqu'Obama a gracié Chelsea Manning et que Biden a rendu sa liberté à Assange.
En réalité, le président Obama n'a pas gracié Manning, il a commué sa peine de 35 ans en 8 ans qu'elle avait déjà purgés dans une prison militaire très dure, parce que Manning avait tenté de se suicider à deux reprises. Lorsque Trump a été élu, Manning a été réincarcérée et a tenté de se suicider une troisième fois. Ce n'est qu'à ce moment-là que les autorités américaines l'ont libérée. Les États-Unis ne souhaitaient et ne pouvaient se comporter comme la Russie de Poutine, où les journalistes et leurs sources finissent souvent assassinés. C'est également la raison pour laquelle Assange n'a pas été assassiné et a finalement été libéré.
Une dictature aurait envoyé des assassins et des matraques pour liquider Assange et les journalistes de WikiLeaks peu après la publication de Collateral Murder. Le complexe militaire et de renseignement des États-Unis et de leurs alliés, en revanche, a utilisé des techniques moins brutales. Et c'est certainement préférable. Mais le fait est qu'il n'est pas nécessaire d'être brutal lorsque l'on peut briser un journaliste par la torture psychologique au lieu de la torture physique. Il n'est pas nécessaire de brûler les bras d'Assange à coups de cigarettes quand on peut l'amener au bord du suicide, avec dix ans de détention arbitraire sans une heure de temps de parole et sans échappatoire.
Pour avoir révélé des crimes de guerre et des actes de torture, Manning a été condamnée à 35 ans de prison, a passé 8 ans en prison et a tenté de se suicider à trois reprises. Assange pour sa part en a passé 14 entre l'enfermement à l'ambassade d'Équateur et l'incarcération. Les criminels de guerre et les tortionnaires révélés par WikiLeaks, en revanche, ont toujours dormi tranquillement dans leur lit, profitant de leur famille, sans être inquiétés.
C'est cette face cachée de l'Occident que dénonce Assange, traité d'enfant dégénéré, de vendu à Poutine, de violeur, de criminel ayant du sang sur les mains. Voir sa réputation détruite n'a pas dû être facile pour lui, sans oublier que rien ni personne ne pourra lui rendre les plus belles années de sa vie.
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9- ➤ Célébrons la liberté de Julian Assange et souhaitons-lui un joyeux anniversaire
Ce mercredi 3 juillet 2024 devant Australia House entre 15h et 17h, The Strand, Londres, métro le plus proche Temple dans les lignes District et Circle.
Par greekemmy, le 2 juillet 2024, Wise Up Action
Le lundi 24 juin 2024, Julian Assange a quitté la prison de Belmarsh et, le mercredi 26, il est sorti d'un avion en Australie, son pays natal, en homme libre.
C'est une victoire pour tous ceux qui ont défendu sa liberté tout au long des 14 années qu'a duré son calvaire. Par son travail au sein de Wikileaks, il a œuvré pour le public et nous ne l'avons pas abandonné. Cette victoire, nous l'avons gagnée pour lui et pour nous-mêmes !
Rejoignons la vigie régulière devant Australia House demain mercredi 3 juillet entre 15h et 17h pour célébrer la liberté de Julian à l'occasion de son 53ème anniversaire !
Julian Assange est libre sous le ciel australien, entouré de ses proches. Contribuer à sauver la vie d'un homme qui a choisi de défendre de son corps la pierre angulaire de notre démocratie, la liberté de la presse, le droit du public de savoir et, grâce à ce savoir, de demander des comptes à ceux qui le gouvernent, procure un sentiment d'accomplissement inégalé. Pendant ces 14 longues années, il est resté constant et fidèle à ses convictions et a publié avec courage. Nous l'avons soutenu au cours de nombreuses épreuves et vicissitudes. Il a résisté et nous avons résisté avec lui. Nous lui souhaitons une vie heureuse et épanouie avec tous les êtres qui lui sont chers autour de lui et les choses auxquelles il aspire.
Mais soyons clairs. Julian Assange est peut-être libre, mais la justice n'a pas été rendue. Ceux qui l'ont persécuté sont aujourd'hui vaincus, mais ils ont arraché leur part de chair. Je parle au nom de beaucoup en disant que tout ce qu'il a subi et ceux qui en sont responsables ne seront pas oubliés. Pour obtenir justice, la corruption qui a conduit à sa persécution doit être révélée dans son intégralité et les responsables doivent faire amende honorable.
Notre combat en faveur des Éditions du courage et d'un journalisme de vérité se poursuit.
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10- ➤ Julian Assange peut enfin fêter son anniversaire en tant qu'homme libre
Pour la première fois depuis 14 ans, Julian Assange peut célébrer son anniversaire en tant qu'homme libre, sans bracelet électronique, ni en asile dans une ambassade, ni derrière les barreaux d'une cellule six mètres carrés de la prison de haute sécurité de Belmarsh. Il est de retour dans son pays d'origine, l'Australie, avec sa famille. Les partisans d'Assange du monde entier fêteront cela avec lui, et ses mérites en matière de liberté de la presse et d'information seront certainement évoqués lors de ces célébrations. C'est d'ailleurs une nécessité, car de nombreux médias établis ressassent de vieilles allégations de diffamation depuis bien longtemps réfutées.
Par Moritz Müller, le 3 juillet 2024, NachDenkSeiten
En ce 3 juillet, j'espère de tout cœur que Julian Assange se porte à peu près bien et qu'il puisse d'une manière ou d'une autre assimiler les sensations ou les non-sensations de ces dernières années. Sa détention à Belmarsh, où il a passé jusqu'à 23 heures par jour seul dans sa minuscule cellule, avec seulement "ses amis, les livres", était pour ainsi dire l'intensification de son isolement à l'ambassade équatorienne, où il a dû rester près de sept ans. Cette ambassade était un appartement situé dans le centre de Londres, sans jardin ni autre espace extérieur.
Ces années passées dans ces conditions ont laissé de graves séquelles sur la santé de Julian Assange. Comme pour tout prisonnier libéré, sa liberté retrouvée doit lui paraître bien étrange. On dit qu'être incarcéré à tort vous semble encore bien plus terrible.
Et il n'est pas le seul à le penser, des millions de personnes dans le monde - celles qui ont observé l'affaire, en ont entendu parler de temps en temps ou se sont battues pour sa liberté. C'est probablement grâce à ces militants, dont certains ont pris sa défense dès le début de sa persécution, que les États-Unis et le Royaume-Uni ont finalement décidé de classer l'affaire. Les persécuteurs d'Assange ont compris que ses soutiens ne faibliraient pas, car celui qui manifeste depuis 13 ans continuera sans doute à le faire pour 13 autres années, et dans le cas d'Assange, le nombre de soutiens actifs s'est progressivement accru avec le temps.
Si les différents groupes de soutien - ou même l'ensemble d'entre eux - parvenaient à canaliser les structures créées et l'énergie positive existante vers d'autres projets majeurs, ce serait une excellente initiative. Tant de choses restent à faire dans ce monde qui est le nôtre, mais aussi si divisé. De nombreux conflits régionaux ont le potentiel de se transformer en une véritable guerre. Le travail d'information sur les guerres en Afghanistan et en Irak, entamé à l'époque par WikiLeaks, pourrait être repris d'une manière ou d'une autre, et ceux qui ont soutenu la liberté de Julian Assange grâce à cette information pourraient aider à porter les informations de fond à la connaissance du public. Espérons que Julian Assange contribuera à nouveau à ce discours en temps voulu.
Dans la plupart des guerres, tout n'est pas noir ou blanc, les nuances sont nombreuses, et derrière les choses se cachent souvent des raisons bien différentes de celles que l'on veut nous faire avaler. La finalité des entreprises d'armement est de faire de l'argent, et gouverner une population dans la peur et la précarité devient bien plus aisé que gouverner une population où les citoyens ont vraiment le temps et le loisir de réfléchir et de mener une véritable activité politique.
Après la libération de Julian Assange, les voix de ceux pour qui il est une épine dans le pied et qui sont trop liés au pouvoir politique et économique se font à nouveau entendre. Certains prétendent que Julian Assange n'est pas vraiment un journaliste et que ses révélations ont mis des personnes en danger. Même la juge américaine devant laquelle Assange a dû plaider coupable dans le cadre du Plea Deal (accord de plaidoyer) a souligné, lors de la brève audience à Saipan, que les publications de WikiLeaks n'avaient causé aucun dommage physique à quiconque.
D'autres représentants des médias institutionnels continuent d'affirmer qu'Assange n'est pas un vrai journaliste et que WikiLeaks n'a pas mené de travail éditorial. Cela aussi est faux, et Julian Assange est ou a été membre de plusieurs associations de journalistes reconnues. Il s'est également vu décerner bon nombre de prix par des organisations de presse.
Il y a donc encore du pain sur la planche, et la première chose à faire est de se rendre spontanément à l'une des fêtes d'anniversaire proposées sur FreeAssange.eu. Des événements à Berlin, Cottbus, Düsseldorf, Francfort-sur-le-Main, Hambourg et Vienne sont mentionnés, et à Londres aussi, l'Australia-Haus promet de connaître des moments animés.
Le NachDenkSeiten souhaite également un excellent anniversaire à Julian et lui adresse ses vœux les plus sincères !
En outre, pour protéger Julian Assange et la liberté de la presse, il serait sans aucun doute judicieux que d'autres villes le déclarent citoyen d'honneur et que Berlin, par exemple, suive Rome et d'autres villes dans cette voie.
📰 https://www.nachdenkseiten.de/?p=117533
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11- ➤ Assange sans ses chaînes
Un ancien ouvrage illustre la menace contemporaine qui pèse sur le journalisme.
Par Constantine Markides, le 4 juillet 2024, Blog personnel
Vous avez probablement entendu parler de Prométhée, de la façon dont il a volé le feu aux dieux. Vous connaissez aussi sans doute son châtiment : Zeus l'a enchaîné à un rocher et un rapace s'est abattu sur lui chaque jour pour lui ronger le foie, mais l'organe se régénérait dans la nuit. Le supplice rivalise avec tout ce que Dante a inventé.
Mais saviez-vous que Prométhée était le meilleur ami de Zeus, même si cette dernière affirmation s'est révélée cynique ? Ou que Zeus l'a enrôlé avec son frère pour créer les humains ? Les monothéistes qui ont écrit la Genèse ont omis la vérité gênante selon laquelle Prométhée nous a façonnés à partir de la terre. C'est vrai. Sans lui, nous ne serions peut-être encore que de tristes petits amas d'argile desséchés sur la côte thessalienne. Le moins que nous puissions faire, en tant qu'êtres vivants, capables de respirer et (semi) conscients, c'est de prendre une minute pour apprendre à connaître notre ancêtre. Sans oublier que l'histoire de Prométhée jette une lumière ardente sur notre époque. Comme le dit la citation de Faulkner (qui, fidèle à lui-même, ne semble jamais mourir), le passé n'est jamais mort. Il n'est même pas passé.
J'écris aujourd'hui, à l'occasion de la fête de l'indépendance des États-Unis, sur la pertinence éternelle de Prométhée parce que, la semaine dernière, Julian Assange a été libéré après avoir conclu un accord de plaidoyer avec le ministère américain de la justice. Ce n'est pas la première fois que j'écris sur Prométhée et Assange (La proie Assange) :
La Proie Assange
Regardez l'aigle au-dessus de la montagne, plongeant vers sa proie, masquant le soleil.
L'homme blafard à la barbe blanche, enchaîné au rocher grimace de douleur lorsque les serres s'ancrent sur ses cuisses, l'oiseau de proie se juche sur son pain quotidien un homme à qui l'on ne pardonne pas son audace.
La tête s'incline, son œil noir et meurtrier reflétant la froide volonté de son seigneur enchérisseur, puis le bec crochu commence à donner des coups, poignardant ses entrailles, en quête du foie.
Toute la journée, l'homme blême sur la montagne se tord de douleur dans une agonie sans répit que l'aigle chauve, cet emblème majestueux de l'autorité, éventre, petit à petit, avec minutie, cruellement, se délectant de son festin du jour, tissu après tissu, infligeant le châtiment décrété à cet hérétique, ce porte-flambeau et fauteur de troubles
Ce n'est que lorsque le jour tombe quand le soleil se lasse de ce théâtre macabre, que l'aigle, rassasié de son orgie sanguinaire, se retire dans le ciel rougeâtre, laissant l'homme anéanti cicatriser dans l'obscurité, son foie se régénérant en une nuit jusqu'à ce que son torse, cette maudite corne d'abondance d'organes, à l'aube soit reconstitué, juste à temps pour le prochain festin.
C'est ainsi que cela se passe. Jour après jour, car en matière de pouvoir... que vous soyez les mortels fondateurs goûtant au fruit défendu, un ange luciférien refusant de servir, ou un fougueux éditeur de secrets d'État... la désobéissance ne cessera jamais d'être le crime suprême.
Bien en deçà de cette montagne, dans les salons fastueux des privilèges, les valets de l'État, se prétendant journalistes, vont et viennent à leur guise.
Forts de leur accointance avec le pouvoir, aux dîners des correspondants, ils festoient et s'auto-récompensent, se félicitant de leur intégrité professionnelle, évoquant les dissidents emprisonnés des ennemis officiels.
Pourtant, jamais ils ne mentionnent l'homme blême, ne prêtent la moindre attention, ni ne demandent pourquoi un éditeur est enchaîné sur leur montagne.
Et pourquoi le feraient-ils, ces scribouillards de l'empire ? Ils connaissent parfaitement leur rôle, tout comme un boiteux sait comment se faire plaindre, une courtisane comment plaire, et un barbouze comment obéir.
Pourquoi saper leur prestige, alors que les élus ont proclamé l'homme blafard coupable d'espionnage ? Pourquoi passer des nuits d'insomnie à cause d'un traître enchaîné ?
Inutile de se dérober aux miroirs, puisqu'ils ont consciencieusement intériorisé, à l'instar des laquais en feston, que ce "journaliste" (oreilles de lapin requises) n'est qu'un criminel, un pion d'États hostiles, un complice des contrevenants à la loi, une menace pour la sécurité nationale, un violeur de liberté sous caution, un criminel sexuel !
Pourquoi ces serviteurs de la Cour devraient-ils s'inquiéter et risquer le discrédit ? Bien trop occupés qu'ils sont déblatérer sur les emprisonnements et les injustices du dernier ennemi en date.
Bien trop occupés à prédire l'avenir sans ironie aucune sur les menaces imminentes qui pèsent sur la presse.
Bien trop occupés à se chamailler avec les orthodoxies de l'époque.
Bien trop occupés à considérer que, là-haut, sur la montagne, au-delà de leur champ de vision, au-delà de la lueur des foyers, un Titan de leur profession reste une proie enchaînée au roc.
Mais revenons à ce billet du 4 juillet et commençons par le début.
Tout savoir sur Prometheus en une minute
Prométhée était l'un des Titans, les anciens dieux grecs préolympiens. Son nom signifie "le prévoyant". Rusé, Odysséen (1), il rompit astucieusement les rangs et se rangea du côté des Olympiens lors de la Titanomachie, la lutte épique freudienne de dix ans entre le père (Cronos et les Titans) et le fils (Zeus et ses frères et sœurs). Une fois la guerre gagnée par les Olympiens, Prométhée et Zeus sont devenus les meilleurs amis du monde. Ils étaient si proches que Zeus chargea Prométhée de créer les humains (contrairement à Atlas, le frère de Prométhée, qui avait combattu dans le mauvais camp et qui, par conséquent, fut chargé de porter à jamais le monde sur ses épaules et de voir les tomes de cartes porter son nom).
La création de Prométhée était soumise à une condition : le feu n'était pas autorisé. Il aurait rendu les humains trop puissants et trop autonomes, et Zeus avait besoin d'hommes serviles et dépendants, en perpétuelle admiration et adoration de sa suprématie. Mais Prométhée souhaitait libérer les serfs. Vous connaissez sans doute la suite : Prométhée vole le feu et Zeus le punit en l'enchaînant pour l'éternité et en lui faisant manger ses entrailles tous les jours.
Un destin difficile, sans aucun doute, mais Prométhée est resté pour les romantiques et les anti-autoritaires (2) le parrain de l'individualisme et du potentiel humain, l'archi-rebelle défiant les règles injustes. Milton avait certainement Prométhée à l'esprit lorsqu'il a conçu Satan pour le Paradis perdu. Vous verrez même des échos de Prométhée dans l'ouverture des Jeux olympiques de cet été. Le port de la torche représente le feu sacré dérobé aux cieux.
Ce que la plupart des gens ignorent, c'est que le destin macabre de Prométhée connaît une fin heureuse, du moins selon le récit d'Hésiode. Après avoir achevé son onzième travail, Hercule demanda conseil à Prométhée pour relever le douzième défi : se procurer les pommes d'or des Hespérides. Trouvant Prométhée en train de se faire manger vivant de façon plutôt indécente, Hercule tua l'aigle en lui décochant des flèches trempées dans le sang empoisonné de l'hydre, avant de le libérer de ses chaînes. En retour, Prométhée offrit à Hercule les informations stratégiques dont il avait besoin. Donne, et tu recevras en retour.
Faisons maintenant un bond en avant à travers les générations de dieux et de mortels jusqu'à aujourd'hui. Malgré toutes les déformations habituelles des médias nécessitant d'être déboulonnées, je ne m'aventurerai pas trop loin dans les méandres procéduraux de la chronologie Assange (même si je me ferai un plaisir de le faire dans les commentaires, alors n'hésitez pas à vous exprimer). Mais voici un bref aperçu des derniers développements :
Le point sur la libération d'Assange en une minute
Julian Assange est enfin libre - après une douzaine d'années d'enfermement, d'abord dans une ambassade équatorienne, puis, bien qu'il n'ait pas été reconnu coupable d'un crime, dans la prison de haute sécurité de Belmarsh au Royaume-Uni - en échange de son plaidoyer de culpabilité pour conspiration en vue d'obtenir et de divulguer des informations relatives à la sécurité nationale. La justification donnée pour cette accusation inventée (inventée aussi, comme je l'expliquerai sous peu) est qu'il a aidé Chelsea Manning à éviter d'être repérée en 2010 suite à une fuite de secrets gouvernementaux concernant les guerres en Irak et en Afghanistan, et a demandé à Manning s'il existait d'autres documents.
Cela peut sembler terriblement conspirationniste et criminel, mais c'est ce que fait tout journaliste : vous vous assurez que votre source est protégée et vous recueillez autant d'informations que possible. Puisqu'ils ne peuvent poursuivre Assange pour avoir publié les secrets - après tout, les principaux organes de presse, y compris le New York Times, qui divulgue constamment des informations classifiées, pourraient également être reconnus coupables (c'est pourquoi l'administration Obama a décidé de ne pas le poursuivre) - ils ont essayé de monter un dossier selon lequel il a conspiré avec Chelsea Manning et l'a encouragée à divulguer des informations, ce qui, une fois de plus, revient à les publier, simplement enrobées d'un jargon juridique.
Il ne s'agit pas d'une décision de justice, elle ne peut donc être utilisée pour poursuivre d'autres journalistes prométhéens qui bravent l'autorité de Zeus, mais elle servira à les effrayer. Il est difficile de dire si les poursuites contre Assange auraient tenu la route aux États-Unis, même dans un tribunal kangourou. Les responsables de Biden n'auraient pas non plus voulu qu'un prisonnier politique soit jugé au cours d'une année électorale, surtout lorsque l'administration se présente comme la sentinelle de la démocratie et de la liberté de la presse (rappelons que lors du dernier dîner des correspondants de presse, l'emprisonnement d'Assange n'a jamais été évoqué au milieu de l'indignation suscitée par Navalny et de l'autosatisfaction de l'exceptionnalisme américain). Au lieu de cela, après une pression publique croissante, ils ont libéré Assange, mais seulement à condition d'exiger son plaidoyer de culpabilité pour un crime relevant de la loi sur l'espionnage (Espionage Act). Ce faisant, ils ont envoyé un message glaçant aux journalistes : si vous êtes un journaliste critique plutôt qu'un sténographe de la cour, vous vous exposez à la menace de poursuites.
Bien entendu, l'ironie est qu'Assange est méprisé par les loyalistes du Parti démocrate, non pas en raison de l'accusation - conspiration avec Chelsea Manning - mais en raison de sa divulgation des courriels d'Hillary Clinton et du rôle que cela a pu jouer dans la victoire de Trump. C'est à ce moment-là que les démocrates de la bande de Zeusy se sont retournés contre Assange, qu'ils toléraient et louaient même comme leur meilleur ami à l'époque où il dénonçait les malversations de l'administration Bush en Irak et en Afghanistan.
Mais de peur que vous ne pensiez que je rejette toute la responsabilité sur la cabale de Biden, permettez-moi d'ajouter que c'est Trump, le trouble-fête qui a fait campagne sur le thème "drainer le marais", dont la quintessence de la nomination d'une créature de marais à la tête de la CIA, Mike Pompeo, a contraint l'Équateur à autoriser la police londonienne à investir leur ambassade et à y arrêter Assange. C'est sous Trump en 2019, grâce à Pompeo et à son zèle pour détruire Assange et Wikileaks, que cet acte d'accusation d'espionnage bidon a été concocté pour le maintenir en détention. Trump a peut-être fait l'éloge d'Assange et de Wikileaks dans sa rhétorique, mais son administration s'est avérée la plus préjudiciable à Assange et, au moins en ce qui concerne ce cas de poursuite montée de toutes pièces, au journalisme de manière plus générale. Non pas que Biden et consorts n'aient pas été heureux de poursuivre cette mascarade trois années de plus, en veillant à ce qu'Assange croupisse dans une cellule de 2 mètres sur 3 en isolement 23 heures par jour, et en ne le libérant qu'après avoir obtenu leur part de la viande d'espionnage.
Voilà, c'est fait. Je vous laisse établir les liens entre passé et présent, entre mythes et faits. J'ai plongé plus profondément que je ne l'aurais voulu dans les abjectes méandres procéduraux, mais lorsqu'il n'y a pas de fleurs, il faut parfois s'arrêter et sentir l'odeur de la merde.
Prométhée et Zeus. Assange et État sécuritaire. Feu et Chaînes.
Enchaînezy- vous pour l'éternité à ma liste de diffusion.
1. Pour être juste, c'est Ulysse qui devrait être qualifié de prométhéen. Nous savons ici quelle poule a pondu quel œuf.
2. Et pour moi aussi. Ce Substack a failli s'intituler Fire and Chains (Feu et chaînes). En fait, tapez fireandchains.com dans votre barre d'adresse et vous serez redirigé vers cette sous-série. J'aurais choisi ce titre s'il n'avait pas un peu trop ressemblé à une fanfiction de Game of Thrones ou à un site de libertinage (mais encore une fois, c'est peut-être une bonne chose).
📰 Lien de l'article original :
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12- ➤ Roger Waters aidera à financer WikiLeaks et espère le retour d'Assange
Par Bangkok Post, le 3 juillet 2024
LONDRES - Le musicien et auteur-compositeur-interprète Roger Waters a déclaré qu'il espérait que Julian Assange, désormais libre, pourrait un jour reprendre son travail à WikiLeaks s'il le souhaitait, et qu'il était prêt à contribuer au financement de l'organisation médiatique qui dénonce les abus.
Le cofondateur de Pink Floyd, qui demande depuis longtemps la libération de l'éditeur australien incarcéré en Grande-Bretagne, a déclaré à Reuters qu'il avait échangé des "soupirs de soulagement" avec Stella, l'épouse d'Assange, depuis son arrivée à Canberra la semaine dernière.
Waters a également rendu visite à Assange en prison l'année dernière avec Stella et l'ancien ministre grec des finances Yanis Varoufakis.
Assange a atterri en Australie après avoir plaidé coupable de violation de la loi américaine sur l'espionnage, dans le cadre d'un accord qui le libère d'une bataille juridique de 14 ans. Waters a déclaré qu'il se trouvait désormais "dans un endroit secret" avec sa famille.
"S'il le peut ( reprendre ses activités au sein de WikiLeaks), s'il en a le cœur et si c'est ce à quoi il aspire, je suis certain qu'il a les couilles de le faire. Cela reste à voir", a-t-il dit dans une interview.
À la question de savoir si Assange serait en état de le faire, Waters a répondu :
"Il faudrait lui poser la question pour connaître sa réponse... mais je l'espère. Je croise les doigts. Mais j'espère surtout qu'il verra ses garçons grandir et qu'ils pourront enfin discuter avec leur père".
Stella Assange a déclaré qu'il était trop tôt pour dire ce que son mari ferait ensuite et qu'il avait besoin de temps pour se rétablir et "s'habituer à la liberté". Assange ne s'est pas exprimé publiquement depuis sa libération.
WikiLeaks cite plusieurs organisations médiatiques internationales parmi ses coéditeurs, ses partenaires de recherche et ses bailleurs de fonds. Il précise également qu'il s'agit d'une organisation à but non lucratif financée par des dons publics.
À la question de savoir s'il serait prêt à contribuer au financement de WikiLeaks, fondé par Assange en 2006, Waters a répondu :
"Évidemment. Je veux dire que je ne peux pas tout financer. Je veux qu'ils encouragent les lanceurs d'alerte du monde entier à se tourner vers eux".
Reuters a contacté WikiLeaks pour un commentaire.
📰 https://www.bangkokpost.com/world/2822546/roger-waters-says-prepared-to-help-fund-wikileaks-hopeful-assange-might-return
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13- ➤ Le rôle de Starmer dans la persécution d'Assange
En tant que chef du service des poursuites de la Couronne britannique, le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer a joué un rôle clé dans la mise en place de la machine judiciaire infernale qui a écrasé Assange pendant 14 ans.
Et maintenant que l'un des acteurs clés de cette affaire vient d'être élu premier ministre, la probabilité que nous apprenions un jour la vérité s'amenuise encore davantage.
Par Thomas Fazi, le 5 juillet 2024, Blog personnel
Si Julian Assange a enfin été libéré le mois dernier, après un calvaire long de 14 ans, de nombreux mythes persistent encore sur cette affaire. L'un d'entre eux est que l'affaire du viol présumé de deux femmes par Assange en Suède, en 2010, n'a jamais été jugée parce qu'Assange s'est soustrait à la justice. En réalité, Assange, qui se trouvait alors au Royaume-Uni, a accepté d'être interrogé de diverses manières, par téléphone ou par vidéoconférence, ou encore en personne à l'ambassade d'Australie. Mais les autorités suédoises ont insisté pour l'interroger en Suède. L'équipe juridique d'Assange a fait valoir que l'extradition d'un suspect simplement pour l'interroger - et non pour le juger, puisqu'il n'avait jamais été inculpé - était une mesure disproportionnée.
Il ne s'agissait pas d'un simple détail technique : Assange craignait que s'il était extradé vers la Suède, les autorités de ce pays l'extraderaient à leur tour vers les États-Unis, où il avait toutes les raisons de penser qu'il n'y bénéficierait pas d'un procès équitable. Après tout, la Suède a toujours refusé d'offrir à Assange une quelconque garantie de non-extradition vers l'Amérique. C'est la raison pour laquelle, lorsqu'en 2012 la Cour suprême britannique a décidé qu'il devait être extradé vers la Suède, Assange a demandé l'asile politique à l'ambassade de l'Équateur. De là, il a continué à faire savoir qu'il était prêt à être interrogé par les autorités suédoises au sein de l'ambassade, mais celles-ci n'ont jamais répondu.
Grâce à une enquête FOIA menée par la journaliste italienne Stefania Maurizi, il est apparu plus tard que le Crown Prosecution Service (CPS), principal organisme public chargé des poursuites pénales au Royaume-Uni, dirigé à l'époque par Keir Starmer, avait joué un rôle crucial pour inciter la Suède à adopter cette ligne de conduite pour le moins inhabituelle. Début 2011, alors qu'Assange était encore assigné à résidence, Paul Close, avocat britannique du CPS, a donné à ses homologues suédois son avis sur l'affaire, apparemment pas pour la première fois. "Mon avis précédent demeure : à mon avis, il ne serait pas prudent pour les autorités suédoises d'essayer d'interroger l'accusé au Royaume-Uni", a écrit M. Close. Pourquoi le Crown Prosecution Service a-t-il déconseillé aux Suédois la seule stratégie juridique qui aurait pu permettre de résoudre rapidement l'affaire, à savoir interroger Julian Assange à Londres, plutôt que d'insister sur son extradition ?
Avec le recul, il semble évident que l'objectif du CPS était précisément de maintenir l'affaire dans un vide juridique, et Assange piégé en Grande-Bretagne, aussi longtemps que possible, surtout si l'on considère à quel point le dossier contre lui était bancal à l'origine. Après tout, quel meilleur résultat pour les ennemis d'Assange que de le garder sous enquête des années durant, en le soupçonnant d'être un violeur mais sans jamais l'inculper ni l'innocenter une fois pour toutes, justifiant ainsi sa détention arbitraire ? Le traitement hostile du CPS à l'égard d'Assange, citoyen d'un pays allié, s'est poursuivi même après qu'il se soit réfugié à l'ambassade d'Équateur, par exemple en insistant pour lui refuser un "sauf-conduit" sur le territoire britannique afin qu'il puisse être soigné dans un hôpital pour un problème à l'épaule.
Un an après qu'Assange se soit réfugié dans l'ambassade, il semble que le procureur suédois ait envisagé d'abandonner la procédure d'extradition, mais qu'il en ait été dissuadé par le CPS. Le procureur était préoccupé, entre autres, par les coûts croissants des agents de Scotland Yard qui surveillaient l'ambassade jour et nuit. Mais pour les autorités britanniques, ce n'était pas un problème ; elles ont répondu qu'elles "ne considéraient pas les coûts comme un facteur pertinent dans cette affaire".
En raison du comportement hautement inhabituel des autorités suédoises, Assange avait alors été arbitrairement et illégitimement placé en détention pendant sept ans, comme l'a même conclu le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire.
Quel rôle, le cas échéant, Keir Starmer a-t-il joué dans tout cela en tant que chef du CPS ? Pendant la période où cette instance supervisait l'extradition d'Assange vers la Suède, Keir Starmer s'est rendu à plusieurs reprises à Washington. Les archives américaines montrent que Starmer y a rencontré le ministre de la Justice Eric Holder ainsi qu'un grand nombre de responsables américains et britanniques de la sécurité nationale. En vertu de la loi sur la liberté de l'information, l'organisation médiatique britannique Declassified UK a demandé l'itinéraire de chacun des quatre voyages de Starmer à Washington, ainsi que les détails de ses réunions officielles, y compris les notes d'information. Le CPS a répondu que tous les documents relatifs à ces voyages avaient été détruits. Le CPS n'a pas répondu aux demandes d'éclaircissement ni indiqué si la destruction des documents était systématique.
De même, lorsque Maurizi a soumis une demande FOIA au CPS pour faire la lumière sur la correspondance entre Paul Close et les autorités suédoises, on lui a également répondu que toutes les données associées au compte de Paul Close avaient été supprimées lors de son départ à la retraite et ne pouvaient être récupérées. D'autres questions se posent alors : pourquoi le CPS a-t-il détruit des documents clés sur une affaire très médiatisée et en cours ? Et qu'est-ce que le CPS a détruit exactement, et sur les instructions de qui ? Le CPS a ajouté que le compte de messagerie de Close avait été supprimé "conformément à la procédure standard". Cependant, Maurizi découvrira plus tard que cette procédure était loin d'être standard. La destruction de courriels clés était tout à fait suspecte.
Depuis lors, Maurizi a mené un combat juridique de plusieurs années pour accéder aux documents relatifs au CPS et à l'affaire Assange, mais elle a été systématiquement bloquée par le CPS - même en dépit d'une ordonnance du juge ordonnant au CPS de faire toute la lumière sur la destruction de documents clés concernant Assange. On ne peut s'empêcher de se poser la question de savoir ce qu'ils cherchent à cacher. Il est difficile de ne pas conclure que le véritable objectif de l'enquête suédoise et du comportement inhabituel du CPS était simplement de maintenir Assange en détention aussi longtemps que nécessaire pour obtenir son extradition vers les États-Unis.
Et maintenant que l'un des acteurs clés de cette affaire vient d'être élu premier ministre, la probabilité que nous apprenions un jour la vérité s'amenuise encore davantage. En effet, on ne peut s'empêcher de se demander si la libération d'Assange juste avant les élections n'était pas un moyen - pour Starmer et toutes les autres personnes impliquées - de faire disparaître cette histoire une fois pour toutes.
📰 Lien de l'article original :
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14- ➤ Julian Assange calomnié sur France 5
Par Fabien Rives, le 4 juillet 2024, Off Investigation
Depuis plus d’une décennie, plusieurs émissions de télévision et grands médias français se font l’écho d’une petite musique en provenance d’outre-Atlantique selon laquelle Julian Assange aurait "du sang sur les mains". Toutefois, de nombreux éléments apportés ces dernières années mettent à mal ces accusations. Les autorités étasuniennes concèdent elles-mêmes n’avoir à ce jour identifié aucune victime à dédommager suite aux publications du célèbre journaliste australien.
Plus de huit ans après avoir rencontré Julian Assange dans l’ambassade de l’Equateur à Londres (pour un entretien diffusé le 05 février 2016 sur France Inter), le journaliste français Patrick Cohen a récemment nourri sur France 5 la rhétorique consistant à dénoncer un supposé manque de professionnalisme du fondateur de WikiLeaks, qu’il accuse implicitement d’être responsable de la mort d’autrui.
C à vous contre Assange ?
Dans la soirée du 25 juin 2024, quelques heures après l’annonce d’une probable libération du journaliste australien, l’équipe de C à vous y consacre quatre minutes au cours desquelles sont entre autres présentés des propos de l’avocat français de Julian Assange. "Soutenir que les informations diffusées par WikiLeaks auraient mis des vies en danger, ça n’est même pas soutenu par les États-Unis. C’est une espèce de fake news médiatique qui a finalement parcouru tout le dossier", déclare notamment l’homme de loi.
L’intervention irrite et fait réagir Patrick Cohen. Le chroniqueur de France 5 assure en effet que certains opérationnels de terrain ont bel et bien « payé de leur vie » des documents confidentiels révélés par WikiLeaks. Autour de la table, son collègue qui a réalisé le sujet, Mohamed Bouhafsi, abonde en ce sens, expliquant que les victimes en question sont des "traducteurs". Patrick Cohen conclut en déclarant : "Il y a des choses qui engagent une responsabilité journalistique, on ne peut pas se dédouaner en disant que toutes les informations sont bonnes à divulguer, surtout dans le cas d’un conflit militaire". Notons que ce n’est pas la première fois que Patrick Cohen accuse ainsi Julian Assange d’avoir du sang sur les mains, il s’était déjà exprimé en ce sens le 20 février 2020, sur France 5, alors même que le journaliste australien était arbitrairement incarcéré dans une prison de haute sécurité au Royaume-Uni.
Contactée pour obtenir des exemples précis où la responsabilité de Julian Assange serait directement reconnue dans les pertes humaines évoquées, l’équipe de C à vous n’a pour l’heure pas répondu à la sollicitation d’Off Investigation. Au regard de cette récente séquence télévisuelle, rappelons que de nombreux éléments apportés ces dernières années dans le cadre de procédures juridiques ont mis à mal cette campagne de nature à discréditer Julian Assange, qui a commencé il y a presque une quinzaine d’années et selon laquelle WikiLeaks, l’organisation du journaliste australien, aurait "du sang sur les mains" (l’expression fut utilisée pour la première fois le 29 juillet 2010, lors d’une intervention conjointe du secrétaire à la Défense des États-Unis et du président de l’état-major interarmées de l’époque).
Washington assure n’avoir identifié aucune victime liée aux diffusions de WikiLeaks
Dernier exemple en date, le récent "plaidoyer négocié" entre la justice étasunienne et Julian Assange. Ces derniers jours, il a remis sur la table un aveu de taille au sujet de cette rhétorique accusatoire. En effet, au cours de l’audience qui s’est déroulée le 26 juin 2024 au tribunal fédéral de Saipan (îles Mariannes du Nord), et à l’issue de laquelle Julian Assange est sorti en homme libre, la juge étasunienne a déclaré : "Le gouvernement a indiqué qu’il n’y avait pas de personne victime dans cette affaire. Cela signifie que la diffusion de ces informations [par WikiLeaks] n’a pas entraîné de préjudice physique connu".
Off-investigation a examiné le texte que les deux parties avaient signé en amont de cette audience. D’abord, s’il est certes imputé à Julian Assange un discours datant de 2010 dans lequel il aurait expliqué ne "pas être obligé de protéger les sources d’autrui, les sources militaires ou les sources des organisations d’espionnage", il est précisé que, dans le même discours, le fondateur de WikiLeaks aurait estimé "regrettable" que des personnes "puissent être menacées en conséquence de publications" et aurait reconnu le devoir de protéger ces sources contre des "représailles injustes".
En outre, quelques paragraphes plus loin (en bas de la treizième page), il est bien écrit noir sur blanc qu’aucun dédommagement n’est demandé au journaliste australien pour obtenir sa libération, et pour cause : "à la date de ce plaidoyer négocié, les États-Unis n’ont identifié aucune victime éligible à une réparation individuelle", peut-on lire dans ce texte qu’Off-investigation met ci-dessous à disposition de ses lecteurs.
En 2013 déjà, l’armée la plus puissante du monde avait échoué à faire un lien entre la disparition de certains de ses informateurs et la divulgation par WikiLeaks de documents qu’avait fait fuités la lanceuse d’alerte Chelsea Manning. "L’ancien général de brigade qui dirigeait le groupe de travail d’examen des informations enquêtant sur les fuites a déclaré qu’il n’avait jamais entendu dire qu’une source nommée dans les journaux de guerre afghans avait été tuée. Bien que les talibans aient affirmé que leur examen des journaux de guerre les avait conduits à un Afghan que l’armée américaine avait cité comme source, l’informateur présumé que les talibans prétendaient avoir exécuté n’était en fait pas nommé dans les documents divulgués", avait en effet rapporté à l’époque le média Court house news service. "Trois années d’examen journalistique minutieux des effets des fuites n’ont pas permis de découvrir le cas d’une source de renseignement qui aurait été tuée ou blessée à cause de ces révélations", précise le même article qui évoque par ailleurs les efforts menés à l’époque par l’administration étasunienne pour "rassembler des preuves sur le fonctionnement de WikiLeaks qui pourraient un jour être utilisées par le ministère de la Justice pour poursuivre Assange et d’autres pour espionnage".
Lors d’une audience en 2020 liée aux procédures britanniques portant sur l’extradition de Julian Assange, James Lewis, l’avocat représentant l’administration Trump, a lui aussi été amené à concéder que « les États-Unis ne pouvaient pas prouver à ce stade que la disparition [de certains informateurs] était le résultat d’une révélation par WikiLeaks » (Antiwar, le 25 février 2020).
La rigueur d’Assange défendue par des journalistes d’investigation
Lors des audiences de fin 2020 à la Woolwich Crown Court (toujours dans le cadre des procédures britanniques sur l’extradition de Julian Assange), plusieurs journalistes ayant travaillé en partenariat avec WikiLeaks, témoignèrent quant à eux des précautions prises par l’organisation en matière de publication. Le journaliste d’investigation John Goetz, qui a par le passé contribué à exposer des crimes de guerre de l’Allemagne en Afghanistan, travaillait pour le célèbre hebdomadaire allemand Der Spiegel à l’époque où celui-ci était un partenaire média de WikiLeaks. Appelé à témoigner le 16 septembre 2020 sur les méthodes de l’organisation de Julian Assange (Consortium news, le 16 septembre 2020), il a contesté de façon rigoureuse l’accusation selon laquelle son confrère australien aurait publié certains documents classifiés qui contenaient les noms non expurgés de personnes innocentes. Ce journaliste né aux États-Unis a qualifié d’"extrêmes" les efforts à l’époque déployés par Julian Assange dans le traitement de certains documents afin de protéger des vies humaines. John Goetz a entre autres déclaré qu’il se souvenait avoir lui-même été "très ennuyé et très irrité par les rappels constants et incessants d’Assange sur la nécessité d’assurer la sécurité [de documents sensibles]".
La même année, l’ancien journaliste australien Mark Davis avait lui aussi réfuté la thèse selon laquelle Julian Assange aurait failli dans l’expurgation de documents liés à la guerre en Afghanistan : "Quand vous lancez une accusation contre quelqu’un – et qu’elle est martelée pendant de nombreuses années – elle s’installe dans les esprits. Et l’accusation la plus efficace contre Julian a été qu’il n’a pas expurgé les documents avant de les publier. Je peux dire – en tant que témoin oculaire – que Julian a bien fait un travail de rédaction sur les documents et on ne lui en a jamais attribué le mérite, cela me stupéfie absolument […]. Voilà la force d’un mensonge que mille journalistes ont simplement répété avec désinvolture. Pas forcément avec malice. Ils sont juste allés chercher sur Google, et voilà. Ils affirment qu’il n’a pas fait un travail de rédaction sur les documents, et ils le répètent. […] Cela a été répété si souvent que cela me laisse sans voix. Je ne sais pas quoi dire d’autre. C’est absolument faux." (Sydney criminal lawyers, le 6 mars 2020)
"J’étais là, [Julian Assange] donnait des instructions, il demandait de parcourir ces documents, de trouver et de supprimer tout ce qui mettrait quelqu’un en danger, et que [dans certains cas] nous ne publierons pas ces documents", a également témoigné à la même période le journaliste d’investigation néo-zélandais Nicky Hager.
Dans son livre L’affaire WikiLeaks : médias indépendants, censure et crimes d’État, paru fin 2023 en français aux éditions Agone, la journaliste italienne Stefania Maurizi revient pour sa part en détails sur le professionnalisme et la rigueur de WikiLeaks en matière d’expurgation, et décortique plusieurs accusations malveillantes à ce sujet.
En outre, comme nous l’écrivions déjà en février 2024, les calomnies répétées faisant de Julian Assange un personnage peu scrupuleux en matière de protection de vies humaines, sont contredites par certains contenus offrant un aperçu des précautions qu’il a prises à ce sujet : en témoigne par exemple la tentative d’Assange de sensibiliser l’administration étasunienne sur des fuites dangereuses n’étant pas de son fait, dans une séquence du documentaire Risk, paru en 2016 ; ou encore un échange téléphonique entre le journaliste australien et le secrétariat d’Hillary Clinton, datant de 2011.
Pour celles et ceux qui souhaitent approfondir le sujet, l’histoire des méthodes de publication de WikiLeaks est rigoureusement abordée dans le deuxième épisode que la chaîne YouTube Lex imperi a consacré à Julian Assange cette année.
Assange enfin libre
Placement en résidence surveillée, confinement de sept ans dans une ambassade, incarcération arbitraire de plus de cinq ans dans une prison de haute sécurité… Après avoir mis en lumière les dessous de la politique étrangère de la première puissance mondiale ainsi que ses pratiques criminelles de part et d’autre du globe, Julian Assange a traversé un calvaire juridique qui vient de s’achever à l’issue d’une quinzaine d’années éprouvantes.
À l’occasion de l’anniversaire du fondateur de WikiLeaks, qui a soufflé le 3 juillet sa 53ème bougie, le comité français de soutien à Julian Assange a mis en ligne un article revenant sur les points majeurs qui ont été abordés au tribunal de Saipan, le 26 juin, par la justice étasunienne et le journaliste australien. Article dont nous vous recommandons la lecture afin de comprendre en détails les enjeux de ce "plaidoyer négocié" historique.
Dans un extrait audio issu de cette audience et qui a initialement été diffusé sur les réseaux sociaux le 27 juin, on entend Julian Assange déclarer : "En tant que journaliste, j’ai encouragé ma source à fournir des informations dites classifiées afin de les publier. Je pense que le 1er amendement protège cette activité [et que celui-ci] et l’Espionage Act sont en contradiction l’un avec l’autre".
Lire aussi Comment Hollande et Macron ont snobé Julian Assange
Fabien Rives est un journaliste indépendant, attaché au pluralisme de l’information, nécessaire pour appréhender au mieux les actualités françaises et internationales. À compter de 2016, j’ai couvert sur le terrain de nombreux évènements sociaux en France et suis depuis plusieurs années l’affaire Julian Assange.
📰 https://www.off-investigation.fr/julian-assange-calomnie-sur-france-5/
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15- ➤ Qu'est-ce qu'un journaliste ?
Quel que soit le titre attribué à Julian Assange, les médias traditionnels ont tant à apprendre de lui.
Par David Hardaker, le 5 juillet 2024
Qu'avez-vous ressenti en voyant Julian Assange, le visage pâle, arpenter le tarmac de l'aéroport de Canberra le poing levé, la semaine dernière, plus défiant que jamais après plus d'une décennie passée derrière les murs d'une ambassade et d'une prison ?
Il n'est pas nécessaire d'aimer Assange ou ce qu'il représente pour savoir que ce moment a été extrêmement fort.
Son retour a réveillé les mêmes vieilles questions sur le fondateur de Wikileaks : Est-il vraiment un journaliste ? Si la réponse est oui, il mérite le respect que nous accordons à d'autres professionnels des médias ayant souffert pour leur art. Si la réponse est non, il est davantage un criminel qu'un noble chercheur de vérité.
Vous pourriez rester bloqué sur cette question indéfiniment et, à un moment ou à un autre, vous seriez confronté à de terribles vérités sur ce qu'est le journalisme en Australie en 2024. Si nous voulons jouer à ce jeu, nous pourrions commencer par la chroniqueuse de The Australian, Janet Albrechtsen, que l'on qualifie de journaliste alors que son activité principale consiste à défendre l'une des parties d'une guerre culturelle. Plus précisément, pourquoi appelons-nous cela du journalisme lorsque la mêlée médiatique se focalise sur des questions dénuées d'intérêt ? Ou lorsqu'un journaliste chevronné est acheté pour avoir un accès spécial, par exemple, aux réunions d'information sur la sécurité nationale. (Ce sont des sujets sur lesquels The Scrum reviendra).
Dans le grand arc de l'histoire, Assange est revenu à nos portes à un moment particulièrement propice et où il est légitime de se demander si le journalisme, tel qu'il est devenu, est encore pertinent.
Voici un bref aperçu de l'évolution du monde au cours des quelques jours qui ont suivi la libération d'Assange la semaine dernière. Une situation de crise s'est développée autour du président américain Joe Biden, dont le déclin cognitif est tel qu'il aurait du mal à se souvenir de son dernier repas, sans parler de son rôle de commandant en chef de la superpuissance mondiale, avec les codes nucléaires au bout des doigts. Sa prestation laborieuse et titubante lors du premier débat présidentiel - que ses proches qualifient encore d'accident de parcours - a considérablement augmenté les chances de retour de Donald Trump dans le bureau ovale. Et grâce à la Cour suprême des États-Unis, aucun contrôle ne sera possible sur les actes criminels de Trump, qui s'apprête à démanteler systématiquement les piliers de la démocratie pour instaurer une véritable dictature.
Où se situe l'Australie dans tout cela ? Il s'avère que nous sommes liés à ce désastre en cours grâce au "partenariat éternel" du pacte de défense AUKUS, conçu et exécuté en secret par Scott Morrison. (Le fait que Joe Biden n'ait même pas été en mesure de se souvenir du nom de Morrison, l'appelant "ce type en bas de l'échelle" lors de la présentation officielle de l'accord de défense historique de la nation en 2021 semble de moins en moins drôle chaque jour).
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Du début à la fin, l'adoption de l'accord AUKUS est un exemple frappant de l'effondrement des médias dominants australiens. De nombreuses questions ont été soulevées, mais peu de réponses ont été apportées quant à la manière dont l'une des décisions les plus importantes et les plus coûteuses de l'histoire de l'Australie a été prise.
Qu'en est-il du conflit d'intérêts évident de l'ancien Premier ministre Morrison qui s'est lancé dans des activités liées au pacte AUKUS après avoir initié l'accord de près de 400 milliards de dollars ?
Qu'en est-il du rôle de l'ami proche de Morison, Mike Pompeo, l'ancien secrétaire d'État américain ? Pompeo est crédité dans ce panel de discussion de l'Institut Hudson comme étant l'un des "individus clés" dans la "conceptualisation, la négociation et la formation finale" d'AUKUS, aux côtés de Morrison et de Boris Johnson. Morrison et Pompeo sont tous deux des chrétiens pentecôtistes et sont restés en contact régulier l'un avec l'autre pendant que Morrison était premier ministre, bien que pratiquement aucun de ces contacts ne semble avoir été officiellement enregistré. D'après les informations recueillies par The Scrum, les relevés de téléphone portable de l'ancien premier ministre ne sont pas des informations publiques.
Ces questions pourraient à juste titre attirer l'attention de la Commission nationale anti-corruption, étant donné que son mandat inclut les processus gouvernementaux.
Les médias australiens sont restés résolument indifférents à cette affaire qui a fait l'effet d'une bombe. L'un des symptômes de la pathologie journalistique est que certains hauts responsables des médias ont jugé bon de faire l'éloge du gouvernement Morrison pour sa capacité à garder l'affaire secrète. Le Sydney Morning Herald s'est demandé plaintivement ce qu'il adviendrait de "nos sous-marins nucléaires" en cas de retour de Trump au pouvoir, dans un élan de ferveur nationaliste.
Concernant AUKUS, les médias n'ont pas agi dans l'intérêt du public.
Par conséquent, s'il faut un spécialiste du largage de bombes extérieur au système pour mettre la main sur des téraoctets de fichiers secrets et les publier au vu et au su de tout le monde, alors, s'il vous plaît... allez-y. Cela nous rendra service à tous.
Si ce lanceur de bombes était un certain Julian Assange, ce serait une bien belle victoire. Le Premier ministre Morrison n'a jamais levé le petit doigt pour obtenir la libération d'Assange. Et lorsqu'il était directeur de la CIA de Trump en 2017, Mike Pompeo était déterminé à se venger au maximum d'Assange, au point d'envisager des options pour l'enlever et l'assassiner.
Alors, à l'heure actuelle, qui se soucie de savoir si Assange est un "journaliste" ou non ?
Lorsqu'il s'agit de questions de sécurité nationale en particulier, l'Australie a besoin de personne pour servir l'intérêt public, car il est certain que ce ne sont pas les journalistes des bureaux des médias qui assument cette tâche.
David Hardaker est doublement récipiendaire du prix Walkley et a travaillé sur des programmes phares de l'ABC et de Channel Nine, en plus d'avoir passé des années comme journaliste de presse écrite et en ligne. N'hésitez pas à lui faire part de vos conseils à l'adresse suivante : dhardaker@protonmail.com.
The Scrum propose une plongée hebdomadaire dans les eaux troubles des médias australiens, présentée par The Politics.
📰 https://thepolitics.com.au/what-makes-a-journalist/
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16- ➤ Julian Assange a été condamné, mais qui a commis le crime ?
Le fondateur de Wikileaks a été contraint de plaider coupable d'une chose que les journalistes font tous les jours.
Par Mark Weisbrot, le 5 juillet 2024, The American Prospect
Julian Assange, fondateur de Wikileaks, a plaidé coupable la semaine dernière pour avoir prétendument violé la fameuse loi américaine de 1917 sur l'espionnage ; il a été contraint de le faire pour pouvoir enfin respirer à l'air libre après 14 ans d'enfermement. Il a passé les cinq dernières années dans la prison londonienne de Belmarsh, que la juge Ramona V. Manglona, qui a prononcé sa libération la semaine dernière, a qualifiée "d'un des établissements les plus durs" du Royaume-Uni. Elle a également noté qu'Assange avait passé sept ans enfermé dans un espace clos à Londres. C'était dans l'ambassade de l'Équateur, qui lui avait à juste titre octroyé l'asile politique, conformément au droit international, afin de le protéger de l'emprisonnement et de l'extradition que les États-Unis chercheraient à obtenir.
Le "crime" d'Assange a été résumé par Jameel Jaffer, directeur exécutif du Knight First Amendment Institute de l'université de Columbia, qui a déclaré à la presse la semaine dernière que "cet accord prévoit qu'Assange aura purgé cinq ans de prison pour des activités auxquelles les journalistes se livrent quotidiennement".
C'est le consensus de la quasi-totalité des experts qui se sont penchés sur cette affaire, y compris les procureurs du ministère américain de la justice sous le président Obama, lesquels ont enquêté sur l'affaire et décidé qu'Assange ne pouvait être poursuivi, en raison du "problème du New York Times". En d'autres termes, le New York Times devrait également être poursuivi pour des enquêtes similaires, ce qui a inquiété les rédacteurs en chef des principaux journaux américains.
C'est l'administration Trump qui a poursuivi Assange en 2019, avec un acte d'accusation de 18 chefs d'accusation passibles d'une peine maximale de 175 ans. Dix-sept des chefs d'accusation (et 170 ans de la peine maximale) relevaient de la loi sur l'espionnage, pour avoir publié des centaines de milliers de pages de documents classifiés. Ces documents révélaient notamment de terribles atrocités commises par l'armée américaine.
L'un d'entre eux est devenu viral en 2010. Il s'agit d'une vidéo intitulée Collateral Murder, qui montre l'attaque d'un hélicoptère Apache sur un groupe de civils, qui a tué au moins 11 personnes, dont deux journalistes de Reuters. D'autres documents font état de milliers de décès de civils non signalés lors des guerres d'Irak et d'Afghanistan.
Au cours des dernières années, les principales organisations de défense des droits de l'homme, de la liberté de la presse et des libertés civiles ont appelé à maintes reprises à l'abandon des poursuites à l'encontre d'Assange. Parmi ces organisations figurent l'ACLU, Amnesty International, Human Rights Watch, le Committee to Protect Journalists (Comité pour la protection des journalistes), PEN America, et bien d'autres.
Des chefs d'État actuels et anciens, dont le premier ministre australien Albanese, le chancelier allemand Scholz, le président brésilien Lula, le président colombien Gustavo Petro, le président mexicain Andrés Manuel López Obrador, l'ancien premier ministre espagnol José Luis Zapatero, ainsi que de nombreux autres dirigeants mondiaux, ont également demandé la libération d'Assange. Certains considèrent Assange comme un prisonnier politique, et c'est ainsi qu'une grande partie du monde en dehors des États-Unis le voit.
Voilà le véritable crime dans cette affaire : le gouvernement des États-Unis punit des personnes pour leur journalisme et leur travail, menaçant nos libertés les plus fondamentales et se jouant de l'État de droit. Pourtant, des millions d'Américains ne verront que le récit officiel de cette affaire, à savoir que Julian Assange a commis des crimes et qu'il a conclu un accord de plaidoyer basé sur le temps passé en prison.
Cette histoire, toujours en cours, doit être écrite honnêtement, surtout à une époque où la liberté d'expression et d'information est de plus en plus nécessaire, et non restreinte, pour endiguer la violence militaire, politique et économique, y compris en matière de destruction du climat.
Tout cela est au cœur de cette affaire : le soi-disant "système de gouvernance mondiale" d'aujourd'hui a été établi après la Seconde Guerre mondiale, alors que la majeure partie du monde n'avait pas voix au chapitre, et il incarne toujours cette structure néocoloniale et antidémocratique. Les États-Unis et leurs riches alliés ont toujours la mainmise sur la plupart des décisions. Assange a défié ce système, exposé certains de ses crimes et payé un lourd tribut.
La juge Manglona a ainsi démenti les efforts déployés pendant des années par le gouvernement américain pour convaincre le public que la publication de documents par Assange et Wikleaks avait causé des dommages physiques et même la mort.
Cela aurait pu être encore plus grave. Une enquête menée en 2021 par trois journalistes, qui ont interrogé 30 anciens fonctionnaires américains, dont huit de la CIA, a révélé que la CIA avait discuté et envisagé des plans pour kidnapper Assange, et également discuté de la possibilité de l'assassiner. Personne n'a contesté ces conclusions et Mike Pompeo, qui a dirigé ces efforts en tant que chef de la CIA, a déclaré que "certains éléments sont exacts" et que les sources de l'article devraient être poursuivies "pour avoir parlé d'activités classifiées au sein de l'Agence centrale de renseignement".
L'enfermement d'Assange pendant sept ans dans l'ambassade d'Équateur, mentionné à juste titre par la juge Manglona, fait également partie des persécutions dont il a fait l'objet. Cette affaire mal rapportée pendant des années a été utilisée pour diaboliser Assange. Il n'a jamais été accusé d'un quelconque crime en Suède ; il a été recherché uniquement pour être interrogé, ce qu'il a accepté de faire, et même de se rendre en Suède si le gouvernement pouvait seulement garantir de ne pas l'envoyer de force aux États-Unis. La Suède n'a pas accepté ces conditions, formant ainsi une alliance de facto avec Washington et Londres pour maintenir Assange en prison pendant des années sans même qu'il soit inculpé ni au pénal ni au civil.
La juge Manglona a également noté : "Un autre fait important est que le gouvernement a indiqué qu'il n'y avait pas de victime personnelle dans ce cas. Cela m'indique que la diffusion de ces informations n'a pas entraîné de préjudice physique connu". Elle a ainsi démenti les efforts déployés pendant des années par le gouvernement américain pour convaincre le public que la publication de documents par Assange et Wikleaks avait causé des dommages physiques, voire la mort, à des personnes dans le monde entier. Et même après la libération de Julian Assange, ces efforts se sont poursuivis, d'où le gros titre de l'agence Reuters : "Les États-Unis qualifient les actions de Julian Assange de dangereuses, alors même que la juge relève qu'il n'y a eu aucune victime".
Bon nombre d'autres informations ont été recueillies par le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Meltzer, dans le cadre de cette histoire de guerre juridique sauvage. Mais la grande nouvelle aujourd'hui, c'est l'histoire d'une vraie réussite : certaines des personnes les plus puissantes du monde semblaient vouloir qu'Assange meure en prison au Royaume-Uni, peut-être plus qu'elles ne voulaient qu'il soit jugé ici, ce qui aurait pu leur poser des problèmes d'ordre politique. Et aujourd'hui, il est libre.
C'est le résultat de nombreuses années de mobilisation réussie, combinée à l'intervention de dirigeants politiques qui ont rompu avec le "système de gouvernance mondiale" pour exiger sa libération.
Un cas majeur de persécution politique, visant à donner un exemple effrayant, a ainsi été mis en échec. C'est une victoire pour le monde.
Mark Weisbrot est codirecteur du Center for Economic and Policy Research à Washington, D.C. Il est l'auteur de "Failed : What the 'Experts' Got Wrong About the Global Economy".
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17- ➤ L'héroïque Julian Assange est libre, mais le courant dominant occidental persiste dans son silence sur les crimes de guerre qu'il a exposés
Par le Dr Gideon Polya, le 6 juillet 2024, Counter Currents
La plupart des Australiens ont salué à très juste titre le retour en Australie du journaliste Julian Assange, héros de la nation et du monde entier, après 12 ans d'incarcération à Londres pour avoir commis le soi-disant crime de dire la vérité sur les crimes de guerre des États-Unis et de l'Alliance américaine. Toutefois, si l'on fait abstraction de la mention non spécifique des crimes de guerre américains et de la vidéo très diffusée de l'atrocité des hélicoptères Apache américains, les médias occidentaux gardent un silence scandaleux sur l'ampleur réelle et horrible du génocide irakien et afghan.
L'imposture des journalistes, rédacteurs en chef, hommes politiques, universitaires et commentateurs occidentaux n'a pas de limite, et la couverture du retour de Julian Assange par la presse mainstream ne fait pas exception à la règle. Ce que j'ai vu dans les médias grand public occidentaux fait référence à la révélation par Julian Assange des crimes de guerre américains et de l'atrocité de l'hélicoptère Apache de Bagdad en particulier, mais ils ne peuvent pousser plus loin leur réflexion. Le reste n'est que silence. L'horrible holocauste musulman et le génocide musulman imposés par les États-Unis après le 11 septembre, et en particulier l'holocauste irakien et afghan, sont résolument ignorés par les médias occidentaux racistes et menteurs [1-7].
D'emblée, il convient de préciser ce que notre héros, le journaliste le plus célèbre du monde, a fait pour contrarier les criminels de guerre en série que sont les Américains et leurs alliés occidentaux, au point d'être puni par 12 années d'une épouvantable incarcération à Londres et menacé d'emprisonnement à vie et de mort par le système judiciaire américain, notoirement diabolique et corrompu. En tant que journaliste et éditeur, Julian Assange avait pénétré dans le sanctuaire des secrets américains - et c'est bien cela qui a dérangé les fieffés menteurs américains car, à l'instar de leurs alliés occidentaux et du néo-nazi pathologiquement menteur et tueur d'enfants qu'est l'apartheid israélien, ils ont tant de choses à cacher, qu'il s'agisse des véritables auteurs des attentats du 11 septembre [8] ou des détails sur les millions de personnes qu'ils ont tuées au cours de la guerre contre la terreur qui s'en est suivie [7]. [7].
Ces réalités liées à la persécution et à l'incarcération de Julian Assange sont systématiquement exposées ci-dessous (elles seront bien sûr résolument ignorées par la presse occidentale pervertie à la solde des sionistes et du gouvernement américain, malgré la présence de Julian Assange en première page).
1). Les gouvernements mentent, les Américains mentent, et les secrets massifs des gouvernements occidentaux et américains sont des mensonges flagrants par omission.
Le célèbre mathématicien juif hongrois américain George Pólya (un pacifiste et mon merveilleux et inspirant grand-oncle) a écrit un livre à succès (sous presse depuis 1945 et traduit dans de nombreuses langues) intitulé How to Solve It (Comment y remédier) [9], dans lequel la première étape consiste à comprendre le problème. Le célèbre journaliste juif américain antiraciste I.F. Stone (The Hidden History of the Korean War [10]) a succinctement énoncé le problème clé de la politique : "Les gouvernements mentent" [11, 12]. Plus récemment, Greta Thunberg a abordé de manière succincte et percutante les mensonges de l'establishment sur la menace existentielle que représente le changement climatique : "Comment osez-vous ?" et "le Bla, bla, bla !". Le mensonge se présente sous deux formes répugnantes : le mensonge par commission et le mensonge par omission. Le mensonge par omission est de loin bien pire que le répugnant mensonge par commission, car ce dernier permet au moins de le réfuter et d'en débattre publiquement [13]. Le mensonge sous toutes ses formes, y compris les "fake news" par omission [14], est répugnant parce que, fondamentalement, il court-circuite les tentatives scientifiques de compréhension de la réalité dans l'intérêt des autres humains [15], et que l'éthique clé de l'humanité décente est la bonté et la vérité.
Cependant, le célèbre écrivain américain Gore Vidal souligne :
"Contrairement à la plupart des Américains qui mentent en permanence, je déteste le mensonge... Les Américains ne s'intéressent pas à la vérité quelque soit le sujet. Ils supposent que tout le monde ment parce que eux, mentent au quotidien à propos de la voiture qu'ils essaient de vous vendre" [11, 12].
Les professeurs Edward Herman et Noam Chomsky, dans leur ouvrage de référence intitulé Manufacturing Consent, ont expliqué en détail comment les médias grand public américains mentent massivement dans l'intérêt de l'establishment américain [16]. Aujourd'hui, l'Amérique est inondée de mensonges en tout genre. En effet, le président Donald Trump a proféré 30 000 mensonges au cours de son administration [17] et ses mensonges éhontés et continus (30 mensonges en 90 minutes) ont dominé avec succès son récent débat face à un président Joe Biden fragile, bancal, marmonnant, hésitant et diversement incohérent mais non mensonger (néanmoins un vieillard sénile tueur d'enfants pour avoir fourni les bombes qui ont détruit Gaza).
Il convient de noter que la domination sioniste de l'Amérique a commencé de manière massive vers 1967, après que l'Israël de l'apartheid se soit emparé de toute la Palestine ainsi que du territoire de tous ses voisins et se soit doté d'armes nucléaires. Aujourd'hui, l'Israël de l'apartheid est celui qui commande la queue du chien américain. En effet, 30 % des membres du cabinet de Joe Biden sont des juifs sionistes (alors que les juifs ne représentent que 2 % de la population américaine) et les autres sont des chrétiens sionistes "modérés" (contrairement aux fanatiques chrétiens sionistes anti-science, créationnistes et littéralistes bibliques qui soutiennent Trump) [18]. Alors que de nombreux intellectuels juifs antiracistes critiquent résolument l'Israël de l'apartheid et son génocide palestinien en cours, les grands médias occidentaux censurent ou blanchissent le terrorisme nucléaire, le racisme génocidaire et les violations flagrantes des droits de l'homme de l'Israël de l'apartheid. Cet abîme moral s'explique en partie par le fait que les 60 % américains des 30 plus grandes sociétés de médias au monde ont un nombre disproportionné de membres juifs au sein de leur conseil d'administration [19]. Les juifs et les femmes représentent respectivement 2 % et 51 % de la population américaine, mais comptent en moyenne 33 % et 19 % des membres des conseils d'administration des 18 plus grandes sociétés de médias américaines. La représentation des juifs sionistes est disproportionnée parmi les milliardaires américains et l'establishment américain d'un pour cent qui dirige l'Amérique de la corporatocratie et de la lobbyocratie, et la même disproportion sioniste se retrouve dans le monde entier, où les 1 % les plus fortunés possèdent 50 % des richesses et les 50 % les moins fortunés à peine 1 % [20-22]. Le sionisme est un racisme génocidaire et un nazisme sans chambres à gaz, mais doté d'une industrie militaire et guerrière de haute technologie de premier plan, de 90 armes nucléaires et de leurs vecteurs, y compris des sous-marins néo-nazis fournis par l'Allemagne [23].
Le grand exploit de Julian Assange a été d'exposer l'horrible vérité des guerres américaines en publiant un volume impressionnant de documentation américaine secrète sur les crimes perpétrés par les États-Unis. Alors que les écrits exposant les crimes de guerre des humanitaires anti-guerre tels que les miens sont simplement ignorés par les médias occidentaux mainstream ou dénigrés comme "gauchistes" ou "théories du complot" (par ex. le dénigrement des analyses scientifiques d'experts sur ce qui s'est passé le 11 septembre et sur les millions de personnes tuées dans les guerres américaines qui ont suivi) [7, 8], Julian Assange a publié un tsunami de documents secrets américains directement issus de la bouche du cheval, une documentation massive des États-Unis sur leurs effroyables méfaits, ne pouvant faire l'objet d'aucune contestation. Bien entendu, la classification par les États-Unis d'une montagne de documents classés "top secret" est un mensonge massif par omission qui exige la transparence dans l'intérêt des pays du monde entier diversement soumis à la subversion, à la perversion, à l'invasion, à l'occupation et à la dévastation des États-Unis.
2). L'hégémonie mondiale génocidaire et raciste de l'Amérique et ses crimes de guerre sans fin - la guerre est l'avant-dernier stade du racisme et le génocide, son dernier stade.
Le racisme est aussi américain que l'apple pie (par exemple, les lois obscènes contre le métissage du Sud profond américain qui ont été pour la plupart supprimées après 1967 - ma femme bengali-bihari Zareena et moi-même étions conscients de ces lois lorsque nous travaillions à New York à l'époque et ne prenions pas le risque de nous aventurer dans le Sud profond). D'ailleurs, lorsque mon beau-père bengali-bihari Abdul Lateef (un homme politique du Sud global qui se consacre à promouvoir l'harmonie interraciale) a été invité à se rendre aux États-Unis par le département d'État américain, ce dernier lui a affecté un "accompagnateur" blanc afin d'éviter tout incident lorsqu'il se rendrait dans le Sud profond. Bien entendu, la guerre est l'avant-dernier stade du racisme et le génocide son dernier stade. Si les États-Unis sont d'horribles envahisseurs en série d'autres pays, la plupart des pays du monde ne le sont pas, à l'exception d'inévitables querelles frontalières. Le Costa Rica ne dispose même pas d'une armée. En revanche, les États-Unis ont envahi 72 pays (dont 52 depuis la Seconde Guerre mondiale) [1-7, 24- 30], ont commis 469 invasions depuis 1798 [29, 30], 251 invasions depuis 1991 [29, 30] et disposent de 800 bases militaires dans plus de 70 pays [31]. En outre, les États-Unis espionnent et subvertissent activement tous les pays (les médias mainstream tenus par les États-Unis jouant un rôle clé), rendant ainsi encore plus extraordinaire, malhonnête, fallacieux et répréhensible l'atroce persécution du citoyen australien Julian Assange pour un prétendu "espionnage" hors du territoire des États-Unis.
3). Des morts abominables dans les guerres américaines - le terrorisme est du terrorisme, les néo-nazis, des néo-nazis et les nazis, des nazis.
En 1990, le régime baasiste de Saddam Hussein en Irak, auparavant soutenu par les États-Unis, a reçu le "feu vert" des États-Unis pour envahir le Koweït, après quoi les Américains et leur alliance ont entamé la terrible dévastation de l'Irak. Avec la chute du communisme et le démantèlement de l'Union soviétique, les États-Unis ont trouvé une nouvelle cible à haïr et à menacer, à savoir les Arabes et les musulmans [1, 4]. En 1990, alors que l'Occident réclamait une guerre contre l'Irak, un éminent médecin et scientifique australien, le professeur Fred Mendelsohn, a courageusement averti, dans une lettre adressée au journal The Age (Melbourne), que la guerre entraînerait la mort d'un nombre considérable d'enfants. Cette lettre a eu un grand impact sur moi (je dois noter que le père de Fred Mendelsohn, Oscar Mendelsohn, avait embauché mon père, le Dr John Polya, lorsqu'il est arrivé en Australie en 1939 en tant que réfugié du nazisme). Le professeur Fred Mendelsohn et ses collègues ont participé à la fondation à Melbourne de la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN), qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2017 [32, 33]. Ses conseils humains ont été ignorés. Environ 0,2 million d'Irakiens ont été tués lors de l'invasion américaine de la guerre du Golfe Tempête du désert en 1990-1991 et les données de la Division de la population des Nations unies ont établi que 1,5 million d'Irakiens supplémentaires sont morts de manière évitable en raison des privations imposées par les sanctions paralysantes et les bombardements dévastateurs des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'État d'apartheid israélien au cours de la période 1990-2003. En 1996, Madeleine Albright (ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, puis secrétaire d'État), interrogée par Lesley Stahl dans l'émission 60 minutes de la chaîne CBS, a admis :
"Nous avons entendu dire qu'un demi-million d'enfants [irakiens] étaient morts. Je veux dire que c'est plus d'enfants que ceux qui ont péri à Hiroshima. Et, le prix en vaut-il la peine ?", elle a répondu de manière tristement célèbre : "Je pense que c'est un choix très difficile, mais le prix, nous le pensons, en vaut la peine" [34].
En 2003, les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie ont illégalement envahi l'Irak sur la base d'énormes mensonges concernant des armes de destruction massive (ADM) irakiennes en réalité inexistantes. En effet, il a été établi par la suite que l'administration Bush avait menti à 935 reprises sur l'Irak entre le 11 septembre et l'invasion de l'Irak [17]. À l'occasion du 20ème anniversaire de l'invasion criminelle de l'Irak par les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie en 2003, les données de la Division de la population des Nations unies et les enquêtes épidémiologiques menées par des experts ont permis d'estimer qu'à partir de 1990, le nombre de morts irakiens dus à la violence et aux privations imposées par les États-Unis s'élevait à environ 5 à 5 millions et demi [35], soit un nombre de morts similaire à celui de l'Holocauste juif de la Seconde Guerre mondiale (5 à 6 millions) [36-38]. Cependant, les États-Unis et leur Occident inféodé balaient aujourd'hui l'holocauste et le génocide irakiens du revers de la main, les qualifiant d'"erreur" et sous-estimant considérablement le nombre de morts, la chaîne australienne ABC (l'équivalent australien de la BBC britannique, mensongère et raciste) affirmant que "des dizaines de milliers d'Irakiens" sont morts [39]. Contrairement à la propagande occidentale, les Américains assassins d'enfants n'ont pas quitté l'Irak malgré les demandes répétées du gouvernement irakien (l'Allemagne néo-nazie et les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie pro-apartheid ont refusé de partir)[40]. Lors de l'insurrection sunnite d'ISIS en Irak et en Syrie, inspirée par les États-Unis et diversement complice de l'Alliance américaine, 40 000 Irakiens ont été tués lors de la destruction d'une grande partie de Mossoul (2 millions d'habitants et ancienne ville assyrienne de Ninive) et de Falloujah (ancienne cité des mosquées, détruite deux fois par les Américains) [41-43].
Bien qu'aucun Irakien ou Afghan n'ait participé aux événements du 11 septembre selon la "version officielle mensongère de Bush", l'Amérique, criminelle de guerre en série, s'est servie de l'atrocité du 11 septembre comme excuse pour envahir l'Afghanistan, puis l'Irak et d'autres pays musulmans. Bien entendu, tout crime de guerre devrait faire l'objet d'une enquête en bonne et due forme et les responsables devraient être traduits en justice, jugés et punis. Actuellement, 39 assassinats illégaux présumés d'Afghans par des soldats australiens font l'objet d'une enquête. Cependant, 6 millions d'Afghans ont été indirectement assassinés par la coalition américaine au cours des deux dernières décennies, l'occupant n'ayant pas fourni aux Afghans envahis la nourriture et les services médicaux nécessaires à leur survie, devant pourtant être assurés par l'occupant "dans toute l'étendue des moyens dont il dispose", conformément aux articles 55 et 56 de la quatrième convention de Genève. Cet immense crime de guerre commis par les politiciens de la coalition américaine est 154 000 fois plus grave (6 000 000/39 = 154 000 fois) que les 39 assassinats illégaux présumés perpétrés par les soldats australiens. J'ai insisté à de multiples reprises sur le fait qu'avant que des soldats australiens ne soient inculpés pour crimes de guerre en Afghanistan, les politiciens qui les ont envoyés là-bas devraient être inculpés pour violation flagrante de la quatrième Convention de Genève [24, 44-49]. Plusieurs vétérans australiens d'élite se sont déclarés en privé tout à fait d'accord avec moi
Bien que la chaîne australienne malhonnête et mensongère ABC ait fait état de "dizaines de milliers" d'Irakiens tués [39], et que le site Iraq Body Count ait estimé à 0,3 million le nombre de morts irakiens [50], les épidémiologistes irakiens indiquent que l'Irak compte 5 millions d'orphelins (un orphelin a perdu ses deux parents) [51-53]. Ainsi Aziz Alkazaz :
"Dans la plus grande fuite de l'histoire de l'armée américaine, Wikileaks publiait en octobre 2010 un nombre considérable de 391 832 documents classifiés sur la guerre d'Irak sur Internet. Ces rapports de terrain de soldats issus d'une base de données du Pentagone jettent un nouvel éclairage sur la guerre. Ensemble, ils constituent une sorte de journal de bord de la guerre d'Irak entre 2004 et 2009. Ils ne racontent pas toute l'histoire, mais révèlent d'autres dimensions de la guerre. Ils brossent le tableau d'une guerre asymétrique, dans laquelle une superpuissance dotée d'un armement de pointe se dresse sur le champ de bataille contre des unités de combat individuelles... En 2007, on comptait 5 millions d'orphelins irakiens, d'après les statistiques officielles du gouvernement" [51].
Le nombre moyen d'enfants dans une famille irakienne étant de 3, le nombre de décès des seuls parents irakiens est de 2 x 5 millions/3 = 3,3 millions. Les morts dues à la violence et aux privations imposées par la guerre dans l'holocauste irakien et l'holocauste afghan imposés par l'Alliance américaine s'élèvent respectivement à environ 5 millions et 7 millions de personnes [1-7, 54-56]. Bien entendu, l'Irak et l'Afghanistan n'ont pas été les seuls pays violés de manière meurtrière par les États-Unis au 21ème siècle. En 2015, on estimait que 32 millions de musulmans étaient morts de la violence (5 millions) et des privations imposées (27 millions) dans 20 pays envahis par l'alliance américaine après l'atrocité sous faux drapeau du 11 septembre qui a tué 3 000 personnes, pour la plupart des Américains innocents [7, 8].
4). Les taux de mortalité horribles dans les guerres américaines - le terrorisme est du terrorisme, les néo-nazis, des néo-nazis, et les nazis, des nazis.
En 1944, le massacreur nazi Adolf Hitler a été informé d'une embuscade tendue par des partisans italiens au cours de laquelle 30 soldats allemands ont été tués. Furieux, ce psychopathe génocidaire a immédiatement ordonné des représailles au cours desquelles 10 hommes italiens devaient être exécutés pour chaque soldat allemand tué. Les nazis ont immédiatement rassemblé 335 hommes et jeunes hommes italiens (prisonniers politiques et civils) et les ont exécutés lors du massacre des grottes d'Ardeatine à Rome [57]. Le ratio de mortalité occupants/occupés constitue une mesure pertinente de la barbarie relative des envahisseurs criminels de guerre, qu'il s'agisse de l'Allemagne nazie, de l'Amérique, de l'Alliance américaine, de la Russie (en Ukraine) ou de l'apartheid néo-nazi d'Israël (en Palestine occupée).
a). Le Watson Institute de l'université Brown estime que 4 700 militaires américains sont morts en Irak et 2 300 en Afghanistan et au Pakistan, soit un total de 7 000 morts [58]. Le ratio de mortalité occupant/occupé pour l'Irak occupé = 5,5 millions de morts/ 4 700 morts américains est de 1 170. Le ratio de mortalité occupant/occupé pour l'Afghanistan occupé de 7 millions de morts/2 300 morts américains est de 3 043, soit 304 fois plus élevé que la référence nazie de 10.
b). Si nous adoptons les estimations de l'Université Brown [58] (qui, à mon avis, ne prennent pas suffisamment en compte les horribles décès évitables dus aux privations imposées par la guerre), le ratio de mortalité occupés/occupants pour les aventures des criminels de guerre américains au cours de ce siècle est de 4,7 millions de morts musulmans/7 000 morts américains = 671, soit 67 fois plus que la barre des 10 fixée par les nazis.
c). Les pertes américaines dans les principaux conflits de l'après-guerre se sont élevées à 40 000 (guerre de Corée) [59], 58 000 (guerre du Viêt Nam) [60] et 7 000 (guerre contre la terreur) [58], contre 40 millions de morts asiatiques dus à la violence et aux privations imposées par la guerre [1]. Le ratio de mortalité occupée/occupante pour les guerres asiatiques menées par les États-Unis après 1950 était donc de 40 millions de morts asiatiques/105 000 morts américains = 381, soit 38 fois plus que le critère nazi de 10.
d). Selon les estimations de 2015, la guerre contre la terreur (7 000 militaires américains tués) a été associée à 32 millions de décès musulmans dus à la violence (5 millions) et aux privations imposées par la guerre (27 millions) dans 20 pays envahis par l'alliance américaine depuis l'atrocité sous faux drapeau du gouvernement américain du 11 septembre qui a tué 3 000 Américains innocents [7, 8, 61]. Le ratio de mortalité occupés/occupants américains est de 32 millions/7 000 = 4 571, soit 457 fois plus que la barre des 10 fixée par les nazis.
e). Dans le massacre et le génocide de Gaza par les Israéliens de l'apartheid soutenus par les États-Unis, au 250ème jour, le ratio des morts par représailles entre Palestiniens occupés et Israéliens juifs occupés était de 45 000/1 200 = 38, soit 3,8 fois plus élevé que la barre des 10 fixée par les nazis. Cependant, des journalistes occidentaux primés ont rapporté que de nombreux Israéliens avaient été tués le 7 octobre par des tirs d'obus explosifs de chars et de missiles à feu d'enfer d'hélicoptères lors de la riposte des FDI [62]. Si nous supposons prudemment que les FDI ont tué 50 % des Israéliens morts le 7 octobre 2023, alors le ratio de mortalité des représailles israéliennes entre Palestiniens occupés et Juifs occupés = 45 000/600 = 75, soit 7,5 fois plus que la barre des 10 fixée par les nazis.
f). Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a fourni des statistiques annuelles sur les taux de mortalité dus aux représailles israéliennes contre les Palestiniens occupés et les occupants à partir de 2008, les pires années étant 2008/2009 : 1,965/44 = 44.7, 2014 : 2,329/68 = 34.3, 2018 : 300/13 = 23,1, et 2021 : 349/11 = 31,7 [63, 64]. Le ratio moyen des représailles entre Palestiniens occupés et Israéliens occupés pour la période du 1er janvier 2008 au 19 septembre 2023 était de 6 407/308 = 20,8, ce qui laisse présager 20,8 x 1 200 = 25 000 morts palestiniens dans l'atrocité actuelle pour satisfaire la soif de sang des Israéliens juifs de l'époque. Le terrorisme est du terrorisme, les néo-nazis sont des néo-nazis et les nazis, des nazis.
On notera qu'en 1901, le premier Premier ministre australien, le raciste blanc Edmund Barton, a fièrement déclaré :
"La doctrine de l'égalité des hommes n'a jamais été censée s'appliquer à l'égalité entre un Anglais et un Chinois" [2].
Les horribles statistiques ci-dessus montrent que les criminels de guerre américains, occidentaux et israéliens de l'apartheid accordent une valeur à la vie des auteurs de 21 à 4 600 fois supérieure à celle de leurs victimes (voir [1]).
5). Le terrorisme est du terrorisme, le terroriste, un terroriste, et la liberté d'expression est menacée dans les Murdochraties occidentales soumises au sionisme.
Lors des seules élections démocratiques organisées en Palestine (bien que sous les canons de l'occupant israélien), le Hamas a remporté une victoire écrasante lors des élections palestiniennes occupées de 2006. En conséquence, les Israéliens de l'occupant tués par le Hamas à Gaza ou à proximité peuvent être estimés à 308 (1er janvier 2008 - 19 septembre 2023) + 1 200 (7 octobre 2023) soit 1 508. Pour ce qui est des Palestiniens occupés tués par des Israéliens juifs à Gaza, leur nombre s'élève à 6 407 (1er janvier 2008 - 19 septembre 2023) + 45 000 (7 octobre 2023 - 12 juin 2024) = 51 407, soit 51 4071 508 et 34 fois plus que le nombre d'Israéliens juifs tués, et plus de 3 fois plus que le ratio de 10 morts prôné par le dirigeant nazi Hitler [62-64]. Le terrorisme est tel qu'il est, tout comme les terroristes le sont. Pourtant, les terroristes de l'Alliance américaine déclarent que le Hamas est une organisation terroriste alors que le nombre de morts israéliens aux mains du Hamas est 34 fois inférieur au nombre de morts palestiniens aux mains d'Israéliens juifs.
L'Occident anti-arabe, antisémite et extrêmement raciste a réagi à l'évasion des Palestiniens occupés du camp de concentration de Gaza en appelant au sang des Palestiniens et en recourant au mensonge évident selon lequel "Israël a le droit de se défendre". Cependant, selon Francesca Albanese, experte en droit international et rapporteure spéciale des Nations unies pour le territoire palestinien occupé, alors que les Palestiniens occupés jouissent du droit international de se rebeller contre l'occupation abusive qui dure depuis 57 ans, les occupants juifs israéliens, criminels de guerre et génocidairement racistes, n'ont pas le droit de se défendre dans un territoire occupé par les belligérants [65]. Les mensonges sionistes/occidentaux les plus graves d'un point de vue juridique sont peut-être les fausses affirmations selon lesquelles "les Palestiniens n'ont pas le droit de résister (violemment) à l'occupation israélienne" et "Israël a le droit de se défendre (contre les Palestiniens occupés)". Le préambule de la Déclaration universelle des droits de l'homme [66] et l'article 51 de la Charte des Nations unies [67] autorisent l'autodéfense et la rébellion des peuples occupés. Francesca Albanese (éminente avocate spécialisée dans les droits de l'homme et rapporteuse spéciale des Nations unies pour le territoire palestinien occupé) :
"Israël revendique un droit à la légitime défense qui n'existe pas... Mais la loi reste la loi et c'est ce que nous devons suivre. Ainsi, le droit de légitime défense peut être invoqué lorsqu'un État est menacé par un autre État, ce qui n'est pas le cas. Israël n'a pas prétendu être menacé par un autre État. Il est menacé par un groupe armé (qualifiez cela comme vous voulez) dans le territoire occupé. Et franchement, le fait même de parler de guerre entre Gaza et Israël est erroné car Gaza n'est pas une entité autonome mais fait partie du territoire occupé. C'est pourquoi, en particulier, Israël ne peut revendiquer le droit à la légitime défense contre une menace émanant du territoire qu'il occupe, d'un territoire maintenu sous occupation belligérante" [65].
Dirigé par l'Amérique, criminel de guerre en série et terroriste d'État, l'Occident classe commodément les groupes de résistance nationale arabes tels que le Hamas (Palestine) et le Hezbollah (Liban) parmi les "organisations terroristes", alors qu'ils bénéficient d'un soutien populaire massif dans leurs pays respectifs. Pourtant, le terrorisme est ainsi fait, et le terroriste est ainsi fait. Dans le cas du Hamas, comme indiqué au point 4 ci-dessus, les Israéliens juifs occupants tués par le Hamas ou des organisations apparentées depuis que le Hamas est au pouvoir à Gaza s'élèvent à environ 1 508, tandis que les Palestiniens occupants tués à Gaza et à proximité au cours de la même période s'élèvent à 51 407, soit 34 fois plus. Ainsi, selon le critère crucial des personnes tuées, le terrorisme d'État de l'apartheid israélien est au moins 34 fois plus meurtrier que la résistance armée nationale du Hamas. Quant au Hezbollah, qui défend le Liban contre l'Israël de l'apartheid, les Israéliens juifs au racisme génocidaire menacent de bombarder le Liban "jusqu'à l'âge de pierre" [68].
Le même argument s'applique à la guerre contre la terreur menée par l'Alliance américaine, au cours de laquelle 7 000 soldats américains ont été tués en tuant 32 millions de musulmans, c'est-à-dire que les combattants du terrorisme d'État américain étaient 32 millions/7 000 = 4 571 fois plus meurtriers que les prétendus "terroristes musulmans" qui défendaient leur propre pays.
La conséquence de cet arrangement orwellien en Occident est que toute personne exprimant une quelconque sympathie pour les combattants indigènes (connus sous le nom de "terroristes") était passible de sanctions draconiennes de la part de l'État, comme en témoigne le traitement effroyablement abusif infligé à Julian Assange pour avoir révélé des documents américains sur les crimes de guerre des États-Unis. Le légendaire et regretté John Pilger a été menacé de la même manière pour avoir comparé la résistance irakienne à la résistance française de la Seconde Guerre mondiale. La stupide, ignorante, lâche et raciste ABC (Australian Broadcasting Corporation, l'équivalent australien de l'infâme et raciste BBC britannique) a obtenu un avis juridique d'experts selon lequel il pourrait être poursuivi en vertu des "lois sur le terrorisme" draconiennes de l'Australie, laquais des États-Unis.
Julian Assange n'a finalement pu échapper aux serres de la justice britannique pervertie par les États-Unis qu'en plaidant coupable d'un délit d'espionnage, l'accord étant ratifié par un juge mandaté par le gouvernement américain sur l'île de Saipan, dans le Pacifique, gouvernée par les États-Unis. Cependant, la conseillère juridique de Julian Assange, Jennifer Robinson, s'est inquiétée de la menace bien réelle de persécution draconienne par le gouvernement américain qui pèse désormais sur les journalistes non américains, où qu'ils se trouvent en dehors des États-Unis (les journalistes américains sont protégés par le premier amendement de la Constitution des États-Unis qui garantit la liberté d'expression).
6). Les atrocités génocidaires atroces perpétrées à notre époque sont le plus souvent ignorées par les auteurs occidentaux complices de génocide ainsi que leurs journalistes de la presse mainstream, très dociles.
Cela fait 30 ans que je mène des recherches, que j'écris et que je publie sur le génocide. Ma première publication dans ce domaine a été examinée par un éminent spécialiste du génocide sud-africain et australien, le professeur Colin Tatz, du Centre d'études sur le génocide de l'université Macquarie de Sydney, et s'intitulait The Forgotten Holocaust - The 1943/44 Bengal Famine (L'holocauste oublié - La famine du Bengale en 1943/44) [69, 70]. Cet essai est à l'origine de la première édition, en 1998, de l'énorme livre Jane Austen and the Black Hole of British History. Colonial rapacity, holocaust denial and the crisis in biological sustainability (Jane Austen et le trou noir de l'histoire britannique : rapacité coloniale, déni de l'holocauste et crise de la durabilité biologique), puis les éditions 2008 et 2022, massivement révisées et actualisées [2]. Par la suite, j'ai publié quelque 1 000 articles volumineux et exhaustivement documentés dans diverses revues en dehors de l'Australie, pays censuré et qui ignore les génocides [1], dont un grand nombre dans Countercurrents [71, 72] (pour une liste d'environ 650 articles de ce type et de travaux connexes, voir [72]). C'est la découverte, en 1995, que les peuples bengali et bihari de ma femme avaient subi cette immense atrocité pendant la Seconde Guerre mondiale, du même ordre de grandeur que l'Holocauste juif de la Seconde Guerre mondiale qui a décimé ma famille en Hongrie à la même époque, qui a été à l'origine de cette vaste enquête sur le génocide - mais alors que le monde entier connaît l'Holocauste juif de la Seconde Guerre mondiale, l'Holocauste bengali de la Seconde Guerre mondiale a été délibérément caché par des générations successives d'historiographes britanniques malhonnêtes [2].
En effet, pour contrer ce déni épouvantable du génocide et de l'holocauste, j'ai enregistré les dates et les "décès dus à la violence et aux privations imposées" pour environ 70 génocides jusqu'à aujourd'hui [2, 4-6]. Cependant, les journalistes, rédacteurs en chef, politiciens, universitaires et commentateurs menteurs du courant dominant ont résolument ignoré ou minimisé les génocides commis par l'Alliance américaine, notamment ceux perpétrés dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, par exemple l'holocauste en Irak de 2003 à 2011 (5 millions de morts) et celui en Afghanistan de 2001 à 2021 (7 millions de morts) [54-56]. On notera que l'ignorance des génocides et de l'holocauste est bien pire que la répugnante négation des génocides et de l'holocauste, ces deux derniers crimes pouvant au moins être réfutés et débattus publiquement.
Julian Assange a porté à la connaissance du public occidental les crimes de guerre génocidaires des États-Unis et de l'Alliance américaine et a été très sévèrement puni pour cela. J'ai publié pour la première fois un article détaillé et documenté pour défendre Julian Assange en 2010 [73]. Découvrir que le père de Julian Assange, John Shipton, en essayant de sauver son fils, se référait à mon travail d'érudition dans le monde entier, tel que rapporté par les médias internationaux, m'a grandement encouragé [74-80]. En effet, j'ai été l'un des membres fondateurs de Free Palestine Melbourne (FPM) qui aide à organiser d'énormes rassemblements pacifiques pour Gaza (de 5 000 à 40 000 personnes) dans le CBD de Melbourne (12 heures, Victorian State Library, tous les dimanches). Pour cela, le gouvernement travailliste sioniste australien et l'opposition de la coalition sioniste nous dénigrent à tort en nous accusant d'"attirer des troubles étrangers en Australie", de "nuire à la cohésion sociale" et, bien évidemment, d'"antisémitisme" (alors qu'environ 10 % de nos membres sont des juifs antiracistes comme moi-même). À la fin de l'année dernière, John Shipton était l'un des orateurs du rassemblement et a fait référence à mes recherches sur les millions de personnes tuées dans les guerres américaines. Je me suis ensuite présenté, il a dit "Gideon !" et m'a serré dans ses bras - étreint par le roi des droits de l'homme !
7). La paix est la seule voie possible, mais le silence tue et le silence est synonyme de complicité. Nous devons défendre les victimes sans voix et leurs avocats, tels que Julian Assange.
L'Australien Julian Assange est le journaliste le plus célèbre au monde, mais pour avoir courageusement et humainement dit la vérité sur les crimes de guerre génocidaires des États-Unis, il a été incarcéré pendant 12 ans à Londres par le Royaume-Uni, pays criminel de guerre en série, violeur des droits de l'homme et servilement attaché aux États-Unis, et a été soumis pendant 5 ans à une détention hautement abusive à l'isolement dans la prison de Belmarsh.
À titre personnel, les ancêtres de ma famille immédiate ont souffert de façon extrême de l'emprisonnement, de la dépossession, des abus génocidaires et de l'épuration ethnique par les puissances européennes. L'analyse ADN indique que je suis juif ashkénaze à 57 % et celte britannique à 24 %, ce qui est corroboré par des siècles d'histoire familiale en Hongrie et en Écosse. Mes ancêtres écossais ont été expulsés de leurs maisons lors des défrichements des Highlands écossais aux 18 et 19ème siècles (deux de leurs cottages de crofters subsistent encore). Vers 1800, mes ancêtres juifs ont fui la Pologne occupée par la Prusse pour la sécurité relative de l'Empire austro-hongrois, mais ils ont continué à souffrir de l'exclusion raciste. Mon arrière-grand-père Jakab Pólya a judicieusement changé notre nom de Pollack (impliquant un juif de Pologne) à Pólya (signifiant un lange en hongrois), un changement qui lui a permis d'aller à l'université et de devenir un éminent économiste et académicien ( il a notamment traduit La richesse des nations d'Adam Smith en hongrois). Cependant, il y a 80 ans, les nazis ont décimé ma famille élargie en Hongrie, avec seulement une douzaine de survivants à ma connaissance (mon grand-père Jenö Pólya, un chirurgien de renommée mondiale, a été tué par les nazis quelques semaines avant que l'Armée rouge ne libère Budapest ; deux maisons familiales vidées et saisies ont survécu à Buda et à Pest) [81].
Après la Seconde Guerre mondiale, la cousine de ma grand-mère, le Dr Edith Bone, a été détenue à l'isolement dans la Hongrie communiste (son livre Seven Years' Solitary [82] a inspiré une adolescente, Aung San Suu Kyi, qui a été emprisonnée à plusieurs reprises au Myanmar[83]). Les survivants de l'Holocauste juif de la Seconde Guerre mondiale de ma famille élargie ont refait leur vie en Amérique du Nord ou en Australie, deux pays qui avaient été largement nettoyés de leurs populations indigènes par des colons génocidaires. Mon père John Bela Polya (Are We Safe ? (Sommes-nous en sécurité ?) [84] et Dreyfus in Australia (Dreyfus en Australie) [85]) s'est installé en Tasmanie, aussi loin que possible du carnage européen [86]. Cependant, tous les grands-parents de ma chère épouse Zareena, aujourd'hui décédée, étaient des "esclaves de cinq ans" bengalis-bihari ou des travailleurs sous contrat des Britanniques et des Australiens à Fidji. Son père, Abdul Lateef, était un avocat et un homme politique qui défendait l'indépendance et l'harmonie interraciale. Cependant, deux coups d'État sans effusion de sang soutenus secrètement par les États-Unis, l'Australie et l'État d'apartheid israélien (1987 et 2000) ont contraint environ 100 000 Indiens des Fidji à fuir vers l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Amérique du Nord dans le cadre d'un nettoyage ethnique massif mais sans effusion de sang [1, 87-89]. Pourtant, en raison des mensonges britanniques et australiens, ma femme indienne et mes beaux-parents fidjiens n'avaient absolument aucune connaissance de l'holocauste bengali (holocauste indien, famine du Bengale) de 1942-1945, au cours duquel 6 à 7 millions d'Indiens du Bengale, du Bihar, de l'Assam et de l'Odisha ont été délibérément réduits à la famine pour des raisons stratégiques par les Britanniques, avec la complicité de l'Australie, qui refusait de reconnaître la valeur de la nourriture [2].
Je me suis senti moralement tenu de défendre Julian Assange par mes écrits depuis de nombreuses années [71, 72]. Ainsi Gideon Polya (2010) :
"Julian Assange, la célèbre figure de proue de Wikileaks, est un citoyen australien né dans le Queensland, au nord-est de l'Australie. Jusqu'à présent, les publications de WikiLeaks concernant l'Australie ont révélé ce que les fonctionnaires américains pensaient du Premier ministre Rudd ("maniaque du contrôle" et autres commentaires peu flatteurs) ; l'épouvantable plaidoyer de Rudd en faveur de la guerre des États-Unis contre la Chine et des soldats australiens pour la guerre au Pakistan ; le lobbying réussi du gouvernement travailliste par BHP Billiton pour aider à bloquer un investissement chinois de 21 milliards de dollars dans le géant minier Rio Tinto ; la révélation du pessimisme secret du gouvernement australien concernant la guerre en Afghanistan ; et l'exposition de trois députés travaillistes [pro-sionistes, pro-US] impliqués dans la communication d'informations et d'opinions d'initiés aux États-Unis. Le gouvernement australien, laquais des États-Unis, a réagi en menaçant Assange de poursuites pénales, ce qui a provoqué un large soutien à Julian Assange de la part d'Australiens ordinaires et éminents" [73].
Julian Assange a été incarcéré de manière très abusive à Londres pendant 12 ans, 7 ans dans l'ambassade d'Équateur pour éviter l'extradition vers les États-Unis et 5 dans la prison de Belmarsh. Son état de santé s'est dégradé sous la torture et il a été trahi par les gouvernements australiens successifs, laquais des États-Unis, jusqu'à l'action finale de 2024 qui a permis sa libération [90, 91]. Son père, John Shipton, a présenté mes recherches sur les millions de morts dus à la violence et aux privations imposées par les États-Unis en Irak (5 millions) et en Afghanistan (7 millions) [6-9] pour étayer la vérité révélée par Julian Assange sur les crimes de guerre américains pour lesquels il a été incarcéré de manière inhumaine à Londres pendant 12 ans, pour des raisons de décence publique [74-80].
Le gouvernement travailliste australien, laquais des États-Unis, a finalement été contraint d'agir face au soutien massif et grandissant de l'opinion publique australienne en faveur de la libération de Julian Assange. Cependant, son hypocrisie comme celle de l'opposition de la Coalition est révélée par leur position constante selon laquelle Julian Assange a "suffisamment" souffert, signifiant qu'il se serait rendu coupable d'un crime grave (comme l'a faussement affirmé le Premier ministre travailliste Julia Gillard en 2010) et qu'il a mérité une grande partie des souffrances massives lui ayant été infligées pour avoir dit la vérité sur les crimes de guerre perpétrés par les États-Unis.
Commentaires et conclusions finales.
Julian Assange est désormais en sécurité chez lui, en Australie, avec sa femme, ses enfants et d'autres membres de sa famille. Il ne fait aucun doute que lorsqu'il se sera remis de cette épreuve, il recommencera à dire la vérité avec la hargne que lui ont inspirée ses terribles souffrances. Il sera menacé à jamais par les opérations malhonnêtes des Américains et restera donc probablement chez lui en Australie. Cependant, avec une voix internationale puissante en tant que journaliste le plus célèbre du monde, Julian Assange aura beaucoup à raconter car l'Australie que le monde voit n'est que la partie émergée d'un iceberg de réalités tout à fait abominables largement cachées par l'Australie qui regarde ailleurs.
Ainsi, en tant que valet du Royaume-Uni ou des États-Unis, l'Australie a envahi 85 pays et 30 de ces invasions ont été génocidaires [92-95]. Le génocide aborigène australien en cours est qualitativement le pire génocide et ethnocide au monde - ainsi, sur les 350 à 700 langues et dialectes indigènes uniques qui existaient avant l'invasion de 1788, seuls 120 environ ont survécu et tous, sauf une vingtaine, sont menacés d'extinction [96]. En refusant de nourrir son allié indien affamé à partir de sa montagne de céréales du temps de la guerre, l'Australie blanche raciste a été profondément complice de l'holocauste bengali "oublié" de la Seconde Guerre mondiale (holocauste indien de la Seconde Guerre mondiale, famine du Bengale de la Seconde Guerre mondiale ; 6 à 7 millions d'Indiens sont délibérément morts de faim pour des raisons stratégiques au Bengale, en Odisha, au Bihar et en Assam en 1942-1945 par les Britanniques génocidaires dirigés par Churchill, avec la complicité de l'Australie, qui refusait de nourrir les Indiens). Cependant, cette atrocité commise avec la complicité de l'Australie n'est qu'une partie de l'holocauste indien imposé par les Britanniques pendant deux siècles, au cours duquel 1,8 million d'Indiens ont péri en raison de privations mortelles imposées par les Britanniques, ce qui constitue quantitativement le pire génocide de l'histoire du monde [97-99].
Après la Seconde Guerre mondiale, l'Australie a été impliquée dans toutes les guerres asiatiques menées par les États-Unis après 1950 (40 millions de morts asiatiques dus aux privations imposées par la guerre) [1]. Par le biais d'invasions, d'occupations, de coups d'État secrets et d'une criminalité climatique de premier plan, les Australiens ont violé les 80 pays de l'Indo-Pacifique et collaboré avec les États-Unis dans 8 coups d'État, à savoir au Laos (1960), en Indonésie (1965), au Cambodge (1970), au Chili (1973), en Australie (1975), aux Fidji (1987), aux Fidji (2000) et en Australie (2010) (ces 3 derniers impliquant également l'Israël de l'apartheid) [88, 89]. Osez regarder sous le roc australien et vous y trouverez les choses les plus atroces et les plus mortifères qui s'y cachent. C'est ainsi que j'ai déposé cinq énormes demandes auprès de la nouvelle Commission nationale australienne de lutte contre la corruption (NACC) concernant des fraudes et des crimes massifs en rapport avec (1) les crimes de guerre australiens énormes mais ignorés, (2) les entreprises et les gouvernements qui ignorent l'énorme dette carbone, (3) les frais universitaires colossaux et frauduleux, (4) les mensonges des médias grand public et (5) ceux du gouvernement travailliste australien en faveur de l'Israël de l'apartheid - et pourtant, toutes ces questions d'un million à un billion de dollars, à l'exception peut-être de (5), ont été catégoriquement rejetées par la NACC [46].
Après avoir courageusement exposé les crimes de guerre américains, Julian Assange, désormais libre en Australie, est très bien placé en tant que premier journaliste mondial pour exposer l'ignoble complicité des journalistes, rédacteurs en chef, politiciens, universitaires et commentateurs australiens dans le massacre de Gaza et le génocide palestinien en cours perpétrés par l'Israël de l'apartheid soutenu par les États-Unis, l'Occident et l'Australie [100-106]. Cette odieuse complicité est simplement résumée dans la lettre suivante que j'ai envoyée le 5 juin 2024 aux rédacteurs en chef de neuf grands médias australiens (mais le silence a été assourdissant) :
"L'arithmétique de la décence australienne que tout enfant peut comprendre : sur 227 députés fédéraux (151 MHR [membres de la Chambre des représentants], 76 sénateurs), seuls les 15 Verts, Lidia Thorpe, le Dr Helen Haines et Andrew Wilkie ont voté en faveur d'un cessez-le-feu immédiat et permanent dans le camp de concentration dévasté de Gaza. La sénatrice Fatima Payman, la merveilleuse Jeanne d'Arc australienne, a quitté le parti travailliste pro-apartheid, Israël, pour exiger la reconnaissance de l'État de Palestine (politique actuelle du parti travailliste, mais non mise en œuvre par l'impardonnable, lâche et menteur parti travailliste, l'ALP), lâche, sioniste, laquais des États-Unis et complice du génocide de Gaza) et dénonçant le génocide de Gaza en cours (45 000 morts à ce jour, dont 16 000 enfants, 10 000 femmes, 19 000 hommes, 500 professionnels de la santé et 152 journalistes courageux et respectueux de la vérité). Actuellement, seuls 19 députés décents s'opposent sans équivoque au massacre d'enfants par l'Israël de l'apartheid, mais on ne peut qu'espérer que d'ici l'année prochaine, ils seront 227 et que les députés impardonnablement complices du génocide (Labor, Coalition, Teal et autres) seront éliminés de la vie publique par les électeurs australiens décents qui placeront également le Labor en dernière position (le Labor est au gouvernement et a sali l'Australie sur la scène internationale en la rendant complice du génocide de Gaza). L'Australie a besoin d'être dé-nazifiée. Se taire, c'est être complice".
Références
[1] Gideon Polya, “Body Count. Global avoidable mortality since 1950”, Korsgaard Publishing, 2nd edition, 2021.
[2] Gideon Polya, “Jane Austen and the Black Hole of British History. Colonial rapacity, holocaust denial and the crisis in biological sustainability”, 3rd edition, Korsgaard Publishing, Germany 2022.
[3] Gideon Polya in Soren Korsgaard, editor, “The Most Dangerous Book Ever Published: Deadly Deception Exposed”, Korsgaard Publishing, 2020.
[4] Gideon Polya, “US-imposed Post-9/11 Muslim Holocaust & Muslim Genocide”, Korsgaard Publishing, Germany 2020.
[5] “Report genocide” : https://sites.google.com/site/reportgenocide/
[6] Gideon Polya, “Racist Mainstream Ignores “US-Imposed Post-9/11 Muslim Holocaust & Muslim Genocide”, Countercurrents, 17 July 2020 : https://countercurrents.org/2020/07/racist-mainstream-ignores-us-imposed-post-9-11-muslim-holocaust-muslim-genocide/
[7] Gideon Polya, “Paris Atrocity Context: 27 Million Muslim Avoidable Deaths From Imposed Deprivation In 20 Countries Violated By US Alliance Since 9-11”, Countercurrents, 22 November, 2015 : http://www.countercurrents.org/polya221115.htm
[8] “Experts: US did 9/11” : https://sites.google.com/site/expertsusdid911/
[9] George Pólya, “How to Solve It”, Princeton University Press, 1945
[10] I.F. Stone, “The Hidden History of the Korean War”, Monthly Review, 1952.
[11] “Mainstream media lying” : https://sites.google.com/site/mainstreammedialying/
[12] “Mainstream media censorship” : https://sites.google.com/site/mainstreammediacensorship/home
[13] “Lying by omission” : https://sites.google.com/site/mainstreammedialying/lying-by-omission .
[14] Gideon Polya, “Mainstream media fake news through lying by omission”., MWC News, 1 April 2017 : https://sites.google.com/site/mainstreammediacensorship/2017-04-01
[15] “Gideon Polya” : https://sites.google.com/site/drgideonpolya/home
[16] Edward S. Herman and Noam Chomsky, “Manufacturing Consent. The political economy of the mass media” , page 306, Pantheon, 2002.
[17] Gideon Polya, “Review: “Lies And Falsehoods” By Bernard Keane: Australian Coalition Government Lies”, Countercurrents, 10 March 2022 : https://countercurrents.org/2022/03/review-lies-and-falsehoods-by-bernard-keane-australian-coalition-government-lies/
[18] Gideon Polya, “Zionist-subverted America: Jewish Zionists Are One Third Of The Biden Cabinet”, Countercurrents, 27 January 2024 : https://countercurrents.org/2022/01/zionist-subverted-america-jewish-zionists-are-one-third-of-the-biden-cabinet/
[19] Gideon Polya, “Zionist Subversion, Mainstream Media Censorship”, Countercurrents, 9 March 2018 : https://countercurrents.org/2018/03/zionist-subversion-mainstream-media-censorship/
[20] Oxfam (2021), A deadly virus: 5 shocking facts about global extreme inequality, https://www.oxfam.org/en/5-shocking-facts-about-extreme-global-inequality-and-how-even-it
[21] Gideon Polya, “Review: “The Future Is Degrowth” – How to Stop And Replace Terracidal Capitalism”, Countercurrents, 10 September 2023 : https://countercurrents.org/2023/09/review-the-future-is-degrowth-how-to-stop-and-replace-terracidal-capitalism/
[22] Gideon Polya, “Foreign Interference In Australia 1. Hugely Disproportionate Jewish Zionist Representation In Australia’s Richest 200”, Countercurrents, 11 June 2018 : https://countercurrents.org/2018/06/11/foreign-interference-in-australia-1-hugely-disproportionate-jewish-zionist-representation-in-australias-richest-200/
[23]. Gideon Polya, “Apartheid Israel Among World’s Leading Countries For Militarization, Violence, Abuse And Genocide”, Countercurrents, 16 May 2023: https://countercurrents.org/2023/05/apartheid-israel-among-worlds-leading-countries-for-militarization-violence-abuse-and-genocide/ .
[24] Gideon Polya, “Why Australia Should Quit Military Links With Serial War Criminal America”, Countercurrents, 28 January 2023 : https://countercurrents.org/2023/01/why-australia-should-quit-military-links-with-serial-war-criminal-america/
[25] “Stop state terrorism” : https://sites.google.com/site/stopstateterrorism/
[26] Gideon Polya, “The US Has Invaded 70 Nations Since 1776 – Make 4 July Independence From America Day”, Countercurrents, 5 July, 2013 : http://www.countercurrents.org/polya050713.htm
[27] William Blum, “Rogue State: A guide to the world’s only superpower”, Common Courage Press, 2005.
[28] Dr Zoltan Grossman, “From Wounded Knee to Libya : a century of U.S. military interventions”, http://academic.evergreen.edu/g/grossmaz/interventions.html
[29] Benjamin Norton, “US launched 251 military interventions since 1991, and 469 since 1798”, Multipolista, 13 September 2022 : https://multipolarista.com/2022/09/13/us-251-military-interventions-1991/
[30]. Congressional Research Service, “Instances of use of United States armed forces abroad, 1798-2022”, 22 March 2022 : https://crsreports.congress.gov/product/pdf/R/R42738
[31] David Vine, “Where in the world is the U.S. military?”, Politico, July/August 2015 : https://www.politico.com/magazine/story/2015/06/us-military-bases-around-the-world-119321/
[32] “University of Melbourne colleagues share in a Nobel Prize for Peace”, University of Melbourne, 9 October 2017 : https://www.unimelb.edu.au/newsroom/news/2017/october/university-of-melbourne-colleagues-share-in-a-nobel-prize-for-peace
[33] International Campaign to Abolish Nuclear Weapons (ICAN) : https://www.icanw.org/
[34] Ahmed Twaij, “Let’s remember Madeleine Albright for who she really was”, Al Jazeera, 25 March 2022 : https://www.aljazeera.com/opinions/2022/3/25/lets-remember-madeleine-albright-as-who-she-really-was
[35] Gideon Polya, “Iraq Invasion 20th Anniversary: 5 Million Dead In Iraqi Holocaust”, Countercurrents, 19 March 2023 : https://countercurrents.org/2023/03/iraq-invasion-20th-anniversary-5-million-dead-in-iraqi-holocaust/ .
[36] [13] Gideon Polya, “UK Zionist Historian Sir Martin Gilbert (1936-2015) Variously Ignored Or Minimized WW2 Bengali Holocaust”, Countercurrents, 19 February 2015 : https://countercurrents.org/polya190215.htm
[37] Martin Gilbert, “Jewish History Atlas”, Weidenfeld and Nicolson, London, 1969.
[38] Martin Gilbert “Atlas of the Holocaust”, Michael Joseph, London, 1982.
[39] Jane Cowan, “US forces leave Iraq after 9 years of war”, ABC News, 19 December 2011: https://www.abc.net.au/news/2011-12-18/us-quits-war-in-iraq/3737080 .
[40] Gideon Polya, “US, UK, Australia, Canada & Germany Reject Iraqi Parliament’s Quit Iraq Demand”, Countercurrents, 16 January 2020 : https://countercurrents.org/2020/01/us-uk-australia-canada-germany-reject-iraqi-parliaments-quit-iraq-demand/
[41] Gideon Polya, “Review: “The Sacking Of Fallujah. A People’s History” – Ongoing Iraqi Genocide”, Countercurrents, 30 January 2020 : https://countercurrents.org/2020/01/review-the-sacking-of-fallujah-a-peoples-history-ongoing-iraqi-genocide/
[42] Ross Caputi, Richard Hil, and Donna Mulhearn, “The Sacking Of Fallujah. A People’s History”, University of Massachusetts Press, 2019.
[43] Gideon Polya, “Mosul Massacre latest in Iraqi Genocide”, Countercurrents, 24 July 2017 : https://countercurrents.org/2017/07/mosul-massacre-latest-in-iraqi-genocide-us-alliance-war-crimes-demand-icc-bds
[44] Gideon Polya, “Australian War Crimes in Afghanistan: Redacted Brereton Report & 2 Centuries of Australian War Crimes Ignored”, Countercurrents, 28 November 2020 : https://countercurrents.org/2020/11/australian-war-crimes-in-afghanistan-redacted-brereton-report-2-centuries-of-australian-war-crimes-ignored/
[45] Gideon Polya, “Jingoistic, US Lackey Australia’s Deadly Betrayal Of Its Traumatized Veterans”, Countercurrents, 18 May 2018: https://countercurrents.org/2018/05/26768/
[46] Gideon Polya, “NACC Australian National Anti-Corruption Commission Rejects Submissions Re Huge Australian War Crimes and Carbon Debt”, Countercurrents, 2 October 2023 : https://countercurrents.org/2023/10/australian-national-anti-corruption-commission-rejects-submissions-re-huge-australian-war-crimes-and-carbon-debt/
[47] Gideon Polya, “Submission To Australian National Anti-Corruption Commission Over Huge But Ignored Australian War Crimes”, Countercurrents, 2 August 2023 : https://countercurrents.org/2023/08/submission-to-australian-national-anti-corruption-commission-over-huge-but-ignored-australian-war-crimes/
[48] UN Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide : https://www.un.org/en/genocideprevention/documents/atrocity-crimes/Doc.1_Convention%20on%20the%20Prevention%20and%20Punishment%20of%20the%20Crime%20of%20Genocide.pdf
[49] Fourth Geneva Convention (The Geneva Convention relative to the Protection of Civilian Persons in Time of War) : https://www.un.org/en/genocideprevention/documents/atrocity-crimes/Doc.33_GC-IV-EN.pdf
[50].“Iraq Body Count”: https://www.iraqbodycount.org/
[51] Aziz Alkazaz, “The 22nd session of the Human Rights Council, United Nations –Geneva, Accountability & Justice for Iraq, Iraq`s Economy under Occupation: Numerous War Crimes and Human Rights Violations”, 14-15 March 2013 : https://www.gicj.org/iraq_conference_speeches/Dr_Alkazaz_Presentation.pdf
[52] John Tirman, “Iraq’s Shocking Human Toll: About 1 Million Killed, 4.5 Million Displaced, 1-2 Million Widows, 5 Million Orphans”, Global Policy Forum, 2 February 2009 : https://archive.globalpolicy.org/component/content/article/167-attack/35716.html
[53] Fadhel al-Nashmi, “IHCHR [Iraqi High Commission for Human Rights]Report: 5 Million Orphaned Children in Iraq”, Asharq Al-Awsat, 12 December 2021 : https://english.aawsat.com/home/article/3354921/ihchr-report-5-million-orphaned-children-iraq
[54] “Iraqi Holocaust, Iraqi Genocide” : https://sites.google.com/site/iraqiholocaustiraqigenocide/
[55] “Muslim Holocaust Muslim Genocide” : http://sites.google.com/site/muslimholocaustmuslimgenocide
[56] “Afghan Holocaust, Afghan Genocide”: https://sites.google.com/site/afghanholocaustafghangenocide/
[57] “Ardeatine Massacre”, Wikipedia : https://en.wikipedia.org/wiki/Ardeatine_massacre
[58] Watson Institute, Brown University, “Costs of war”, https://watson.brown.edu/costsofwar/costs/human/civilians
[59] “Korean War”, Wikipedia : https://en.wikipedia.org/wiki/Korean_War
[60] “Vietnam War”, Wikipedia : https://en.wikipedia.org/wiki/Vietnam_War
[61] Gideon Polya, “Lying Mainstream Media Ignore Expert New 9/11 WTC7 Demolition Report”, Countercurrents, 22 August 2020 : https://countercurrents.org/2020/08/lying-mainstream-media-ignore-expert-new-9-11-wtc7-demolition-report/
[62] Gideon Polya, “IDF Killed Israelis On 7 October Enabling 9/11-style Excuse For Gaza Genocide”, Countercurrents, 31 December 2023 : https://countercurrents.org/2023/12/idf-killed-israelis-on-7-october-enabling-9-11-style-excuse-for-gaza-genocide/
[63] Gideon Polya, “Horrendous Death Ratios, Child Deaths & Palestinian Genocide Demand Immediate Cessation Of Gaza Massacre”, Countercurrents, 30 October 2023 : https://countercurrents.org/2023/10/horrendous-death-ratios-child-deaths-palestinian-genocide-demand-immediate-cessation-of-gaza-massacre/
[64] UNOCH (United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs), “Data on casualties” : https://www.ochaopt.org/data/casualties
[65] Francesca Albanese’s Address to the National Press Club of Australia, 14 November 2023 :
[66] Universal Declaration of Human Rights : https://www.un.org/en/about-us/universal-declaration-of-human-rights.
[67] UN Charter : https://www.un.org/en/about-us/un-charter
[68] “Israeli Defense Minister Meets U.S. Officials, Threatens to Bomb Lebanon “Back to the Stone Age””, Democracy Now, 28 June 2024 : https://www.democracynow.org/2024/6/28/headlines/israeli_defense_minister_meets_us_officials_threatens_to_bomb_lebanon_back_to_the_stone_age
[69] Gideon Polya (1995) ” The Forgotten Holocaust – The 1943/44 Bengal Famine” : http://globalavoidablemortality.blogspot.com.au/2005/07/forgotten-holocaust-194344-bengal.html (an edited version of this account was published as Polya, G.M.(1995) The famine of history: Bengal 1943. International Network on Holocaust and Genocide vol.10, 10-15).
[70] “Bengali Holocaust (WW2 Bengal Famine) writings of Gideon Polya” : https://sites.google.com/site/drgideonpolya/bengali-holocaust
[71] “Countercurrents articles by Gideon Polya : https://sites.google.com/site/drgideonpolya/countercurrents-articles
[72] “Gideon Polya Countercurrents articles” : https://sites.google.com/site/palestinegenocideessays/gideon-polya-countercurrents-articles
[73] Gideon Polya, “US Lackey Australian Labor Government Threatens WikiLeaks And Julian Assange”, Countercurrents, 11 December, 2010 : https://countercurrents.org/polya111210.htm
[74] Andrew Buncombe, “Julian Assange’s father says ‘greatest fear is they will take him to the US and break him for revenge”, The Independent, 1 January 2021: https://www.independent.co.uk/news/world/americas/julian-assange-father-wikileaks-court-b1781104.html
[75] Paul Gregoire, “”Until we win”: Assange’s father John Shipton on the home run tour for Julian”, Sydney Criminal Lawyers, 15 March 2021 : https://www.sydneycriminallawyers.com.au/blog/until-we-win-assanges-father-john-shipton-on-the-home-run-tour-for-julian/
[76] Vadim Kamenka, “Entretien avec John Shipton, le père de Julian Assange : “La vie ne saurait permettre une telle sauvagerie”, L’Humanité, 4 January 2021: https://www.humanite.fr/monde/julian-assange/entretien-avec-john-shipton-le-pere-de-julian-assange-la-vie-ne-saurait .mmm
[77] Olivier Berruyer, ““Julian Assange est victime de torture physique et morale” d’après son père”, Élucid, 16 November 2021 : https://elucid.media/democratie/julian-assange-est-victime-de-torture-physique-et-morale-d-apres-son-pere/
[78]. Anarchist Federation, “Assange’s Father John Shipton On The Home Run Tour For Julian”, 17 March 2021 : https://www.anarchistfederation.net/assanges-father-john-shipton-on-the-home-run-tour-for-julian/
[79] Paul Gregoire, “Assange’s Father John Shipton On The Home Run Tour For Julian”, Popular Resistance, 17 March 2021 : https://popularresistance.org/assanges-father-john-shipton-on-the-home-run-tour-for-julian/
[80] John Shipton, “International Human Rights Day: Bring Julian home: John Shipton”, YouTube, 13 December 2020 :
[81] Harold and Loretta Taylor, “George Pólya. Master of Discovery”, Dale Seymour, Palo Alto, 1993.
[82] Edith Bone, “Seven Years’ Solitary”, Hamish Hamilton, 1957.
[83]. BBC, “Aung San Suu Kyi’s first Reith Lecture, entitled Securing Freedom”, Scoop, 28 June 2011 : https://www.scoop.co.nz/stories/WO1106/S00709/aung-san-suu-kyis-first-reith-lecture-securing-freedom.htm.
[84] John Bela Polya, “Are we safe. A layman’s guide to controversy in public health”, Cheshire, 1964.
[85] John Polya and Robert Solomon, “Dreyfus in Australia”, Fast Books, 1996.
[86] Gideon Polya, “ John Bela Polya, (1914-1992), organic chemist and academic” in Peter and Ann Ellis, “A Few From Afar. Jewish lives in Tasmania from 1804””, Hobart Hebrew Congregation, 2003.
[87] Gideon Polya, “Review: “Tears In Paradise. Suffering and Struggle Of Indians In Fiji 1879-2004” by Rajendra Prasad – Britain’s Indentured Indian “5 Year Slaves””, Countercurrents, 4 March 2015 : https://countercurrents.org/polya040315.htm
[88] Gideon Polya, “AUKUS & Quad In Context: Australia Violates All Indo-Pacific countries”, Countercurrents, 9 December 2021 : https://countercurrents.org/2021/12/aukus-quad-in-context-australia-violates-all-indo-pacific-countries/.
[89] Gideon Polya, “Australia violates all Indo-Pacific countries”, Stop state terrorism, 9 December 2021 : https://sites.google.com/site/stopstateterrorism/2021-12-09-australia-violates-all-indo-pacific-countries.
[90] Gideon Polya, “Craven US lackey Australia betrays Australian & world hero Julian Assange & free journalism”, Countercurrents, 13 April 2019 : https://countercurrents.org/2019/04/craven-us-lackey-australia-betrays-australian-world-hero-julian-assange-free-journalism.
[91] Gideon Polya, “Why Australia Should Quit Military Links With Serial War Criminal America”, Countercurrents, 28 January 2023 : https://countercurrents.org/2023/01/why-australia-should-quit-military-links-with-serial-war-criminal-america/.
[92] Gideon Polya, “British Have Invaded 193 Countries: Make 26 January ( Australia Day, Invasion Day) British Invasion Day”, Countercurrents, 23 January, 2015 : http://www.countercurrents.org/polya230115.htm.
[93] “Stop state terrorism” : https://sites.google.com/site/stopstateterrorism/.
[94] Gideon Polya, “As UK Lackeys Or US Lackeys Australians Have Invaded 85 Countries (British 193, French 80, US 70)”, Countercurrents, 9 February, 2015 : http://www.countercurrents.org/polya090215.htm.
[95] Gideon Polya, “Review: “The Cambridge History Of Australia” Ignores Australian Involvement In 30 Genocides”, Countercurrents, 14 October 2013 : https://countercurrents.org/polya141013.htm.
[96] “Aboriginal Genocide” : https://sites.google.com/site/aboriginalgenocide/home.
[97] Gideon Polya, “Britain Robbed India Of $45 Trillion & Thence 1.8 Billion Indians Died From Deprivation”, 18 December 2018 : https://countercurrents.org/2018/12/britain-robbed-india-of-45-trillion-thence-1-8-billion-indians-died-from-deprivation/.
[98] Gideon Polya, “Economist Mahima Khanna, Cambridge Stevenson Prize And Dire Indian Poverty”, Countercurrents, 20 November, 2011 : https://countercurrents.org/polya201111.htm.
[99] Gideon Polya, “Review: “Inglorious Empire. What the British did to India” by Shashi Tharoor”, Countercurrents, 8 September 2017 : https://countercurrents.org/2017/09/08/review-inglorious-empire-what-the-british-did-to-india-by-shashi-tharoor/.
[100] Gideon Polya, “Free Palestine: Australian National Union Of Students (NUS) Condemns Apartheid Israeli Occupation, Human Rights Denial & Gaza Genocide”, Countercurrents, 14 December 2023 : https://countercurrents.org/2023/12/free-palestine-australian-national-union-of-students-nus-condemns-apartheid-israeli-occupation-human-rights-denial-gaza-genocide/.
[101] Gideon Polya, “Universal Declaration of Human Rights & Palestinians. Apartheid Israel violates ALL Palestinian Human Rights”, Palestine Genocide Essays, 24 January 2009 : https://sites.google.com/site/palestinegenocideessays/universal-declaration-of-human-rights-palestinians.
[102] Gideon Polya, “Summary: Century-long Palestinian Genocide From British-ruled Palestine To Apartheid Israel’s Present Gaza Massacre”, Countercurrents, 10 November 2024 : https://countercurrents.org/2023/11/summary-century-long-palestinian-genocide-from-british-ruled-palestine-to-apartheid-israels-present-gaza-massacre/.
[103] Gideon Polya, “Australia must stop Zionist subversion and join the World in comprehensive Boycotts, Divestment and Sanctions (BDS) against Apartheid Israel and all its supporters”, Subversion of Australia, 15 April 2021 : https://sites.google.com/site/subversionofaustralia/2021-04-15.
[104] Gideon Polya, “How To Free Palestine: End Apartheid Israel, Human Rights Denial, Gaza Massacre, Child Killing, Occupation And Palestinian Genocide”, Countercurrents, 2 May 2024 : https://countercurrents.org/2024/05/how-to-free-palestine-end-apartheid-israel-human-rights-denial-gaza-massacre-child-killing-occupation-and-palestinian-genocide/.
[105]. Gideon Maxwell Polya, “Free Palestine. End Apartheid Israel, Human Rights Denial, Gaza Massacre, Child Killing, Occupation and Palestinian Genocide”, 761 pages, Korsgaard Publishing, 2024.
[106] Mark Bradbeer, “Book Review- Free Palestine: End Apartheid Israel, Human Rights Denial, Gaza Massacre, Child Killing, Occupation and Palestinian Genocide by Gideon Polya”, Countercurrents, 7 June 2024 : https://countercurrents.org/2024/06/book-review-free-palestine-end-apartheid-israel-human-rights-denial-gaza-massacre-child-killing-occupation-and-palestinian-genocide-by-gideon-polya/.
Le Dr Gideon Polya a dispensé des cours aux étudiants en sciences à l'université La Trobe, à Melbourne, en Australie, pendant quatre décennies. Il a publié quelque 130 ouvrages au cours d'une carrière scientifique de cinq décennies, notamment un texte de référence pharmacologique volumineux intitulé "Biochemical Targets of Plant Bioactive Compounds" (2003). Il a également publié "Body Count. Global avoidable mortality since 1950" (2007, 2021), "Jane Austen and the Black Hole of British History" (1998, 2008, 2022), "US-imposed Post-9-11 Muslim Holocaust & Muslim Genocide" (2020), "Climate Crisis, Climate Genocide & Solutions" (2020), "Free Palestine. End Apartheid Israel, Human Rights Denial, Gaza Massacre, Child Killing, Occupation and Palestinian Genocide" (2024), et a contribué à Soren Korsgaard (éditeur) "The Most Dangerous Book Ever Published - Dangerous Deception Exposed !" (Le livre le plus dangereux jamais publié - Une dangereuse tromperie révélée ! (2020). Pour des images des immenses peintures de Gideon Polya pour la planète, la paix, la mère et l'enfant, voir : http://sites.google.com/site/artforpeaceplanetmotherchild/.
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18- 🎥 Enregistrement complet de la comparution de Julian Assange devant le tribunal américain des Mariannes
Sous titres disponibles
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19- 🎥 Julian Assange et les sombres secrets de la guerre
Un documentaire de 55' signé DW Documentary avec sous titres disponibles
Le 25 juin 2024, le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a été libéré à la suite d'un accord avec le gouvernement américain. Cette fin surprenante des nombreuses années de poursuites pénales et d'emprisonnement de l'éditeur est-elle le signe d'une issue positive pour la liberté de la presse ?
Le journaliste turc Can Dündar, lui aussi emprisonné pour des motifs similaires en Turquie et vivant aujourd'hui en exil en Allemagne, a suivi l'affaire Assange pendant les six mois qui ont précédé sa libération. Il considère ce procès comme le plus important de ce siècle pour la liberté de la presse. Dans ce documentaire, Dündar a décidé de ne pas se concentrer sur la figure controversée d'Assange, mais plutôt sur sa publication la plus controversée à savoir Collateral Murder, une vidéo qui montre de possibles crimes de guerre commis par des soldats américains en 2007 lors d'une attaque à Bagdad pendant la guerre d'Irak.
L'enregistrement montre des journalistes et des civils irakiens abattus par des soldats américains à bord d'un hélicoptère Apache.
L'enquête de Dündar le mène de l'Islande aux États-Unis et à l'Irak, alors qu'il suit l'histoire de la fameuse séquence vidéo. Il retrouve l'un des deux seuls survivants irakiens de l'attaque - un garçon âgé de 10 ans à l'époque - et un soldat américain directement impliqué dans l'incident. Dündar les invite à se rencontrer pour la première fois 17 ans plus tard. Cette rencontre met en évidence les conséquences troublantes à long terme de la guerre et la douleur persistante des deux côtés.
À la suite de la publication de la vidéo, l'armée américaine a mené une enquête interne, à l'issue de laquelle aucun des soldats n'a été traduit en justice. Pour Julian Assange, en revanche, ce fut une autre histoire : Pour la première fois dans l'histoire des États-Unis, la publication d'informations considérées comme secrètes par le gouvernement a été considérée comme un crime.
Dündar a pu accompagner l'épouse de Julian Assange, Stella, et leurs deux enfants lors de l'une de leurs dernières visites à la prison de haute sécurité de Belmarsh et lors des audiences à la Haute Cour de Grande-Bretagne. Bien qu'Assange soit désormais libre, Dündar s'interroge sur les conséquences de ce jugement pour le journalisme. Que se passera-t-il si les journalistes du monde entier cessent de faire état de crimes de guerre, de corruption ou d'actes répréhensibles du gouvernement par crainte d'être condamnés en vertu d'une loi sur l'espionnage ? Les implications à long terme de l'affaire Assange commencent à peine à émerger. Le film nous offre une histoire passionnante et hautement d'actualité sur le combat pour la vérité.
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20- 🎥 Entretien avec John Shipton, accordé juste après avoir appris la nouvelle de la libération de son fils Julian Assange et son arrivée imminente en Australie en homme libre
Via Sky News Australia, le 26 juin 2024
Vidéo de 13', hélas sans sous titres disponibles
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Thanks for this -- an impressive and expansive compilation!