🚩 Julian Assange : Actualité semaine #15 - Avril 2024 🎗⏳
Cinq ans dans le Guantanamo britanique, 4 875 jours de privation de liberté pour avoir exercé son métier de journaliste & appliqué la Charte de Munich, pour que le 4ème pouvoir soit celui du peuple.
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Enlèvement de Julian Assange à l'ambassade d'Équateur le 11 avril 2019
"Le plus grand traître de l'histoire équatorienne et latino-américaine, Lenín Moreno, a permis à la police britannique d'entrer dans notre ambassade à Londres pour arrêter Assange.
Moreno est un homme corrompu, mais ce qu'il a fait est un crime que l'humanité n'oubliera jamais".- Rafael Correa
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SOMMAIRE :
NDR Zanzibar : Nouveauté à partir de cette semaine, le petit logo 🔸 sera placé dans le sommaire pour les articles les plus pertinents et sortant des sentiers battus.
1 - 11 avril 2024 : 5 ans d'emprisonnement à Belmarsh pour Julian Assange : Actions prévues à Londres - Wise Up Action
2 - Aliyev rappelle à Blinken l'affaire Assange et les arrestations d'opposants en Arménie - Media Max
3 - 🔸 Défendre le journalisme en tant que bien public - Renate schroeder
4 - Collateral Murder, vers le journalisme scientifique - Marie-France Deprez
5 - Cinq ans après l'incarcération d'Assange au Royaume-Uni, les poursuites dont il fait l'objet perpétuent la menace pesant sur la liberté de la presse - Caitlin Vogus
6 - 🔸 Joe Biden déclare "envisager" de mettre fin aux poursuites contre Julian Assange - Rappel du lien de cette publication du 11 avril sur ce blog
7 - 🔸 Cinq ans à Belmarsh : Chronique sur l'incarcération de Julian Assange - Kevin Gosztola
8 - Amnesty Royaume-Uni/États-Unis : les cinq années d'emprisonnement de Julian Assange au Royaume-Uni sont inacceptables - Amnesty
9 - Julian Assange désormais emprisonné depuis 5 ans - Moritz Müller
10 - L'État profond contre Julian Assange - Declan Hayes
11 - Mettre fin à la persécution de Julian Assange - Chip Gibbons
12 - Belgique : La persécution de Julian Assange est un scandale antidémocratique - Communiqué conjoint FIJ/FEJ- Comité Free.Assange.Belgique
13 - 🔸 Souvenez-vous de 1968 : À quoi ressemblera la convention démocrate de 2024 si Joe Biden poursuit toujours Julian Assange ? - Opinion - M.C. Armstrong
14 - 🔸 Comment la Grande-Bretagne serait obligée de libérer Julian Assange, alors que Joe Biden "réfléchit" à la possibilité de mettre un terme à l'affaire - Joe Lauria
15 - Gabriel Shipton s'envole pour Washington afin de poursuivre la campagne - Gabriel Shipton
16 - 🔸 Amener Julian Assange au Festival du journalisme, une action d'activistes italiens
A. Communiqué pour publication immédiate
B. Flyers
C. 🔸 Excellent article de fond de Patrick Boylan : Pour qu'Assange soit vraiment libre, nous devons libérer le journalisme d'investigation
17 - Deux brefs fils de discussion via WikiLeaks
a) Quelques uns des soutiens apportés à l'action de Julian Assange
b) "Les vois de Bruxelles à Brasilia"
18 - 🔸 "En livrant Julian Assange, l'Équateur et le Royaume-Uni ont également violé les lois sur l'asile" - Interview de Fidel Narváez par Alejandro Ruiz
19 - Assaut mené sur l'ambassade du Mexique en Équateur - Baltasar Garzón & Aitor Martínez
20 - 🔸 Rencontre avec l'ancien analyste de la CIA qui a expliqué comment la CIA utilise les journalistes pour diffuser de la désinformation - Jon Miltimore
21 - Christophe Deloire, le journaliste qui veut censurer les médias - Observatoire du journalisme
22 - 🔸 Comment les Puissants peuvent avoir notre peau - Nouvelle vidéo de Lex Imperii en ligne
23 - 🔸 Concerts du dimanche pour Assange : Cette semaine, interview et concert de Michael Brunnock - Stella Assange
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1- ♟ 11 avril 2024 : 5 ans d'emprisonnement à Belmarsh pour Julian Assange : Actions à Londres
Par Greekemmy, le 19 mars 2024
Nous retournons dans la rue avec des veillées de solidarité sur trois sites le dimanche 14 avril 2024 pour marquer les cinq ans de la violation de l'asile politique de Julian Assange, de son arrestation arbitraire et de son emprisonnement à la prison de sécurité maximale de Belmarsh où il se trouve encore aujourd'hui cinq ans plus tard.
Rejoignez nos manifestations dès que vous le pourrez le dimanche 14 avril. Nous serons à 10h30-11h30 devant l'ambassade d'Équateur, à 12h00-13h00 devant le tribunal de Westminster et à 15h00-16h00 devant la prison de Belmarsh. Nous retracerons les pas de Julian Assange en ce jour où le Royaume-Uni a violé toutes les normes possibles en matière de droits de l'homme qu'il prétend chérir. Rejoignez-nous !
Dimanche 14 avril 2024 - Comment s'y rendre :
Ambassade de l'Équateur, adresse : 3 Hans Crescent, Londres, SW1
Tube le plus proche : Knightsbridge sur la ligne PiccadillyWestminster Magistrates Court, 181 Marylebone Rd, Londres NW1 5BR
Métro le plus proche : Marylebone sur la ligne Bakerloo. Station Edgeware Road, sur les lignes Circle, District et Hammersmith and City.HMP Belmarsh prison, Western Way, London SE28 0EB
Gares les plus proches : Woolwich Arsenal (SouthEastern Trains), Plumstead (Southeastern et Thameslink) et Woolwich (Elisabeth Line), puis prendre le bus 244/380 jusqu'à la prison HMP Belmarsh.
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2- ♟ Ilham Aliyev rappelle à Antony Blinken l'affaire Assange et les arrestations d'opposants en Arménie
Le service de presse du président azerbaïdjanais continue de commenter la conversation téléphonique entre Ilham Aliyev et le secrétaire d'État américain Antony Blinken.
Par Media Max, le 4 avril 2024
Le communiqué de presse du Département d'État américain, en particulier, a noté :
"Le secrétaire a réitéré la nécessité pour l'Azerbaïdjan d'adhérer à ses obligations et engagements internationaux en matière de droits de l'homme et de libertés fondamentales et a demandé instamment la libération des personnes injustement détenues".
Aujourd'hui, le bureau de presse du président azerbaïdjanais a quant à lui diffusé le communiqué de presse suivant :
"Au cours de la conversation téléphonique, de nombreuses questions ont été abordées, dont celle-ci. Le président Ilham Aliyev a noté que les tentatives d'ingérence dans les affaires intérieures de l'Azerbaïdjan sous le prétexte des droits de l'homme sont absolument inacceptables. Nous n'acceptons pas les déclarations tendancieuses d'un certain nombre de pays occidentaux fondées sur une politique de deux poids deux mesures sur cette question. À cet égard, le chef de l'État a rappelé au secrétaire d'État Antony Blinken l'arrestation de membres de l'opposition en Arménie et même des cas de décès en détention, ainsi que des faits de violations des droits de l'homme. Il a noté que, dans ce contexte, le silence des pays occidentaux est source de malentendus, et que de tels faits sont un exemple clair du deux poids deux mesures".
Au cours de la conversation téléphonique, Ilham Aliyev a également abordé la question du célèbre journaliste Julian Assange, qui a été soumis à des tortures physiques et psychologiques sur unetrès longue période, précisément en raison de son activité journalistique. Il a indiqué que la question de l'extradition de Julian Assange vers les États-Unis et de son exécution était en cours de discussion. Le chef d'État a également ajouté qu'il était nécessaire de considérer la question des droits de l'homme non seulement dans un contexte local, mais aussi mondial.
📰 https://mediamax.am/en/news/foreignpolicy/54408/
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3- ♟ Défendre le journalisme en tant que bien public
Par Renate schroeder, le 7 Mars 2024, Social Europe
L'écosystème européen de l'information est à la croisée des chemins. Les bulles de désinformation et de filtrage, la mainmise de l'oligarchie sur la presse et les attaques contre les médias de service public, ainsi que celles sans précédent contre les journalistes, qui sont soumis à des conditions de travail précaires, entraînent une fuite des cerveaux du secteur. Cela pourrait avoir un impact dévastateur sur la qualité du journalisme et le pluralisme des médias, déjà menacés par la recherche du profit par l'appât du clic et les "déserts" d'informations locales jugés non rentables. L'intelligence artificielle générative ne saurait combler cette lacune : elle a certes beaucoup de potentiel mais comporte de nombreux risques.
De nombreux organismes internationaux de défense des droits de l'homme, dont le Conseil de l'Europe, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, s'inquiètent de ce que l'érosion des protections de la liberté d'expression et de la liberté des médias soit un facteur clé du "recul" démocratique dont l'Europe a été témoin au cours des dernières années. Le rapport sur la liberté de la presse en Europe, qui vient d'être publié, indique qu'il est temps d'inverser la tendance : Time to Turn the Tide, l'évaluation annuelle des organisations partenaires de la Plate-forme du Conseil de l'Europe pour la sécurité des journalistes, met l'accent sur les questions susceptibles de déterminer la liberté et l'intégrité des processus électoraux. Le manque d'indépendance et le financement insuffisant des médias de service public et des autorités de régulation des médias, la mainmise des médias sur les intérêts politiques ou privés, la surveillance étatique et les poursuites stratégiques contre la participation publique (SLAPP) sont autant de facteurs qui limitent la liberté des journalistes de rendre compte des questions d'intérêt public.
Surveillance par logiciel espion
Dans toute l'Europe, les journalistes sont confrontés à des menaces, des arrestations, une législation restrictive, des procès abusifs et des attaques verbales de la part d'hommes politiques, susceptibles de servir d'alibi à des actes de violence réels. L'utilisation sans précédent de mécanismes de surveillance, notamment de logiciels espions, intimide les journalistes - comme c'est leur intention - et peut les dissuader d'enquêter sur des sujets sensibles. Le scandale Pegasus, révélé par un réseau collaboratif de médias dirigé par l'organisation internationale Forbidden Stories, a révélé en 2021 que près de 200 journalistes dans le monde avaient été ciblés par ce logiciel espion, notamment en Azerbaïdjan, en France, en Grèce, en Hongrie, en Espagne, en Turquie et au Royaume-Uni.
C'est la principale raison pour laquelle la Commission européenne a inclus un article important sur la protection des sources des journalistes et la restriction de l'utilisation des logiciels espions dans sa proposition de loi européenne sur la liberté des médias. La France s'est battue jusqu'au bout pour obtenir une exemption de "sécurité nationale" dans l'acte, ce qui montre l'absence d'engagement clair de la part des responsables politiques en faveur de la liberté des médias.
Grâce à l'intense mobilisation des associations de journalistes, de défense des droits numériques et d'autres groupes de la société civile, cette disposition n'a toutefois pas été incluse dans l'accord provisoire approuvé par les représentants des États membres en janvier, à l'issue des négociations du trilogue entre les principales institutions de l'Union européenne. Toutefois, la possibilité que des logiciels espions soient déployés contre des journalistes devra toujours faire l'objet d'une surveillance stricte par le biais de la transparence et d'un contrôle judiciaire.
Des conditions précaires
Parallèlement à la montée de la désinformation, le modèle économique du journalisme indépendant s'étiole et le statut des journalistes professionnels est au plus bas. Les conditions de travail précaires, en particulier pour les freelances, menacent la qualité et l'indépendance de leur travail. Selon le dernier Media Pluralism Monitor du Centre for Media Pluralism and Media Freedom (CMPF) de l'Institut universitaire européen, seuls quatre pays européens sur les 32 analysés offrent de bonnes conditions de travail aux journalistes : le Danemark, l'Allemagne, l'Irlande et la Suède. Les résultats révèlent une situation particulièrement préoccupante en Croatie, en Hongrie, au Monténégro et en Roumanie, où les journalistes n'ayant pas le statut de salarié ne bénéficient souvent pas d'une protection sociale adéquate.
Ce statut précaire est particulièrement évident dans la presse locale. Bien que ces médias - en particulier les radios locales - soient les plus fiables et les plus importants lorsqu'il s'agit de démentir la désinformation et de replacer l'actualité nationale et européenne dans son contexte, une autre étude du CMPF met en évidence le nombre croissant de déserts d'information dans l'UE, où ces médias ne sont plus disponibles, ainsi que le déclin des journalistes locaux et la détérioration de leurs conditions de travail qui en découle.
L'IA peut être considérée comme un moyen de transformer l'écosystème de l'information. Mais l'IA générative, en particulier, comporte le risque d'une augmentation de la désinformation et donc d'une baisse de la confiance du public. L'utilisation de l'IA doit être réglementée en conséquence, de manière à permettre aux journalistes d'être plus rapides, plus efficaces et plus innovants, plutôt que de se substituer à leur absence.
La confiance dans le journalisme
Tout ceci a un impact potentiellement dévastateur sur la confiance dans le journalisme, la valeur la plus esentielle pour l'avenir de la profession. Cela oblige tous ceux qui défendent la démocratie à se tenir aux côtés des journalistes et à soutenir globalement le journalisme en tant que bien public. En effet, jamais peut-être le moment d'exactitude de l'information n'a été plus crucial.
Nous avons besoin d'une large alliance de la société civile - lecteurs et auditeurs, organisations et syndicats de journalistes, universitaires - pour soutenir le journalisme et convaincre les décideurs et les hommes politiques que, tout comme la protection de l'environnement est urgente pour contrer la crise climatique, la protection des journalistes et du journalisme est essentielle pour résoudre la crise de l'information. Sans citoyens jouissant du droit de savoir, sans responsabilité et sans transparence - sans journalisme éthique, en d'autres termes - il n'y a pas de démocratie.
L'Union européenne a fait plus que jamais pour créer un espace plus sûr et plus durable pour le journalisme, notamment en mettant en œuvre l'Acte européen pour la liberté des médias. Elle a soutenu de nombreux projets liés à la liberté de la presse et à l'autorégulation journalistique, aux déserts médiatiques, à la sécurité des journalistes, au journalisme d'investigation transfrontalier et aux free-lances, ainsi qu'au dialogue social, aux compétences et à la formation. Au total, environ 50 millions d'euros par an ont été alloués aux organisations de médias sous ces rubriques.
Mais ce n'est pas suffisant. Le journalisme professionnel indépendant, le meilleur antidote à la désinformation, est coûteux. L'engagement du public, les nouveaux formats journalistiques, le soutien à l'éducation aux médias et la bonne utilisation de l'IA sont essentiels pour faire du journalisme un outil permettant aux citoyens de se connecter, de débattre, d'apprendre et de s'engager dans le discours public dans les sociétés polarisées d'aujourd'hui. Mais cela nécessite des modèles économiques durables, qui garantissent des conditions de travail décentes et une rémunération équitable.
Viable et sûr
La Fédération Européenne des Journalistes (FEJ), qui représente 73 syndicats et associations de journalistes dans 45 pays, appelle les décideurs politiques de l'UE et la société civile à défendre le journalisme et les journalistes en Europe. Dans la perspective des élections européennes de juin, la FEJ a défini un programme visant à rendre le journalisme viable et sûr, et à réglementer l'IA.
Tout d'abord, la viabilité du journalisme exige :
des investissements massifs - combinant un financement public transparent et indépendant, des "portefeuilles d'audience" et un soutien philanthropique ;
une indépendance garantie et un financement durable pour les médias de service public en particulier ;
taxer les Big Tech - garantir la rémunération des plateformes pour le contenu journalistique publié ;
une rémunération équitable et des droits d'auteur pour les journalistes (indépendants), et
un budget européen permanent pour les projets de journalisme indépendant, l'éducation aux médias, la surveillance des violations et d'autres formes d'assistance.
Les éléments essentiels pour promouvoir la sécurité des journalistes sont les suivants :
un environnement qui les protège de la violence physique et en ligne, en particulier les femmes et les journalistes issus de groupes marginalisés ;
la fin de l'impunité
la prévention des procédures judiciaires abusives visant à réduire les journalistes au silence, et
l'arrêt du déploiement illégal de logiciels espions contre les journalistes.
Enfin, réglementer l'IA générative implique :
de maximiser la transparence sur la formation des données et du contenu généré artificiellement ;
la rémunération obligatoire des auteurs de contenus générés par l'IA à partir de travaux journalistiques ;
des lignes directrices sur le développement et l'utilisation responsables de l'IA journalistique, et
d'intégrer l'IA dans la formation des journalistes et des autres professionnels des médias, afin d'éviter toute utilisation abusive de l'IA générative et la désinformation qui en résulterait.
Ces élections détermineront l'orientation de l'UE pour la prochaine législature. Nous avons besoin d'un parlement et d'une commission qui s'engagent en faveur d'une Europe équitable, respectant les droits syndicaux et les droits de l'homme, l'État de droit, la liberté des médias et le pluralisme, et qui supervisent la mise en œuvre des mécanismes réglementaires cruciaux mis en place au cours des cinq dernières années : la directive sur le droit d'auteur, la loi sur les services numériques, la loi sur l'intelligence artificielle, la directive anti-SLAPP et la loi européenne sur la liberté des médias.
Pour que les faits prospèrent, nous devons unir nos forces pour construire un écosystème de l'information sain.
Cet article fait partie de notre série sur un "manifeste" progressiste pour les élections du Parlement européen.
Renate Schroeder est directrice de la Fédération européenne des journalistes, qui représente quelque 300 000 journalistes dans 73 organisations réparties dans 45 pays. Elle a travaillé pendant 30 ans pour la Fédération internationale des journalistes et (depuis 2003 exclusivement) pour la FEJ.
📰 https://www.socialeurope.eu/standing-up-for-journalism-as-a-public-good
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4- ♟ Collateral Murder, vers le journalisme scientifique
Le 5 avril 2010, WikiLeaks publiait la vidéo Collateral Murder
Depuis le 11 avril 2019, Julian Assange, journaliste australien et fondateur de WikiLeaks est incarcéré à la prison de Belmarsh près de Londres. La raison pour laquelle ce journaliste, arbitrairement privé de liberté, se trouve à l’isolement complet depuis des années dans un quartier de haute sécurité est que les États-Unis n’acceptent pas que la population soit informée de leurs crimes de guerre.
Par Marie-France Deprez ,le 8 avril 2024, Investig'Action
En 2010, un soldat de l’armée des États-Unis qui, de par son travail, avait accès aux rapports d’opération rédigés par les militaires, a décidé selon sa conscience que ces informations devaient être communiquées au public et a déposé sur la plateforme WikiLeaks (1) des centaines de milliers de documents révélant des crimes de guerre perpétrés par l’armée des États-Unis et les forces de la coalition pendant les guerres d’Irak et d’Afghanistan.
Parmi ces nombreux documents (2) se trouvait la vidéo Collateral Murder. Elle sera présentée dans une version de 17 minutes lors d’une conférence d’Assange au Press Club de Washington, le 5 avril 2010.
Ce qui s’est passé le 12 juillet 2007.
Cette vidéo provient d’une caméra montée sur un hélicoptère Apache et destinée à filmer les interventions.
Elle montre que les soldats à bord de l’appareil demandent et obtiennent l’autorisation de tirer sur des personnes au sol sans que ces dernières n’aient été clairement identifiées et surtout qu’ils sont ensuite autorisés à continuer de tirer sur des blessés.
À l’époque – les faits se déroulent le 12 juillet 2007- les troupes des États-Unis patrouillent dans Bagdad pour veiller "à la sécurité", la zone est "en principe en paix".
L’hélicoptère vole à environ 2000m et est à peine visible dans le ciel.
Au sol, un groupe de civils guide deux journalistes de l’agence Reuters, le photographe Namir Noor-Eldeen et son assistant Saeed Chmagh, munis d’appareils photographiques, vers les lieux d’une précédente attaque pour un reportage.
À bord de l’hélicoptère, les militaires signalent le groupe au sol comme potentiellement armé (ils auraient confondu les appareils photos avec des armes), demandent l’autorisation d’engagement, l’obtiennent et tirent.
Les personnes tombent, essayent de se cacher.
Les militaires obtiennent l’autorisation de continuer à tirer alors que des blessées se traînent sur le sol.
Peu de temps après le début de l’attaque, une camionnette passe sur les lieux. L’homme au volant, Saleh Matasher Tomal, conduit deux enfants à l’école, il s’arrête pour porter secours aux blessés mais les militaires continuent de tirer.
Un photographe de l’agence France Presse, Ahmad Sahib, était en contact téléphonique avec Namir jusqu’à l’attaque. Il était censé rejoindre le groupe mais avait été retardé. Quand il arrive sur place après les tirs, des personnes sont en train de se rassembler autour des corps et de la camionnette. Un nouveau tir déchire la rue, ne touchant cette fois que les murs.
Un peu plus tard, des fantassins arrivent, prenant le relais de l’intervention.
La caméra continue de filmer et d’enregistrer les réflexions et les rires des soldats à bord de l’hélicoptère.
Parmi les fantassins Ethan McCord. Il se rend près de la camionnette, il est le premier à voir les deux enfants et pensent qu’ils sont morts. Puis il voit le petit garçon bouger, le prend dans ses bras et l’emmène pour qu’il soit secouru.
La caméra enregistre tout cela également.
Les deux enfants, Sajad (10 ans) et Duah (5 ans), bien que sérieusement blessés, survivront. Ethan McCord demandera à sa hiérarchie un soutien psychologique qui lui sera refusé. Il quittera l’armée, puis témoignera de ce qu’il a vécu.
Dans ses conférences, il parle bien sûr du sauvetage des deux enfants mais aussi du fait que les tirs provenaient d’armes extrêmement destructrices. Ces hélicoptères sont en effet équipés de canons dont les balles doivent pouvoir traverser le blindage des tanks. Dans cette situation, leur utilisation était proprement scandaleuse.
Il tire aussi des conclusions plus larges répétant que les États-Unis n’auraient jamais dû aller en Irak. Sur son blog (hébergé par Michael Moore), il a aussi publié des vidéos montrant des traitements dégradants et des tortures infligées à des prisonniers à la même époque.
La vidéo
Le poste de travail du soldat Manning lui donnait un accès libre à nombre de documents. À force de voir ces meurtres de civils, elle a décidé en toute conscience de les télécharger et, après plusieurs tentatives infructueuses auprès de journaux américains, elle les a finalement transmis à Wikileaks.
Lorsque WikiLeaks a reçu cette vidéo, Julian Assange dit qu’ils n’en ont pas de suite compris la portée mais la regardant à plusieurs reprises de façon très attentive, ils se sont rendu compte qu’elle montrait des crimes de guerre.
Avant de publier la vidéo, ils ont mené un travail sérieux quant à son authenticité, ils ont analysé son contenu.
Par exemple, Kristinn Hrafnsson (actuel rédacteur en chef de WikiLeaks) s’est rendu sur place à Bagdad afin de rencontrer des témoins et des survivants (par exemple les deux enfants). Un des témoins lui a expliqué que lors de l’attaque, des tirs avaient aussi été dirigés vers des maisons sous prétexte que des "insurgés" auraient pu s’y être mis à l’abri. Ces tirs avait détruit l’appartement de cet homme. Un rez-de-chaussée que les autorités états-uniennes avaient par la suite présenté comme vide (un bâtiment en construction). Le vieil homme a fait remarqué qu’à Bagdad, dans une ville détruite par la guerre, des familles à la rue cherchent partout où elles peuvent - dans des ruines comme dans des bâtiments en construction - des endroits où se réfugier. C’était son cas et celui de sa famille abrités dans ce rez-de-chaussée.
Lors de la présentation au Press Club de Washington, Julian Assange a précisé que WikiLeaks pensait que cette vidéo (comme d’autres documents) présentaient des crimes de guerre même si c’était à un tribunal d’en juger.
Comme Manning qui avait téléchargé les documents, Julian Assange et WikiLeaks espéraient que les criminels de guerre seraient jugés et que ces crimes révélant la vraie nature de ces guerres, de ces invasions illégales et de leurs conséquences, permettraient de les arrêter.
Comme on le sait aucun criminel de guerre n’a été poursuivi, la lanceuse d’alerte Chelsea Manning (3) et l’éditeur et journaliste Julian Assange l’ont été (et lui encore aujourd’hui).
La présentation de la vidéo au public a eu énormément d’impact, les vues sur Youtube ont explosé. Ethan McCord a donné des interviews dans des journaux à gros tirage.
Le responsable de l’Agence Reuters à Bagdad au moment des faits a enfin appris la vérité sur la mort de Namir et Saeed. Depuis leur mort, il avait cherché à comprendre, sachant que des vidéos étaient prises depuis les hélicoptères, il avait essayé de se faire montrer celle concernant l’attaque. Entre réponses niant l’existence de telles vidéos et reconnaissances à voix basse de leur existence, les autorités lui avaient finalement montré un court extrait où l’on voyait Namir se cacher. Il n’avait pas compris pourquoi il semblait vouloir se cacher. Ce n’est qu’après avoir vu la vidéo en entier qu’il avait compris que Namir cherchait à éviter les tirs. Yates dit s’en être voulu d’avoir pu un moment penser que le photographe pouvait avoir eu de mauvaises intentions. (4)
Impacts de Collateral Murder
Collateral Murder a eu un impact sur la guerre. Cette vidéo et les centaines de milliers de documents [publiés par WikiLeaks] ont eu un impact direct sur la guerre, notamment en ébranlant la confiance que le gouvernement irakien en place pouvait avoir dans les forces armées des États-Unis.
Elle a évidemment eu un impact dans le public qui voyait le vrai visage de la guerre et ses règles. Les forces des États-Unis ont continué de prétendre avoir respecté les "Règles d’engagement".
Dans ce cas, les populations jugent ces règles inacceptables.
Si le procès des criminels de guerre n’a jamais eu lieu, on peut se fier à ce que Nils Melzer, ex rapporteur spécial de l’ONU sur la torture et les traitements dégradants a dit à propos de la vidéo : on y voit des soldats tirer sur des blessés, ce qui constitue un crime de guerre tout comme tirer sur les personnes leur portant secours.
Mais il est clair que dans ce monde, les dirigeants des États puissants peuvent se permettre de taire leurs exactions, pire de les justifier et de faire punir ceux qui les ont révélées, les faisant passer pour des dangers pour la sécurité. C’est ce qui se passent dans l’affaire Julian Assange depuis plus de 13 ans. C’est ce qui se passe aussi en Palestine où les journalistes montrant la vérité sont tués et où d’autres journalistes sont emmenés sur le terrain par les forces armées israéliennes pour leur indiquer ce qui doit être montré et dit au public.
On se rend compte de l’importance de Collateral Murder pour le journalisme.
Julian Assange a, à plusieurs reprises, dit que les habitants de Bagdad n’avaient pas besoin de voir Collateral Murder car ils vivaient la vidéo tous les jours, mais que les habitants des pays agressant l’Irak avaient un besoin urgent de voir le vrai visage de la guerre.
Assange défend une conception exigeante de son métier et souhaite l’émergence de ce qu’il nomme un journalisme scientifique. Cela signifie que les journalistes doivent non seulement communiquer des informations précises, mais également permettre au public de les vérifier en donnant accès aux documents-sources. Ils sont évidemment libres d’exprimer leur opinion sur les faits qu’ils rapportent, mais ceux-ci doivent être vérifiables et c’est précisément ce qui, à l’ère de l’informatique, est rendu possible par une plateforme comme WikiLeaks.
En permettant à chacun d’examiner les documents-sources sur lesquels se basent les informations et d’évaluer le degré de confiance que chacun peut avoir en elles, le journalisme scientifique auquel aspire Assange est au service du public et de la démocratie.
Collateral Murder est un de ces documents en ligne que nous pouvons consulter. Une vidéo prise par une caméra embarquée et qui se trouve être à l’opposé de ces journalistes dits eux aussi embarqués auxquels les agresseurs dictent le contenu de ce qu’ils peuvent dire.
Mais cela inspire peut-être aussi à certains journalistes une crainte, celle d’exposer leurs informations à la vérification du public qui serait incité à chercher au-delà de ce qui leur est présenté. Comme j’ai entendu deux journalistes chevronnés l’exprimer à différentes reprises (5), cela pourrait en partie expliquer la froideur du soutien à Assange de la part de ses confrères. Alors que l’acharnement des États-Unis contre le fondateur de WikiLeaks représente une menace pour l’ensemble de la presse, les journalistes qui le soutiennent sont encore bien trop peu nombreux.
Le public, les lecteurs, les auditeurs, se doivent de soutenir Assange.
Il a eu le courage de nous informer alors qu’il connaissait les risques et il en paie le prix fort. Nous nous devons de réclamer sa libération et l’abandon des charges totalement injustifiées à son encontre.
Nous menons cette lutte auprès de ses confrères courageux, nous ne voulons pas les oublier et nous espérons qu’ils seront bientôt rejoints par d’autres.
Notes
(1) WikiLeaks est une plateforme internet fondée en 2006 et destinée à recevoir des documents de lanceurs d’alerte en protégeant leur anonymat. Le but poursuivi est notamment de favoriser ces apports de documents puisque les lanceurs d’alerte sont ainsi mieux protégés.
(2) Il s’agit d’une des fuites les plus importantes jamais obtenues. Julian Asange a déclaré à son propos : « Notre source ou nos sources à l’origine de ce matériel militaire dramatique et du matériel du département d’État que nous avons publiés au cours des sept derniers mois est le plus grand lanceur d’alerte qui ait jamais existé, c’est la source la plus courageuse que nous connaissions dans le journalisme ».
(3) À l’époque des téléchargements et de son arrestation, le soldat s’appelait Bradley Manning. Après son arrestation et sa condamnation (à 35 ans de prison) en 2010, elle a pris la décision d’assumer son identité et a demandé à pouvoir être opérée et à pouvoir prendre un prénom féminin, Chelsea. Chelsea Manning a vu sa peine commuée par Obama et a été libérée en 2007.
Le fait que l’on ait appris le nom de Chelsea Manning n’est pas lié à WikiLeaks mais au trop de confiance du soldat Manning qui s’était un jour confié à un internaute qui par la suite, l’a dénoncé !
(4) Dean Yates. Il est l’auteur de Line in the Sand , un livre qui raconte son histoire et son combat contre les symptômes de stress post-traumatiques.
(5) Marc Molitor, ex-journaliste de la RTBF-radio en Belgique et Arne Ruth, ex-rédacteur en chef du Dagens Nyheter, le plus grand quotidien du matin suédois.
📰 https://investigaction.net/collateral-murder-vers-le-journalisme-scientifique/
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5- ♟ Cinq ans après l'incarcération d'Assange au Royaume-Uni, les poursuites dont il fait l'objet perpétuent la menace pesant sur la liberté de la presse
Par Caitlin Vogus, le 9 avril 2024, Freedom of The Press Foundation
Cette semaine marquera la cinquième année d'emprisonnement pour Julian Assange au Royaume-Uni, où il est en attente d'extradition vers les États-Unis pour des accusations liées à la publication par WikiLeaks de documents secrets du Département d'État et du Département de la défense qui ont fait la une des journaux du monde entier.
La Haute Cour du Royaume-Uni a récemment accordé à Assange une nouvelle audience, retardant au moins temporairement son extradition vers les États-Unis, sans toutefois mettre fin à la menace que son extradition et les poursuites dont il fait l'objet font peser sur la liberté de la presse.
Les autorités américaines affirment que les poursuites engagées à son encontre ne peuvent nuire à la liberté de la presse au motif qu'il serait un "pirate informatique", et non un journaliste. S'ils en sont vraiment convaincus, on pourrait penser qu'ils se contenteraient de le punir comme tel. Or, ce n'est pas le cas.
Lorsque Assange a été placé pour la première fois en détention provisoire en Grande-Bretagne le 11 avril 2019, il a été accusé d'avoir enfreint une loi fédérale sur le piratage informatique. Les États-Unis l'avaient inculpé d'un chef d'accusation (PDF) de complot en vue de commettre une intrusion informatique en collaboration avec la lanceuse d'alerte Chelsea Manning.
Nombreux sont ceux qui ont contesté la culpabilité présumée d'Assange pour ce chef d'accusation. Mais même si ce dernier était reconnu coupable, il encourrait une peine maximale de cinq ans d'emprisonnement.
Cela signifie qu'Assange a déjà purgé la peine d'emprisonnement maximale pour son crime présumé de piratage informatique, à la prison de Belmarsh, à Londres. Pourtant, les États-Unis continuent de réclamer son extradition et de le poursuivre pour des faits relevant bien davantage du journalisme que du piratage informatique.
Après avoir initialement inculpé Assange en vertu de la seule loi sur la fraude et les abus informatiques, les États-Unis ont promptement modifié l'acte d'accusation initial pour y ajouter 17 chefs d'accusation au titre de la loi sur l'espionnage (Espionage Act). (Le gouvernement a ensuite de nouveau modifié la plainte pour élargir la portée de l'accusation de piratage informatique à l'encontre d'Assange, d'une manière qui continue de susciter des critiques).
Bien que les autorités persistent à axer leurs commentaires publics sur le piratage présumé d'Assange, les accusations portées au titre de la loi sur l'espionnage sont fondées sur des actes de journalisme: s'entrretenir avec des sources, leur poser des questions et leur demander davantage d'informations ou de documents. Selon la théorie du gouvernement dans l'affaire Assange, le simple fait de publier des secrets gouvernementaux - ce que les journalistes font en permanence - constituerait une violation de la loi sur l'espionnage.
C'est pourquoi les médias, les groupes de défense de la liberté de la presse et des droits de l'homme, ainsi que les professeurs de droit ont tous reconnu que les poursuites engagées contre Assange en vertu de la loi sur l'espionnage menaçaient la liberté de la presse. Si ce dernier peut être condamné pour avoir commis des actes que les journalistes font quotidiennement, les journalistes du New York Times, du Wall Street Journal, de Fox News ou de l'Australian Broadcasting Corporation (ABC) pourraient l'être également, qu'ils considèrent ou non Assange comme un journaliste.
C'est également la raison pour laquelle l'insistance de l'administration Biden sur le fait que les poursuites contre Assange sont basées sur le piratage informatique et non sur le journalisme, ne tient pas la route. Les accusations portées en vertu de l'Espionage Act démontrent que les procureurs poursuivent Assange sur la base d'actes journalistiques.
Même les porte-parole de l'administration Biden l'ont reconnu, du moins par le passé. En 2019, Matthew Miller - ancien porte-parole du ministère de la Justice sous l'administration Obama - a expliqué que le ministère de la Justice d'Obama avait refusé de poursuivre Assange en vertu de l'Espionage Act parce que si ce dernier pouvait l'être, le New York Times aussi. Mais en 2024, Miller, devenu porte-parole du département d'État, a répondu à une question sur les poursuites engagées contre Assange en soulignant que le piratage informatique ne constituait pas une activité journalistique légitime.
De telles déclarations visent à assurer au public que l'administration Biden ne poursuivra jamais un journaliste "légitime". Mais les promesses de ne pas poursuivre les journalistes conventionnels n'ont aucun sens lorsque le gouvernement s'arroge le pouvoir incontrôlé de le faire. Si Assange est effectivement condamné en vertu de la loi sur l'espionnage, ces promesses n'empêcheront en rien une future administration, ou même celle en place, de poursuivre les journalistes qu'elle n'apprécie pas.
Même si ces poursuites ne se concrétisent pas, leur éventualité ne manque pas de faire trembler le journalisme. Les journalistes font souvent état de secrets gouvernementaux qui peuvent mettre les fonctionnaires dans l'embarras, voire révéler leurs méfaits et leurs crimes. Il serait donc trop risqué pour eux de se fier à la promesse des procureurs de ne pas s'en prendre aux journalistes qui recueillent et rapportent les informations "de la bonne manière", du moins aux yeux des autorités. La menace d'une peine de prison incitera fortement les médias et les journalistes à ne pas publier.
Bien entendu, l'administration Biden pourrait mettre fin à cette menace pour la liberté de la presse en un claquement de doigts en abandonnant les poursuites contre Assange. Si les poursuites dont il fait l'objet portent réellement sur le piratage informatique et non sur le journalisme - comme le gouvernement le proclame avec tant de force et de persistance depuis cinq ans -, il est temps que les États-Unis renoncent à extrader et à poursuivre Assange en vertu de la loi sur l'espionnage (Espionage Act).
Caitlin Vogus est directrice adjointe du plaidoyer à la Freedom of the Press Foundation, où elle travaille à la défense et à la protection des libertés de la presse, des journalistes et des dénonciateurs. Avant de rejoindre la FPF, Caitlin a été directrice adjointe du Free Expression Project au Center for Democracy & Technology, avocate principale au Reporters Committee for Freedom of the Press, conseillère juridique à la Federal Communications Commission et assistante juridique à la Virginia Court of Appeals. Caitlin est titulaire d'un doctorat en droit de la Harvard Law School et d'une licence de l'université de Virginie, où elle était étudiante en journalisme. Caitlin est basée à Washington, D.C.
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6- ♟ Joe Biden déclare "envisager" de mettre fin aux poursuites contre Julian Assange
SOMMAIRE :
1 - Joe Biden sussure "nous réfléchissons" à l'abandon les poursuites contre Julian Assange & annonce la mise en place d'un système de missiles avec l'Australie & le Japon - ABC
2 - Cinq questions rapides : Qu'a dit Joe Biden à propos de Julian Assange & qu'est-ce que cela pourrait signifier ? - ABC
3 - L'épouse de Julian Assange exhorte Joe Biden à "faire ce qu'il faut", tandis que le Premier ministre australien réaffirme que "trop c'est trop" - Sky News
4 - Un miracle se profile-t-il pour Julian Assange ? - Council Estate Media
📰 Lien du poly-article :
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7- ♟ Cinq ans à Belmarsh : Chronique sur l'incarcération de Julian Assange
Les appels à la libération d'Assange redoublent alors que le fondateur de WikiLeaks entame sa sixième année de détention à la prison de Belmarsh.
Par Kevin Gosztola, le 11 avril 2024, The Dissenter
À la demande du gouvernement des États-Unis, le gouvernement britannique a placé Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, en détention à la prison de Sa Majesté Belmarsh depuis cinq ans.
Julian Assange est l'un des rares journalistes à être emprisonné par un pays occidental, ce qui rend le traitement qu'il a subi extraordinaire. Il a passé plus de temps en prison que la plupart de ceux accusés d'actes similaires.
Depuis décembre 2010, Assange vit sous une forme ou une autre de détention arbitraire.
Il a été banni de l'ambassade de l'Équateur à Londres le 11 avril 2019, et la police britannique l'a immédiatement arrêté. Les forces de l'ordre ont conduit Assange à Belmarsh, un établissement de haute sécurité souvent appelé le "Guantanamo britannique".
Quasi simultanément, le ministère de la Justice des États-Unis a dévoilé un acte d'accusation alléguant qu'Assange avait conspiré avec la lanceuse d'alerte de l'armée américaine, Chelsea Manning, pour commettre une "intrusion informatique". Le mois suivant, le ministère de la justice a publié un nouvel acte d'accusation comportant 17 chefs d'accusation supplémentaires au titre de la loi sur l'espionnage (Espionage Act).
2019
Le 1er mai, Assange a été condamné par un tribunal britannique à 50 semaines de prison pour avoir demandé l'asile politique à l'Équateur alors que la Suède tentait de l'extrader. Sa peine dépasse celle de six mois infligée à Jack Shepherd, le "tueur au hors-bord", pour "violation de sa liberté sous caution".
Le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, a rendu visite à Assange le 9 mai. Deux experts médicaux, spécialisés dans l'examen des survivants potentiels de tortures, l'accompagnaient. Le 31 mai, il a rapporté qu'"Assange présentait tous les symptômes typiques d'une exposition prolongée à la torture psychologique, notamment un stress extrême, une anxiété chronique et un traumatisme psychologique intense".
Quelques semaines après la visite de Melzer, les administrateurs de la prison ont transféré Assange dans l'unité médicale. Un porte-parole de WikiLeaks a déclaré que la santé de l'ancien rédacteur en chef avait "continué à se détériorer" et qu'il avait "considérablement perdu de poids". Un avocat de la défense a indiqué qu'il était devenu impossible de "mener une conversation normale avec lui".
Le journaliste australien John Pilger, ami et fervent défenseur d'Assange, a déclaré :
"Lorsque je l'ai vu il y a deux semaines, il n'allait pas bien. Mais cela fait presque sept ans qu'il vit dans une ambassade, dans un espace confiné et sans lumière naturelle."
Ajoutant :
" Les soins diagnostiques et la rééducation dont il a besoin sont considérables. Il a traversé une épreuve physique et mentale hors pair. Et il doit à présent traverser cette épreuve".
La peine prononcée à l'encontre d'Assange a pris fin en septembre, mais la juge Vanessa a refusé de le libérer sous caution estimant qu'il risquait de "s'enfuir à nouveau".
L'ancien ambassadeur britannique Craig Murray a assisté à une audience à la Westminster Magistrates Court le 21 octobre 2019 et a partagé ce dont il a été témoin.
"J'ai été profondément choqué par la perte de poids de mon ami, par la vitesse à laquelle il a perdu ses cheveux et par l'apparence d'un vieillissement prématuré et largement accéléré. Il boite de manière prononcée, ce que je ne l'avais jamais vu faire auparavant. Depuis son arrestation, il a perdu plus de 15 kg".
Murray a poursuivi :
"Lorsqu'on lui a demandé de donner son nom et sa date de naissance, il a visiblement lutté pendant plusieurs secondes pour se souvenir de ces deux informations".
Assange s'est exprimé en ces mots :
"Je ne comprends pas en quoi cette procédure est équitable. Cette superpuissance a eu dix ans pour se préparer à cette affaire, et je ne peux même pas accéder à mes écrits. Il est très difficile, là où je suis, de faire quoi que ce soit. Ces personnes ont des ressources illimitées."
Selon Murray, c'était une "véritable épreuve" de s'adresser à la cour.
"Sa voix s'est éteinte et il est devenu de plus en plus confus et incohérent. Il a parlé de lanceurs d'alerte et d'éditeurs qualifiés d'ennemis du peuple, puis a évoqué le vol de l'ADN de ses enfants et l'espionnage de ses rencontres avec son psychologue. Je ne veux pas du tout dire que Julian avait tort sur ces points, mais il n'a pas été en mesure de les formuler et de les structurer correctement."
Ajoutant :
"Il n'était manifestement pas lui-même, très mal en point, et c'était terriblement pénible à regarder. Baraitser n'a manifesté ni sympathie ni la moindre inquiétude. Elle a sèchement fait remarquer que s'il ne pouvait comprendre ce qui s'était passé, ses avocats pourraient le lui expliquer, et elle a quitté le tribunal".
2020
Assange est resté dans le service médical de la prison de Belmarsh jusqu'à la mi-janvier. Durant cette période, il a vécu dans des conditions qui s'apparentaient à de l'isolement. Cet isolement n'a pris fin que lorsque son équipe juridique et plusieurs prisonniers ont demandé aux administrateurs de le placer dans une aile avec d'autres prisonniers.
En février, la première des deux audiences relatives à la demande d'extradition des États-Unis s'est tenue. Les avocats d'Assange se sont plaints de mauvais traitements dès le premier jour.
SBS Australia a rapporté:
"Le fondateur de WikiLeaks a été déshabillé deux fois, menotté 11 fois et ses dossiers juridiques ont été confisqués par les gardiens de la prison londonienne de Belmarsh lundi, ont déclaré ses avocats lors de l'audience".
La juge de district Vanessa Baraitser a déclaré qu'elle ne pouvait rien faire pour s'assurer qu'Assange soit traité humainement.
Assange a été contraint d'observer la procédure relative à sa propre affaire à l'intérieur d'un box en verre. Jen Robinson, l'une des avocats d'Assange, a déclaré qu'il n'était
"pas en mesure de prendre des notes de manière confidentielle et sécurisée. Il ne peut solliciter d'éclaircissements de la part de son équipe juridique ni donner d'instructions au cours de la procédure".
Il était difficile pour Assange de participer à sa défense, et pourtant, Baraitser a rejeté une demande visant à l'autoriser à s'asseoir aux côtés de ses avocats dans la salle d'audience.
Peu de temps après cette semaine de procédure, la pandémie de Covid-19 a frappé la majeure partie de la planète. Elle a considérablement intensifié les difficultés liées à l'emprisonnement.
Vaughan Smith, un ami qui a permis à Assange de vivre avec lui en résidence surveillée en 2010, a écrit le 9 avril qu'Assange était
"confiné seul dans une cellule 23 heures et demie par jour. Il n'a droit qu'à une demi-heure d'exercice, et encore, dans une cour bondée d'autres prisonniers. Avec plus de 150 membres du personnel de la prison de Belmarsh absent de leur poste et en auto isolement, la prison fonctionne à peine".
Ajoutant :
"Nous avons connaissance de deux décès dus au virus Covid-19 à Belmarsh à ce jour, bien que le ministère de la Justice n'en ait admis qu'un seul. Julian m'a dit qu'il y en avait eu d'autres et que le virus était en train de se répandre au sein de la prison".
Le 25 mars, l'équipe juridique de Julian Assange s'est présentée devant Baraitser et a demandé qu'il soit libéré sous caution. De nombreux appels ont été lancés en faveur de la libération des détenus et des prisonniers afin d'enrayer la propagation du virus. Mais Baraitser a rejeté cette demande.
Du 22 mars à la dernière semaine d'août, Belmarsh n'a pas autorisé les visites. Il n'a pu voir ni sa compagne Stella ni ses deux enfants, Gabriel et Max.
Lorsque Stella a rendu visite à Julian, il n'a pas été autorisé à prendre ses enfants dans ses bras, sous peine d'être placé à l'isolement pendant deux semaines.
"Julian a dit que c'était la première fois qu'on lui fournissait un masque parce que les choses sont très différentes au-delà des portes. Il avait l'air beaucoup plus maigre. Il portait un brassard jaune pour indiquer son statut de prisonnier, et on pouvait voir à quel point ses bras étaient fins", a partagé Stella.
En juin, le ministère américain de la justice a publié un nouvel acte d'accusation qui ajoute au stress de Julian Assange en accusant le fondateur de WikiLeaks de conspirer avec des "hackers" affiliés à "Anonymous", "LulzSec", "AntiSec" et "Gnosis". Certaines de ces nouvelles allégations émanaient de Sigurdur "Siggi" Thordarson, un criminel en série, escroc, sociopathe menteur et pédophile reconnu.
Bien que la pandémie ait affecté l'accès au public et à la presse, Baraitser a maintenu la deuxième partie de l'audience d'extradition en septembre. L'équipe juridique d'Assange a fait appel à plusieurs témoins pour contester la demande d'extradition. L'audience a duré un mois.
Le docteur Quinton Deeley, qui travaille pour le National Health Service (NHS), a effectué un test ADOS (Autism Diagnostic Observation Schedule) et a interrogé Assange pendant six heures en juillet. Il a été diagnostiqué syndrome d'Asperger.
Assange a déclaré à Deeley qu'il craignait d'être détenu en isolement dans une prison américaine. Il avait peur d'un ajout de nouvelles charges à l'acte d'accusation. Il était également préoccupé par le sort de Joshua Schulte, détenu dans des conditions d'isolement très dures avant son procès pour avoir divulgué les documents de Vault 7 à WikiLeaks.
En cas d'extradition, Deeley a estimé que le risque de suicide d'Assange serait élevé compte tenu des circonstances. Il a déclaré que
Julian Assange "ruminait longuement les perspectives à venir", ce qui lui inspirait un "sentiment d'horreur". Il considère cela "comme une épreuve insupportable, et je pense que son incapacité à supporter cela dans le contexte d'une dépression qui s'aggrave lui confère un risque élevé de suicide".
Quelques mois plus tard, le 2 novembre, Manoel Santos, un Brésilien homosexuel menacé d'expulsion vers le Brésil, s'est suicidé. Ce prisonnier était devenu l'ami d'Assange, et sa mort a été incroyablement dévastatrice pour ce dernier.
"Julian m'a dit que Manoel était un excellent ténor. Il aidait Julian à lire les lettres qui lui étaient adressées en portugais et c'était un ami. Il craignait d'être expulsé vers le Brésil après 20 ans, son homosexualité le mettait en danger là d'où il irait", a partagé Stella Assange. (Jair Bolsonaro, un fasciste anti-gay, était président du Brésil).
Une épidémie de Covid s'est également déclarée dans le quartier pénitentiaire d'Assange en novembre.
"Je suis extrêmement inquiète pour Julian. Les médecins de Julian disent qu'il est vulnérable face aux risques du virus. Mais il ne s'agit pas seulement du Covid", a déclaré Stella.
Ajoutant :
"Chaque jour qui passe fait courir un risque sérieux à Julian. Belmarsh est un environnement extrêmement dangereux où les meurtres et les suicides sont monnaie courante".
2021
L'année à Belmarsh a commencé par une victoire douce-amère. La juge de district Vanessa Baraitser a estimé que l'extradition de Julian Assange vers les États-Unis serait "oppressive" pour des raisons de santé mentale.
Bien que Baraitser ait refusé de maintenir certaines protections qui protégeraient la liberté d'expression de Julian Assange, elle a reconnu la cruauté du système carcéral américain, en particulier ce qui arriverait à Julian Assange s'il était envoyé dans une prison de type "supermax".
Mais deux jours plus tard, les avocats du Crown Prosecution Service ont soutenu qu ' Assange ne devrait pas être libéré sous caution au motif qu'il avait aidé Edward Snowden, le lanceur d'alerte de la NSA, à "fuir la justice". Les avocats ont également souligné l'offre d'asile du président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador et ont insisté pour qu'il reste à Belmarsh, faute de quoi il se rendrait à l'ambassade du Mexique à Londres pour échapper aux poursuites.
La juge de district s'est rangée du côté du gouvernement américain. Elle a reconnu que l'aide apportée par WikiLeaks à Snowden démontrait que Julian Assange représentait un "risque de fuite". Baraitser a en outre fait valoir que les "énormes réseaux de soutien" dont disposait Assange l'aideraient "s'il décidait à nouveau de prendre la poudre d'escampette". Ces soutiens permettraient au fondateur de WikiLeaks d'échapper plus facilement aux poursuites.
Après l'élection du président Joe Biden, Stella s'est montré prudemment optimiste quant à la volonté de son administration de "projeter un engagement en faveur du premier amendement". Cela pousserait le ministère américain de la justice, sous la présidence de Joe Biden, à abandonner les poursuites. Toutefois, l'administration Biden n'a aucunement renoncé à poursuivre l'affaire.
Des variantes contagieuses du virus Covid 19 se sont répandues dans le monde entier. Pendant huit mois, les administrateurs de Belmarsh n'ont autorisé ni Stella ni ses deux enfants à rendre visite à Julian.
Stella a déclaré à la presse, après sa visite à la prison, que les autorités britanniques devaient mettre fin à cette affaire qui "conduisait" Julian à "une profonde dépression et au désespoir".
"[Julian] ne devrait pas se trouver en prison, il ne devrait pas être poursuivi, parce qu'il a fait ce qu'il fallait : il a publié la vérité", a déclaré Stella.
L'inspecteur en chef des prisons de Sa Majesté a effectué deux visites inopinées à Belmarsh les 26 et 27 juillet et au début du mois d'août. Un rapport [PDF] publié par l'inspecteur a révélé que les "taux de violence" avaient grimpé en flèche malgré les restrictions imposées par le COVID "qui limitent le temps pendant lequel la plupart des prisonniers sont hors de leur cellule".
"La prison n'a pas accordé suffisamment d'attention aux niveaux croissants d'automutilation et il n'y a pas eu assez de surveillance ou de soins apportés aux détenus présentant un risque de suicide. Des mesures urgentes devaient être prises dans ce domaine pour garantir la sécurité de ces prisonniers", selon le rapport.
Une audience sur l'appel du gouvernement américain s'est tenue devant la Haute Cour de justice britannique à la fin du mois d'octobre. Le premier jour, Assange a été victime d'un "mini-accident vasculaire cérébral" et n'a pas été en mesure de suivre les débats.
Le 10 décembre, la Haute Cour a statué en faveur de l'appel du gouvernement américain et a annulé la décision du tribunal de première instance qui avait momentanément épargné Assange. Les juges se sont déclarés "satisfaits" des assurances diplomatiques offertes par le département d'État américain. Le tribunal n'avait aucune raison de penser qu'Assange ne serait pas traité de manière appropriée en détention aux États-Unis.
Le journaliste a immédiatement fait appel à la Cour suprême du Royaume-Uni pour réexaminer la décision.
"Aujourd'hui le monde célèbre la journée internationale des droits de l'homme. Quelle honte ! Quel cynisme d'avoir rendu une telle décision ce jour-là, d'avoir envoyé dans une prison britannique le plus grand éditeur [et] journaliste de ces 50 dernières années, accusé d'avoir publié la vérité sur les crimes de guerre, sur les équipes de tueurs de la CIA.
En réalité, chaque fois que nous avons une audience, nous en savons plus sur la nature abusive, la nature criminelle de cette affaire", a déclaré Stella.
2022
Un autre évènement doux-amer s'est produit à Belmarsh le 23 mars. Les administrateurs de la prison ont mis fin à leur refus et ont autorisé Julian et Stella à se marier lors d'une cérémonie minimale.
Stella a déclaré:
"Ce n'est pas un mariage en prison, c'est une déclaration d'amour et de résistance malgré les murs de la prison, malgré la persécution politique, malgré la détention arbitraire, malgré le mal et le harcèlement infligés à Julian et à notre famille. Leur tourment ne fait que renforcer notre amour".
Cependant, le ministère de la justice du Royaume-Uni a refusé que les journalistes Craig Murray et Chris Hedges puissent être admis comme témoins parce qu'ils publient régulièrement des articles sur l'affaire. La prison a également tenté de refuser l'accès au "photographe proposé" par le couple et a qualifié les photos de mariage de "risque pour la sécurité", les clichés pouvant circuler sur les réseaux sociaux ou dans la presse.
"Je suis convaincue qu'ils craignent que les gens voient Julian comme un être humain. Pas un nom, mais une personne. Leur peur révèle qu'ils veulent à tout prix que Julian reste invisible aux yeux du public, même le jour de son mariage, et surtout en ce jour-là", a répondu Stella.
Pourtant, comme Stella l'a confié à 60 Minutes Australia, les deux époux ont échangé leurs vœux et se sont étreints.
"C'était comme si nous n'étions pas dans une prison. L'espace d'un instant, les murs de la prison avaient disparu. Les gardiens, les prisonniers et les visiteurs nous félicitaient tous, et lorsque Julian est entré à son tour, ils ont commencé à applaudir."
Le recours de Julian Assange devant la Cour suprême du Royaume-Uni a été rejeté quelques jours avant le mariage. La Cour a refusé d'examiner les questions soulevées par l'équipe juridique de Julian Assange. La demande d'extradition a donc été approuvée par le tribunal de district et transmise à la ministre britannique de l'intérieur, Priti Patel, pour approbation en juin.
Un nouveau recours a été déposé en juillet et, alors qu'Assange demandait une audience d'appel devant la Haute Cour, son affaire est restée dans les limbes.
En octobre, Assange a été contraint de rester en isolement dans la prison pendant plusieurs jours après avoir été infecté par le virus Covid. Il est resté enfermé dans sa cellule 24 heures sur 24.
La nouvelle a été communiquée quelques jours après que Stella Assange et ses partisans ont formé une chaîne humaine autour du Parlement britannique en signe de solidarité avec le fondateur de WikiLeaks incarcéré.
2023/2024
Alors que le gouvernement australien avait toujours refusé de défendre les droits de l'un de ses propres citoyens, Stephen Smith, haut-commissaire de l'Australie au Royaume-Uni, a rendu visite à Julian Assange à Belmarsh.
"Je suis très désireux d'avoir une conversation avec lui, de m'assurer de sa santé et de son bien-être et, je l'espère, de voir si des visites régulières pourraient être une caractéristique de la relation avec Monsieur Assange à l'avenir", a déclaré Mr Smith à la presse, alors qu'il entrait dans la prison.
Cette visite est le fruit d'une campagne menée par les partisans de Julian Assange en Australie. Enfin, le premier ministre australien, proche allié des États-Unis, a publiquement appelé à l'arrêt des poursuites à l'encontre du journaliste.
Le même jour, une visite similaire du secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, et de la directrice des opérations, Rebecca Vincent, a été bloquée par les administrateurs de Belmarsh. RSF a été stupéfaite parce qu'elle s'était coordonnée avec la prison.
"Les responsables de l'administration pénitentiaire ont dit aux représentants de RSF qu'ils avaient 'reçu des informations' selon lesquelles les visiteurs étaient des journalistes, et qu'ils ne seraient donc pas autorisés à entrer, conformément à une décision du gouverneur de la prison de Belmarsh, Jenny Louis. Le gouverneur n'a pas répondu aux demandes urgentes de rencontrer Deloire et Vincent ou d'intervenir d'une quelconque manière pour leur permettre d'accéder à la prison", a déclaré RSF.
En mai, la première lettre publique d'Assange depuis son incarcération à Belmarsh a été diffusée. Le fondateur de WikiLeaks y accueillait de manière satirique le roi Charles pour son accession au trône britannique et l'encourageait à visiter sa prison. (Traduite en français sur ce blog).
"En tant que prisonnier politique, détenu selon le bon vouloir de Votre Majesté au nom d'un souverain étranger embarrassé, je suis honoré de résider entre les murs de cette institution de classe mondiale. Vraiment, votre royaume ne connaît pas de limites", écrivait Assange.
"Pendant votre visite, vous aurez l'occasion de vous régaler des délices culinaires préparés pour vos loyaux sujets avec un budget généreux de deux livres par jour. Savourez les têtes de thon mixées et les formes reconstituées omniprésentes prétendument préparées à base de poulet. Ne vous inquiétez pas, car contrairement à d'autres institutions de moindre importance comme Alcatraz ou San Quentin, les repas ne sont pas pris en commun dans un réfectoire. À Belmarsh, les prisonniers dînent seuls dans leur cellule, ce qui leur assure une intimité maximale avec leur repas."
"Si vous vous aventurez dans les entrailles de Belmarsh, vous découvrirez le lieu le plus isolé de ses murs : Le service de santé, ou "Hellcare" comme l'appellent affectueusement ses résidents. Ici, vous serez émerveillé par des règles sensées conçues pour la sécurité de tous, comme l'interdiction de jouer aux échecs, alors que le jeu de dames, autrement moins dangereux, est autorisé", ajoutait-il.
Assange a décrit la "Belmarsh End of Life Suite" (la suite de fin de vie de Belmarsh), où les prisonniers crient "Frère, je vais mourir ici", et les corbeaux nichant sur les barbelés, ainsi que "les rats affamés qui ont élu domicile à Belmarsh".
"Si vous y venez au printemps, vous pourrez même apercevoir les canetons pondus par des colverts égarés dans l'enceinte de la prison. Mais ne tardez pas, car les rats voraces veillent à ce que leur vie soit éphémère".
Le 8 juin, la Haute Cour de justice britannique a rejeté la demande d'appel d'Assange. La décision de la Cour, qui a inexplicablement mis près d'un an à être rendue, a été rédigée par le juge Sir Jonathan Swift et ne contenait que de maigres explications sur le refus.
L'équipe juridique du journaliste s'est donc retrouvée dans une nouvelle phase d'incertitude, puisqu'elle a redéposé une demande d'appel abrégée et a attendu que le tribunal accorde une audience.
Le journaliste Charles Glass a rendu visite à Assange le 13 décembre. Sa dernière rencontre avec lui remontait à six ans, alors qu'il se trouvait encore à l'ambassade de l'Équateur à Londres.
Dans un rapport pour The Nation, Glass a écrit : "Sa pâleur peut être décrite comme morbide", et la raison pour laquelle il semble si mal en point est qu'il n'a pas vu le soleil depuis qu'il a été transporté à la prison le 11 avril 2019.
"Les gardiens le confinent dans une cellule 23 heures sur 24. Son unique heure de promenade se déroule entre quatre murs, sous surveillance."
La nourriture proposée à Belmarsh consiste en "du porridge pour le petit-déjeuner, une soupe maigre pour le déjeuner, et pas grand-chose d'autre pour le dîner".
"Les gardiens de Belmarsh introduisent la nourriture dans chaque cellule pour que les prisonniers la mangent seuls. Il est difficile de se faire des amis de cette façon. Assange est là depuis plus longtemps que n'importe quel autre prisonnier, à l'exception d'un vieil homme qui a purgé sept ans de prison contre quatre ans et demi pour lui", ajoute Glass.
La prison s'est opposée à la sollicitation d'Assange pour une radio jusqu'à ce que Glass intervienne pour faire pression sur la prison.
L'un des rares points positifs, cependant, est qu'Assange a été autorisé à garder une bibliothèque avec des douzaines et des douzaines de livres dans sa cellule. En fait, lors de la visite de Glass, il ne pouvait plus recevoir de livres parce qu'il en avait 232.
Fin décembre et début janvier, Assange était malade. Il souffre d'ostéoporose et sa toux lui a fracturé une côte. Si les autorités pénitentiaires lui permettaient de s'exposer à la lumière du soleil, l'éditeur de 52 ans ne serait peut-être pas aussi fragile.
Assange n'était toujours pas rétabli lorsque l'audience d'appel s'est finalement tenue en février et n'a pas été en mesure d'assister à la procédure.
La Haute Cour a très partiellement statué en faveur d'Assange le 26 mars, lorsqu'elle a reconnu qu'Assange avait des raisons valables de faire appel. Mais ce tribunal a suspendu sa décision et a invité le gouvernement américain à fournir des "garanties" qui lui permettraient d'éviter le pourvoi.
Assange a une fois de plus été puni par la procédure judiciaire. Il ne lui reste que très peu d'options pour éviter l'extradition vers les États-Unis pour un procès sans précédent sur la base de la loi sur l'espionnage (Espionage Act).
À l'occasion de ce cinquième "anniversaire", le président Joe Biden a été interpellé par un journaliste au sujet de l'affaire Assange. Il a répondu qu'il "examinait" la demande de l'Australie de mettre fin à l'affaire, quoi que cela signifie pour l'un des prisonniers politiques les plus connus au monde.
📰 https://thedissenter.org/five-years-at-belmarsh-a-chronicle-of-julian-assanges-imprisonment/
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8- ♟ Amnesty Royaume-Uni/États-Unis : les cinq années d'emprisonnement de Julian Assange au Royaume-Uni sont inacceptables
Par Amnesty, le 11 avril 2024
Voilà cinq ans jour pour jour que Julian Assange est détenu à Belmarsh, une prison de haute sécurité au Royaume-Uni. Alors qu'il lutte contre la volonté d'extradition manifestée par les autorités américaines, Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International, a déclaré :
"Julian Assange a osé mettre en lumière des révélations sur des crimes de guerre présumés perpétrés par les États-Unis. Il est inacceptable que des années de sa vie lui aient été volées. Il est toujours détenu arbitrairement au Royaume-Uni sur la base d'accusations motivées par des considérations politiques, portées par les États-Unis pour avoir exposé les actes répréhensibles qu'ils sont soupçonnés d'avoir commis. Les autorités américaines n'ont pas mené d'enquête complète et transparente sur leurs crimes de guerre présumés. En revanche, elles ont choisi de s'en prendre à Julian Assange pour avoir publié des informations qui lui avaient été communiquées, bien que celles-ci fussent d'intérêt public. La persécution actuelle d'Assange tourne en dérision les obligations des États-Unis en vertu du droit international et leur engagement déclaré en faveur de la liberté d'expression.
S'il est extradé vers les États-Unis, Assange risque de subir de graves abus, notamment une mise à l'isolement prolongée, ce qui constituerait une violation de l'interdiction de la torture ou d'autres formes de mauvais traitements. Les assurances diplomatiques douteuses données par les États-Unis quant au traitement de Julian Assange ne valent pas le papier sur lequel elles sont écrites, notamment parce qu'elles ne sont pas juridiquement contraignantes et qu'elles sont truffées de lacunes.
Assange est poursuivi pour des activités fondamentales pour tous les journalistes et éditeurs, qui reçoivent fréquemment des informations gouvernementales sensibles de sources extérieures. Wikileaks a publié des preuves de meurtres de civils et de crimes de guerre présumés. Le public est en droit de savoir si son gouvernement enfreint le droit international. Si Assange venait à être extradé, les autorités américaines ouvriraient la voie à un précédent désastreux pour la liberté des médias dans le monde. Les États-Unis doivent abandonner toutes les charges retenues contre Assange, ce qui permettra de le libérer rapidement de ses geôles britanniques."
Contexte
Julian Assange est poursuivi par et aux États-Unis en vertu de l'Espionage Act de 1917, une loi datant de la première guerre qui n'a jamais eu pour but de cibler le travail légitime des éditeurs et des journalistes. Il risque jusqu'à 175 ans de prison. Pour ce qui est de l'accusation d'utilisation abusive d'un ordinateur, il pourrait se voir infliger une peine maximale de cinq ans.
Le 26 mars, la Haute Cour britannique a ajourné l'audience pour donner aux États-Unis la possibilité de présenter de nouvelles assurances diplomatiques. Le 20 mai 2024, le tribunal britannique réexaminera l'autorisation donnée à Julian Assange de faire appel de son extradition vers les États-Unis.
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9- ♟ Julian Assange désormais emprisonné depuis 5 ans
Par Moritz Müller, le 11 avril 2024, NachDenkSeiten
Dernière nouvelle : Biden répond "nous l'envisageons", à la question de savoir si les États-Unis comptent abandonner les charges contre Assange.
Hier, le président Biden a déclaré, en réponse à la question d'un journaliste à ce sujet, que le gouvernement américain envisageait d'abandonner les poursuites contre Julian Assange. C'est ce que rapporte Consortium News en se référant à Sky News et à un tweet de la journaliste Kellie Meyer. Biden a tenu ces propos alors qu'il passait devant les journalistes de la Maison Blanche en compagnie du Premier ministre japonais. Ce sont des propos qui n'ont jamais été entendus de la sorte de la part d'un président américain. C'est une raison de plus d'exiger la liberté d'Assange lors des veillées et des manifestations mentionnées ci-dessous, car la goutte d'eau fait déborder le vase.
Ce 11 avril 2024 marque le cinquième anniversaire de son enlèvement à l'ambassade équatorienne de Londres.
Depuis, il est incarcéré à la prison de Belmarsh dans des conditions inhumaines, la plupart du temps détenu aux seules fins d'extradition. Au total, Julian Assange est plus ou moins privé de liberté depuis qu'il s'est rendu à un poste de police londonien le 7 décembre 2010, soit depuis 4 875 jours. Les autorités américaines ont actuellement le droit d'inventer des garanties selon lesquelles Assange ne risque pas la peine capitale aux États-Unis. C'est ce qu'ont permis les juges de la Haute Cour de Londres le 26 mars, c'est-à-dire après l'audience de février. D'autre part, de nombreuses personnes dans le monde entier exigent sa libération, comme les membres de Hamburg4Assange, qui appellent à une manifestation à Hambourg samedi prochain. D'autres villes organisent également des manifestations à l'occasion de ce triste anniversaire.
À Londres, des manifestations ont déjà eu lieu la semaine dernière pour marquer le 11 avril, et d'autres actions sont prévues pour les jours à venir afin d'attirer l'attention sur le sort de celui qui est probablement le prisonnier politique le plus emblématique des "démocraties" occidentales. Aujourd'hui, 11 avril, à 13 heures, heure de Londres, les partisans se réuniront devant l'ambassade équatorienne à Hans Crescent.
Le dimanche 14 avril 2024, ils partiront de l'ambassade équatorienne (10h30) pour se rendre à la prison de Belmarsh (15h00) en passant par la Westminster Magistrates Court (12h00).
Ce jeudi, des veillées auront lieu à Brême, Francfort-sur-le-Main et Stuttgart.
Les Berlinois, qui se réunissent tous les vendredis de 13 heures à 18 heures sur la Pariser Platz sous la devise Berlin4Assange, seront également de retour avec leur flash mob .
Des événements auront également lieu vendredi à Cologne, Mannheim et Paderborn .
L'appel de Hamburg4Assange pour samedi est le suivant :
"Le moment est à nouveau venu. Nous allons à nouveau envoyer un signal très fort à Hambourg pour la liberté de Julian Assange.
Le 11 avril 2019, Julian Assange a été sorti de l'ambassade équatorienne à Londres et est depuis détenu dans une prison de haute sécurité. Il est menacé d'extradition vers les États-Unis.
C'est pourquoi nous commémorerons à Hambourg, le samedi 13 avril 2024, les cinq années passées à la prison de Belmarsh.
Une manifestation d'ouverture est prévue de 13 à 14 heures sur le Gänsemarkt. Nous nous rendrons ensuite tous ensemble avec le grand camion d'Assange à Dammtor, Theodor-Heuss-Platz, où se tiendront notre manifestation finale et une veillée spéciale. La fin est prévue pour 17 heures.
Descendons ensemble dans la rue pour revendiquer la liberté de Julian Assange, la liberté de la presse et notre droit de savoir les crimes que nos gouvernements commettent en notre nom.
Joignez-vous tous à nous et partagez cet appel.
Ce faisant, nous voulons rappeler la coresponsabilité des médias. Ils font partie d'une démocratie qui se défend et la soutiennent en tant que quatrième pilier de la séparation des pouvoirs, conformément au code de la presse et aux directives éthiques internationales.
La population est tributaire des médias qui fournissent des informations équilibrées sur un sujet donné.
Une démocratie saine et fonctionnelle a besoin à la fois de reportages basés sur des faits et de nombreuses opinions différentes. C'est l'unique façon pour les citoyens de se forger leur propre opinion et de participer aux processus démocratiques".
Espérons que les responsables entendront et verront ces appels retentissants et qu'ils se rendront compte qu'on poursuit ici la mauvaise personne - à savoir celle qui a rendu les crimes publics, plutôt que les criminels sur le terrain et derrière leur bureau, qui ont tant de vies sur la conscience."
En attendant, Julian Assange reste incarcéré. Les États-Unis ont jusqu'au 16 avril pour formuler des garanties sur trois points de l'appel déposé par les avocats de Julian Assange. L'équipe d'avocats d'Assange aura jusqu'au 13 mai pour commenter ces déclarations avant que la Haute Cour n'annonce le 20 mai, "ou éventuellement à une date ultérieure indiquée par la Cour", si un procès en appel aura lieu dans cette affaire.
Cette affaire doit être classée et Julian Assange libéré immédiatement. Il est tout à fait inacceptable que, cinq ans après avoir officiellement déposé la première demande d'extradition, les États-Unis soient encore autorisés à réfléchir à l'exclusion de la peine capitale ou à produire des garanties à ce sujet, dont la valeur peut être considérée comme douteuse au vu des expériences antérieures.
Un bon aperçu de l'état d'avancement de cette affaire est également disponible ici.
📰 https://www.nachdenkseiten.de/?p=113668
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10- ♟ L'État profond contre Julian Assange
Tout comme Gonzalo Lira avant lui, Julian Assange mérite non seulement de vivre sa vie en toute liberté avec sa famille, mais aussi dans la paix pour laquelle il a tant sacrifié.
Par Declan Hayes, le 11 avril 2024, Strategic Culture Foundation
Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautés, les puissances, les dominateurs des ténèbres de ce monde, contre les esprits mauvais dans les hautes sphères.
- Ephésiens 6:12
Des sources proches de la campagne de Julian Assange m'confié dit qu'ils ont jusqu'à présent dépensé plus de 50 millions de dollars dans ce combat pour sa libération, avec probablement un montant similaire dépensé indirectement par les partisans. Bien qu'il s'agisse d'une véritable rançon de roi, ce n'est rien comparé à ce dont disposent les États profonds suédois, britannique et américain pour lutter contre lui ou contre toute autre personne, comme Gonzalo Lira, qui les agace vraiment.
Je mentionne le regretté Gonzalo Lira, car il a non seulement fortement irrité le prince clownesque Zelensky, mais il a également payé le prix fort pour cela. Bien que Zelensky soit un clown méprisant, le colonel Douglas Macgregor fait remarquer que tous les généraux ukrainiens de haut rang sont terrifiés par cet homme ou, plus précisément, par les assassins du SBU et leurs agents de l'OTAN au service desquels il se trouve. Si vous vous opposez à la figure de proue de Zelensky, le SBU vous poursuivra comme Gonzalo Lira ou Julian Assange.
Il ne s'agit pas, Dieu m'en garde, de critiquer les ordures du SBU, mais de souligner que dans chaque pays, il existe un État profond, un cercle d'individus persuadés qu'il est de leur devoir de maintenir la cohésion du pays, que ce soit en enfer ou dans l'adversité. Les articles précédents concernant Stakeknife ont montré à quel point l'État profond est obscur en Irlande et en Grande-Bretagne. Cet article sur les niveaux industriels de viols d'enfants par des politiciens britanniques de premier plan et leurs amis de la famille royale, ou cet autre sur le sexe, la corruption et les gangsters dans le Londres des années 1960, montrent que le Royaume-Uni a ses propres Jeffrey Epstein obscurs que l'État profond doit prendre en compte dans les calculs de la sécurité nationale.
De même, la Russie a ses siloviks - (représentant d'organismes étatiques chargés de veiller à l'application de la loi, d'organismes de renseignements, des forces armées et autres structures auxquels l'État délègue son droit d'utiliser la force (ils sont généralement appelés ministère ou organisme d'application de la loi). Appliqué à la Russie, le concept est souvent étendu aux représentants des groupes politiques, mais également aux hommes d'affaires, associés aux structures du pouvoir en Russie ou dans le passé en URSS) -, des hommes comme Nikolai Patrushev, Sergey Naryshkin, Alexander Bortnikov et Sergei Shoigu, qui savent apprécier les défis auxquels la Russie est confrontée et comment les prévenir. La Turquie et l'Égypte ont leurs forces armées, dont les généraux se considèrent traditionnellement comme les gardiens de la laïcité de leur pays, que des groupes terroristes comme les Frères musulmans s'acharnent à bouleverser.
La Thaïlande, et c'est peut-être le plus important, a également ses forces armées, qui renforcent la monarchie afin de tenir à distance les autres forces subversives. Ce pays est particulièrement intéressant en raison de ses dispositions juridiques strictes en matière de lèse-majesté, qui ont été renforcées par la vénération et l'affection que la quasi-totalité des Thaïlandais portaient à Sa Majesté, feu le roi Rama 1X qui, à l'instar de la reine Elizabeth d'Albion, a été entouré toute sa vie d'un tel faste et d'un tel cocon.
Ce n'est pas le cas de Zelensky ou d'acteurs de l'État profond à la peau fine comme Hillary Clinton, qu'Assange a si gravement offensés. Et, bien qu'Assange ait réussi à obtenir le soutien de quelques membres de la liste D, Clinton, qui s'imagine être un pharaon des temps modernes, a fermé son cœur (inexistant) au sort d'Assange, tout comme elle a précédemment envoyé des dizaines de milliers de Libyens à l'abattoir.
Si cela ne tenait qu'à elle, Assange serait déjà mort depuis longtemps. Faites sérieusement pencher la balance en faveur d'Assange et Clinton, le Grand Bourreau, vous mettra Jeffrey Epstein sur le dos car, bien que Clinton soit une imposture aussi méprisable que Zelensky, elle a elle aussi de très sérieux amis de l'État profond, qui sont non seulement passés maîtres dans les arts les plus sordides, mais qui sont prêts, comme l'insinue cet excellent article de fond, à pratiquer ces arts sur Assange en le faisant disparaître de la surface de la terre.
Bien que les dernières accusations portées contre Assange soient résumées ici, il ne s'agit en fin de compte que de poudre aux yeux, d'une journée dans les tribunaux britanniques à la recherche de la justice, qui s'apparente à une journée au pôle Nord en quête de fraises.
Dans l'état actuel des choses, Assange est de nouveau en quête de justice (ha ha) devant le système judiciaire britannique le 20 mai , lorsque les savants juges du roi annonceront comment ils ont l'intention de mettre en œuvre le prochain acte de cette tartufferie. Bien que Mike Pompeo, acteur de l'État profond américain, ait avoué qu'il tirerait volontiers une balle dans la tête d'Assange, une telle approche est dépourvue des multiples couches de dénégation plausible dont l'État profond a besoin pour poursuivre sa mascarade. Ainsi, les tribunaux britanniques, qui jouent le rôle de Ponce Pilate dans toute cette affaire, doivent se dégager de toute culpabilité en prétendant que, comme Ponce Pilate lui-même, ils sont au-dessus des petites vanités de Clinton et de ses semblables. Ils doivent, au minimum, faire semblant de se prêter à la comédie en donnant à Assange sa "chance" dans leur tribunal kangourou et les Américains, contre toute évidence, doivent faire semblant d'être d'honnêtes courtiers à la Hollywood, qui veilleront à ce que le bon choix soit fait à la fin de la séance. Il s'agit là d'un choix difficile, mais au pays des Yankees il y a Mickey Mouse et Hollywood, et ce simple tour de passe-passe n'échappe pas à leur vaste machine de propagande bien huilée.
Et, bien qu'Assange soit susceptible d'obtenir une justice tardive en mai, nous devrions être conscients de ce qu'il y a d'autre dans ce procès lorsqu'il répète son affirmation selon laquelle toutes les guerres que l'État profond américain inflige au monde n'ont été rien d'autre que des exercices lucratifs pour les Hilary Clinton et les princes clownesques Zelensky de l'État profond, que ces mêmes acteurs tentent de faire passer pour une théorie de la conspiration (sic), de la désinformation russe ou une invention de notre imagination commune. Donnez une chance à Assange et délivrez-nous de ces personnes maléfiques et mesquines, qui ont plus de sang sur les mains que nous ne pouvons l'imaginer.
Bien que le pouvoir de la prière ne soit pas à négliger, l'État profond de l'Allemagne nazie montre que d'autres forces, telles que l'Armée rouge, pourraient également avoir un rôle à jouer. Au fur et à mesure que le Troisième Reich s'effondrait, les machinations de Heinrich Himmler, autrefois puissant, et de ces autres tarés, comme Bormann, qui avaient l'oreille d'Hitler, se sont également effondrées, comme le montre cette excellente vidéo. Et si Bormann est mort en tentant de fuir Berlin comme le vulgaire rat acculé qu'il était, Himmler a été encore plus pathétique lorsque, dépourvu de ses hommes de main SS de l'État profond, il a été capturé à la frontière danoise à la fin de la guerre. Pour en revenir à notre époque, du point de vue d'Assange, il faut espérer que Trump soit réélu et tienne sa promesse de mettre la méchante sorcière en cage et de lui faire partager sa cellule avec Ghislaine Maxwell, actrice de l'État profond, que l'on voit ici avec ses collègues Jeffrey Epstein et Bill Clinton, qui eux aussi devraient être en prison.
Assange, en revanche, a purgé sa peine pour avoir révélé une infime partie des crimes commis par des acteurs de l'État profond tels que les Clinton et Obama. Il mérite, comme Gonzalo Lira avant lui, de vivre sa vie non seulement en homme libre avec sa famille, mais aussi dans la paix pour laquelle, il a tant sacrifié en luttant "contre les principautés, les puissances, les dominateurs des ténèbres de ce monde, contre la méchanceté spirituelle des hautes sphères".
📰 https://strategic-culture.su/news/2024/04/11/deep-state-versus-julian-assange/
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11- ♟ Mettre fin à la persécution de Julian Assange
Le cinquième "anniversaire" de l'emprisonnement de Julian Assange serait un jour parfait pour que l'administration Biden mette fin à cette saga sordide - avant qu'elle ne sonne le glas du premier amendement.
Biden a fait des déclarations hypocrites sur son soutien à la liberté de la presse. Le président américain ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.
Chercher à punir un journaliste pour des publications qui étaient clairement dans l'intérêt public est un grave affront à la liberté de la presse.
Par Chip Gibbons, le 11 avril 2024, The Nation
Il y a cinq ans aujourd'hui, le 11 avril 2019, la police métropolitaine de Londres pénétrait dans l'ambassade équatorienne à Londres pour arrêter le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. Pendant sept ans, Assange a vécu à l'intérieur de l'ambassade. L'administration de gauche de Rafael Correa avait accordé l'asile politique au journaliste. Bien que la demande d'extradition initiale ait été formulée par la Suède, qui affirmait devoir interroger Julian Assange sur des allégations d'agression sexuelle, ce dernier craignait que les États-Unis ne le poursuivent pour ses activités journalistiques. L'Équateur a jugé plausibles les inquiétudes d'Assange.
Assange a demandé à la Suède de lui donner l'assurance qu'elle ne l'extraderait pas vers les États-Unis, un principe connu en droit international sous le nom de "non-refoulement". Selon l'ancien rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer,
"dans le monde des relations diplomatiques, le fait que Stockholm ait refusé d'accorder une garantie de non-refoulement à Assange était un langage clair qui ne laissait aucune place aux malentendus".
Au lieu de permettre à Assange de circuler en toute sécurité, la police britannique a dépensé des millions de livres sterling pour cerner l'ambassade. Si le fondateur de WikiLeaks quittait les lieux, le Royaume-Uni prévoyait de l'arrêter. Ce pays a même fait pression sur la Suède pour qu'elle ne retire pas la demande d'extradition ou qu'elle n'interroge pas Assange à l'ambassade. Et lorsque la Suède a clos l'enquête sans inculper ce dernier, le Royaume-Uni, à la demande de la Maison Blanche de Trump, a porté ses propres accusations contre Assange pour non-respect de la liberté sous caution. Assange était pris au piège.
Le successeur de Correa, Lenin Moreno, a cherché à resserrer les liens avec les États-Unis et a viré à droite. Il a révoqué l'asile d'Assange et invité la police à pénétrer dans l'ambassade souveraine de l'Équateur. Alors que la presse se rassemblait à l'extérieur, la police a traîné Assange hors de l'ambassade qui avait été son domicile par défaut. L'éditeur de WikiLeaks, manifestement en mauvaise santé, a brandi un exemplaire de History of the National Security State (Histoire de l'État de sécurité nationale) de Gore Vidal. Alors que les policiers le forçaient à monter dans une camionnette, il a déclaré aux badauds que "le Royaume-Uni doit résister".
Officiellement, la police britannique arrêtait le journaliste pour un délit mineur, à savoir le non-respect de la liberté sous caution. Mais le spectacle inouï de leur irruption dans une ambassade pour s'emparer d'un journaliste n'est pas le fruit d'un excès de zèle en matière de délits mineurs. Le jour même, les États-Unis ont dévoilé un acte d'accusation contre Assange. Ce dernier a ensuite fait l'objet d'une "nouvelle arrestation" dans le cadre d'une demande d'extradition de la part des États-Unis. Un mois plus tard, l'administration Trump élargissait l'acte d'accusation, en retenant encore davantage de charges contre Assange. C'est précisément ce que craignait ce dernier qui a cherché à se réfugier dans l'ambassade.
Assange fait actuellement l'objet de 18 chefs d'inculpation criminels, passibles d'une peine totale de 175 ans de prison : un chef d'inculpation pour conspiration en vue d'enfreindre la loi sur la fraude et les abus informatiques et 17 pour infraction à la loi sur l'espionnage (Espionage Act). Tous ces chefs d'accusation découlent de la réception et de la publication de documents classifiés remis à Wikileaks par la lanceuse d'alerte Chelsea Manning.
Cette gigantesque cache de secrets a permis au monde entier de jeter un regard sans précédent sur la politique étrangère déployée par les États-Unis, et notamment sur les guerres menées en Irak et en Afghanistan. Les documents ont révélé des crimes de guerre, des violations des droits de l'homme et des abus de pouvoir. Ils ont également montré comment les États-Unis cherchent à se soustraire à l'obligation de rendre compte de leurs crimes. En Espagne, ils ont tenté de faire pression sur le pouvoir judiciaire pour qu'il abandonne l'enquête sur l'assassinat d'un journaliste espagnol par des soldats américains en Irak. En Italie, ils ont agi de même pour que ce pays abandonne les poursuites engagées contre des agents de la CIA pour "restitutions", autrement dit pour enlèvements.
Si les États-Unis exigent l'impunité pour leurs propres crimes, ils sont sans pitié pour ceux qui les exposent. La réponse du gouvernement américain à ces révélations en est la preuve. La lanceuse d'alerte Manning a été détenue dans des conditions précédant le procès qui relevaient probablement de la torture, puis condamnée à 35 ans de prison (Obama ayant commué sa peine après que Manning eut passé six ans en prison).
En arrêtant Assange, le gouvernement américain a montré qu'il ne se contentait plus de poursuivre les lanceurs d'alerte et s'attaquait désormais aux journalistes.
Rencontre avec le nouveau boss
Tous les grands groupes de défense des libertés civiles, de la liberté de la presse et des droits de l'homme exhortent instamment les États-Unis à abandonner les poursuites. Les grands quotidiens qui ont collaboré avec Wikileaks, dont le New York Times et le Guardian, ont également exprimé leur inquiétude. Un nombre croissant de membres du Congrès des deux partis ont également demandé l'abandon des poursuites en invoquant la liberté de la presse. Le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d'opinion et d'expression, Irene Khan, a appelé les États-Unis à mettre fin aux poursuites.
Le recours à la loi sur l'espionnage à l'encontre d'un journaliste ou d'un éditeur est une première. Les lanceurs d'alerte, de Daniel Ellsberg à Edward Snowden, ont été inculpés en vertu de la loi sur l'espionnage. Mais si les administrations précédentes ont menacé la presse en vertu de cette loi, dans la pratique, il restait une ligne rouge que personne n'était disposé à franchir.
L'administration Obama a mené une guerre sans merci contre les lanceurs d'alerte. Elle a normalisé le recours à la loi sur l'espionnage (Espionage Act) contre les sources des journalistes. Elle a encouragé d'autres pays à poursuivre Assange. Mais elle a résisté aux pressions exercées par le FBI et la CIA pour que des poursuites soient engagées contre Assange. Ce n'était pas par amour pour WikiLeaks. C'est simplement à cause du problème du New York Times . Tout précédent juridique créé par la poursuite d'Assange créerait un précédent permettant de poursuivre le New York Times ou d'autres organes de presse plus grand public. Obama n'était tout simplement pas prêt à criminaliser les informations relatives à la sécurité nationale juste pour mettre la main sur Assange.
L'administration Trump ne partageait aucunement ces préoccupations. Lorsque WikiLeaks a publié les outils secrets de piratage de la CIA, la CIA de Trump a été furieuse au point que l'agence a comploté pour kidnapper ou assassiner Assange. Le ministère de la justice de Trump a dépoussiéré le dossier contre Assange pour avoir publié les révélations de Manning.
L'antipathie de Trump pour la liberté de la presse était évidente. Mais Biden, président depuis plus de deux ans maintenant et son administration ont poursuivi l'extradition, allant même jusqu'à faire appel des décisions en leur défaveur.
Criminaliser le journalisme d'investigation
Malgré le tollé mondial, les États-Unis et le Royaume-Uni continuent à aller de l'avant avec l'extradition et les poursuites judiciaires. En 2021, la juge britannique Vanessa Baraitser a rejeté la demande d'extradition des États-Unis au motif qu'elle était oppressive. Bien qu'il s'agisse d'une victoire pour Assange, Baraitser a également rejeté toutes ses revendications en matière de liberté de la presse. Au lieu de renoncer, Washington a fait appel de cette décision. La décision initiale a été annulée, les droits d'appel d'Assange ont été refusés et son extradition a été ordonnée. Loin de clore la saga juridique, cette décision a ouvert un second acte. Les avocats d'Assange pouvaient désormais faire appel du rejet par Baraitser de leurs arguments en faveur de la liberté de la presse
En février, pour la première fois en quatre ans, les juges britanniques ont été contraints d'affronter les préoccupations relatives à la liberté de la presse qui ont suscité l'indignation du monde entier. Durant deux jours, devant la Haute Cour du Royaume-Uni, l'équipe juridique du journaliste a fait valoir qu'il était persécuté pour avoir exposé la criminalité de l'État. Bien qu'une cage métallique ait été installée dans la salle d'audience pour qu'Assange y prenne place, ce dernier était trop souffrant pour assister à la procédure.
En plus de s'appuyer sur des arguments juridiques techniques, les procureurs britanniques ont soutenu qu'Assange n'était pas un journaliste. Leurs arguments s'appuient largement sur les déclarations des procureurs américains. Par conséquent, leurs commentaires peuvent être considérés comme un aperçu de ce que le gouvernement américain pourrait dire si Assange atteignait un jour les côtes américaines.
Selon les procureurs américains et britanniques, Assange n'est pas un journaliste parce que WikiLeaks a sollicité d'autres personnes pour "voler" des informations relatives à la défense nationale ou commettre des actes de piratage informatique. En d'autres termes, la simple existence de WikiLeaks en tant que site publiant des fuites d'informations constitue une sollicitation. Ainsi, si des journalistes annoncent leur volonté de publier des secrets d'intérêt public, ils encouragent un comportement criminel. Non seulement les poursuites engagées par les États-Unis contre Assange visent à criminaliser la simple publication de secrets, mais si elles sont acceptées, ces allégations transformeraient le journalisme audacieux en une association de malfaiteurs.
En mars, la Haute Cour a rejeté l'essentiel des arguments avancés par Assange. Dans un arrêt de 66 pages, les juges britanniques ont explicitement rejeté l'idée que les charges retenues contre Assange violaient son droit à la liberté d'expression. Toutefois, ils lui ont également accordé un sursis provisoire afin qu'il puisse déposer des recours limités, craignant que le gouvernement américain ne tente de faire valoir qu'il n'a pas de droits au titre du premier amendement en tant que ressortissant étranger et ne soit pas assuré que les États-Unis ne prononceront pas la peine capitale (aucun des chefs d'inculpation actuels n'est passible de la peine de mort, mais on peut craindre que de nouveaux chefs d'inculpation ne soient introduits). Fait troublant, les juges ont déclaré que les États-Unis pourraient éviter de faire appel s'ils apportaient des garanties sur la base de ces préoccupations.
Alors qu'Assange n'a pas encore été jugé aux États-Unis, il est enfermé depuis cinq ans dans la prison de Sa Majesté Belmarsh, une prison de haute sécurité réservée aux individus représentant une réelle menace pour l'ordre public ou la sécurité nationale. L'état de santé du journaliste continue de se dégrader. Il a été victime d'un mini accident vasculaire cérébral en octobre 2021 et, plus récemment, s'est cassé une côte à cause d'une toux persistante.
Alors que des personnes du monde entier condamnent la persécution d'Assange, l'administration Biden a fait des déclarations hypocrites sur son soutien à la liberté de la presse. Le président américain ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.
Chercher à punir un journaliste pour des publications qui étaient clairement dans l'intérêt public est un grave affront à la liberté de la presse. Le rôle de WikiLeaks dans la dénonciation de la criminalité d'État doit être salué, et non poursuivi. Mais quelle que soit l'opinion que l'on a sur la forme particulière de journalisme pratiqué par Assange, s'il est jugé aux États-Unis, le premier amendement sera lui aussi sur le banc des accusés. Après cinq ans, il est temps pour l'administration Biden de mettre fin à cette saga sordide - avant qu'elle ne sonne le glas du premier amendement.
Chip Gibbons est directeur politique de Defending Rights & Dissent. Journaliste et chercheur spécialisé dans l'État de sécurité nationale américain, Chip travaille actuellement sur The Imperial Bureau, à paraître chez Verso Books. S'appuyant largement sur des recherches d'archives et des documents obtenus grâce à la loi sur la liberté de l'information, il raconte l'histoire de la surveillance politique du FBI et explore le rôle de la surveillance nationale dans la création de l'État de sécurité nationale des États-Unis.
📰 https://www.thenation.com/article/society/julian-assange-extradition-fifth-anniversary/
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12- ♟ Belgique - La persécution de Julian Assange est un scandale antidémocratique
Communiqué conjoint FIJ/FEJ- Comité Free.Assange.Belgique, le 11 avril 2024
Julian Assange, éditeur et journaliste australien, depuis qu'il a fondé la plateforme WikiLeaks en 2006, a reçu de nombreux prix de journalisme.
Cette plateforme qui permet aux lanceurs d'alerte de déposer des documents tout en garantissant leur anonymat, a, dès sa création, permis de révéler des corruptions, des pollutions, des malversations, des crimes que des gouvernements ou des dirigeants d'entreprises voulaient garder des secrets.
Après 2010, WikiLeaks s'est retrouvé sur le devant de la scène en publiant plusieurs centaines de milliers de documents déposés par un soldat de l'armée des États-Unis et révélant de nombreux crimes de guerre commis par cette armée et les forces de la coalition en Irak et en Afghanistan.
Ces révélations, ainsi que celles concernant le traitement des détenus à Guantánamo (2011) et la publication des câbles de la diplomatie états-unienne (2010), ont provoqué la colère des dirigeants des États-Unis qui depuis, ont poursuivi Julian Assange sans relâche. .
Pour la Fédération internationale des journalistes, les accusations des États-Unis à la rencontre de Julian Assange visent le travail d'un journaliste ayant révélé des faits avérés dans l'intérêt du public. Les actes qui lui sont reprochés relèvent en effet du travail des journalistes, de leurs droits et de leurs devoirs tels que décrits dans la Charte mondiale d'éthique des journalistes de la FIJ. Ce travail est protégé dans les Constitutions de nombreux pays du monde et notamment par le premier amendement de la Constitution des États-Unis.
Pour les dirigeants états-uniens, par contre, Julian Assange n'aurait pas effectué un travail de journaliste, mais se serait rendu coupable d'espionnage et pourrait, de ce fait, être condamné à 175 années de prison, voire à la peine capitale .
Arrêter Assange fut considéré comme trop risqué par l'administration Obama, parce que cela aurait impliqué de devoir poursuivre également des journaux tels que le New York Times, qui avaient publié les mêmes informations. L'administration Trump n'a pas hésité à demander son extradition et à l'inculper. Celle de Biden poursuit dans cette voie, malgré de belles paroles sur la liberté de la presse.
Depuis l'arrestation de Julian Assange à Londres, le 11 avril 2019, et depuis son incarcération en isolement complet à la prison de Belmarsh près de Londres, les États-Unis réclament son extradition. Depuis 5 années, l'examen de cette demande, d'audience en audience, s'éternise dans un simulacre de justice.
Le 26 mars dernier la Haute Cour de Londres a donné trois semaines aux États-Unis pour apporter des garanties sur la procédure judiciaire à laquelle serait soumis Julian Assange s'il devait être extradé.
Pour tous les observateurs attentifs, il s'agit d'une lente mise à mort d'un journaliste qui n'a fait que son travail. Dans les conditions pénibles d'incarcération à Belmarsh et après plus de 13 années de privation de liberté, la santé physique et mentale de Julian Assange est très dégradée et l'on craint à juste titre pour sa vie.
À l'heure où de nombreux autres soutiens de Julian Assange, nous voulons, ce 11 avril 2024, souligner une fois de plus que l'arrestation de Julian Assange, la demande d'extradition et les accusations à son encontre sont une menace réelle non seulement contre la liberté de la presse, mais aussi contre la démocratie dont elle constitue un des piliers.
- Rapport Minton : En septembre 2009, Wikileaks a publié un rapport sur un trafic de déchets toxiques vers l'Afrique.
- Banque Julius Baer en 2008 – Paradis fiscaux
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13- ♟ Souvenez-vous de 1968 : À quoi ressemblera la convention démocrate de 2024 si Joe Biden poursuit toujours Julian Assange ? - Opinion
Par M.C. Armstrong, le 11 avril 2024, Honest Media
Mercredi, interrogé sur la récente demande de l'Australie d'abandonner les poursuites contre Julian Assange, la BBC rapporte que Joe Biden a déclaré : "Nous y réfléchissons".
Ce que tous les journalistes du monde entier ont manqué, c'est que Joe Biden répondait à une question qui lui avait déjà été posée trois semaines auparavant.
Blague à part, le président est âgé de quatre-vingt-un ans. Il est tout à fait possible qu'il n'ait tout simplement pas entendu la question sur les poursuites engagées par son administration à l'encontre du journaliste. D'un autre côté, que se passerait-il si Biden envisageait réellement de faire volte-face ? Pourquoi le président américain, qui a qualifié Assange de "terroriste high-tech", changerait-il soudainement de discours ? Pourquoi Biden, dont l'alliée idéologique, Hillary Clinton, aurait théorisé l'assassinat du journaliste par une attaque de drone, envisagerait-il même de mettre fin à ce que le rapporteur spécial des Nations unies, Nils Melzer, a qualifié de torture?
La réponse est peut-être simple. Les hommes politiques font souvent ce qu'il faut pour les mauvaises raisons.
Dans le cas de Joe Biden, sa cote de popularité est en chute libre, comme le rapporte Newsweek. Les progressistes abandonnent le président jour après jour. Biden, qui a foré plus que Trump, déçoit les écologistes, et de nombreux activistes ont renoncé à soutenir ce qui semblait initialement être une intervention humanitaire, alors que le nombre de victimes en Ukraine approche les 500 000. Mais si nous sommes honnêtes - et c'est notre tâche fondamentale ici à Honest Media - nous devons reconnaître ouvertement d'où vient la colère. Les poursuites engagées contre Julian Assange sont devenues un sujet galvanisant pour les progressistes du monde entier.
La mauvaise nouvelle pour Biden est que lorsqu'il s'agit d'Assange, la persécution de cet éditeur et journaliste australien n'est plus seulement une conversation ésotérique entre intellectuels et activistes. Assange, pour le dire gentiment, est devenu une figure christique pour le mouvement international en faveur de la liberté d'expression. Plus Biden le torture, plus il gagne en popularité et plus l'argument récent de Robert F. Kennedy Jr. commence à être accepté par le public : Biden pourrait être une menace plus sérieuse pour la démocratie que Donald Trump.
Nous devons être prudents et fournir un contexte complet : Kennedy ne considère ni Trump ni Biden comme une menace sérieuse pour la démocratie. Lorsqu'il a affirmé sur CNN qu'il pouvait soutenir que Biden était la menace la plus sérieuse, il parlait de la partisanerie et de la polarisation toxiques en Amérique, des deux partis qui veulent convaincre leur base que l'opposition est diabolique et antidémocratique, ainsi que des directives imposées par le gouvernement pour censurer la liberté d'expression. Mais si la démocratie est vraiment un système de gouvernance par des populations entières, alors un président qui censure activement et systématiquement la dissidence (et qui emprisonne le journaliste le plus innovant du 21ème siècle) pourrait bien représenter une menace monumentale pour la démocratie, tant sur le plan intérieur qu'à l'étranger.
Ce serait une chose, comme on dit, s'il ne s'agissait que d'Assange. Mais alors que les journalistes et les candidats du monde entier se voient censurés et annulés à cause du Covid, de l'Ukraine, de la guerre mondiale contre le terrorisme, de Big Pharma, de la destruction écologique et du massacre à Gaza, beaucoup se réveillent et découvrent que le combat d'Assange est le leur.
La cousine de Robert F. Kennedy Jr, Caroline, a laissé entendre l'année dernière, en tant qu'ambassadrice américaine en Australie, que l'administration Biden était ouverte à un accord avec le journaliste sur l'affaire de l'ère Trump, comme l'a rapporté The Intercept. Mais que se passera-t-il si Assange refuse de se plier aux exigences de Biden ? Après tout, pourquoi Assange devrait-il plaider ? Le journaliste est-il coupable d'autre chose que d'avoir pratiqué le journalisme ? Ne sommes-nous pas essentiellement en train d'utiliser l'Espionage Act de 1917 pour punir Assange d'avoir exposé les crimes de guerre américains en Irak, à Guantanamo Bay et en Afghanistan ?
Kennedy a promis de libérer Assange s'il était élu président (ndr : de même pour Snowden ainsi que deux statues en leur honneur). Mais Biden pourrait vouloir battre Kennedy à plate couture. S'il ne le fait pas, souvenez-vous de la convention démocrate de 1968 à Chicago et de la violence des manifestants au sujet du Viêt Nam. Biden ne se souvient peut-être pas très bien de cette année-là, mais la plupart des baby-boomers, eux, s'en souviennent. Chicago est également le point zéro du mouvement socialiste américain, puisque la conférence "Socialism 2024" doit s'y tenir la semaine suivant la convention démocrate. De nombreux militants prévoient un séjour de deux semaines dans la ville pour ces deux événements.
En tant qu'écrivain ayant récemment visité Chicago pour une conférence universitaire, je peux vous dire que j'ai observé des médias et des conversations sur la convention dans toute la ville. À la fin d'une table ronde de la Popular Culture Association que j'ai présidée le mois dernier (sur les Grateful Dead (1) et la première guerre du Golfe), la conversation s'est terminée sur Assange et son ardent défenseur au sein de la communauté des Grateful Dead, l'auteur-compositeur et cofondateur de l'Electronic Frontier Foundation, John Perry Barlow, qui vient de décéder.
Assange est dans l'esprit des Américains. Socialistes, libertaires, défenseurs des droits de l'homme et de la liberté d'expression, tous veulent que le journaliste soit libéré. Le débat sur la guerre et la paix, ainsi que le nouveau mouvement en faveur de la liberté d'expression, approchent du point d'ébullition. Le New York Times décrit déjà comment Joe Biden a dû renforcer la sécurité et expulser préventivement des donateurs de ses discours par crainte que la dissidence ne devienne encore plus publique qu'elle ne l'est déjà. Si le président ne donne pas un coup de pouce à l'aile progressiste de son parti, nous pourrions nous retrouver à nouveau en 1968.
(1) Je souhaitais en savoir plus sur le Grateful Dead, j'ai donc contacté l'auteur de cet article qui m'a rapidement et grandement fourni les renseignements que je vous partage ici :
Grateful Dead est un groupe de rock and roll, mais aussi une communauté d'artistes et de fans (Deadheads), dont beaucoup se réunissent chaque année lors de conférences pour discuter de l'impact du groupe sur la culture populaire et le monde en général. M.C. Armstrong est membre du Grateful Dead Scholars Caucus et de la Grateful Dead Studies Association depuis un certain temps et, cette année, la GDSA a organisé plusieurs tables rondes sur Robert Hunter, l'auteur-compositeur de Grateful Dead, et sur son poème sur la guerre du Golfe, A Strange Music. Voici un lien vers le poème de Hunter et un autre vers une interview de l'autre auteur-compositeur de Grateful Dead, John Perry Barlow, qui se tient (s'assoit) aux côtés de Julian Assange.
A Strange Music :
https://archive.org/details/strangemusic
Barlow & Assange : vidéo de 6'50 intitulée Affaire Edward Snowden : Avec l'aide de Julian Assange. Sous titres disponibles.
Enfin, si cela vous intéresse, voici le groupe de M.C. Armstrong, Viva la Muerte, qui joue pour Julian et Stella, la femme d'Assange, et qui tente de porter le flambeau que Barlow a transmis à sa mort. Concerts du dimanche pour Assange avec Viva la Muerte, vidéo de 28', sous titres disponibles.
📰 Lien de l'article original :
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14- ♟ Comment la Grande-Bretagne serait obligée de libérer Julian Assange, alors que Joe Biden "réfléchit" à la possibilité de mettre un terme à l'affaire
Mise à jour : La Haute Cour a statué que les États-Unis devaient garantir la liberté d'expression et exclure la peine capitale pour Julian Assange, faute de quoi la Cour pourrait être amenée à libérer l'éditeur qui vient de purger sa cinquième année d'emprisonnement
Par Joe Lauria, le 11 avril 2024, Consortium News
La remarque du président JoeBiden, mercredi, selon laquelle son administration réfléchit à la possibilité de mettre fin aux poursuites engagées contre l'éditeur de WikiLeaks, Julian Assange, semble reposer sur la crainte que les États-Unis ne perdent le procès en appel de Julian Assange contre la décision prise par le Royaume-Uni de l'extrader.
Dans sa décision du mois dernier, la Haute Cour d'Angleterre et du Pays de Galles a laissé aux États-Unis jusqu'à mardi pour assurer que Julian Assange ne sera pas condamné à la peine de mort, faute de quoi la Cour n'aurait d'autre choix que de suivre la loi et de libérer Julian Assange.
Le panel de deux juges a également estimé que les États-Unis devaient fournir une garantie du premier amendement équivalente à l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme, faute de quoi il serait "défendable" de considérer que l'extradition d'Assange est "incompatible" avec la Convention, que la Grande-Bretagne est légalement tenue d'appliquer.
Étant donné que les États-Unis semblent incapables de garantir légalement la liberté d'expression, la perspective de perdre l'appel interjeté par Assange a peut-être incité Joe Biden à dire qu'il "réfléchissait" à la possibilité de mettre un terme aux poursuites.
Selon le ministère public britannique, la violation des dispositions relatives à la liberté d'expression et à la peine de mort imposerait la libération d'Assange :
"Dans tous les cas d'extradition, le juge doit déterminer si l'extradition est compatible avec les droits de l'homme de la personne poursuivie. Si le juge estime que l'extradition ne serait pas compatible avec les droits de l'homme de cette personne, son extradition ne peut être ordonnée et le juge doit la libérer".
Ces droits de l'homme sont énoncés dans la Convention européenne (et dans la loi britannique de 1998 sur les droits de l'homme) et comprennent le droit de ne pas être soumis à la peine capitale et la liberté d'expression.
En ce qui concerne la peine de mort, la Haute Cour a déclaré sans ambages dans son arrêt que si l'extradition "était contraire aux droits garantis par la Convention en vertu de l'article 3 de la loi de 1998 sur les droits de l'homme [contre la torture, les traitements inhumains ou dégradants ou les peines]", "l'extradition devait être refusée".
Ce langage est sans équivoque : Les États-Unis doivent garantir que la peine de mort ne pourra pas être prononcée, faute de quoi Assange sortira de la prison de Belmarsh, où il est détenu depuis le 11 avril 2019, il y a exactement cinq ans aujourd'hui.
En ce qui concerne le droit à la liberté d'expression, les juges ont déclaré que si Assange "n'est pas autorisé à invoquer le premier amendement, on peut soutenir que son extradition serait incompatible avec l'article 10 de la Convention". Dans ce cas, la Cour pourrait être tenue d'ordonner là aussi sa libération.
Bien que le CPS (Crown Prosecution Service ou service des poursuites judiciaires de la Couronne) ait déclaré que si les droits de l'homme, y compris la liberté d'expression, étaient bafoués, "le juge doit libérer" Assange, la Haute Cour a limité ses propos au fait qu'il n'avait qu'un dossier "défendable" sur le plan de la liberté d'expression.
Le problème est que les États-Unis ne peuvent pas garantir légalement les droits du premier amendement de Julian Assange. Et après quatre ans, ils n'ont toujours pas donné l'assurance qu'ils ne réclameraient pas la peine capitale.
Sans ces deux garanties d'ici mardi prochain, la Haute Cour a déclaré qu'Assange bénéficierait d'un appel intégral, que les États-Unis pourraient perdre si la Cour suivait la loi sur la liberté d'expression.
L'extradition de Julian Assange est donc plus incertaine que jamais, surtout depuis qu'un journaliste a posé la question à Joe Biden mercredi : "Avez-vous une réponse à la requête de l'Australie de mettre fin aux poursuites contre Julian Assange ?".
Et il a répondu : "Nous y réfléchissons".
Étant donné que les États-Unis sont confrontés à une échéance qu'ils ne peuvent pas respecter, et après ce qu'a dit Joe Biden, les États-Unis mettront-ils fin aux poursuites contre Julian Assange d'ici mardi ?
Pourquoi les États-Unis ne peuvent-ils pas garantir le premier amendement ?
Dans l'affaire USAID vs. Alliance for Open Society, la Cour suprême des États-Unis a statué en 2020 que les citoyens non américains se trouvant en dehors des États-Unis ne jouissaient pas de droits constitutionnels. L'ancien directeur de la CIA, Mike Pompeo, et Gordon Kromberg, le procureur américain chargé du dossier d'Assange, ont tous deux déclaré que ce dernier ne bénéficiait pas de la protection du premier amendement.
Marjorie Cohn, professeur de droit et ancienne présidente de la National Lawyers' Guild, a déclaré le mois dernier à l'émission CN Live ! de Consortium News qu'en raison de la séparation des pouvoirs aux États-Unis, le ministère de la Justice de l'exécutif ne peut pas garantir aux tribunaux britanniques ce que le pouvoir judiciaire américain décide concernant les droits d'un citoyen non américain devant un tribunal.
"Supposons que l'administration Biden donne l'assurance qu'il pourra invoquer le premier amendement et que la Haute Cour estime qu'il s'agit là d'assurances significatives. Cela ne veut rien dire, car l'une des choses que les tribunaux britanniques ne comprennent pas, c'est la doctrine américaine de la séparation des pouvoirs", a déclaré Marjorie Cohn.
Poursuivant,
"Les procureurs peuvent donner toutes les assurances qu'ils veulent, mais le pouvoir judiciaire, une autre de ces trois branches du gouvernement aux États-Unis, n'a pas à se conformer à l'affirmation ou à l'assurance du pouvoir exécutif".
Elle explique :
Assange soutient que si on lui accorde les droits du premier amendement, "les poursuites seront arrêtées. Le premier amendement est donc d'une importance capitale pour sa défense. C'est pourquoi ils donnent à Assange une nouvelle chance de soulever cette question en appel".
Elle a ajouté que,
la loi sur l'extradition entre les États-Unis et le Royaume-Uni "interdit l'extradition si un individu risque d'être lésé en raison de sa nationalité et de l'importance centrale du premier amendement pour sa défense. S'il n'est pas autorisé à invoquer le premier amendement en raison de son statut de ressortissant étranger, il subira de ce fait un préjudice, potentiellement considérable, en raison de sa nationalité".
Vidéo de l'émission CN Live ! - 1h12’ avec sous titres disponibles
"S'il a le droit à la liberté d'expression, alors ce qu'il a fait, ce qu'il est accusé d'avoir fait, ne violerait pas la loi", a expliqué Marjorie Cohn.
Ainsi, si les États-Unis ne peuvent garantir le respect du premier amendement, leur affaire viole l'article 10 de la Convention européenne et, selon le CPS, "l'extradition ne peut être ordonnée et le juge est tenu d'acquitter" Assange.
La Haute Cour s'est simplement contentée de dire que le cas d'Assange était "défendable". Mais il s'agit d'une affaire que les États-Unis pourraient sans doute perdre.
Pourquoi les États-Unis n'ont-ils pas encore assuré qu'il n'y aurait pas d'exécution ?
Le second jour de l'audience des 20 et 21 février devant la Haute Cour, Ben Watson KC, représentant du ministère de l'intérieur, a fait un aveu surprenant. Il a déclaré en audience publique que le ministre de l'intérieur avait signé l'ordre d'extradition d'Assange le 17 juin 2022 sans jamais demander aux États-Unis de s'engager à ne pas recourir à la peine de mort, ce qui est pourtant une démarche habituelle dans les affaires d'extradition en Grande-Bretagne impliquant des États où la peine de mort est encore en vigueur.
Watson est toutefois allé plus loin. Marjorie Cohn a expliqué qu'il
"admettait que les faits reprochés à Assange pouvaient justifier une accusation de complicité de trahison ou d'espionnage et que, s'il était extradé, rien n'empêcherait d'ajouter à l'acte d'accusation une accusation de complicité de trahison ou d'espionnage".
Craig Murray, ancien diplomate britannique, a fait part de son point de vue à CN Live !
"Je pense qu'il est très surprenant qu'aucune assurance n'ait été donnée sur la peine capitale, car cela est tout à fait habituel. Cela se produit dans de nombreuses extraditions. C'est normal. Il s'agit d'un formulaire qui prend deux minutes. Ils sont très habitués à le faire et il n'y a aucune raison de ne pas le faire. En fait, ils ne veulent pas exécuter Julian. Ils préfèrent l'enterrer à vie dans une sorte d'incarcération et de mort à petit feu qui servira d'avertissement aux autres journalistes plutôt que d'en faire un martyr par le biais d'une exécution".
Alors pourquoi le ministère de l'Intérieur n'en a-t-il pas fait la demande ? Et pourquoi les États-Unis n'ont-ils pas offert l'assurance "de routine" après quatre ans ? Le ministère de la justice et le ministère de l'intérieur espéraient-ils pouvoir maintenir l'option de la peine de mort ouverte ? Pourquoi cette question n'a-t-elle été soulevée que quatre ans plus tard ? Cela n'a guère de sens.
L'aveu surprenant que les États-Unis n'avaient donné à la Grande-Bretagne aucune assurance sur le fait que la peine de mort ne serait pas requise - et que le ministère de l'Intérieur ne l'avait même pas exigée alors que le traité d'extradition entre les États-Unis et le Royaume-Uni interdit l'extradition sans cette garantie - a conduit certains commentateurs à penser que les États-Unis et le Royaume-Uni l'avaient fait exprès pour se sortir de ce pétrin.
"Il est assez extraordinaire que les États-Unis disent que si l'administration Trump entre en fonction, ils pourront demander la peine de mort sur la base de nouvelles accusations", a souligné l'avocat constitutionnel américain Bruce Afran dans l'émission CN Live !
"Je pense que l'administration Biden essaie d'obtenir un refus d'extradition pour se tirer d'affaire, si je puis dire. L'Australie fait pression pour que Julian soit renvoyé chez lui. L'Australie est un allié essentiel des États-Unis en matière de défense", a-t-il précisé.
Et d'ajouter :
"Je pense que cette concession a été faite pour préparer la base d'un refus par le tribunal britannique, car il est clair que si la peine de mort est prévue, il ne peut y avoir d'extradition. Il me semble que la décision était très prévisible une fois cette concession faite. Je considère donc que les États-Unis tentent de se sortir d'une situation extrêmement délicate en faisant la concession même qui empêcherait l'extradition".
Craig Murray pense toutefois que les États-Unis donneront l'assurance de non condamnation à la peine capitale lundi ou mardi.
"Il est absolument impossible d'extrader sans garantie sur la peine de mort. Ils doivent donc s'atteler à la tâche et ils le feront dans les délais impartis. Ils s'y mettront jusqu'à la date limite, mais ils la fourniront dans les délais", a-t-il déclaré.
La controverse sur la peine capitale a conduit un chroniqueur du Boston Globe à se plaindre que la raison pour laquelle les États-Unis ne devraient pas appliquer la peine de mort est qu'elle empêche l'extradition de Julian Assange.
"Peu importe ce que vous pensez d'Assange - qu'il soit un héros de la transparence radicale ou un traître qui divulgue des secrets gouvernementaux - le fait que le gouvernement américain n'ait pas promis qu'il ne serait pas condamné à la peine capitale est un obstacle inutile à la résolution de son cas", a écrit l'éditorialiste, ajoutant que la peine capitale représentait "un obstacle à l'intérêt du gouvernement de faire venir Assange ici pour qu'il soit jugé".
"Il semble qu'il s'agisse de la même norme juridique"
Les procureurs américains ne peuvent donc pas garantir les droits du premier amendement d'Assange pour satisfaire à l'article 10 de la CEDH en raison de la décision de la Cour suprême des États-Unis et, jusqu'à présent, de manière inexplicable, les États-Unis n'ont pas réussi à garantir qu'il ne serait pas condamné à la peine de mort.
En ce qui concerne la peine capitale, la Haute Cour est sans équivoque, tandis que sur la question de la liberté d'expression, elle hésite, bien que les deux se trouvent dans la Convention européenne et dans la loi britannique sur les droits de l'homme.
"Il semble qu'il s'agisse de la même question, puisqu'elles relèvent toutes deux de la disposition relative aux droits de l'homme, bien que les contours de la question de la liberté d'expression soient plus nuancés et donnent lieu à une plus grande marge de manœuvre en matière d'extradition.
"Il est clair que l'application ou non de la peine capitale est une question franche et directe, alors que la portée de la liberté d'expression est toujours plus floue. Mais je pense que la norme juridique est la même", a déclaré Bruce Afran.
Il a ajouté qu'étant donné que les États-Unis ont admis devant le tribunal que la peine de mort était toujours possible et que les garanties n'ont toujours pas été fournies, il est "peu probable que le tribunal britannique puisse un jour extrader l'intéressé en vertu du droit britannique". Pour cette raison, un accord de plaidoyer serait une solution équitable et qui permettrait à toutes les parties de sauver leur peau.
Marjorie Cohn a ajouté :
"Il est possible qu'au lieu de donner des garanties, l'administration Biden choisisse d'éviter les écueils politiques d'une extradition d'Assange vers les États-Unis avant les élections et qu'elle propose un accord de plaidoyer avec un crédit pour le temps passé en prison pour mettre fin à l'affaire."
Un accord de plaidoyer
Joe Biden a confirmé que les États-Unis envisageaient de mettre fin aux poursuites, compte tenu des faiblesses du dossier américain et de l'augmentation des coûts politiques. Assange semble désormais avoir de précieuses cartes en main.
La possibilité de le libérer sur la base d'une accusation réduite de mauvaise manipulation d'informations officielles a été évoquée par Bruce Afran l'été dernier lors d'un webcast de CN Live !
Il semble que les procureurs américains et les avocats d'Assange aient discuté de la possibilité de plaider pour un délit mineur plutôt que d'être poursuivis en vertu de la loi sur l'espionnage, selon un article du Wall Street Journal du 20 mars qui a fait l'objet d'une grande controverse.
En août dernier, Bruce Afran s'est exprimé lors du webcast CN Live ! de Consortium News.
L'avocat constitutionnel américain, a déclaré à Consortium News qu'il serait possible pour Assange de rester en Grande-Bretagne pour négocier un accord.
"En général, les tribunaux américains n'agissent que si l'accusé se trouve dans le district et se présente au tribunal. Toutefois, rien ne l'interdit strictement. Et dans un cas donné, un plaidoyer pourrait être fait au niveau international. Je ne pense pas qu'il y ait de mal à cela. Aucune loi ne l'interdit. Si toutes les parties y consentent, le tribunal est compétent", a-t-il dit.
Le WSJ a rapporté :
"Le ministère américain de la justice étudie la possibilité d'autoriser Julian Assange à plaider coupable d'une accusation réduite de mauvaise manipulation d'informations classifiées. Si les procureurs autorisent Assange à plaider coupable d'une accusation américaine de mauvaise manipulation de documents classifiés - une possibilité évoquée par ses avocats - il s'agirait alors d'un délit mineur".
Bruce Afran a déclaré à Consortium News que parce qu'Assange n'était pas un employé du gouvernement américain, s'il voulait un accord dans ce sens, il devrait plaider coupable d'avoir conspiré pour manipuler des données classifiées avec Chelsea Manning, qui à l'époque de sa fuite était un membre actif de l'armée américaine. En août, Afran a qualifié ce scénario de "pire des cas".
(La loi fédérale §1924 ne s'appliquerait pas à Assange, car elle ne vise que les employés ou agents du gouvernement qui manipulent mal des documents officiels, a-t-il précisé).
"La loi sur la conspiration est la loi 15 U.S.C. 371. Elle est assortie d'une amende ou d'une peine d'emprisonnement de moins de cinq ans. Le gouvernement pourrait donc le laisser s'en tirer avec une amende ou lui accorder un crédit pour le temps passé [exactement cinq ans] au Royaume-Uni en attendant son extradition", a-t-il poursuivi.
Ajoutant :
"De même, il pourrait purger une peine d'un jour en Australie et satisfaire ainsi à la loi".
Le gouvernement australien devrait toutefois donner son accord et, puisqu'il a demandé la clôture de l'affaire, il devrait le faire.
Il est toutefois douteux qu'Assange plaide coupable de conspiration avec une source pour les conséquences que cela pourrait avoir pour les journalistes à l'avenir, c'est-à-dire en permettant au gouvernement de criminaliser la relation journaliste-source en tant que "conspiration", même s'il ne s'agit que d'un délit.
Un plaidoyer à distance
Un obstacle probable à la conclusion d'un accord serait que les États-Unis insistent pour qu'Assange se rende aux États-Unis afin de conclure l'accord. Cela pourrait bien faire échouer tout accord négocié, même s'il est favorable à Assange.
Gabriel Shipton, le frère du journaliste, a déclaré l'année dernière au Sydney Morning Herald que le fait que ce dernier se rende aux États-Unis pour conclure un accord n'était pas une "solution envisageable". Il a déclaré :
"Julian ne doit en aucun cas se rendre aux États-Unis.
Selon Bruce Afran,
"En général, les tribunaux américains n'agissent que si l'accusé se trouve dans le district et se présente au tribunal. Toutefois, rien ne l'interdit formellement. Et dans un cas donné, un plaidoyer pourrait être fait au niveau international. Je ne pense pas qu'il y ait de problème à cela. Aucune loi ne l'interdit. Si toutes les parties y consentent, le tribunal est compétent".
Les États-Unis pourraient insister pour que Julian Assange se rende volontairement aux États-Unis pour deux raisons, selon Afran :
1) cela éliminerait le risque d'une injonction de la Cour européenne des droits de l'homme empêchant son extradition si la Haute Cour de Londres rejetait son dernier appel ; et
2) cela donnerait aux États-Unis la possibilité de "changer d'avis" une fois Assange dans leurs griffes au sein du tribunal fédéral de Virginie.
"Les États-Unis trouvent parfois des moyens de contourner ces accords. La meilleure approche serait qu'il plaide au Royaume-Uni", a déclaré Afran, qui représente Consortium News dans l'affaire qui l'oppose au gouvernement américain et à NewsGuard.
Il est intéressant de noter que le WSJ, sans attribution, a déclaré qu'un plaidoyer à distance était possible. L'article du Journal dit ceci :
"Dans le cadre d'un tel accord, Assange pourrait potentiellement plaider à distance, sans mettre les pieds sur le sol américain. Le temps qu'il a passé derrière les barreaux à Londres compterait pour toute peine américaine, et il serait probablement libre de quitter la prison peu de temps après la conclusion d'un accord".
Un refus non démenti
Une déclaration de l'avocat américain d'Assange, Barry Pollack, en réaction à l'article du WSJ, a été interprétée par certains commentateurs sur les réseaux sociaux comme un démenti de toute négociation. Il a déclaré :
"Il est inapproprié pour les avocats de Mr Assange de faire des commentaires alors que son affaire est devant la Haute Cour britannique, si ce n'est pour dire que nous n'avons reçu aucune indication que le ministère de la justice a l'intention de résoudre l'affaire et que les États-Unis continuent avec la même détermination à vouloir l'extrader pour les 18 chefs d'accusation, ce qui l'exposerait à 175 ans de prison".
Cela peut ressembler à un démenti, mais cette déclaration soigneusement rédigée par un avocat ne nie pas que des pourparlers ont eu lieu ou sont en cours. Elle sous-entend plutôt que la partie Assange n'est pas satisfaite des positions du gouvernement pour résoudre l'affaire.
Consortium News avait reçu la confirmation officieuse de deux sources que des négociations avaient été menées au moins depuis décembre dernier. L'article du WSJ en est une nouvelle confirmation. La remarque de Biden mercredi confirme qu'un accord est activement envisagé.
Pourquoi les États-Unis veulent-ils un accord maintenant ?
Les États-Unis ont évoqué pour la première fois la possibilité d'un accord avec Assange en août dernier, lorsque Caroline Kennedy, l'ambassadrice des États-Unis en Australie, a déclaré au Sydney Morning Herald :
"Je pense qu'il pourrait tout à fait y avoir une résolution".
Le journal a rapporté : Pressée de savoir si les autorités américaines pourraient conclure un accord avec Assange pour réduire les charges qui pèsent contre lui en échange d'un plaidoyer de culpabilité, elle a répondu :
"C'est au département de la justice de décider".
À l'époque, Gabriel Shipton avait déclaré au Herald :
"Caroline Kennedy ne tiendrait pas ces propos s'ils ne voulaient pas trouver une issue. Les Américains veulent être débarrassés de cette affaire."
De toute évidence, la dernière chose dont Biden a besoin en pleine campagne de réélection, c'est qu'un journaliste débarque les fers aux pieds et aux mains sur les côtes américaines pour être jugé pour avoir publié des informations véridiques révélant des crimes commis par l'État américain.
Donald Trump, qui est responsable de l'arrestation, de l'emprisonnement et de la bataille pour l'extradition d'Assange, blâmerait néanmoins hypocritement Biden pour cette extradition, tout en sachant qu'une partie de sa base souhaite la libération d'Assange.
La pression internationale exercée sur Joe Biden s'est considérablement accrue au cours de l'année écoulée, nuisant à l'image et à la réputation des États-Unis. Plusieurs présidents latino-américains ont fait pression sur le président américain pour qu'il libère Assange. Le parlement australien a adopté une résolution l'appelant à le faire. Des groupes parlementaires de nombreux pays alliés des États-Unis ont exhorté Biden à libérer Assange.
Des groupes internationaux de défense des droits de l'homme et de la liberté de la presse ont demandé sa libération et le New York Times, d'obédience démocrate, s'est joint à quatre autres grands journaux pour demander l'arrêt des poursuites.
Si l'on ajoute à cela le tollé international et national suscité par Gaza, les démocrates tentent désespérément d'alléger l'énorme pression qui pèse sur leur candidat de 81 ans, qui est en proie à la panique avec tout cela.
Pour conclure un accord avec Assange, Joe Biden devrait tenir tête au Parti démocrate, dont il est le chef nominal et qui est probablement toujours en colère après les fuites concernant le DNC, que certains électeurs démocrates utilisent encore pour accuser Assange d'être responsable de Trump, ainsi qu'à la CIA, probablement toujours furieuse après la divulgation de Vault 7, la plus grande fuite de documents de l'histoire de la CIA.
Le fait de jeter un os à ronger à Assange à ses détracteurs à gauche du parti permettrait au moins de réduire la pression.
Si le ministère de la justice a divulgué l'histoire du plaidoyer au WSJ, c'était pour faire pression sur Assange afin qu'il accepte un accord aux conditions américaines, le préparant ainsi à porter le chapeau si l'accord n'aboutit pas. Cette tactique pourrait également expliquer la réponse incisive de Pollack.
Les perspectives
Il est très improbable qu'Assange plaide coupable d'une partie des accusations portées en vertu de la loi sur l'espionnage (Espionage Act). Même si cela le libérait, d'autres journalistes pourraient être poursuivis à l'avenir en vertu de cette loi. Julian Assange est le premier journaliste à avoir été inculpé avec succès au titre de la loi sur l'espionnage et il entend être le dernier à l'être.
Les paramètres d'un accord qui pourrait être acceptable pour Assange pourraient donc ressembler à ceci : pas d'aveu de violation de la loi sur l'espionnage ; acceptation d'une sorte d'accusation moins grave ; et Assange plaidant depuis la Grande-Bretagne sans devoir mettre le pied sur le sol américain, où les procureurs pourraient "changer d'avis".
Si les États-Unis ne respectent pas la date limite de mardi pour l'assurance, un appel formel devant la Haute Cour deviendra automatique et commencera dans plusieurs mois. Cela donnerait encore aux États-Unis le temps de conclure un accord avant le début du recours.
La question pourrait se poser de savoir si les États-Unis estiment qu'ils risquent de perdre l'appel, puisqu'ils ne peuvent garantir les droits d'expression d'Assange, même s'ils déposent l'assurance concernant la peine capitale. Dans ce cas, la Haute Cour pourrait accepter les arguments "défendables" d'Assange et interpréter la loi comme signifiant que son extradition violerait ses droits et qu'il doit être libéré.
Toutefois, l'affaire Assange, hautement politisée, n'a pas connu d'évolution normale. La Haute Cour n'a pas voulu admettre la preuve que le service de renseignement étranger du pays demandant son extradition avait comploté pour l'enlever ou l'assassiner, ou qu'il avait espionné les conversations confidentielles tenues avec ses avocats. Elle n'admettrait pas que son crime présumé soit un délit politique qui empêcherait son extradition.
À ce stade avancé, on ne peut donc pas compter sur le tribunal pour respecter la loi et faire ce qu'il faut. Malgré la pression politique croissante, le sort d'Assange est toujours entre les mains de ceux qui veulent le réduire au silence.
Joe Lauria est rédacteur en chef de Consortium News et ancien correspondant aux Nations unies pour le Wall Street Journal, le Boston Globe et d'autres journaux, dont la Gazette de Montréal, le London Daily Mail et le Star de Johannesburg. Il a été journaliste d'investigation pour le Sunday Times of London, journaliste financier pour Bloomberg News et a commencé sa carrière professionnelle à 19 ans comme pigiste pour le New York Times. Il est l'auteur de deux livres, A Political Odyssey, avec le sénateur Mike Gravel, préfacé par Daniel Ellsberg, et How I Lost By Hillary Clinton, préfacé par Julian Assange. Il peut être contacté à l'adresse joelauria@consortiumnews.com et suivi sur Twitter @unjoe.
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15- ♟ Gabriel Shipton s'envole pour Washington afin de poursuivre la campagne
Mail de Gabriel Shipton, reçu le 13 mars 2024
La semaine écoulée a été une nouvelle fois encourageante dans nos efforts pour libérer mon frère, Julian Assange. Au cas où vous l'auriez manqué, les récents commentaires du président Biden sur l'examen des demandes du gouvernement australien d'abandonner les poursuites à l'encontre de Julian ont été une véritable surprise.
Lors de ma visite à Washington D.C. en mars, j'ai eu une longue conversation avec Steven Nelson, le journaliste qui a posé la question au président. Steven m'a assuré qu'il continuerait à mettre en avant le cas de Julian auprès de l'administration.
Je m'envole demain pour Washington D.C. afin de poursuivre notre campagne au Capitole, à un moment qui pourrait être décisif pour la liberté de Julian.
J'ai hâte de vous tenir au courant de nos efforts. Notre équipe, petite mais efficace, travaille avec diligence, contactant les bureaux du Congrès et d'autres parties prenantes pour maximiser l'impact de la déclaration du président.
Comme toujours, rien de tout cela ne serait possible sans votre soutien et vos actions. Vous trouverez quelques liens dans l'e-mail ci-dessous si vous souhaitez agir aujourd'hui. Nous vous remercions encore une fois chaleureusement.
Je vous souhaite le meilleur,
Gabriel Shipton
PS : Si vous ne l'avez pas encore fait, envoyez ce lien à trois personnes de votre entourage et demandez-leur d'écrire à l'ambassadeur des États-Unis en Australie pour demander fermement et directement son retour https://www.action.assangecampaign.org.au/
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Mail post audience
Notre équipe est toujours à la Royal Courts, mais je tenais à vous écrire d'urgence pour vous faire part d'une nouvelle de dernière minute concernant cette affaire. La Haute Cour britannique a reporté l'extradition de Julian d'au moins trois semaines, demandant aux États-Unis de fournir l'assurance qu'il sera protégé par le premier amendement, que ses droits à la liberté d'expression seront protégés, qu'il ne sera pas victime de discrimination en tant qu'Australien et qu'il ne sera pas passible de la peine capitale.
Un résumé du jugement indique que "si ces garanties ne sont pas données [par les États-Unis], l'autorisation d'interjeter appel sera accordée [à Julian], et une audience d'appel sera alors à venir".
Ce matin, j'espérais que Julian serait autorisé à faire appel. Au pire, je craignais qu'il ne soit extradé avant demain matin. Au lieu de cela, son purgatoire se poursuit - mais cela signifie également que nous disposons d'une nouvelle fenêtre pour accroître la pression sur les personnes qui peuvent prendre des mesures décisives pour faire une réelle différence. Pour l'instant, il s'agit du gouvernement australien.
Nous devons faire en sorte que chaque député du pays sache combien de personnes dans son électorat se soucient de Julian. Allez-vous contacter votre député aujourd'hui ?
La décision d'aujourd'hui vient d'être rendue et c'est une décision importante. Notre équipe juridique n'a pas encore quitté le palais de justice et cette décision n'est pas celle que nous espérions. Au cours des prochaines semaines, je retournerai à Washington pour continuer à soutenir Julian là où ces décisions sont prises. Je vous écrirai dans les prochains jours pour vous tenir au courant, mais en attendant, si vous n'avez pas le temps ou la possibilité de contacter votre député, pouvez-vous contribuer à soutenir notre travail juridique au cours des prochaines semaines ?
Julian continue à vivre pour se battre chaque jour qui passe, et il en va de même pour notre campagne visant à sa libération. Ensemble, nous avons la force de relever les défis qui nous attendent. Je sais que lorsque nous serons tous unis, nous sortirons victorieux au bout du chemin.
Je vous remercie pour votre soutien, comme toujours,
Gabriel Shipton, frère de Julian Assange
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16- ♟ Amener Julian Assange au Festival du journalisme, une action d'activistes italiens
A- ➤ Communiqué pour publication immédiate
"ARRÊTEZ LA GUERRE CONTRE LE JOURNALISME : libérez Julian Assange"
au célèbre festival de journalisme de Pérouse
Pour publication immédiate, Free Assange Roma, non daté
Contact :
● Nicoletta Bernardi, Pérouse pour Assange
portable 349 563 9684
email : PerugiaPerAssange@gmail.com
● Patrick Boylan, Free Assange Rome
portable 328 069 5961
email : info@freeassangeroma.it
STOP WAR ON JOURNALISM : Free Julian Assange est le titre des trois événements "off" que des activistes pour Assange amèneront au Festival international du journalisme (#ijf24) à Pérouse, en Italie, qui se déroulera du 17 au 21 avril.
Les trois événements "off" sont :
quatre jours de distribution de tracts à l'entrée de la douzaine de salles qui accueilleront les conférences des milliers de journalistes italiens et étrangers présents à #ijf24 ; le camp de base des activistes se trouvera à Piazza IV Novembre devant le Palazzo dei Priori;
une conférence de presse qui se tiendra le 19 avril à 11 heures, à côté du kiosque à journaux emblématique de Porta Pesa, aujourd'hui fermé mais autrefois lieu de rencontre des habitants de Pérouse pour lire (et commenter) les premières pages des journaux exposés au kiosque à journaux ;
une réunion au siège de Pérouse de l'ANPI, section Bonfigli Romovic, Via del Cortone 19 (une rue latérale de Corso Cavour) le 20 avril à 17:30, au cours de laquelle sera projetée une interview TED de Julian Assange, réalisée par Chris Anderson en 2010, dans laquelle le cofondateur du site WikiLeaks dresse son propre portrait très vivant de à 360 degrés. Le court métrage sera suivi d'un panel de discussion entre quatre experts en journalisme appelés à répondre à la question "Julian Assange est-il un journaliste ?"
Ces intervenants sont : Vincenzo Vita, journaliste pour Il Manifesto et Articolo 21 ; Sara Chessa, journaliste indépendante et auteur du livre Destroying Assange... to Put an End to Press Freedom, Ed. Castelvecchi ; Tina Marinari, coordinatrice des campagnes menées par Amnesty International Italie pour une presse libre et indépendante ; et Mauro Volpi, constitutionnaliste et expert de l'affaire Assange. Gianni Magini d'AllertaMedia animera la discussion.
Le chapitre ANPI de Pérouse, Amnesty International Italia, Turba,
AllertaMedia et Liberi Edizioni soutiennent cette initiative de quatre jours.
Pourquoi toutes ces initiatives "off" pendant le célèbre Festival du journalisme ?
La réponse est simple. Si le Festival a abordé le cas d'Assange en 2022, ces deux dernières années, il a été laissé dans l'oubli, comme si le problème d'incarcération n'était plus à l'ordre du jour, dans notre société démocratique, d'un journaliste d'investigation dont le seul crime est d'avoir exercé son métier comme il se doit. Qui plus est, de le maintenir à l'isolement, depuis cinq ans, dans la redoutable prison londonienne de Belmarsh, en attendant la décision des juges britanniques statuant si oui ou non Assange peut être extradé vers les États-Unis où l'attendent jusqu'à 175 ans de prison de haute sécurité.
Les accusations portées contre Assange, que le ministère de la Justice poursuit avec une fureur aux allures de vengeance, sont centrées sur la révélation par le journaliste et éditeur australien de documents secrets qui ont permis au monde entier de prendre conscience des crimes de guerre commis par les États-Unis en Afghanistan et en Irak. Certes, la Cour suprême a autorisé en 1971 - sans équivoque - les journalistes à divulguer des documents secrets lorsque cela ne compromet pas la sécurité nationale et est dans l'intérêt du public. Dans ces conditions, Julian Assange n'a fait qu'exercer son droit journalistique en rapportant des abus qui avaient été étouffés.. Cependant, le procureur général des États-Unis n'est pas de cet avis et cherche à contourner l'arrêt de la Cour en inculpant Assange en vertu de la loi sur l'espionnage de 1917, qui ne permet pas à l'accusé d'invoquer le critère de l'intérêt public. Il s'agit là incontestablement d'une manoeuvre juridique flagrante et d'un stratagème qui pourrait créer un précédent extrêmement dangereux pour tout journaliste dans le monde - et, en réalité, pour chacun d'entre nous.
Car si Assange, en tant que journaliste ou simple citoyen, ne dispose pas du droit de rendre public des informations secrètes qu'il serait dans l'intérêt général de divulguer, alors nous pouvons dire adieu à la liberté de la presse et à la liberté d'expression. À l'avenir, aucun journaliste d'investigation ne se hasardera à révéler des faits tenus secrets par le gouvernement américain, sous peine d'être extradé par Washington et enfermé à vie dans une geôle de haute sécurité aux États-Unis. D'où la profonde pertinence de l'affaire Assange pour les participants au festival de journalisme de Pérouse - même si les organisateurs ne semblent pas la percevoir. Pour percer leur rideau de silence, les activistes pour Assange apporteront au #ijf24 l'affaire Julian Assange - un journaliste primé et honteusement désavoué par un grand nombre de ses confrères.
📰 http://www.freeassangeroma.it/6/press_release_ijf24_2024-4-10..pdf
B- ➤ Flyers
Julian Assange est-il un journaliste ?
Certains affirment que oui, puisqu'il a rapporté des informations dignes d'intérêt sur la base de documents authentiques et vérifiés reçus de la part de lanceurs d'alerte - et c'est ce qu'on appelle le journalisme. D'autres disent qu'il ne l'est pas parce qu'il s'est auto-publié sur son site WikiLeaks et qu'il ne faisait pas partie d'un média établi dirigé par un rédacteur en chef ou un éditeur. Mais cette seconde définition est bien trop restrictive (et intéressée). Voici pourquoi.
En raison de la concentration des propriétaires de presse, la plupart des médias grand public sont aujourd'hui dominés par une poignée d'éditeurs : Six aux États-Unis (alors qu'ils étaient 50 en 1983). En Italie, quatre familles milliardaires seulement dictent la politique éditoriale de la plupart des grands médias. Ainsi, définir les journalistes comme étant uniquement ceux qui sont soumis au contrôle - et aux politiques éditoriales - d'une poignée d'entrepreneurs milliardaires revient à enrégimenter les médias de masse et à niveler le discours public. En revanche, définir Julian Assange comme un journaliste, en particulier freelance, c'est défendre un journalisme véritablement indépendant et un discours public véritablement pluraliste.
La persécution judiciaire de Julian Assange est une tentative d'écraser le journalisme indépendant et, avec lui, la presse libre. Elle vise à criminaliser la révélation de documents secrets, même s'ils sont d'intérêt public. Pour ce faire, elle invoque la vieille loi sur l'espionnage de 1917 (Espionage Act), contournant ainsi les arrêts de la Cour suprême des États-Unis (1971) et de la Cour européenne des droits de l'homme, qui subordonnent le secret à l'intérêt public. Cela ne met-il pas en péril la sécurité nationale ? Pas nécessairement - même le Pentagone a déclaré, lors du procès Manning, que les révélations de WikiLeaks n'avaient jamais causé de dommages réels et que leur valeur journalistique restait donc intacte.
Nous appelons donc les journalistes du monde entier à exiger la liberté de Julian Assange au nom d'un journalisme véritablement indépendant et d'une presse véritablement libre !
Plus d'information sur www.bit.ly/ja-04 & www.bit.ly/ja-05
Activists for Assange at #IJF24 – info@freeassangeroma.it – Tel : 328 069 5861
C- ➤ Article de fond : Pour qu'Assange soit vraiment libre, nous devons libérer le journalisme d'investigation
Quelques réflexions à l'occasion du Festival du journalisme 2024 à Pérouse (17-21 avril), où le nom de Julian Assange est inexplicablement absent des programmes officiels.
Par Patrick Boylan, le 10 avril 2024, Pressenza
Même si vous ne savez pas grand-chose de Julian Assange, vous avez probablement l'impression que le cofondateur du site web WikiLeaks est persécuté par les États-Unis, obstinément, en raison de ses révélations embarrassantes sur les crimes de guerre américains en Afghanistan et en Irak et sur les conditions scandaleuses de détention à la prison américaine de Guantanamo. C'est d'ailleurs sur ces éléments que se fondent les accusations portées par le ministère de la justice contre Assange afin de l'extrader du Royaume-Uni.
Mais si l'on parle tant des Afghan War Diary (journal de la guerre d'Afghanistan), des Iraq War Logs (journaux de la guerre d'Irak) et des procédures opérationnelles de Guantanamo - et non de tous les autres documents révélés par Assange - c'est uniquement parce que, depuis quatorze ans maintenant, les États-Unis et le Royaume-Uni poursuivent sans relâche Assange pour ces trois "fuites" précisément. En réalité, les révélations faites par Assange ont une portée beaucoup plus large : elles concernent les crimes et les malversations perpétrés dans le monde entier par des sociétés multinationales, des particuliers et un large éventail d'États et de gouvernements. Mais avec une différence. Contrairement aux deux pays anglo-saxons, ces autres acteurs ont préféré la stratégie de l'étouffement de leurs méfaits. En d'autres termes, ils ont préféré - avec succès - laisser leurs actes répréhensibles tomber dans l'oubli plutôt que de risquer de les voir rester dans la mémoire du public par de longues tentatives de poursuites (qui ont fait les gros titres), comme les États-Unis (sous la présidence de Trump) ont choisi de le faire.
Tout cela explique pourquoi on ne parle aujourd'hui que des documents de WikiLeaks qui révèlent les crimes de guerre commis par les États-Unis - la vidéo Collateral Murder surtout - en oubliant tous les autres scoops importants et lourds de conséquences.
En réalité, WikiLeaks nous a apporté bien plus que les révélations largement médiatisées sur l'Afghanistan, l'Irak et Guantanamo. Entre 2006 (année de son lancement) et 2019 (année de la capture d'Assange et de son isolement à la prison de Belmarsh), le site a mis au jour des centaines d'autres méfaits touchant à peu près à tout. Des scoops que la plupart des gens semblent avoir oubliés aujourd'hui, malgré leur importance. Ils montrent comment WikiLeaks a protégé notre environnement et notre sécurité alimentaire, défendu notre vie privée, sauvegardé le climat, assuré l'équité fiscale, protégé notre droit de savoir et promu la paix dans le monde.
Voici une demi-douzaine de révélations moins médiatisées faites par Julian Assange :
pour la défense de l'environnement et de la santé
Une multinationale de la chimie voulait commercialiser un insecticide agricole qui tuerait les abeilles qui entreraient en contact avec lui. Grâce aux révélations de WikiLeaks, le produit a été retiré du marché.
pour la défense de notre vie privée
Assange (et Edward Snowden) ont révélé comment la CIA et la NSA obtiennent subrepticement un accès illégal aux données confidentielles que nous conservons dans nos téléphones portables, ce qui nous a permis de prendre des mesures pour protéger notre vie privée ;
pour la défense du climat
Le journaliste australien a révélé les malversations utilisées par les pays les plus polluants pour faire échouer les accords de la COP visant à éviter une catastrophe climatique, notamment un traité secret destiné à torpiller l'accord de la COP21 (il a été retiré) ;
pour la défense de la paix dans le monde.
Les documents publiés par WikiLeaks ont révélé comment Hillary Clinton a vendu au monde la guerre contre la Libye comme nécessaire pour sauvegarder la démocratie, alors que ses véritables intérêts étaient de sauvegarder le pétrodollar (que la Libye mettait à mal) et ses ambitions présidentielles ; pour la défense de notre droit à un traitement fiscal équitable.
Grâce au lanceur d'alerte Rudolf Elmer, WikiLeaks a révélé les pratiques de fraude fiscale de plusieurs milliers de multimillionnaires - parmi les plus grands évadés fiscaux - dont une quarantaine d'hommes politiques ; pour défendre notre droit de savoir.
À travers de multiples "fuites", Assange a défendu notre droit de savoir ce que les puissants de ce monde font en secret, malgré les valeurs élevées qu'ils proclament - par exemple, les révélations sur les intrigues entre le Vatican et le dictateur chilien sanguinaire Pinochet, contenues dans les dossiers Kissinger.
Le journalisme indépendant
Julian Assange a été en mesure de faire ces révélations fracassantes parce qu'il a pu agir en tant que journaliste véritablement indépendant, c'est-à-dire qu'il n'était ni soumis à un chef de bureau ni à un rédacteur en chef, lesquels dépendent eux-mêmes d'un entrepreneur, c'est-à-dire de l'éditeur ou du propriétaire de l'organe de presse et d'un membre de l'élite monétarisée.
Il est rare, dans notre société capitaliste, qu'un journaliste soit en mesure d'atteindre une partie importante du grand public tout en restant véritablement indépendant, c'est-à-dire de ne pas se voir soumis à une ligne imposée par un quelconque patron. Assange était une exception, à tel point que bon nombre de journalistes refusent de le considérer comme l'un des leurs. C'est comme s'ils disaient : "Bien sûr, Assange a découvert et diffusé des informations dignes d'intérêt, et cela constitue bien sûr l'essence du journalisme ; mais il l'a fait en dehors d'un système de contrôle hiérarchique, et il n'est donc pas un journaliste comme les autres parce qu'il ne fait pas partie d'une institution".
Il s'agit manifestement d'une définition très étriquée et intéressée du journalisme, mais elle est si répandue que, dans la liste annuelle des journalistes emprisonnés dans le monde, compilée par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et présentée le 19 janvier dernier à New York, le nom d'Assange n'apparaissait pas. Le Comité a tenté de justifier sa décision auprès du journaliste-blogueur Kevin Gosztola [thedissenter.org, 20/01/2024] par ces mots : "[Nous] avons choisi de ne pas répertorier Assange en tant que journaliste, en partie parce que son rôle a tout aussi souvent été celui d'une source et parce que WikiLeaks ne se comporte généralement pas comme un organe d'information doté d'un processus éditorial". Et c'est là que réside la duplicité : Et c'est là que réside la duplicité : le sens caché et tacite des mots "processus éditorial".
Par ce terme, le CPJ insinue deux choses. Primo, un prétendu manque de soin éditorial de la part d'Assange dans la publication de ses révélations - alors qu'en fait, Julian a démontré à plusieurs reprises qu'il contrôlait méticuleusement ce qu'il publiait. Secondo, le CPJ insinue que, puisqu'Assange n'a pas suivi le processus hiérarchique de validation d'un article, du rédacteur en chef à l'éditeur, cette omission rend en quelque sorte son travail journalistique non professionnel, ce qui est manifestement une fausse supposition. Il est vrai qu'à WikiLeaks, Julian et son équipe ont décidé de publier ou non une révélation ; ils n'ont pas obtenu, comme c'est normalement le cas dans les salles de rédaction, l'approbation d'un rédacteur en chef, qui consulte un rédacteur en chef responsable devant le propriétaire ou l'éditeur de l'organe de presse. En d'autres termes, Julian n'a pas agi dans le cadre d'une chaîne de commandement qui se termine par un chef d'entreprise, lequel définit la politique à suivre. Son seul impératif était de dire la vérité, quoi qu'il arrive. Mais ce n'est pas une raison pour considérer, en soi, que son travail journalistique n'est pas professionnel ! Et pourtant, pour le CPJ et de nombreux journalistes institutionnels, Julian Assange reste un outsider.
Bien sûr, parmi les différents journalistes institutionnels, il y a ceux qui luttent contre la condition de subordination totale ; beaucoup ont rejoint des syndicats et des guildes afin de pouvoir lutter pour une certaine marge de liberté dans leurs reportages, par rapport à la ligne dictée par le rédacteur en chef et l'éditeur. Il n'est donc pas surprenant que la plupart de ces journalistes auto-organisés aient reconnu Julian comme l'un des leurs et lui aient accordé le statut de membre de leurs associations journalistiques.
Il faut bien sûr reconnaître que tous les journalistes n'ont pas jugé nécessaire de se syndiquer pour pouvoir faire ce qu'ils veulent. Certains parviennent à se créer une marge de liberté éditoriale en jouant simplement la carte de leur notoriété ou de leur grand professionnalisme. Mais ils constituent des exceptions et n'ont de toute façon jamais vraiment le dessus. Il existe aussi toute une catégorie de journalistes qui, bien que dépendants d'un éditeur, s'estiment parfaitement libres d'écrire ce qu'ils veulent - et qui y parviennent d'ailleurs - parce que, du fait de leurs choix idéologiques et de leurs inclinations personnelles, ces individus pensent à peu près comme leurs patrons (ils ont d'ailleurs probablement été choisis pour cela) : en d'autres termes, ils jouissent de la liberté, mais seulement de celle d'un condamné en liberté conditionnelle.
Et qui sont les patrons ? Parce que le capitalisme conduit à une concentration du pouvoir économique, aux États-Unis, la majorité des journalistes mainstream ne répondent qu'à six propriétaires (en 1983, ils étaient 50, mais la concentration et les participations croisées ont considérablement réduit ce nombre) [12]. En Italie, la plupart des journalistes sont des journalistes de la presse écrite grand public et dépendent de l'une des quatre familles milliardaires : Agnelli, Berlusconi, Cairo et Caltagirone. Par conséquent, si les informations continuent d'être plus ou moins les mêmes en changeant de chaîne ou de journal, il y a une raison - la même qui rend le journalisme indépendant si difficile, comme le montre le cas de Julian : l'existence d'une oligarchie des médias.
Voici donc l'une des plus grandes contradictions de notre société démocratique occidentale. Pour écrire librement en tant que journaliste grand public, il est nécessaire d'abdiquer une bonne partie de sa liberté en rejoignant une équipe éditoriale et en répondant ensuite à un éditeur/entrepreneur. Si vous décidez de travailler en dehors du système, vous pourrez peut-être publier ce que vous voulez dans un média alternatif, mais, comme Assange, vous ne serez toujours pas considéré comme un journaliste - du moins par vos collègues fidèles au système - et, plus important encore, vous ne serez normalement pas en mesure d'atteindre le grand public et donc d'influer sur l'opinion publique, comme Julian a réussi à le faire, exceptionnellement. Vous devrez vous résigner à communiquer à l'intérieur d'une bulle.
Pour résumer, dans nos démocraties occidentales, la grande presse aime se dire libre alors qu'elle vit en fait une condition de liberté surveillée ou conditionnelle dans laquelle une poignée de contrôleurs (c'est-à-dire les éditeurs, qui appartiennent tous à une élite corporatiste) s'assurent que les informations publiées dans leurs médias sont compatibles avec le Système et ne le embarrassent pas. Dans une telle société, il est inévitable qu'une personne de la trempe de Julian Assange soit persécutée et rejetée comme un corps étranger.
Outre les grands journaux, il existe bien sûr des agences et des journaux de niche, organisés en coopératives ou en communautés autonomes de rédacteurs et de lecteurs. Il y a aussi les stations de radio et de télévision locales, les blogs et les vlogs. Plus ou moins autonomes sur le plan économique, ces médias non traditionnels jouissent en effet d'une certaine liberté, mais cela est dû au fait que leur audience est très limitée. C'est d'ailleurs la seule raison pour laquelle le système les tolère : ils opèrent dans des "bulles" et n'ont que peu d'impact sur l'opinion publique.
Luttons, oui, pour des idéaux, mais pas seulement pour des idéaux
Voici donc, dans les grandes lignes, la réalité du journalisme (et, en particulier, du journalisme d'investigation) dans les démocraties occidentales aujourd'hui. C'est un système qui, par sa nature même, ne peut tolérer un rebelle comme Julian Assange - d'où son statut actuel de prisonnier politique confiné à l'isolement "provisoire" depuis cinq ans, et qui deviendra un isolement permanent si les États-Unis obtiennent son extradition examinée actuellement devant la Haute Cour britannique à Londres. La Cour a tenu des audiences les 20 et 21 février derniers, mais n'a pas encore rendu son verdict.
Que signifie tout cela pour les militants pro-Assange ? Brutalement, cela signifie que lorsqu'ils clament haut et fort "Libérez Assange" et qu'ils ignorent le système dans lequel ils vivent, ils ne font que se bercer d'illusions. Il en va de même lorsqu'ils exigent le respect d'une vraie démocratie et d'une véritable liberté de presse et d'expression. Ce sont toutes des choses qui, bien que sacro-saintes, sont incompatibles avec le statu quo des médias enchaînés et de la domination des entreprises tel qu'il vient d'être décrit. Ce qui signifie que le véritable combat consiste à changer ce statu quo. On ne peut pas exiger l'acceptation d'un "corps étranger" au sein d'une structure donnée sans travailler, en même temps, à changer cette structure. Sinon, le "corps étranger" continuera à être rejeté. Pour Julian, l'activisme ne consiste donc pas seulement à scander des slogans, mais à chercher activement à changer fondamentalement la structure de notre société, en commençant par le monde des médias et de l'information. Sinon, les slogans resteront des vœux pieux, continuellement ignorés. L'idéalisme doit aller de pair avec le réalisme.
Julian doit lui aussi évaluer avec réalisme ce dont il se contentera. Compte tenu de la structure oligarchique des médias occidentaux, une grâce présidentielle américaine ou une décision de non-extradition prise par un tribunal britannique ne serait concevable qu'à condition de faire une concession - par exemple, la promesse de Julian de ne pas redémarrer son site WikiLeaks s'il est libéré. Cela pourrait impliquer qu'il accepte de s'exiler volontairement, avec sa famille, dans une région reculée d'Australie, sans Internet ni modem pour la couverture satellite. Julian accepterait-il un tel marché, si on le lui proposait (et peut-être y a-t-il eu des offres de négociation de ce type, comme le signale la lettre de Julian au roi Charles) ? À l'heure actuelle, il semble peu probable qu'il le fasse, d'où l'impasse actuelle. Mais il pourrait tout à fait être en mesure de concevoir une autre solution qui serait acceptable pour ses ravisseurs.
Le fait est que, dans le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui, il est impensable d'appeler à la libération de Julian si cela implique qu'il réactive WikiLeaks ; le Système ne le tolérerait tout simplement pas. La révélation du complot de la CIA pour assassiner Julian (qui a ensuite été écarté au profit d'une persécution judiciaire) ne laisse aucun doute à ce sujet : si Julian était libéré et s'il recommençait à publier des révélations embarrassantes, ses jours seraient certainement comptés - tout comme ceux des 120 journalistes tués dans le monde l'année dernière pour avoir révélé des secrets gênants. La réponse doit donc consister à changer le système, à le rendre plus ouvert, plus compatible avec la renaissance de WikiLeaks. Il n'y a aucun espoir raisonnable de voir Julian à nouveau libre et rédacteur en chef de WikiLeaks si nous nous contentons d'invoquer de grands principes sans batailler en même temps pour libérer pleinement le journalisme, et le journalisme d'investigation en particulier, de ses entraves actuelles. Et cela implique également la libération de notre structure socio-économique actuelle.
Que pouvons-nous donc faire, concrètement, pour libérer le journalisme et ouvrir ainsi la voie à la libération de Julian ?
Voici quatre batailles à mener pour obtenir un véritable changement.
1- Lutter pour une législation qui mette fin à la concentration des médias, condition sine qua non d'un journalisme indépendant. Ce n'est qu'avec un pluralisme généralisé de la propriété que nous pouvons espérer avoir des lignes éditoriales réellement diversifiées et, par conséquent, une plus grande liberté d'expression pour les journalistes individuels. Ce n'est qu'en mettant fin à la concentration des journaux mainstream entre les mains de quelques oligarques qu'un espace pourra être laissé à la contre-information à même d'être diffusée au grand public. Si nous parvenons à mettre fin à l'oligopole actuel, WikiLeaks ne sera plus qu'une voix libre et indépendante parmi d'autres dans les médias. Et Assange deviendra le parrain d'innombrables adeptes.
2- Étendre la protection juridique, aujourd'hui insuffisante, des lanceurs d'alerte, c'est-à-dire des personnes qui signalent des actes criminels dans le cadre de leur emploi. Il est également nécessaire de soutenir les ONG qui protègent ces derniers. Dans une récente interview de l'écrivain Charles Glass à Belmarsh [voir article en anglais https://www.counterpunch.org/2024/02/07/a-visit-to-julian-assange-in-prison/ et traduit ici en français en n°7], Julian a avoué que WikiLeaks n'était plus en mesure de dénoncer les crimes de guerre et la corruption comme par le passé : son emprisonnement, la surveillance exercée par le gouvernement américain et les restrictions imposées au financement de WikiLeaks ont découragé les dénonciateurs potentiels. Il nous appartient donc d'offrir à tous ceux qui sont en mesure de dénoncer des actes répréhensibles des garanties et une protection accrues.
3- Renforcer la protection juridique des journalistes d'investigation. Cela implique de nouvelles lois protégeant mieux le secret des sources. Cela signifie également soutenir la lutte des syndicats contre les licenciements de représailles ou le harcèlement moral. Enfin, il s'agit d'adopter des réglementations contre le recours à la guerre juridique (ce qu'on nomme la lawfare) pour persécuter les journalistes.
4- Réduire le champ d'application et élargir les possibilités de recours en matière de secrets d'État. Les lois actuelles régissant le secret d'État ne protègent pas suffisamment ceux qui divulguent des secrets dans l'intérêt public. Et ce, malgré l'arrêt de la Cour suprême des États-Unis de 1971 qui a déclaré la prééminence de l'intérêt public, ainsi que les arrêts similaires de la Cour européenne des droits de l'homme. Les secrets d'État doivent devenir plus attrayants en renforçant la disposition relative à l'intérêt public. La formulation du décret 13526 d'Obama devrait donc être modifiée et passer de "une personne ne peut être accusée d'avoir divulgué des informations classifiées, tant que les informations divulguées ne peuvent être légalement classées comme secrètes" à "tant que la divulgation a été faite dans l'intérêt public".
Conclusion
Dans sa conversation avec Cédric Villani [www.nouvelobs.com, 11/21/2023], un ami français qui lui a rendu visite à la prison de Belmarsh, Julian avoue qu'il craint "d'être devenu un symbole, quelqu'un qui se dresse contre le Système", et rien de plus. Villani, constatant l'abattement de Julian, tente de le rassurer en rappelant que "le manifestant solitaire face aux chars de la place Tiananmen ou David contre Goliath" ne sont eux aussi que des symboles, mais ils ont donné à d'innombrables personnes la volonté de se battre et ont donc contribué à changer le monde.
Julian doit bien sûr être plus qu'un symbole isolé. Sinon, comme on l'a dit, il deviendrait une cible facile à éliminer par une balle ou par une décision de justice arbitraire. Au contraire, Julian doit devenir un vaste mouvement de personnes luttant pour la vérité dans le discours public et pour l'indépendance effective des médias. Ce n'est que dans le contexte de médias véritablement libres que Julian Assange et WikiLeaks pourront redevenir véritablement libres.
Patrick Boylan, ancien professeur d'anglais pour la communication interculturelle à l'université "Roma Tre", a obtenu son diplôme dans sa Californie natale, puis à la Sorbonne à Paris, où il a également enseigné en tant que professeur invité. Il codirige aujourd'hui le Journal of Intercultural Mediation and Communication (Cultus), dispense des formations interculturelles et milite au sein du NoWar Network et des associations PeaceLink et Americans for Peace and Justice.
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17- ♟ Deux brefs fils de discussion via WikiLeaks
a- ➤ Fil récapitulant certains des soutiens apportés à l'action de Julian Assange
La liberté de Julian Assange a été puissamment soutenue par les organisations de défense de la liberté de la presse, mais de nombreuses organisations ayant un mandat plus large reconnaissent également les menaces que les poursuites engagées par les États-Unis font peser sur nos droits partout dans le monde.
Par WikiLeaks, le 10 avril 2024, source Twitter X
◾️ En mai 2019, Human Rights Watch qualifie les actes d'accusation de l'administration Trump à l'encontre d'Assange
"d'attaque stupéfiante et sans précédent contre la liberté de la presse" et "d'attaque directe contre la responsabilité que les gouvernements abusifs du monde entier voudront copier".
Voir l'article de Dinah PoKempner, avocate générale
◾️ Electronic Frontier Foundation (EFF), l'une des principales organisations de défense des droits numériques aux États-Unis, est d'accord pour dire qu'en 2019, lorsque les actes d'accusation contre Julian Assange seront rendus publics, les fuites feront partie intégrante de la libre circulation de l'information, qui est essentielle à notre démocratie :
"Les fuites sont une partie vitale de la libre circulation de l'information qui est essentielle à notre démocratie. Rendre compte des fuites, y compris des informations classifiées, est un rôle essentiel du journalisme américain".
◾️ L'ACLU (organisation à but non lucratif, non partisane, juridique et de défense) a demandé l'abandon des poursuites, en 2019 puis en 2021 :
"Toute poursuite de Mr Assange par les États-Unis serait sans précédent et inconstitutionnelle, et ouvrirait la porte à des enquêtes criminelles sur d'autres organisations de presse".
Voir l'article de l'ACLU (déc. 2021) : Commentaire de l'ACLU sur la décision d'extradition de Julian Assange
◾️ En février 2021, un grand nombre d'organisations mondiales de défense des droits de l'homme et de la liberté de la presse, dont Amnesty, l'EFF, l'ACLU et Human Rights Watch publient une lettre commune adressée au procureur général des États-Unis par intérim :
"...nous vous demandons respectueusement de renoncer à l'appel de la décision du juge Baraitser et de rejeter l'inculpation de Mr Assange".
Voir l'article de Human Rights Watch : Lettre de la Coalition au Département de la Justice des États-Unis : Abandonnez les poursuites contre Assange
◾️ On ne badine pas avec les bibliothécaires militants : En 2022, l'Association des bibliothécaires américains (American Library Association) a déclaré :
"Au nom de ses membres, l'American Library Association demande à l'exécutif américain de cesser tout effort pour extrader et poursuivre Julian Assange".
◾️ En juin 2022, Index on Censorship réitère son inquiétude face aux poursuites engagées par les États-Unis :
"Non seulement l'extradition mettra Assange en danger, compte tenu de sa santé mentale, mais elle aura inévitablement un effet glacial sur la liberté des médias dans le monde entier."
Voir l'article de Index on Censorship : Solidarité à la Assange.
◾️ Amnesty International, l'une des plus importantes organisations de défense des droits humains au monde, déclare en février 2024 :
"Les États-Unis doivent abandonner les poursuites engagées contre Assange au titre de la loi sur l'espionnage et mettre fin à sa détention arbitraire au Royaume-Uni".
Article d'Amnesty : La liberté mondiale des médias est menacée alors que Julian Assange est de retour devant un tribunal britannique et risque d'être extradé vers les États-Unis.
📰 https://x.com/wikileaks/status/1778092368727625786
b- ➤ Fil "De Bruxelles à Brasilia" : Le monde s'est rassemblé pour soutenir Julian Assange et le travail de WikiLeaks
Par WikiLeaks, le 11 avril 2024, source Twitter X
◾️ En février 2020, le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe publie une déclaration dans laquelle il réclame instamment que la demande d'extradition soit rejetée :
"Compte tenu des implications pour la liberté de la presse et des graves préoccupations concernant le traitement auquel Julian Assange serait soumis aux États-Unis, mon évaluation en tant que Commissaire aux droits de l'homme est qu'il ne devrait pas être extradé."
Lire la déclaration ici.
◾️ En juillet 2021, 120 hommes et femmes politiques, journalistes et artistes allemands appellent à la libération de Julian :
"Le traitement de Julian Assange contredit les principes de l'État de droit ; les conditions difficiles de sa détention constituent un scandale humanitaire. Compte tenu de son état de santé critique, des mesures urgentes doivent être prises".
Lire cet appel ici.
◾️ En mai 2022, la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatović, écrit à la ministre de l'Intérieur britannique pour l'exhorter à rejeter la demande d'extradition :
"...autoriser l'extradition de Mr Assange sur cette base aurait un effet paralysant sur la liberté des médias, et pourrait en définitive empêcher la presse d'accomplir sa tâche de pourvoyeur d'informations et de chien de garde du public dans les sociétés démocratiques".
Lire la lettre ici.
◾️ En juillet 2022, le président mexicain Lopez Obrador fait pression sur le président Biden pour qu'il libère Julian Assange de toute urgence, déclarant :
"J'ai laissé une lettre au président au sujet d'Assange, expliquant qu'il n'a commis aucun crime grave, qu'il n'a causé la mort de personne, qu'il n'a violé aucun droit de l'homme, qu'il a exercé sa liberté et que son arrestation constituerait un affront perpétuel à la liberté d'expression".
Lire l'article de Al Jazeera : Lopez Obrador dit avoir plaidé pour Assange dans une lettre à Biden. Le président mexicain a déclaré que le pays avait renouvelé sa précédente offre d'asile au fondateur de Wikileaks, recherché aux États-Unis pour plusieurs chefs d'accusation.
◾️ En septembre 2023, le président brésilien Lula da Silva s'adresse à l'Assemblée générale des Nations unies :
"Il est essentiel de préserver la liberté de la presse. Un journaliste comme Julian Assange ne peut être puni pour avoir informé la société de manière transparente et légitime".
Lire l'allocution du Président Luiz Inácio Lula da Silva à l'ouverture de la 78ème Assemblée générale des Nations Unies.
◾️ Lors de la même session de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre 2023, le président colombien Gustavo Petro apporte son soutien à Julian :
"Julian Assange est un journaliste, un point c'est tout. Et ce qu'il a fait est le travail d'un journaliste, point final. Et il est emprisonné depuis bien trop longtemps pour avoir fait son travail de journaliste."
Lire la transcription de son allocution sur Democracy Now : Le président colombien Gustavo Petro : les accusations portées contre Julian Assange sont une "offense à l'égard de la liberté de la presse".
◾️ En novembre 2023, 16 membres du Congrès américain ont écrit au président Biden, insistant notamment sur le fait que :
"Les États-Unis ne doivent pas engager des poursuites inutiles qui risquent de criminaliser des pratiques journalistiques courantes et d'entraver ainsi le travail de la presse libre. Nous vous demandons instamment de veiller à ce que cette affaire soit close le plus rapidement possible".
Lire la lettre ici.
◾️ En février 2024, la Chambre des représentants australienne a soutenu à une écrasante majorité une résolution du député Andrew Wilkie qui se lisait, en partie, comme suit :
"Le gouvernement australien et l'opposition ont tous deux déclaré publiquement que cette affaire n'avait que trop duré ; et [...] souligne l'importance pour le Royaume-Uni et les États-Unis de mettre un terme à cette affaire afin que Mr Assange puisse rentrer chez lui, auprès de sa famille en Australie."
Une première concernant le vote d'une telle résolution par le gouvernement australien.
Lire la résolution ici.
◾️ En février 2024, 46 membres du Parlement européen cosignent une lettre adressée au ministre britannique de l'intérieur, dont voici un extrait :
"...nous vous demandons d'assurer la protection et la sécurité de Julian Assange, de le libérer de la prison et d'empêcher son extradition. L'avenir de la liberté de la presse et du droit des citoyens à être informés est en jeu".
Lire la lettre ici.
📰 https://x.com/wikileaks/status/1778498710592217091
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18- ♟ Fidel Narváez : "En livrant Julian Assange, l'Équateur et le Royaume-Uni ont également violé les lois sur l'asile"
Le 11 avril 2019, le gouvernement de Lenin Moreno a retiré à Julian Assange la protection qu'il lui avait accordée depuis plus de six ans et l'a remis aux autorités britanniques, qui l'ont enfermé et isolé dans une prison de haute sécurité. Aujourd'hui, l'Équateur lui-même "commet un acte de barbarie en attaquant une mission diplomatique et en kidnappant un demandeur d'asile politique", déclare l'ancien consul Fidel Narváez.
Par Alejandro Ruiz, le 10 avril 2024, Pie de Página
MEXICO - Fidel Narváez, ancien consul de l'Équateur au Royaume-Uni, a cotoyé pendant six ans son ami Julian Assange, lorsque ce dernier était demandeur d'asile politique à l'ambassade équatorienne. Puis, avec le changement de gouvernement en Équateur, Assange a été expulsé de l'ambassade qui lui avait accordé l'asile.
Cinq années se sont écoulées et Narváez se penche aujourd'hui sur les leçons que l'arrestation du prisonnier politique le plus important du monde occidental a livrées au monde entier. Et ce, alors que l'Équateur est confronté à une nouvelle crise diplomatique, aujourd'hui avec le Mexique, après avoir pris d'assaut son ambassade à Quito.
Quels ont été les bouleversements en Équateur depuis 2012 pour que ce pays, qui s'est érigé en phare contre la persécution politique, fasse aujourd'hui des descentes dans les ambassades et subjugue d'anciens vice-présidents et diplomates ?
Cette histoire est racontée par un témoin direct.
Les États-Unis et leur phobie de la vérité
"C'est vraiment une coïncidence", me dit Fidel Narváez. Nous nous rencontrons dans un salon de l'aéroport international de Mexico. Nous n'avons que 30 minutes pour échanger avant le décollage de son avion.
🎙 Alejandro Ruiz : Comment connaissez-vous Julian Assange ?
Fidel Narváez : Je connaissais Julian Assange avant qu'il ne demande l'asile. En fait, il y a une amitié personnelle qui, je pense, a contribué à nouer cette relation avec l'Équateur.
Un an avant la demande d'asile (2011), Wikileaks a commencé à publier des câbles diplomatiques provenant du monde entier, et une certaine manipulation, un parti pris, a commencé à être constaté dans la couverture de ces câbles par les différents médias du monde entier. Dans le cas particulier de l'Équateur, les grands médias ont d'abord eu un accès exclusif aux câbles.
Face à cela, le gouvernement équatorien, présidé [à l'époque] par Rafael Correa, a pris l'initiative de solliciter WikiLeaks pour demander la publication de tous les câbles concernant l'Équateur. C'est pourquoi je suis allé trouver Julian et lui ai présenté cette requête. WikiLeaks a accepté, et mon pays est devenu le premier à publier tous ses câbles sans aucune contrepartie ; il s'agissait d'une coïncidence entre des convictions éthiques concernant l'information.
Un an plus tard (2012), Julian a demandé l'asile parce qu'il présentait la persécution imminente. Une persécution qui était, disons, tenue secrète. Je dis secrète parce que l'enquête ouverte par les autorités américaines sur Wikileaks a été traitée en secret, qui l'ont menée par l'intermédiaire d'un acteur qui, aux États-Unis, est connu sous le nom de "Grand Jury".
Le Grand Jury, explique Narváez, travaille avec des témoins qui sont appelés à témoigner en secret, alors que la personne accusée ne sait pas qu'elle l'est. Elle ne le découvre qu'au moment de son arrestation. Dans le cas de Julian Assange, explique l'ancien consul, "les accusations n'ont été connues que sept ans plus tard, lors de l'emprisonnement de Julian".
L'initiative de Fidel et du gouvernement équatorien a permis à Julian Assange d'éviter la prison pendant sept ans. Durant cette période, beaucoup de choses se sont produites, mais pour l'ancien consul équatorien, la persécution contre le fondateur de Wikileaks a commencé à s'intensifier à un moment décisif.
🎙 À quel moment la persécution s'est-elle intensifiée ?
Elle s'est durcie parce que Wikileaks n'a jamais cessé son activité. Son fondateur a travaillé du premier au dernier jour de son séjour à l'ambassade, ce qui a évidemment accru la colère de ses persécuteurs.
Au cours de son séjour, Julian a fait d'autres révélations très importantes. Par exemple, les révélations sur le parti démocrate dans l'élection entre Hillary Clinton et Donald Trump.
Après cela, il y a une révélation qui n'est pas aussi connue que toutes les autres divulgations de Wikileaks, mais qui est, à mon sens, décisive dans la persécution de Julian.
Il s'agit de Vault 7, qui est essentiellement la révélation sur l'arsenal cybernétique de la CIA, c'est-à-dire tous les programmes d'espionnage et de piratage, les virus développés par la CIA. Cette révélation fait apparaître que la CIA dispose de toute une division de production pour cela.
Pour moi, c'est ce qui a vraiment mis les États-Unis hors d'eux, et c'est là que [Mike] Pompeo (qui était secrétaire d'État américain sous l'administration de Donald Trump) a déclaré une guerre ouverte à Wikileaks, et l'a qualifié d'entité de renseignement hostile.
Cette qualification, explique Narváez, n'était pas purement rhétorique, mais visait à permettre au gouvernement américain de transformer Assange en ennemi de la nation, et donc de "retourner contre lui toute une série d'activités presque incontrôlées".
Vivre en état de siège
La pression sur Assange était telle qu'elle s'est répercutée sur ses protecteurs : les diplomates équatoriens. La conjoncture politique était déterminante pour la défense du fondateur de Wikileaks. En effet, à l'époque, Rafael Correa était encore au pouvoir en Équateur, mais un processus électoral était en cours à la veille des élections.
Fidel Narváez a joué un rôle clé dans la protection d'Assange et du droit de l'humanité à l'information, et le prix qu'il a payé n'est pas des moindres.
🎙 À quoi ressemblaient ces jours-là, avec pratiquement le monde entier sur le dos ?
L'ambassade de l'Équateur au Royaume-Uni a été l'endroit le plus surveillé au monde pendant de nombreuses années. D'abord avec la présence de la police britannique, parfaitement visible les premières années. Puis la surveillance s'est transformée pour devenir secrète, ce qui était tout à fait perceptible, avec des caméras robotisées, des caméras cachées dans les bâtiments environnants et des voitures d'infiltration conduites par des policiers en civil.
Le plus grave s'est produit à la fin, à partir de 2016.
Cette année-là, nous nous sommes rendu compte que la société de sécurité privée chargée de la sécurité de l'ambassade, sous contrat avec le gouvernement équatorien, se livrait à l'espionnage.
Cette affaire fait actuellement l'objet d'une enquête judiciaire, tant devant les tribunaux espagnols qu'équatoriens, et nous accusons l'entreprise d'espionnage pour le compte d'un pays tiers, en l'occurrence les services de renseignement américains.
Parmi les accusés se trouve le directeur de l'entreprise, qui est responsable de l'installation de micros clandestins et du vol d'informations à partir d'équipements électroniques sur les visites de Julian et celles de ses avocats. Ils nous espionnaient également, nous les diplomates.
Personnellement, je poursuis cet homme et cette entreprise en Espagne, et mes collègues font de même. L'ancien président Correa lui-même le fait, car cette même société a été chargée, pendant un certain temps, de protéger le président et ses filles.
Des preuves évidentes ont démontré que la CIA était impliquée dans toute cette affaire. Des enquêtes indépendantes menées aux États-Unis ont même révélé que la CIA envisageait de kidnapper et d'assassiner Julian Assange.
L'instant du coup bas
Le courage des diplomates équatoriens et la détermination du président Rafael Correa ont empêché Julian Assange de se retrouver emprisonné pendant tout ce temps (malgré la menace à l'extérieur de l'ambassade).
Fidel et moi continuons à converser. Ses yeux ne cessent de regarder autour de lui, mais rien n'arrête son récit. Fièrement, l'ancien consul avoue :
L'asile accordé à Assange a montré que l'asile politique est un droit de l'homme auquel tout être humain peut prétendre et qu'il doit être respecté par toutes les nations. C'est fondamental, car ce qui peut être invoqué par une petite nation comme l'Équateur doit être respecté par une autre nation comme le Royaume-Uni ou les États-Unis.
L'affaire Julian Assange, dit-il, a également démontré la procédure appropriée pour les cas d'asile diplomatique dans le monde. La mission diplomatique à laquelle appartenait Fidel, dit-il, "a démontré l'importance du droit international, de la Convention de Vienne".
Par exemple, les Britanniques, avec leurs forces spéciales, nous disaient par écrit qu'il existait une loi interne les autorisant à pénétrer dans notre ambassade, mais ils n'ont finalement pas osé franchir le pas parce que cela aurait été barbare. À l'époque, toute la communauté latino-américaine soutenait l'Équateur parce que sa mission diplomatique était menacée.
🎙 Quand l'asile a-t-il été rompu ?
Il y a un énorme point de bascule qui coïncide avec le changement de gouvernement en Équateur en mai 2017. Nous parlons de l'arrivée de Lenin Moreno, et bien sûr personne ne s'attendait à une trahison de cette ampleur. Même si je pense que le scepticisme régnait parmi ses plus proches collaborateurs, qui le décrivaient comme ayant un style très différent de celui de Correa, beaucoup moins contestataire et plus conciliant. Tiède, disaient certains.
Pour comprendre cette trahison, il faut considérer deux éléments très forts : l'un est le revirement brutal à 180 degrés du programme politique de Moreno, qui a fondamentalement abouti à la mise en œuvre du programme de l'opposition, c'est-à-dire celui du camp ayant perdu les élections. Lenin Moreno a composé son cabinet presque exclusivement avec des cadres de l'opposition.
L'autre élément, le plus grave à mes yeux, est la persécution politique, qui va jusqu'à la persécution judiciaire, contre ceux qui étaient leurs alliés politiques. Par exemple : la persécution contre Rafael Correa, ou ce que nous voyons contre Jorge Glas, qui est peut-être le cas le plus brutal. En réalité, Lenin Moreno criminalise toute une tendance politique.
🎙 À quel moment de cette persécution le gouvernement de Lenin Moreno s'est-il retourné contre Julian Assange ?
Lenin Moreno n'a jamais apprécié Julian, il ne l'aimait pas depuis qu'il était vice-président avec Correa. Il n'a jamais compris ce que Julian faisait, il l'a toujours considéré comme un hacker qui violait la vie privée des gens. Si quelqu'un ne comprend pas un critère aussi basique, aussi banal, que peut-on attendre d'un citoyen ordinaire, mais d'un vice-président qui est ensuite président, c'est vraiment très inquiétant.
Mais, au-delà de cela, la chose fondamentale est que Julian a été perçu comme une œuvre du Corréisme. L'asile de Julian Assange était considéré comme une réussite du correísmo. Par conséquent, si vous avez pour mission de démanteler, de détruire, de délégitimer tout ce qui a trait au passé du corréisme, vous allez foncer.
Dans l'expulsion de Julian Assange de l'ambassade, des éléments de politique intérieure ont été mis en jeu pour satisfaire toutes les puissances qui ont toujours voulu sa tête, à commencer par l'oligarchie et le pouvoir économique, mais aussi les médias, qui sont des acteurs fondamentaux en Équateur.
🎙 Alors, une trahison de Lénine …
Il s'agit uniquement d'une logique de politique intérieure, mais l'expulsion de Julian est une combinaison de plusieurs éléments. Julian Assange est victime d'une vengeance politique interne, mais il est aussi du changement dans les relations avec les États-Unis.
Les États-Unis ont accru la pression, parce qu'ils savaient qu'ils ne pourraient pas traiter avec le précédent gouvernement Correa. Mais Moreno, pour s'attirer leurs bonnes grâces, a finalement livré Julian Assange.
11 avril 2019
Dès l'accession de Lenin Moreno à la présidence, les persécutions contre le corréisme sont devenues une réalité. Aujourd'hui, des dizaines d'anciens fonctionnaires et membres de l'assemblée de Revolución Ciudadana (le parti de Correa) vivent en exil ou font l'objet de poursuites pénales. Rafael Correa lui-même vit en Belgique en tant que demandeur d'asile politique.
Le sort de Fidel Narváez a été un peu plus clément : il n'a perdu que son emploi.
Le 11 avril 2019, il n'était plus consul et est devenu un spectateur de "ce satané jour" où la police britannique a arrêté son ami.
🎙 À quoi ressemblait ce 11 avril 2019 ?
Je dois dire que j'avais été démis de mes fonctions un an plus tôt et que je n'étais pas là durant la dernière année que Julian a passée à l'ambassade. J'ai tout vécu de l'extérieur, car je n'ai même pas été autorisé à lui rendre visite à Londres. Mais j'ai pu entrer en contact avec des personnes qui étaient à proximité en ce jour de folie.
Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'une telle chose n'arrive pas du jour au lendemain. Ce n'est pas comme si, la veille, Moreno avait perdu patience et s'était dit 'bon, on le livre'. La préparation a pris des mois parce que des négociations ont été menées avec les États-Unis et le Royaume-Uni pour essayer de sortir avec une image plus ou moins propre, parce qu'ils voulaient lui infliger la peine de mort.
Mais il y a aussi un autre facteur : Julian, à ce moment-là, était déjà équatorien.
Il s'est vu octroyer la nationalité comme bouclier de protection qui a également empêché le gouvernement de le livrer, bien qu'il l'ait finalement remis illégalement, en suspendant sa nationalité le temps d'une journée, ce que la loi équatorienne ne permet pas, mais le gouvernement l'a tout de même fait.
À ce jour, Julian est toujours équatorien, car les procédures visant à annuler ce qui a été fait légalement doivent suivre un processus judiciaire qui demande énormément de temps, mais elles finiront par aboutir.
De nombreux signes indiquaient déjà l'approche de ce jour, même si, de toute évidence, ce jour devait déjà surprendre, et c'est ce qui s'est passé. Personne ne s'y attendait, mais il s'agissait bien sûr d'une opération planifiée de longue date.
L'opération a également impliqué les services de sécurité britanniques, qui sont entrés de force et ont emmené Julian. Son arrestation ne s'est pas déroulée comme le gouvernement équatorien l'a raconté au monde entier, à savoir que le jour même, ils disent l'avoir invité à partir, l'avoir escorté jusqu'à la porte et que l'arrestation s'est faite sur le seuil, à l'extérieur de l'ambassade.
Ce n'est pas ce qui s'est passé : les services de sécurité britanniques l'ont poursuivi et l'ont maîtrisé. Ils sont à ce point complices qu'ils étaient déjà entrés une fois, sous couverture, pour effectuer une reconnaissance de la scène du crime.
Ce jour-là, Julian a fait ce qu'il fallait et a refusé de partir, mais ils l'ont maîtrisé de force et l'ont traîné dehors. Tout cela avec le consentement des maîtres des lieux qui ont autorisé cette violation à l'encontre d'un citoyen équatorien. De nombreuses lois équatoriennes et, surtout, internationales ont été violées.
Pourquoi ne pas récidiver ?
Pendant que Fidel et moi parlions, l'Organisation des États américains (OEA) condamnait "fermement" votre pays pour avoir pris d'assaut l'ambassade de mon pays il y a quelques jours afin d'arrêter Jorge Glas, ancien vice-président du gouvernement de Rafael Correa, celui-là même pour lequel Fidel travaillait.
🎙 Croyez-vous aux coïncidences ?
Je pense que c'est une coïncidence, tout comme le fait que j'étais au Mexique quand vous m'avez demandé si vous pouviez m'interviewer.
Il s'agit d'événements similaires, mais avec des modes opératoires différents ?
Ce sont deux cas différents, mais leur fil conducteur est le même.
Le cas de Julian est un cas fondamental pour la liberté de publication dans le monde. Ce qui lui arrive définira l'avenir de la liberté du journalisme, et c'est pour cela que c'est essentiel. Mais c'était aussi un cas emblématique d'asile politique, et le comportement de l'Équateur à son égard, la façon dont il l'a protégé, sont très importants.
Aujourd'hui, malheureusement, le même Équateur, le même pays mais avec un gouvernement différent, commet une barbarie en attaquant une mission diplomatique et en kidnappant un demandeur d'asile politique.
C'est la similitude entre Assange et Glas, car dans les deux cas, des demandeurs d'asile politique ont été enlevés par la force, ce qui devrait entraîner des sanctions, au-delà de la pure rhétorique diplomatique.
Hélas, nous voyons des réactions où ils se contentent de retirer leurs ambassadeurs ou d'exiger des excuses, mais cela ne suffit pas, car l'agression contre l'ambassade incluait une menace avec une arme à feu pour maîtriser un diplomate. Ce n'est pas seulement la police qui a agi, mais aussi les politiciens qui l'ont ordonné, et cela doit remonter au plus haut responsable, qui est le président de l'Équateur : Daniel Noboa.
Il existe un lien avec les événements les plus récents, lorsque la police équatorienne a attaqué l'ambassade du Mexique, qui était le pays protecteur. Ce lien se trouve dans la tête des gens qui, comme cela a déjà été fait une fois et que personne n'a été sanctionné pour avoir livré Julian, se disent : "Pourquoi ne pourrions-nous pas recommencer ?". C'est extrêmement puissant.
🎙 Et dans le cas d'Assange, quelles lois ont été violées ?
La Constitution de l'Équateur, qui interdit la restitution d'un demandeur d'asile politique, a été violée. Et, essentiellement, un principe fondamental du droit international a été enfreint, qui est également inscrit dans les législations nationales : le principe de non-refoulement.
Ce principe s'applique lorsqu'une personne bénéficie de la protection d'un État, soit parce qu'elle a le statut de demandeur d'asile, soit parce qu'elle a le statut de réfugié (qui sont des catégories siamoises), et qu'elle ne peut pas être remise à ses persécuteurs. Ce principe établit que la personne ne peut être renvoyée tant que le risque pour son intégrité, sa vie, sa liberté ou ses droits persiste.
Ce principe fait partie de la convention de 1951 sur les réfugiés, signée par la plupart des pays du monde, y compris l'Équateur, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Ils ont également enfreint les conventions sur l'asile et l'interdiction d'extrader un Équatorien, un droit inscrit dans la constitution équatorienne.
Dans deux ou trois semaines, l'Équateur organisera un référendum au cours duquel on nous demandera si nous sommes d'accord avec ce droit, et il est probable que cela changera, mais à ce jour, on ne peut pas le faire, et de toute façon, ils l'ont fait.
Tout ce qui s'est passé est terrible pour l'Équateur et pour le monde. Premièrement, parce qu'ils ont violé le concept d'asile politique et deuxièmement, parce qu'ils peuvent inciter d'autres à faire de même. Et ce sont eux qui ont récidivé.
Le précédent
Depuis le 11 avril 2019, Julian Assange passe ses journées dans une prison de haute sécurité au Royaume-Uni. En 2022, un tribunal britannique a accordé aux États-Unis le droit de l'extrader et de lui faire encourir 175 ans de prison, voire la peine capitale (selon les autorités américaines), puisqu'il est inculpé en vertu d'une loi archaïque sur l'espionnage en vigueur depuis 2017 (Espionage Act) et qui n'a jamais été appliquée à aucun journaliste.
La famille d'Assange, ainsi que d'autres sympathisants (dont Fidel Narváez), ont mené un combat juridique pour empêcher son extradition. Le dernier chapitre de cette histoire s'est écrit le 26 mars, lorsque la cour d'appel britannique a appelé les États-Unis à fournir une série de garanties à Assange, notamment qu'il ne sera pas condamné à la peine de mort.
Son sort sera décidé au plus tard le 20 mai.
🎙 Quel rôle le Royaume-Uni a-t-il joué dans tout cela ?
Un rôle honteux, inféodé aux États-Unis.
C'est comme ça : si les États-Unis abandonnent la poursuite, le Royaume-Uni abandonnera aussi la poursuite. La seule raison pour laquelle le Royaume-Uni voulait la tête de Julian était que les États-Unis le voulaient. C'est clair comme de l'eau de roche.
Au début, l'excuse était la Suède. Et cette excuse est tombée. Puis il y en a eu une autre : la caution que Julian n'a pas respectée au Royaume-Uni, une peine mineure qui n'est jamais, ou quasiment jamais, passible d'une peine d'emprisonnement. Mais Julian a été condamné à une peine disproportionnée à ce sujet. Tout cela parce que les États-Unis le voulaient, et c'est pour cela que nous en sommes là.
🎙 De qui dépend l'extradition et peut-on l'éviter ?
Je suis convaincu qu'au bout du compte, Julian pourra éviter l'extradition, que nous pourrons l'éviter. Mais le chemin à parcourir est encore long.
Je n'ai plus aucune confiance dans la justice britannique. Je pense que lors de la prochaine étape, qui est l'évaluation de ces garanties, les États-Unis signeront n'importe quoi et les Britanniques les prendront pour valables.
Alors, nous devrons activer le dernier recours, qui consiste à porter l'affaire devant la Commission européenne des droits de l'homme, et c'est là que l'extradition sera stoppée.
Tout dépend donc des recours juridiques et du temps ?
Je ne pense pas que nous puissions exclure que les États-Unis nous surprennent. Ce serait certes très étonnant, mais je ne pense pas que ce soit impossible, car il s'agit d'une persécution politique, et la politique peut toujours nous surprendre.
Nous devons garder à l'esprit que les persécuteurs d'Assange sont les États-Unis et qu'ils ne sont influencés par rien d'extérieur, ni par l'OEA (Organisation des États américains), ni par l'ONU (Organisation des Nations unies). C'est un élément de décor pour eux.
Il me semble que la seule chose qui va décider de tout est la politique intérieure américaine, et en ce sens, ils vont évaluer que l'extradition de Julian est une patate très chaude pour n'importe quel gouvernement, au-delà du fait que le procès serait totalement injuste en vertu de la loi relative à l'espionnage secret (Espionage Act).
C'est la patate chaude : il est puni pour avoir détecté des crimes, et nous serons alors obligés de parler de crimes, de criminels et d'impunité, ce qu'aucun gouvernement ne souhaite.
En réalité, la persécution d'Assange vise à créer un précédent. Un précédent pour empêcher les autres de reproduire ce qu'il a fait, et ce précédent a déjà été créé. Que Julian soit libéré demain ou non, personne ne voudra endurer ce qu'il a vécu, ce qui l'a presque détruit, et le message est là.
S'ils n'ont pas réussi à le détruire, c'est parce qu'il est Julian Assange, car, à l'heure où nous parlons, quelqu'un d'autre que lui se serait déjà suicidé ou aurait déjà plaidé coupable pour en finir.
Le monde entier assiste au dépérissement d'un homme
Les mots se dérobent au fil de la conversation, Fidel, qui avait été serein tout au long de l'entretien, commence à manifester un peu d'agitation. Nous parlons de cette "punition exemplaire" que le monde regarde en direct depuis 2019.
🎙 Julian a été torturé ?
Oui, on parle de torture psychologique, et il faut le préciser, car quand les gens entendent le mot torture, ils ont toujours l'idée qu'on parle de matraque électrique, de cigarette écrasée sur la peau, de waterboarding... autrement dit, on parle de torture physique, mais la torture psychologique est tout aussi gravissime que la torture physique, et dans le cas de Julian Assange, c'est démontrable.
Le rapporteur de l'ONU contre la torture, Nils Melzer, a par exemple procédé à des examens de santé mentale et à des études sociales qui montrent que Julian a été systématiquement victime de tortures psychologiques et que le tortionnaire n'est pas nécessairement le même, mais qu'il s'agit d'une somme d'interventions extérieures.
🎙 Qui intervient dans ce processus ?
Les hauts fonctionnaires du gouvernement américain qui le qualifient de terroriste, de personne à mater, d'ennemi. Ils l'accusent et le diffament de crimes qu'il n'a pas commis.
D'autres acteurs politiques l'ont également diffamé et accusé. Rappelons que Julian Assange a été accusé d'être un violeur, voire un agent du Mossad ou de la Russie. Ils l'ont également accusé d'être un mauvais hôte, un marginal, un ingrat.
Tout cela a été orchestré par des politiciens, des médias et des acteurs influençant l'opinion publique.
La dernière année que Julian a passée au sein de l'ambassade équatorienne relevait de la pure torture, parce qu'ils ont également imposé des régimes de cohabitation où il était isolé, on lui interdisait les visites, internet, le téléphone. C'est de la torture, et ensuite ils l'ont livré.
Le temps presse et le vol de Fidel est sur le point de se poser à l'aéroport. Nous nous disons au revoir et nous dirigeons vers la salle d'embarquement. Tout le monde nous regarde, mais personne ne nous reconnaît.
"Nous restons en contact", me dit-il.
"Oui, attendons de voir ce qui va se passer."
"La vérité triomphera", me répond-il.
Alejandro Ruiz est un journaliste indépendant basé à Querétaro. Il croit aux histoires qui ouvrent des espaces de réflexion, de discussion et de construction collective, avec la conviction que d'autres mondes sont possibles si nous les concevons depuis la base.
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19- ♟ Assaut mené sur l'ambassade du Mexique en Équateur
Qu'on ne s'y trompe pas, il s'agit de l'enlèvement d'une personne protégée par le droit international, signé et ratifié par l'Équateur.
En 2016, l'Équateur, sous l'administration de Rafael Correa, a demandé un avis consultatif à la Cour interaméricaine (CIDH) afin de clarifier pour les pays de la région leurs obligations en matière d'asile. Une demande qui visait évidemment à obtenir une confirmation juridique, par un tribunal, de la légalité de la protection de Julian Assange. La Cour interaméricaine a donc adopté l'arrêt OC-25-18, dans lequel elle a déterminé les obligations des États en matière d'asile, et a également élevé l'asile au rang de droit de l'homme devant être respecté par les pays de la région.
Par Baltasar Garzón & Aitor Martínez, le 10 avril 2024, El Financiero
L'assaut contre l'ambassade du Mexique en Équateur est le dernier épisode en date d'une longue liste d'actions arbitraires menées par les autorités équatoriennes dans le cadre d'une persécution obsessionnelle du Correismo. Sur mandat exprès du président Daniel Noboa, des forces de police, armées jusqu'aux dents, sous couverture, de nuit et avec l'intention de nuire, ont pris d'assaut la mission diplomatique mexicaine dans la capitale de la République, ont escaladé sa façade avec des fusils automatiques, ont agressé des agents diplomatiques mexicains et ont enlevé Jorge Glas, qui s'était vu accorder l'asile diplomatique par le Mexique.
Que personne ne se méprenne : il s'agit purement et simplement de l'enlèvement d'une personne protégée par le droit international, signé et ratifié par l'Équateur.
Si l'on examine l'existence d'un précédent similaire à cette barbarie, on trouve des épisodes dans lesquels des civils sont entrés dans une ambassade et les forces de sécurité du pays y ont accédé pour les en expulser. Ou encore des cas où des acteurs non étatiques ont violemment pris d'assaut une ambassade. Mais il est certainement difficile de trouver des précédents dans lesquels un président ordonne publiquement un assaut armé contre une mission diplomatique, agresse le personnel diplomatique et enlève un demandeur d'asile, le tout devant des caméras de télévision à l'autre bout du monde.
Le respect de l'inviolabilité des missions diplomatiques est un consensus historique dans les relations internationales. Pinochet lui-même, pendant l'une des dictatures les plus sanglantes de l'époque contemporaine, a toujours respecté l'inviolabilité de ces locaux face à l'asile accordé dans des missions diplomatiques étrangères, comme l'ambassade du Mexique au Chili, et a même accordé des sauf-conduits aux personnes qui s'y sont vu accorder l'asile. En conclusion, Pinochet n'a ni violé l'inviolabilité des ambassades, ni l'asile accordé dans ces missions, ce qui ne plaide pas en faveur du président Daniel Noboa et le condamne à l'un des pans les plus indignes de l'histoire.
L'inviolabilité des missions diplomatiques est consacrée par l'article 22 de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques. En fait, cette convention ne fait que codifier une règle coutumière et historique dont les racines remontent à l'Antiquité. Les précédents de l'inviolabilité diplomatique se trouvent dans les civilisations anciennes ou dans les guerres médiévales. Même durant la Seconde Guerre mondiale, ce principe fondamental, sans lequel les relations internationales seraient inopérantes, a été largement respecté. C'est pourquoi l'image du chef de la mission diplomatique mexicaine à terre, à genoux, alors que des policiers armés de fusils d'assaut le saisissent par le cou est une image tristement historique qui restera à jamais sur le visage de Daniel Noboa, à l'instar de celle du policier qui avait mis son genou sur le cou de George Floyd à Minneapolis jusqu'à ce qu'il suffoque.
Le président équatorien Daniel Noboa n'a pas seulement violé des accords et des consensus historiques sur l'inviolabilité des locaux diplomatiques. Il convient de rappeler que le Mexique avait accordé l'asile à Jorge Glas sur la base de la convention de Caracas de 1954 sur l'asile diplomatique, un instrument international auquel l'Équateur et le Mexique sont tous deux parties. Il est frappant que les autorités équatoriennes prétendent que l'article 3 de la Convention de Caracas empêche l'octroi de l'asile diplomatique pour des crimes de droit commun. Ce qui est stupéfiant, c'est qu'elles évitent de se référer à l'article 4, qui suit immédiatement et qui stipule clairement que "c'est à l'État demandeur d'asile qu'il appartient de déterminer la nature de l'infraction ou les motifs de la persécution". Par conséquent, seul le Mexique peut, de manière souveraine et après avoir analysé l'affaire, affirmer qu'il s'agit d'un crime de droit commun ou d'une persécution politique couverte par les crimes de droit commun. Et en effet, les autorités mexicaines ont analysé l'affaire en détail et ont déterminé qu'il s'agissait clairement d'un cas de persécution politique. En fait, il suffit de regarder l'histoire et d'analyser les cas les plus paradigmatiques de persécution politique pour arriver à la conclusion que les crimes de droit commun sont toujours utilisés pour persécuter politiquement des opposants. Par conséquent, si l'article 4 de la Convention de Caracas n'existait pas, ce que les autorités équatoriennes omettent délibérément, l'asile n'aurait aucun sens, puisqu'il suffirait à l'État persécuteur d'invoquer le fait qu'il est un criminel de droit commun pour éviter toute protection de la part de tiers. Il s'agit donc d'un très mauvais argument de la part des autorités équatoriennes.
Si l'Équateur n'était pas d'accord avec l'octroi de l'asile diplomatique à Jorge Glas, il aurait pu s'adresser aux instances internationales pour le contester. Cependant, les chances que l'Équateur perde étaient évidemment très élevées et, en outre, la guerre juridique déployée contre Correismo, et en particulier dans ce cas contre Jorge Glas, aurait été exposée devant la communauté internationale. Par conséquent, en l'absence d'arguments juridiques solides à présenter devant les organes internationaux, la seule option restante était l'assaut armé manu militari. Une piètre performance pour un homme d'État que de devoir recourir aux armes en l'absence d'arguments.
L'aspect pertinent de la barbarie commise par les autorités équatoriennes est qu'elles se sont livrées une détention arbitraire à l'encontre de Jorge Glas, de sorte qu'en ce moment, l'Équateur a dans sa juridiction une personne kidnappée dans une juridiction étrangère, et la condition de détention arbitraire permet des actions internationales individuelles de la part de la défense de Jorge Glas. Par exemple, des actions devant la Commission interaméricaine des droits de l'homme, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, les rapporteurs spéciaux et d'autres organes de l'architecture internationale, y compris, le cas échéant, des procédures pénales, sous la protection de la compétence universelle.
Quant au Mexique, il peut également agir au niveau international pour protéger une telle violation de ses droits souverains. La première et la plus logique est, comme cela a déjà été annoncé, de saisir la Cour internationale de justice (CIJ), où l'Équateur sera sans aucun doute condamné. Une condamnation qui n'aidera pas le discours du président Noboa à attirer les investissements. Les investisseurs internationaux se diront que si dans un pays dont le président est capable de prendre d'assaut une ambassade, coupant court au sacro-saint principe de l'inviolabilité de la mission diplomatique, que ne sera-t-il pas capable de faire envers une entreprise privée ou un investissement étranger ?
Les citoyens équatoriens doivent savoir que leur président et les autorités policières et judiciaires qui ont participé à cet outrage sont hors la loi et ont commis un délit pénal. Une piètre image pour un président se targuant d'être connecté aux marchés internationaux.
Par ailleurs, le Mexique pourrait également s'adresser à la Cour interaméricaine des droits de l'homme. En effet, cette cour permet à un État de lui soumettre un cas de violation des droits inscrits dans la Convention américaine des droits de l'homme de 1969. Devant cette instance, nous trouverions un paradoxe frappant. En 2016, l'Équateur, sous l'administration de Rafael Correa, a demandé un avis consultatif à la Cour interaméricaine (CIDH) afin de clarifier pour les pays de la région leurs obligations en matière d'asile. Une demande qui visait évidemment à obtenir une confirmation juridique, par un tribunal, de la légalité de la protection de Julian Assange. La Cour interaméricaine a donc adopté l'arrêt OC-25-18, dans lequel elle a déterminé les obligations des États en matière d'asile, et a également élevé l'asile au rang de droit de l'homme devant être respecté par les pays de la région. En outre, au paragraphe 106, la Cour a précisé qu'en aucun cas, dans une situation d'asile diplomatique, l'État d'accueil ne peut avoir accès à la mission diplomatique de l'État demandeur d'asile pour arrêter le demandeur d'asile. Il est extrêmement contradictoire que l'Équateur de Rafael Correa, cherchant à renforcer l'asile diplomatique en Amérique latine, ait demandé un arrêt qui, remarquablement, peut maintenant être utilisé par le Mexique contre l'Équateur de Daniel Noboa.
Enfin, en ce qui concerne l'épisode historique que nous venons de vivre, il convient de noter que, face au manque d'arguments pour une action aussi arbitraire, le président Daniel Noboa lui-même a publié un communiqué officiel de sa présidence présentant des justifications juridiques absurdes pour l'action. Ce communiqué officiel de la présidence ne peut être décrit que comme un non-sens, mais un non-sens très dangereux pour la sécurité dans la région. Dans l'un de ses passages, il va jusqu'à lier l'assaut contre l'ambassade mexicaine à l'existence d'un "conflit armé non international" dans le pays. Il est incroyable qu'un communiqué officiel associe une telle action contre la souveraineté d'un pays à l'existence d'un conflit armé. La simple combinaison des idées d'agression d'ambassade, de conflit armé interne et d'État tiers montre que l'Équateur est actuellement entre les mains d'un président insensé qui n'a pas conscience de la portée de ses actes. Au vu de ce communiqué, le Mexique pourrait saisir l'Assemblée générale de l'ONU, voire le Conseil de sécurité lui-même, étant donné que son pays est pointé du doigt dans le cadre d'un conflit armé interne à l'Équateur.
Face à cette situation, la quasi-totalité de la communauté internationale a pris position contre l'autoritarisme de Daniel Noboa. De nombreux chefs d'État et ministères des affaires étrangères, y compris des pays conservateurs d'Amérique latine. Les principales organisations internationales du monde, y compris le Secrétaire général de l'ONU, l'Union européenne et l'OEA elle-même. Mais aujourd'hui, au-delà de la condamnation unanime, la communauté internationale doit aussi se mobiliser pour que les droits de Jorge Glas soient respectés et qu'il puisse jouir de son droit légitime à l'asile au Mexique, car lorsque la barbarie s'impose, le droit meurt.
Les expressions exprimées ici relèvent de la responsabilité des auteurs de cette tribune et ne reflètent pas nécessairement la position éditoriale d'El Financiero.
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20- ♟ Rencontre avec l'ancien analyste de la CIA qui a expliqué comment la CIA utilise les journalistes pour diffuser de la désinformation
"La raison pour laquelle nous voulions diffuser ces informations était que nous essayions de persuader le Congrès américain que Saigon devait continuer à bénéficier d'une aide importante".
Vidéo de 4’30 avec sous titres disponibles
Par Jon Miltimore, le 9 avril 2024, Substack de l'auteur
Frank Snepp est un journaliste et un ancien analyste de la CIA, interrogateur et récipiendaire de la médaille du mérite de l'intelligence. Pendant son séjour à la CIA (1968-1976), Snepp est devenu le principal analyste de la stratégie nord-vietnamienne de l'Agence.
Snepp a été recruté par la CIA en 1968 alors qu'il était étudiant à l'université de Columbia. L'année suivante, il s'est rendu à Saigon où il a travaillé comme agent de contre-espionnage et géré les activités du réseau de l'Agence, y compris les interrogatoires de prisonniers et la torture (ou du moins ce que beaucoup qualifient de torture).
Des années après avoir quitté Saigon, Snepp a décrit son travail au Viêt Nam, qui, selon lui, a ouvert la voie au programme de torture de la CIA mis en place pendant la guerre contre le terrorisme, dans un article publié dans le Los Angeles Times.
"En tant qu'interrogateur de la CIA au Viêt Nam pendant les cinq dernières années de la guerre, je sais que j'ai mis mon âme en grand danger. Je suis toujours hanté par ce que j'ai fait, et je soupçonne que ce dont j'ai été témoin et que j'ai perpétré au cours de ces années a préparé le terrain pour l'approche de la torture par le ministère de la justice de Bush".
L'une des nombreuses tâches de Snepp au sein de l'Agence consistait à informer la presse sur les questions d'importance nationale. Ou, selon les termes de Snepp, lorsque "nous, la CIA, voulions faire circuler de la désinformation sur un sujet particulier".
Snepp a fait cette déclaration dans une interview de 1983 (voir ci-dessus) que j'encourage les lecteurs à regarder. Dans cette vidéo, l'ancien analyste de la CIA explique comment la CIA manipule les journalistes avec des mensonges et des demi-vérités pour atteindre ses propres objectifs.
"Par exemple, si nous voulions faire comprendre au public américain que les Nord-Vietnamiens renforçaient leur structure de forces au Sud-Vietnam, j'irais voir un journaliste et je lui dirais qu'au cours des six derniers mois, un nombre X de forces nord-vietnamiennes ont emprunté le système de la piste Ho Chi Minh à travers le sud du Laos. Il n'y a aucun moyen pour un journaliste de vérifier cette information, donc soit il la suit, soit il ne la suit pas. En général, le journaliste suit l'information, parce que cela lui semble être une sorte d'exclusivité".
Ce que Snepp décrit est l'une des tactiques les plus basiques que la CIA utilise depuis des décennies pour contrôler l'information. Selon lui, le taux de succès de la diffusion de ces informations dans les médias se situe entre 70 et 80 %.
"Les correspondants que nous avons ciblés étaient ceux qui avaient une grande influence, les journalistes les plus respectés à Saigon", a précisé Snepp.
Snepp a même donné les noms des journalistes qu'il a réussi à cibler : Bud Merrick de US News and World Report, Robert Chaplin du New Yorker, Malcom Brown du New York Times et bien d'autres.
Snepp a réussi à gagner la confiance de ces journalistes exactement comme on pouvait s'y attendre.
"On me demandait de les soigner, de passer du temps avec eux à l'hôtel Caravel ou à l'hôtel Continental, de les fréquenter, de gagner lentement mais sûrement leur confiance", a déclaré Snepp.
Tout cela semble sordide, mais il y a pire.
Snepp poursuit en expliquant comment, après avoir gagné la confiance des journalistes en leur donnant des "gorgées" de vérité, il se servait d'eux pour monter des histoires qui étaient fausses.
"Un élément d'information, par exemple, que nous avons réussi à placer dans le magazine New Yorker concernait les efforts supposés des Nord-Vietnamiens en 1973 pour développer des aérodromes le long de la frontière du Sud-Vietnam. La raison pour laquelle nous voulions insérer cette information était que nous essayions de persuader le Congrès américain que Saigon devait... continuer à recevoir une aide importante. Et que les Nord-Vietnamiens étaient les principaux violateurs de l'accord de cessez-le-feu. Cette information a été publiée dans le magazine New Yorker sous la signature de Robert Chaplin, comme d'ailleurs beaucoup d'autres informations que nous avons voulu faire circuler".
Oui, vous avez bien lu. Snepp a ouvertement expliqué comment la CIA mentait délibérément aux journalistes pour obtenir le soutien de l'opinion publique à l'effort de guerre, ce qui a permis de faire pression sur le Congrès pour qu'il accorde une aide à la guerre du Viêt Nam afin de lutter contre une nouvelle menace qui n'était qu'une pure fiction.
Lorsque l'on examine les guerres de l'histoire récente - Irak, Afghanistan, Ukraine, faites votre choix - on peut voir poindre l'ombre de ces tactiques, qui n'ont vraisemblablement fait que se sophistiquer et devenir plus agressives depuis les années 1970. Pire encore, la CIA ne se contente plus de promouvoir des campagnes de désinformation pour soutenir les croisades militaires à l'étranger.
Je pense que l'Amérique a commis une grave erreur en ne tenant pas compte des conseils d'Harry Truman à la suite de l'assassinat de JFK.
"Depuis un certain temps, je suis troublé par la façon dont la CIA a été détournée de sa mission initiale. Elle est devenue un organe opérationnel et parfois politique du gouvernement. Cela a entraîné des problèmes et a sans doute aggravé nos difficultés dans plusieurs domaines explosifs. Je n'ai jamais pensé, lorsque la CIA a été créée, qu'elle serait impliquée dans des opérations de cape et d'épée en temps de paix.
...
"Il y a quelque chose dans le fonctionnement de la CIA qui jette une ombre sur notre position historique et j'ai le sentiment que nous devons y remédier".
Frank Snepp, comme d'autres employés de la CIA avant lui, a pu observer la CIA de près et n'a pas aimé ce qu'il a vu. Malheureusement, peu d'Américains semblent aujourd'hui prêts à reconnaître que les États-Unis, comme d'autres empires avant eux, ont un État dans l'État.
Pour en connaître plus sur Frank Snepp (né en 1943) ? (Source Wikipedia)
📰 Lien de l’article original :
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21- ♟ Christophe Deloire*, le journaliste qui veut censurer les médias
* Christophe Deloire est directeur du Centre de formation des journalistes (CFJ) de mai 2008 à juillet 2012, et secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) depuis juillet 2012. Il deviendra également président du Forum sur l’information et la démocratie en novembre 2019.
À la tête de l’organisation Reporters sans frontières, Christophe Deloire se voudrait le chantre de la liberté de l’information qu’il dit aspirer à "protéger au mieux" tout comme "ceux qui l’incarnent". À l’origine de la saisine du Conseil d’État qui a mené à la décision controversée sur le décompte des temps de parole visant à assurer le pluralisme sur la chaîne CNews, ce "Macron compatible" a récemment pris la tête des États généraux de l’information souhaités par le président…
Par l'Observatoire du journalisme, le 8 avril 2024
Début de carrière
Christophe Deloire commence sa carrière comme pigiste pour TF1, Arte et LCI. En 1998, il intègre Le Point, maison pour laquelle il produit des enquêtes sur le terrorisme et des reportages dans des pays arabes. À l’occasion de la sortie de Les islamistes sont déjà là, il dénonce sur le plateau de Thierry Ardisson la fragmentation de la société qu’entraîne l’islamisation de la France.
En 2008, il prend la tête du Centre de Formation et de Perfectionnement des journalistes (groupe CFJ) où il doit
"poursuivre les transformations liées aux multimédias, à l’internationalisation et une approche toujours renouvelée des fondamentaux".
À cette occasion, il déclare :
"Au moment où les journalistes sont si préoccupés de leur avenir individuel et collectif, où ils s’interrogent sur leur raison d’être et sur les moyens de leur mission, le CFJ doit former des jeunes gens qui sachent enquêter, comprendre, décrypter pour retrouver l’évidence d’une plus-value informative et intellectuelle".
À la tête de Reporters sans frontières
En juillet 2012, Christophe Deloire remplace Jean-François Julliard à la tête de Reporters sans frontières. Pour autant, le directeur du CFJ hésite longuement : intimidé par "la situation financière et humaine de l’association", il avait d’abord retiré sa candidature. Il aurait alors contacté Robert Ménard, cofondateur de l’association, qui lui aurait dit :
"Tu vas voyager, plaider auprès de chefs d’État, tu es trop con si tu n’y vas pas […] Quand j’étais journaliste, ce qui me plaisait, c’était d’aller voir un SDF le matin, un milliardaire l’après-midi, raconte-t-il. Avec RSF, je vois António Guterres à l’ONU, j’ai des 06 de chefs d’État sur plusieurs continents…".
En juillet 2012, il accepte finalement de prendre la tête de Reporters sans frontières, qui salue cet "homme de plume et de conviction, passionné d’Internet et des nouvelles technologies" et qui se désolidarisera d’ailleurs un an plus tard de Robert Ménard. En 2017, il est reconduit par un vote à l’unanimité dans ses fonctions à la tête de l’organisation.
Quand RSF se transforme en Rapporteurs Sans Frontières
À l’initiative du recours au Conseil d’État qui mena à la décision de l’institution sur le renforcement du contrôle de l’Arcom sur la chaîne CNews notamment, Deloire s’est félicité "d’une décision extrêmement importante et […] sans doute […] historique". En contraignant tous les médias à se plier à des exercices de distinctions des opinions de ses chroniqueurs, la décision a pourtant rendu l’exercice particulièrement périlleux et suscité de nombreuses levées de boucliers. De la part de Robert Ménard, cofondateur de RSF qui a indiqué : "quand j’ai entendu ça, je me suis dit : ils sont tombés sur la tête. C’est exactement le contraire (…) Aujourd’hui, [RSF] se bat contre le pluralisme", mais aussi de personnalités comme Denis Olivennes, qui a déploré sur X :
"La décision du Conseil d’État sur l’Arcom est extrêmement dangereuse. Maintenant c’est une autorité administrative qui va assurer la direction des programmes des radios et télévisions ? Aujourd’hui Cnews demain France Inter ? Sur quels critères ? Halte au feu !"
En ligne de mire : Vincent Bolloré ?
Depuis plusieurs années, RSF dénonce d’ailleurs "les méthodes utilisées par l’homme d’affaires Vincent Bolloré dans le paysage médiatique". En 2021, l’association produisait ainsi un documentaire à charge sur le groupe Bolloré. Interrogé au Sénat le 14 janvier 2022, Christophe Deloire déplore alors ne pas avoir pu prendre connaissance de la charte éthique du groupe Bolloré et indique aux sénateurs :
"Il faut faire évoluer le droit, mais, à droit constant, le CSA peut et doit faire beaucoup plus que ce qu’il fait aujourd’hui. J’imagine mal que le législateur ait confié au CSA des compétences uniquement théoriques en matière de vérification de l’indépendance éditoriale, de l’honnêteté de l’information et du pluralisme".
Deux ans plus tard, la décision du Conseil d’État viendra réaliser son vœu.
Délégué général des États généraux de l’information
À l’occasion du lancement des États généraux de l’information, en octobre 2023, Christophe Deloire intègre le comité de pilotage en qualité de "délégué général".
"L’enjeu des États généraux de l’information, déclare-t-il alors, c’est de remettre la devise de la République, "liberté, égalité, fraternité" dans l’espace informationnel".
Il souligne par ailleurs que :
"à l’ère du numérique, il est urgent de retrouver la confiance en l’info, ce qui est donc au cœur de ces états généraux".
Selon l’ancien journaliste, la presse en France rencontre d’importantes difficultés, notamment en matière de protection trop ténue du secret des sources, d’expansion des violences contre les journalistes ou des conflits d’intérêts des propriétaires de groupes.
Formation
Lycée d’enseignement général et technique, Digoin.
Lycée du Parc, Lyon.
Diplômé de l’ESSEC.
Parcours professionnel
1994–6. TF1 (Berlin): coopérant du service national au bureau.
1996–8. LCI et Arte : journaliste pigiste.
1998–2000. Le Point : journaliste au service société.
2000–7 (juin). Le Point : journaliste au service France-investigations.
2006-10 (décembre). Flammarion : directeur de collection.
2007 (juin). Société Axel Springer, projet de quotidien Bild : rédacteur en chef (politique-économie).
2008 (février)-2012 (juillet). Centre de Formation des Journalistes : Directeur.
2011 (janvier). Candidat à la direction du quotidien Le Monde.
2016–19. Centre de Formation des Journalistes : Vice-Président.
Depuis 2012 (octobre). Reporters sans frontières : directeur général France ; secrétaire général de la structure internationale.
Depuis 2018. Reporters sans frontières : président de la Commission internationale sur l’information et la démocratie.
Depuis 2018 (septembre). Commission sur l’information et la démocratie : co-président.
Depuis 2019 (décembre). Membre du comité d’experts responsable du développement et de la solidarité internationale.
Depuis 2019. Forum sur l’information et la démocratie : président.
2023 (depuis le 3 octobre). États généraux de l’information : délégué général du comité de pilotage.
Vie privée
Né le 22 mai 1971 à Paray-le-Monial, il est le fils d’un couple d’instituteurs, Lucien Deloire et Marie-Annick Chevasson.
Il s’est pacsé le 16 juin 2009 et père d’un enfant d’une précédente union.
Publications
1998. Omar Raddad, Contre-enqueête pour la révision d’un procès manipulé
2001. Histoire secrète des détectives privés.
2003. Cadavres sous influence ; L’enquête sabotée.
2004. Les islamistes sont déjà là, éditions Albin Michel.
2006. Sexus politicus, éditions Albin Michel.
2008. Chirac intime.
2009. La Tragédie de la réussite, éditions Albin Michel.
2012. Circus politicus, éditions Albin Michel.
2014. L’homme qui ne se retourne pas, éditions Flammarion.
2022. La Matrice, éditions Calmann-Lévy.
Prix et récompenses
2003. Prix Louis Hachette.
2014. Prix International Demokratiepreis Bonn (Allemagne).
Il l’a dit
"L’État se montre faible vis-à-vis des régimes fondamentalistes. Exemple, on négocie un contrat de 7,5 milliards d’euros pour la protection des frontières de l’Arabie saoudite. On ne peut donc rien dire à ce pays". 20 Minutes, 14/09/2004.
"Comme journaliste, je me suis toujours efforcé de donner du contenu et de l’intensité à la liberté de l’information. Tout en poursuivant le développement de l’association, je ferai désormais en sorte de protéger au mieux cette liberté et ceux qui l’incarnent", à propos de sa nomination à RSF, 21 mai 2012.
"Lorsque le groupe Bolloré a repris Canal+, le CSA a, selon nous, manqué une occasion historique de faire respecter les principes conventionnels d’indépendance, de pluralisme et d’honnêteté de l’information. Évitons de manquer une nouvelle occasion en ce sens". Sénat, audition du 14/01/2022.
"[Les États généraux de l’information,] c’est une occasion historique de remettre la devise liberté, égalité, fraternité au cœur de l’information. J’ajouterais le mot fiabilité. Liberté, égalité, fraternité, fiabilité dans l’espace informationnel". Ouest-France, 14/09/2023.
"Je suis formel : les États généraux ne sont pas une réponse à l’affaire du JDD. Ils avaient été envisagés publiquement bien avant. La question de l’indépendance éditoriale est une question importante, et qui sera traitée dans le cadre de nos travaux, mais parmi beaucoup d’autres. Si nous voulons que la place du village numérique et médiatique soit démocratique, il faut partir d’une vision globale". Ouest-France, 14/09/2023.
"Dans un moment où tout le monde veut censurer tout le monde, on ne sera pas là pour restreindre la liberté.", à propos des États généraux de l’information, cité par Le JDD, 18/02/2024.
"À RSF, on ne fait pas de politique : on demande juste que la loi soit appliquée. Nous sommes une organisation indépendante, nous ne sommes pas orientés politiquement. On ne reproche à personne ses opinions ! On est là pour qu’il y ait des points de vue contradictoires".Télérama, 20/02/2024.
"Les États généraux de l’information proviennent d’un constat. Celui du péril de l’information libre et indépendante, à l’ère des réseaux sociaux, de l’intelligence artificielle (l’IA), du monde autoritaire qui diffuse sa propagande. Nous sommes donc en grand danger pour l’information libre, fiable et indépendante". Centre Presse Aveyron, 29/02/2024.
"Pour le coup, l’affaiblissement économique des journalistes fait peser le risque de formes de dégradations des contenus, et de la dégradation de leur indépendance. C’est donc un danger et un des enjeux essentiels. L’enjeu des EGI est de trouver des solutions concrètes pour assurer le droit d’information des citoyens". Centre Presse Aveyron, 29/02/2024.
Ils l’ont dit
"Nous voulions un bon connaisseur des médias, à la fois militant de la liberté d’informer et bon gestionnaire. Nous l’avons trouvé en la personne de Christophe Deloire, qui a su relancer le CFJ dont il est le directeur. Ancien journaliste d’investigation, homme de plume et de conviction, passionné d’Internet et des nouvelles technologies, il a tous les atouts pour donner un nouvel élan à Reporters sans frontières". Dominique Gerbaud, président de Reporters sans frontières, 21 mai 2012.
"C’est un malin, un lobbyiste monstrueux, il traîne ses guêtres partout", un dirigeant d’un organisme de défense de la liberté de la presse, Libération, 03/10/2023.
"On y va avec méfiance, mais il est en ballottage favorable. Il sait qu’une partie de la presse est remontée. Il est aussi conscient qu’il a tout à perdre, si ça finit par ressembler à la Convention citoyenne pour le climat", un "activiste pour le droit à l’information" cité sur le rôle de Deloire aux EGI, par Libération, 03/10/2023.
"Sa qualité majeure, c’est d’être un activiste au sens premier du terme, quelqu’un qui remue énormément d’énergie. Son défaut, ce serait de n’être pas tellement manager, dans la coordination du travail des équipes". Pierre Haski, président du conseil d’administration de RSF, cité par Libération, 03/10/2023.
"Il a mis en place un management vertical qui met les salariés sous pression, leur demandant toujours plus. Où ce qui est valorisé, c’est de travailler tard le soir ou le week-end", un collaborateur à RSF, cité par Libération, 03/10/2023.
"Il ne pense pas grand-chose, mais il est tenu par les personnes très à gauche avec qui il travaille", un "ancien collègue", cité par Le JDD, 18/02/2024.
"C’est devenu un apparatchik. En même temps, c’est agréable d’être accueilli comme un prince dans tous les pays du monde", un "ancien compagnon de route" cité par Le JDD, 18/02/2024.
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22- 🎥 Comment les Puissants peuvent avoir notre peau - Nouvelle vidéo de Lex Imperii en ligne
Produite par Lex Imperii, le 13 avril 2024
Le droit est une abstraction issue d'un rapport de force politique, mais qui peut aussi être piétinée par un autre rapport de force. En simple, ce n'est pas parce que vous êtes théoriquement protégé par le droit que vous le serez dans les faits, si vous allez emmerder les mauvaises personnes. Julian Assange et beaucoup d'autres en ont déjà fait les frais...
Chapitres :
00:00 - Adieux
00:45 - Intro
01:26 - Générique
01:40 - Intro bis
02:38 - L'Espionage Act, 100 ans d'oppression politique
14:05 - Le procès d'Assange , le déshonneur de la justice
22:30 - Le jugement du 26 mars, une avancée positive ?
25:51 - Conclusion - La fin du journalisme ?
27:16 - Générique et gimmick de fin
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23- 🎥 Concerts du dimanche pour Assange : Cette semaine, Michael Brunnock
Par Stella Assange, le avril 2024, Blog personnel
Ce week-end, Michael Brunnock, un auteur-compositeur-interprète irlandais originaire de Kells, dans le comté de Meath, en Irlande.
En 2010, Michael a remporté un David Di Donatello 2012 (Oscar italien) dans la catégorie "Meilleure interprétation" pour "If It Falls".
La bande originale a été écrite par David Byrne, les paroles par Bonnie Prince Billy, et chantée par Michael dans le film This Must Be The Place avec Sean Penn.
Réalisé par Paolo Sorrentino, le film a remporté 5 Oscars italiens en 2012, dont celui de la meilleure bande originale mixée par Patrick Dillett.
Michael s'est produit en solo et avec un groupe dans tous les États-Unis et en Europe.
Ses albums comprennent "So I Do" (2007), "Live in NY" (2011) et "The Orchard" (2012), réédité en 2016.
Depuis 2016, Michael écrit pour des pièces de théâtre et des bandes sonores en se concentrant sur son Irlande natale.
Vous avez décidé de rejoindre le combat et de parler au nom de Julian, dans un secteur où beaucoup trouvent opportun de garder le silence.
L'industrie musicale avait l'habitude de prospérer en s'opposant à l'establishment, de Bob Dylan à Sinead O'Connor en passant par Roger Waters, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Ce est aujourd'hui chose rare. L'interdiction de l'ombre est une réalité.
J'ai voulu mettre en lumière l'histoire et le travail de Julian qui est vital. En tant qu'artiste, c'est la voie que je veux emprunter.
Toute personne de plus qui s'engage, s'intéresse, apporte sa pierre à l'édifice, comprend, voit l'hypocrisie de sa persécution, se réveille, partage son histoire avec d'autres, en entendant un message à travers ma musique, alors cela en vaut la peine.
Qu'est-ce qui, à votre avis, a formé votre perspective politique et votre activisme ?
Me concernant, ce fut lorque j'ai appris l'existence d'un Irlandais du nom de Roger Casement, le dernier chevalier du royaume, pendu pour trahison en 1916 par décision de la justice britannique.
Il avait obtenu son titre de chevalier pour avoir dénoncé les crimes du roi Léopold de Belgique au Congo, où 9 millions de personnes ont perdu la vie à cause de sa politique. Cependant, lorsque Roger a concentré son attention sur la dénonciation des injustices contre l'occupation de ses compatriotes irlandais, leur droit à l'autodétermination, et sur les intérêts commerciaux britanniques qui réduisaient en esclavage les populations de la région de Putamayo en Amazonie, il a été vilipendé et l'issue de son procès pour trahison était déjà déterminée. J'ai développé une série de chansons à partir des poèmes et des lettres de Roger Casement.
J'ai développé une perspective depuis mon adolescence en Irlande, en quête de justice, pour le massacre des droits civiques par l'armée britannique à Derry au début des "troubles" en Irlande. J'ai suivi le parcours des 6 de Birmingham, des 4 de Gilford, des 7 de Maguire, tous Irlandais, tous torturés pour obtenir des aveux et condamnés à de longues peines pour des crimes qu'ils n'avaient pas commis. Les parallèles entre le traitement réservé à Roger et Julian par l'Empire et les médias complaisants sont évidents.
Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à cette cause ?
J'ai pensé qu'il n'y avait pas de meilleur journalisme que celui qui consiste à exposer les paroles et les actes d'un pouvoir n'ayant pas de comptes à rendre, qu'il soit militaire ou politique.
Dans les cas mentionnés ci-dessus, c'est en exposant la vérité, en dénonçant les dissimulations massives, ses auteurs, le système judiciaire et la classe politique, que le changement s'est opéré. Le pouvoir non responsable est effrayé par la vérité, et donc par Julian Assange.
Une fois exposé et informé, le public, le citoyen lambda, a alors la capacité d'exiger que les choses changent.
Quelle est la chose la plus importante que vous aimeriez que les gens comprennent à propos de l'affaire Julian ?
Depuis l'incarcération de Julian à Belmarsh, un fait inquiétant est la mesure dans laquelle le contrôle narratif de l'alliance occidentale dirigée par les États-Unis s'est accru. En particulier, le degré d'influence et de censure qui est stupéfiant, le degré de conformité des dirigeants européens, qui ne remettent absolument pas en question la guerre par procuration en Ukraine. L'interdiction fantôme est utilisée à bon escient pour réprimer les informations "indésirables" pour les détenteurs du pouvoir, le degré d'utilisation des embargos et des sanctions comme outil de guerre contre les nations qui ne se conforment pas aux règles.
L'une des publications les plus célèbres de Julian était illustrée par une vidéo brute du meurtre impitoyable d'un groupe en Irak, tuant des civils, y compris des journalistes, depuis un hélicoptère Apache. À l'époque, cette vidéo a provoqué une onde de choc, soulevé de nombreuses questions et mis l'administration de l'époque dans l'embarras. Elle mettait en évidence des crimes de guerre systématiques et leur dissimulation délibérée.
Aujourd'hui, grâce à la technologie, nous assistons en temps réel, à Gaza, à un nettoyage ethnique, à l'anéantissement d'une population par des assassinats ciblés, des bombardements massifs et la famine. La gestion narrative a tellement progressé que ces images quotidiennes atroces peuvent être justifiées, minimisées, par les politiciens et leurs médias complaisants. Nous vivons dans une réalité dystopique où les crimes de guerre en temps réel sont autorisés à se poursuivre, tandis que la "presse libre" aseptise langage et images.
La machine de guerre des empires dépense des milliers de milliards, dont une grande partie est consacrée à la gestion de la perception des médias, à la censure et au maintien de notre mise en sommeil. Julian nous avait prévenus que cela allait arriver. Et nous y sommes. La BBC, RTE (radio et TV publiques irlandaises), les médias publics irlandais, sont tout aussi complaisants. Aaron Matê, Max Blumenthal, Glenn Greenwald, Matt Taibbi, tous les grands journalistes, sont désormais une espèce rare.
L'art a une raison d'être. Il peut inconsciemment changer les gens. Pour que les gens exigent un changement, il faut qu'ils comprennent qu'ils sont manipulés. Il faut aussi se sentir concerné. Il faut avoir de l'empathie.
Il faut se reconnaître dans l'autre. Il faut prendre ses responsabilités.
Libérez Julian Assange !
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