❖ Sur les nuisibles & les cauchemars
S'il existe une conscience au-delà de la matière, s'il y a un royaume imaginaire, non lié & libre, alors peut-être pourrait-on nous téléporter, télépather & traverser les murs de la prison qu'est Gaza
Sur les nuisibles & les cauchemars
Des jingles qui rendent dingue.
Par Bint Ibrahim , le 29 avril 2025, Blog Personnel
Cinq cent soixante-dix jours, et ce n'est pas fini.
Cinquante mille cadavres, et ce n'est pas fini.
Cent treize mille blessés, et ce n'est pas fini.
Plus de deux millions d'affamés, quelques uns de moins chaque minute à mesure qu'ils meurent. Un compte à rebours.
Sommes-nous déjà anesthésiés ?
Je ne vous en voudrai pas si vous ne poursuivez pas votre lecture. Effacez et faites défiler jusqu'à tomber sur la photo d'un chaton grimpant à la jambe de quelqu'un qui vous déclenche un sourire. Il se peut que je le fasse aussi. Tout ce que je veux vraiment, c'est écrire sur les trois générations d'oies du Nil qui sont nées dans le peuplier... sur la salamandre en gestation et la fédération d'escargots... sur cette conversation entre la rose, la laitue et l'ortie... sur la souris des bois planquée sous ma bibliothèque, qui a lu tous les livres et que les autres appellent le Professeur... Les animaux, les insectes et les plantes s'alignent avec leurs histoires... mais la soupe populaire a dû fermer. Rien n'est autorisé. Ni nourriture, ni eau.
Je reviens toujours à,
Cet homme qui chante pour lui-même afin d'atténuer le bourdonnement incessant des drones... Ce garçon jouant du 'oud sur les décombres... Que feriez-vous à sa place ? Non, il n'a pas de chaussures. Rien à se mettre sous la dent. Rien à quoi s'identifier.
Sommes-nous déjà anesthésiés ?
Un scénariste et acteur israélien a comparé les habitants de Gaza à des requins et s'est déclaré favorable à leur extermination. "Ce n'est pas un génocide", a-t-il ajouté, décrivant la guerre menée contre Gaza comme un "pesticide" essentiel. (Source)
Un autre élément à ajouter à la liste des noms :
Terroristes, non-humains, humains-animaux, animaux, bêtes, requins... nuisibles.
Qui donc manque d'humanité dans ce scénario ?
L'histoire se répète.
Il était une fois un cauchemar où l'on accusait les Juifs d'Europe d'être responsables de la peste.
Allons-nous écrire pour défendre les nuisibles et les sémites..., nous dresser contre les pesticides et les empires qui finiront par décimer les humains et les abeilles ?
Qu'est-ce qu'un nuisible ?
Un nuisible est un être vivant - une plante, un animal ou un micro-organisme - qui a un effet négatif sur l'homme. Il peut s'agir d'une plante indésirable (mauvaise herbe), d'un champignon, d'un nématode, d'un microbe ( tel qu'une bactérie ou un virus), d'un insecte, d'une araignée, d'un acarien, d'un oiseau, d'un poisson, d'un rongeur ou même d'un cerf. Qualifier un organisme de nuisible est un concept très subjectif qui varie selon le point de vue de chacun..... De nombreux organismes peuvent devenir des nuisibles, certains organismes le sont souvent, mais aucun n'est intrinsèquement nuisible. (source)
Rien n'est inhérent.
Traitez-moi de nuisible si vous voulez.
Les cafards, les scorpions et les drosophiles peuvent survivre à une bombe atomique, mais pas les humains.
Appelez-moi "mauvaise herbe", c'est un compliment (surtout si vous pouvez la fumer et en faire du thé.) Il est difficile de se débarrasser des mauvaises herbes, mais ce n'est pas tout à fait impossible. Souvent médicinales et criminalisées (mais pouvant potentiellement vous tuer - demandez aux vieilles sorcières, elles connaissent le dosage.) Les mauvaises herbes peuvent rester en sommeil pendant un certain temps ou pendant des années, mais trouveront toujours le moyen de réapparaître... entre les dalles, les fissures des murs - renversant le régime aseptisé.
Dans un rêve
Je suis debout contre une barrière, un numéro est inscrit sur mon front. L'homme qui m'accompagne affiche une autre séquence de chiffres sur son front. Nous serons séparés. Chacun sera transporté quelque part . On se croirait en pleine Seconde Guerre mondiale.
J'examine mes deux paires de bottes. La route sera longue, je choisis la plus chaude et la plus confortable des deux. J'ouvre le tiroir où se trouvent mes trois passeports. J'en prends deux et j'en laisse un derrière moi. [Passeports pour aller où - lequel laisser ? Décrivez les bottes, s'il vous plaît. Pas le temps de rêver... - Ne dites pas ça !]
Cauchemar récurrent
Parfois, j'aime regarder la vie éveillée comme s'il s'agissait d'un rêve, et « travailler » dessus de cette manière. Regarder les choses de manière symbolique », telle est ma devise depuis l'enfance. Il est plus facile d'en tirer un sens ou une leçon, de ressentir une volonté ou de l'exercer. Relativiser. Mécanisme de survie.
2008 : Je travaille à Link TV à San Francisco, où je traduis les nouvelles de l'arabe à l'anglais. Jusqu'à cette année-là, je n'avais pas regardé un seul journal télévisé depuis 7 ans. (J'avais éteint la télévision le lendemain du 11 septembre et ne l'avais jamais rallumée. Je vivais à New York lorsque cela s'est produit).
Mes premiers mois de travail à Link ont été un choc spirituel et un véritable cataclysme émotionnel quotidien. Je n'oublierai jamais le visage de cette petite fille, à Gaza, après la guerre d'alors, debout sur les décombres de l'immeuble où elle avait vécu. Elle avait perdu tous les siens. Ses grands yeux me fixaient. Noisette, teintés de vert doré. Beaux. Sans peur. Et oh ... si traumatisés.
2025 : Les algorithmes savent à quel moment mon cœur se brise, alors ils me montrent une fillette du même âge, sur des décombres dix fois pires qu'à l'époque, couverte de cendres, portant deux poupées de chiffon et répétant : "La guerre nous a tout enseigné". Ses yeux sont grands ouverts et ne fixent rien. Autrefois magnifiques. Aujourd'hui, ils sont vides. Peut-on jamais guérir d'un tel traumatisme ?
La réalité éveillée d'aujourd'hui est un cauchemar infernal. Ce n'est pas ma réalité "directe", ni la vôtre si vous avez le luxe de lire des articles comme celui-ci. Alhamdulillah- Alhamdulillaat. Nous ne pouvons qu'être très reconnaissants de ne pas vivre dans une zone de guerre.
Mais cet enfant de Gaza, c'est aussi moi... c'est aussi vous.
Quel sens peut-elle / puis-je / pouvez-vous donner à tout cela ?
C'est un non-sens absolu.
Sommes-nous déjà anesthésiés ?
Des jingles à vous rendre dingue
Après la chute des tours - ou plutôt, après qu'elles aient été renversées pour déclencher la "guerre contre le terrorisme" -, assis dans un café d'Alphabet City, j'ai rencontré un type qui gagnait sa vie en faisant des jingles. Il avait un studio d'enregistrement et je voulais faire une démo de voix. Nous avons discuté. Il m'a raconté avoir travaillé avec les services secrets américains pour produire des sons indétectables à l'oreille humaine, mais qui pouvaient rendre les gens fous, provoquer de l'anxiété, de l'agressivité... etc.
Si c'est ce qu'ils faisaient à l'époque, imaginez ce qu'ils font aujourd'hui. Ce dont ils seront capables demain... Qui sont-ils ? Ils ... tous ceux qui en profitent.
Sirènes de guerre
Hier, en traversant une rue de Limbourg, un bus est passé, affichant une publicité du ministère de la défense avec le texte "Vous avez votre place ici" et la photo d'un homme casqué en train de crier, avec pour toile de fond une zone de guerre. Des couleurs vertes et chaudes évoquant une randonnée en pleine nature. Un nuage de fumée. Aventure, ténacité. Récompense.
Enfin, tous ces joueurs de jeux vidéo peuvent être utiles !
QUI EN PROFITE ?
Le potentiel des cauchemars est grand. Les cauchemars récurrents le sont doublement. Ils nous alertent, nous forcent à regarder quelque chose, nous révèlent nos plus grandes peurs. Si nous devenons lucides, c'est-à-dire si nous nous réveillons légèrement, nous pouvons alors affronter la peur et la transcender. La transformation s'ensuit. Dans le monde des rêves, je sais que c'est vrai. Mais à l'état de veille ?
Si j'étais cette petite fille couverte de cendres et perdue dans les décombres... que ferais-je ? .....
Les mots me manquent.
Hélas. Ce n'est pas seulement symbolique. C'est une réalité dans la vie éveillée de millions de personnes... de millions d'enfants. Pas seulement à Gaza et en Cisjordanie, mais aussi en Éthiopie, au Yémen, au Soudan, au Congo... tout est lié... il ne s'agit pas seulement de la Terre sainte... mais c'est tellement flagrant là-bas, et c'est tellement pesant. Sans vouloir paraître trop biblique, les prophéties sont connues, nous ne faisons que les voir se dérouler... ou du moins l'interprétation la plus étroite des mythes bigots dysfonctionnels. Une alternative serait bien sûr un réveil planétaire... mais oh... oserions-nous l'imaginer ?
Les situations difficiles requièrent une réflexion magique.
Si quelqu'un peut faire des jingles pour rendre les gens fous, alors nous pouvons faire des jingles pour nous rendre tous sains d'esprit. Mais la paix n'est pas un investissement rentable. C'est comme si personne ne finançait la recherche sur l'ail en tant que pesticide sans danger et efficace (oui, nous revenons aux nuisibles) parce qu'on ne peut pas breveter l'ail, mais qu'on peut breveter le RoundUp.
S'il existe une conscience au-delà de la matière... s'il existe un royaume imaginaire - non lié et libre... alors peut-être pourrions-nous nous téléporter et télépather et traverser les murs de la prison en plein air qu'est Gaza, atteindre cette fillette traumatisée et couverte de cendres, laver son visage de nos larmes, la mettre sur nos genoux et lui chanter une berceuse. Pourra-t-elle trouver le sommeil ? À quoi ressemblera-t-elle demain à son réveil ?
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