♟ Six mois d'enfer sur terre - Balfour, la déclaration de tous les maux
L'élite secrète & la déclaration Balfour : La vérité choquante cachée derrière, qui a justifié la création d'un foyer juif en Palestine et, par la suite, de l'État d'Israël.
SIX MOIS D’ENFER SUR TERRE
Par Caitlin Johnstone, le 3 avril 2024
Six mois déjà. La moitié d’une année.
Une moitié d’année d’apologie du génocide.
Six mois de mensonges les plus scandaleux possibles et imaginables.
Une moitié d’année à voir des corps d’enfants déchiquetés et réduits à l’état de squelettes sur nos réseaux sociaux.
Six mois d’atrocités justifiées par l’évènement du 7 octobre, qui ne s’est même pas déroulé comme les médias nous l’ont raconté.
Six mois pendant laquelle les représentants des gouvernements occidentaux ont prétendu que les preuves évidentes de crimes de guerre n’étaient qu’un mystère inexplicable pour lequel nous espérons bien avoir des réponses.
Six mois de déclarations des autorités israéliennes annonçant ouvertement leurs intentions génocidaires en hébreu pour leur public israélien, se contentant d’évoquer les droits de l’homme et la compassion en anglais, pour leur public progressiste occidental.
Six mois à lire des rapports selon lesquels les Forces de défense israéliennes ont fait quelque chose d’incroyablement malfaisant, à se dire “Ce n’est pas possible, je vais vérifier”, puis à se dire “C’est encore plus horrible que je ne le pensais”.
Six mois au cours desquels la classe politico-médiatique occidentale a tenté de présenter le parrainage direct d’un génocide actif comme une réalité autre que ce qu’elle est vraiment.
Six mois pendant lesquels la presse grand public a titré passivement “un enfant palestinien se prend une balle”.
Six mois à insulter notre intelligence.
Six mois à insulter notre humanité.
Six mois de souffrances inouïes.
Six mois de traumatisme irréparable.
Six mois de pertes irremplaçables.
Ça craint, putain. Ça craint tellement. J’ai toujours souhaité commenter les crimes de l’empire, mais ces six derniers mois ont été vraiment éprouvants. C’est monstrueux de devoir regarder en direct l’enfer sur terre, jour après jour, la compassion au cœur. L’unique raison de poursuivre mon travail est qu’il doit être fait, et que je sais que ma propre souffrance n’est rien comparé à ce que vivent les Palestiniens à l’heure qu’il est.
Il faut que cela cesse. Il faut y mettre un terme de toute urgence. Mais aucun signe n’indique que ce soit bientôt possible.
Je n’ai rien de sage ou de perspicace à ajouter à tout cela ces temps-ci. Certains jours, tout ce qu’on peut faire, c’est pointer du doigt le cauchemar et l’appeler par son nom, en se contentant de regarder la réalité en face, et se sentir concernés.
Tout ce que je peux dire, c’est que nous ne sommes pas les seuls à voir ce que nous voyons. Le monde entier regarde Israël commettre ses atrocités de masse terrifiantes, soutenu par la pleine puissance de l’empire, tandis que toujours plus d’yeux s’ouvrent à la réalité des implications pour leur société et à tout ce qu’on leur a dit de croire.
Toute évolution positive du comportement humain passe toujours par un éveil de la conscience, et Gaza est en train d’éveiller la conscience de l’Occident comme jamais auparavant.
C’est toujours ça. Que quelque chose de bon puisse un jour émerger de ce tas de merde immonde, c’est toujours ça.
C’est tout ce que j’ai à vous dire. C’est le mieux que je puisse faire pour l’instant.
➤ caitlinjohnst.one/p/six-months-of-hell-on-earth
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L'élite secrète et la déclaration Balfour
Par Jim MacGregor & Gerry Docherty - Extrait du numéro spécial New Dawn Vol 12 No 3 de juin 2018
Depuis la création de l'État d'Israël en 1948, le conflit entre Israël et les Palestiniens n'a guère cessé de faire parler de lui. Peu de gens connaissent les tractations secrètes ayant précédé la décision fatidique du gouvernement britannique d'annoncer son soutien à la création d'une patrie juive.
Les événements critiques évoqués dans l'article suivant se sont déroulés pendant la Première Guerre mondiale, le premier conflit mondial au cours duquel des millions de jeunes hommes sont morts sur le champ de bataille. Jim Macgregor et Gerry Docherty, auteurs du livre Hidden History : The Secret Origins of the First World War (L'histoire cachée : les origines secrètes de la Première Guerre mondiale), ont déjà publié dans New Dawn des articles sur le véritable pouvoir derrière la guerre, le groupe qu'ils ont identifié comme "l'élite secrète", composé de banquiers et de politiciens.
Dans l'article exclusif qui suit, les auteurs dévoilent la vérité choquante cachée derrière la déclaration controversée de Balfour, qui a justifié la création d'un foyer juif en Palestine et, par la suite, de l'État d'Israël.
LETTRE D'ARTHUR BALFOUR À LORD WALTER ROTHSCHILD
Foreign Office, 2 novembre 1917
Cher Lord Rothschild,
J'ai l'immense plaisir de vous transmettre, au nom du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration suivante de sympathie à l'égard des aspirations sionistes juives, qui a été soumise au Cabinet et approuvée par celui-ci :
Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif et fera tout son possible pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives existant en Palestine, ou aux droits et au statut politique dont jouissent les juifs dans tout autre pays. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments distingués,
(signé) Arthur James BALFOUR (1)
La lettre susmentionnée a été rendue publique par le ministère britannique des affaires étrangères et publiée dans le Times le 9 novembre 1917.
Pourquoi, à ce moment critique, le cabinet de guerre britannique a-t-il décidé publiquement de favoriser la Palestine comme foyer national pour le peuple juif ? Une guerre était en cours, et elle ne se déroulait pas particulièrement bien. Quel était leur objectif ? Comment cela s'inscrivait-il dans la stratégie de l'élite secrète visant à écraser l'Allemagne et à promouvoir son ambition mondialiste ? Comment se fait-il qu'une patrie pour un groupe religieux spécifique figure à l'ordre du jour comme s'il s'agissait d'une solution à un problème non énoncé ? Même si l'on croyait au mensonge selon lequel les Alliés se battaient pour les droits des petites nations, pourquoi l'identité religieuse était-elle soudain devenue une question de nation ? A-t-on envisagé d'accorder aux catholiques des droits similaires en Irlande ou aux musulmans des droits similaires en Inde ? Le monde devait-il être divisé en territoires religieux exclusifs ? Bien évidemment, non.
Pour compliquer encore les choses, une nation (la Grande-Bretagne) a solennellement promis un foyer national à ce qui deviendrait à terme une deuxième nation (l'État juif d'Israël) sur une terre appartenant à un autre peuple (les Arabes palestiniens) alors qu'elle faisait encore partie intégrante d'une quatrième (l'Empire ottoman/turc) (2). En se pliant aux exigences d'un groupe relativement restreint de sionistes, la déclaration Balfour était étrange, trompeuse et constituait une trahison délibérée des Arabes loyaux qui se battaient dans la guerre du désert contre les Turcs. La perfide Albion (un ancien nom de la Grande Bretagne) avait rarement atteint de tels sommets de duplicité.
La destruction absolue de l'Allemagne et de ses alliés ottomans promettait d'ouvrir la voie à un redécoupage des cartes et des sphères d'influence après la guerre, qui ferait progresser la stratégie globale de l'élite secrète, à savoir le contrôle du monde par les élus anglophones. Les sables stratégiques d'Arabie et les terres riches en pétrole de Perse, de Syrie et de Mésopotamie étaient depuis longtemps des cibles privilégiées. Il s'agissait là de la première d'une série de conditions préalables qui allaient façonner le Moyen-Orient après 1919 à l'avantage de la Grande-Bretagne en particulier. En tant que pays neutre, l'Amérique se devait d'être très prudente en matière d'intervention ouverte, même après son entrée en guerre en 1917, et dans une certaine mesure, la Grande-Bretagne a joué le rôle de mandataire en posant les jalons d'un nouvel ordre mondial. Il est important de se rappeler que lorsque les premières discussions sur l'avenir d'une patrie juive en Palestine étaient en cours, il n'était guère question de l'implication des États-Unis. La vérité est tout autre. L'Amérique était directement impliquée dans les intrigues secrètes.
De même, des groupes restreints mais influents de politiciens et d'hommes d'affaires, anglais, américains, français, russes, hommes et femmes de confession juive répartis littéralement dans le monde entier, ont soutenu un mouvement grandissant visant à établir une patrie permanente en Palestine. On les appelait les sionistes. Attention à ce terme. Au départ, il englobait toute une série de groupes juifs dont les opinions et les aspirations différaient. Certains considéraient le sionisme comme une manifestation purement religieuse de la "judéité". Un groupe restreint mais très actif nourrissait des ambitions politiques. Cette dernière forme de sionisme incluait ceux déterminés à "reconstituer" un foyer national pour leurs coreligionnaires. Pour reprendre les termes de l'ancien vice-roi des Indes, Lord Curzon, "un foyer national pour la race ou le peuple juif" impliquait un lieu où les Juifs pourraient être rassemblés en tant que nation et où "ils jouiraient des privilèges d'une existence nationale indépendante" (3).
Un petit nombre de sites ont été suggérés pour la nouvelle patrie proposée, dont un en Ouganda, mais dans les premières années du vingtième siècle, un élément sioniste plus déterminé a commencé à concentrer son attention sur l'ancienne terre de Judée au Moyen-Orient. Ils évoquaient la création en Palestine d'un État juif autonome, une entité politique composée de Juifs, gouvernée par des Juifs et administrée principalement dans leur intérêt. En d'autres termes, il s'agissait de recréer un État juif mythique, tel qu'on prétendait qu'il existait avant l'époque de la "diaspora" (4). Peu de voix se sont élevées pour demander ce que cela signifiait, sur quelles preuves cela reposait, ou comment cela pouvait être justifié. Il s'agissait d'une vérité biblique supposée. Tous les Juifs n'étaient pas sionistes, loin de là, et c'est un facteur important qu'il faut garder à l'esprit.
Les historiens écrivent souvent des versions de l'histoire qui impliquent qu'un événement "s'est produit". En d'autres termes, ils commencent par un point donnant l'impression qu'il n'y a pas eu de préambule essentiel, pas d'autre influence ayant sous-tendu l'action centrale. L'assassinat de l'archiduc Ferdinand à Sarajevo le 28 juin 1914 en est un exemple. Pendant des générations, les écoliers ont appris que ce meurtre était à l'origine de la Première Guerre mondiale. Un autre exemple peut être trouvé dans l'interprétation habituelle de la déclaration Balfour, qui a été décrite comme la note d'approbation du gouvernement britannique pour l'établissement d'un foyer national pour le peuple juif, comme si elle était apparue un jour sur le bureau du ministre des affaires étrangères et avait été signée comme les autres documents de son bac à courrier. Elle a été minimisée et n'a reçu qu'une mention mineure dans les mémoires et les journaux intimes des hommes politiques responsables de l'orchestration minutieuse de cette phrase unique. La déclaration Balfour était bien plus qu'une vague promesse faite par des politiciens britanniques sous la pression de l'éventualité de la guerre. Une interprétation aussi simple a commodément masqué les pressions internationales que les puissances cachées des deux côtés de l'Atlantique ont exercées en faveur d'une décision politique monumentale qui a ouvert la porte à la création éventuelle de l'État d'Israël.
Le mouvement sioniste
Lors de la 261ème réunion du cabinet de guerre britannique, le 31 octobre 1917, présidée par le Premier ministre Lloyd George, les membres étaient Lord Curzon, Lord Alfred Milner, Andrew Bonar Law, (leader conservateur) Sir Edward Carson, G N Barnes (parti travailliste), le général sud-africain Jan Smuts et le ministre des affaires étrangères Arthur Balfour. Il s'agit du cercle restreint formé principalement d'agents politiques de l'élite secrète pour diriger la guerre (5). Ils sont restés derrière les portes closes du 10 Downing Street après que les autres affaires de guerre aient été réglées. Les représentants de l'armée et de la marine ont été congédiés avant que la cabale interne du cabinet de guerre ne discute de la question du "mouvement sioniste". Comme toujours, le secrétaire du cabinet de guerre de Lloyd George, Sir Maurice Hankey, a consigné le procès-verbal. Cette coterie d'impérialistes britanniques, de membres de l'élite secrète et d'associés, a convenu à l'unanimité que "d'un point de vue purement diplomatique et politique, il était souhaitable qu'une déclaration favorable aux aspirations des nationalistes juifs soit faite maintenant" (6). À cette fin, une formulation soigneusement élaborée a été présentée et le cabinet de guerre a autorisé le ministre des Affaires étrangères Balfour "à saisir l'occasion appropriée pour faire la déclaration suivante de sympathie avec l'aspiration sioniste". Ce n'est pas une coïncidence si, cinq jours auparavant, le rédacteur en chef du Times les avait exhortés à faire cette déclaration (7).
Deux jours après la décision du cabinet de guerre, une lettre a été envoyée par le ministère des affaires étrangères à Lord Lionel Walter Rothschild ( 2nd baron Rothschild) à Londres, lui demandant de "porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste". Signée par Arthur James Balfour, elle est désormais connue sous le nom de Déclaration Balfour, bien qu'elle soit le fruit de bien d'autres esprits que celui du seul ministre britannique des Affaires étrangères (8). Son libellé précis a été rendu public dans les communautés juives, qui ont salué cette lettre comme le début d'une nouvelle ère dans leur histoire. Malgré le soin apparent avec lequel le cabinet de guerre a tenté de fixer des conditions pour protéger les communautés non juives, en particulier les droits des Arabes palestiniens à qui le pays appartenait, l'événement a été célébré par les sionistes du monde entier comme une charte nationale pour une patrie juive (9) .
En réalité, la lettre était le fruit d'années de lobbying minutieux, tant en Grande-Bretagne qu'en Amérique. Elle n'était ni un début ni une fin. Bien qu'il s'agisse essentiellement d'une communication entre le gouvernement britannique et la Fédération sioniste de Grande-Bretagne, elle avait un air presque désinvolte, comme s'il s'agissait simplement d'une lettre entre deux membres de la noblesse anglaise, Balfour et Rothschild. La déclaration était loin d'être décontractée et bien plus élaborée qu'un accord entre gentlemen.
Selon toutes les règles de droit et de morale connues, elle était ridicule. Considérons la nature sans précédent de la proposition. Comme si cela ne suffisait pas à semer la confusion, le ministère britannique des Affaires étrangères avait déjà promis des parties de la Palestine aux Français, aux Arabes propriétaires de la terre et, enfin, à la communauté juive internationale. Y a-t-il jamais eu un meilleur exemple de l'arrogance gratuite de la classe dirigeante impérialiste britannique ? La formulation même de la déclaration Balfour était ambiguë ; les conditions fixées étaient impossibles à remplir. Que signifiait l'expression "un foyer national" ? Elle n'a pas de signification clairement définie en droit international. Comment un gouvernement étranger pouvait-il promettre d'obtenir l'approbation mondiale d'un foyer national pour les Juifs dans un pays arabe sans porter automatiquement atteinte aux droits des Arabes dont les ancêtres vivaient là depuis des milliers d'années? (11). Cette imprécision donnait lieu à des interprétations et à des attentes qui ne manqueraient pas de provoquer d'âpres controverses et querelles. De quoi s'agit-il ?
Discussions secrètes
La réponse peut être trouvée en examinant les versions antérieures de ce document controversé et la mesure dans laquelle les sionistes des deux côtés de l'Atlantique se sont efforcés de l'alimenter et de le protéger. Loin de toute idée de conversion soudaine au sionisme, la volonté politique d'établir une patrie juive dans les sables du désert, les hommes politiques britanniques étaient engagés dans de telles discussions depuis plusieurs années. Ce fait a été commodément omis dans les histoires officielles, les mémoires et les déclarations gouvernementales.
Lors d'une précédente réunion du cabinet de guerre, le 4 octobre 1917, un projet de déclaration presque identique avait été examiné par Lord Alfred Milner, le dirigeant le plus influent du cercle intérieur de l'élite secrète. La majuscule du terme "foyer national" a été modifiée par la suite, de même que l'expression très milnerienne "race juive". Lord Milner était un penseur très rigoureux. Si l'expression "foyer national" implique que le peuple juif dans le monde entier doit disposer d'une zone définie qui lui appartienne, sa version privilégie "l'établissement" d'un tel lieu. Elle n'impliquait pas un retour sur une terre sur laquelle ils avaient acquis des droits. Deuxièmement, Alfred Milner avait une grande estime pour la race. Il se définit avec fierté comme un "patriote racial" britannique (13). Sa formulation est une marque de respect. D'autres craignaient qu'il s'agisse d'une expression dangereuse susceptible d'être interprétée de manière agressive. Elle allait à l'encontre du concept d'assimilation juive, à l'instar des Juifs américains, et laissait entendre qu'en tant que groupe confessionnel, les Juifs appartenaient à une race spécifique de peuples. En conséquence, sa version a été édulcorée.
Secrètement, le cabinet de guerre a décidé de demander l'avis sur la formulation finale de la déclaration à la fois aux sionistes représentatifs (c'est leur expression) et à ceux de confession juive opposés à l'idée d'une patrie nationale. Il est essentiel de bien comprendre qu'au sein de la communauté juive internationale, il existait des divergences d'opinion considérables, en faveur ou contre l'idée d'une "patrie" juive. Le fait que ces groupes aient été apparemment mis sur un pied d'égalité a suggéré que la communauté juive de Grande-Bretagne était également divisée sur la question. Ce n'était pas le cas. Le nombre de sionistes actifs était relativement faible, mais très influent.
En outre, le cabinet de guerre a demandé l'avis du président américain sur le projet de patrie juive en Palestine (14). Le procès-verbal de la 245ème réunion du cabinet de guerre à Londres a révélé que Woodrow Wilson était directement impliqué dans la rédaction finale de la déclaration. Il en va de même pour son conseiller, le colonel Edward Mandell House (15), et pour le seul juge en chef juif des États-Unis, Louis Brandeis (16), qui ont tous deux télégraphié des avis différents au gouvernement britannique (17). Le 10 septembre, Mandell House a indiqué que le président conseillait la prudence ; le 27 septembre, le juge Brandeis a télégraphié que le président était entièrement d'accord avec la déclaration. En deux semaines et demie, beaucoup de choses peuvent changer en politique.
Au fur et à mesure que chaque couche de l'oignon est lentement épluchée pour découvrir le cœur caché de la déclaration éponyme, il devient évident que l'histoire présentée a passé sous silence des personnages clés et des questions cruciales. Cet épisode recèle des profondeurs cachées que les historiens traditionnels ont dissimulées au public et que les acteurs ont délibérément déformées ou omises dans leurs mémoires.
L'élite secrète pleinement impliquée
Le procès-verbal du comité du cabinet de guerre du 3 septembre 1917 fait apparaître que la réunion précédente comptait également de très nombreux membres et associés de l'élite secrète, dont Leo Amery, ancien acolyte de Milner en Afrique du Sud (18). Le second point de l'ordre du jour révèle qu'une "correspondance considérable... a été échangée entre le secrétaire d'État aux affaires étrangères [A J Balfour] et Lord Walter Rothschild... sur la question de la politique à adopter à l'égard du mouvement sioniste" (19). Quoi ? une "correspondance considérable" a été échangée entre Lord Rothschild et le Foreign Office ; il ne s'agit pas d'une lettre ou d'une demande de renseignements, mais bien d'une correspondance considérable. Une copie de l'une de ces lettres, envoyée le 18 juillet 1917 depuis l'hôtel particulier des Rothschild, situé au 148 Piccadilly, a été conservée dans les minutes du Cabinet de guerre. Ce qu'elle révèle brise l'illusion selon laquelle la promesse du gouvernement britannique de soutenir un foyer national juif en Palestine émanait exclusivement du Foreign Office sous la plume d'Arthur Balfour.
La lettre de Lord Rothschild commence ainsi,
"Cher Monsieur Balfour,
Je suis enfin en mesure de vous envoyer la formule que vous m'avez demandée. Si le gouvernement de Sa Majesté veut bien m'envoyer un message dans le sens de cette formule, si lui et vous l'approuvez, je le remettrai aux fédérations sionistes et l'annoncerai également lors d'une réunion convoquée à cet effet... " (20).
En annexe, il joint sa recommandation (celle de Rothchild) pour un projet de déclaration. Il s'agit de deux phrases :
"1) Le gouvernement de Sa Majesté accepte le principe selon lequel la Palestine doit être reconstituée en tant que foyer national du peuple juif.
2) Le gouvernement de Sa Majesté fera tout ce qui est en son pouvoir pour assurer la réalisation de cet objectif et discutera des méthodes et des moyens nécessaires avec les organisations sionistes" (21).
La réponse de Balfour "accepte le principe de la recomposition de la Palestine... et sera prêt à examiner toutes les suggestions à ce sujet que l'Organisation sioniste voudra bien lui soumettre". Comment "recomposer" un pays ? Il peut être intéressant de s'interroger sur le précédent ainsi créé. Cela signifie-t-il qu'un jour l'Amérique pourrait être reconstituée en une série de réserves indiennes ou des parties de l'Angleterre en territoire viking ? Étonnamment, le mouvement sioniste a été invité à dicter sa conception de la politique étrangère britannique en Palestine (22) . Il s'agissait de complicité. Le gouvernement de Lloyd George, par l'intermédiaire du cabinet de guerre, s'est entendu avec la Fédération sioniste pour concocter une déclaration d'intention qui recueille leur approbation (sioniste). De plus, il a été convenu qu'une question aussi importante, à savoir l'avenir de la Palestine, devait être discutée avec les alliés de la Grande-Bretagne, et "plus particulièrement avec les États-Unis" (23). Cette action avait toutes les caractéristiques d'une conspiration internationale.
Combien de mensonges ont été tissés autour de la conception et des origines de la Déclaration Balfour ? Lord Walter Rothschild était le principal intermédiaire entre le gouvernement britannique et la Fédération sioniste. À ce titre, il a participé au processus de création et de formulation d'un nouvel engagement britannique explosif en faveur de la fondation d'un foyer juif en Palestine. Plus encore, Rothschild et ses associés ont cherché à contrôler "les méthodes et les moyens" par lesquels ce foyer serait créé.
La déclaration Balfour faisait partie d'un processus exempt de la commodité des calendriers qui divise l'histoire en segments. Sur le plan politique, elle servait les ambitions de l'élite secrète à court et à long terme. Celle-ci savait qu'une Palestine pro-britannique protégerait la route maritime vitale du canal de Suez, qu'une déclaration en faveur du sionisme débloquerait les trésors dont elle avait désespérément besoin pour écraser l'Allemagne et que, tant en Amérique qu'en Grande-Bretagne, de jeunes hommes juifs viendraient grossir les rangs de leurs armées, qui s'amenuisaient de plus en plus. Dans tout cela, on oublie généralement qu'à moins que des personnalités puissantes ne soutiennent les revendications sionistes avant la fin de la guerre et n'établissent un moyen d'influencer le dépeçage de l'Empire ottoman, une fin rapide de la Première Guerre mondiale aurait été désastreuse pour leurs idéaux à long terme.
Dans notre livre Prolonging the Agony (Prolonger l'agonie), toute cette question est soigneusement disséquée pour révéler le double jeu et les deux poids deux mesures qui ont été cruellement infligés aux Arabes de Palestine, ainsi que la complicité des gouvernements britannique et américain. De manière plus pertinente, nous présentons des preuves documentées illustrant clairement la manière dont une première tentative visant à encourager les Ottomans turcs à abandonner la guerre en 1917 a été stoppée net parce qu'aucune base n'avait encore été établie pour l'inclusion des sionistes dans un quelconque règlement d'après-guerre.
La déclaration Balfour n'était en rien un accord entre gentlemen.
Références
1. Documents du Cabinet : CAB 23/4 WC 261, p. 6
2. La citation originale dont est tirée cette observation a été faite par Arthur Koestler dans Promise and Fulfilment, Palestine 1917-1949, p. 4.
3. Archives nationales, War Cabinet Memorandum GT 2406.
4. Documents du Cabinet : CAB 24/30 ; War Cabinet Memorandum GT 2406, p. 1.
5. "The Great British Coup" sur le blog de l'auteur : firstworldwarhiddenhistory.wordpress.com
6. Documents du Cabinet : CAB 23/4, WC 261 p. 5
7. The Times, 26 octobre 1917, p. 7
8. Lettre de A.J. Balfour à Lord Rothschild, 2 novembre 1917.
9. Grande-Bretagne, Palestine et Juifs. Jewry's Celebration Of Its National Charter", brochure anonyme, 1917.
10. Sol M. Linowitz, "Analysis of a Tinderbox : The Legal Basis for the State ofIsrael", American Bar Association Journal, Vol. 43, 1957, p. 523.
11. Arthur Koestler, Promise and Fulfilment, Palestine 1917-1949, p. 4.
12. Cabinet Papers : CAB 23/4/19 WC 245, p. 6
13. A M Gollin, Proconsul in Politics, p. 401
14. Cabinet Papers : CAB 23/4/19 WC 245, p. 6
15. Mémoire du cabinet de guerre : GT 2015
16. Mémorandum du cabinet de guerre : GT 2158
17. Documents du Cabinet : CAB 23/4/19 p. 5
18. Cabinet Papers : CAB 23/4/1. WC. 227, p. 1
19. Mémoire du cabinet de guerre : 1803 - Le mouvement sioniste.
20. Ibid.
21. Ibid.
22. Documents du Cabinet : CAB 24/24/4
23. Cabinet Papers : CAB 23/4/1. WC 227, p. 2
Le livre de Jim Macgregor et Gerry Docherty, Prolonging the Agony : How The Anglo-American Establishment Deliberately Extended WWI by Three-and-a-Half Years (Comment l'establishment anglo-américain a délibérément prolongé la Première Guerre mondiale de trois ans et demi), citant des documents sources originaux, prouve que la Première Guerre mondiale a été délibérément et inutilement prolongée par l'élite secrète. Ce livre est un exposé entièrement documenté - une véritable histoire des terribles événements et des mensonges honteux.
Gerry Docherty est né en 1948. Diplômé de l'université d'Édimbourg en 1971, il était enseignant dans le secondaire. Il a enseigné l'économie et les études modernes, s'est intéressé au théâtre et a écrit un certain nombre de pièces sur des thèmes historiques. L'une de ces pièces racontait l'histoire passionnante de deux cousins de sa ville natale de Tillicoultry, tous deux décorés de la Croix de Victoria lors de la bataille de Loos en 1915. Enthousiasmé par les recherches qu'il avait entreprises pour écrire cette pièce, il a été intrigué par le travail de Jim Macgregor sur la Première Guerre mondiale, et leur intérêt mutuel s'est transformé en une passion pour la découverte de la vérité parmi les mensonges et les tromperies que contenaient les archives officielles.
Jim MacGregor est né à Glasgow en 1947 et a grandi dans un cottage situé dans l'enceinte de l'hôpital Erskine pour les mutilés de guerre. C'est là qu'il a été témoin des conséquences de la guerre au quotidien et, profondément affecté par ce qu'il a vu, il a développé un intérêt pour la guerre et les origines des conflits mondiaux tout au long de sa vie. Jim a obtenu son diplôme de médecin en 1978 et a quitté la pratique en 2001 pour se consacrer à plein temps à la recherche sur les échecs politiques en matière de prévention de la guerre. Ses nombreux articles ont été publiés sur des sujets tels que les erreurs judiciaires, la guerre en Irak, la pauvreté dans le monde et la montée du fascisme aux États-Unis. Son puissant roman anti-guerre, The Iboga Visions, a été publié en 2009 et a été acclamé par la critique.
📰 https://www.newdawnmagazine.com/articles/the-secret-elite-the-balfour-declaration
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