♟ Quand les occidentaux et leurs médias vassaux perdent tout éthique et toute humanité
Heureusement il y a des Jonathan Cook, Chris Hedges, Tariq Ali, Andrew Fishman, Jessica Buxbaum, Craig Murray & de nombreux autres qui tiennent compte du passé et de l'histoire !
Impossible de dormir quand on entend les propos occidentaux à vomir et la négation du génocide palestinien initié depuis tant d'années. Alors j'ai pris le temps de rassembler dans cette publication quelques auteurs très pertinents.
Comme je le fais régulièrement sur la question palestinienne qui me tient à coeur, d'autres posts vous seront proposés avec des articles puisés et archivés depuis quelques mois sans oublier bien entendu ceux qui couvriront l'actualité de façon honnête, sourcée et objective.
SOMMAIRE :
1 - Jonathan Cook : L'hypocrisie de l'Occident à l'égard du soulèvement de Gaza fait froid dans le dos
2 - Craig Murray : À présent, nous avons votre attention
3 - Chris Hedges : Les Palestiniens parlent le langage de la violence qu'Israël leur a enseigné
4 - Tariq Ali : Soulèvement en Palestine
5 - Andrew Fishman : Israël-Palestine : 11 distorsions sur Gaza et le Hamas que les médias vous racontent aujourd'hui
6 - Jessica Buxbaum : Les archives d'État d'Israël révèlent une longue et sordide histoire avec les extrémistes antisémites en Europe
◾️ ◾️ ◾️
1- ♟ L'hypocrisie de l'Occident à l'égard du soulèvement de Gaza fait froid dans le dos
L'Occident n'éprouvera que peu de sympathie lorsque, une fois de plus, les Palestiniens assiégés seront bombardés par Israël, l'immense souffrance étant justifiée par le terme "représailles israéliennes".
✒️ Par Jonathan Cook, le 8 octobre 2023, Middle East Eye
📌 L'actuel élan de sympathie à l'égard d'Israël devrait faire vomir toute personne dotée d'un demi cœur.
Non pas que la mort et la souffrance de civils israéliens en si grand nombre ne soient pas horribles. Mais parce que les civils palestiniens de Gaza ont été confrontés à des agressions répétées de la part d'Israël, décennie après décennie, entraînant des souffrances bien plus grandes, sans jamais susciter une once de l'inquiétude exprimée actuellement par les hommes politiques ou l'opinion publique de l'Occident.
L'hypocrisie de l'Occident face aux combattants palestiniens qui tuent et blessent des centaines d'Israéliens et en retiennent des dizaines d'autres en otage dans les communautés autour et à l'intérieur de la bande de Gaza assiégée est en effet saisissante.
C'est la première fois que les Palestiniens, prisonniers de l'enclave côtière, parviennent à infliger à Israël une frappe significative vaguement comparable à la sauvagerie à laquelle les Palestiniens de Gaza ont été confrontés à maintes reprises depuis qu'ils ont été encagés il y a plus de 15 ans, lorsqu'Israël a entamé son blocus terrestre, maritime et aérien en 2007.
Les médias occidentaux qualifient l'évasion et l'attaque des Palestiniens de Gaza de "sans précédent", et d'échec le plus lamentable d'Israël en matière de renseignement depuis qu'il a été pris au dépourvu lors de la guerre du Kippour, voici exactement 50 ans.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a accusé le Hamas, qui gère théoriquement la prison à ciel ouvert de Gaza, d'avoir déclenché "une guerre cruelle et diabolique". Mais la vérité est que les Palestiniens n'ont rien "commencé". Ils ont réussi, après tant de luttes, à trouver un moyen de blesser leur bourreau.
Inévitablement, pour les Palestiniens, comme l'a également fait remarquer Netanyahu, "le prix à payer sera lourd", en particulier pour les civils. Israël infligera aux prisonniers la punition la plus sévère pour leur impudence.
Observez le peu de sympathie et d'intérêt que l'Occident manifestera à l'égard des nombreux hommes, femmes et enfants palestiniens tués une fois de plus par Israël. Leurs immenses souffrances seront occultées et justifiées par l'expression "représailles israéliennes".
Les vraies leçons
Toute l'analyse actuelle qui se concentre sur les "bavures" des services de renseignement israéliens détourne l'attention de la véritable leçon à tirer de ces événements qui évoluent rapidement.
Personne ne s'en est vraiment soucié alors que les Palestiniens de Gaza étaient soumis à un blocus imposé par Israël les privant des éléments essentiels de la vie. Les quelques dizaines d'Israéliens retenus en otages par les combattants du Hamas font pâle figure face aux deux millions de Palestiniens retenus en otage par Israël dans une prison à ciel ouvert depuis près de vingt ans.
Personne ne s'est vraiment inquiété lorsqu'il est apparu que les Palestiniens de Gaza avaient été soumis à un "régime de famine" par Israël - seule une quantité limitée de nourriture étant autorisée, calculée pour que la population soit nourrie a minima.
Personne ne s'est vraiment soucié du fait qu'Israël bombarde l'enclave côtière tous les deux ou trois ans, tuant à chaque fois des centaines de civils palestiniens. Israël appelait cela simplement "tondre la pelouse". La destruction de vastes zones de Gaza, dont les généraux israéliens se sont vantés de ramener l'enclave à l'âge de pierre, a été officialisée sous la forme d'une stratégie militaire connue sous le nom de "doctrine Dahiya".
Personne ne s'est vraiment soucié des tireurs d'élite israéliens qui ont pris pour cible des infirmières, des jeunes et des personnes en fauteuil roulant venus protester contre leur emprisonnement par Israël. Plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées amputées après que ces tireurs d'élite eurent reçu l'ordre de tirer au hasard dans les jambes ou les chevilles des manifestants.
L'inquiétude occidentale face à la mort de civils israéliens aux mains de combattants palestiniens est difficile à digérer. Des centaines d'enfants palestiniens ne sont-ils pas morts au cours des 15 dernières années lors des campagnes de bombardement répétées d'Israël sur Gaza ? Leurs vies ne comptent-elles pas autant que celles des Israéliens - et si ce n'est pas le cas, pourquoi ?
Sous titres disponibles
Après tant d'indifférence pendant si longtemps, il est difficile d'entendre l'horreur soudaine des gouvernements et des médias occidentaux face au fait que les Palestiniens ont finalement trouvé un moyen - reflétant la politique inhumaine d'Israël, qui perdure depuis des décennies - de riposter efficacement.
Ce moment fait tomber le masque et met à nu le racisme inavoué qui se fait passer pour une préoccupation morale dans les capitales occidentales.
L'hypocrisie distillée
Volodymr Zelenskiy , le président ukrainien, distille cette hypocrisie. Le week-end dernier, il a posté un long tweet condamnant les Palestiniens comme des "terroristes" et offrant à Israël son soutien indéfectible.
Il a affirmé que le droit d'Israël à l'autodéfense était incontestable, ajoutant que le monde devait être uni et solidaire pour que la terreur ne tente pas de briser ou d'asservir la vie, où que ce soit et à tout moment.
Le retournement de la réalité est à couper le souffle. Les Palestiniens ne peuvent pas "subordonner la vie" en Israël. Ils n'ont pas ce pouvoir, même si quelques-uns ont brièvement réussi à sortir de leur cage. C'est bien Israël qui soumet la vie des Palestiniens depuis des décennies.
Il semble que toutes les formes de "terrorisme" ne soient pas égales aux yeux de Zelensky ou de ses protecteurs dans les capitales occidentales. Certainement pas le terrorisme d'État d'Israël qui fait de la vie des Palestiniens un enfer depuis des décennies.
Comment Israël a-t-il le "droit incontestable" de "se défendre" contre les Palestiniens dont il occupe et contrôle le territoire ? Comment la Russie n'a-t-elle pas le même droit de "se défendre" lorsqu'elle frappe des villes ukrainiennes en "représailles" à des frappes ukrainiennes destinées à libérer son territoire de l'occupation russe ?
Israël, la partie belligérante la plus forte, est en train de dévaster Gaza "en représailles" - comme le dit la BBC - à la dernière attaque palestinienne.
Alors, sur quelle base Zelensky ou ses fonctionnaires pourront-ils condamner Moscou lorsque les Russes tireront des missiles "en représailles" aux frappes de l'Ukraine sur le territoire russe ? Si la résistance palestinienne à l'occupation israélienne de Gaza est du terrorisme, comme l'affirme Zelensky, comment la résistance ukrainienne à l'occupation russe n'en est-elle pas tout autant ?
Aucun refuge possible
En acceptant les mystifications d'Israël, ses alliés lui ont permis de proférer des mensonges de plus en plus scandaleux. Le week-end dernier, Netanyahou a averti les Palestiniens de Gaza de "partir sans attendre" parce que les forces israéliennes se préparaient à "agir avec toute la force nécessaire".
Mais Netanyahou sait, tout comme ses complices occidentaux, que la population de Gaza n'a nulle part où fuir. Il n'y a pas de refuge. Les Palestiniens sont enfermés dans la bande de Gaza depuis qu'Israël l'a assiégée par terre, mer et air.
Les seuls Palestiniens capables de "quitter Gaza" sont les factions armées qui se sont échappées de leur prison imposée par Israël et qui sont dénoncées comme "terroristes" par les politiciens et les médias occidentaux.
Les gouvernements occidentaux si horrifiés par l'attaque palestinienne contre Israël sont aussi ceux qui restent silencieux alors qu'Israël coupe l'électricité de la prison qu'est Gaza, toujours en prétendues "représailles".
La punition collective de deux millions de Palestiniens à Gaza, tributaires d'Israël pour l'électricité parce qu'Israël ceinture et contrôle tous les aspects de leur vie dans l'enclave, est un crime de guerre.
Étrangement, les responsables occidentaux comprennent qu'il s'agit d'un crime de guerre lorsque la Russie bombarde des centrales électriques en Ukraine, coupant ainsi l'électricité. Ils réclament à cor et à cri que le président russe Vladimir Poutine soit traduit devant la Cour pénale internationale de La Haye. Alors pourquoi leur est-il si difficile de comprendre les parallèles avec ce qu'Israël fait à Gaza ?
Une évasion audacieuse
Deux leçons immédiates et contrastées peuvent être tirées des événements de ce week-end.
La première est que l'esprit humain ne peut être mis indéfiniment en cage. Les Palestiniens de Gaza n'ont cessé d'imaginer de nouveaux moyens de se libérer de leurs chaînes.
Ils ont construit un réseau de tunnels, dont la plupart ont été localisés et détruits par Israël. Ils ont tiré des roquettes invariablement abattues par des systèmes d'interception de plus en plus sophistiqués. Ils ont protesté en masse contre les clôtures lourdement fortifiées, surmontées de pylônes, dont Israël les a cernées, avant d'être abattus par des tireurs d'élite.
Aujourd'hui, ils ont organisé une évasion audacieuse. Israël va soumettre l'enclave à des bombardements massifs, mais uniquement "en représailles", cela va de soi. La soif de liberté et de dignité des Palestiniens n'en sera pas diminuée pour autant. Une autre forme de résistance, sans doute plus brutale encore, verra le jour.
Et les principaux responsables de cette brutalité seront Israël et l'Occident qui le soutient si servilement, parce qu'Israël refuse d'arrêter de brutaliser les Palestiniens contraints de vivre sous sa domination.
La seconde leçon est qu'Israël, indulgente à l'égard de ses protecteurs occidentaux, n'est toujours pas incitée à intérioriser la vérité fondamentale susmentionnée. La rhétorique de son gouvernement actuel de fascistes et de suprémacistes juifs peut être particulièrement laide, mais un vaste consensus existe parmi les Israéliens de toutes tendances politiques sur le fait que les Palestiniens doivent continuer à être opprimés.
C'est pourquoi la soi-disant opposition n'hésitera pas à soutenir le pilonnage militaire de l'enclave depuis longtemps assiégée de Gaza, tuant encore plus de civils palestiniens pour leur "donner une leçon", une leçon que personne en Israël ne peut formuler autrement qu'en affirmant que les Palestiniens doivent accepter leur infériorité, leur subordination et leur emprisonnement permanents.
Déjà, les "bons Israéliens" - les leaders de l'opposition Yair Lapid et Benny Gantz - sont en discussion avec Neyanyahou pour le rejoindre dans un "gouvernement d'unité d'urgence".
Quelle "urgence" ? L'urgence des Palestiniens qui réclament le droit de ne pas vivre comme des prisonniers dans leur propre patrie.
Les Israéliens et les Occidentaux peuvent continuer leur gymnastique mentale pour justifier l'oppression des Palestiniens et leur refuser tout droit à la résistance. Mais leur hypocrisie et leurs illusions sont exposées à la vue du reste du monde.
Les opinions exprimées dans cet article appartiennent à l'auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.
Jonathan Cook est l'auteur de trois livres sur le conflit israélo-palestinien et lauréat du prix spécial Martha Gellhorn pour le journalisme. Vous trouverez son site web et son blog à l'adresse suivante www.jonathan-cook.net
📰 https://www.middleeasteye.net/opinion/gaza-israel-west-hypocrisy-jailbreak-stomach-turning
◾️ ◾️ ◾️
2- ♟ À présent, nous avons votre attention
✒️ Par Craig Murray, le 9 octobre 2023, Blog personnel
📌 Depuis des décennies, on ne compte plus les photos de femmes et d'enfants palestiniens morts ou battus, humiliés et emprisonnés par des soldats israéliens. Le taux de mortalité historique dans ce "conflit" s'est avéré relativement constant, aux alentours de 40%.
Rien de tout cela n'a jamais provoqué plus qu'un haussement de sourcil et un léger murmure inaudible de la part de l'establishment "libéral" occidental. Je ne me souviens pas que des équipes de tournage aient jamais poursuivi des politiciens sionistes dans la rue pour leur demander d'utiliser le mot "condamner" à propos de la dernière atrocité israélienne.
Le paroxysme de la haine dans la classe politique et médiatique, déclenché par un seul jour où la botte est sur l'autre pied, est instructif. Il est particulièrement éclairant en ce qui concerne l'unanimité quasi-totale - quel pourcentage de la discussion à la télévision ou à la radio avez-vous entendu ces dernières 48 heures consacré à des voix palestiniennes ou pro-palestiniennes ?
Pourtant, les réseaux sociaux montrent clairement que le soutien du public à Israël est loin d'être aussi unanime que celui de la classe politique et des médias.
Mais le public n'est ni acheté ni payé pour cela.
La guerre asymétrique tend vers l'ignoble. Les peuples opprimés et colonisés n'ont pas le luxe d'aligner des soldats en uniformes impeccablement repassés et en bottes bien cirées pour affronter l'armée adverse à armes égales.
Un peuple colonisé et opprimé a tendance, s'il en a l'occasion, à refléter les atrocités perpétrées par son oppresseur.
Cela alimente toujours la propagande de l'impérialisme. Un paroxysme de résistance de la part des opprimés finit toujours par être dépeint par l'impérialiste comme une preuve de la bestialité du peuple colonisé et justifie en soi la "mission civilisatrice" du colonisateur.
C'est ainsi que la "mutinerie indienne" est devenue une histoire victorienne de viols, de meurtres de femmes britanniques et du Black Hole of Calcutta [ndr : fait référence à une cellule de prison utilisée pour détenir 146 prisonniers pour la plupart britanniques capturés après que le Nawab du Bengale eut repris la ville à la Compagnie des Indes orientales. Inhumés le 20 juin 1756 dans une minuscule cellule de Fort William, 123 des prisonniers moururent de déshydratation et d'étouffement]. Ainsi, les Mau Mau étaient des bouchers malfaisants et l'IRA des terroristes, terme moderne pour désigner ceux qui résistent au mal et à la domination étrangère.
L'ambassadeur d'Israël auprès des Nations unies a décrit hier les combattants du Hamas comme étant "semblables à des animaux". Ce n'est évidemment pas vrai. Ce sont des êtres humains, rendus fous par des niveaux insupportables d'injustice et d'oppression.
Je suis profondément désolé pour tous ceux qui perdent la vie, comme c'est le cas dans toutes les guerres. Je suis même désolé pour la mort de certains soldats israéliens, et plus encore pour tous les innocents qui ont péri et qui sont en train de mourir.
Mais je ne condamnerai pas le Hamas.
Pour cela, je n'ai même pas besoin de me plonger dans l'histoire du parrainage initial du Hamas par Israël pour diviser le Fatah. Le Hamas a largement dépassé ce stade. Je ne condamne pas le Hamas parce que la résistance du peuple palestinien est une réponse réflexe à son lent génocide.
Oui, il s'agit d'une réponse inchoative et violente. Bien sûr, j'aimerais qu'il n'y ait pas de victimes innocentes.
Ceux que je condamne, ce sont les membres de la classe politique internationale qui, d'une même voix, font des déclarations en faveur du "droit d'Israël à l'autodéfense". Un droit qu'ils accordent à l'oppresseur mais qu'ils refusent à l'opprimé.
Ce sont ces personnes qu'il faut condamner.
Pardonnez-moi de souligner que ma capacité à fournir cette couverture dépend entièrement de vos aimables abonnements volontaires qui permettent à ce blog de continuer. Cet article peut être reproduit ou republié gratuitement par quiconque, y compris en traduction. Vous pouvez toujours lire sans vous abonner.
Contrairement à nos adversaires, notamment l’Integrity Initiative, la 77ème Brigade, Bellingcat, l’Atlantic Council et des centaines d’autres opérations de propagande belliciste, ce blog ne dispose d’aucune source de financement d’État, d’entreprise ou institutionnelle. Il fonctionne entièrement grâce aux abonnements volontaires de ses lecteurs – dont beaucoup ne sont pas nécessairement d’accord avec chaque article, mais accueillent favorablement les voix alternatives, les informations privilégiées et les débats.
Les abonnements pour maintenir ce blog sont reçus avec gratitude .
Choisissez le montant de l'abonnement dans la liste déroulante
📰 https://www.craigmurray.org.uk/archives/2023/10/now-we-have-your-attention/
◾️ ◾️ ◾️
3- ♟ Les Palestiniens parlent le langage de la violence qu'Israël leur a enseigné
✒️ Par Chris Hedges, le 8 octobre 2023, ScheerPost
📌 Les tirs aveugles du Hamas et d'autres organisations de résistance palestinienne sur des Israéliens, les enlèvements de civils, les tirs de roquettes sur Israël, les attaques de drones sur diverses cibles, des chars à des nids de mitrailleuses automatisés, sont le langage familier de l'occupant israélien. Israël parle ce langage de violence imbibé de sang aux Palestiniens depuis que les milices sionistes se sont emparées de plus de 78 % de la Palestine historique, ont détruit quelque 530 villages et villes palestiniens et tué environ 15 000 Palestiniens au cours de plus de 70 massacres. Quelque 750 000 Palestiniens ont subi un nettoyage ethnique entre 1947 et 1949 pour créer l'État d'Israël en 1948.
La réponse d'Israël à ces incursions armées sera un assaut génocidaire sur Gaza. Israël tuera des dizaines de Palestiniens pour chaque Israélien tué. Des centaines de Palestiniens sont déjà morts dans les attaques aériennes d'Israël depuis le lancement de l'opération Déluge d'Al-Aqsa samedi matin, qui a fait 700 morts parmi les Israéliens.
Dimanche, le Premier ministre Netanyahou a averti les Palestiniens de Gaza de "partir sans attendre", car Israël va "réduire en ruines toutes les caches du Hamas".
Mais où les Palestiniens de Gaza sont-ils censés aller ? Israël et l'Égypte imposent un blocus aux frontières terrestres. Aucune sortie n'est possible par voie aérienne ou maritime, contrôlées par Israël.
Le châtiment collectif d'innocents est une tactique classique appliquée par les dirigeants coloniaux. Nous l'avons utilisée contre les Amérindiens, puis aux Philippines et au Viêt Nam. Les Allemands l'ont utilisée contre les Herero et les Namaqua en Namibie. Les Britanniques au Kenya et en Malaisie. Les nazis l'ont employée dans les régions qu'ils occupaient en Union soviétique, en Europe de l'Est et en Europe centrale. Israël suit le même schéma. Mort pour mort. Atrocité pour atrocité. Mais c'est toujours l'occupant qui initie cette danse macabre et échange des monceaux de cadavres contre d'autres monceaux de cadavres.
Il ne s'agit pas de défendre les crimes de guerre commis par l'un ou l'autre camp. Il ne s'agit pas non plus de se réjouir des attaques. J'ai vu suffisamment de violence dans les territoires occupés par Israël, où j'ai couvert le conflit pendant sept ans, pour détester la violence. Mais c'est le dénouement habituel de tous les projets coloniaux. Les régimes implantés et maintenus par la violence engendrent la violence. La guerre de libération d'Haïti. Les Mau Mau au Kenya. Le Congrès national africain en Afrique du Sud. Ces soulèvements ne réussissent pas toujours, mais ils suivent des schémas familiers. Les Palestiniens, comme tous les peuples colonisés, ont le droit à la résistance armée en vertu du droit international.
Israël n'a jamais eu intérêt à un règlement équitable avec les Palestiniens. Il a construit un État d'apartheid et n'a cessé d'absorber des pans de plus en plus vastes du territoire palestinien dans le cadre d'une campagne de nettoyage ethnique menée au ralenti. En 2007, il a transformé Gaza en la plus grande prison à ciel ouvert du monde.
Qu'attend Israël ou la communauté internationale ? Comment peut-on piéger 2,3 millions de personnes à Gaza, dont la moitié sont au chômage, dans l'un des endroits les plus densément peuplés de la planète pendant 16 ans, réduire la vie de ses habitants, dont la moitié sont des enfants, à un niveau de subsistance, les priver de fournitures médicales de base, de nourriture, d'eau et d'électricité, utiliser des avions d'attaque, de l'artillerie, des unités mécanisées, des missiles, des canons navals et des unités d'infanterie pour massacrer au hasard des civils non armés et ne pas s'attendre à une réponse violente ? Israël mène actuellement des vagues d'assauts aériens sur Gaza, prépare une invasion terrestre et a coupé l'électricité à Gaza, un service ne fonctionnant habituellement que deux à quatre heures par jour.
De nombreux résistants qui se sont infiltrés en Israël savaient sans doute qu'ils seraient tués. Mais comme les résistants d'autres guerres de libération, ils ont décidé que s'ils ne pouvaient pas choisir leur condition de vie, ils choisiraient leur condition de mort.
J'étais un ami proche d'Alina Margolis-Edelman, qui faisait partie de la résistance armée lors du soulèvement du ghetto de Varsovie pendant la Seconde Guerre mondiale. Son mari, Marek Edelman, était le commandant adjoint du soulèvement et le seul leader à avoir survécu à la guerre. Les nazis avaient enfermé 400 000 Juifs polonais dans le ghetto de Varsovie. Les Juifs enfermés ont péri par milliers, victimes de la famine, de la maladie et de la violence aveugle. Lorsque les nazis ont commencé à transporter les Juifs restants vers les camps d'extermination, les résistants se sont battus. Aucun n'espérait survivre.
Après la guerre, Edelman a condamné le sionisme en tant qu'idéologie raciste utilisée pour justifier le vol des terres palestiniennes. Il s'est rangé du côté des Palestiniens, a soutenu leur résistance armée et a rencontré fréquemment les dirigeants palestiniens. Il a tonné contre l'appropriation par Israël de l'Holocauste pour justifier la répression du peuple palestinien. Alors qu'Israël se nourrit de la mythologie du soulèvement des ghettos, il traite comme un paria le seul dirigeant survivant de ce soulèvement, qui a refusé de quitter la Pologne. Edelman a compris que la leçon de l'Holocauste et du soulèvement des ghettos n'était pas que les Juifs sont moralement supérieurs ou qu'ils sont d'éternelles victimes. L'histoire, disait Edelman, appartient à tout le monde. Les opprimés, y compris les Palestiniens, ont le droit de lutter pour l'égalité, la dignité et la liberté.
"Être juif signifie être toujours du côté des opprimés et jamais du côté des oppresseurs", a déclaré Edelman.
Le soulèvement de Varsovie inspire depuis longtemps les Palestiniens. Les représentants de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont l'habitude de déposer une gerbe lors de la commémoration annuelle du soulèvement en Pologne, au monument du ghetto de Varsovie.
Plus le colonisateur déploie de violence pour soumettre l'occupé, plus il se transforme en monstre. Le gouvernement actuel d'Israël est truffé d'extrémistes juifs, de fanatiques sionistes et de bigots religieux qui démantèlent la démocratie israélienne et appellent à l'expulsion ou à l'assassinat en masse des Palestiniens, y compris ceux qui vivent à l'intérieur d'Israël.
Le philosophe israélien Yeshayahu Leibowitz, qu'Isiah Berlin appelait "la conscience d'Israël", a averti que si Israël ne séparait pas l'Église et l'État, il donnerait naissance à un rabbinat corrompu qui transformerait le judaïsme en un culte fasciste.
"Le nationalisme religieux est à la religion ce que le national-socialisme était au socialisme", a déclaré Leibowitz, décédé en 1994.
Il a compris que la vénération aveugle de l'armée, en particulier après la guerre de 1967 qui a pris le Sinaï égyptien, Gaza, la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est) et les hauteurs du Golan syrien, était dangereuse et mènerait à la destruction finale d'Israël, ainsi qu'à tout espoir de démocratie.
"Notre situation se détériorera jusqu'à devenir celle d'un second Vietnam, d'une guerre en constante escalade sans perspective de résolution finale", a-t-il averti.
Il prévoyait que "les Arabes seraient les travailleurs et les Juifs les administrateurs, les inspecteurs, les fonctionnaires et la police - principalement la police secrète". Un État gouvernant une population hostile de 1,5 à 2 millions d'étrangers deviendrait nécessairement un État à police secrète, avec tout ce que cela implique pour l'éducation, la liberté d'expression et les institutions démocratiques. La corruption caractéristique de tout régime colonial prévaudrait également dans l'État d'Israël. L'administration devrait d'une part réprimer l'insurrection arabe et, d'autre part, se doter d'agents arabes. Il existe également de bonnes raisons de craindre que les forces de défense israéliennes, qui ont été jusqu'à présent une armée populaire, dégénèrent du fait de leur transformation en armée d'occupation, et que leurs commandants, qui seront devenus des gouverneurs militaires, ressemblent à leurs collègues d'autres nations".
Il estimait qu'une occupation prolongée des Palestiniens engendrerait inévitablement des "camps de concentration".
"Israël ne mériterait pas d'exister et il ne vaudrait pas la peine de le préserver", disait-il.
La prochaine étape de cette lutte sera une campagne massive de massacres à une échelle industrielle à Gaza par Israël, campagne qui a d'ores et déjà commencé. Israël est convaincu qu'un niveau de violence plus élevé finira par écraser les aspirations palestiniennes. Israël se trompe. La terreur qu'Israël inflige est celle qu'il obtiendra.
NOTE DE CHRIS HEDGES AUX LECTEURS DE SCHEERPOST : Il ne me reste plus aucun moyen de continuer à écrire une chronique hebdomadaire pour ScheerPost et de produire mon émission de télévision hebdomadaire sans votre aide. Les murs se referment, avec une rapidité surprenante, sur le journalisme indépendant , les élites, y compris celles du Parti démocrate, réclamant de plus en plus de censure. Bob Scheer, qui dirige ScheerPost avec un budget restreint, et moi-même ne faiblirons pas dans notre engagement en faveur d'un journalisme indépendant et honnête, et nous ne placerons jamais ScheerPost derrière un mur payant, ne facturerons jamais d'abonnement, ne vendrons pas vos données ni n'accepterons de publicité. Je vous remercie, si vous le pouvez, de vous inscrire sur chrishedges.substack.com afin que je puisse continuer à publier ma chronique désormais hebdomadaire du lundi sur le ScheerPost et à produire mon émission de télévision hebdomadaire, The Chris Hedges Report.
◾️ ◾️ ◾️
4- ♟ Soulèvement en Palestine
✒️ Par Tariq Ali, le 7 octobre 2023, New Left Review
📌 En décembre 1987, une nouvelle intifada a éclaté en Palestine, ébranlant Israël ainsi que les élites du monde arabe. Quelques semaines plus tard, le grand poète syrien Nizar Qabbani écrivait The Trilogy of the Children of Stones (La trilogie des enfants des pierres), dans laquelle il dénonçait l'ancienne génération de dirigeants palestiniens, aujourd'hui représentée par la (Non-)Autorité palestinienne, corrompue et collaborationniste. Cette trilogie a été chantée et récitée dans de nombreux cafés palestiniens :
Les enfants des pierres ont éparpillé nos écrits répandu de l'encre sur nos vêtements se sont moqués de la banalité des textes anciens...
Ô enfants de Gaza Ne faites pas attention à nos diffusions Ne nous écoutez pas Nous sommes le peuple du calcul rationnel De l'addition, de la soustraction Faites vos guerres et laissez-nous tranquilles Nous sommes morts et sans tombes Des orphelins sans yeux.
Enfants de Gaza Ne vous référez pas à nos écrits Ne soyez pas comme nous. Nous sommes vos idoles Ne nous vénérez pas.
O peuple fou de Gaza, Mille salutations aux fous L'âge de la raison politique est depuis longtemps révolu Alors apprenez-nous la folie...
Depuis lors, le peuple palestinien a essayé toutes les méthodes pour parvenir à une forme d'autodétermination significative. On leur a dit : "Renoncez à la violence". C'est ce qu'ils ont fait, à l'exception de quelques représailles après une atrocité israélienne. Parmi les Palestiniens du pays et de la diaspora, le boycott, le désinvestissement et les sanctions ont bénéficié d'un soutien massif : C'est ce qu'ils ont fait, à l'exception de quelques représailles après une atrocité israélienne. Parmi les Palestiniens du pays et de la diaspora, le boycott, le désinvestissement et les sanctions ont bénéficié d'un soutien massif : un mouvement pacifique par excellence, qui a commencé à gagner du terrain dans le monde entier parmi les artistes, les universitaires, les syndicats et, occasionnellement, les gouvernements. Les États-Unis et leur famille de l'OTAN ont réagi en essayant de criminaliser le BDS en Europe et en Amérique du Nord, prétendant, avec l'aide des groupes de pression sionistes, que le boycott d'Israël était "antisémite". Cette démarche s'est avérée largement efficace. En Grande-Bretagne, le parti travailliste de Keir Starmer a interdit toute mention d'"apartheid israélien" lors de sa future conférence nationale. La gauche travailliste, effrayée à l'idée d'être exclue, est restée silencieuse sur cette question. Une situation désolante. Entre-temps, la plupart des États arabes ont rejoint la Turquie et l'Égypte dans leur capitulation devant Washington. L'Arabie saoudite est actuellement en négociation, avec la médiation de la Maison Blanche, pour reconnaître officiellement Israël. L'isolement international du peuple palestinien semble devoir s'accentuer. La résistance pacifique n'a mené nulle part.
Pendant tout ce temps, les Forces de défense israéliennes ont attaqué et tué des Palestiniens à loisir, tandis que les gouvernements israéliens successifs se sont efforcés de saboter tout espoir de création d'un État. Récemment, une poignée d'anciens généraux de l'armée israélienne et d'agents du Mossad ont admis que ce qui est fait en Palestine équivaut à des "crimes de guerre". Mais ils n'ont eu le courage de prononcer ces paroles qu'après avoir pris leur retraite. Alors qu'ils étaient encore en service, ils ont pleinement soutenu les colons fascistes dans les territoires occupés, les voyant brûler des maisons, détruire des plantations d'oliviers, déverser du ciment dans des puits, attaquer des Palestiniens et les chasser de leurs habitations en scandant "Mort aux Arabes". Tout comme les dirigeants occidentaux, qui ont laissé tout cela se dérouler sans un murmure. L'âge de la raison politique était depuis longtemps révolu, comme le dirait Qabbani.
Puis, un jour, les dirigeants élus de Gaza se mettent à riposter. Ils sortent de leur prison à ciel ouvert et traversent la frontière sud d'Israël, frappant des cibles militaires et des populations de colons. Les Palestiniens font soudain la une des journaux internationaux. Les journalistes occidentaux sont choqués et horrifiés par leur résistance. Mais pourquoi ne le feraient-ils pas ? Ils savent mieux que quiconque que le gouvernement d'extrême droite d'Israël, soutenu par les États-Unis et l'Union européenne, qui fait la fine bouche, ripostera violemment. Mais même ainsi, ils refusent de rester les bras croisés pendant que Netanyahou et les criminels de son cabinet expulsent ou tuent progressivement la plupart de leurs concitoyens. Ils savent que les éléments fascistes de l'État israélien n'auraient aucun scrupule à approuver l'assassinat massif d'Arabes. Et ils savent qu'il faut s'y opposer par tous les moyens nécessaires. En début d'année, les Palestiniens ont observé les manifestations à Tel-Aviv et ont compris que ceux qui défilaient pour "défendre les droits civils" ne se souciaient pas des droits de leurs voisins occupés. Ils ont décidé de prendre les choses en main.
Les Palestiniens ont-ils le droit de résister à l'agression permanente dont ils font l'objet ? Absolument. Il n'y a pas d'équivalence morale, politique ou militaire entre les deux parties. Israël est un État nucléaire, armé jusqu'aux dents par les États-Unis. Son existence n'est pas menacée. Les Palestiniens, leurs terres et leurs vies le sont. La civilisation occidentale semble disposée à attendre leur extermination. Les Palestiniens, eux, se soulèvent contre les colonisateurs.
Tariq Ali est un historien, écrivain et commentateur politique britannique, d'origine pakistanaise. Il est l'auteur d'un grand nombre d'ouvrages, en particulier sur l'Asie du Sud, le Moyen-Orient, l'histoire de l'Islam, l'empire américain et la résistance politique.
Il est membre du comité de rédaction de la New Left Review, et contribue régulièrement à The Guardian, CounterPunch et à la London Review of Books. Il est directeur éditorial de la maison d'édition londonienne Verso.
📰 https://newleftreview.org/sidecar/posts/uprising-in-palestine
◾️ ◾️ ◾️
5- ♟ Israël-Palestine : 11 distorsions sur Gaza et le Hamas que les médias vous racontent aujourd'hui
Le journalisme d'entreprise - en particulier aux États-Unis et au Brésil - affiche un parti pris pro-israélien et anti-palestinien. Avec l'opération "Tempête al-Aqsa" du Hamas, les distorsions se multiplient.
✒️ Par Andrew Fishman, le 8 octobre 2023, The Intercept
📌 "Mon Dieu, c'est comme l'intervention militaire dans les favelas de Rio, mais en bien pire". C'est ce que Cecília Olliveira, de The Intercept, n'a cessé de répéter, horrifiée, alors que nous traversions les points de contrôle militaires israéliens et les rues encagées d'Hébron, la ville dystopique la plus grande de Cisjordanie, en Palestine.
Les colons religieux israéliens - souvent nés à l'étranger, dans des pays comme les États-Unis - s'installent maison par maison, centimètre par centimètre, pour tenter d'étrangler et de déraciner la société palestinienne d'Hébron et de s'emparer de la ville sainte. C'est leur "droit divin", affirment-ils. Le droit international et les organisations de défense des droits de l'homme telles qu'Amnesty International, Human Rights Watch et B'Tselem utilisent un vocabulaire différent : occupation illégale, apartheid et crimes contre l'humanité, entre autres.
La réalité ségréguée et militarisée de la ville est choquante pour tout observateur extérieur, mais les conditions sont bien meilleures que celles des Palestiniens vivant à Gaza, considérée par les organisations de défense des droits de l'homme comme la prison à ciel ouvert la plus grande et la plus surpeuplée de la planète, avec ses 2 millions d'habitants.
Samedi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait des déclarations ouvertement génocidaires : "Nous allons transformer Gaza en île déserte. Aux citoyens de Gaza, je dis : vous devez partir sur-le-champ. Nous attaquerons chaque recoin de la bande". Évacuer ou être bombardé - à ceci près que les habitants de Gaza n'ont nulle part où s'enfuir.
Le ministre de la sécurité nationale qui aidera Netanyahou à tenir cette promesse n'est autre qu'Itamar Ben-Gvir, un colon extrémiste condamné par un tribunal israélien pour soutien à une organisation terroriste et incitation au racisme à l'encontre des Palestiniens en 2007.
Au cours d'une succession d'attaques militaires contre des zones civiles densément peuplées ces dernières années, Israël a bombardé les usines de traitement des eaux, les centrales électriques, les hôpitaux et les écoles de Gaza, fermé ses frontières et ses ports, interdit l'exploitation d'un aéroport et détruit au moins un tiers des terres agricoles de Gaza depuis 2000, date à laquelle il a évacué les colonies israéliennes illégales installées dans la région. Samedi, Israël a procédé à un nouveau bombardement de Gaza, la huitième attaque majeure depuis 2005.
La cause immédiate est une opération violente sans précédent perpétrée par la branche militante du Hamas, le parti politique qui dirige Gaza depuis les dernières élections de 2006 et qui bénéficie du soutien de la population palestinienne. Cette attaque, baptisée "Opération Tempête al-Aqsa", s'inscrit dans le contexte d'une série d'actions provocatrices très agressives menées par le gouvernement israélien au cours des derniers mois - généralement passées sous silence par les médias - qui s'ajoutent à 75 ans d'occupation et 16 ans d'embargo rigoureux sur la bande de Gaza.
Les observateurs internationaux, les dirigeants palestiniens et les sondages d'opinion palestiniens signalent depuis fort longtemps qu'une réponse violente à l'agression israélienne est imminente, mais les dirigeants israéliens d'extrême droite n'ont jamais imaginé qu'un coup d'État d'une telle ampleur était possible.
À ce jour, plus de 413 Palestiniens et 700 Israéliens ont été tués. On compte encore plus de 2 300 blessés de part et d'autre.
Après avoir ignoré les attaques quotidiennes contre les Palestiniens, le monde entier a désormais les yeux rivés sur la tragédie qui se déroule en Palestine et en Israël. Et, comme on peut s'y attendre, les médias et les réseaux sociaux ressassent les mêmes distorsions, mensonges et demi-vérités que d'habitude pour légitimer la violence israélienne et condamner la résistance palestinienne à la colonisation.
Voici une sélection des récits médiatiques les plus répandus et les plus pernicieux, tant aux États-Unis et au Royaume-Uni qu'au Brésil, où la presse d'entreprise reflète largement le point de vue des États-Unis sur les affaires internationales.
1. Le "conflit israélo-palestinien" est une "guerre"
Qualifier l'occupation israélienne de la Palestine de "conflit" ou les attaques israéliennes de "guerre" sert à créer une fausse équivalence entre les deux parties, comme si elles étaient sur un pied d'égalité et équilibrées.
Israël est une nation indépendante qui investit 120 milliards de reais (soit plus de 22 milliards d'euros) par an dans ses forces militaires et de renseignement, qui comptent parmi les plus sophistiquées au monde. Le pays contrôle les frontières, le ciel, les côtes maritimes, les télécommunications et l'économie de la Palestine, dont le gouvernement jouit d'une autonomie extrêmement limitée. Depuis des années, la résistance armée palestinienne a intégré dans son arsenal couteaux, feux d'artifice, explosifs artisanaux et parapentes. Les Palestiniens ne disposent ni de chars, ni d'avions, ni de navires de guerre, ni de sous-marins, ni d'artillerie lourde. Ces dernières années, ils ont reçu davantage d'aide militaire étrangère, mais celle-ci reste dérisoire comparée à la puissance de l'armée israélienne.
Israël n'est pas en "guerre" ou en "conflit" avec le Hamas ou la nation palestinienne - c'est une force d'occupation coloniale illégale faisant usage de sa puissante armée pour commettre quotidiennement des crimes contre l'humanité afin de réprimer les Palestiniens, un peuple qui résiste à sa colonisation raciste.
2. Israël est une "démocratie occidentale"
Si l'on fait abstraction d'une série de décisions politiques et juridiques autoritaires prises ces dernières années, Israël organise des élections régulières, dispose d'un parlement, d'une Cour suprême, d'une presse relativement libre et de toutes les institutions d'une démocratie. Mais une chose essentielle manque : les 5 millions de Palestiniens sous occupation israélienne n'ont pas le droit de vote. Si toutes les personnes soumises à l'autorité israélienne avaient ce droit, la majorité serait palestinienne et la politique israélienne totalement différente. Si l'on inclut les millions de réfugiés palestiniens qui se trouvent à l'extérieur du pays et souhaiteraient retourner sur leur terre d'origine, le tableau devient encore plus clair.
En outre, la majorité électorale sioniste a adopté une série de lois discriminatoires visant à limiter les droits des citoyens non juifs d'Israël. Telles sont les principales raisons pour lesquelles de nombreux observateurs internationaux ne considèrent pas Israël comme une véritable démocratie.
Bien que nous sachions que ce n'est pas le cas dans la pratique, nous attendons en principe des démocraties occidentales qu'elles fassent au moins semblant de respecter les droits de l'homme. Or cela fait des années qu'Israël ne fait plus semblant de les respecter.
3. Aucune mention du mot "apartheid"
Les Nations Unies , Amnesty International , Human Rights Watch et de nombreuses autres organisations et universitaires de renom ont qualifié Israël d'État colonial pratiquant l'apartheid. Cela signifie que l'État pratique la discrimination raciale systémique et la ségrégation de manière inhumaine pour opprimer certaines populations. Les preuves sont accablantes : c'est la réalité pour les citoyens palestiniens d'Israël et, plus encore, pour les sujets coloniaux palestiniens dans les territoires occupés.
Ce fait, contesté par les autorités israéliennes et souvent ignoré ou nuancé par la presse, est un élément important de la revendication palestinienne à la justice et à l'autodétermination et est crucial pour démontrer pourquoi la résistance palestinienne est une lutte de libération légitime et pas juste un terrorisme irrationnel sur fond d'antisémitisme, comme ils voudraient vous le faire croire.
4. "Israël a répondu à l'agression palestinienne" (la Palestine étant systématiquement l'agresseur)
Les attaques israéliennes contre les civils palestiniens - qui constituent des crimes de guerre - sont presque toujours présentées comme des réponses aux provocations palestiniennes, ce qui revient à faire porter le chapeau aux Palestiniens colonisés. Cette présentation par une grande partie de la presse contribue à atténuer la culpabilité israélienne et constitue le plus souvent une délimitation arbitraire ignorant les provocations criminelles israéliennes à l'encontre des Palestiniens - souvent menées en sachant pertinemment que ces actes entraîneront une réponse belliqueuse.
Rien ne fédère mieux les sociétés qu'une menace commune et, à plusieurs reprises dans le passé, les dirigeants israéliens ont été accusés de provoquer intentionnellement des réactions violentes afin d'accroître la cohésion politique et de gagner le soutien de l'opinion publique.
Le Hamas déclare explicitement que ses actions d'aujourd'hui visent à attirer l'attention de la communauté internationale sur le sort du peuple palestinien. "Nous voulons que la communauté internationale mette fin aux atrocités perpétrées à Gaza, contre le peuple palestinien et nos lieux saints tels qu'al-Aqsa. Toutes ces choses sont à l'origine du début de ce combat", a déclaré Khaled Qadomi, porte-parole du Hamas, à Al Jazeera.
Israël est actuellement dirigé par le gouvernement de droite le plus extrême de son histoire et connaît de graves troubles politiques, notamment des manifestations historiques ayant attiré des millions de citoyens dans les rues pour protester contre de nouvelles réformes autoritaires qui réduisent le pouvoir du système judiciaire. Ce gouvernement extrémiste provoque agressivement les tensions avec les Palestiniens depuis des mois et les dirigeants palestiniens ont averti la communauté internationale que ces provocations entraînaient une escalade qui conduirait à une nouvelle escalade.
En juillet dernier, Israël a envahi Jénine, l'un des plus grands camps de réfugiés de Cisjordanie, tuant 12 personnes et détruisant 80 % des maisons après avoir "terrassé" les rues à l'aide de bulldozers. Un ministre du gouvernement a publiquement déclaré que "le peuple palestinien n'existe pas" et, après un massacre perpétré par des colons israéliens dans le village palestinien de Huwara, que le site devrait être "rayé de la carte" par l'État.
Les provocations israéliennes sont trop nombreuses pour être énumérées, mais nombre d'entre elles se sont concentrées sur la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, le troisième site le plus sacré de l'Islam. La mosquée et ses environs été le théâtre d’actes de violence répétés et incessants de la part des forces de sécurité israéliennes et des colons juifs ultra-orthodoxes, scandant souvent "mort aux Arabes".
"Les attaques quotidiennes contre les lieux saints et les fidèles pendant le mois sacré du ramadan sont des actes répréhensibles et inacceptables qui enflammeront la région et l'entraîneront dans l'abîme", a expliqué en avril dernier un porte-parole de l'Organisation de libération de la Palestine, qui représente le peuple palestinien à l'échelon international. Les provocations se poursuivent et, il y a trois jours, des juifs ultra-orthodoxes ont pris d'assaut les abords de la mosquée - une infraction grave et intentionnelle - avec l'aide des forces de sécurité israéliennes.
Récemment, Israël a également réduit les droits des prisonniers palestiniens, ce qui a conduit à une grève de la faim de centaines de prisonniers et à une manifestation à Gaza, où les soldats israéliens ont tué un manifestant et en ont blessé neuf autres. Plus de 5 000 Palestiniens sont emprisonnés par Israël, dont de nombreux dirigeants politiques élus, à l'instar de Marwan Barghouti, héros populaire de la résistance palestinienne.
Tout cela s'ajoute à 75 ans d'occupation, à un embargo de 16 ans sur Gaza et au rationnement des produits de base - de l'eau à la nourriture en passant par les fournitures médicales - qui étrangle délibérément l'économie locale.
5. Israël a le droit de se défendre ( la Palestine non)
Israël, ses alliés tels que les gouvernements américain et allemand, ainsi que les médias grand public, tendent à répéter la même phrase juste avant qu'Israël ne bombarde des zones civiles : "Israël a le droit absolu de se défendre". C'est ce qu'a déclaré samedi le Premier ministre britannique Rishi Sunak.
Le fait que les nations puissent et doivent défendre leur souveraineté est universellement accepté, mais ce concept ne s'applique pas aux actions offensives, ni aux attaques contre les civils. La presse continue de présenter les attaques israéliennes contre les Palestiniens comme des actes de guerre légitimes "de représailles" et "défensifs", comme si toutes les attaques israéliennes lancées étaient "absolument" justifiées, même si elles ciblent des civils.
Si la violence était considérée dans son contexte global, elle serait plus probablement perçue comme des actes de violence agressifs visant à démoraliser et à réprimer un peuple colonisé, voire à recourir à la punition collective, ce qui, en vertu du droit international, constitue un crime de guerre.
Alors qu'Israël est toujours présenté (à tort) comme défensif, le Hamas est présenté comme belligérant et son "droit absolu à se défendre" n'est donc même pas discuté. Lorsque la question est soulevée, la réponse habituelle consiste à qualifier le Hamas de force terroriste et à expliquer comment ses opérations affectent les civils israéliens - des arguments qui seraient affaiblis s'ils n'étaient pas appliqués de manière unilatérale.
En théorie, puisque Israël est responsable de l'acte d'agression initial - l'occupation - et constitue la force d'occupation avec une supériorité militaire écrasante, ce pays devrait être considéré comme le provocateur et faire l'objet de plus d'accusations qu'un mouvement de guérilla de résistance anticoloniale. En réalité, la presse grand public s'accorde à dire le contraire.
6. Le Hamas est une organisation terroriste (mais pas Israël)
Le gouvernement américain a qualifié le Hamas d'organisation terroriste en 1997 et fournit à Israël des milliards de dollars d'aide chaque année.
Selon l'ONU, avant l'opération Tempête al-Aqsa, les forces israéliennes ont tué plus de 6 300 Palestiniens depuis 2008, dont plus de la moitié étaient des civils, et en ont blessé 150 000 autres. Les Palestiniens ont tué 308 Israéliens - dont 131 civils - et en ont blessé 6 307 autres.
Il a été démontré à maintes reprises qu'Israël prenait délibérément pour cible des civils, détenait des enfants à l'isolement pendant de longues périodes, torturait des prisonniers détenus sans inculpation, protégeait les colons lors du pillage des villages palestiniens, démolissait des maisons, rationnait l'eau en deçà des besoins quotidiens minimums fixés par l'Organisation mondiale de la santé, et bien d'autres choses encore. Human Rights Watch est allé jusqu'à qualifier les actions d'Israël de "crimes contre l'humanité".
Il s'agit là d'une liste très incomplète du terrorisme quotidien de l'État israélien.
Il est clair que deux poids, deux mesures sont de mise et que la qualification de "terroriste" est essentielle, d'un point de vue rhétorique, pour couvrir comme il se doit les atrocités commises par Israël.
Nous devrions tous être horrifiés par le terrorisme. Ainsi, condamner les actes de la partie faible tout en donnant aux colonisateurs un sauf-conduit, en minimisant leurs crimes ou, pire, en leur apportant un soutien financier, politique et rhétorique, ne sert qu'à perpétuer la situation et encourager d'autres actes de terreur.
7. Toute attaque palestinienne contre Israël est un acte de terrorisme
Les conventions internationales sur les droits de l'homme ont affirmé à maintes reprises le droit des peuples colonisés et occupés à résister à leur colonisation.
De multiples résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies "réaffirment la légitimité de la lutte des peuples pour l'indépendance, l'intégrité territoriale, l'unité nationale et la libération de la domination coloniale, de l'apartheid et de l'occupation étrangère par tous les moyens disponibles, y compris la lutte armée".
Les résolutions de l'ONU stipulent aussi explicitement que "le déni des droits inaliénables du peuple palestinien à l'autodétermination, à la souveraineté, à l'indépendance et au retour en Palestine [...], ainsi que [la reconnaissance de] l'agression israélienne répétée contre la population de la région, constituent une grave menace pour la paix et la sécurité internationales".
Les conventions de Genève protègent les individus qui "luttent contre la domination coloniale et l'occupation étrangère ou contre des régimes racistes dans l'exercice de leur droit à l'autodétermination", ce qui constitue une reconnaissance de la légitimité de ces luttes armées.
Ces mêmes conventions n'autorisent pas les attaques contre les civils, ce qui inclut les colons illégaux lourdement armés ou les réservistes militaires - la majorité de la population israélienne adulte - qui ne participent pas activement au combat.
8. "C'est une question très complexe"
Telle est la tactique rhétorique favorite des sionistes libéraux qui ne veulent pas défendre ouvertement les crimes de guerre et des personnes effrayées à l'idée de prendre une position morale impopulaire. Bien sûr, de nombreux détails, faits et nuances entrent en ligne de compte.
Mais l'image globale est encore plus claire : Israël est une nation coloniale qui a volé la terre palestinienne sous la menace des armes, perpétrant un nettoyage ethnique qui se poursuit encore aujourd'hui. Il s'agit donc d'un gouvernement immoral, génocidaire, terroriste et illégitime, et la résistance palestinienne est justifiée en vertu du droit international et des conventions morales.
Les réfugiés palestiniens du monde entier ont le droit de rentrer chez eux. La communauté internationale doit agir pour forcer Israël à accepter une solution juste et empêcher l'effusion de sang innocent et le nettoyage ethnique. L'existence d'un État ethno-religieux est en contradiction avec toutes les valeurs libérales et démocratiques modernes.
9. "La solution à deux États"
Pendant des années, la solution politique privilégiée à l'occupation israélienne de la Palestine a été la solution dite "à deux États", dans laquelle la Palestine historique serait divisée en deux États vivant côte à côte, l'un à prédominance juive, l'autre à prédominance non juive. Cela signifierait la fin de l'occupation et la possibilité d'une paix durable.
Les détails d'une telle résolution ont été longuement négociés et les deux parties ont été très proches d'un accord dans les années 1990, mais cette opportunité a pris fin lorsqu'un terroriste israélien d'extrême droite a assassiné le Premier ministre israélien Yitzkah Rabin en 1995. Depuis lors, l'establishment politique israélien s'est encore déplacé vers la droite et Israël a occupé illégalement de vastes zones de la Cisjordanie, rendant de fait tout accord impossible. Aujourd'hui, les trois quarts des Palestiniens estiment qu'une solution à deux États n'est plus possible.
La seule option possible à l'heure actuelle est celle d'un seul État. Et si cela devait se produire aujourd'hui, les Juifs seraient minoritaires, de sorte que les sionistes préfèrent désormais maintenir le statu quo d'un État unique avec des territoires occupés et l'apartheid, et n'envisageraient pas une solution démocratique d'un seul État où les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza jouiraient de droits politiques à part entière.
Ceux qui discutent encore de la possibilité d'une solution à deux États gagnent essentiellement du temps pour maintenir le statu quo, alors qu'Israël accroît son occupation territoriale illégale et tente de dépasser les Palestiniens en termes de population grâce à la politique du retour, à l'augmentation de l'immigration et aux taux de natalité élevés encouragés par les communautés religieuses fondamentalistes.
10. La critique d'Israël est "antisémite"
Pendant de nombreuses années, toute critique d'Israël a été qualifiée d'antisémite. C'est particulièrement vrai aux États-Unis, où de nombreux journalistes ont été licenciés pour avoir fait des commentaires factuels qui n'étaient pas suffisamment pro-israéliens. L'autocensure extrême sur le sujet dans les salles de rédaction américaines est devenue la norme - une réalité dont j'ai personnellement fait l'expérience.
Si, bien entendu, les antisémites peuvent critiquer Israël et les critiques à l'égard d'Israël peuvent être formulées de manière antisémite, cette corrélation n'est souvent pas présente.
Ironiquement, l'accusation selon laquelle l'opposition à Israël est intrinsèquement antisémite est elle-même un concept antisémite, car elle regroupe une identité ethno-religieuse diverse en une seule position politique. C'est aussi fallacieux et offensant que de dire que tous les musulmans sont des terroristes parce que ISIS est "islamique", un sentiment islamophobe cultivé dans cette société courtoise par certaines des mêmes personnes qui soutiennent que toute critique d'Israël est antisémite.
L'utilisation de cet argument cynique par les défenseurs d'un État raciste d'apartheid a effectivement pour effet d'accroître l'antisémitisme dans le monde en disant aux non-Juifs que tous les Juifs sont pareils et soutiennent les politiques terroristes du gouvernement israélien sioniste. Parmi les Juifs non israéliens, en particulier les plus jeunes, le soutien au sionisme et à Israël s'effondre d'année en année, ce qui inquiète le gouvernement.
Critiquer Israël n'est pas antisémite.
11. Israël est un phare de valeurs progressistes dans un océan d'ennemis islamiques régressifs
Israël est une nation de colons dans laquelle un mouvement idéologique de Juifs sionistes, principalement originaires d'Europe et d'Amérique du Nord, a entrepris d'établir une "patrie" pour le peuple juif - leur Sion. L'État a été fondé après les horreurs de l'Holocauste, mais le mouvement de colonisation l'a précédé d'un demi-siècle.
Pour créer cet État, les Juifs sionistes ont quitté d'autres pays et ont systématiquement assassiné les Palestiniens qui y vivaient, bien avant que le mot "sionisme" ne soit prononcé. Ils ont également créé des lois comportant des dizaines de types de discrimination légale à l'encontre des Palestiniens, dans le but de les forcer à quitter le territoire et à avoir moins d'enfants afin que les Juifs sionistes puissent devenir la population majoritaire.
Les Palestiniens vivent sous un régime d'apartheid ethno-religieux depuis que les milices paramilitaires terroristes juives ont déferlé sur la Palestine historique le 15 mai 1948. Ce que les Israéliens considèrent comme leur déclaration d'indépendance, les Palestiniens l'appellent la Nakba - "la Catastrophe". Au moins 750 000 Palestiniens, dont des musulmans et des chrétiens, ont été contraints de fuir leurs maisons alors que des forces déterminées à établir un "État juif" occupaient 78 % de la région où de nombreux groupes ethniques, de diverses religions, avaient cohabité pendant des milliers d'années.
Environ 530 villes et villages palestiniens ont été attaqués et au moins 15 000 Palestiniens tués lors de la Nakba. Au cours des actions militaires et paramilitaires qui ont suivi, Israël a occupé toujours plus de terres, établissant des colonies militarisées peuplées de fanatiques religieux nés dans diverses parties du monde et n'ayant aucune intention de céder un pouce de ces terres, car ils considèrent leur occupation comme une prophétie biblique.
Il sera d'ailleurs très difficile de déloger ces fanatiques religieux, car le gouvernement israélien, de plus en plus prégnant et extrémiste, dispose d'un stock d'armes nucléaires et bénéficie d'un soutien constant de la part du gouvernement américain.
Andrew Fishman est président d'Intercept Brasil, une société qu'il a cofondée en 2016 et où il a été rédacteur en chef jusqu'à fin 2020. Il a travaillé au North American Intercept en tant que journaliste de 2013 à 2022. Ses reportages se sont concentrés sur la sécurité, la technologie, les droits de l'homme, le Brésil et les documents divulgués par Edward Snowden. Il faisait partie de l'équipe qui a remporté le prix Vladimir Herzog pour avoir révélé des détails secrets sur les relations de l'opération Lava Jato avec le gouvernement des États-Unis. Son travail a également été publié sur National Public Radio, Al Jazeera, Jacobin, Agência Pública, Todo Notícias et d'autres médias. Il vit à Rio de Janeiro.
Chaque jour, des millions de Brésiliens sont concernés par le travail de The Intercept. Nos rapports ont déjà été utilisés dans des projets de loi, ont permis de punir des agresseurs et ont été utilisés pour demander des comptes à de grandes entreprises. Nous avons dérangé des juges corrompus, des accapareurs de terres, des compagnies minières, des politiciens et des généraux.
Ce journalisme qui s'attaque aux puissants n'est possible que parce qu'il est directement financé par des citoyens comme vous. The Intercept a récemment perdu d'importantes ressources et nous ne résistons que parce que nous avons des milliers de sympathisants. Malgré cela, nous sommes soutenus par moins de 1 % de nos lecteurs. Imaginez ce qui pourrait être fait si 1 % de tous ceux qui sont concernés par notre travail nous aidait aujourd'hui ?
The Intercept ne propose pas d'abonnements ni de publicités. Votre don est le soutien dont nous avons besoin pour révéler les histoires qui doivent vraiment être rapportées.
Un journalisme indépendant avec des perspectives uniques. The Intercept est financé par ses lecteurs, et non par des publicités ou des hommes d'affaires. Si vous appréciez ce type d'information, devenez membre dès aujourd'hui.
📰 https://www.intercept.com.br/2023/10/08/israel-palestina-jornalismo-comete-erros-gaza-hamas/
◾️ ◾️ ◾️
♟ Les archives d'État d'Israël révèlent une longue et sordide histoire avec les extrémistes antisémites en Europe
✒️ Par Jessica Buxbaum, le 4 octobre 2023, MintPress News
📌 Dans toute l'Europe, le populisme d'extrême droite est en plein essor. Des partis de droite aux racines néo-fascistes siègent au sein de coalitions gouvernementales ou voient leur nombre de sièges parlementaires augmenter. Pourtant, les craintes d'une montée de l'antisémitisme en Europe n'ont pas empêché Israël de s'engager auprès des extrémistes européens - une politique de cet État avant même sa création.
En août, l'ambassadeur d'Israël en Roumanie, Reuven Azar, a rencontré le chef du parti d'extrême droite Alliance pour l'union des Roumains (AUR), George Simion, suscitant l'indignation en Israël et dans la diaspora juive. Le gouvernement israélien boycotte depuis longtemps ce parti en raison de son antisémitisme et de sa rhétorique négationniste, mais la rencontre de l'ambassadeur a semblé inverser cette politique.
Le ministre israélien des affaires étrangères, Eli Cohen, a chargé Azar et le chef des colons, Yossi Dagan, de rencontrer le chef du parti AUR. Le ministère israélien des Affaires étrangères n'a pas répondu aux demandes de commentaires de MintPress News sur cette entrevue. Outre cette réunion controversée, Cohen a rencontré le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères italien, Antonio Tajani, en juillet, en insistant sur le renforcement des relations entre les deux pays. Cette évolution intervient alors que Giorgia Meloni, leader du parti néo-fasciste des Frères d'Italie, a prêté serment en tant que premier ministre en 2022. La nouvelle coalition est considérée comme la plus à l'extrême droite de l'Italie depuis la Seconde Guerre mondiale.
Alors que les médias et les experts politiques dénoncent le ministère israélien des affaires étrangères pour ce qu'ils perçoivent comme un changement de politique, Israël a une longue histoire de soutien aux régimes fascistes et aux politiciens de droite à l'étranger.
La longue et sordide histoire d'Israël avec l'extrême droite européenne
Les relations d'Israël avec l'extrême droite datent d'avant la création de l'État. Des groupes militants sionistes comme l'Irgoun, le Betar et le Lehi (qui ont tous influencé le parti Likoud du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou) ont été impliqués dans des mouvements fascistes. Le Lehi a tenté de s'allier au Troisième Reich en 1941, tandis que le Betar et l'Irgoun ont reçu le soutien du dictateur italien Benito Mussolini.
Lors d'une conversation privée avec Nahum Goldman, fondateur du Congrès juif mondial, en novembre 1934, Mussolini a exprimé son admiration pour Ze'ev Jabotinsky, fondateur du Betar et de l'Irgoun, en disant à Goldman :
"Pour que le sionisme réussisse, il faut un État juif avec un drapeau juif et une langue juive. La personne qui comprend cela est votre fasciste, Jabotinsky".
L'admiration était réciproque, d'autres dirigeants sionistes comme Itamar Ben-Avi louant les actions de Mussolini.
En outre, Jabotinsky, reconnu comme le fondateur du sionisme révisionniste, a créé l'Académie navale Betar en Italie sous le règne de Mussolini, où de nombreux futurs commandants de la marine israélienne ont été formés. Plusieurs des cadets étaient connus pour leur soutien à la politique de Mussolini.
"Israël est en réalité ancré dans le fascisme. Ce pays donne l'illusion de représenter le peuple juif, alors qu'en réalité, c'est le sionisme qui définit les actions d'Israël", a déclaré le journaliste américano-palestinien Ramzy Baroud à MintPress News.
Ce qui n'était au départ qu'une appréciation mutuelle s'est rapidement transformé en une coopération gouvernementale officielle. Selon de nombreux documents déclassifiés des archives d'État israéliennes, les ministères israéliens se sont associés à des dictateurs pendant des décennies.
Par exemple, le ministre israélien des affaires étrangères, Yigal Allon, a rencontré son homologue et dictateur roumain Nicolae Ceausescu en 1975 pour discuter d'accords bilatéraux. Le ministre roumain du tourisme s'est rendu en Israël en 1984 pour envisager de futurs partenariats entre les deux pays.
Plusieurs premiers ministres israéliens, dont Golda Meir et Menachem Begin, ont effectué des visites officielles en Roumanie dans les années 1970 et 1980, sous le règne de Ceausescu. Ces rencontres se sont poursuivies bien qu'Israël ait eu connaissance du régime oppressif de Ceausescu et de ses convictions antisémites.
En plus d'entretenir des relations chaleureuses avec les tyrans européens, les gouvernements israéliens ont contribué aux efforts de nettoyage ethnique pendant la guerre de Bosnie et aux crimes azerbaïdjanais en cours contre les Arméniens dans la région du Haut-Karabakh par le biais d'exportations d'armes. Bien qu'il ait été parfaitement informé de l'existence de camps de concentration serbes pour les musulmans bosniaques, le gouvernement du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin a continué d'exporter des armes vers la Serbie dans les années 1990.
Aujourd'hui, Israël est lié au bataillon Azov d'Ukraine, une milice néo-nazie. Le groupe a été formé après l'occupation russe de la Crimée en 2014 et a finalement été absorbé par les forces armées ukrainiennes. Le groupe est accusé de crimes de guerre par les Nations unies, et son bras paramilitaire, le National Corps, est associée à des attaques contre les Roms locaux et la communauté LGBTQ. Malgré les affirmations contraires, le bataillon Azov utilise toujours le symbole du Wollfsangel dans son uniforme, un logo largement utilisé dans l'Allemagne nazie et qui reste populaire auprès des néo-nazis aujourd'hui. Selon de nombreux rapports, le bataillon Azov a utilisé des armes fabriquées par de grandes entreprises d'armement israéliennes telles que Rafael et Israel Weapon Industries.
Dans une tentative de blanchir l'image de la brigade, un officier du bataillon Azov, Illia Samoilenko, s'est rendu en Israël dans le cadre d'une tournée publicitaire organisée par le groupe militant local "Israel Friends of Ukraine" en décembre. Au cours de son voyage, Samoilenko a rencontré Naama Lazimi, membre du parti travailliste au parlement israélien.
Au-delà de l'Europe, Israël a soutenu des régimes autoritaires en Afrique, en Asie, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Ces relations impliquent souvent des contrats d'armement, comme la vente d'armes et la prestation d'une formation militaire au Chili pendant le règne du dictateur Augusto Pinochet, de 1973 à 1991. Israël a également vendu des armes aux régimes militaires de la Bolivie et du Guatemala dans les années 1970 et 1980. À cette époque, le Guatemala a perpétré un génocide à l'encontre d'environ 200 000 indigènes majoritaires. Des armes israéliennes ont également été utilisées dans le génocide rwandais et continuent de l'être dans le génocide en cours au Myanmar contre le peuple Rohingya.
Nouer des liens avec les extrémistes
Le parti roumain AUR n'est pas le premier parti politique européen d'extrême droite à nouer des liens avec des représentants du gouvernement israélien. Gianfranco Fini, l'ancien dirigeant du défunt Mouvement social italien néofasciste, qui a ensuite été rebaptisé Alliance nationale, s'est rendu en Israël en 2003. Son parti est issu du parti fasciste antisémite de Mussolini. Au cours de son voyage, Fini a rencontré le président israélien de l'époque, Moshe Katsav, le premier ministre de l'époque, Ariel Sharon, le ministre des affaires étrangères de l'époque, Silvan Shalom, et l'ex-premier ministre, Shimon Peres.
Avec la récente montée en puissance politique du parti d'extrême droite allemand Alternative pour l'Allemagne (AfD), les dirigeants du parti ont cherché à établir des liens avec Israël pour renforcer leur légitimité. En 2003, des législateurs de l'AfD ont visité Yad Vashem, le musée commémoratif de l'Holocauste en Israël, et les archives de l'Holocauste à Jérusalem. En 2019 , une délégation de l'AfD s'est rendue dans des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée et a rencontré Daniella Weiss, une activiste favorable aux colons.
Rafi Eitan, ancien membre du cabinet israélien et ancien agent du Mossad, a fait l'éloge de l'AfD en 2018, déclarant dans un message vidéo adressé au groupe sur Facebook : "Nous tous en Israël apprécions votre attitude à l'égard du judaïsme. Je suis certain qu'avec un travail acharné et, plus important encore, avec du réalisme, vous pourriez représenter non pas 'une alternative pour l'Allemagne', mais une alternative pour toute l'Europe". Il a par la suite regrettés ses propos.
Bien qu'antisémites, ces partis considèrent Israël, l'autoproclamé "État juif", comme un partenaire stratégique dans la poursuite de leurs politiques racistes. Comme l'a expliqué Eitay Mack, avocat israélien spécialisé dans les droits de l'homme, à MintPress News,
"D'un côté, ils ont des convictions antisémites, mais de l'autre, ils considèrent que l'État israélien partage des valeurs dans la lutte contre l'islam radical et les immigrants d'Afrique et d'ailleurs".
Et ce processus de réflexion va dans les deux sens. Bien que les détails de la réunion entre l'ambassadeur Reuven, Dagan et Simion n'aient pas été révélés, les analystes supposent que son objectif était d'encourager la Roumanie à déplacer son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem et de recueillir le soutien des activités de colonisation israéliennes en Cisjordanie occupée. Cette démarche s'inscrit dans la lignée des intérêts israéliens passés lorsqu'il s'agit de s'engager avec des régimes autoritaires. Par exemple, les archives nationales israéliennes des années 1980 décrivent les efforts de lobbying déployés par le ministère des affaires étrangères au Salvador pour inciter le pays à transférer son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem. Dans les télégrammes de 1982 des ambassadeurs israéliens au Salvador, les fonctionnaires racontent comment ils ont rencontré Roberto D'Aubuisson, fondateur et dirigeant du parti d'extrême droite ARENA, lié à la violence généralisée des escadrons de la mort dans le pays. À la suite de ces rencontres, le Salvador a transféré son ambassade à Jérusalem en 1983.
L'activiste israélo-américain Miko Peled a expliqué que si la rencontre avec le parti antisémite AUR nuit temporairement à l'image internationale d'Israël, l'État donnera la priorité à son agenda à long terme avant toute chose, déclarant à MintPress News :
"Si Israël pense que cela va servir ses intérêts, et si Israël pense que ce politicien précis va monter au pouvoir un jour, et qu'il sera dans l'intérêt d'Israël d'avoir de bonnes relations avec lui, alors ils ignoreront l'antisémitisme".
Les liens entre les régimes extrémistes européens et Israël sont souvent passés inaperçus, mais Mack explique que ces relations sont de plus en plus sous les feux de la rampe, étant donné que l'extrême droite européenne se normalise sur la scène mondiale en rejoignant des coalitions gouvernementales ou en obtenant davantage de sièges parlementaires.
"Dans le passé, ces relations se déroulaient en coulisses, mais dans le dernier gouvernement de Netanyahou, elles sont devenues plus publiques, plus cérémonielles", a déclaré Mack.
Ces dernières années, Netanyahou a noué des alliances avec les dirigeants conservateurs européens, en particulier au sein du groupe de Visegrad, qui comprend la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. Parmi ses amis d'extrême droite figurent Janez Jansa, l'ancien Premier ministre populiste de droite de la Slovénie, et Matteo Salvini, l'ancien ministre de l'intérieur italien xénophobe.
Les experts considèrent que ces liens sont un moyen pour Netanyahou de faire pression sur l'Union européenne, qui se montre de plus en plus critique à l'égard des violations des droits de l'homme commises par Israël à l'encontre des Palestiniens. Netanyahou a même implicitement déclaré cette intention avant de s'envoler pour un sommet en Lituanie en 2018,
"Je souhaite également équilibrer l'attitude pas toujours amicale de l'Union européenne à l'égard d'Israël afin que nous recevions un traitement plus juste et plus sincère. Je le fais par le biais de contacts avec des blocs de pays au sein de l'Union européenne, des pays d'Europe de l'Est, [et] à présent avec les pays baltes, ainsi que, bien sûr, avec d'autres nations."
Pas seulement l'extrême droite
Bien qu'Israël soit insidieusement lié aux partis d'extrême droite du monde entier depuis des décennies, Mack affirme que ce n'est pas à cela qu'il faut prêter attention, a-t-il précisé à MintPress News,
"On se concentre trop sur les relations avec l'extrême droite et pas sur celles avec le centre, les partis de gauche et les partis conservateurs en Europe, parce qu'ils critiquent les colonies, mais ils n'ont pas une politique différente de celle des partis d'extrême droite concernant les colonies"
Mack a souligné que, pas plus tard que ce mois-ci, le ministre israélien des affaires étrangères, Cohen, a rencontré son homologue norvégienne, Anniken Heitfeldt, membre du parti travailliste norvégien, qui fait actuellement partie de la coalition gouvernementale du pays.
Selon sa dernière déclaration à la Securities and Exchange Commission, le fonds souverain norvégien, propriété de l'État, détient des part dans 70 entreprises israéliennes pour une valeur de plusieurs milliards d'euros. Les dix plus gros investissements du fonds dans des entreprises israéliennes valent 1,8 milliard de dollars. Plusieurs de ces entreprises opèrent dans des colonies israéliennes.
Bien que la loi norvégienne interdise la vente d'armes norvégiennes à des pays en guerre ou menacés de guerre (comme Israël), des armes fabriquées en Norvège sont utilisées par Israël. En effet, la loi ne s'applique qu'aux armes à feu produites en Norvège, alors que les entreprises d'armement norvégiennes basées dans d'autres pays sont exemptées de cette obligation.
Le gouvernement norvégien a également pris des mesures pro-israéliennes par le passé, notamment en choisissant d'ignorer la base de données des Nations unies sur les entreprises complices des activités de colonisation israéliennes afin qu'une société de tourisme puisse continuer à opérer dans le pays, et en réduisant l'aide à la Palestine en raison de l'incitation présumée dans les manuels scolaires de l'Autorité palestinienne.
"Ces syndicats sont beaucoup plus radicalisés que les partis politiques eux-mêmes.
Ainsi, l'extrême droite européenne soutiendra les colonies et peut-être le transfert de l'ambassade à Jérusalem. Mais ce sont les partis traditionnels et de centre-gauche qui empêchent les sanctions à l'encontre d'Israël. Ils sont les principaux soutiens de l'apartheid israélien", a indiqué Mack à MintPress News, à propos des relations entre la Norvège et Israël.
Jessica Buxbaum est une journaliste de MintPress News, basée à Jérusalem, qui couvre la Palestine, Israël et la Syrie. Son travail a été publié dans Middle East Eye, The New Arab et Gulf News.
📰 https://www.mintpressnews.com/israel-long-supported-europe-anti-semitic-extremists/285906/
◾️ ◾️ ◾️