👁🗨 Moi, Lepa Radic, jeune Yougoslave de 17 ans, pendue pour avoir combattu les nazis & Czeslawa Kwoka, 14 ans, morte à Auschwitz - Pour ne jamais oublier de quoi l'"être humain" est capable ...
Wilhelm Brasse a été le témoin oculaire de toutes les horreurs cauchemardesques d'Auschwitz. Il a capturé la peur brute sur les visages des prisonniers et l'a préservée pour l'éternité
Voilà, je suis comme ça, je tombe sur un article concernant le destin tragique de Lepa Radic, posté sur Twitter le 19 décembre, date à laquelle cette dernière aurait peut-être pu fêter son 97ème anniversaire et ma curiosité exacerbée m’a inévitablement entraînée dans des recherches sur le même thème… Mais vous commencez à me connaître.
👁🗨 Lepa Radic : Héroïne de la Seconde Guerre mondiale pendue à 17 ans pour avoir combattu le régime nazi
✒️ Par Milica Jaric, le 30 mai 2022, ToughNova
📌 Symbole d'un jeune sens de la justice, Lepa Radic est morte aux mains des nazis. Bien qu'ils lui aient volé sa vie, ils ne lui ont pas pour autant ravi son esprit. Mais qui était Lepa Radic et comment cette jeune fille de 17 ans est-elle devenue un symbole de la résistance à l'agression ?
Lors de la Seconde Guerre mondiale, la Yougoslavie a subi une terrible tragédie, puisque près de deux millions de personnes ont été torturées et tuées par les nazis et leurs complices. Les Allemands n'étaient pas les seuls : le peuple yougoslave a été confronté au fascisme de l'Italie, de la Bulgarie et même de formations paramilitaires internes.
La Yougoslavie n'existe plus. Mais la légende d'une adolescente courageuse, Lepa Radic, perdure.
Lepa Radic a grandi dans la pauvreté, mais elle a toujours été vive et enthousiaste.
Lepa Radić est née le 19 décembre 1925 dans le petit village de Gašnica, près de Bosanska Gradiška. Elle a terminé l'école primaire dans la ville voisine de Bistrica avant de poursuivre sa scolarité à Bosanska Gradiska en compagnie de sa sœur aînée Dara.
La famille de Lepa était déchirée par la misère. Lepa vivait avec sa sœur et son grand-père, un prêtre orthodoxe, son jeune frère avec ses parents.
Lepa Radic excellait à l'école, et ses camarades de classe et ses professeurs se souvenaient d'elle comme d'une fille drôle, insouciante et épanouie malgré les circonstances difficiles.
Elle collectait de l'argent pour les plus démunis sans se plaindre de sa propre condition. Lepa aimait la poésie et, abstraction faite de son refus de l'injustice, c'était une enfant heureuse.
La Seconde Guerre mondiale s'est abattue sur la Yougoslavie deux ans après son déclenchement en 1939. Le roi a fui le pays, et le parti communiste a mobilisé les citoyens, afin que le pays ne tombe pas aux mains des nazis.
Les partisans comptaient parmi les guerriers, les défenseurs de leur pays, de leurs foyers et de tous ceux qui s'opposaient à la volonté politique des nazis et à leur oppression. Son oncle en faisait partie et Lepa Radic adhérait à tout ce que le parti communiste représentait à l'époque.
En avril 1941, Belgrade, la capitale yougoslave, a été bombardée sans pitié. Il était temps pour les partisans de revendiquer et de protéger les innocents.
Lepa Radic au milieu de la Yougoslavie déchirée par la guerre.
Alors qu'elle était assise devant chez elle, occupée à lire, Lepa a remarqué des soldats allemands hurlant et les pointant du doigt. Désemparés, ils ont cru qu'elle les saluait.
Mais au contraire, ce fut un signal lui signifiant de rejoindre la résistance serbe ainsi que les Partisans.
Comprendre comment la Seconde Guerre mondiale s'est déroulée en Yougoslavie est assez complexe. D'un côté, il y avait les Partisans, dirigés par le parti communiste. De l'autre, les Chetniks, également opposés aux forces nazies mais œuvrant pour le roi exilé.
Pour couronner le tout, il existait également le régime de l'Ustasha. Il était composé de fascistes croates et d'organisations ultranationalistes, bien que tous les fascistes ne fussent pas croates.
Là encore, pour comprendre cette division, il est nécessaire de se plonger dans l'histoire de la Yougoslavie. L'Empire ottoman a dominé les Serbes pendant 500 ans. Les Croates ont vécu principalement sous l'empire hongrois. La création d'un front uni, d'un seul pays, a été, rétrospectivement, un désastre. Mais, en 1941, la seule chose que les habitants de la Yougoslavie avaient en tête était de survivre.
Lepa Radic a rejoint les Partisans, et en juillet, ils ont organisé l'un des nombreux soulèvements contre les Nazis. Toute la famille Radic prenait part au mouvement, et en novembre 1941, ils furent emprisonnés par les Ustashe.
Lepa s'est retrouvée dans une cellule avec sa soeur, Dara, alors âgée de 17 ans, sa mère, son jeune frère, sa tante et sa petite fille de 3 ans, Milica.
Les partisans les ont aidés à sortir de la prison en décembre, mais Lepa et Dara ne sont pas rentrées chez elles, elles se sont préparées au combat.
La bataille de Kozara
Cette bataille ne fut pas la plus importante de la seconde guerre mondiale. Mais elle a été marquante pour le mouvement de résistance qui, malgré son infériorité numérique et son manque d'armes, y a vu un moyen de pousser encore plus loin.
Kozara est une zone montagneuse du nord-ouest de la Bosnie. D'un côté se trouvaient les Partisans serbes. De l'autre, les Nazis, les Ustashe, et la Hongrie.
Les puissances de l'Axe ont perdu 7 000 personnes, tandis que les Partisans en ont perdu 25 000, pour la plupart des volontaires, et parmi eux, un grand nombre d'enfants, de femmes et de personnes qui n'avaient jamais tenu une arme dans leurs mains.
Lepa Radic n'a pas péri dans cette bataille. Elle a continué à oeuvrer au sein du parti communiste et des partisans en 1942, et grâce à sa compassion, elle était très appréciée de ses pairs.
Lepa a perdu son père et son oncle à Kozara. Son jeune frère Milan a été capturé et placé dans le camp de concentration de Jasenovac, un camp nazi horrible "où la violence individuelle d'un type particulièrement brutal était monnaie courante".
Son jeune frère est mort à Jasenovac trois ans après son arrestation en 1942, à une époque où il était clair que les nazis et leurs alliés avaient perdu face aux partisans et au mouvement de résistance.
Lepa Radic et sa tentative de sauver des réfugiés
Malgré les nombreuses victimes, Lepa a poursuivi son combat avec d'autres membres de sa famille.
Elle voyageait, rassemblait les personnes, les mettait en contact avec d'autres partisans, qui les aidaient ensuite à se rendre en lieu sûr.
Des milliers de volontaires se sont rassemblés pour s'entraider et, malgré ce que l'on peut voir aujourd'hui, il ne s'agissait pas de leur appartenance à un parti. Il était question de liberté, de résistance à l'occupation et de ne pas se plier aux exigences imposées par les nazis.
Les femmes, auparavant cantonnées au rôle d'épouses et de mères, portaient des armes, sachant qu'à chaque instant, elles pouvaient mourir. Mais ce combat dépassait leur propre vie, et Lepa Radic en était consciente.
En janvier 1943, cette courageuse adolescente a entrepris d'aider 150 réfugiés, pour la plupart des personnes âgées et des enfants, à trouver un abri pour échapper à l'Axe.
Elle était leur chef, leur salut, et comme d'autres en ont témoigné plus tard, sa bravoure ne connaissait aucune limite. Alors que les bombes pleuvaient depuis le ciel, elle ne se souciait nullement de sa propre sécurité. Au contraire, Lepa s'efforçait de faire en sorte que les autres se sentent suffisamment forts pour poursuivre leur voyage.
Certains allaient périr sous les balles ennemies. D'autres sous les bombes, et certains ne pourraient pas supporter le froid. Les hivers glacials de Bosnie ont emporté de nombreuses vies, mais Lepa Radid a tout fait pour maintenir le moral des troupes.
Le groupe a commencé à se réduire, et ils se sont installés à Grmec. Lepa Radic guidera désormais 150 femmes et enfants pour les mener en lieu sûr.
En février 1943, l'Axe l'a capturée, et au lieu de supplier pour sa propre vie, elle a hurlé de ne pas tuer les réfugiés mais de la tuer à leur place.
La pendaison de Lepa Radic
Après avoir été arrêtée, Lepa Radis a été torturée trois jours durant. Les Allemands cherchaient à lui extorquer des informations, mais Lepa n'a rien lâché.
Pour comprendre son état d'esprit, il est utile de savoir que quelques heures avant sa capture, elle allait combattre les nazis à mains nues. Elle avait conscience du caractère suicidaire de cette mission, mais tant de vies dépendaient d'elle, aussi a-t-elle accompli ce qu'une adolescente ne devrait jamais être amenée à faire.
La dernière fois que Lepa Radic s'est présentée devant le public, elle se trouvait dans le barrage entre le tunnel et la gare de Bosanska Krupa. Elle a été amené à la potence construite à la hâte et sous les yeux d'un public. Lepa s'est vu offrir la grâce en échange de la révélation des noms de ses camarades partisans.
Elle s'est exprimée ainsi :
"Je ne suis pas une traîtresse envers mon peuple. Ceux que vous demandez se dévoileront lorsqu'ils auront réussi à anéantir tous les démons jusqu'au dernier."
"Je serai tuée, mais certains me vengeront !"
Et c'est ainsi que, le 8 février 1943, Lepa Svetozara Radic a été pendue.
Elle a été élevée au rang de héros national en 1951. La photo de ses derniers instants a été retrouvée dans le sac du nazi qui l'a pendue après qu'il soit mort à Zagreb. La vidéo a été trouvée sur un soldat nazi, bien que l'on ne sache pas si c'est le même qui détenait les photos.
Lepa Radic dans la culture populaire
En 2020, Ice Cube a tweeté une photo de Lepa Radic avec la corde autour du cou. Les internautes étaient perplexes, mais rapidement, d'autres ont expliqué qui était cette fille et son histoire.
Lepa Radic n'avait que 17 ans lorsqu'elle est morte en combattant non pas pour son pays, mais pour son peuple, contre les nazis et leurs exactions.
La Yougoslavie est devenue libre en 1945. Lepa Radic n'était pas la seule jeune femme à avoir perdu la vie à cause de la barbarie de certains, de leur désir d'envahir et de détruire.
En serbe, Lepa signifie "belle", et ce mot sied parfaitement à cette adolescente, car son esprit inébranlable et son combat pour la liberté étaient précisément cela : beaux, inspirants et courageux.
Son histoire a inspiré de nombreux livres et a été reprise dans plusieurs films. Bien qu'elle ait été tuée il y a près de huit décennies, Lepa Radic est un nom qui ne doit pas être oublié ou ignoré. Si Lepa Radic est une source d'inspiration pour tout un chacun, les forces du mal ne pourront jamais triompher.
L'héritage de Lepa Radić, cependant, perdure. L'exécution a été capturée dans une série de photographies obsédantes et elle a reçu à titre posthume l'Ordre du héros national par le gouvernement yougoslave le 20 décembre 1951.
NOTE : Le peuple yougoslave a écrit un hymne en son honneur
📰 https://thoughtnova.com/lepa-radic-wwii-hero-who-died-at-17-while-fighting-against-the-nazi-regime
📰 https://allthatsinteresting.com/lepa-radic pour certains passages et photos
👁🗨 Czeslawa Kwoka est morte aux mains des nazis, mais la puissance de son portrait d'Auschwitz perdure
✒️ Par Gina Dimuro, le 20 novembre 2021, allthatsinteresting.com
📌 Les nazis ont peut-être assassiné Czeslawa Kwoka, 14 ans, à Auschwitz. Mais ils n'ont pas pu faire disparaître le pouvoir obsédant de sa photo prise avant sa mort.
L'Holocauste s'est produit à une si grande échelle que nous sommes pratiquement incapables d'en saisir toute l'ampleur. La lecture des mots "6 millions de vies" fait certainement froid dans le dos (sans parler des millions d'autres personnes tuées), mais c'est une telle quantité qu'elle en devient abstraite. Il est donc difficile de saisir la dimension humaine de cette grande tragédie, d'associer un visage à chaque chiffre.
Czeslawa Kwoka fait partie des 116 000 Polonais déportés de leurs petits villages à la suite de l'invasion allemande en 1939. Ces villageois, principalement des fermiers catholiques, ont été arrachés à leurs maisons pour faire de la place aux Allemands dont les nazis imaginaient qu'ils viendraient bientôt peupler la région.
On sait très peu de choses sur la vie de Kwoka avant cette date. Si ce n'est que Czeslawa Kwoka est née dans le petit village de Wolka Zlojecka, dans le sud-est de la Pologne, le 15 août 1928, et que sa mère et elle ont été déportées de Zamosc, en Pologne, à Auschwitz le 13 décembre 1942.
Mais pour les nazis, Czeslawa Kwoka n'était que la prisonnière 26947. Elle figurait également sur la photo.
Connus pour leur efficacité impitoyable et leur bureaucratie meurtrière, les Allemands photographiaient et cataloguaient les prisonniers qui passaient par les camps de la mort pour leurs propres archives. Sur la photo de Kwoka, l'effroi émanant de son expression a transcendé le noir et blanc de ce cliché et reste percutant des décennies plus tard. Sa terreur est palpable, traduisant toutes les horreurs de l'Holocauste sans mots ni mouvements.
La jeune adolescente de 14 ans que l'on voit sur cette photo obsédante est morte trois mois après le cliché. Elle faisait partie des 230 000 enfants d'Auschwitz, où l'espérance de vie ne dépassait pas quelques mois.
On ne sait pas comment elle a été tuée, par les travaux forcés, l'épuisement, les expériences horribles ou l'une des innombrables autres méthodes de meurtre dont disposaient les nazis.
Si nous ne pouvons pas savoir exactement ce qui s'est passé après cette photo, nous sommes en mesure de connaître ce qui s'est passé juste avant, grâce aux souvenirs du photographe Wilhelm Brasse. Polonais déporté à Auschwitz par les nazis, Brasse a été contraint de photographier entre 40 000 et 50 000 prisonniers du camp, dont Czeslawa Kwoka.
Il se souvient très bien d'avoir pris sa photo, se remémorant comment la jeune fille terrifiée a été amenée avec les autres, incapable de comprendre ce qui se passait autour d'elle :
"Alors cette femme Kapo (une surveillante de prisonniers) a pris un bâton et l'a frappée au visage. Cette Allemande ne faisait que passer sa colère sur la jeune fille. Une si belle jeune fille, si innocente. Elle a pleuré mais n'a rien pu faire. Avant que la photo ne soit prise, elle a séché ses larmes et le sang qui coulait de la coupure sur sa lèvre. Pour vous dire la vérité, j'ai eu l'impression d'être moi-même battu, mais je ne pouvais pas intervenir. Cela m'aurait été fatal. Vous ne pouviez rien dire."
Le sang de la coupure sur la lèvre de Czeslawa Kwoka est encore visible sur la photographie prise par Brasse.
En tant que photographe du camp, Brasse a été le témoin oculaire de toutes les horreurs cauchemardesques d'Auschwitz. Il a capturé la peur brute sur les visages des prisonniers et l'a préservée pour l'éternité.
Même après que Brasse ait été envoyé dans un autre camp de concentration et finalement libéré par les forces américaines en 1945, il s'est débattu avec les fantômes des dizaines de milliers de victimes qu'il a photographiées pendant des années. Il a fini par renoncer à la photographie.
"Quand j'ai recommencé à prendre des photos, explique-t-il, je voyais les morts. J'étais debout en train de photographier une jeune fille pour son portrait, mais derrière elle, je les voyais, tels des fantômes, debout. Je voyais tous ces grands yeux, terrifiés, qui me fixaient. Je ne pouvais plus continuer."
Ces fantômes continuent de vivre grâce à des personnes comme Brasse, qui ont préservé les clichés malgré tous les efforts déployés par les nazis pour les détruire.
Après avoir compris que la guerre était perdue, les Allemands ont essayé de se débarrasser de toutes les preuves des horreurs qu'ils avaient perpétrées, une mesure qui incluait l'incinération des cartes d'identité des victimes. Mais Brasse et quelques autres ont réussi à dissimuler les négatifs, préservant ainsi les visages des victimes de ces abus inimaginables.
La photographie de Czeslawa Kwoka fait partie de celles que Brasse a réussi à sauver. Ce jeune visage frêle, saisi par la peur, reste un rappel saisissant des horreurs accablantes du génocide et de la guerre, de toutes ces vies qui se sont éteintes avant même d'avoir vraiment commencé.
📰 https://allthatsinteresting.com/czeslawa-kwoka
👁🗨 Ces photos de l'Holocauste qui révèlent une tragédie déchirante à peine évoquée dans les livres d'histoire
✒️ Par John Kuroski, le 23 janvier 2017, allthatsinteresting.com
📌 Ces photos de l'Holocauste révèlent ce à quoi ressemblait la plus grande tragédie de l'histoire pour ceux qui l'ont vécue personnellement.
Le 19 janvier 1942, Szlama Ber Winer s'est échappé. Au cours du transport du camp d'extermination nazi de Chełmno vers le sous-camp de Rzuchów, ce prisonnier polonais de 30 ans s'est glissé hors du camion et a gagné la forêt.
De là, Winer s'est rendu jusqu'au ghetto juif de Varsovie, en Pologne, où il a rencontré le groupe clandestin Oneg Shabbat, qui s'était donné pour mission secrète de relater les horreurs que les nazis avaient récemment commencé à perpétrer sur les résidents juifs de leur ville.
À l'époque, bien sûr, le groupe n'avait aucune idée de l'ampleur de ce qui se déroulait vraiment.
Avant que Winer ne s'échappe et ne contacte Oneg Shabbat, la résistance juive dans la Pologne occupée par les nazis, sans parler des autres pays, n'avait reçu que des bribes d'informations sur ce qui se tramait dans les camps récemment construits au cœur des forêts des environs de Varsovie, sans parler de Cracovie, de Lublin et de la majeure partie de la Pologne orientale.
Mais dans ses rapports à Oneg Shabbat, Winer a commencé à combler les lacunes. Il a parlé de déportés juifs, y compris sa propre famille, arrivant en masse à Chełmno, endurant des passages à tabac infligés par des officiers nazis, puis mourant dans des chambres à gaz avant d'être jetés dans des fosses communes - point par point, comme un mécanisme d'horlogerie.
Sous le pseudonyme de Yakov Grojanowski et avec l'aide de Oneg Shabbat, Winer a documenté ce témoignage révélateur dans ce qui allait devenir le rapport Grojanowski, probablement le premier récit de témoin oculaire des programmes d'extermination des nazis à parvenir à franchir les murs des camps et à pénétrer dans les allées du pouvoir en Europe.
Le rapport ne voyagea jamais assez loin.
Alors que Oneg Shabbat a placé un exemplaire entre les mains du gouvernement polonais en exil à Londres et en a publié un autre pour le peuple allemand (dans l'espoir qu'il lui inspire un peu de sympathie pour les Juifs), les conclusions de Winer ne semblent jamais être arrivées sur les bureaux des décideurs, ni en Grande-Bretagne ni aux États-Unis.
Ces deux gouvernements, au nom des puissances alliées, ne publieront leur premier rapport officiel sur les efforts d'extermination des nazis en Europe qu'à la toute fin de 1942. À ce moment-là, Winer était déjà mort depuis six mois, capturé par la Gestapo à Varsovie puis expédié au camp d'extermination de Bełżec peu après son dernier communiqué, le 10 avril.
Au cours des deux ans et demi qui ont suivi, quelque 6 millions de Juifs et au moins 5 millions de Polonais de souche, de prisonniers soviétiques, de Roms, d'homosexuels, de personnes handicapées et d'autres personnes ont rejoint Winer parmi les victimes du plus grand génocide de l'histoire de l'humanité. Il faudra attendre encore deux ou trois décennies pour que la plupart des pays occidentaux acceptent, plus ou moins, de désigner ce génocide comme l'Holocauste.
Et aujourd'hui, grâce en grande partie aux efforts pionniers de personnes comme Szlama Ber Winer et de groupes comme Oneg Shabbat (responsable de l'une des plus riches archives au monde de photos et de documentation de première main sur l'Holocauste), nous pouvons au moins tenter de donner un sens à ce qui demeure probablement l'épisode le plus tragiquement surréaliste de l'histoire.
Grâce aux innombrables photos de l'Holocauste provenant de sources gouvernementales, militaires et civiles (voir la galerie ici : https://allthatsinteresting.com/holocaust-photos ), le monde peut désormais témoigner d'un événement qui ne pourra jamais être oublié. Heureusement, ces photos et d'autres semblables peuvent être vues par beaucoup plus de gens que ne le pourra jamais le rapport essentiel mais trop peu lu de Winer.
📰 https://allthatsinteresting.com/holocaust-photos
👁🗨 Les enfants pendant la Shoah
Article en français à disposition avec le lien ci-dessous
📰 https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/children-during-the-holocaust