♟ L'armée la plus morale du monde, soutenue par les États-Unis & ses vassaux
"Imaginez les + de 11 000 petits corps allongés Il faut 7 minutes pour afficher la liste des milliers d'enfants morts. 7 minutes vous laissant pantois, tellement bouleversés & si profondément honteux"
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"Fermez les yeux & imaginez les plus de 11 000 petits corps allongés. Il faut 7 minutes pour afficher la liste des milliers d'enfants morts ; 7 longues minutes qui vous laissent pantois, tellement bouleversés et si profondément honteux".
- Gidéon Levy, journaliste et écrivain (son dernier livre en date s'intitule The Punishment of Gaza) israélien, membre de la direction du quotidien Haaretz. Une voix solitaire qui, depuis trois décennies, dit à ses lecteurs la vérité sur ce qui se passe dans les territoires occupés. L'homme le plus détesté d'Israël - et peut-être le plus héroïque
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Les gouvernements et une majorité de chaines de télévision, ont décrété que cette tragédie était un dommage collatéral d’une guerre "de légitime défense" qu’Israël mène à la suite des attaques meurtrières du Hamas le 7 octobre.
À cette forme de mépris à l’égard des Palestiniens et du droit international humanitaire se sont ajoutées les contributions sur la plupart des plateaux télévisés, d’intervenants non-spécialistes qui profèrent des inepties et mettent en doute en toute ignorance et arrogance l’ampleur des pertes humaines palestiniennes et la réalité du terrain.
Plus encore, une tribune médiatique a été régulièrement octroyée aux porte-parole de l'armée israélienne pour leur permettre de justifier leurs "opérations".
Ce qui toutefois suscite de l’étonnement, c’est de voir des catégories capables de discernement et politisées, notamment parmi les responsables des institutions universitaires, de recherche, hospitalières et des syndicats de presse, plonger dans une sorte de léthargie et s’exonérer de leur responsabilité morale et citoyenne au regard de la tragédie gazaouie.
Comment s’expliquer en effet que des corps professionnels entiers puissent se murer dans le silence ou évoquer timidement dans un cadre informel, des massacres visant leurs confrères ou consœurs palestiniens ?
La position honteuse de la grande majorité des gouvernements de ces démocraties occidentales sur la destruction de Gaza et de son peuple en 2023 et en 2024 est une plaie ouverte difficile à panser pour des centaines de millions de citoyens et citoyennes de ce monde.
De nouveaux mouvements citoyens et politiques, des réseaux et des coalitions doivent émerger et se fédérer pour porter un nouveau discours universaliste et lutter contre "l’impunité des puissants" et la hiérarchisation des victimes des guerres et des massacres selon leurs affiliations, et selon les lieux où leurs aspirations et espoirs sont assassinés…
- Ziad Majed, politiste franco-libanais, professeur universitaire
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SOMMAIRE :
1 - Israël s'engage à poursuivre l'invasion de Rafah, ne laissant aux Palestiniens aucun endroit où fuir - Anna Lekas Miller
2 - Israël bombarde le bureau d'aide belge à Gaza après que le pays a refusé d'interrompre le financement de l'UNRWA - Jake Johnson
3 - Les États-Unis admettent qu'ils n'ont pas vérifié les affirmations d'Israël concernant l'UNRWA, les médias ignorent cette information - Mitchell Plitnick
4 - Découverte d'un charnier de Palestiniens ligotés et tués froidement "façon exécution" - Leïla Warah
5 - Quatre mois après le coup d'envoi du génocide à Gaza : Le ciblage effroyable des civils et les destructions délibérées menées par Israël se poursuivent - Euro-Med Human Rights Monitor
6 - Le chaos de la destruction des quartiers de Gaza provoqué par la guerre - enquête visuelle - Niels de Hoog , Antonio Voce , Elena Morresi , Manisha Ganguly & Ashley Kirk
7 - Tout ce qui était beau a été détruit : Les Palestiniens pleurent une ville en lambeaux - Kaamil Ahmed
8 - "Au delà de la tragédie" : Le calvaire des femmes enceintes et des accouchements à Gaza - Aseel Mousa
9 - Le grand Gideon Levy du journal israélien Haaretz laisse éclater sa colère : 11.500 enfants ont été tués à Gaza. Une horreur d'une telle ampleur ne s'explique pas - Gideon Levy
10 - Même si vous pensez qu'Israël est le mal, c'est encore bien plus monstrueux que ce que vous pouvez imaginer - Caitlin Johnstone
11 - Gaza, le monde et nous - Ziad Majed
Pour conclure, un article sarcastique vivifiant de Laura K dont la plume, pour ce qui me concerne, me procure un bien fou dans ce monde devenu totalement cinglé.
Qui sont les animaux humains ?…
12 - Israël déclare la guerre à la Belgique en raison de son financement d'une agence d'aide humanitaire, un acte d'autodéfense évident - Laura K
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1- ➤ Jour 119 : Israël s'engage à poursuivre l'invasion de Rafah, ne laissant aux Palestiniens aucun endroit où fuir - Opération "Déluge d'Al-Aqsa"
Le ministre de la défense Yoav Gallant annonce que l'invasion terrestre israélienne se poursuivra jusqu'à Rafah, où 1,9 million de civils sont actuellement réfugiés. Un Palestinien explique à Reuters : "Si les chars débarquent, ce sera un massacre sans précédent".
Par Anna Lekas Miller, le 2 févrioer 2024, Mondoweiss
Victimes
27 131+ morts* et au moins 66 287 blessés dans la bande de Gaza.
112 Palestiniens tués et 148 autres blessés au cours des dernières 24 heures.
Plus de 387 Palestiniens tués en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.
Israël revoit à la baisse son estimation du nombre de morts du 7 octobre, passant de 1 400 à 1 139.
558 soldats israéliens tués depuis le 7 octobre et au moins 3 221 blessés**.
*Ce chiffre a été confirmé par le ministère de la santé de Gaza le 2 février. Certains groupes de défense des droits de l'homme estiment le nombre de morts à plus de 33 000 en tenant compte des personnes présumées mortes.
** Ce chiffre est publié par l'armée israélienne.
Principaux développements
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant : "La victoire ne sera pas complète tant que l'armée ne se sera pas étendue à Rafah".
1,9 million de Palestiniens sont actuellement réfugiés à Rafah, dernier endroit de la bande de Gaza à avoir été déclaré "zone de sécurité". Les Palestiniens craignent un massacre si l'armée israélienne empiète sur leur territoire.
Selon l'UNICEF : 1 million d'enfants de Gaza ont besoin d'un soutien en matière de santé mentale
Pour l'ONU : l'assaut israélien sur Gaza est devenu le conflit le plus meurtrier de l'histoire pour les journalistes.
Info de la Palestinian Prisoners Society : 25 Palestiniens ont été arrêtés la nuit dernière lors d'une série de raids en Cisjordanie. Le nombre de Palestiniens détenus depuis le 7 octobre s'élève désormais à 6 485.
Selon un nouveau sondage, un adulte américain sur deux estime qu'Israël est allé trop loin dans sa guerre contre Gaza.
Le président américain Joe Biden signe un décret imposant des sanctions aux colons israéliens qui commettent des actes de violence portant atteinte à la sécurité en Cisjordanie.
Des Arabes-Américains protestent contre Joe Biden dans le Michigan et lancent la campagne #AbandonBiden sur les médias sociaux afin d'attirer l'attention sur la façon dont le président américain a déçu la communauté arabo-américaine par ses actions à Gaza.
L'OCHA : 372 Palestiniens ont été tués, dont 94 enfants, dans des violences liées au conflit (y compris des attaques de colons extrémistes) à travers la Cisjordanie occupée.
La Belgique a convoqué son ambassadeur après la destruction du bureau de son agence de développement à Gaza.
Les Palestiniens déplacés sont pris au piège alors que le ministre israélien de la défense promet de s'installer à Rafah.
Le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a officiellement déclaré que "la victoire ne sera pas complète tant que l'armée ne se sera pas étendue à Rafah", l'enclave la plus méridionale de la bande de Gaza, qui abrite actuellement environ 1,9 million de Palestiniens.
"La brigade de Khan Younis de l'organisation du Hamas est démantelée, nous allons achever la mission là-bas et poursuivre jusqu'à Rafah", a-t-il écrit dans un message publié sur la plateforme de réseaux sociaux Twitter X.
"La forte pression exercée par les forces sur les cibles du Hamas nous rapproche plus que tout du retour des personnes enlevées. Nous continuerons jusqu'au bout, il n'y a pas d'autre solution".
Alors que la plupart des Palestiniens préféreraient de loin rentrer chez eux plutôt que d'évacuer complètement la bande de Gaza, même ceux qui souhaitent quitter Gaza ne peuvent y parvenir facilement ; le gouvernement égyptien a en effet fermé la frontière, craignant que son ouverture ne compromette la création d'un futur État palestinien.
Par conséquent, les Palestiniens souhaitant quitter la bande de Gaza ne peuvent le faire qu'en soudoyant des "fixeurs" égyptiens ayant des liens avec l'appareil de renseignement, lesquels font actuellement payer aux Palestiniens désespérés jusqu'à 10 000 dollars par tête à titre de "frais de coordination" pour toute personne essayant de quitter la bande de Gaza par le point de passage de Rafah. De nombreux Palestiniens, y compris des Américains d'origine palestinienne qui tentent d'aider leur famille en l'absence de toute aide de l'administration Biden, se tournent vers GoFundMe pour collecter de l'argent afin de couvrir le coût du passage de la frontière.
Fatima, une réfugiée de Gaza, dont la famille a réussi à collecter 20 000 dollars sur GoFundMe pour faire sortir sa mère et ses deux sœurs de Gaza, a déclaré au Daily Beast :
"Les gens figurant sur la liste à Gaza ne sont malheureusement que des riches".
Pour la plupart des Palestiniens ordinaires, cette option est irréalisable et ils redoutent ce qui se passera si les chars israéliens débarquent, alors qu'ils n'ont nulle part où se réfugier.
"La majeure partie de la population de Gaza se trouve à Rafah. Si les chars débarquent, ce sera un massacre comme jamais auparavant au cours de cette guerre", a expliqué Emad, un homme d'affaires de 55 ans, à l'agence de presse Reuters.
Il semble que le seul espoir d'empêcher les chars israéliens de prendre d'assaut Rafah soit un cessez-le-feu, dont le projet est encore à l'étude par le Hamas à la suite de réunions au Caire avec des médiateurs égyptiens et qataris cette semaine. La proposition actuelle impliquerait une cessation des hostilités de 40 jours, permettant à l'aide humanitaire d'entrer dans l'enclave, aux habitants de rentrer chez eux et à tous les otages civils israéliens restants d'être libérés.
"Nous avons reçu la proposition élaborée à Paris, mais nous n'avons encore donné de réponse à aucune des parties.
Nous ne pouvons pas dire que l'étape actuelle des négociations soit nulle et, dans le même temps, nous ne pouvons pas dire que nous sommes parvenus à un accord", a déclaré à Reuters Taher Al-Nono, conseiller média du Hamas.
Toutefois, il existe un désaccord généralisé sur la suite des événements. Israël a déclaré que le Hamas devait être éradiqué avant de retirer ses troupes de Gaza ou de libérer des détenus palestiniens, mais le Hamas refuse de se dissoudre ou de signer un accord tant que l'armée israélienne ne se sera pas retirée. Nombreux sont ceux qui craignent que cette situation n'aboutisse à une impasse prolongée et à une recrudescence de la violence.
Pendant ce temps, alors que le froid s'installe, la crise de l'aide humanitaire à Gaza se poursuit : la pluie inonde les tentes à Rafah, et la nourriture, les fournitures médicales et d'autres aides humanitaires essentielles sont toujours bloquées à la frontière. Les enfants figurent parmi les personnes qui forment de longues files d'attente pour obtenir de la nourriture, et l'UNICEF a averti que la récente décision des États-Unis et de plusieurs autres pays de retirer leur financement à l'UNWRA pourrait encore aggraver la situation.
Selon l'UNICEF, 17 000 enfants ont été séparés de leur famille pendant le conflit, et presque tous ceux de l'enclave nécessitent un soutien psychologique.
"Ils présentent des symptômes tels que des niveaux extrêmement élevés d'anxiété persistante, une perte d'appétit.
Ils ne parviennent pas à trouver le sommeil, ont des crises émotionnelles ou paniquent à chaque bombardement", a déclaré Jonathan Crickx, chef de la communication de l'UNICEF.
Raids en Cisjordanie, sanctions américaines contre les colons, colère des Arabes américains.
Pendant ce temps, les forces israéliennes continuent de mener des raids en Cisjordanie, arrêtant 25 personnes la nuit dernière, ce qui porte à 6 485 le nombre total de Palestiniens détenus depuis le 7 octobre.
Des colons israéliens ont incendié une voiture et attaqué plusieurs maisons à Naplouse la nuit dernière, quelques heures seulement après que le président américain Joe Biden a signé un décret imposant des sanctions à quatre colons israéliens considérés comme s'étant livrés à des attaques violentes menaçant de "saper la sécurité" en Cisjordanie.
Mais il ne s'agit là que d'une fraction de ceux qui ont perpétré des actes de violence. Depuis le 7 octobre, l'OCHA a enregistré 477 attaques de colons israéliens contre des Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qui ont fait 48 victimes palestiniennes.
Si les groupes juifs progressistes des États-Unis ont salué cette annonce, certains analystes, comme Basil Faraj, professeur adjoint à l'université de Birzeit, affirment que c'est "trop peu, trop tard" et qu'il s'agit d'un geste vide de sens pour apaiser les communautés palestinienne et arabo-américaine.
Quoi qu'il en soit, la cote de popularité du président Biden parmi les Arabes-Américains est au plus bas, alors que des Palestiniens et d'autres Arabes-Américains se sont rassemblés dans le Michigan, un État charnière qui, pour beaucoup, est essentiel à la campagne de Joe Biden.
"Rien ne me fera jamais voter pour un président génocidaire. "Je ne suis pas la seule, tout le monde réagit ainsi. L'ensemble de ma communauté arabe ne votera jamais pour cet homme. Certains électeurs ont lancé sur les réseaux sociaux une campagne #AbandonBiden, dont ils espèrent qu'elle prendra de l'ampleur dans les États où se déroulent les élections", a déclaré à Al Jazeera une manifestante qui s'est identifiée comme Hawraa.
Plusieurs autres leaders de la communauté palestino-américaine ont récemment refusé une rencontre avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken pour discuter de la situation humanitaire à Gaza.
"Par où commencer pour essayer de rencontrer quelqu'un que je considère comme le principal responsable de l'assassinat de toute ma famille, et qui a eu quatre mois pour empêcher qu'elle ne soit tuée ?", a déclaré au Huffington Post Tariq Haddad, un cardiologue de Virginie qui a perdu 90 membres de sa famille dans l'assaut israélien contre Gaza.
Chaos régional
L'armée américaine continue de frapper les drones d'Ansar Allah au Yémen et prévoit des frappes de représailles contre des cibles iraniennes en Irak et en Syrie après que trois soldats américains ont été tués par un drone iranien en Jordanie au début de l'année. C'est la première fois que du personnel militaire américain est tué depuis le 7 octobre, et beaucoup craignent que cela ne dégénère en guerre régionale à mesure que de plus en plus de pays s'impliquent.
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2- ➤ Israël bombarde le bureau d'aide belge à Gaza après que le pays a refusé d'interrompre le financement de l'UNRWA
"Voilà le résultat direct de l'impunité que Washington a accordée à Israël", a déclaré un analyste.
Par Jake Johnson, le 2 février 2024, Common Dreams
Les autorités belges ont exprimé leur indignation jeudi après que les forces israéliennes ont apparemment bombardé les bureaux de l'Agence belge de coopération au développement dans la bande de Gaza, attaque qui s'est produite après que la Belgique a refusé de se joindre aux États-Unis et à plus d'une douzaine d'autres pays pour interrompre le financement de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens.
"Les bureaux d'Enabel, l'agence belge de développement à Gaza, ont été bombardés et détruits. Il est inacceptable de prendre pour cible des bâtiments civils", a écrit Hadja Lahbib, ministre belge des affaires étrangères, sur les réseaux sociaux.
Les ministres Lahbib et Caroline Gennez, ministre belge de la coopération au développement et de la politique urbaine, ont publié des photos du bâtiment détruit et ont demandé une réunion avec l'ambassadeur israélien en poste dans le pays pour discuter de l'attaque, qui a eu lieu mercredi.
Jean Van Wetter, PDG d'Enabel, a réagi jeudi en déclarant :
"Nous sommes tous choqués".
"En tant qu'agence gouvernementale travaillant pour le bien commun dans le cadre du droit humanitaire international, nous ne pouvons pas accepter cela", a-t-il ajouté.
Aucun membre du personnel de l'agence n'était censé être présent lorsque les forces israéliennes ont frappé le bâtiment, la Belgique ayant retiré les employés d'Enabel et leurs familles du territoire voici deux semaines.
Une analyse des données satellitaires publiée en début de semaine montre que plus de la moitié des bâtiments de Gaza ont été endommagés ou détruits par les bombardements israéliens sur l'enclave palestinienne, soutenus par les États-Unis, l'une des campagnes de bombardements les plus dévastatrices de l'histoire moderne.
Le moment choisi pour l'attaque de l'immeuble de bureaux belge a fait froncer les sourcils, les observateurs soulignant que la Belgique est l'un des rares pays occidentaux à ne pas avoir suspendu son aide à l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) en réponse à l'allégation d'Israël selon laquelle une douzaine d'employés de l'Office auraient participé aux attaques du 7 octobre.
"La Belgique est l'un des pays occidentaux à avoir refusé de réduire le financement de l'UNRWA. Israël vient donc de bombarder le bureau de l'Agence belge de coopération au développement à Gaza. C'est le résultat direct de l'impunité accordée à Israël par Washington", a écrit Trita Parsi, vice-présidente exécutive du Quincy Institute for Responsible Statecraft, sur les réseaux sociaux.
Seize pays ont interrompu leur soutien financier à l'UNRWA, compromettant ainsi la capacité de l'agence à fournir une aide humanitaire aux habitants de Gaza, de plus en plus menacés par la famine et la maladie. Philippe Lazzarini, commissaire général de l'UNRWA, a déclaré jeudi que l'agence "sera très probablement contrainte de mettre fin" à ses opérations à Gaza et dans toute la région d'ici la fin du mois si le financement n'est pas rétabli.
Le département d'État américain a annoncé sa décision de suspendre le financement de l'UNRWA vendredi dernier, quelques heures seulement après que la Cour internationale de justice a jugé plausible la plainte pour génocide déposée par l'Afrique du Sud contre Israël et a ordonné au gouvernement israélien de garantir l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza.
Interrogé sur le moment choisi par les États-Unis pour suspendre le financement de l'UNRWA, le porte-parole du département d'État, Matthew Miller, a déclaré lors d'un point presse jeudi qu'"il n'y avait aucune crainte" en interne que l'annonce soit perçue comme une réprimande de l'arrêt provisoire de la CIJ.
Le ministre norvégien des affaires étrangères, Espen Barth Eide, dont le pays fait partie de ceux qui ont refusé de suspendre l'aide à l'UNRWA, s'est déclaré jeudi "raisonnablement optimiste" quant au fait qu'au moins certains des pays qui ont interrompu leur financement reviendront sur leur décision dans un avenir proche.
Eide a fait savoir en début de semaine qu'il avait "discuté de la question du financement avec d'autres donateurs" et a exhorté "les autres pays donateurs à réfléchir aux conséquences plus larges d'une réduction de leur financement à l'UNRWA".
"L'UNWRA est une bouée de sauvetage vitale pour 1,5 million de réfugiés à Gaza. Aujourd'hui plus que jamais, l'agence a besoin du soutien de la communauté internationale", a-t-il ajouté.
Jake Johnson est rédacteur en chef et rédacteur pour Common Dreams.
📰 https://www.commondreams.org/news/israel-belgium-unrwa
Note personnelle :
L'Espagne a triplé son financement
La Slovénie a doublé son financement
Le Portugal a ajouté 1 million d'€
L'Irlande, l'Écosse, la Belgique, le Luxembourg et la Norvège maintiennent leur financement.
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3- ➤ Les États-Unis admettent qu'ils n'ont pas vérifié les affirmations d'Israël concernant l'UNRWA, les médias ignorent cette information
Le secrétaire d'État Blinken admet que les États-Unis n'ont pas été en mesure d'enquêter sur les "preuves" présentées par Israël selon lesquelles 13 des 13 000 employés de l'UNRWA à Gaza auraient participé à la journée du 7 octobre. Mais évidemment Biden a quand même cru Israël sur parole.
Par Mitchell Plitnick, le 3 février 2024, Mondoweiss
Dans la dernière démonstration en date de la cruauté sans bornes du président américain Joe Biden et de son ignoble administration, ces derniers ont transformé le maigre filet d'aide que reçoivent les Palestiniens de Gaza en un simple ballon de football politique, avec lequel on joue et qu'on fait tourner tout en mettant en péril le soutien apporté à une population déjà confrontée à la limite de ce qu'un être humain, aussi courageux soit-il, peut endurer.
C'est le dernier épisode de ce qui semble être un cycle sans fin où les États-Unis et Israël s'en prennent à l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à des fins politiques. Au fil des ans, de nombreuses réunions ont eu lieu au Capitole pour dénoncer l'UNRWA et réclamer soit une refonte structurelle complète de l'agence, soit son démantèlement et son intégration dans le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR ou HCR).
L'origine de ces attaques, antérieures au 7 octobre 2023, est la mission spécifique de l'UNRWA, qui consiste à fournir une assistance humanitaire - notamment nourriture, logement, aide médicale et éducation, rôle qui a absorbé la majeure partie de son budget pendant des années - aux réfugiés palestiniens exclusivement. En raison de ce mandat, Israël et ses partisans reprochent à l'UNRWA la définition du terme "réfugié" dans le contexte palestinien, qui inclut non seulement les personnes devenues des réfugiés à la suite des guerres de 1948 et de 1967, mais aussi leurs descendants nés avec le statut de réfugié.
De nombreuses personnes de la droite et du centre pro-israéliens considèrent que la suppression de l'UNRWA permettrait essentiellement à Israël la suppression des réfugiés palestiniens, estimant que l'UNRWA est la seule chose permettant de perpétuer cette définition générationnelle.
Bien sûr, ils ont tort. Le droit international est clair sur ce point, comme le stipulent les Nations unies :
"En vertu du droit international et du principe de l'unité de la famille, les enfants des réfugiés et leurs descendants sont également considérés comme tels jusqu'à ce qu'une solution durable soit trouvée. L'UNRWA et le HCR reconnaissent les descendants comme des réfugiés sur cette base, pratique qui a été largement acceptée par la communauté internationale, y compris par les donateurs et les pays d'accueil des réfugiés. Les réfugiés palestiniens ne se distinguent pas d'autres situations de réfugiés prolongées telles que celles de l'Afghanistan ou de la Somalie, où il y a plusieurs générations de réfugiés, considérées par le HCR comme des réfugiés et soutenues en tant que telles. Les situations de réfugiés prolongées sont le résultat de l'incapacité à trouver des solutions politiques aux crises politiques sous-jacentes".
Il n'y a là aucune ambiguïté, mais cela n'a pas empêché la controverse. L'UNRWA est régulièrement accusé de maintenir les Palestiniens dans leur statut de réfugiés et de ne pas leur donner les moyens d'accéder à un mode de vie indépendant. Il s'agit là d'un élément idéologique clé dans le déni de la responsabilité d'Israël dans la dépossession actuelle des Palestiniens. Cela exonère Israël de toute responsabilité dans la pauvreté et le désespoir que des décennies de dépossession, d'occupation et de siège ont engendrés à Gaza et en Cisjordanie.
Pourtant, alors que les politiciens américains n'hésitent pas à marquer des points en dénonçant l'UNRWA, les Israéliens ont toujours su qu'ils avaient besoin de l'agence, malgré toute leur rhétorique haineuse à son sujet. Pendant des années, Israël a dénigré l'UNRWA sans pitié dans les médias, mais a toujours dit aux États-Unis que ses opérations étaient nécessaires, en particulier à Gaza. Sans l'UNRWA, Israël devrait veiller à ce qu'une catastrophe humanitaire ne se produise pas, c'est pourquoi Israël a besoin de l'agence.
En 2018, enhardi par une administration américaine irréfléchie dirigée par Donald Trump, Netanyahou a soudainement changé cette position et a appelé les États-Unis à réduire considérablement leur soutien à l'UNRWA. Trump s'est empressé de le faire. Lorsque Netanyahou a opéré ce changement soudain, il a surpris et dérangé de nombreux membres de son propre gouvernement en désaccord avec cette décision. La seule mesure positive prise par Joe Biden lors de son entrée en fonction a été de rétablir le financement de l'UNRWA. Mais l'action de Trump a rendu la question du financement de l'UNRWA encore plus politique qu'elle ne l'avait toujours été.
Impossible d'enquêter
Le même vieux scénario semble se répéter, mais cette fois-ci, la politique très tendue de Washington est plus complexe.
Le 26 janvier, des allégations israéliennes contre une douzaine d'employés de l'UNRWA ont fait surface. L'agence a immédiatement licencié neuf d'entre eux et déclaré que deux autres étaient morts, espérant que cette action prompte et préventive empêcherait les États-Unis de prendre des mesures irréfléchies. Néanmoins, les États-Unis ainsi qu'un grand nombre d'autres pays ont immédiatement suspendu le financement de l'UNRWA, en raison des actions de 12 employés sur plus de 30 000, dont 13 000 se trouvent à Gaza.
Il convient de s'arrêter un instant sur ce dernier fait. Douze des 13 000 employés de Gaza sont à l'origine de tout cela, et ce sur la base de preuves n'ayant pas été rendues publiques. On ne s'en rendrait pas compte en lisant la plupart des médias qui, une fois de plus, traitent les allégations israéliennes comme des faits avérés. La réaction des États-Unis ne le laisse pas non plus supposer. Le secrétaire d'État Antony Blinken a déclaré :
"Nous n'avons pas eu la possibilité d'enquêter nous-mêmes [sur ces allégations]. Mais elles sont très, très crédibles".
C'est une déclaration stupéfiante. Israël est tout bonnement cru sur parole et, sur cette base, l'aide à près de deux millions de personnes dont le besoin est le plus criant au monde est suspendue.
Rappelons qu'en octobre 2021, Israël a désigné six organisations palestiniennes comme étant liées à des "groupes terroristes", en faisant spécifiquement référence au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Les "preuves" présentées par Israël étaient si minces que les pays européens les ont rejetées comme étant sans fondement, et même l'administration Biden, qui a soutenu à plusieurs reprises les affirmations israéliennes basées sur zéro preuve qui se sont avérées fausses, n'a pas pu accepter les accusations israéliennes, bien qu'elle ait évité de nommer explicitement la tentative israélienne de tromperie.
Pourtant, aujourd'hui, Israël a présenté un "dossier" qui contient ses arguments contre les douze travailleurs de l'UNRWA. Les preuves réelles n'ont pas été rendues publiques et même les États-Unis, comme indiqué ci-dessus, ont admis qu'ils ne pouvaient pas vérifier les affirmations israéliennes. Mais ils ont néanmoins suspendu le financement de l'UNRWA, entraînant dix-sept autres pays dans leur sillage.
Pas dans l'intérêt immédiat d'Israël
Israël a toutefois constaté que la situation prenait une tournure inquiétante. La suspension du financement permettra encore à l'UNRWA de fonctionner jusqu'en février, laissant ainsi le temps de revenir sur ces décisions. Israël craint que, dans le cas contraire, la situation humanitaire ne devienne si grave que l'Europe et peut-être même les États-Unis ne soient pas en mesure de résister à la pression des populations indignées et soient finalement contraints d'exiger un cessez-le-feu permanent.
Non seulement les efforts humanitaires de l'UNRWA seraient interrompus, mais son infrastructure, utilisée par d'autres groupes pour distribuer l'aide, deviendrait également inopérante. Cela accélèrerait considérablement l'état de crise déjà atteint par la famine, la malnutrition, l'exposition, les infections, les maladies curables, le manque d'eau potable et toutes les autres conditions qui tuent les Palestiniens à une vitesse galopante, mais beaucoup plus discrètement que les bombes et les balles israéliennes.
Craignant d'être contraint de mettre fin à ses opérations militaires, un responsable israélien a déclaré au Times of Israel :
"L'UNRWA est actuellement l'organisation internationale qui joue le rôle le plus important dans l'entrée et l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza, et parce qu'il n'y a pas d'autre solution, Israël ne fait pas pression pour sa fermeture".
Le fonctionnaire israélien a précisé le raisonnement du gouvernement Netanyahu.
"Si l'UNRWA cesse d'opérer sur le terrain, cela pourrait provoquer une catastrophe humanitaire qui obligerait Israël à cesser son combat contre le Hamas. Ce ne serait pas dans l'intérêt d'Israël ni dans celui de ses alliés".
Les États-Unis ont rapidement compris le message. Avant même que le fonctionnaire israélien ne s'adresse au Times of Israel, l'ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a infléchi le ton américain.
"Nous devons examiner l'organisation, comment elle fonctionne à Gaza, comment elle gère son personnel et veiller à ce que ceux qui commettent des actes criminels, comme ces 12 personnes, soient immédiatement tenus pour responsables afin que l'UNRWA puisse poursuivre le travail essentiel qu'il accomplit", a-t-elle déclaré.
On ne sait pas très bien ce que signifie l'expression "rendre des comptes" dans ce contexte, puisque l'UNRWA a déjà licencié les travailleurs en question et a même indiqué être ouvert à des poursuites pénales à l'encontre de toute personne ayant commis des "actes de terreur". Mme Thomas-Greenfield a également déclaré que des "changements fondamentaux" seraient nécessaires pour que le financement soit rétabli. Il s'agit d'une formulation vague utilisée à maintes reprises dans le passé en référence à l'UNRWA. On ne sait pas exactement ce qu'elle signifie ici, mais l'idée générale de son discours était que le financement devait être rétabli.
"Nous ne devrions pas laisser [les allégations] obscurcir l'excellent travail accompli par l'UNRWA. L'UNRWA a fourni une assistance humanitaire essentielle au peuple palestinien et est la seule organisation sur le terrain à avoir la capacité de continuer à fournir cette assistance", a déclaré Mme Thomas-Greenfield.
Il semblerait donc que les États-Unis soient prêts à se désengager de l'UNRWA et à rétablir son financement, n'est-ce pas ? Et les autres pays, ayant emboité le pas aux États-Unis dans ce trou à rats, les suivraient à leur tour dans cette voie.
Eh bien, ce n'est peut-être pas aussi simple. Comme tout ce qui se passe au cours d'une année électorale, la politique complique les choses.
Le 30 janvier, la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants a tenu une audition sur l'UNRWA. La commission a entendu un témoin, Mara Rudman, qui a critiqué l'organisation mais a plaidé en faveur d'une "pause" du président Biden dans le financement, plutôt que d'une suppression de l'agence. Elle a déclaré :
"L'UNRWA, ou toute autre entité des Nations unies, est-elle parfaite ? Loin de là. Le récent licenciement de 12 employés de l'UNRWA qui auraient participé aux horribles attaques du Hamas du 7 octobre en est l'un des exemples les plus extrêmes. Il montre également la nécessité de la surveillance permanente dont l'administration Biden a fait preuve en communiquant à l'ONU qu'une action et une enquête approfondie étaient nécessaires. Les services que l'UNRWA fournit à une population désespérée sont toutefois irremplaçables à l'heure actuelle".
Le licenciement des douze employés était un acte préventif de désespoir et de panique. L'UNRWA n'a pas reçu de preuves, mais seulement des accusations à l'encontre de ces derniers. Mais en ces temps de souffrances humaines intolérables à Gaza, ils ont voulu faire tout ce qui était en leur pouvoir pour éviter le pire, et ils ont donc licencié les neuf travailleurs encore en vie. Cela témoigne de leur dévouement à leur mission.
L'UNRWA soumet à Israël les listes de tous ses employés en Cisjordanie et à Gaza. D'une manière ou d'une autre, Israël n'a eu aucun problème avec ces douze personnes, malgré leur connaissance prétendument approfondie de l'appartenance au Hamas et à d'autres groupes palestiniens. Rien de tout cela ne semble déranger Rudman.
Mais elle était de loin la moins pire des témoins. Les trois autres étaient Richard Goldberg de la Fondation pour la défense des démocraties, un groupe de réflexion pro-israélien d'extrême droite ; Marcus Sheff, PDG d'IMPACT-se, une institution israélienne de droite menant la campagne de propagande contre les manuels scolaires palestiniens prétendument incendiaires ; et Hillel Neuer de l'organisation d'extrême droite UN Watch, un groupe dont la mission est de dépeindre l'ONU comme une fosse septique d'antisémitisme.
Leur témoignage était aussi partial que l'on pouvait s'y attendre.
L'incompétence et la cruauté aveugle de Biden
Pour Biden, les auditions, ainsi que le ton général à Washington après des années de dénigrement de l'UNRWA, posent un problème. S'il ne rétablit pas le financement de l'UNRWA, la situation à Gaza s'aggravera très rapidement et les appels au cessez-le-feu se multiplieront, tout comme la tendance à la baisse de Biden dans les sondages. S'il rétablit le financement de l'UNRWA, il sera attaqué par les républicains et certains démocrates.
À la suite de la réunion de cette semaine, l'un des principaux défenseurs d'Israël au Congrès, Brad Schneider (D-IL), a déclaré sans ambages :
"Nous devons remplacer l'UNRWA par autre chose. Je suis favorable à la suppression de l'UNRWA".
Pour ne pas être en reste dans l'animosité anti-palestinienne, Ritchie Torres (D-NY), l'éternel suppôt de l'AIPAC, a tweeté :
"L'UNRWA, financé depuis longtemps par vos impôts, a gouverné Gaza à la demande du Hamas, afin que ce dernier, pour qui gouverner est une distraction, puisse se consacrer à l'assassinat de Juifs en Israël".
Si Joe Biden et le secrétaire d'État Antony Blinken n'avaient pas réagi par réflexe aux allégations israéliennes non fondées, le problème serait moins grave. Ils auraient pu noter que l'UNRWA a immédiatement licencié les employés en question, lancé une enquête et que son travail est plus que jamais nécessaire. Joe Biden aurait alors pu parler d'un réexamen de l'UNRWA dans les semaines et les mois à venir, et en faire un show politique sans mettre en péril l'aide à Gaza, que même le gouvernement israélien ne veut pas voir supprimée.
Mais rien n'est plus familier à Joe Biden que son propre objectif. En suspendant l'aide à l'UNRWA, il doit maintenant prendre des mesures positives pour la rétablir, ce qui le rendra encore plus vulnérable aux attaques bipartites.
Pour sa part, Netanyahou n'exprime pas publiquement son aspiration à voir le financement de l'UNRWA se poursuivre pendant un certain temps, jusqu'à ce que le moment soit plus propice à sa décimation. Au contraire, il maintient son appel public à la suppression de l'UNRWA, malgré le message qu'il fait passer plus discrètement. Il est très probable qu'il se contente de saper Biden autant qu'il le peut.
Même les fonctionnaires de l'administration Biden et du gouvernement Netanyahou ont été contraints de reconnaître le rôle crucial joué par l'UNRWA. Le fait que cette question soit devenue une patate chaude politique ne témoigne pas seulement de l'incompétence de Biden, mais aussi de sa cruauté aveugle et de son hostilité inextinguible à l'égard du peuple palestinien.
📰 https://mondoweiss.net/2024/02/u-s-admits-it-hasnt-verified-israels-unrwa-claims-media-ignores-it/
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4- ➤ Découverte d'un charnier de Palestiniens ligotés et tués froidement "façon exécution" - Opération "Déluge d'Al-Aqsa" - Jour 118
Un charnier a été découvert dans le nord de la bande de Gaza après le retrait des forces israéliennes. Les corps déjà en décomposition ont été ligotés, les yeux bandés et jetés dans la nature après avoir été, semble-t-il, exécutés froidement, "façon exécution".
Par Leïla Warah, le 1er février 2024, Mondoweiss
Les hôpitaux de Khan Younis attaqués et affamés
La situation dans la bande de Gaza reste désastreuse, car l'enclave assiégée continue d'être attaquée sans merci par l'armée israélienne.
Les deux principaux complexes médicaux de Khan Younis, le deuxième district le plus au sud de Gaza, sont assiégés par l'armée et font l'objet d'attaques israéliennes depuis plusieurs jours.
Mercredi soir, le ministère de la santé de Gaza a publié une mise à jour sur la situation désastreuse dans les deux hôpitaux assiégés, Nasser et al-Amal, où les choses "empirent".
La situation "menace de mort de nombreux blessés et malades en raison du ciblage et du manque de moyens médicaux", a déclaré le ministère, ajoutant que les deux hôpitaux sont à court de nourriture.
"Nous tenons l'occupation israélienne pour entièrement responsable de la vie du personnel médical, des patients et des personnes déplacées dans le complexe médical Nasser et l'hôpital Al-Amal à Khan Younis", conclut le communiqué du ministère, en appelant la Croix-Rouge et les Nations Unies à intervenir pour protéger la vie des patients et des Palestiniens déplacés qui y sont hébergés, et à fournir d'urgence vivres et matériel médical.
L'hôpital Al-Amal est encerclé par des chars israéliens, des drones d'attaque et des mitrailleuses lourdes, "tirant sur tout ce qui bouge à l'intérieur de l'enceinte médicale", a rapporté Al Jazeera.
Mercredi, les forces israéliennes ont pris d'assaut l'hôpital et un garde de sécurité a été abattu par l'un des quadcoptères planant à basse altitude dans le ciel, a ajouté Al Jazeera.
Une analyse par Al Jazeera d'images satellites prises le 29 janvier a révélé l'impact des opérations militaires israéliennes près de l'hôpital al-Amal, ainsi que les dégâts causés par l'armée israélienne.
Les clichés montrent qu'environ 25 véhicules israéliens étaient stationnés dans la zone, dont plus de 20 véhicules situés à environ 500 mètres à l'ouest du bâtiment de l'hôpital.
Les images révèlent également de vastes opérations de terrassement menées par des véhicules israéliens sur le côté nord du bâtiment de l'hôpital et une destruction généralisée par les forces israéliennes dans la zone ouest de l'hôpital, où des milliers de personnes déplacées vivaient avant de devoir être évacuées.
Mercredi soir, la Société palestinienne du Croissant-Rouge (PCRS) a déclaré que les forces israéliennes menaient des raids sur la place de l'hôpital Al-Amal, et que des tirs nourris avaient été signalés.
"Urgent : Les forces d'occupation font actuellement une incursion sur la place de l'hôpital Al-Amal, stationnées devant la porte extérieure du service de réception et d'urgence, et tirent lourdement", a indiqué le groupe dans un message publié sur les réseaux sociaux.
"Malgré les bombardements et les tirs continus, les équipes médicales de l'hôpital Al-Amal du SCRP à #KhanYunis continuent de soigner les blessés et les patients", a ajouté le SCRP sur Twitter X.
L'organisation humanitaire a ajouté que sept corps, dont celui d'un membre de son personnel, avaient été amenés à son siège de Khan Younis. Elle a également déclaré avoir reçu neuf blessés.
Le manque de fournitures à l'hôpital al-Amal a également eu des conséquences fatales.
Le Croissant-Rouge palestinien a diffusé une vidéo montrant l'enterrement d'une petite fille et d'une femme âgée de 75 ans dans la cour de l'hôpital al-Amal. Les deux personnes sont mortes après avoir manqué d'oxygène dans l'établissement médical.
Le Dr Chris Hook, de Médecins sans frontières (MSF), a déclaré à Al Jazeera que la situation autour de Khan Younis était "l'une des plus dévastatrices" qu'il ait vues au cours de sa carrière.
Le médecin a évoqué les nombreux blessés, dont beaucoup de femmes et d'enfants, arrivant continuellement à l'hôpital Nasser, qui fonctionne à peine, où des milliers de personnes déplacées se sont déjà réfugiées.
Si les enfants ont "la chance de survivre", ils continueront à souffrir de "terribles blessures, d'énormes brûlures couvrant 50 à 70 % de leur corps et d'énormes fractures".
"Ils auront besoin de soins à long terme ; beaucoup d'entre eux ne marcheront jamais correctement, voire même ne marcheront jamais", a-t-il ajouté.
Leo Cans, directeur de Médecins sans frontières (MSF) pour les territoires palestiniens, a expliqué à Al Jazeera que les attaques contre les installations médicales étaient devenues monnaie courante dans l'offensive israélienne.
"Depuis le début de la guerre, il y a eu des attaques systématiques contre les établissements de santé, ce qui est sans précédent pour MSF. En temps de guerre, ces lieux sont toujours des zones sensibles et il y a toujours des incidents, mais là, c'est systématique", a déclaré Cans.
Environ 184 000 personnes se sont inscrites pour recevoir une aide humanitaire dans la périphérie ouest de Khan Younis ces derniers jours, a indiqué l'agence humanitaire des Nations unies, l'OCHA.
"Ils ont été déplacés de l'ouest de la ville de Khan Younis ces derniers jours en raison des ordres d'évacuation et des hostilités qui se poursuivent", a déclaré l'OCHA.
Le groupe humanitaire a ajouté que l'agence de secours des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a également déménagé à la périphérie ouest de la ville, car elle a été forcée d'abandonner les centres de santé et les abris dans l'ouest de Khan Younis.
"Nous avons perdu un centre de santé, des abris importants, des installations qui soutenaient les habitants de Khan Younis", a rapporté Thomas White, directeur des affaires de Gaza à l'UNRWA.
Des corps retrouvés ligotés et exécutés
Au moins 30 corps de Palestiniens portant des marques apparentes de torture ont été retrouvés dans une cour d'école du nord de la bande de Gaza mercredi.
Le ministère palestinien des affaires étrangères a demandé qu'une équipe internationale d'enquêteurs examine les accusations selon lesquelles les forces israéliennes auraient exécuté des Palestiniens capturés à Gaza.
"Selon les témoignages de citoyens palestiniens, plus de 30 corps en décomposition de martyrs palestiniens ont été découverts ensevelis dans le nord de la bande de Gaza. Ils ont été tués les yeux bandés et les mains ligotées, prouvant clairement qu'ils ont été exécutés [...] de la manière la plus horrible qui soit", a précisé le ministère dans un communiqué, tel que rapporté par Al Jazeera.
Un témoin a raconté à Al Jazeera :
"Alors que nous étions en train de nettoyer, nous sommes tombés sur un tas de décombres dans la cour de l'école. Nous avons été choqués de découvrir que des dizaines de cadavres étaient enterrés sous ce tas".
"Dès que nous avons ouvert les sacs en plastique noir, nous avons trouvé les corps, déjà décomposés. Leurs yeux étaient bandés, leurs jambes et leurs mains attachées. Des menottes en plastique ont été utilisées aux mains et aux jambes et des sangles en tissu autour des yeux et de la tête", a-t-il ajouté.
Le ministère palestinien des affaires étrangères a poursuivi :
"La découverte de ce charnier sous cette forme brutale reflète l'ampleur de la tragédie à laquelle sont exposés les civils palestiniens, les massacres de masse et les exécutions, même de détenus, en violation flagrante et grossière de toutes les normes et lois internationales pertinentes."
Le bureau des médias du gouvernement du Hamas a également appelé les organisations de défense des droits de l'homme à "documenter ce crime effroyable".
Il a ajouté qu'Israël continuait à "exterminer" le peuple palestinien sans tenir compte des décisions de la Cour internationale de justice, "qui a exigé que cesse le crime de génocide et de nettoyage ethnique".
De même, Diana Buttu, avocate palestinienne spécialisée dans la défense des droits de l'homme, estime que ces organismes sont des preuves qui étayent la décision de la CIJ selon laquelle il existe un risque plausible qu'Israël commette un génocide dans la bande de Gaza assiégée.
"C'est précisément pour cette raison qu'Israël a été traduit devant la CIJ", a déclaré à Al Jazeera l'avocate basée à Ramallah, ajoutant qu'Israël commet des crimes de guerre contre les Palestiniens depuis 1948 et que personne ne lui a jamais demandé de rendre des comptes.
Cet acte, a insisté Mme Buttu, est un crime de guerre, et le monde devrait agir à ce sujet. Elle a ajouté que ce type de preuves devait être préservé, mais que cela ne pouvait se faire que dans le cadre d'un cessez-le-feu.
Israël fait de Gaza une zone inhabitable
Alors que les forces israéliennes tuent des Palestiniens à Gaza à un rythme alarmant, l'armée détruit systématiquement les infrastructures civiles et rend l'enclave assiégée inhabitable.
Ces dernières semaines, des commandants de l'armée israélienne ont commencé à donner des instructions aux soldats pour qu'ils mettent le feu à des maisons résidentielles à Gaza sans l'autorisation légale nécessaire, rapporte Haaretz.
Citant des sources anonymes, Haaretz ajoute que les soldats ont détruit plusieurs centaines de bâtiments de cette manière.
Israël a également été accusé de créer une "zone tampon" entre son territoire et Gaza après que des images satellite ont montré qu'il avait démoli des centaines de bâtiments dans l'enclave assiégée, située à moins d'un kilomètre de la frontière.
En outre, un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a révélé que la campagne israélienne à Gaza avait entraîné une contraction de 24 % du PIB.
"Le niveau de destruction de la dernière opération militaire israélienne a rendu [Gaza] inhabitable", indique le rapport.
Même si les opérations militaires israéliennes cessent immédiatement et que Gaza renoue avec les tendances de croissance antérieures de 0,4 % par an, les niveaux de PIB d'avant-guerre ne sauraient être rétablis avant 2092, poursuit le rapport.
Le risque de famine à Gaza s'accroît
Alors que les hostilités israéliennes se poursuivent, la population de Gaza est au bord de la famine à cause du blocus imposé par Israël et exacerbé par la réduction du financement international de l'UNRWA.
Human Rights Watch (HRW) a déclaré dans un communiqué publié mercredi que le travail de l'UNRWA est "vital" pour "éviter une catastrophe humanitaire et le risque de famine" à Gaza.
La décision de 18 gouvernements de suspendre le financement de l'UNRWA intervient plusieurs mois après que "les autorités israéliennes ont coupé les services essentiels, notamment l'eau et l'électricité", a déclaré HRW.
Les forces israéliennes "bloquent délibérément l'acheminement de l'eau, de la nourriture et du carburant, entravent délibérément l'aide humanitaire [et] rasent manifestement des zones agricoles", a déclaré HRW.
Dans le même temps, le ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a exhorté le Premier ministre Netanyahou à empêcher les camions d'acheminer l'aide humanitaire à Gaza dans une lettre, affirmant que le fait d'autoriser l'aide à entrer dans la bande nuisait à l'unité d'Israël.
"Le peuple d'Israël mène actuellement une guerre qui n'a d'autre choix que de défendre l'État d'Israël contre ceux qui s'y opposent, et ces images nuisent à l'unité du peuple, à la cohésion sociale et à l'effort de guerre", peut-on lire dans la lettre.
La lettre se conclut ainsi :
"À la lumière de ce qui précède, j'exige l'arrêt immédiat du passage des camions par les postes frontières".
Pourparlers concernant un accord sur les otages
Alors que les hostilités israéliennes à Gaza approchent des quatre mois, Israël et le Hamas discuteraient de la possibilité d'une trêve.
Le média israélien Channel 12 a rapporté que le chef du Mossad, David Barnea, a présenté au cabinet de guerre israélien les grandes lignes d'un accord potentiel en neuf points pour la libération de 136 otages restés à Gaza, a rapporté Al Jazeera.
La première étape de l'accord comprendrait la libération de 35 captifs en échange d'une trêve de 35 jours, l'accent étant mis sur les femmes, les malades, les blessés et les personnes âgées.
La trêve pourrait ensuite être prolongée pour permettre de discuter de la deuxième série de libérations, qui inclurait des combattants israéliens.
Bien que les détails concernant le nombre de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes soient limités, le rapport suggère qu'Israël donnerait la priorité à la libération des prisonniers de bas niveau.
Dans un message vidéo publié sur son compte Twitter X, Netanyahou déclare qu'Israël a défini des "lignes rouges" dans ses négociations en cours pour parvenir à un accord qui permettrait de libérer les prisonniers israéliens détenus dans la bande de Gaza.
"Nous ne mettrons pas fin à la guerre, nous ne retirerons pas [l'armée israélienne] de la bande de Gaza, nous ne libérerons pas des milliers de terroristes", a déclaré Netanyahu dans son message.
Le premier ministre a précisé qu'en plus d'œuvrer à la libération des captifs, Israël travaillait à la réalisation de ses autres objectifs dans la guerre, à savoir "l'élimination du Hamas et la garantie que Gaza ne représentera plus jamais une menace".
"Nous travaillons sur ces trois points conjointement, et nous n'abandonnerons aucun d'entre eux".
Toutefois, le Hamas a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'accepterait pas de pause, mais uniquement un cessez-le-feu permanent.
"Il est clair qu'il y a un mouvement et un intérêt de part et d'autre. Israël souhaite récupérer les captifs et le Hamas mettre fin aux combats.
Mais il y a un énorme fossé entre le Hamas et Israël sur ce qui est attendu. Habituellement, dans des cas comme celui-ci, lorsque ce fossé est trop important, ce sont les États-Unis qui doivent intervenir, avec l'aide d'autres acteurs, et fournir des garanties aux deux parties", a déclaré Marwan Bishara, analyste politique principal d'Al Jazeera, exprimant sa prudence au milieu d'un optimisme généralisé.
Le porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis, John Kirby, a déclaré lors d'un point de presse à la Maison Blanche :
"Nous envisageons une pause prolongée [dans les combats] comme objectif... plus longue que ce que nous avons vu en novembre, qui était d'environ une semaine".
"L'objectif d'une pause prolongée est de pouvoir faire sortir le maximum d'otages [israéliens]... [cela] fait partie des discussions en cours", a-t-il poursuivi.
Cisjordanie : Les enfants effrayés à l'idée d'aller à l'école
Les effets de l'agression israélienne à Gaza continuent de se faire sentir en Cisjordanie occupée, où l'armée israélienne et les colons se déchaînent en toute impunité.
Depuis le 7 octobre, les tirs israéliens ont tué 99 enfants en Cisjordanie, a déclaré à Al Jazeera Jonathan Crickx, responsable de la communication et du plaidoyer à l'UNICEF en Palestine.
"C'est plus du double de l'année 2022, et cela se produit dans un contexte d'opérations militaires et de maintien de l'ordre accrues", a-t-il déclaré depuis Jérusalem-Est occupée.
Et d'ajouter :
"Il est également important de noter que 600 enfants ont été blessés", notant que la violence "crée la peur".
"De nombreux enfants, en particulier à Jénine et à Naplouse, ont peur d'aller à l'école.
La situation générale du système éducatif est donc extrêmement préoccupante, et ce qu'il faut vraiment pour que les enfants puissent aller à l'école, c'est un cessez-le-feu de longue durée et pérenne. C'est dans l'éducation que réside l'espoir. C'est là que les enfants peuvent construire leur propre avenir et, espérons-le, un avenir meilleur."
L'affaire fédérale contre Joe Biden classée sans suite
Le procès civil intenté par le Center for Constitutional Rights au nom d'organisations palestiniennes de défense des droits de l'homme et de Palestiniens de Gaza, accusant le président américain et d'autres hauts fonctionnaires de complicité dans le "génocide" israélien à Gaza, a été rejeté par un juge d'une cour fédérale des États-Unis pour des raisons de compétence.
Toutefois, le tribunal a "imploré" les accusés d'examiner leur rôle dans la guerre contre Gaza.
"Il existe de rares cas où l'issue souhaitée est inaccessible au tribunal. Il s'agit de l'un de ces cas.
Cette cour implore les défendeurs d'examiner les résultats de leur soutien indéfectible au siège militaire contre les Palestiniens de Gaza", a déclaré le tribunal.
Noura Erakat, avocate spécialisée dans la défense des droits de l'homme, estime qu'il fallait s'attendre à ce qu'un juge américain rejette une telle affaire.
Cependant, "le coup est que le juge a été tellement convaincu par les preuves qu'il a fait des déclarations puissantes au nom des plaignants concernant le génocide", a ajouté Erakat dans un message sur les réseaux sociaux.
Mohammed Monadel Herzallah, qui a témoigné dans l'affaire civile, affirme qu'il est toujours essentiel qu'un "tribunal fédéral américain entende les voix palestiniennes pour la première fois", dans un communiqué publié par le Centre pour les droits constitutionnels (Center for Constitutional Rights).
"En tant que Palestiniens, nous savons qu'il s'agit d'une lutte difficile et, en tant que plaignants, nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver la vie de notre peuple."
L'avocate d'Herzallah, Katherine Gallagher, avocate principale du Center for Constitutional Rights, a ajouté qu'avec leurs plaignants, ils prévoyaient de "poursuivre toutes les voies légales pour stopper le génocide et sauver des vies palestiniennes".
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5- ➤ Quatre mois après le coup d'envoi du génocide à Gaza : Le ciblage effroyable des civils et les destructions délibérées menées par Israël se poursuivent
La communauté internationale doit agir sans délai pour imposer une décision exécutive contraignante sur l'arrêt de la Cour internationale de justice, établir un cessez-le-feu immédiat, garantir la sécurité des civils et leur retour dans leurs foyers, et intensifier les efforts des organisations internationales pour surveiller, consigner et documenter les violations stupéfiantes par Israël de l'arrêt de la Cour. Ces violations doivent être signalées et largement diffusées afin que la République d'Afrique du Sud et les autres pays impliqués dans le procès préparent et soumettent un rapport complet étayé par des preuves concernant les violations gravissimes et omniprésentes dont sont victimes les civils palestiniens.
Par Euro-Med Human Rights Monitor, le 4 février 2024
Genève - Quatre mois après le déclenchement du génocide israélien dans la bande de Gaza, environ 110 000 Palestiniens auraient été tués, portés disparus ou blessés, et un grand nombre d'entre eux souffriraient de handicaps à long terme, a fait savoir l'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme dans une déclaration publiée dimanche.
Vendredi soir, 35 096 Palestiniens avaient été tués dans la bande de Gaza, selon les estimations de l'Observatoire Euro-Med. Parmi les personnes tuées lors des attaques aériennes et d'artillerie israéliennes sur la bande de Gaza, 32 220 étaient des civils, dont 12 345 enfants, 7 656 femmes, 309 membres du personnel médical, 41 membres du personnel de la défense civile et 121 journalistes. Par ailleurs, 67 240 personnes ont été blessées, dont des centaines sont dans un état critique. Dans la semaine qui a suivi la décision de la Cour internationale de justice, l'armée israélienne a tué plus de 1 048 Palestiniens, pour la plupart des civils, en a blessé plus de 1 800 autres et a perpétré 108 massacres.
Le groupe de défense des droits a expliqué que, outre les statistiques fournies par le ministère palestinien de la santé, ses propres chiffres incluent les personnes portées disparues après avoir été arrêtées et forcées de disparaître par l'armée israélienne, ainsi que celles restées prisonnières des débris de bâtiments frappés par l'aviation et l'artillerie israéliennes pendant plus de 14 jours consécutifs et qui sont donc présumées mortes. Des centaines de corps ne pouvant être recherchés en raison de la violence israélienne restent sur les routes, a déclaré Euro-Med Monitor, en particulier dans les zones où l'armée israélienne a mené des incursions terrestres. L'équipe d'Euro-Med Monitor a également indiqué qu'environ deux millions de Palestiniens, soit environ 90 % de la population totale de la bande de Gaza, ont été déplacés de leurs maisons et de leurs zones résidentielles en raison du manque d'abris sûrs, 79 200 unités d'habitation ayant été totalement détruites et 207 000 unités d'habitation partiellement endommagées.
Euro-Med Monitor a averti qu'Israël avait pris pour cible plus de 245 kilomètres carrés, soit 67 % de l'ensemble de la bande de Gaza. Cela englobe toute la ville de Gaza et les régions du nord de la bande, où les habitants ont reçu l'ordre d'évacuer depuis la fin du mois d'octobre. La majorité d'entre eux n'ont pas encore pu rentrer chez eux, pas plus que les habitants de vastes zones du centre et du sud de la bande de Gaza qu'Israël avait désignées comme zones sûres.
Euro-Med Monitor a déclaré qu'Israël continue d'intensifier ses attaques militaires contre les civils palestiniens dans une volonté apparente d'étendre son territoire à l'ensemble de la bande de Gaza, déracinant la grande majorité de cette population en violation du droit international. Cela équivaut manifestement à des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et un génocide, a déclaré l'organisation de défense des droits de l'homme.
L'organisation basée à Genève souligne qu'Israël prend délibérément pour cible les infrastructures civiles afin de causer le plus grand nombre de victimes, de pertes matérielles et de destructions générales possible, à titre de représailles et de punition collective. Ces actes sont contraires au droit humanitaire international, à la convention de Genève de 1949, et constituent des crimes de guerre selon le statut de Rome, qui régit la Cour pénale internationale. Selon l'équipe d'Euro-Med Monitor, les installations visées par Israël au cours de ses attaques comprennent 334 écoles, 1 720 installations industrielles, 183 établissements de santé, 478 mosquées, trois églises, 171 bureaux de presse et 199 sites archéologiques.
235 structures médicales ont été visées jusqu'à présent, dont 26 hôpitaux, 63 cliniques et 146 ambulances. Ainsi, sur les 36 hôpitaux que compte la bande de Gaza, seuls 13 sont partiellement fonctionnels, tandis que moins de 17 % des centres de soins de santé primaires de la bande fonctionnent encore partiellement.
Une semaine après l'arrêt de la Cour internationale de justice, qui exigeait d'Israël de prendre toutes les mesures possibles pour empêcher le génocide contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza ainsi que des mesures immédiates pour assurer l'aide humanitaire aux civils palestiniens, Euro-Med Monitor a rapporté que l'armée israélienne continuait à tuer des civils au même rythme qu'avant l'arrêt, , à les affamer, à leur refuser l'accès à l'aide et à les priver de leurs droits humains les plus fondamentaux, à détruire leurs biens pour les empêcher de rentrer chez eux, à les arrêter de force et à les torturer.
Le groupe de défense des droits de l'homme a également constaté que les forces israéliennes assiègent et bombardent toujours l'hôpital Al-Amal à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza. Au cours des derniers jours, le bâtiment de la Société palestinienne du Croissant-Rouge, qui abrite également l'hôpital, a été bombardé à plusieurs reprises, tuant au moins sept civils, dont un employé de l'hôpital.
Euro-Med Monitor affirme qu'Israël continue de cibler spécifiquement les civils. Trois civils ont été tués et quatre autres blessés le 29 janvier ; tous étaient des réfugiés déplacés à l'intérieur du pays qui cherchaient à se mettre à l'abri près du siège du Croissant-Rouge, dans l'ouest de Khan Yunis. Deux d'entre eux ont été tués alors qu'ils tentaient de retirer le corps d'une femme qui avait été tuée par les forces israéliennes à quelques mètres de l'hôpital.
En outre, l'armée israélienne a émis de nouveaux ordres d'évacuation le 29 janvier, demandant aux résidents et aux personnes déplacées vivant dans les quartiers d'Al-Nasr, Sheikh Radwan, le camp d'Al-Shati, Northern Sands, Southern Sands, et Al-Sabra, Sheikh Ajlin, et Tal Al-Hawa dans la ville de Gaza d'évacuer vers Deir Al-Balah, au milieu de la bande de Gaza.
Euro-Med Monitor a confirmé qu'Israël continue d'utiliser la famine comme arme de guerre, notant que la quantité de fournitures d'aide entrant dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord de la vallée de Gaza, ne répond aucunement aux besoins croissants de la population, tandis que les civils se rassemblant pour les quelques camions d'aide arrivant dans la région sont délibérément pris pour cible par les soldats israéliens. Sur les 61 opérations d'aide humanitaire qui devaient arriver dans le nord de la vallée de Gaza en janvier, seules 10 ont été autorisées par les autorités israéliennes.
Euro-Med Monitor a suivi de près les déclarations incendiaires continues des responsables israéliens, qui expriment une intention préméditée évidente de perpétrer le crime de génocide. Les ministres israéliens continuent de publier et de tolérer des déclarations incitant à l'extermination des Palestiniens de la bande de Gaza, a déclaré l'organisation de défense des droits de l'homme, évoquant une conférence à laquelle ont participé 12 ministres du Likoud, le parti au pouvoir en Israël, et au cours de laquelle Daniela Weiss, chef de file des colons, a appelé à la reprise de la construction des colonies à Gaza, déclarant que "les Arabes ne resteront pas à Gaza".
Comme par le passé, a déclaré Euro-Med Monitor, Israël ne tient pas pour responsables les citoyens israéliens qui encouragent le génocide du peuple palestinien dans la bande de Gaza, quel que soit le degré de pouvoir politique, de notoriété ou d'influence de l'individu.
Israël a violé de manière flagrante les termes du droit international humanitaire, a réitéré Euro-Med Monitor, qui interdit les dommages matériels comme "moyen préventif" et la destruction de biens comme moyen de dissuasion, même à des fins militaires.
Euro-Med Human Rights Monitor a renouvelé son appel à une enquête internationale sur les violations largement documentées du droit international auxquelles se livre Israël depuis le début de ses attaques militaires contre la bande de Gaza le 7 octobre 2023 ; à la fin de l'état d'impunité dont jouit Israël ; et à un processus qui obligera les auteurs de violations des droits de l'homme à rendre des comptes et garantira que toutes les victimes recevront une compensation.
Euro-Med Monitor a mis en garde contre les répercussions dangereuses de la décision de nombreux pays donateurs de suspendre leur financement à l'UNRWA à la lumière des conditions catastrophiques actuelles et de la famine imminente, l'UNRWA étant la principale agence humanitaire dans la bande de Gaza, au service de plus de deux millions de personnes. Cette suspension constitue une violation dangereuse de leurs obligations internationales, a ajouté le groupe de défense des droits, notamment en ce qui concerne la protection du peuple palestinien contre le crime de génocide. En outre, la suspension des dons favorise les politiques et les projets israéliens visant à éradiquer la cause palestinienne et à priver le peuple palestinien, en particulier les réfugiés, de leurs droits garantis par le droit international et les résolutions pertinentes des Nations unies.
La communauté internationale doit agir sans délai pour imposer une décision exécutive contraignante sur l'arrêt de la Cour internationale de justice, établir un cessez-le-feu immédiat, garantir la sécurité des civils et leur retour dans leurs foyers, et intensifier les efforts des organisations internationales pour surveiller, consigner et documenter les violations stupéfiantes par Israël de l'arrêt de la Cour. Ces violations doivent être signalées et largement diffusées afin que la République d'Afrique du Sud et les autres pays impliqués dans le procès préparent et soumettent un rapport complet étayé par des preuves concernant les violations gravissimes et omniprésentes dont sont victimes les civils palestiniens.
📰 https://euromedmonitor.org/en/article/6136
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6- ➤ Le chaos de la destruction des quartiers de Gaza provoqué par la guerre - enquête visuelle
Les images satellites et les preuves open source révèlent la destruction des infrastructures civiles par Israël dans sa guerre contre le Hamas.
ndr : faire défiler l'article original pour visualiser les images satellite ainsi que les photos relatives au texte.
Par Niels de Hoog , Antonio Voce , Elena Morresi , Manisha Ganguly & Ashley Kirk, le 30 janvier 2024, The Guardian
Une enquête du Guardian a détaillé la destruction massive de bâtiments et de terrains dans trois quartiers de Gaza .
Grâce aux images satellite et à des preuves provenant de sources publiques, l'enquête a permis de constater que plus de 250 bâtiments résidentiels, 17 écoles et universités, 16 mosquées, trois hôpitaux, trois cimetières et 150 serres agricoles avaient été endommagés.
Des bâtiments entiers ont été rasés, des champs écrasés et des lieux de culte rayés de la carte au cours de la guerre d'Israël contre le Hamas à Gaza, lancée après l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Les destructions ont non seulement contraint 1,9 million de personnes à quitter leur foyer, mais ont également rendu impossible le retour d’un grand nombre d’entre elles, amenant certains experts à qualifier ce qui se passe à Gaza de "domicide", défini comme la destruction généralisée et délibérée d’un foyer familial pour le rendre inhabitable, empêchant ainsi le retour des personnes déplacées, concept non reconnu dans la loi.
L'armée israélienne affirme que son combat est dirigé contre le Hamas et non contre Gaza , que ses bombardements sont proportionnels à la menace posée par le Hamas et qu'elle fait tout son possible pour avertir les citoyens des attaques imminentes.
Un porte-parole de Tsahal a déclaré au Guardian :
"Le Hamas opère à proximité, sous et dans les zones densément peuplées dans le cadre de pratiques opérationnelles de routine. Dans le cadre de ses opérations, Tsahal a mené des frappes sur des cibles militaires, ainsi que localisé et détruit des infrastructures lorsque cela était impérativement nécessaire pour atteindre les objectifs de la guerre".
Au 17 janvier, l’analyse des données satellite par Corey Scher de la City University de New York et Jamon Van Den Hoek de l’Oregon State University révèle qu’entre 50 % et 62 % de tous les bâtiments de Gaza ont probablement été endommagés ou détruits.
Le journal interactif du Guardian fait défiler trois zones endommagées de Gaza : Beit Hanoun, al-Zahra et Khan Younis. Dans la mesure du possible, des cas spécifiques de dommages ont été surlignés en jaune dans les images qui suivent.
Beit Hanoun
Beit Hanoun, une ville du nord-est de Gaza entourée de terres agricoles, abritait environ 50 000 personnes en 2017. L'armée israélienne a annoncé le contrôle total de la zone en décembre, celle-ci a été dépeuplée et plusieurs quartiers réduits en ruines.
Des pans de terres agricoles ont été effacés, comme le montrent les images satellite de Planet Labs prises le 30 novembre. La plupart des serres agricoles ont été détruites et de nouveaux passages de véhicules blindés sillonnent désormais la zone de culture. Une analyse réalisée par l'UNOSAT en décembre a révélé que 39 % des terres agricoles du nord de Gaza avaient été endommagées.
Un quartier résidentiel entier de plus de 150 bâtiments a été rasé. Des écoles ont également été détruites, dont une gérée par l'ONU et détruite par les forces israéliennes à la mi-décembre.
L'hôpital de Beit Hanoun a été gravement endommagé et celui de Balsam détruit. En vertu du droit international humanitaire, les écoles et les hôpitaux sont des biens civils protégés, et les principes de distinction et de proportionnalité s’appliquent lorsqu’on les cible.
L'analyse du Guardian a révélé qu'un cimetière avait été rasé au bulldozer et que des mosquées avaient été endommagées ou détruites. La mosquée Umm al-Nasr, dont certaines parties datent de 1239, a notamment été endommagée.
Ammar Azzouz, chercheur à l'Université d'Oxford et auteur d'un livre sur le domicide, dont la propre ville de Homs en Syrie a été gravement endommagée en 2012, a rapporté :
"L'impact du domicide se fait sentir avec le temps. Sa douleur s’étend non seulement à ceux qui ont perdu leurs maisons à Gaza, mais aussi à ceux dont les maisons restent intactes alors que leurs infrastructures plus larges ont été ciblées".
En zoomant davantage sur Beit Hanoun, l’ampleur des dégâts devient évidente. En survolant des zones particulières endommagées, l'image devient celle d'une image satellite du 20 mai 2023. De nombreux champs présentent des traces de dommages causés par l'activité militaire israélienne, toutefois certaines différences visibles de couleur peuvent être attribuées aux variations saisonnières de l'état d'avancement des cultures.
Au 17 janvier, l’analyse des données satellite par Corey Scher de la City University de New York et Jamon Van Den Hoek de l’Oregon State University révèle qu’entre 50 % et 62 % de tous les bâtiments de Gaza ont probablement été endommagés ou détruits.
Le journal interactif du Guardian fait défiler trois zones endommagées de Gaza : Beit Hanoun, al-Zahra et Khan Younis. Dans la mesure du possible, des cas spécifiques de dommages ont été surlignés en jaune dans les images qui suivent.
Beit Hanoun
Beit Hanoun, une ville du nord-est de Gaza entourée de terres agricoles, abritait environ 50 000 personnes en 2017. L'armée israélienne a annoncé le contrôle total de la zone en décembre. La zone a été dépeuplée et plusieurs quartiers réduits en ruines.
Des pans de terres agricoles ont été effacés, visibles sur les images satellite de Planet Labs prises le 30 novembre. La plupart des serres agricoles ont été détruites et de nouveaux passages de véhicules blindés sillonnent désormais la zone de culture. Une analyse réalisée par l'UNOSAT en décembre a révélé que 39 % des terres agricoles du nord de Gaza avaient été endommagées.
Un quartier résidentiel entier de plus de 150 bâtiments a été rasé. Des écoles ont également été détruites, dont une gérée par l'ONU qui a été détruite par les forces israéliennes à la mi-décembre.
L'hôpital de Beit Hanoun a été gravement endommagé et celui de Balsam détruit. En vertu du droit international humanitaire, les écoles et les hôpitaux sont des biens civils protégés, et les principes de distinction et de proportionnalité s’appliquent lorsqu’on les cible.
L'analyse du Guardian a révélé qu'un cimetière avait été rasé au bulldozer et que des mosquées avaient été endommagées ou détruites. Parmi elles, la mosquée Umm al-Nasr, dont certaines parties datent de 1239, est endommagée.
Ammar Azzouz, chercheur à l'Université d'Oxford et auteur d'un livre sur le domicide, dont la propre ville de Homs en Syrie a été sérieusement endommagée en 2012, a déclaré :
"L'impact du domicide se fait sentir avec le temps. Sa douleur s’étend non seulement à ceux qui ont perdu leurs maisons à Gaza, mais aussi à ceux dont les maisons restent intactes alors que leurs infrastructures plus larges ont été ciblées".
En zoomant davantage sur Beit Hanoun, l’ampleur des dégâts devient évidente. En survolant des zones particulières endommagées, l'image devient celle d'une image satellite du 20 mai 2023. De nombreux champs présentent des traces de dommages causés par l'activité militaire israélienne, mais certaines différences visibles de couleur peuvent être attribuées aux variations saisonnières de l'avancement des cultures.
Une vidéo diffusée le 12 décembre - après la prise de cette image satellite - montrait les forces israéliennes faisant exploser un bâtiment scolaire géré par l'UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine). Israël a déclaré que le bâtiment était un avant-poste du Hamas. L'UNRWA a récemment licencié des membres de son personnel et a ouvert une enquête sur le personnel soupçonné d'avoir joué un rôle dans l'attaque du 7 octobre.
Une vidéo filmée depuis une voiture circulant sur une route le 25 novembre montrait des bâtiments rasés et endommagés à l'ouest de Beit Hanoun.
Al-Zahra & al-Mughraqa
Al-Zahra, l’un des quartiers les plus riches du centre de Gaza, abritait avant la guerre des tours, des universités et environ 5 000 habitants.
Au nord se trouve une grande usine de traitement des eaux usées entourée de de véhicules chenilles blindés sur des terres agricoles aplaties. De nouveaux chemins et fortifications creusés par les forces israéliennes ont émergé sur un ancien réseau de routes qui n’est plus reconnaissable.
À l'est, dans la ville d'al-Mughraqa, un grand cratère est tout ce qui reste d'un bâtiment, tandis que les locaux d'une école voisine présentent des dégâts visibles.
Des routes creusées de cratères entourent l’hôpital de l’amitié turco-palestinienne. L'hôpital a signalé des dégâts causés par l'explosion dans deux salles ainsi que concernant ses réserves d'oxygène et d'eau.
Au cœur d’al-Zahra se trouvent trois universités, pour la plupart endommagées et cernées de cratères.
Parmi elles, l’université d’Israa a été détruite par les forces israéliennes ce mois-ci, après avoir été utilisée comme base militaire. Après que les images de l’explosion ont incité l’administration Biden à demander des éclaircissements à Tsahal, celle-ci a annoncé une enquête sur les circonstances de l’explosion. Cela s'est produit après la prise de l'image satellite.
Les tours d'al-Zahra, qui abriteraient plus de 3 000 personnes, ont été rasées par les bombardements israéliens.
« La destruction de Gaza est bien pire en termes d'ampleur, de férocité et d'impact par rapport à celle de l'Ukraine, de la Syrie ou d'autres conflits », a déclaré Balakrishnan Rajagopal, le rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à un logement convenable. Rajagopal a appelé à ce que le domicide soit reconnu comme un crime au regard du droit international lors de l'Assemblée générale de l'ONU en 2022.
Entre 2013 et 2016, les données de l'ONU montrent que 40 % des structures d'Alep ont été endommagées pendant la guerre civile syrienne. Le 5 janvier, en moins de trois mois de conflit, Rajagopal a déclaré que 60 % de toutes les structures avaient été endommagées ou détruites à Gaza.
Martin Coward, professeur de politique internationale à l'Université Queen Mary de Londres, a déclaré :
"C'est quelque peu différent [de la Syrie] – l'armée israélienne a ciblé les infrastructures souterraines que le Hamas a installées à Gaza et pour ce faire, elle doit passer par l’environnement bâti en surface. Ils ont tenté d’être précis dans leur ciblage – même s’il y a eu de nombreux dégâts collatéraux sur les bâtiments civils".
Des images satellite détaillées de Planet, datées du 31 décembre, révèlent une partie de ces dégâts. Le survol de zones particulières de dégâts modifie la vue sur les images satellite des 20 et 30 mai 2023.
Une vidéo du 30 octobre montrait les flammes et la fumée s’élevant de la cour de l’hôpital de l’amitié turco-palestinienne.
Des séquences vidéo du 21 octobre révélaient 25 immeubles d’habitation dans le quartier d’al-Zahra rasés par une frappe aérienne israélienne. Des centaines de personnes ont été déplacées par la grève.
Khan Younès
Khan Younès, dans le sud de Gaza, se trouve au bord de l'ancienne ligne d'évacuation du nord de Gaza. Initialement considérée comme une zone de sécurité, la ville a accueilli des civils en fuite et blessés lorsque la guerre se concentrait sur le nord, mais elle a été bombardée sans relâche depuis décembre après que Tsahal a étendu sa campagne.
L'analyse du Guardian a révélé que plusieurs mosquées étaient détruites au point de devenir méconnaissables, de même que des serres et des immeubles résidentiels.
Un terrain de sport a été détruit, ainsi qu'une zone résidentielle entière composée d'immeubles résidentiels et de champs agricoles. De vastes cratères et des décombres subsistent là où se trouvaient autrefois plus de 100 serres.
Des pharmacies, des supermarchés, des écoles et un jardin d'enfants montrent des signes de dégâts. Des routes truffées de cratères entourent l’hôpital al-Bandar al-Sharqi.
Le camp de réfugiés de Khan Younès, qui accueillait 41 000 personnes en 2017, a été créé après la guerre israélo-arabe de 1948 pour accueillir les réfugiés palestiniens expulsés de leurs foyers. Le camp, qui abrite plusieurs bâtiments de l'ONU, dont une école de l'UNRWA, a subi plusieurs frappes et montre des dégâts.
Azzouz a déclaré :
"L'une des questions les plus urgentes qui se posent aujourd'hui… c’est comment donner aux gens le sentiment d'avoir un chez-soi et d'appartenir à un groupe après avoir subi une perte ? Comment se souvenir des morts ? Et comment imaginer un avenir où [...] Gaza est à nouveau reconstruite. ?"
Un panoramique des images satellite ci-dessous, prises le 5 janvier 2024, révèle à quel point de vastes étendues du nord de Khan Younis ont été détruites. En survolant les zones endommagées, on découvre une image satellite datant du 16 mai 2023.
Une vidéo du 23 décembre montrait des devantures de magasins détruites et d'importants dégâts le long d'une rue étroite de Khan Younès, menant à la rue Jalal, où des dégâts visibles étaient visibles sur des appartements, des boulangeries et des magasins.
Une vidéo du 9 novembre montre les conséquences d'une frappe contre la mosquée Khaled bin al-Walid.
Le Guardian a documenté la destruction de centaines d’exemples d’infrastructures civiles essentielles à la vie des futurs rapatriés dans les trois zones de Gaza qu’il a analysées. Il ne s’agit pas d’analyses complètes de l’ensemble de la bande de Gaza, où les dégâts sont encore plus importants.
Rajagopal, Azzouz et Coward ont tous dit que les preuves contenues dans l’enquête du Guardian correspondaient à leur vision des événements à Gaza, qu'ils considéraient comme une forme de domicide.
"L’anéantissement total de Beit Hanoun et la destruction d’al-Zahra et de Khan Younès sont la preuve que le recours à la force par Israël a rendu la vie impossible en faisant de ces villes des zones inhabitables. Tout ce qui compte pour vivre une vie digne et sécure est détruit et cela n’est ni légal ni légitime dans un monde fondé sur le droit", a déclaré Rajagopal, le rapporteur de l’ONU.
Coward, professeur à l'Université Queen Mary, a déclaré :
"La destruction des maisons joue un rôle clé à la fois dans le déplacement – les communautés ne peuvent revenir si elles n'ont pas de maison où retourner – et dans la destruction des communautés, car les habitations sont détruites et les familles sont déplacées ; tout ce qui fait la cohésion d’une communauté est détruit et dispersé dans de nombreux endroits différents."
Quant à Azzouz, il a indiqué :
"L’enquête du Guardian montre comment Israël utilise l’architecture à Gaza comme une arme, détruisant les sites du patrimoine culturel palestinien et leur tissu urbain quotidien."
Corey Scher et Jamon Van Den Hoek estiment qu'entre 142 900 et 176 900 bâtiments avaient été endommagés au 17 janvier, soulevant de sérieuses questions sur la manière de réhabiliter Gaza une fois la guerre terminée.
Coward a ajouté :
"En regardant les images d’al-Zahra, Khan Yunis et Beit Hanoun, on constate une destruction généralisée des infrastructures civiles telles que les écoles, les universités et les magasins. Les images d'al-Zahra, de Khan Yunis et de Beit Hanoun témoignent de la destruction généralisée des infrastructures civiles telles que les écoles, les universités et les magasins. Ces destructions ne font pas que tuer et déplacer des civils, elles détruisent aussi le sentiment que ces lieux abritent un mode de vie particulier. S'il n'est pas possible de faire des achats ou de s'instruire, il est impossible d'avoir un sentiment d'appartenance ou de considérer un endroit comme son foyer."
Méthodologie
Les images satellite proviennent de Planet Labs. Les images antérieures au conflit de 2023 ont été prises en mai 2023, tandis que les preuves de dommages présentées sont issues d'images prises les 30 novembre et 31 décembre 2023 et le 5 janvier 2024. Des images satellites prises à d'autres dates ont été utilisées à des fins de vérification. Certaines images satellites proviennent également de Copernicus Sentinel.
Les vidéos de l’école de Beit Hanoun et de l’hôpital de l’amitié turco-palestinienne ont été tirées d’images diffusées sur les réseaux sociaux et vérifiées par le Guardian. Les images de la voiture à Beit Hanoun et celles de la mosquée Khaled bin al-Walid à Khan Younis ont été publiées par Reuters. Les clichés pris par drone de la zone résidentielle d’al-Zahra ont été publiées par Getty. Ceux de la rue à Khan Younès ont été publiées par l'Associated Press.
Les zones endommagées ont été vérifiées à l'aide d'images satellites, de séquences multimédias générées par les utilisateurs, de rapports d'actualité ou de mises à jour des FDI.
L'analyse de Corey Scher, de la City University of New York, et de Jamon Van Den Hoek, de l'Oregon State University, ne porte que sur les dommages causés aux bâtiments, tandis que l'évaluation du Guardian porte également sur les dommages agricoles.
Pour établir l'existence et l'identité de zones ou de bâtiments particuliers, le Guardian a utilisé diverses sources, notamment l'analyse des dégâts de l'UNOSAT, les médias sociaux, les informations locales, les sites web des entreprises, Planet Labs, Open Street Maps, MapCarta, WikiMapia, Google Earth, Google Maps et satellites.pro.
Une zone n'a été confirmée comme endommagée que si deux reporters ou plus ont réussi à la vérifier.
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7- ➤ Tout ce qui était beau a été détruit : Les Palestiniens pleurent une ville en lambeaux
Plus de 200 bâtiments d'importance culturelle et historique ont été réduits en ruines à Gaza, notamment des mosquées, des cimetières et des musées.
"La ville est une ville fantôme, les gens déambulent le visage blafard et l'esprit fatigué d'avoir enduré cette guerre. Si vous vous rendez dans la vieille ville de Gaza, vous ne vous rappellerez que des souvenirs et vous serez écoeurés et attristés par l'ampleur de la destruction des sites culturels et religieux"
Par Kaamil Ahmed, le 4 février 2024, The Guardian
La mosquée Omari de Gaza, dont les murs se sont effondrés et dont le minaret a été raccourci, est toujours debout, mais très endommagée. Autour d'elle, la vieille ville historique est également réduite en miettes. Cette mosquée du VIIème siècle, également connue sous le nom de Grande Mosquée de Gaza, était la plus célèbre de Gaza et ses environs constituaient un point central de l'histoire et de la culture de l'enclave palestinienne, mais les dégâts causés à son patrimoine par plus de 100 jours de bombardements israéliens s'étendent à l'ensemble de la ville.
Pour les quelques Palestiniens qui restent, et pour le nombre bien plus important de personnes déplacées qui espèrent revenir, la culture et l'histoire ont été réduites à l'état de souvenirs.
"La ville est une ville fantôme, les gens déambulent le visage blafard et l'esprit fatigué d'avoir enduré cette guerre. Si vous vous rendez dans la vieille ville de Gaza, vous ne vous rappellerez que des souvenirs et vous serez écoeurés et attristés par l'ampleur de la destruction des sites culturels et religieux", a raconté Bader Alzaharna, qui vit dans la ville de Gaza malgré l'intensité de l'opération terrestre israélienne dans la région.
"La vieille ville de Gaza, qui regorgeait de sites culturels, est grisâtre et le ciel couvert. En marchant dans Gaza, on a l'impression d'être dans un film, une fiction, un fantasme. La scène est apocalyptique".
L'Unesco, l'agence des Nations unies chargée de la protection de la culture, affirme avoir constaté des dommages sur au moins 22 sites, dont des mosquées, des églises, des maisons historiques, des universités, des archives et le site archéologique d'Anthedon Harbour, le premier port de mer connu de Gaza.
L'agence a indiqué qu'elle avait reçu des rapports faisant état de dommages sur d'autres sites, mais qu'elle n'avait pas été en mesure de les vérifier par les moyens disponibles, principalement l'imagerie satellitaire, en raison du conflit.
Un récent rapport du ministère palestinien de la culture sur les dommages causés par Israël au patrimoine palestinien indique que les bombardements israéliens sur Gaza ont détruit 207 bâtiments d'importance culturelle ou historique, dont 144 dans la vieille ville et 25 sites religieux.
Les dégâts concernent également un ancien cimetière romain et le cimetière militaire du Commonwealth, où plus de 3 000 soldats britanniques et du Commonwealth sont enterrés après avoir péri dans des batailles au cours de la première et de la deuxième guerre mondiale.
L'Unesco a averti que d'autres sites risquaient d'être endommagés, notamment l'un des plus anciens monastères chrétiens de la région, le complexe Saint Hilarion, qui, selon l'organisation, ne l'a pas encore été mais se trouve dans une zone où les combats sont intenses.
"L'Unesco est profondément préoccupée par les dommages causés aux sites culturels et historiques de Gaza. Si les urgences humanitaires sont une priorité légitime, la protection du patrimoine culturel sous toutes ses formes - ainsi que la protection des infrastructures éducatives et des journalistes - doit également être assurée, conformément au droit international, qui stipule que les biens culturels sont des infrastructures civiles", a déclaré l'agence.
Wissam Nassar, un photographe ayant couvert plusieurs guerres à Gaza mais aussi documenté son patrimoine culturel, a déclaré que les dégâts subis par la mosquée Omari et ses environs l'avaient personnellement affecté en raison du temps qu'il y avait passé.
"Cette mosquée occupe une place particulière pour tous les Palestiniens de Gaza, car elle était un lieu de rassemblement au moment du ramadan, un lieu de culte et de lecture du Coran. En tant que photographe, elle a une signification particulière pour moi, car j'y ai capturé de nombreux moments et souvenirs", a-t-il déclaré.
Nassar, qui vit aujourd'hui au Canada, a déclaré qu'il se souvenait avoir visité la vieille ville, y compris les bains turcs aujourd'hui détruits, à la fois en tant que photographe et dans sa vie personnelle. Il a ajouté que les dégâts causés aux sites chrétiens, tels que le complexe de l'église orthodoxe Saint Porphyrius, près de la mosquée Omari, ont également porté atteinte à la diversité de Gaza.
"En tant que photographe, ma tristesse perdurera tout au long de ma vie, car ces bâtiments historiques sont très difficiles à restaurer, et leur perte est irremplaçable. Je me souviendrai d'eux à chaque instant, car nous avons des milliers de souvenirs dans ces lieux. Cependant, je ressentirai la plus grande tristesse lorsque je regarderai les photos que j'ai prises à l'intérieur de ces sites archéologiques".
"Malheureusement, Israël a détruit tout ce qui était beau à Gaza. Israël a cherché à détruire non seulement des personnes, mais aussi les pierres, les infrastructures et les bâtiments historiques, voulant ainsi éradiquer la vie humaine et le patrimoine culturel".
La plainte déposée par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice de La Haye accusant Israël de génocide, qui a conduit la Cour à ordonner à Israël d'empêcher ses troupes de perpétrer des actes susceptibles d'être assimilés à un génocide, comprenait des allégations selon lesquelles Israël avait pris pour cible la culture palestinienne.
Elle accusait également Israël de détruire des musées et des centres culturels modernes et de menacer le "potentiel culturel" de Gaza en endommageant des écoles et en tuant des journalistes, des enseignants et des intellectuels.
Isber Sabrine, directeur de l'ONG Heritage for Peace, a affirmé que les dommages causés au patrimoine de Gaza seraient durables et iraient bien au-delà des bâtiments physiques. Les dommages causés aux sites religieux affecteront la vie sociale des musulmans et des chrétiens et leur réhabilitation prendra un temps considérable.
"La destruction du patrimoine à Gaza, c'est aussi la destruction des traditions, c'est aussi la destruction de leurs coutumes, de leur culture", a déclaré Sabrine.
"C'est une destruction colossale du patrimoine que de déconnecter intentionnellement les habitants de Gaza de leur terre. Il est important de le préserver et de le restaurer. Lorsque la guerre s'arrêtera, il faudra évaluer ce qui aura été détruit".
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8- ➤ "Au delà de la tragédie" : Le calvaire des femmes enceintes et des accouchements à Gaza
Les femmes de Gaza accouchent dans un système de santé au bord de l'effondrement, avec très peu d'accès aux soins pré et postnataux.
Par Aseel Mousa, le 31 janvier 2024, The Intercept
Yasmine Joudeh était convaincue qu'elle était sur le point d'accoucher. C'était le 22 décembre, deux mois et demi après le début de la guerre d'Israël contre Gaza, et elle devait se rendre à l'hôpital dans un contexte de bombardements aériens et d'artillerie israéliens intenses. Cela ne ressemblait en rien à ce qu'elle avait vécu lors de ses cinq grossesses précédentes.
En arrivant à l'hôpital Al-Awda, dans la partie nord-ouest du camp de Nuseirat, au centre de la bande de Gaza, elle a découvert une scène "indescriptible", dit-elle.
"Cela dépassait la tragédie. La zone était attaquée, les avions prenant pour cible les maisons et les bâtiments résidentiels situés à proximité. L'hôpital recevait un flot constant de victimes des bombardements israéliens, martyrs et blessés confondus. La terreur qui m'envahissait était écrasante. Mon cœur s'est presque arrêté sous l'effet de la peur", a-t-elle raconté lors d'un entretien avec The Intercept.
Les douleurs de l'accouchement de Joudeh se sont révélées être une fausse alerte, et elle est retournée chez elle pendant encore trois semaines avant la naissance de son fils, Arkan. Les horreurs qu'elle a endurées pour obtenir des soins médicaux pendant sa grossesse - et depuis son accouchement - sont emblématiques des difficultés auxquelles sont confrontées les mères de Gaza.
Les Nations unies ont estimé que Gaza compte plus de 50 000 femmes enceintes et que 180 d'entre elles accouchent en moyenne chaque jour, dans un système de santé au bord de l'effondrement. Cette situation désastreuse est exacerbée par la pénurie de nourriture et de carburant, les conditions de vie insalubres et les attaques incessantes des bombardements israéliens.
Le docteur Haya Hijazi, obstétricienne et gynécologue à l'hôpital Emirati de Rafah, au sud de Gaza, a déclaré qu'avant la guerre actuelle, ils voyaient environ 100 à 150 femmes enceintes par jour. Ce nombre dépasse aujourd'hui les 500, en raison des déplacements massifs depuis le nord de la bande de Gaza.
"Compte tenu de la détérioration des conditions sanitaires résultant de l'agression israélienne et de la disponibilité limitée des ressources médicales, nous ne sommes pas en mesure de fournir les soins de santé nécessaires à ces femmes enceintes", a-t-elle expliqué".
Ajoutant,
"Sans parler des femmes mortes ou ayant perdu leur bébé alors qu'elles accouchaient dans des tentes, des centres d'hébergement ou même dans la rue et dans des voitures".
Mme Joudeh entrait à peine dans son septième mois de grossesse lorsque le Hamas a lancé son attaque contre Israël le 7 octobre, déclenchant une guerre de représailles sans merci de la part d'Israël contre les habitants de la bande de Gaza. "Je n'avais jamais imaginé que l'agression israélienne se poursuivrait jusqu'à mon accouchement", a-t-elle confié.
La guerre a immédiatement entravé son accès aux soins prénataux. En raison des bombardements israéliens constants et de la pénurie de carburant rendant les transports difficiles, Mme Joudeh s'est trouvée dans l'impossibilité de continuer à consulter son médecin, qui, en tant que citoyen russe, a pu quitter Gaza au début de la guerre. Joudeh, qui est titulaire d'une licence en analyse médicale et en nutrition, a été contrainte de se dispenser elle-même les soins. Elle surveillait sa tension artérielle à domicile et s'assurait un approvisionnement régulier en vitamines et en calcium à la pharmacie.
Elle vivait dans un état de peur qui affectait non seulement sa santé mentale, mais aussi le bien-être du bébé grandissant en elle. Fin novembre, lors d'une trêve temporaire des combats entre Israël et le Hamas, elle a remarqué une différence.
"Lorsque la tension psychologique s'est apaisée et que le bruit des bombardements a cessé, j'ai observé une augmentation notable de l'activité du bébé", a-t-elle expliqué.
Comme l'écrasante majorité des 2,3 millions d'habitants de Gaza, Yasmine Joudeh et sa famille ont été déplacés. Après que les Forces de défense israéliennes ont ordonné aux habitants de certaines parties de Nuseirat d'évacuer fin décembre, ils sont partis chez ses parents dans la ville de Deir al-Balah.
"Ce fut l'un des pires jours de ma vie. Je n'ai emporté que l'essentiel, obligée de quitter la maison où mon mari, mes enfants et moi-même avons vécu pendant 17 ans, un foyer riche de nos souvenirs", a-t-elle dit.
Le même jour, ses contractions annonçant la naissance l'ont conduite à l'hôpital Al-Awda. Même après avoir appris que le travail n'avait pas encore commencé, elle a passé la nuit à l'hôpital avec sa mère. Elles n'avaient aucun moyen de rentrer chez elles le soir et attendaient anxieusement le matin. Elle se souvient parfaitement de ce qu'elle a vu.
"Des cadavres brûlés, des parties de corps démembrées, des mères gémissant intensément d'avoir perdu leurs enfants sous les bombardements israéliens. Les signes caractéristiques de l'accouchement et du travail étaient éclipsés par l'intensité même de la terreur".
Trois semaines plus tard, alors qu'elle ressentait à nouveau les douleurs de l'accouchement, Mme Joudeh s'est rendue dans une clinique privée avec sa mère. Gaza connaissait alors une coupure des communications - les bombardements israéliens ont périodiquement interrompu les services Internet et téléphoniques dans la bande tout au long de la guerre - et elle ne pouvait contacter son mari, Muhammad, qui se trouvait à Nuseirat.
"Cela a eu un impact considérable sur mon état psychologique. J'avais besoin de Muhammad à mes côtés pendant cette période difficile", explique-t-elle.
La clinique était débordée. Plusieurs femmes étaient en travail et il n'y avait qu'un seul médecin pour s'occuper d'elles. Après la naissance d'Arkan, le médecin lui a demandé de rentrer chez elle pour laisser la place à d'autres patientes. Elle n'a pas pu faire de tests postnataux, et encore moins se reposer. Et son fils n'a pas encore été vu par un médecin pour des examens de base comme la prise de sa taille et de son poids et la vérification de son transit intestinal. Même si elle pouvait se rendre à l'hôpital, elle craint de contracter une infection "en raison de la surpopulation des personnes déplacées et de la pénurie de matériel de stérilisation et de règles sanitaires", a-t-elle expliqué.
La guerre continue de faire des ravages sur le plan psychique. Selon Mme Joudeh, le stress l'a empêchée d'allaiter son fils de façon régulière. Dans le même temps, elle a également eu du mal à trouver du lait maternisé en complément, ou même à se procurer des couches adaptées à son enfant.
Le Dr Hijazi, la gynécologue-obstétricienne, a déclaré que "les bombardements israéliens continus et les circonstances extrêmement difficiles associées aux naissances à Gaza ont entraîné une grave dépression post-partum chez les femmes".
Cela inclut le manque d'accès aux produits de première nécessité, comme l'expérimente Mme Joudeh, ainsi que des conditions de vie difficiles, en particulier pour les personnes réfugiées sous des tentes dans le froid.
Alors que Gaza est confrontée à une grave crise alimentaire, qui risque de s'aggraver à mesure que les États-Unis et d'autres pays occidentaux cesseront de financer l'agence de secours des Nations unies, Mme Joudeh pâtit d'un manque de subsistance.
"Après l'accouchement, j'ai besoin d'une alimentation adéquate, mais la pénurie alimentaire prévaut. L'aggravation de mon état mental me donne à peine envie de manger", a-t-elle dit.
📰 https://theintercept.com/2024/01/31/gaza-pregnancy-childbirth-health-care/
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9- ➤ Le grand Gideon Levy du journal israélien Haaretz laisse éclater sa colère
11.500 enfants ont été tués à Gaza. Une horreur d'une telle ampleur ne s'explique pas
Source Twitter X Baudouin Loos, le 4 février 2024
Deux cent soixante noms de bébés dont l'âge était égal à zéro ; des noms de bébés qui n'ont pas pu fêter leur premier anniversaire et qui ne fêteront jamais rien d'autre. Quels rêves leurs parents avaient-ils pour eux ?
Puis il y a des centaines de noms d'enfants d'un ou deux ans, de bambins de trois ou quatre ans, d'enfants de cinq, six, sept ou huit ans, jusqu'aux jeunes qui avaient 17 ans lorsqu'ils sont morts.
Des milliers de noms, l'un après l'autre, sur les 11 500 enfants tués par les forces de défense israéliennes à Gaza au cours des quatre derniers mois. La liste défile comme le générique de fin d'un long film, sur fond de musique de deuil.
La chaîne Al-Jazira a publié ce week-end la liste des noms dont elle a connaissance, soit la moitié des 11.500 enfants tués, selon le ministère de la santé du Hamas. Un enfant tué toutes les 15 minutes, un enfant sur 100 à Gaza.
Aucune justification ou excuse ne pourra jamais couvrir cette horreur. Il serait préférable que la machine de propagande israélienne n'essaie pas de le faire. Pas d'histoires du type "le Hamas est responsable de tout" ni d'excuses indiquant que le Hamas se cache parmi les civils.
Une horreur d'une telle ampleur n'a pas d'autre explication que l'existence d'une armée et d'un gouvernement dépourvus de toute limite fixée par la loi ou la morale. Pensez à ces bébés morts dans leur berceau, aux enfants qui ont tenté en vain de fuir pour sauver leur vie.
Fermez les yeux un instant et imaginez les plus de 10 000 petits corps allongés ; ouvrez-les et voyez les charniers, les salles d'urgence surchargées, les ambulances crachant de plus en plus d'enfants qui sont amenés en urgence, sans que l'on sache s'ils sont morts ou s'ils sont vivants.
C'est ce qui se passe encore aujourd'hui, à un peu plus d'une heure de route de Tel Aviv. Cela se passe sans qu'il en soit fait état en Israël, sans qu'il y ait de débat sur le déchaînement de violence qu'Israël s'est permis de mener à Gaza plus que jamais auparavant.
Cela se produit également sans que personne en Israël ne réfléchisse à ce qui résultera de ce massacre, à ce qu'Israël pourrait en tirer et au prix qu'il devra payer pour cela. Ne nous dérangez pas, nous tuons des enfants.
Les clichés sont éculés et pathétiques : "Ils ont commencé", "il n'y a pas le choix", "que voulez-vous que nous fassions ?". "L'armée israélienne fait tout ce qu'elle peut pour éviter de tuer des innocents".
La vérité, c'est qu'Israël s'en moque, il ne s'y intéresse même pas. Après tout, les Palestiniens n'aiment pas leurs enfants, et de toute façon, ils n'auraient fait que grandir pour devenir des terroristes.
Pendant ce temps, Israël efface des générations à Gaza et ses soldats tuent des enfants dans des proportions comparables à celles des guerres les plus cruelles. Cela ne sera pas et ne pourra pas être oublié.
Comment un peuple peut-il oublier ceux qui ont tué ses enfants de cette manière ? Comment les personnes de conscience du monde entier peuvent-elles rester silencieuses face à un tel massacre d'enfants ?
Le fait qu'Israël ne délibère pas sur cette question en interne, sans larmes ni conscience, désirant seulement poursuivre cette guerre jusqu'à la "victoire finale", ne lie pas le monde. Le monde voit et est choqué.
La vérité est qu'il est impossible de rester silencieux. Même Israël, si absorbé par son chagrin et sa préoccupation pour le sort des otages, Israël, qui a lui-même subi des horreurs le 7 octobre, ne peut ignorer ce qui se passe à Gaza.
Il faut sept minutes pour afficher la liste des milliers d'enfants morts, qui défile à la même vitesse que leurs vies misérables. À la fin, il est impossible de rester silencieux ; ce sont sept minutes qui vous laissent pantois, bouleversés et si profondément honteux.
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10- ➤ Même si vous pensez qu'Israël est le mal, c'est encore bien plus monstrueux que ce que vous pouvez imaginer
Par Caitlin Johnstone, le 5 février 2024, Substack
Il s'avère que les forces de défense israéliennes ont mis en place une chaîne Telegram qui diffuse des séquences filmées amateur dans lesquelles des habitants de Gaza sont sauvagement assassinés par les forces israéliennes, avec des sous-titres célébrant le sang et la souffrance, tels que "Brûler leur mère... Vous ne croirez pas la vidéo que nous avons reçue ! Vous pouvez entendre leurs os craquer". Les FDI avaient précédemment nié toute association avec la chaîne, mais Haaretz rapporte aujourd'hui qu'elle était directement gérée par une unité de guerre psychologique des FDI.
C'est l'une de ces très nombreuses fois où Israël est si monstrueux que l'on doute d'abord de ce que l'on voit. On se dit qu'on a mal interprété le rapport. Puis on le relit et on se dit "Oh wow, c'est tellement pire que ce que j'aurais pu imaginer".
Aussi sombre que vous pensiez qu'Israël est, vous pouvez toujours être sûr que des informations sortiront plus tard pour prouver que c'est encore bien pire.
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Tucker Carlson a été aperçu à Moscou, ce qui a donné lieu à des spéculations selon lesquelles il était là pour interviewer le président Vladimir Poutine, et les commentateurs libéraux en perdent la tête.
Les Occidentaux n'ont aucune raison valable de s'opposer à ce que Poutine soit interviewé par un journaliste occidental. Aucun fondement moral ne peut être invoqué parce que les responsables israéliens ont eu un accès illimité à une presse occidentale extrêmement bienveillante pendant les quatre mois qu'a duré l'administration d'un génocide actif. Il n'y a pas non plus de raison de dire que cela nuit aux intérêts des États-Unis en matière d'information, car cela reviendrait à admettre que les intérêts américains en matière d'information dépendent de la dissimulation au public d'informations sur des sujets aussi fondamentaux que ce qu'un dirigeant étranger pense de ses propres actions, et à reconnaître essentiellement que les médias occidentaux sont censés fonctionner comme des services de propagande pour l'armée et les services de renseignement des États-Unis.
Chaque objection possible est également un aveu sur ce que l'empire américain et ses médias sont réellement.
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Américains : des services de santé s'il vous plaît
Le gouvernement américain : Pardon, avez-vous dit bombarder la Syrie, l'Irak et le Yémen pour faciliter un génocide actif ?
Américains : non, des services de santé
Le gouvernement américain : D'accord, vous menez la vie dure, mais allons bombarder la Syrie, l'Irak et le Yémen pour faciliter un génocide actif.
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Biden ne ment pas techniquement lorsqu'il dit que les États-Unis ne cherchent pas le conflit au Moyen-Orient. Les États-Unis cherchent à dominer le Moyen-Orient et préfèrent bénéficier de cette domination de plein gré de la part de sujets soumis. Ce n'est que lorsque les habitants du Moyen-Orient refusent de se soumettre qu'il y a conflit.
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Les États-Unis n'ont jamais rien fait de bon pour le Moyen-Orient. Tout ce qu'ils ont apporté à la région, c'est un paquet d'opérations militaires meurtrières et l'opération militaire meurtrière ininterrompue qu'est l'État d'Israël.
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Installer une multitude de bases militaires dans des pays situés à l'autre bout de la planète, puis entrer en guerre contre quiconque tente de les expulser, c'est à peu près tout le contraire de la manière dont une armée saine et éthique devrait être utilisée.
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La politique étrangère des États-Unis est essentiellement une longue guerre contre les désobéissants. Bombarder, renverser les régimes, affamer et déstabiliser toute population qui oserait insister sur sa propre souveraineté plutôt que de se laisser absorber dans les griffes de l'empire mondial.
Les différents épisodes de cette guerre s'appellent la guerre Israël-Hamas, la guerre d'Irak, la guerre contre le terrorisme, mais il s'agit en réalité de la même guerre : la guerre contre la désobéissance. Une longue opération visant à brutaliser la population mondiale pour l'amener à obéir et à se soumettre, année après année, décennie après décennie.
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Quand il s'agit d'Israël, la principale différence entre les libéraux et les conservateurs est que les conservateurs soutiennent Israël parce qu'ils aiment que les musulmans se fassent assassiner tandis que les libéraux soutiennent Israël parce que bafouille bafouille quelque chose quelque chose l'antisémitisme, Israël a le droit de se défendre mais nous avons de sérieuses préoccupations au sujet de l'humanitaire HEY REGARDEZ PAR ICI C'EST TRUMP !
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Si le génocide de Gaza avait été perpétré avant l'arrivée d'Internet, il serait resté un sujet marginal dont quasiment personne n'aurait entendu parler. La presse occidentale aurait pu s'en tirer avec un nombre exponentiel de dissimulations des crimes israéliens, les politiciens occidentaux auraient pu s'en tirer avec encore plus de mensonges sur ce qui se passe réellement, les responsables israéliens auraient été bien moins regardants sur leurs déclarations d'intention génocidaire dans leurs propres médias, et Tsahal aurait été bien plus criant et évident quant à sa campagne d'extermination.
Ce n'est que parce que les citoyens ordinaires ont les yeux rivés sur ce qui se passe réellement que cette question fait l'objet d'un tollé mondial et d'une condamnation qui a mis l'empire au pied du mur. La classe politique/médiatique ne fait jamais ce qu'il faut parce qu'elle le veut, elle fait ce qu'il faut lorsqu'elle y est contrainte par des êtres humains normaux dotés d'une conscience saine. Le sort de l'humanité repose sur la capacité des gens ordinaires à faire circuler librement la vérité.
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Un podcast sera bientôt disponible. Restez à l'écoute.
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11- ➤ Gaza, le monde et nous
Depuis le début de cette guerre à Gaza, le fossé entre les continents et zones géographiques, les tensions et fractures au sein de plusieurs pays se creusent comme jamais auparavant. Il est malheureusement et sérieusement à craindre que nous vivions dans un monde qui assiste à un déclin patent des valeurs universelles et des conventions juridiques communes à l’humanité.
Par Ziad Majed, le 31 janvier 2024, Blog Mediapart
Nous vivons depuis le 8 octobre 2023 la guerre la plus meurtrière et la plus brutale jamais documentée et transmise en direct. En 15 semaines, plus de 30.000 palestiniens ont été tués par l’armée israélienne (60% des enfants et des femmes), et plus de 80% de la population de 2,2 millions de gazaouis assiégée dans 360 km2, déjà victime de 4 guerres et d’un long blocus (depuis 2007) se trouve déplacée, et entassée dans la partie sud du secteur dévasté [1].
Les chiffres, récits, vidéos et témoignages publiés et mis à jour régulièrement par les différentes agences onusiennes, les organisations humanitaires et des droits humains de même que par les braves journalistes et photographes palestiniens sur place, nous montrent la souffrance, la famine, les destructions des habitations et infrastructures, les coupures d’eau, de carburant et d’électricité, les conditions sanitaires inhumaines et le calvaire des malades, blessés, amputés, traités avec des moyens de fortune et opérés sans anesthésie.
Pendant ce temps, en occident, les gouvernements et une majorité de chaines de télévision, ont décrété que cette tragédie était un dommage collatéral d’une guerre "de légitime défense" qu’Israël mène à la suite des attaques meurtrières du Hamas le 7 octobre.
À cette forme de mépris à l’égard des Palestiniens et du droit international humanitaire se sont ajoutées les contributions sur la plupart des plateaux télévisés, d’intervenants non-spécialistes qui profèrent des inepties et mettent en doute en toute ignorance et arrogance l’ampleur des pertes humaines palestiniennes et la réalité du terrain.
Plus encore, une tribune médiatique a été régulièrement octroyée aux porte-parole de l'armée israélienne pour leur permettre de justifier leurs "opérations". Pour ce dernier cas, ces militaires n’ont en effet que très rarement, été mis en situation de devoir rendre compte, des crimes documentés et filmés, perpétrés par leur armée.
Le silence des universités et des corps professionnels
Il n’est pas improbable que cet état de fait ait amené des segments des opinions publiques occidentales (qui accèdent peu aux journaux et aux sites d’information sérieux et crédibles) à être surpris par le discours dénonçant les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et les horreurs qui se déroulent à Gaza, portés par des responsables des organisations internationales, tout comme par de véritables spécialistes, journalistes et chercheurs.
Il n’est dès lors pas surprenant de constater que la poursuite d’Israël par l'Afrique du Sud devant la Cour Internationale de Justice pour génocide, soit pour beaucoup d’occidentaux incompréhensible, au moment où elle a suscité des échos aussi importants en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, où des dizaines de millions de personnes ont suivi les débats de l’audience historique au tribunal de La Haye les 11 et 12 janvier 2024 et celle de l’annonce du tribunal des mesures provisoires le 26 du même mois.
Ce qui toutefois suscite de l’étonnement, c’est de voir des catégories capables de discernement et politisées, notamment parmi les responsables des institutions universitaires, de recherche, hospitalières et des syndicats de presse, plonger dans une sorte de léthargie et s’exonérer de leur responsabilité morale et citoyenne au regard de la tragédie gazaouie.
Comment s’expliquer en effet que des corps professionnels entiers puissent se murer dans le silence ou évoquer timidement dans un cadre informel, des massacres visant leurs confrères ou consœurs palestiniens ?
Plus de 300 soignants et soignantes (médecins, infirmier.e.s, assistant.e.s et ambulanciers) ont été tués à Gaza, 24 hôpitaux et 62 cliniques ont été totalement ou partiellement détruits, plus de 100 ambulances ont été visées et mises hors service.
Les tirs israéliens ont fauché 115 journalistes et photographes, dont la plupart ont été directement ciblés.
D'après une documentation minutieuse, l'armée israélienne a tué 94 professeurs d'université, 231 enseignants et plus de 4.300 étudiants et étudiantes, en plus de détruire ou bombarder sans motif 4 universités et 346 écoles (dont 65 gérés par l'UNRWA) [2]. À ceux-là viennent s’ajouter des dizaines d'artistes, de poètes et d'écrivains massacrés dans ce qui semble être une guerre d'extermination de l'éducation et de la culture, non seulement du présent et du passé des gazaouis (des dizaines de lieux de culte religieux, bâtiments et installations archéologiques et touristiques ont été totalement ou partiellement détruits), mais surtout de leur avenir.
Que faut-il de plus pour que des initiatives ou à minima des communiqués dénoncent ces horreurs et manifestent une solidarité avec les homologues palestiniens ?
Pourquoi est-il impensable pour les hôpitaux occidentaux ou les ordres de médecins de publier des déclarations ou d’organiser des manifestations symboliques solidaires des travailleurs du secteur de la santé palestinien ciblé ?
Si certains sont induits en erreur par l’effet des médias, pourquoi ne prennent-ils pas la peine de vérifier et s’enquérir de ce qui se passe auprès de leurs confrères de Médecins du Monde, de Médecins sans frontières, de l'Organisation mondiale de la santé et du Comité International de la Croix Rouge ?
Qu’en est-il du meurtre quasi-quotidien des journalistes palestiniens pour les empêcher de couvrir une zone interdite d’accès par Israël aux journalistes étrangers s’ils ne sont pas escortés et contrôlés dans leur travail par ses soldats ? Ne méritent-ils pas une mobilisation en faveur de l’ouverture d’enquêtes internationales sur leur assassinat et surtout le boycott de l’armée israélienne (et de ses porte-parole) qui les assassine ?
Le plus signifiant et probablement le plus interpelant reste le silence de la majorité des grandes institutions universitaires et culturelles face aux crimes qui touchent systématiquement les universitaires, les chercheurs et les écrivains, en plus de la destruction volontaire, parfois filmée et célébrée par les soldats mêmes, des établissements palestiniens.
Quelles sont donc la fonction pédagogique et les objectifs de l’enseignement si elles sont coupées de la réalité ? Comment pouvons-nous légitimement enseigner les sciences humaines, le droit international, le journalisme sans avoir un positionnement juridique ou du moins moral sur les tueries quotidiennes de nos semblables, qui soit en accord avec les messages et les valeurs que nous transmettons ?
Comment interpréter l’attitude passive et silencieuse, sous prétexte de "neutralité scientifique", de certains centres de recherche européens et américains spécialisés dans le "Moyen-Orient" ou les relations internationales alors que les instituts de recherche palestiniens sont annihilés ?
De quel savoir est-il question s’il est aveugle à ce qui se passe à quelques heures de vol de chez nous, et s’il déserte les salles de cours de nos établissements scientifiques ?
En réalité, non seulement le silence et la non-indignation ont régné, mais dans plusieurs cas aussi, des universités, des écoles et des clubs sportifs ont exercé des pressions et menacé de prendre des mesures coercitives contre toute initiative de "soutien aux palestiniens".
De plus, des foires du livre, des évènements artistiques et sportifs ont vu des programmes et des invités interdits en raison de leurs positions critique vis-à-vis des crimes d'Israël. Cette atmosphère a engendré comme conséquence la propagation d’une culture d’auto-censure contraire au principe-même de la liberté de pensée et d’expression.
On est en droit de s’interroger si une tragédie de cette ampleur avec ces données effroyables auraient produit un effet similaire si la géographie du conflit, sa démographie et la couleur de peau de ses victimes avaient été différentes.
Gaza et l’avenir des démocraties
Il est malheureusement et sérieusement à craindre que nous vivions dans un monde qui assiste à un déclin patent des valeurs universelles et des conventions juridiques communes à l’humanité. Depuis le début de cette guerre à Gaza, le fossé entre les continents et zones géographiques, les tensions et fractures au sein de plusieurs pays se creusent comme jamais auparavant.
En outre, les démocraties occidentales, en crise aujourd’hui et dont certaines sociétés sont traversées par des options politiques de plus en plus racistes et populistes, perdent de leur crédibilité et ternissent l’attractivité de leur modèle politique. C'est dangereux non seulement pour elles mais pour le reste du monde.
Car malgré leurs politiques économiques, leur impérialisme et la brutalité de leur histoire coloniale, les libertés existantes dans leurs systèmes, la philosophie de leurs institutions et universités, leurs constitutions, la richesse de leurs cultures, leurs arts et les systèmes de droits humains qu’elles ont institué après la Seconde Guerre mondiale, ont pendant des décennies attiré et inspiré les démocrates et les progressistes dans diverses parties du globe. En particulier ceux vivant à l’ombre de la tyrannie, l'oppression, la corruption et rejetant les modèles dits «alternatifs» des impérialismes (et dictatures) russe et chinoise.
La position honteuse de la grande majorité des gouvernements de ces démocraties occidentales sur la destruction de Gaza et de son peuple en 2023 et en 2024 est une plaie ouverte difficile à panser pour des centaines de millions de citoyens et citoyennes de ce monde.
Il sera impératif, après l'arrêt de la machine de guerre, pour tous ceux et celles consternés par l'ampleur des deux poids deux mesures, des indignations à géométrie variable et de la déshumanisation des Palestiniens, de rassembler leurs forces partout où cela sera possible, afin de surmonter le clivage installé.
De nouveaux mouvements citoyens et politiques, des réseaux et des coalitions doivent émerger et se fédérer pour porter un nouveau discours universaliste et lutter contre "l’impunité des puissants" et la hiérarchisation des victimes des guerres et des massacres selon leurs affiliations, et selon les lieux où leurs aspirations et espoirs sont assassinés…
[1] Un bilan détaillé peut être consulté ici : https://euromedmonitor.org/en/article/6103/Statistics-on-the-Israeli-attack-on-the-Gaza-Strip-%2807-October---19-January-2024%29
[2] Un bilan des pertes dans les milieux universitaires et scolaires est publié ici : https://euromedmonitor.org/en/article/6108/Israel-kills-dozens-of-academics,-destroys-every-university-in-the-Gaza-Strip
Ziad Majed est un politiste franco-libanais, professeur universitaire.
📰 https://blogs.mediapart.fr/ziad-majed/blog/310124/gaza-le-monde-et-nous
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12- ➤ Israël déclare la guerre à la Belgique en raison de son financement d'une agence d'aide humanitaire, un acte d'autodéfense évident
Par Laura K, le 2 février 2024, Substack
Suite au refus de financer l'UNRWA pour punir collectivement les Palestiniens de la décision injustifiée de la CIJ, Israël a pris la décision nécessaire de déclarer la guerre à la Belgique.
Dans un acte de terrorisme évident, la Belgique a décidé de continuer à financer l'UNRWA afin que les Palestiniens puissent recevoir l'aide dont ils ont désespérément besoin pour survivre. Israël, en état de légitime défense, n'a donc eu d'autre choix que de faire exploser l'Agence belge d'aide au développement (Enabel) et de la réduire à un tas de gravats.
On m'a dit que le bâtiment contenait un arsenal redoutable de pansements et de médicaments, ainsi que des vivres et même de l'eau. Plusieurs exemplaires intacts de Mein Kampf auraient été récupérés dans les décombres par les forces de défense israéliennes. On ne sait toujours pas si la mégabase téléportée du Hamas se trouvait sous le bâtiment au moment de l'attaque, mais quoi qu'il en soit, cet édifice était celui du Hamas, et donc de la Belgique.
Un porte-parole israélien a déclaré :
"Oui, nous avons détruit leur agence d'aide humanitaire. Qu'est-ce que cela peut bien faire ? Nous avons déjà détruit 75 000 bâtiments. Quelle différence cela fait-il d'en détruire un de plus ?"
Les Américains étaient naturellement ravis qu'une de leurs bombes ait détruit le bâtiment Enabel. Un homme, nu à l'exception de son AR-15 et de son slip arborant le drapeau confédéré, a lancé :
"Je ne peux pas bénéficier de soins de santé, alors je ne vois pas pourquoi les Palestiniens le pourraient. Je suis heureux que l'argent de mes impôts serve à quelque chose d'utile".
Il a ensuite tiré sur trois personnes qui faisaient campagne pour le programme "Medicare for All". Grâce à de tels patriotes, nous pourrons remporter la troisième guerre mondiale, qui débutera mardi prochain.
La Belgique avait convoqué l'ambassadeur d'Israël pour exiger des réponses, mais j'ai cru comprendre qu'elle avait fui le pays, ne tenant pas à être là lorsque les bombes atomiques arriveront. La Belgique est sur le point de recevoir le traitement spécial Gaza avec le plein soutien de ses alliés : l'Axe du génocide.
Le président de l'Axe, Joe Biden, a déclaré :
"Israël a le droit de se défendre contre les agences d'aide humanitaire et les chocolatiers".
Le monde entier s'est émerveillé du fait que Joe ait été capable de prononcer des mots multisyllabiques, même si nous avons eu besoin de sous-titres pour les comprendre.
On craignait que des cendres radioactives ne dérivent de la Belgique vers l'Allemagne, membre clé de l'Axe du génocide. Heureusement, l'Allemagne s'est excusée à l'avance pour toute personne qui pourrait mettre Israël dans l'embarras en développant une maladie des radiations. Un porte-parole a déclaré à Israël :
"Si vous voulez nous atomiser aussi, nous comprendrons".
Je crois savoir qu'Israël évalue ses options, après avoir révélé que le Hamas dispose d'un réseau de tunnels sous La Haye, étant donné qu'il n'est pas certain d'avoir suffisamment d'armes nucléaires pour détruire les Pays-Bas, la Belgique et l'Allemagne. L'Allemagne a promis de continuer à écraser les manifestants pacifistes si Israël accepte de l'épargner de l'apocalypse.
Netanyahou a rejeté les affirmations selon lesquelles il est dangereusement hors de contrôle et a expliqué que sa prochaine cible pour une invasion terrestre n'est en fait pas l'Europe. Il s'agit de Rafah, à la frontière égyptienne, où se cachent la plupart des habitants de Gaza qui, par miracle, n'ont pas été tués. On espère que cette action les liquidera une fois pour toutes.
Le reste de la bande de Gaza est aujourd'hui constitué de 8 millions de tonnes de décombres qui, selon les experts, nécessiteront trois ans pour être déblayés, posant ainsi des problèmes aux colons israéliens qui avaient l'intention de s'y installer. Le Royaume-Uni a déjà envoyé un message de soutien à ces colons au cœur brisé et a érigé en crime de haine le fait de se moquer d'eux en ligne. Les colonisateurs doivent se serrer les coudes en ces temps difficiles.
Alors que les derniers habitants de Gaza sont exterminés à Rafah, les sous-marins nucléaires israéliens sont chargés de détruire La Haye et Bruxelles dans un glorieux feu d'artifice. La dernière chose dont le monde a besoin, c'est d'une Cour internationale de justice et d'une ville qui fabrique de fabuleux chocolats.
📰 Lien de l'article original :
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