❖ La CIA a la Géorgie en tête
Révolution de couleur, un deuxième front contre la Russie, un destin partagé avec l’Ukraine, un nouveau Russiagate en vue ou coup d’État en préparation ? Une exploitation dangereuse par l’Occident
La CIA a la Géorgie en tête
Les agences de renseignement occidentales tentent d'exercer leur magie de la "révolution de couleur" sur un autre voisin de la Russie - et il faut que cela cesse.
Par Joe Brunoli, le 28 mai 2024, Blog de l'auteur
Ce qui se passe en Géorgie est aussi bizarre que flagrant. Des agences de renseignement occidentales, des hommes politiques, des organisations gouvernementales et non gouvernementales (ONG) et des médias font ouvertement campagne contre une nouvelle loi géorgienne qui imposerait un minimum de transparence à toutes les entités de ce type opérant dans la sphère publique en Géorgie.
Cette situation est absurde pour plusieurs raisons.
L'histoire de la Géorgie prouve que la loi est nécessaire
La plupart d'entre vous ont probablement entendu parler des "révolutions de couleur" soutenues par les États-Unis, qui ont poussé à un changement de régime dans diverses républiques ex-soviétiques. Profitant du chaos qui a suivi la chute de l'URSS, les agences de renseignement occidentales, agissant à la fois secrètement et ouvertement par l'intermédiaire de leurs ONG, ont organisé des révolutions "populaires" visant à faire sortir ces ex-satellites soviétiques de l'orbite de la Russie et à les faire entrer dans la sphère d'influence de l'Occident.
Pour ce faire, elles ont notamment fomenté des "mouvements" en faveur de l'adhésion à l'OTAN et à l'Union européenne.

Les États-Unis ont créé un tel mouvement en Ukraine (article du Guardian, en 2004) et l'ont utilisé pour fomenter la "révolution orange" en 2013, qui a finalement conduit au renversement du gouvernement élu à Kiev et à l'installation d'un régime fantoche américain.
Mais la Géorgie avait déjà eu sa propre expérience de ces révolutions "astro-turfées" (ou si vous préférez, orchestrées).
La "révolution des roses" de 2003 en Géorgie
La première de ces révolutions colorées a été la "révolution des roses", une révolte soutenue par la CIA qui a évincé le dirigeant pro-russe, Edouard Chevardnadze, pour laisser la place à Mikheïl Saakachvili et ses politiques néolibérales pro-OTAN, pro-UE et pro-occidentales.
En fait, Saakashvili était complètement "occidentalisé". Il avait fait ses études supérieures en France, en Italie, aux Pays-Bas et à l'université de Columbia à New York et a même travaillé pour un cabinet d'avocats new-yorkais dans les années 1990.
Une fois au pouvoir, Saakashvili a entrepris de modifier radicalement l'économie géorgienne d'une manière qui a dû rendre fiers ceux qui l'ont manipulé aux États-Unis. Il a nommé Kakha Bendukidze, un libertaire renommé et un zélateur de la flat tax, au poste de ministre de l'économie pour mettre en œuvre la libéralisation économique et la privatisation express. Comme le note Wikipédia :
"Sur le plan économique, Saakashvili a poursuivi une politique néolibérale : abolition du salaire minimum, licenciement de 60 000 fonctionnaires, réduction de l'impôt sur les sociétés de 20 % à 15 % et de l'impôt sur les dividendes de 10 % à 5 %. En 2009, Forbes a classé la Géorgie comme le quatrième pays au monde où la pression fiscale est la plus faible".
Saakashvili est immédiatement devenu la coqueluche des néoconservateurs de Washington. Des bellicistes comme John McCain l'ont présenté comme un dirigeant anti-russe convaincu.

Saakashvili n'a pas caché son désir d'intégrer la Géorgie dans la sphère d'influence américaine. Dès son entrée en fonction en 2004, il a envoyé des troupes géorgiennes en Afghanistan pour soutenir la mission des États-Unis et de l'OTAN dans ce pays. En réalité, la Géorgie est devenue le plus grand contributeur de troupes non membres de l'OTAN à la guerre en Afghanistan en termes de déploiement par habitant.
Un président "made in USA"
En 2004, le légendaire journaliste du Guardian Ian Traynor, a décrit l'ensemble des forces que les États-Unis ont mobilisées pour la révolution des roses et l'"installation" de Saakashvili :
"Le National Democratic Institute du parti démocrate [dirigé par Madeleine Albright], l'International Republican Institute du parti républicain [dirigé par John McCain], le département d'État américain et l'USAid [alias CIA] sont les principales agences impliquées dans ces campagnes populaires, ainsi que l'ONG G Freedom House et l'Open Society Institute du milliardaire George Soros.
"Des sondeurs et des consultants professionnels américains sont engagés pour organiser des groupes de discussion et utiliser des données psychologiques pour élaborer des stratégies".
Saakashvili était tout sauf un candidat pro-démocratique "bien de chez nous". C'était une créature des États-Unis, et sa campagne présidentielle couronnée de succès a été financée et organisée par le gouvernement américain, qui a fait appel à des cabinets de conseil, des instituts de sondage et des diplomates américains, aux deux grands partis américains ainsi qu'à des organisations non gouvernementales américaines soutenues par la CIA.
La Géorgie est devenue un terrain de jeu pour les intérêts occidentaux :
Après que Mikheil Saakashvili, l'ancien ministre de la justice de Chevardnadze, l'a déposé lors de la révolution des roses de 2003, des professionnels issus d'ONG ont rapidement occupé des postes de haut niveau au sein du gouvernement. L'espace politique du pays a été largement ouvert à toutes les expériences d'aide et de réforme menées par l'étranger. Les avantages géopolitiques et matériels nets l'emportaient largement sur les inconvénients.

Pourquoi la Géorgie est une cible pour l'infiltration occidentale
La révolution des roses a été considérée comme un succès pour l'hégémonie et la stratégie géopolitique occidentales, car elle a créé en Géorgie un système basé sur un réseau d'ONG et d'organisations médiatiques très perfectionné et richement financé, capable d'influencer les votes populaires.
En Géorgie, le président du pays est élu au suffrage universel, mais ne peut être membre d'un parti politique. De ce fait, la fonction présidentielle est facilement influençable par l'Occident, les appareils des partis ayant moins d'influence sur cette élection, et les agences de renseignement, les ONG et les médias occidentaux pouvant en exercer une plus grande sur le vote du peuple.
Importance stratégique et "second front" contre la Russie
Bien que la Géorgie soit un petit pays de seulement 3,7 millions d'habitants, elle revêt une importance stratégique. La Géorgie borde non seulement la Russie, mais aussi la mer Noire, la plus importante étendue d'eau pour la marine russe. La célèbre flotte russe de la mer Noire est basée à Sébastopol, en Crimée.
Depuis sa base de Crimée, la flotte de la mer Noire est le principal atout naval de la Russie, non seulement pour la mer Noire, mais aussi pour celle d'Azov et, surtout, pour la Méditerranée.
Éloigner la Géorgie de la sphère d'influence russe est donc une priorité majeure pour les puissances occidentales qui cherchent à contenir et à intimider la marine russe, dont les alliés de l'OTAN sont la Turquie, la Bulgarie, la Moldavie et la Roumanie, qui s'apprête à accueillir la plus grande base de l'OTAN en Europe.

Avec l'échec de la guerre par procuration en Ukraine, les États-Unis et leurs vassaux occidentaux sont en mode panique. L'obtention d'une "victoire" en Géorgie n'en est que plus vitale. En effet, il semble que l'Ukraine perdra presque certainement son accès à la mer Noire. En mars 2024, Elon Musk affirmait :
"Que l'Ukraine perde ou non tout accès à la mer Noire est, à mon avis, la vraie question qui se pose encore. Je recommande un règlement négocié avant que cela ne se produise".
L'Occident collectif - et en particulier le président ukrainien Volodymir Zelensky - refusent de négocier avec le président russe Poutine, et il semble donc que l'Ukraine soit une cause perdue.
Cela signifie que tous les regards se tourneront vers la Géorgie, le seul autre voisin russe ayant accès à la mer Noire.
Continuité des présidents occidentalisés
Le fait que le président géorgien contrôle l'armée du pays signifie - du moins pour l'OTAN - qu'il est primordial d'avoir une personne pro occidentale à ce poste. Mikheil Saakashvili était certainement un "allié fiable" à cet égard.
Lorsque Saakashvili a été évincé en 2013 sur fond de scandale et d'accusations de corruption et qu'il a été contraint de fuir le pays (il a ensuite été condamné par contumace), il a été remplacé par un autre suppôt totalement occidentalisé, Giorgi Margvelashvili.

Margvelashvili : un politicien littéralement créé par une ONG occidentale
Margvelashvili était un universitaire, professeur de philosophie, dont l'entrée en politique s'est faite par l'intermédiaire du National Democratic Institute (NDI), une ONG financée par le gouvernement américain qui maintient une large présence à Tbilissi. Comme beaucoup d'autres organisations financées par la CIA (telles que la National Endowment for Democracy (NED)), le NDI a été créé sous l'administration Reagan en 1983 et a pour but d'aider à renverser les gouvernements d'autres pays par le biais d'activités "ouvertes" et "légitimes" dans le cadre de la "promotion de la démocratie".
L'organisation sœur du NDI est l'Institut républicain international (IRI), une autre ONG autoproclamée, également fondée en 1983, qui, elle aussi, "promeut la démocratie dans le monde entier". L'IRI est également présent en Géorgie et, bien que les démocrates et les républicains ne s'entendent généralement pas, lorsqu'il s'agit de renverser un gouvernement en Géorgie, les deux organisations sont heureuses de travailler main dans la main.
Après son passage au NDI, Margvelashvili a été deux fois recteur de l'Institut géorgien des affaires publique (GIPA). Il s'agit d'une institution ostensiblement universitaire financée par le gouvernement américain. Il a été fondé à l'origine par la United States Information Agency (Agence d'information des États-Unis), au nom orwellien, qui a été intégrée aux opérations de renseignement du département d'État américain en 1999.
Le GIPA produit des "influenceurs" soumis à un lavage de cerveau occidental, tels que des professionnels des médias. Leur école de journalisme se targue d'être "financée par le département d'État américain" et forme (endoctrine) des étudiants de Géorgie, d'Arménie et d'Azerbaïdjan (deux pays également mûrs pour de nouvelles révolutions de couleur).

Margvelashvili était donc plus qu'heureux de poursuivre l'étroite coopération avec les États-Unis que Saakashvili avait initiée - en particulier dans le domaine de la coopération militaire. L'un des rares pouvoirs réels dont dispose la présidence en Géorgie est celui de superviser la défense du pays.
Sous Saakashvili, la Géorgie a commencé à s'entraîner intensivement avec l'OTAN. Les troupes américaines ont afflué dans le pays, créant le programme d'opérations de soutien et de stabilité de la Géorgie (Georgia Sustainment and Stability Operations Program), un renforcement militaire censé préparer ce pays à mieux soutenir l'OTAN dans les guerres d'Irak et d'Afghanistan.

La Géorgie est même devenue un participant majeur du programme américain de recherche sur les armes biologiques, à l'instar de l'Ukraine. Le régime de Saakashvili a commencé à travailler en étroite collaboration avec l'Agence américaine de réduction des menaces de défense (DTRA) dans le cadre de la loi Nunn-Lugar de 1991.
En juillet 2016, le gouvernement de Margvelashvili a signé un nouveau mémorandum de défense avec les États-Unis qui a fourni "un nouveau cadre pour un partenariat plus profond" avec les États-Unis et l'OTAN, selon le premier ministre géorgien Giorgi Kvirikashvili. Le secrétaire d'État John Kerry, qui se trouvait à Tbilissi pour la signature, a déclaré :
"Il est évident que nous avons un grand respect pour votre désir, en tant que pays, de pouvoir vous tourner vers l'Occident et de vous engager avec lui sans punition, sans châtiment".
Voilà.
Un président français pour la Géorgie ?
Il n'est donc pas étonnant que Giorgi Margvelashvili ait été remplacé par un plutôt une véritable Occidentale, une ancienne diplomate française qui est, bien entendu, une fervente partisane de l'OTAN.

Salomé Zourabichvili, la femme qui a pris la présidence, est en réalité française, bien qu'ayant des origines géorgiennes, et n'est devenue citoyenne géorgienne qu'en 2004, dans le sillage de la révolution des roses. Avant cela, elle avait été ambassadrice française en Géorgie, jusqu'en 2004, date à laquelle, selon Wikipédia :
"d'un commun accord entre les présidents français et géorgien, elle a accepté la nationalité géorgienne et est devenue ministre des affaires étrangères de la Géorgie".
Il convient de noter que les deux présidents susmentionnés étaient Jacques Chirac et notre vieil ami Mikheil Saakashvili.
Zourabichvili est toujours en fonction et lutte avec acharnement pour maintenir l'influence occidentale des États-Unis, de l'Union européenne et de l'OTAN en Géorgie.

Ce que les Géorgiens ont appris
Le gouvernement géorgien - ceux natifs du pays - a suivi de près ce qui s'est passé aussi bien en Ukraine que dans leur propre pays.
En effet, il n'est pas difficile de voir que l'Ukraine et la Géorgie répondent toutes deux à un "fantasme" de la politique étrangère américaine en tant que pièces d'échecs sur un échiquier, des pions à utiliser pour attaquer la Russie, pour tenter d’imposer une défaite stratégique à Vladimir Poutine et - en fin de compte - pour renverser Vladimir Poutine et déclencher la dissolution de la Fédération de Russie.
Ils ont observé les États-Unis et l'OTAN provoquer un violent coup d'État à en 2014 afin de prendre le contrôle de ce pays pour pouvoir l'utiliser comme "bélier" contre la Russie.

Ils ont vu comment l'Occident a vidé l’Ukraine de ses ressources, de ses richesses et de toute une génération de jeunes hommes dans sa quête vaine et inutile d'"affaiblir la Russie" en se battant cyniquement "jusqu'au dernier Ukrainien".

Une exploitation dangereuse par l'Occident
Les Géorgiens ont vu les dangers d'une alliance avec les États-Unis. La loi américaine Nunn-Lugar mentionnée plus haut a financé des installations pour coopter et développer les programmes d'armes biologiques soviétiques et mettre au point de nouveaux programmes dans les ex-territoires soviétiques, en particulier en Ukraine et en Géorgie. Les installations biologiques américaines dans ces deux pays ont été vivement critiquées par la Fédération de Russie, qui les considère comme de dangereux laboratoires à "double usage".
En bref, l'ensemble de la population géorgienne est menacée par les expériences dangereuses et les programmes d'armes biologiques que les États-Unis mènent en Géorgie, précisément parce qu'ils sont prêts à risquer des vies géorgiennes.
Un destin commun avec l'Ukraine ?
Les Géorgiens ont certainement appris que s'ils deviennent un "allié" des États-Unis et/ou de l'OTAN, cela ne se terminera pas bien pour eux. Ils connaissent certainement l'histoire qu'ils partagent avec l'Ukraine, la façon dont George W. Bush les a "piégés tous les deux" lors du sommet des membres de l'OTAN à Bucarest, en Roumanie, en 2008.
Bush, qui participait à son dernier sommet de l'OTAN en tant que président, aurait voulu "poser un jalon" pour son héritage.
Les Allemands, les Français, les Italiens, les Hongrois et les délégués du Benelux étaient opposés à la proposition d'adhésion à l'OTAN. Mais Bush, en tant que président des États-Unis, a passé outre les objections de ses alliés, et c'est ainsi que la section 23 de la Déclaration du sommet de Bucarest de l'OTAN a exprimé en termes très clairs l'adhésion imminente de la Géorgie et de l'Ukraine :
"L'OTAN se félicite des aspirations euro-atlantiques de l'Ukraine et de la Géorgie à adhérer à l'OTAN. Nous avons convenus aujourd'hui que ces pays deviendront membres de l'OTAN.

Ils savent que l'invitation "porte ouverte" à rejoindre l'OTAN n'est qu'une ruse cruelle pour inciter la Russie à attaquer la Géorgie, comme elle l'a fait en Ukraine
Ils savent que la Géorgie ne pourra jamais adhérer à l'OTAN
Ils savent que la Géorgie ne pourra jamais adhérer à l'UE
Ils savent que l'offre de devenir un "ami" des États-Unis et de leurs alliés occidentaux aboutira à la destruction de la Géorgie, à la perte de sa souveraineté et de son identité nationale
C'est Henry Kissinger qui l'a le mieux dit :
"Il peut être dangereux d'être l'ennemi de l'Amérique, mais être l'ami de l'Amérique est fatal"
Les Géorgiens savent tout cela.
Le "Rêve géorgien" fait front
Heureusement, il existe une force unifiée "sur le terrain" en Géorgie pour lutter contre la menace croissante de l'Occident. Cette force est un parti politique connu sous le nom de "Rêve géorgien".
Ce parti a été fondé et initialement financé par Bidzina Ivanishvili pour servir de plateforme à ses activités politiques en décembre 2011. Bidzina Ivanishvili est un oligarque géorgien qui a fait fortune en Russie et qui est généralement connu pour son orientation "pro-russe".

Ivanishvili a créé le Rêve géorgien pour s'opposer au Mouvement national uni (MNU) "pro-occidental" de Mikheil Saakashvili, mais le parti a gouverné plutôt au centre.
Une approche équilibrée et "pragmatique" à l'égard de la Russie
En 2020, le Parlement dominé par le Rêve de Géorgie a adopté une résolution de politique étrangère qui encourageait l'intégration à l'UE et à l'OTAN tout en s'engageant à poursuivre une politique "pragmatique et fondée sur des principes" à l'égard de la Russie. Cette politique "vise à mettre fin à l'occupation, à restaurer la souveraineté et l'intégrité territoriale et à garantir la paix, la sécurité et la stabilité dans la région".
Les leçons tirées de l'Ukraine
En bref, sous la direction de Ivanishvili, le Rêve géorgien cherche à faire ce que les dirigeants ukrainiens avaient tenté de faire avant le coup d'État de Maïdan en 2014, à savoir poursuivre une relation avec l'Occident tout en maintenant de bonnes relations avec la Russie, son voisin géant et puissant.
Viktor Ianoukovitch a tenté d'adopter une telle approche "équilibrée", mais il a finalement été contraint de fuir le pays lorsque son gouvernement a été renversé et remplacé par un régime 100 % pro-occidental et farouchement anti-russe, trié sur le volet par les États-Unis. Département d'État.
Les leaders du Rêve géorgien, comme le président du Parlement géorgien, Shalva Papuashvili, ne se laisseront pas faire.

En février 2024, Papuashvili a déclaré aux journalistes :
"Les partis d'opposition ont créé un système par le biais de fausses ONG pour recevoir des dons illégaux. Il y a un don illégal et LE don illégal. Nous parlons ici de financement provenant de l'étranger. En fait, une grande partie de l'opposition est directement financée par l'étranger. Étant donné que nous sommes dans une année électorale, cela équivaut à une ingérence étrangère dans les élections géorgiennes".
Les médias occidentaux et la leçon de la révolution des roses
Mais l'Ukraine n'est pas la seule source d'enseignements à tirer. La Géorgie a également tiré les leçons de sa propre histoire. Le parti Rêve géorgien a vu comment un puissant réseau d'ONG et de médias soutenus par l'Occident a œuvré pour fomenter une "révolution" destinée à chasser le gouvernement pro-russe et à le remplacer par un gouvernement pro-occidental.

Comme l'a indiqué le département d'État américain en 2004 :
"Au cours des douze années qui ont suivi l'effondrement de l'Union soviétique, les programmes d'assistance financés par le gouvernement américain ont constitué un élément clé de la politique américaine visant à soutenir la transformation politique et économique des anciens États soviétiques. En aidant les pays eurasiens à s'engager sur la voie de la démocratie et des économies de marché, ces programmes favorisent la stabilité à long terme dans la région et contribuent à la sécurité nationale des États-Unis".
Après tout, ce n'est pas un secret. En 2005, le Joan Shorenstein Center on the Press, Politics and Public Policy de la Kennedy School of Government de Harvard d a publié un article qui se vantait de l'influence des médias occidentaux sur le changement de régime en Géorgie :
"En Géorgie, cet investissement occidental (et notamment américain) dans l'aide au développement des médias et le soutien à la société civile a été largement récompensé dans un pays petit mais stratégiquement important [...] il est largement admis que cette aide au développement a contribué à placer les médias géorgiens au premier plan de la révolution des roses de novembre 2003, qui a porté au pouvoir un gouvernement [...] résolument pro-occidental".

En effet, l'impact du réseau médiatique soutenu par les États-Unis et déployé par l'Occident a été reconnu par son bénéficiaire final, Mikheil Saakashvili :
"Les Américains nous ont le plus aidés en canalisant le soutien aux médias géorgiens libres... C'était plus puissant que 5 000 marines".
Outre l'influence des médias, les ONG occidentales travaillaient également en 2003 à saper la souveraineté de la Géorgie et à opérer un changement de régime. La liste suivante n'est qu'une partie des ONG, pour la plupart basées aux États-Unis, qui s'opposent au gouvernement géorgien.
La Géorgie contre le "Global War Party"
Bidzina Ivanichvili, président du parti Rêve géorgien, qui a amassé une grande partie de son immense fortune personnelle en Russie, a affirmé qu'un "parti de la guerre mondiale" était responsable de la création de conflits dans le monde entier et de l'entraînement de pays dans des guerres avec Moscou.
"C'est cette force mondiale qui a d'abord forcé la confrontation de la Géorgie avec la Russie et qui a ensuite mis l'Ukraine dans une situation encore plus périlleuse", a déclaré Ivanichvili lors d'un rassemblement le mois dernier, accusant les "ONG et l'opposition radicale" d'être à leur service.
Les ONG occidentales représentent une menace bien réelle
Ivanovili a raison de désigner les ONG comme l'opposition. Il est certain qu'il existe une vaste cohorte d'ONG soutenues par les États-Unis et l'Occident qui sont extrêmement agressives dans leur opposition au parti "Rêve géorgien". Elles n'hésitent pas à critiquer et à condamner, et mènent une campagne organisée pour semer la division au sein de la société géorgienne.
Le mode opératoire des ONG
Après tant de "révolutions de couleur", le cahier des charges utilisé par les ONG pour déstabiliser et aider à renverser un régime est désormais un secret de polichinelle bien connu.
Tout d'abord, il est important de noter que les ONG occidentales sont abondamment financées.
Un de leurs principaux adversaires : L'USAID
L'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) est l'une des entités les plus actives de la CIA pour renverser les gouvernements jugés trop proches de la Russie.
L'agence, qui fait techniquement partie du département d'État américain, a commencé à opérer en Géorgie en 1992. Depuis lors, elle affirme avoir fourni plus de 1,9 milliard de dollars d'aide pour "contrer l'agression russe, favoriser [...] le développement démocratique, élaborer des normes visant à faire de la Géorgie un partenaire économique solide pour les États-Unis et renforcer son partenariat avec l'OTAN".
Le service de sécurité de l'État de Géorgie (SSG) et les principaux membres du parti Rêve géorgien ont accusé l'USAID d'avoir "inspiré des émeutes" dans le pays et formé des groupes planifiant des émeutes et ayant l'intention de provoquer des violences.
"Le SSG affirme également que les membres d'un groupe d'activistes serbes amenés en Géorgie à l'invitation de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) ont des liens avec la révolution des roses en Géorgie en 2003, ainsi qu'avec des "processus similaires" en Serbie, en Ukraine et dans d'autres États".
Le groupe d'activistes, connu sous le nom de Canvas, se décrit comme
"un réseau de formateurs et de consultants internationaux ayant une expertise dans la construction et la gestion de mouvements non violents couronnés de succès".
Mais les dirigeants géorgiens ne sont pas dupes :
S'adressant aux journalistes, Shalva Papuashvili, président du Parlement géorgien, a qualifié les événements de "jour noir dans l'histoire de l'aide américaine à la Géorgie" et a affirmé que la formation américaine visait à provoquer "l'effondrement de l'État".

La National Endowment for Democracy (NED) : une "seconde CIA"
La National Endowment for Democracy (NED) est, de l'avis général, un organe opérationnel de la CIA. Comme tant d'autres démembrements de l'agence de renseignement, la NED a été créée dans les années 1980 pour prendre en charge les opérations secrètes de changement de régime menées par la CIA.
L'agence est l'un des critiques les plus actifs du parti Rêve géorgien, et le président du Parlement géorgien monte au créneau, affirmant que la NED finance des organisations non gouvernementales politiquement partisanes et affiliées à des partis, en citant plusieurs exemples précis et en déclarant :
"Les fondateurs et les dirigeants de toutes ces ONG sont des politiciens et des chefs de parti. Tous ces leaders de partis se mettent de l'argent dans les poches en provenance de l'étranger".

Le Président a poursuivi :
"Ceci, bien sûr, ne répond à aucune norme de transparence. Cela ne répond ni aux normes américaines, ni à aucune norme, même la plus basse, en matière de transparence", a déclaré Shalva Papuashvili aux journalistes
Le président-directeur général de la NED, Damon Wilson, a répliqué :
"Les groupes de la société civile ont le droit d'être impliqués dans les processus politiques".
Mais Papuashvili n'en démord pas et s'en prend au partenaire européen de la NED :
"Je vais répéter une chose : la Dotation européenne pour la démocratie, EED, qui a couvert ses propres dépenses en Géorgie, ne se dévoile pas à la société géorgienne ou aux citoyens de l'UE, et il semble qu'elle finance directement les partis politiques et s'immisce dans les élections".

Papuashvili maintient la pression sur la NED et l'EED :
Dans un autre long message publié sur les réseaux sociaux le 4 mai, le président du Parlement Shalva Papuashvili attaque à nouveau la Dotation nationale pour la démocratie (NED) et la Dotation européenne pour la démocratie (EED), les accusant de manquer de transparence et de financer ce qu'il qualifie d'ONG locale "violente", le Mouvement de la honte, et, indirectement, des partis politiques. Papuashvili note que l'EED est dirigée par les députés européens qui ont "poussé" la récente résolution critiquant le gouvernement géorgien pour la loi sur les agents étrangers et les accuse d'utiliser des leviers politiques pour promouvoir leurs intérêts en Géorgie.

Les partis démocrate et républicain américains sont également impliqués
Comme mentionné ci-dessus, le "duopole" politique américain est également impliqué dans la fomentation de la rébellion en Géorgie. Le National Democratic Institute (NDI) [autrefois dirigé par Madeleine Albright] et l'International Republican Institute (IRI) du parti républicain [autrefois dirigé par John McCain] déversent tous deux de l'argent dans des "projets" et des "initiatives" destinés à attiser la révolution. Ces deux ailes de l'"Uniparti" américain travaillent souvent ensemble pour atteindre leurs objectifs impériaux communs en Géorgie.
Le NDI, par exemple, semble se spécialiser dans la publication de "sondages" censés montrer qu'une vaste majorité de Géorgiens soutiennent les "valeurs occidentales" ainsi que les institutions occidentales telles que l'OTAN et l'UE. Papuashvili a condamné la pratique du NDI et de l'IRI de publier des sondages qui, selon lui, "n'apportent rien de bénéfique à la population mais accentuent la destruction et le radicalisme".

L'homologue républicain du NDI a été particulièrement visé par les critiques du Rêve géorgien. En 2023, le président de la Chambre des représentants, Shalva Papuashvili, a spécifiquement accusé l'IRI de financer indirectement la violence :
"Je n'ai cessé de répéter à nos partenaires que l'argent de leurs contribuables était utilisé pour promouvoir l'idée de la violence en Géorgie et pour l'encourager. Il s'avère maintenant que l'IRI finance directement exactement ce type d'événement, qui vise à familiariser les jeunes avec les armes afin qu'ils n'hésitent pas à s'en emparer le moment venu".

La Freedom House (Maison de la liberté)
La Freedom House, au nom orwellien, est l'une des plus anciennes ONG internationales soutenues par le gouvernement américain. Elle a été fondée en 1941 "pour promouvoir l'engagement américain dans la Seconde Guerre mondiale et la lutte contre le fascisme". Cette ONG a publié des "rapports" qui condamnent la Géorgie comme étant "autoritaire" et "corrompue". Le groupe met constamment en garde contre le fait que les prochaines élections ne se dérouleront pas de manière équitable, etc.
Il est particulièrement agressif dans son opposition au parti "Rêve géorgien".
La United Nations Association of Georgia
L'Association des Nations Unies de Géorgie (UNAG) est l'une des nombreuses ONG géorgiennes créées en 1995. L'UNAG se spécialise dans l'offre de de stages rémunérés et de subventions aux Géorgiens dans le cadre du programme "Unity Through Diversity" de l'USAID. Sa fonction première est de distribuer de l'argent américain, principalement de l'USAID, et d'engager la jeunesse géorgienne en lui offrant des postes bien rémunérés et des bourses pour des projets axés sur la diversité, l'équité et l'inclusion (DEI), ainsi que sur l'égalité des sexes, la tolérance et les droits de la communauté LGBT.

La Transparency International
Il n'y a pas de meilleur moyen de délégitimer un gouvernement que d'affirmer qu'il est "corrompu". Transparency International (TI) est une ONG mondiale financée principalement par des entités politiques occidentales. En fait, TI est une ONG mondiale financée principalement par des entités politiques occidentales. Comme les autres ONG opérant en Géorgie, TI reçoit la grande majorité (82 %) de son financement d'"agences gouvernementales" telles que le département d'État américain et ce qu'ils appellent des "institutions multilatérales" telles que la Commission européenne. Parmi les autres donateurs, on trouve l'Open Society Foundations de George Soros (voir un peu plus bas).
En Géorgie, TI s'est récemment concentrée (comme toutes les ONG étrangères) sur la lutte contre la loi sur les agents étrangers.

L'International Society for Fair Elections and Democracy
La Société internationale pour des élections équitables et la démocratie (ISFED) est peut-être l'une des ONG occidentales les plus agressives contre le gouvernement géorgien. Il s'agit d'une organisation parapluie servant de centre d'échange pour les projets de trafic d'influence de divers gouvernements occidentaux, tels que le Royaume-Uni, l'Allemagne, le Danemark et l'Union européenne.
George Soros et son Open Society Foundation
Ce n'est un secret pour personne que l'Open Society Foundation a fait des heures supplémentaires en Europe de l'Est pour réaliser le rêve de son fondateur et bailleur de fonds, George Soros, un juif hongrois milliardaire qui a fait de l'éloignement de toutes les républiques ex-soviétiques de la Russie et de leur intégration dans l'orbite de l'Europe de l'Ouest l'œuvre de sa vie. En Géorgie, l'OSF travaille fébrilement à la réalisation de cet objectif, notamment en promouvant les droits et le militantisme des LGBTQ et des transgenres.

Et la liste continue …
La liste des ONG et des médias occidentaux opérant aujourd’hui en Géorgie semble interminable. Outre ceux énumérés ci-dessus, il existe également le Liberty Institute, l'Open Caucasus Media, le Centre d'Europe de l'Est pour la démocratie multipartite (EECMD), le Georgia's Reforms Associates (GRASS), le Forum civique européen (ECF), le DEVEX, la Civil Georgia (UNAG), la Freedom House, le McCain Institute, le George W. Bush Institute, le Policy and Management Consulting Group (PMCG), le Programme des Nations Unies pour le développement , le German Marshall Fund et bien d'autres.
Pourquoi tout ce remue-ménage ?

En 2023, le parlement géorgien, sous le contrôle du parti Rêve géorgien, a adopté une loi intitulée Loi sur la transparence de l'influence étrangère, plus connue sous le nom de "loi sur les agents étrangers".
Le texte intégral en anglais du projet de loi (devenu loi) peut être consulté ici.
En vertu de cette loi, les médias, les ONG, les syndicats et les autres groupes qui reçoivent au moins 20 % de leur financement de sources étrangères devront se qualifier d'"organisations poursuivant les intérêts d'une puissance étrangère".
Une fois désignés comme tels, les groupes devront se conformer à des exigences étendues en matière de rapports et pourront faire l'objet d'enquêtes.
La nouvelle loi avait été initialement proposée en 2023, mais elle avait été retirée à la suite des protestations qu'elle avait suscitées. Le parti Rêve géorgien, qui contrôle 84 des 150 sièges du parlement du pays, a réintroduit ce projet de loi en mars de cette année, après l'entrée en fonction d'un nouveau premier ministre, Irakli Kobakhidze, entraînant des manifestations depuis avril, qui ont donné lieu à de violentes répressions et à des arrestations par des policiers anti-émeutes cagoulés.
La loi a été condamnée par l'UE et même l'OTAN, ainsi que par les États-Unis.
Un "FARA géorgien" ?
Le gouvernement géorgien a fait valoir que la nouvelle loi était similaire aux législations sur la transparence en vigueur dans les pays occidentaux, telles que celle sur l'enregistrement des agents étrangers (Foreign Agents Registration Act) aux États-Unis et les directives similaires prévues en France ou dans d'autres pays de l'Union européenne.
Les opposants affirment toutefois que, si les lois sont similaires, la loi géorgienne vise spécifiquement les ONG et les médias, tandis que la loi américaine FARA s'intéresse davantage aux lobbyistes et aux autres personnes entretenant des relations directes de client à agent avec une puissance étrangère.
Les opposants ne sont pas sincères.
Condamnée comme une "loi russe"
Les opposants à la loi géorgienne sur la transparence la qualifient souvent de "loi russe" similaire à la loi russe sur les agents étrangers, officiellement intitulée "Amendements aux actes législatifs de la Fédération de Russie concernant la réglementation des activités des organisations à but non lucratif exerçant les fonctions d'agent étranger".

Almut Rochowanski et Sopo Japaridze, écrivant dans Jacobin, soutiennent que la loi géorgienne n'a rien à voir avec la loi russe :
La Géorgie de 2024 n'a rien à voir avec la Russie de 2012, lorsque cette dernière a adopté sa loi sur les agents étrangers - ni politiquement, ni en termes d'alliances internationales, ni en termes de démocratie et d'État de droit, et certainement pas en termes de rôle joué par les ONG. Les objectifs de la loi russe sur les "agents étrangers" n'avaient rien à voir avec ceux du projet de loi géorgien.
Mais l'orientation des lois russe et géorgienne doit être jugée dans un contexte historique.
Tout d'abord, il convient de rappeler que la loi américaine a été adoptée en 1938, en réponse à la propagande nazie allemande aux États-Unis pendant la période d'avant-guerre. Mais c'était à une époque où les "organisations non gouvernementales" n'existaient pas (le terme n'est apparu qu'après la Seconde Guerre mondiale) et où les "médias" étaient des journaux ou des stations de radio. Le paysage culturel et politique a changé de manière radicale depuis lors, en particulier avec l'avènement de l'internet.
Il semble tout à fait naturel qu'une loi sur les agents étrangers, quelle qu'elle soit, prenne en compte la nature puissante des médias et des "influenceurs" organisationnels du 21ème siècle.
L'UE a sa propre "loi russe"
L'Union européenne a sévèrement critiqué la loi géorgienne. Mais en décembre 2023, la Commission européenne a dévoilé sa propre loi sur les agents étrangers, baptisée "Défense de la démocratie", qui, selon des critiques comme le Forum civique européen, est "quasiment identique" à ce qui est proposé en Géorgie.
En effet, le champ d'application de la loi européenne semble très similaire dans sa portée :
"Les think tanks, les cabinets de relations publiques, les instituts de recherche, les médias, les organisations de la société civile ou les personnes fournissant des services à des entités situées en dehors de l'UE dans le but d'influencer la politique ou la "vie publique" de l'Union seraient concernés".
Les défenseurs de la loi au sein de la Commission européenne, comme la vice-présidente de la Commission, Věra Jourová, affirment qu'une telle loi est nécessaire aujourd'hui pour protéger l'Union européenne de l'ingérence étrangère.

À l'instar du président du Parlement géorgien, Papuashvili, Mme Jourová souhaite qu'une telle loi protège les prochaines élections européennes de 2024 :
"Il serait naïf de penser que la démocratie n'a besoin d'aucune protection - dans le monde d'aujourd'hui, c'est tout le contraire. Nous ne devons pas laisser Poutine ou tout autre autocrate s'immiscer secrètement dans notre processus démocratique. Nous ne pouvons pas ignorer le risque pour la démocratie venant de l'étranger", a-t-elle déclaré.
Il n'est pas surprenant que l'UE ait été critiquée pour son hypocrisie lorsqu'elle a affirmé que la loi géorgienne sur les agents étrangers était "incompatible avec les valeurs de l'UE" :
"Outre la Géorgie, la Bosnie-Herzégovine, la France, le Kirghizstan et la Slovaquie ont adopté ces derniers mois une législation sur les agents étrangers ou ont progressé dans cette voie. L'UE a dénoncé bon nombre de ces lois comme étant autoritaires et incompatibles avec ses valeurs, mais la proposition de l'UE n'est fondamentalement pas différente".
Similaires dans la pratique ?
Toutes ces lois sur les agents étrangers ont un point commun : elles définissent toutes de manière très vague ce qu'est un "agent étranger". Ce qui importe le plus, dans chaque cas, c'est la manière dont la loi est appliquée.
Aux États-Unis, par exemple, RT America et Sputnik ont été contraints de s'enregistrer en vertu de la FARA en 2017 en raison de l'hystérie anti-russe entourant l'ingérence étrangère présumée dans les élections présidentielles de 2016.

Les États-Unis, par l'intermédiaire de leur ministère de la Justice (DoJ), n'avaient engagé qu'une seule poursuite pénale au titre de leur version de la loi entre 1990 et 2010. Toutefois, depuis la prétendue ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine de 2016, les procureurs du DoJ se sont emparés de la FARA, intentant plus de poursuites entre 2016 et 2019 qu'au cours des 50 dernières années réunies.
Une application aussi large et subjective d'une loi a amené le Journal of National Security Law and Policy à noter :
"Bien que la loi russe sur les agents étrangers contienne des limitations substantielles beaucoup plus importantes sur le fonctionnement des "agents étrangers" que la FARA, les deux lois sont néanmoins étendues et peuvent balayer des groupes légitimes de la société civile qui ne devraient pas être qualifiés d'"agents étrangers"."
La Géorgie a-t-elle besoin d'une telle loi ? OUI, LA GÉORGIE EN A BESOIN.
C'est un petit pays, avec une petite population et une petite économie en difficulté. Ces facteurs font qu'il est très facile pour la Géorgie de devenir la proie d'ONG occidentales aux poches bien remplies.

Les ONG sont plus riches que les partis politiques géorgiens
Comme l'a expliqué Shalva Papuashvili dans un long message sur les réseaux sociaux :
"Certaines ONG sont riches. Elles auraient été plus riches que la plupart des partis politiques géorgiens si elles avaient été enregistrées en tant que tels. Les cinq ONG les plus riches de Géorgie disposent de plus d'argent que tous les partis politiques réunis... Cependant, la plupart de ces fonds proviennent de sources étrangères. La question est de savoir pourquoi."
Le président du Parlement géorgien a ensuite souligné l'absence de sources de financement de base véritablement "géorgiennes" pour ces ONG :
"En Géorgie, les gens et les entreprises font des dons aux partis politiques, y compris ceux de l'opposition, ce qui signifie qu'il n'y a pas de crainte de représailles politiques... Il est vraiment surprenant que les ONG n'aient jamais réussi à convaincre le public ou les entreprises de financer leurs activités et qu'elles doivent donc compter presque exclusivement sur des financements étrangers."

La réponse, bien sûr, est évidente. Les États-Unis et leurs alliés injectent de l'argent en Géorgie, inondant le système politique du pays et faussant l'économie elle-même.
Actuellement, plus de 25 000 ONG sont enregistrées en Géorgie, dont environ 10 000 sont des organisations substantielles et actives. Selon les autorités géorgiennes, 90 % de leur financement provient de sources étrangères. Et comme le mentionne Papuashvili, "la grande majorité des ONG géorgiennes n'ont reçu aucun financement local".
Lors d'une conférence de presse tenue le 1er mai, le Premier ministre géorgien, a déclaré aux journalistes :
"L'opacité du financement des ONG ne crée pas seulement des problèmes politiques pour la Géorgie, mais représente également un obstacle majeur au développement de son économie et à l'augmentation de son budget."

Le point de vue de Kobakhidze n'est cependant pas nouveau. Son prédécesseur, Irakli Garibashvili, déclarait aux journalistes en 2023 :
"Vous savez que de multiples ONG opèrent en Géorgie depuis des dizaines d'années. De nombreuses ONG sont créées chaque année. Leur travail est entouré d'un grand mystère, d'incertitude - c'est ainsi que je le décrirais, sans détour. Leur financement et les activités qu'elles mènent grâce à ce financement ne sont pas transparents."

La Géorgie a besoin de la loi sur les agents étrangers pour se protéger de l'"ingérence" occidentale via des ONG dont le financement et les missions sont opaques.
La jeunesse géorgienne est littéralement recrutée par l'Occident
Sopo Japaridze, journaliste et syndicaliste géorgien, a expliqué la nature insidieuse de l'influence des ONG étrangères sur la société géorgienne :
Le paysage local des ONG est profondément compétitif et encourage les coups de coude et l'autopromotion plutôt que la collaboration, et encore moins la solidarité. Pour de nombreux professionnels de l'industrie, travailler dans une ONG est un moyen rapide d'accéder à l'élite - avec des revenus élevés, des voyages à l'étranger et des réceptions dans les ambassades.
En effet, les ONG occidentales versent des salaires de niveau occidental, qui finissent par générer des revenus très élevés pour ceux qui travaillent dans l'espace des ONG. Et avec des dizaines de milliers d'ONG opérant dans un si petit pays, l'impact peut être substantiel.
La main-d'œuvre des ONG a, à bien des égards, formé sa propre classe sociale de Géorgiens qui sont plus redevables à l'Union européenne ou aux États-Unis qu'à la Géorgie en termes de moyens de subsistance et de perspectives socio-économiques. Avec des niveaux de salaire fixés en euros ou en dollars, leurs fiches de paie, lorsqu'elles sont converties en lari géorgien (GEL), les placent au sommet de l'échelle des revenus.
Il n'existe pas de statistiques sur le nombre de personnes travaillant pour des ONG en Géorgie, mais on peut s'attendre à ce qu'elles soient des centaines de milliers, principalement concentrées à Tbilissi, qui abrite à elle seule plus de 430 "organisations de la société civile" (OSC).

Les ONG s'engagent dans une politique d'opposition partisane
L'une des principales raisons pour lesquelles le gouvernement géorgien souhaite plus de transparence de la part des ONG occidentales est que ces organisations n'ont pas seulement plus d'argent que les partis politiques normaux du pays - elles assument le rôle de l'opposition dans le paysage politique du pays.
Comme l'explique Sopo Japaridze :
"au problème majeur au cœur de l'économie politique de la Géorgie s'en ajoute un autre, beaucoup plus délicat : la petite mais puissante clique d'ONG disposant de budgets annuels allant jusqu'à des millions de dollars provenant de donateurs étrangers - certains d'entre eux étant proches du précédent gouvernement du Mouvement national uni de Saakashvili - qui s'engage ouvertement dans la politique partisane".

Les ONG géorgiennes "détiennent un pouvoir considérable sur la population géorgienne", selon Japaridze. Elles tirent ce pouvoir de leur accès aux ambassades et aux ressources occidentales, mais aussi de la "légitimité" que ces institutions véhiculent - plutôt que du soutien réel de la "base". Cela conduit à un processus politique très biaisé en Géorgie :
"Au lieu que le peuple géorgien vote pour des législateurs représentant ses intérêts, des ONG non élues reçoivent leur mandat d'organismes internationaux, qui établissent et financent des listes de contrôle des réformes politiques en Géorgie."
Pour les membres du parti au pouvoir, le Rêve géorgien, ces listes contiennent des objectifs dangereux qui aboutiront à la destruction de la Géorgie en tant qu'État souverain.
Japaridze poursuit :
"Depuis environ cinq ans, [les ONG financées par l'étranger] nient la légitimité du gouvernement et appellent à son éviction - – et pas seulement en soutenant l'opposition lors des élections, ce qui franchit déjà des lignes rouges éthiques pour des ONG (surtout lorsqu'elles sont financées par des États étrangers)".
En effet, ces ONG occidentales "militent pour un changement révolutionnaire du pouvoir en dehors des processus démocratiques et constitutionnels".

Le Premier ministre géorgien, Kobakhidze, ne cesse de répéter que sans la nouvelle loi sur la transparence des agents étrangers, la Géorgie ne sera plus qu'un simple mandataire, à l'instar de l'Ukraine : un pion dans le grand jeu d'échecs entre la Russie et l'Occident :

Pour les membres du Rêve géorgien, la promulgation et l'application de la nouvelle loi sur la transparence est une nécessité existentielle, sur laquelle repose l'avenir même de la Géorgie.
Pour leurs adversaires occidentaux, en revanche, la loi représente un obstacle majeur, un obstacle sur leur trajectoire pour entraîner la Géorgie dans le grand conflit qui les oppose à leur principal adversaire, Vladimir Poutine.
Pour les États-Unis et leurs alliés, la loi ne peut être maintenue.
Les États-Unis et l'Union européenne accentuent la pression
Les dirigeants du parti Rêve géorgien et du gouvernement géorgien sont de plus en plus soumis à la pression directe des États-Unis et de l'Union européenne, qui insistent pour qu'ils retirent la "loi sur les agents étrangers" que le parlement géorgien a adoptée la semaine dernière.

Les États-Unis imposent une interdiction de voyager et proposent des sanctions
Le 25 mai, les États-Unis ont annoncé qu'ils refuseraient d'accorder des visas de circulation aux membres du Rêve géorgien qui militent en faveur de la nouvelle loi sur les agents étrangers. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a publié une déclaration indiquant que l'interdiction de voyager s'appliquerait aux politiciens ainsi qu'à leurs familles.
En plus de l'interdiction de voyager, le Congrès américain vote des sanctions contre les membres du parti Rêve géorgien. Le projet de loi imposerait diverses sanctions aux politiciens géorgiens accusés de "faire obstacle à l'intégration euro-atlantique de la Géorgie" et d'être derrière "la corruption, les violations des droits de l'homme et les efforts visant à faire avancer la loi sur les agents étrangers ou à en faciliter l'adoption".

Jeter de l'huile sur le feu ?
Le projet de loi américain, qui a été transmis au Sénat, appelle également à une suspension permanente du dialogue stratégique entre les États-Unis et la Géorgie, dans le cadre duquel les deux pays ont travaillé ensemble sur la "défense et la sécurité" ainsi que sur la "démocratie et la gouvernance".
En plus de cibler le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, et d'autres responsables, le projet de loi bipartisan allouerait au moins 50 millions de dollars "pour soutenir des projets en faveur de la démocratie et de l'État de droit en Géorgie", et déclencherait des enquêtes sur "l'influence étrangère malveillante" dans le pays.

En d'autres termes, le projet de loi "doublerait" et injecterait encore plus d'argent dans la "société civile" géorgienne - exactement le type de dépenses que les politiciens du "Rêve géorgien" tentent de limiter. Ce n'est pas un hasard.
Les Géorgiens ont réagi en dénonçant le "chantage" exercé par les États-Unis et en promettant d'appliquer la loi.
De la part de l'UE : des menaces de "conséquences"
Le 23 mai, le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidze a publié un long message sur Facebook, affirmant que le commissaire européen Olivér Várhelyi avait mentionné la récente attaque contre le Slovaque Robert Fico pour tenter de le persuader de renoncer à la "loi russe" controversée.

Kobakhidze a déclaré qu'une longue conversation téléphonique entre les deux hommes avait dégénéré lorsque le commissaire européen chargé de la politique de voisinage et de l'élargissement avait établi un parallèle entre la situation tendue en Géorgie et le récent assassinat du premier ministre slovaque, Robert Fico.
Várhelyi aurait dit "regardez ce qui est arrivé au (Premier ministre slovaque Robert) Fico, vous devez devez faire très attention", selon Kobakhidze.

Malgré toutes les pressions exercées sur lui, le gouvernement géorgien va de l'avant et votera pour renverser le veto du président à la législation.
Hélas, la Géorgie est confrontée à un effort combiné des puissances occidentales pour en faire un autre proxy, un "second front" dans leur guerre avec la Russie, et elles préparent déjà le terrain pour une nouvelle "révolution de couleur".
Un coup d'État en préparation ?
La roue de la prochaine "révolution de couleur" à Tbilissi est peut-être déjà en train de tourner.
Comme indiqué plus haut, un grand nombre d'ONG occidentales se concentrent sur la "légitimité" et la "transparence", ainsi que sur des notions vagues telles que la "démocratie et la gouvernance". Ces groupes commencent déjà à coordonner leurs attaques contre le gouvernement géorgien, affirmant qu'il est corrompu et prédisant que les prochaines élections parlementaires de 2024 pourraient être "entachées" et "illégitimes".

À titre d'exemple, le National Democratic Institute a publié un "rapport pré-électoral" qui identifie une "polarisation", ainsi que des "attaques verbales contre la société civile, y compris les "organisations de surveillance" [comme lui-même], et d'autres problèmes qui pourraient "mettre en péril la crédibilité des processus électoraux".
Le rapport indique que les processus électoraux de la Géorgie "ne sont pas conformes aux recommandations de l'OSCE/BIDDH et de la Commission de Venise", et que "ces amendements pourraient encore réduire la confiance dans la CEC [commission électorale centrale]".
Ce rapport fait suite à une autre enquête du NDI affirmant que les jeunes risquent de ne pas participer aux élections.
Les médias occidentaux condamnent quotidiennement les dirigeants géorgiens, souvent pour avoir utilisé la force policière contre les manifestants.
En effet, l'ensemble des ONG et des médias occidentaux sont unanimes pour dire que "la Géorgie devient de plus en plus autoritaire".
Un nouveau "Russiagate" à l'horizon ?
Les ONG occidentales ne se contentent pas d'accuser les dirigeants géorgiens d'avoir copié une loi russe, elles mettent également en garde contre l'"ingérence" du Kremlin à l'approche des élections législatives géorgiennes.
L'International Republican Institute (IRI) a réalisé son propre sondage, par l'intermédiaire de son Center for Insights in Survey Research (CISR), qui montre que la Russie est perçue comme une menace politique, que la présence de citoyens russes en Géorgie suscite des inquiétudes et que les niveaux de polarisation politique sont élevés. En outre, selon l'IRI, "les Géorgiens sont préoccupés par la présence de citoyens russes dans leur pays".
En fait, Foreign Policy a publié ce mois-ci un article insistant sur le fait que "les Géorgiens sont en colère contre le virage pro-russe du gouvernement".
En outre, les organisations occidentales qualifient Bidzina Ivanichvili, le fondateur du parti Rêve géorgien, d'"oligarque made in Russia".
Une "poussée de violence"
Les dirigeants géorgiens tirent la sonnette d'alarme non seulement à propos de l'ingérence étrangère dans les élections, mais aussi à propos de ce que Sopo Japaridze appelle "un changement révolutionnaire du pouvoir en dehors des processus démocratiques et constitutionnels". En d'autres termes, une révolution violente similaire à ce qui s'est passé à Maidan en 2013-2014.

Selon le site allemand Caucasus Watch :
Papuashvili a accusé les ambassades étrangères et les donateurs de fermer les yeux sur ce qu'il a qualifié de "violence dirigée par les ONG" lors des rassemblements en cours contre la loi sur les agents étrangers. Selon Papuashvili, les racines de cette spirale de violence proviennent de la collaboration entre les ONG et l'opposition radicale. Il affirme que ces groupes ont incité à la violence, notamment en publiant des listes de législateurs qui ont soutenu le projet de loi sur les agents étrangers et en exposant leurs coordonnées en ligne, donnant ainsi lieu à des menaces.
Une tempête parfaite pour octobre
Tous les éléments d'une révolution colorée sont réunis.
Tout d'abord, un grand nombre d'ONG internationales publient déjà des rapports, des études, des enquêtes et des conférences de presse visant à délégitimer le gouvernement géorgien actuel et le parti Rêve géorgien lui-même. Toutes ces actions, publications et campagnes sont destinées à préparer le terrain pour un rejet international des résultats des élections en octobre 2024.
Un président "traître" ?
La première salve de la guerre à venir a déjà été tirée, grâce à l'actuelle présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, née en France. Comme mentionné plus haut, Zourabichvili est une créature de l'Occident, et s'oppose au parti Rêve géorgien sur les agents étrangers et d'autres sujets.
Zourabichvili a récemment prononcé un discours dans lequel elle a ouvertement appelé à un changement de régime en Géorgie :
Zourabichvili a déclaré que la Géorgie devait "créer une nouvelle réalité politique" et qu'un gouvernement intérimaire multipartite ainsi qu'un parlement nouvellement élu devaient abroger plusieurs lois adoptées par le parti Rêve géorgien "qui sont préjudiciables au parcours européen de la Géorgie".
Elle a également appelé à la "pleine mobilisation" des Géorgiens vivant à l'étranger pour qu'ils votent lors des élections, affirmant qu'ils faisaient "partie du plan". Un plan ?

Les remarques du président ont été condamnées comme une "trahison" par le premier ministre géorgien, Irakli Kobakhidze :
"L'unité du peuple et du gouvernement nous a permis, au cours des deux dernières années, de maintenir la paix dans le pays malgré les menaces existentielles et les différentes trahisons, y compris celle du président", a-t-il déclaré.
Il convient également de noter qu'en appelant à la défaite du parti Rêve géorgien lors des élections, Zourabichvili tente de défendre sa propre position. En vertu d'une nouvelle loi, le prochain président sera choisi par le Parlement, et non par une élection populaire.
Cela signifie que si me parti Rêve géorgien conserve sa majorité, Zourabichvili sera évincée au profit d'un président plus favorable à ce parti et au peuple géorgien.
Une armée en attente
Enfin, il y a les fantassins, les jeunes Géorgiens de Tbilissi qui considèrent que leur avenir personnel - et leur fortune - est lié à l'Occident et à ses institutions. Comme nous l'avons mentionné plus haut, de nombreuses ONG actives en Géorgie dispensent un enseignement et une formation sur les moyens et les méthodes révolutionnaires.

Ces mesures seront sans doute déployées en octobre lorsqu'il s'agira de renverser le gouvernement géorgien.
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