♟ Israël craint la CIJ & mène une méga campagne de pression pour empêcher une injonction lui ordonnant de suspendre son assaut sur Gaza
Ministère israélien des affaires étrangères : "Déclarez publiquement et clairement que VOTRE PAYS rejette les allégations scandaleuses, absurdes et sans fondement faites à l'encontre d'Israël"
◾️ ◾️ ◾️
TRÈS IMPORTANT, À LIRE JUSQU'AU BOUT, LES CITOYENS PEUVENT AGIR !
CIJ : Audiences publiques prévues les jeudi 11 et vendredi 12 janvier 2024 (Palais de la Paix, Carnegieplein 2, 2517 KJ La Haye, Pays-Bas), à suivre via ce lien : https://webtv.un.org/fr
- Programme des audiences :
Jeudi 11 janvier 2024 10h-12h : Plaidoirie de l'Afrique du Sud
Vendredi 12 janvier 2024 10h-12h : Plaidoirie d'Israël
- Des membres du corps diplomatique, du public et des médias seront présents.
Le nombre de places étant limité, les membres du corps diplomatique ainsi que les médias doivent remplir un formulaire d'inscription en ligne avant minuit (heure de La Haye) le mardi 9 janvier 2024.
Un nombre limité de places seront disponibles dans la tribune du public pour les membres du public selon le principe du premier arrivé, premier servi. Pas de procédure d’inscription préalable.
Les photographes et les équipes de tournage enregistrées ne seront autorisés à pénétrer dans la salle d'audience que quelques minutes avant l'ouverture des plaidoiries de chaque partie.
- Salle de presse :
Les audiences seront retransmises en direct sur grand écran dans les deux langues officielles de la Cour, anglais et français, dans une salle de presse équipée d'un accès Internet partagé (Wi-Fi et Ethernet). Les équipes de télévision peuvent se connecter au système audiovisuel PAL (HD et SD) et NTSC (SD) de la Cour, et les reporters radio au système audio.
- Multimédia :
Les audiences seront diffusées en direct et à la demande (VOD) dans les deux langues officielles de la Cour, l'anglais et le français, sur le site Internet de la Cour et sur la Web TV de l'ONU. Des clips vidéo haute résolution et des photos produites par le Greffe lors des audiences seront disponibles gratuitement et sans droit d'auteur pour un usage éditorial et non commercial, sur le site Internet de la Cour (pour télécharger, cliquez sur Multimédia) et X (anciennement Twitter ) flux (@CIJ_ICJ).
- Une procédure pour participer à la plainte de Afrique du Sud contre Israël pour le génocide des Palestiniens existe !
Maître Mohamed Akunjee, avocat à Londres spécialisé en dans les affaires de Terrorisme, donne la marche à suivre :
1- Envoyer un email à chacun des juges de la Cour internationale de Justice (CIJ) pour exprimer ce que vous ressentez, et ce avant le jeudi 11 janvier 2024, date du premier jour d'audience ;
2- Adresses emails des juges : j.donoghue@icj-cij.org; K.GEVORGIAN@icj-cij.org; p.tomka@icj-cij.org ; r.abraham@icj-cij.org ; m.bennouna@icj-cij.org ; a.yusuf@icj-cij.org ; h.xue@icj-cij.org ; j.sebutinde@icj-cij.org ; d.bhandari@icj-cij.org ; p.robinson@icj-cij.org; n. salam@icj-cij.org ; y.iwasawa@icj-cij.org ; g.nolte@icj-cij.org ; h.charlesworth@icj-cij.org ; l.brant@icj-cij.org
3- Choisissez un titre exprimant votre ressenti ;
4- Dans la partie message, commencez par vous présenter : nom, prénom, âge, nationalité, profession.
Puis exprimez pourquoi vous considérez qu'Israël est coupable du crime de génocide des palestiniens.
Un exemple de texte est proposé en n°7 ;
5- Ajouter des preuves : URL de tweets, vidéos, images, articles de presse,etc
6- Signez en rappelant votre nom, prénom, adresse, email.
7- Exemple :
Madame la Présidente et estimés membres du jury,
J'espère que ce message vous parviendra en bonne forme et avec toute la détermination souhaitée. Je me nomme [Votre nom], je suis un citoyen [votre nationalité] très préoccupé par la situation. Je m'adresse à vous avec un grand sentiment d'urgence et une appréhension profonde m'incitant à rompre mon silence habituel.
J'ai toujours pensé que les personnes occupant une fonction d'autorité, telles que vous, avaient à cœur les meilleurs intérêts de l'humanité. Cependant, les récents développements au Moyen-Orient et la réponse mondiale qui leur a été apportée ont semé le doute dans mes convictions, me poussant à vous faire part directement de mes inquiétudes.
En explorant le site Internet de la Cour internationale de justice, j'ai trouvé un réconfort dans le fait qu'elle se compose de "juges indépendants, élus sans distinction de nationalité parmi des personnes jouissant d'une haute considération morale". C'est dans cet esprit que je m'adresse à vous au sujet de l'affaire imminente Afrique du Sud/Israël, dont l'audience relative aux mesures conservatoires est prévue pour les jeudi 11 et vendredi 12 janvier 2024.
Je suis sûr que vous êtes parfaitement conscient de la gravité de l'affaire qui vous est soumise et je pense que votre capacité à discerner la vérité, à résister aux pressions extérieures et à rendre un jugement juste est votre priorité. La convention sur le génocide, pierre angulaire du droit international, a été établie en 1948 pour s'engager à ne plus jamais permettre des atrocités semblables à celles commises par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. 152 États sur les 194 nations du monde l'ont honorablement signée. C'est un testament pour nos parents et nos grands-parents que leurs générations se soient engagées à respecter un ensemble de normes constituant les principes fondamentaux du bien et du mal, qui sous-tendent le tissu du monde dans lequel nous vivons et forment la base de la vie que la plupart d'entre nous avons la chance de pouvoir mener.
Le fait même que la responsabilité de statuer sur cette affaire vous incombe souligne une vérité décourageante : l'échec des systèmes existants de contrôle et de contrepoids au sein de la communauté internationale. Il est déconcertant de constater que les intérêts nationaux ont entaché le fonctionnement de nos systèmes mondiaux, permettant au massacre de civils de se poursuivre sans intervention. Je trouve cette réalité effroyable, tout comme d'innombrables citoyens du monde entier qui ont exprimé leur horreur en manifestant dans les rues des villes du monde entier.
L'affaire qui s'annonce constitue un test décisif pour l'engagement de l'humanité à respecter la promesse solennelle du "plus jamais ça". Des générations ont été sensibilisées aux horreurs de l'Holocauste et cette affaire nous met au défi d'être à la hauteur des principes que nous professons. Elle nous rappelle brutalement que les valeurs que nous chérissons sont mises à l'épreuve en temps réel, avec des conséquences dévastatrices.
En mars 2022, la Cour internationale de justice a ordonné à la Russie de suspendre immédiatement ses opérations militaires en Ukraine et de veiller à ce que les unités affiliées ne prennent plus aucune mesure en faveur des opérations militaires. Malgré cette intervention, on estime que 10 000 civils ont tragiquement perdu la vie en Ukraine depuis l'opération militaire russe de 2022. En outre, et à titre de comparaison, le nombre de morts à Gaza a déjà dépassé les 22 000 depuis octobre 2023, avec un pourcentage stupéfiant de 70 % de femmes et d'enfants parmi les victimes.
À une époque où les médias grand public font l'objet de scepticisme en raison de préjugés, la communauté mondiale a été témoin des actions d'Israël en temps réel par le biais de diverses plateformes de réseaux sociaux telles que X, TikTok et Telegram. Vous trouverez ci-joint des preuves irréfutables de la culpabilité d'Israël dans son intention de commettre un génocide et de s'engager dans des actions militaires génocidaires, parmi d'autres crimes de guerre présumés.
Nous nous trouvons dans un monde où la confiance dans les institutions mondiales s'érode rapidement. La Cour internationale de justice, en particulier, ne peut se permettre de rendre un jugement erroné dans l'affaire du génocide entre l'Afrique du Sud et Israël. Un tel jugement soulignerait non seulement l'inefficacité de la CIJ, mais susciterait également un examen minutieux de son autonomie par rapport aux influences politiques des États-nations, ce qui pourrait compromettre la moralité estimée des personnes impliquées.
En 1945, nous avons célébré Winston Churchill en tant que leader ayant rassemblé le monde dans la guerre pour mettre fin à la menace de l'Allemagne nazie et à l'horreur qu'elle infligeait. Cette guerre a coûté la vie à plus de 50 millions de personnes. Nous ne souhaitons pas célébrer à nouveau un héros de guerre ; nous souhaitons célébrer de nouveaux héros ayant évité une guerre en présidant la justice sans crainte ni faveur.
Je vous demande humblement d'aborder cette affaire avec la plus grande diligence, impartialité et engagement envers la justice. Le monde entier a les yeux rivés sur vous, et l'issue de cette affaire particulière se répercutera dans l'histoire, façonnant les perceptions de l'impartialité et de la valeur morale de la CIJ.
Je vous prie d'agréer, Madame la Présidente, l'expression de mes sentiments distingués,
(Insérer le nom)
Disponible en anglais dans cette suite de tweets : https://x.com/debunker_news/status/1744430419729076285?s=20
- Plus de 900 mouvements populaires, syndicats, partis politiques et autres organisations ont signé une lettre ouverte appelant les États du monde entier à soutenir la plainte déposée par l'Afrique du Sud contre Israël pour le génocide du peuple Palestinien. Ainsi que plus de 600 avocats internationaux.
◾️ ◾️ ◾️
1 - Israël accusé de "tentatives d'intimidation des juges" à l'approche des audiences sur le génocide
2 - Israël est terrifié à l'idée que la Cour internationale de justice puisse juger que ce pays perpètre un génocide
3 - Aharon Barak, le juge israélien à la CIJ qui a "légitimé l'occupation"
4 - Pour aller plus loin :
Le prix de la défense de l'apartheid : L'AIPAC* s'apprête à dépenser 100 millions de dollars contre le Squad*
& à lire ou relire L'argent du sang : Les dix hommes politiques les mieux rétribués par le lobby israélien
◾️ ◾️ ◾️
1- Israël accusé de "tentatives d'intimidation des juges" à l'approche des audiences sur le génocide
"Israël fait pression sur autrui pour obtenir la dénonciation du dossier dans l'espoir de persuader la Cour internationale de justice de prendre une décision fondée sur la politique plutôt que sur les faits", a fait savoir l'un des opposants à cette pratique.
Ndr : Au moment où je poste cette publication, je n'ai pas trouvé d'article, mais sur Twitter X, l'information selon laquelle Blinken effectue une tournée dans des pays susceptibles de soutenir l'action de l'Afrique du Sud, circule.
Par Jake Johnson, le 7 janvier 2024, Common Dreams
Le gouvernement israélien a lancé une campagne de pression auprès des gouvernements du monde entier pour qu'ils dénoncent publiquement les accusations de génocide portées par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice, qui doit se réunir jeudi et vendredi pour examiner les accusations détaillées.
Selon un câble obtenu par Axios, le ministère israélien des affaires étrangères demande aux ambassades du pays de faire pression sur les diplomates et les dirigeants politiques du pays hôte pour qu'ils publient rapidement une "déclaration immédiate et sans équivoque allant dans le sens suivant" :
"Déclarer publiquement et clairement que VOTRE PAYS rejette les allégations scandaleuses, absurdes et sans fondement faites à l'encontre d'Israël".
Le câble avertit qu'
"une décision de la Cour pourrait avoir des implications potentielles significatives ne se limitant pas au monde juridique, mais ayant des ramifications concrètes tant bilatérales que multilatérales, économiques et sécuritaires".
Israël cherche à empêcher une injonction lui ordonnant de suspendre son assaut sur Gaza.
Yousef Munayyer, analyste politique américain d'origine palestinienne, a qualifié la campagne de lobbying d'Israël de "tentative d'intimidation des juges" de la CIJ, qu'Israël a déjà boycottée.
L'ancien directeur exécutif de Human Rights Watch, Kenneth Roth, a fait valoir que le câble montre qu'Israël "s'inquiète manifestement d'un jugement sur le fond dans l'affaire initiée par l'Afrique du Sud".
"Israël fait pression sur d'autres pays pour les inciter à dénoncer l'affaire dans l'espoir de persuader la Cour internationale de justice de prendre une décision basée sur la politique plutôt que sur les faits", a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
Les États-Unis, principal allié et fournisseur d'armes d'Israël, ont déjà rejeté la plainte de l'Afrique du Sud, la qualifiant de "totalement dénuée de fondement", même si l'administration Biden n'a pas formellement évalué si Israël respectait le droit humanitaire international lors de son assaut contre la bande de Gaza, qui entre maintenant dans son quatrième mois et dont la fin n'est pas en vue.
Des avocats ont averti les responsables américains qu'ils pourraient bien se rendre complices d'un génocide s'ils continuaient à armer l'armée israélienne, qui a commis des atrocités avec de l'armement américain.
Un observateur des droits de l'homme estime qu'environ 4 % de la population de Gaza a été tuée, blessée ou est portée disparue à la suite de la guerre menée par Israël contre le territoire palestinien.
Raz Segal, historien israélien et spécialiste des génocides, a qualifié l'assaut israélien de "cas d'école de génocide", défini par le droit international comme "un crime perpétré dans l'intention de détruire un groupe national, ethnique, racial ou religieux, en totalité ou en partie".
La requête de 84 pages déposée par l'Afrique du Sud auprès de la CIJ, un organe des Nations unies composé de 15 juges élus, présente plusieurs pages de citations de hauts responsables israéliens - dont le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, le président Isaac Herzog et le ministre de la défense Yoav Gallant - exprimant ce que la requête qualifie d'"intention génocidaire à l'encontre du peuple palestinien".
Quelques jours après l'attaque du Hamas contre le sud d'Israël, Gallant a tristement déclaré que "nous combattons des animaux humains". Cette remarque faisait suite à l'annonce d'un "siège complet" de la bande de Gaza, privant la population désespérée de l'enclave de nourriture, d'eau et d'autres aides essentielles, une décision largement décriée comme une sanction collective illégale.
"Des déclarations similaires ont été faites par des responsables, des conseillers et des porte-parole de l'armée israélienne, ainsi que par d'autres personnes travaillant avec les troupes israéliennes déployées à Gaza", peut-on lire dans la demande de l'Afrique du Sud, qui a été soutenue par la Turquie, la Malaisie et la Jordanie.
Des experts juridiques, des avocats et des législateurs d'autres pays ont exhorté leurs gouvernements à rejoindre la coalition.
Moshe Saada, membre israélien de droite de la Knesset, a déclaré la semaine dernière que
"mes amis du bureau du procureur, qui se sont battus avec moi sur des questions politiques, lors de débats, me disent : 'Moshe, il est clair que tous les habitants de Gaza doivent être détruits'".
Israël, partie intégrante de la Convention sur le génocide qu'il est accusé d'avoir violée, aurait l'intention de faire valoir devant la CIJ que certains des responsables cités dans la requête de l'Afrique du Sud "ne sont pas des décideurs" et que ceux qui le sont "ne pensaient pas ce qu'ils disaient".
La campagne israélienne menée contre la plainte pour génocide déposée par l'Afrique du Sud intervient après que les ministres de la sécurité nationale et des finances du pays ont été condamnés par la communauté internationale, y compris par les États-Unis, pour avoir recommandé l'expulsion définitive des Palestiniens de la bande de Gaza, où 90 % de la population a été déplacée à l'intérieur du pays en raison de l'assaut israélien en cours.
Ces commentaires ne s'écartent guère des actions de l'armée israélienne et des déclarations de Netanyahou, qui aurait cherché des pays prêts à "absorber" les déplacés de Gaza. Le Times of Israel a rapporté la semaine dernière que des fonctionnaires israéliens
"ont tenu des pourparlers clandestins avec la nation africaine du Congo et plusieurs autres pour l'acceptation potentielle des émigrants de Gaza".
Michelle Goldberg, chroniqueuse au New York Times, a écrit vendredi :
"De plus en plus, il semble que l'Amérique finance une guerre visant à expulser les habitants de Gaza".
Jake Johnson est rédacteur en chef et collaborateur de Common Dreams. Il peut être contacté par mail jake@commondreams.org et suivi sur Twitter X @johnsonjakep
📰 https://www.commondreams.org/news/israel-south-africa-genocide
◾️ ◾️ ◾️
2- Israël est terrifié à l'idée que la Cour internationale de justice puisse juger que ce pays perpètre un génocide
L'Afrique du Sud, partie à la convention sur le génocide, a accusé Israël de génocide devant la Cour internationale de justice.
Par Marjorie Cohn, le 6 janvier 2024, Truthout
Depuis trois mois, Israël jouit d'une quasi-impunité face aux crimes atroces perpétrés à l'encontre du peuple palestinien. La situation a changé le 29 décembre, lorsque l'Afrique du Sud, État partie à la Convention sur le génocide, a déposé une plainte de 84 pages auprès de la Cour internationale de justice (CIJ ou Cour mondiale), alléguant qu'Israël commet un génocide à Gaza.
La requête solidement étayée de l'Afrique du Sud allègue que "les actes et omissions d'Israël [...] revêtent un caractère génocidaire, dans la mesure où ils sont commis avec l'intention spécifique requise [...] de détruire les Palestiniens de Gaza en tant que partie du groupe national, racial et ethnique palestinien au sens large" et que "le comportement d'Israël - par l'intermédiaire de ses organes d'État, de ses agents d'État ainsi que d'autres personnes et entités agissant sur ses instructions ou sous sa direction, son contrôle ou son influence - à l'égard des Palestiniens de Gaza constitue une violation des obligations lui incombant en vertu de la Convention sur le génocide".
Israël met tout en œuvre pour empêcher la CIJ de conclure qu'il commet un génocide à Gaza. Le 4 janvier, le ministère israélien des affaires étrangères a demandé à ses ambassades de faire pression sur les hommes politiques et les diplomates de leurs pays d'accueil pour qu'ils fassent des déclarations s'opposant à l'action de l'Afrique du Sud devant la CIJ.
Dans sa requête, l'Afrique du Sud a cité huit allégations à l'appui de son affirmation selon laquelle Israël se livre à un génocide à Gaza selon les allégations suivantes :
1 - En tuant les Palestiniens de Gaza, notamment une grande proportion de femmes et d'enfants (environ 70 %) sur les plus de 21 110 morts, dont certains semblent avoir été victimes d'exécutions sommaires ;
2 - En causant de graves dommages psychologiques et physiques aux Palestiniens de Gaza, dont des mutilations, des traumatismes psychologiques ou encore des traitements inhumains et dégradants ;
3 - L'évacuation et le déplacement forcés d'environ 85 % des Palestiniens de Gaza, y compris des enfants, des personnes âgées, des infirmes, des malades et des blessés. Israël provoque également la destruction massive de maisons, de villages, de villes, de camps de réfugiés et de zones entières, excluant ainsi le retour d'une grande partie du peuple palestinien dans ses foyers ;
4 - En provoquant la privation de nourriture, la famine et la déshydratation chez les Palestiniens assiégés à Gaza, en empêchant l'acheminement d'une aide humanitaire suffisante, en les privant de nourriture, d'eau, de carburant et d'électricité, et en détruisant des boulangeries, des moulins, des terres agricoles et d'autres moyens de production et de subsistance ;
5 - En ne procurant pas et en limitant la fourniture de vêtements, d'abris, d'hygiène et d'installations sanitaires adéquats aux Palestiniens de Gaza, dont 1,9 million de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Cette situation les a contraints à vivre dans des conditions dangereuses et sordides, tout en ciblant et en détruisant régulièrement les lieux d'hébergement et en tuant et blessant les personnes qui s'y abritent, notamment les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées ;
6 - En ne procurant pas ou en ne garantissant pas la prestation de soins médicaux aux Palestiniens de Gaza, y compris les besoins médicaux provoqués par d'autres actes génocidaires ayant infligé de graves lésions corporelles. Cela se traduit par des attaques directes contre des hôpitaux, des ambulances et d'autres installations de soins de santé palestiniens, par l'assassinat de médecins, de personnel médical et d'infirmières palestiniens (y compris les personnels de santé les plus qualifiés de Gaza) et par la destruction et la mise hors d'état de fonctionner du système médical de Gaza ;
7 - En réduisant à néant la vie des Palestiniens à Gaza, en détruisant les infrastructures, les écoles, les universités, les tribunaux, les bâtiments publics, les archives publiques, les bibliothèques, les magasins, les églises, les mosquées, les routes, les services publics et les autres installations nécessaires à la vie des Palestiniens en tant que groupe. Israël tue des familles entières, efface des histoires verbales entières et tue des membres éminents et distingués de la société ;
8 - En imposant des mesures destinées à empêcher les naissances palestiniennes à Gaza, notamment par le biais de la violence liée à la procréation infligée aux femmes, aux nouveau-nés, aux nourrissons et aux enfants palestiniens.
L'Afrique du Sud a cité une myriade de déclarations de responsables israéliens constituant des preuves directes de l'intention de commettre un génocide :
"Gaza ne redeviendra pas ce qu'elle était auparavant. Nous allons tout éliminer. Si cela ne se fait pas en un jour, cela se fera en une semaine, en plusieurs semaines, voire en plusieurs mois, nous atteindrons toutes les zones", a déclaré Yoav Gallant, ministre israélien de la défense.
Avi Dichter, ministre israélien de l'agriculture, a pour sa part indiqué :
"Nous sommes en train de réaliser la Nakba de Gaza", en référence à l'épuration ethnique des Palestiniens en 1948 en vue de la création de l'État d'Israël.
Nissim Vaturi, vice-président de la Knesset et membre de la commission des affaires étrangères et de la sécurité a pour sa part proclamé :
"Nous avons désormais tous un objectif commun : effacer la bande de Gaza de la surface de la terre"
La stratégie d'Israël pour faire échouer la requête de l'Afrique du Sud devant la CIJ
Israël et son principal protecteur, les États-Unis, sont conscients de l'ampleur de la requête de l'Afrique du Sud devant la CIJ et sont livides. Israël a coutume de faire un pied de nez aux institutions internationales, mais il prend la requête de l'Afrique du Sud très au sérieux. En 2021, lorsque la Cour pénale internationale a ouvert une enquête sur les crimes de guerre israéliens présumés à Gaza, Israël a fermement rejeté la légitimité de l'enquête.
"En général, Israël ne participe pas à de telles procédures. Mais il ne s'agit pas d'une commission d'enquête des Nations unies ni de la Cour pénale internationale de La Haye, dont Israël rejette l'autorité. Il s'agit de la Cour internationale de justice, dont les pouvoirs découlent d'un traité auquel Israël a adhéré, de sorte qu'il ne peut la rejeter pour les motifs habituels de manque d'autorité. Il s'agit en outre d'un organe jouissant d'un prestige international", a déclaré à Haaretz Eliav Lieblich, expert en droit international à l'université de Tel-Aviv.
Un câble du ministère israélien des affaires étrangères daté du 4 janvier indique que "l'objectif stratégique" d'Israël est que la CIJ rejette la demande d'injonction de l'Afrique du Sud visant à suspendre l'action militaire d'Israël à Gaza, qu'elle refuse de conclure qu'Israël se livre à un génocide à Gaza et qu'elle statue qu'Israël se conforme au droit international.
"Une décision de la Cour pourrait avoir des implications potentielles significatives, non seulement sur le plan juridique, mais aussi sur le plan pratique, bilatéral, multilatéral, économique et sécuritaire. Nous demandons une déclaration publique immédiate et sans équivoque dans le sens suivant : Déclarer publiquement et clairement que VOTRE PAYS rejette les allégations les plus scandaleuses [sic], absurdes et sans fondement faites à l'encontre d'Israël", indique le câble.
Le câble demande aux ambassades israéliennes d'exhorter les diplomates et les politiciens au plus haut niveau "à reconnaître publiquement qu'Israël travaille [avec les acteurs internationaux] pour accroître l'aide humanitaire à Gaza, ainsi que pour minimiser les dommages causés aux civils, tout en agissant en légitime défense après la terrible attaque du 7 octobre menée par une organisation terroriste génocidaire".
"L'État d'Israël se présentera devant la CIJ de La Haye pour dissiper l'absurde libelle diffamatoire de l'Afrique du Sud", a déclaré le porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahou, Eylon Levy.
Et de continuer :
"La requête de l'Afrique du Sud est "sans fondement juridique et constitue une exploitation grossière et un outrage au tribunal".
Israël met tout en œuvre, y compris des accusations fallacieuses de "diffamation du sang", un trope antisémite qui accuse à tort les Juifs de sacrifier rituellement des enfants chrétiens.
"Il est tragique que la nation arc-en-ciel qui s'enorgueillit de lutter contre le racisme se batte pro-bono pour des racistes anti-juifs", a-t-il ajouté avec ironie.
Celui-ci a affirmé de manière ahurissante que la campagne militaire israélienne visant à détruire le Hamas à Gaza avait pour but d'empêcher le génocide des juifs.
Comme le dit le vieil adage, lorsqu'on est chassé de la ville, il faut aller au devant de la foule et faire comme si l'on menait la parade.
L'administration Biden s'est levée pour défendre son fidèle allié, Israël. Le porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis, John Kirby, a qualifié la requête de l'Afrique du Sud auprès de la CIJ de "sans fondement, contre-productive et totalement dénuée de toute base factuelle". Kirby a soutenu qu'"Israël n'essaie pas de rayer le peuple palestinien de la carte. Israël essaie de se défendre contre une menace terroriste génocidaire", faisant ainsi écho à l'affirmation grotesque d'Israël.
L'affirmation de Kirby selon laquelle Israël tente d'empêcher un génocide est particulièrement absurde, étant donné que depuis que le Hamas a tué 1 200 Israéliens le 7 octobre, les forces israéliennes ont tué au minimum 22 100 habitants de Gaza, dont environ 9 100 enfants. Au moins 57 000 personnes ont été blessées et 7 000 sont portées disparues. Un nombre incalculable de personnes sont piégées sous les décombres.
Les mesures provisoires contre Israël peuvent avoir un impact immédiat
L'Afrique du Sud demande à la CIJ d'ordonner des mesures conservatoires (injonction provisoire) afin de "protéger les droits du peuple palestinien en vertu de la Convention sur le génocide contre un préjudice supplémentaire, grave et irréparable". L'Afrique du Sud appelle également la Cour à "veiller à ce qu'Israël respecte les obligations qui lui incombent en vertu de la convention sur le génocide, à savoir ne pas commettre de génocide et prévenir et punir le génocide".
Les mesures conservatoires demandées par l'Afrique du Sud consistent notamment à ordonner à Israël de "suspendre immédiatement ses opérations militaires à Gaza et contre Gaza" et de cesser et de s'abstenir de tuer les Palestiniens, de leur infliger des atteintes graves à leur intégrité physique ou mentale, de leur imposer des conditions de vie visant à les détruire en totalité ou en partie, et d'imposer des mesures visant à empêcher les Palestiniens de donner naissance à des enfants. L'Afrique du Sud souhaite que la CIJ ordonne à Israël de cesser d'expulser et de déplacer de force les Palestiniens et de les priver de nourriture, d'eau, de carburant, de fournitures et d'assistance médicales.
Bras judiciaire des Nations unies, la CIJ est composée de 15 juges élus pour un mandat de neuf ans par l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité des Nations unies. Il ne s'agit pas d'un tribunal pénal comme la Cour pénale internationale, mais d'une instance de résolution des différends entre pays.
Si une partie à la convention sur le génocide estime qu'une autre partie n'a pas respecté ses obligations, elle peut poursuivre ce pays devant la CIJ pour déterminer sa responsabilité. C'est ce qui s'est passé dans l'affaire Bosnie contre Serbie, dans laquelle la Cour a estimé que la Serbie avait violé ses obligations de prévention et de répression du génocide en vertu de la Convention.
Les obligations de la Convention sur le génocide sont erga omnes partes, c'est-à-dire des obligations dues par un État à l'égard de tous les États parties à la Convention. La CIJ a déclaré :
"Dans une telle convention, les États contractants n'ont pas d'intérêts propres ; ils ont simplement, tous et chacun, un intérêt commun, à savoir la réalisation des fins élevées qui sont la raison d'être de la Convention".
L'article 94 de la Charte des Nations unies stipule que toutes les parties à un différend doivent se conformer aux décisions de la CIJ et que si une partie ne le fait pas, l'autre partie peut s'adresser au Conseil de sécurité des Nations unies pour obtenir l'exécution de la décision.
Une procédure moyenne devant la CIJ, de bout en bout, peut prendre plusieurs années (il s'est écoulé près de 15 ans entre le moment où la Bosnie a intenté sa première action contre la Serbie en 1993 et le prononcé de l'arrêt final sur le fond en 2007). Cependant, une affaire peut avoir un impact immédiat. Le dépôt d'une plainte auprès de la CIJ envoie un message fort à Israël : la communauté internationale ne tolérera pas ses actions et cherchera à lui faire rendre des comptes.
Des mesures provisoires peuvent être rapidement prononcées. Par exemple, la CIJ a ordonné des mesures 19 jours après l'ouverture de la procédure bosniaque. Les mesures conservatoires sont contraignantes pour la partie contre laquelle elles sont ordonnées et leur respect peut être contrôlé à la fois par la CIJ et par le Conseil de sécurité.
Les arrêts sur le fond rendus par la CIJ dans des litiges entre parties sont contraignants pour les parties concernées. L'article 94 de la Charte des Nations unies prévoit que "tout Membre des Nations unies s'engage à se conformer à la décision [de la Cour] dans toute affaire à laquelle il est partie". Les arrêts de la Cour sont définitifs et sans appel.
Les audiences publiques sur la demande de mesures conservatoires de l'Afrique du Sud se tiendront les 11 et 12 janvier à la CIJ, située dans le Palais de la Paix à La Haye, aux Pays-Bas. Les audiences seront retransmises en direct de 4h00 à 6h00 (heure de l'Est) et de 1h00 à 3h00 (heure du Pacifique) sur le site Internet de la Cour et sur UN Web TV. La Cour pourrait ordonner des mesures conservatoires dans la semaine suivant les audiences.
D'autres États parties à la convention sur le génocide peuvent se joindre à l'affaire de l'Afrique du Sud
Les autres États parties à la convention sur le génocide peuvent soit demander l'autorisation d'intervenir dans l'affaire déposée par l'Afrique du Sud, soit déposer leurs propres requêtes contre Israël devant la CIJ. La requête de l'Afrique du Sud cite plusieurs pays qui ont fait référence au génocide israélien à Gaza. Ces pays sont l'Algérie, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, Cuba, l'Iran, la Palestine, la Turquie, le Venezuela, le Bangladesh, l'Égypte, le Honduras, l'Irak, la Jordanie, la Libye, la Malaisie, la Namibie, le Pakistan ainsi que la Syrie.
Le 5 janvier, Quds News Network a tweeté :
"Le ministre jordanien des affaires étrangères, Ayman Safadi, annonce que son pays soutient la plainte pour génocide déposée par l'Afrique du Sud contre Israël devant la CIJ. Il a ajouté que le gouvernement jordanien travaillait sur un dossier juridique pour donner suite à l'affaire. La Turquie, la Malaisie et l'Organisation de la coopération islamique (OCI) ont également annoncé qu'elles soutenaient l'affaire".
La toute nouvelle Coalition internationale pour mettre fin au génocide en Palestine, soutenue par plus de 600 groupes à travers le monde, s'est réunie pour exhorter les États parties à invoquer la Convention sur le génocide.
La coalition affirme que
"les déclarations d'intervention en faveur de l'invocation par l'Afrique du Sud de la convention sur le génocide à l'encontre d'Israël augmenteront la probabilité qu'une conclusion positive du crime de génocide soit appliquée par les Nations unies, de sorte que des mesures seront prises pour mettre fin à tous les actes de génocide et que les responsables de ces actes seront tenus de rendre des comptes".
Au cours de la première semaine de janvier, des délégations de "diplomates de terrain", dirigées par CODEPINK, World Beyond War et RootsAction, ont organisé une campagne à travers les États-Unis pour exhorter les nations à soumettre des déclarations d'intervention dans l'affaire opposant l'Afrique du Sud à Israël devant la CIJ. Les militants se sont rendus dans 12 villes, visitant des missions de l'ONU, des ambassades et des consulats de Colombie, du Pakistan, de Bolivie, du Bangladesh, de l'Union africaine, du Ghana, du Chili, d'Éthiopie, de Turquie, de Belize, du Brésil, du Danemark, de France, du Honduras, d'Irlande, d'Espagne, de Grèce, du Mexique, d'Italie, d'Haïti, de Belgique, du Koweït, de Malaisie et de Slovaquie.
"Il s'agit d'un cas rare où la pression sociale collective exhortant les gouvernements à soutenir le cas sud-africain peut constituer un tournant décisif pour la Palestine. Nous avons besoin que davantage d'États déposent des interventions de soutien - et nous avons besoin que la Cour sente l'œil vigilant des masses afin de résister à ce qui sera une pression politique extrême des États-Unis sur la Cour", a déclaré Lamis Deek, un avocat palestinien basé à New York, dont le cabinet a convoqué la commission de l'Assemblée palestinienne pour la libération sur la justice en matière de crimes de guerre, les réparations et le retour.
Suzanne Adely, présidente de la National Lawyers Guild, a fait remarquer que
"l'isolement croissant d'Israël, des États-Unis ainsi que de leurs alliés européens à l'échelle mondiale indique qu'il s'agit d'un moment clé pour les mouvements populaires, qui doivent inciter leurs gouvernements à prendre ces mesures et à se ranger du bon côté de l'histoire".
En effet, depuis le 7 octobre, des millions de personnes à travers le monde ont marché, protesté et manifesté en faveur de la libération de la Palestine.
RootsAction et World Beyond War ont créé un modèle que les organisations et les individus peuvent utiliser pour exhorter les autres États parties à la Convention sur le génocide à déposer une déclaration d'intervention dans l'affaire de génocide de l'Afrique du Sud contre Israël devant la CIJ.
Marjorie Cohn est professeur émérite à la Thomas Jefferson School of Law, ancienne présidente de la National Lawyers Guild et membre des conseils consultatifs nationaux d'Assange Defence et de Veterans For Peace, ainsi que du bureau de l'Association internationale des avocats démocrates . Elle est doyenne fondatrice de l'Académie populaire de droit international et représentante des États-Unis au conseil consultatif continental de l'Association of American Jurists. Ses livres incluent Drones et assassinats ciblés : questions juridiques, morales et géopolitiques . Elle est co-animatrice de la radio Law and Disorder.
Message du directeur exécutif de TRUTHOUT
Depuis 22 ans, Truthout est une plateforme d'idées nouvelles et audacieuses, qui élève les voix et produit un journalisme novateur et primé. Les histoires que nous avons publiées au cours des deux dernières décennies ont été lues par des dizaines de millions de personnes et ont inspiré les conversations et les actions nécessaires au changement social.
Mais pour continuer à publier un journalisme significatif, puissant et inspirant, nous avons besoin de votre soutien.
Votre don est à la fois vital et profondément apprécié. Si vous êtes en mesure de faire un don, veuillez faire un don déductible d'impôt dès aujourd'hui ici.
- Ziggy West Jeffery
◾️ ◾️ ◾️
3- Aharon Barak, le juge israélien à la CIJ qui a "légitimé l'occupation"
Le juge israélien choisi pour juger un génocide à La Haye s'est distingué par son libéralisme, mais les analystes estiment qu'il a ouvert la voie à des abus contre les Palestiniens.
Israël a donc deux atouts à la CIJ : la présidente Joan Donoghue qui a travaillé dix ans pour le gouvernement des États-Unis et le juge israélien Aharon Barak qui a légitimé l'occupation de la Palestine
Par Rayhan Uddin à London & Lubna Masarwa à Jerusalem, le 8 janvier 2024, Middle East Eye
Le gouvernement israélien a nommé Aharon Barak, l'ancien président de la Cour suprême, au collège de juges appelé à examiner l'affaire de l'Afrique du Sud accusant Israël de génocide à Gaza lors d'une audience de la Cour internationale de justice (CIJ) qui se tiendra dans le courant de la semaine.
Outre les 15 juges du panel permanent de la Cour basée à La Haye, les deux parties à une affaire peuvent également désigner un juge pour prendre part aux délibérations. Les décisions sont prises à la majorité simple.
Dans une requête de 84 pages, l'Afrique du Sud a déclaré que les actions d'Israël à Gaza étaient "de nature génocidaire parce qu'elles visent à provoquer la destruction d'une partie substantielle du groupe national, racial et ethnique palestinien".
Depuis que la guerre a éclaté le 7 octobre, le nombre de Palestiniens tués dans l'enclave assiégée approche les 23 000. La majorité des personnes tuées sont des femmes et des enfants.
La nomination de Barak au sein du panel de la CIJ a été personnellement approuvée par le Premier ministre Benjamin Netanyahou, selon un reportage de la chaîne israélienne Channel 12.
Ce juriste de 87 ans est né en Lituanie et a survécu à l'Holocauste. Ses parents se sont installés en Palestine sous mandat britannique en 1947, un an avant la création de l'État d'Israël.
Il a ensuite entrepris une brillante carrière universitaire et juridique et a été procureur général d'Israël entre 1975 et 1978, après quoi il a entamé un mandat de trois décennies en tant que juge à la Cour suprême d'Israël. Au cours des onze dernières années, il en a été le président.
Préserver la façade de la démocratie israélienne
Barak s'est forgé une réputation de juge libéral et de défenseur de la démocratie, en particulier depuis qu'il a pris sa retraite.
Ces derniers mois, sa forte opposition aux projets controversés de réforme judiciaire du gouvernement israélien actuel lui a valu les éloges des cercles d'opposition et les critiques de l'extrême droite.
Cependant, des chercheurs et des commentateurs ont remis en question ses références libérales et démocratiques, en citant l'approche qu'il a adoptée pendant des décennies dans les affaires d'abus contre les Palestiniens.
"Depuis de très nombreuses années, et en particulier depuis les manifestations massives contre le coup d'État judiciaire, Barak est devenu le symbole de la démocratie libérale en Israël.
Aujourd'hui, Israël envoie ce symbole du soi-disant Israël démocratique pour blanchir ses crimes contre les Palestiniens à Gaza", a déclaré Orly Noy, présidente de l'association israélienne de défense des droits B'Tselem, à Middle East Eye.
Nimer Sultany, universitaire en droit public à l'université de Soas à Londres, a rédigé une analyse critique de la période où Barak était à la tête de la Cour suprême dans un article publié en 2007, peu de temps après que le juriste ait pris sa retraite.
"Le bilan de Barak en tant qu'ancien président de la Cour suprême d'Israël n'est pas libéral de manière convaincante si l'on considère ses décisions concernant les Palestiniens, qu'ils soient citoyens israéliens ou résidents des territoires occupés.
"Ses décisions compromettent l'égalité, affirment le caractère ethnocratique de l'État et perpétuent l'infériorité des citoyens non juifs", a déclaré Sultany à MEE.
En 2004, la CIJ a rendu un avis consultatif jugeant illégal le mur de séparation érigé par Israël à travers la Cisjordanie occupée. Sous la direction de Barak, la Cour suprême a refusé de se prononcer sur la légalité générale du mur.
Au lieu de cela, la plus haute juridiction israélienne a rejeté la construction de petites portions du mur dans certaines zones, tout en approuvant par la suite la grande majorité de sa construction.
Près de 20 ans plus tard, le mur continue de traverser des terres et des communautés palestiniennes malgré la décision de la CIJ.
Dans le cas des colonies israéliennes illégales construites sur le territoire palestinien occupé, en violation du droit international, la Cour suprême, sous la présidence de Barak, a également mis en place peu de barrières juridiques.
"Barak est l'homme le mieux placé pour ce poste car c'est exactement ce à quoi il a consacré toute sa vie professionnelle : légitimer les crimes d'Israël et l'occupation... tout en préservant la façade de la démocratie israélienne", a déclaré Noy.
Elle a cité la légitimation de la construction du mur de séparation, l'expropriation de terres en Cisjordanie occupée au profit des colons israéliens et les assassinats ciblés perpétrés par l'armée israélienne.
Un "diplomate-juge" qui soutient la guerre en cours
Barak est largement considéré comme le plus grand juge de l'histoire d'Israël et a assumé un rôle s'apparentant à celui d'un diplomate international pour le pays.
"Aharon Barak est fondamentalement ce que les gens appellent un juge-diplomate : un juge qui perçoit son devoir légal comme étant de protéger l'agenda de son État par des moyens et des mécanismes légaux", a déclaré Hassan Ben Imran, membre du conseil d'administration de Law for Palestine, à MEE.
Ce rôle de "juge-diplomate" a été renforcé lorsque Barak aurait admis que les révisions judiciaires de la Cour suprême avaient aidé les soldats israéliens en rendant difficile leur procès devant la Cour pénale internationale.
Ses références diplomatiques signifient que la politique intérieure israélienne est mise de côté.
"Les élites israéliennes ont été choquées par la demande de l'Afrique du Sud. Elles ont soutenu la guerre d'Israël sans esprit critique et ont maintenant intérêt à nier qu'il s'agit d'un génocide.
La guerre a eu un effet unificateur sur les Israéliens, mettant de côté leurs divergences sur la réforme judiciaire, et la nomination de Barak à la Cour est un prolongement de cet élan unificateur", explique Sultany.
L'ancien Premier ministre Ariel Sharon, décédé en 2014, a fait la même chose il y a deux décennies.
Bien que Barak ait fait partie d'une commission ayant démis Sharon de ses fonctions politiques en raison de son implication dans le massacre de Sabra et Chatila en 1982, le premier ministre de l'époque a fait appel aux services de Barak à La Haye en 2004.
"Sharon s'est rendu compte de l'utilité de Barak en 2004 lorsque la CIJ a statué sur le mur de l'apartheid, et aujourd'hui Netanyahou se rend compte que Barak peut également l'aider", a expliqué Sultany.
Depuis le 7 octobre, Barak n'a pas caché son opinion sur la guerre en cours.
"Il est peut-être proportionnel de tuer cinq enfants innocents pour s'en prendre à leur chef", a-t-il déclaré au Globe and Mail en novembre.
Il a également justifié la fermeture de l'approvisionnement en carburant de la bande de Gaza assiégée, en déclarant qu'il aurait pu être utilisé par les combattants palestiniens.
"Je suis tout à fait d'accord avec ce que fait le gouvernement", a-t-il dit, faisant référence à la manière dont les dirigeants israéliens conduisent la guerre.
Sultany a déclaré que ces commentaires suggéraient que Barak avait
"formé une opinion niant qu'Israël ait violé le droit international en dépit de l'abondance des preuves du contraire".
Ajoutant :
"Il reste à voir s'il choisit d'agir en tant qu'avocat d'Israël ou en tant que juge impartial qui examine les faits et le droit pertinent".
Rayhan Uddin est un journaliste de Middle East Eye basé à Londres, ayant un intérêt pour le Royaume-Uni, la région MENA, les réseaux sociaux, le sport et les droits de l'homme. Il a déjà contribué à The Guardian, The Spectator et New Statesman.
Lubna Masarwa est journaliste et chef du bureau Palestine et Israël de Middle East Eye, basé à Jérusalem.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et inégalées du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et au-delà. Pour en savoir plus sur la republication de ce contenu et les frais associés, veuillez remplir ce formulaire. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici.
📰 https://www.middleeasteye.net/news/israel-judge-aharon-barak-icj-legitimised-occupation
◾️ ◾️ ◾️
4- Pour aller plus loin …
Le prix de la défense de l'apartheid : L'AIPAC* s'apprête à dépenser 100 millions de dollars contre le Squad*
"Et l'AIPAC perdra", a commenté le groupe d'action politique progressiste Our Revolution.
* AIPAC ou American Israel Public Affairs Committee est un lobby créé en 1963 aux États-Unis visant à soutenir Israël qui s'appuie sur un réseau de plus de 70 organisations juives, dont les représentants siègent à son comité directeur. Chaque année, l'AIPAC organise une conférence à Washington en présence de hauts responsables des deux pays comme Hillary Clinton, Barack Obama, Donald Trump, Joe Biden, Benyamin Netanyahou, ou Nancy Pelosi. Considéré comme un lobby influent, l'AIPAC est reputé proche de la droite israélienne. Un autre groupe concurrent, JStreet tient une ligne de centre-gauche.
* Le Squad est une "équipe" d'élues résolument progressistes se définissant ainsi : "Notre sororité est résiliente". Leur première élection en 2018 (Rashida Tlaib, Ayanna Pressley, Ilhan Omar et Alexandria Ocasio-Cortez) avait été documentée dans le film Cap Sur Le Congrès. Disponible sur Netflix, ce documentaire raconte l'ascension fulgurante de ces nouvelles figures politiques de la gauche qui, aujourd'hui, se sont imposées dans le champ politique Outre-atlantique.
Par Brett Wilkins, le 15 novembre 2023, Defend Democracy Press
Le puissant groupe de pression American Israel Public Affairs Committee (*AIPAC) devrait dépenser une somme à neuf chiffres pour tenter de faire tomber plus d'une demi-douzaine de législateurs progressistes américains ayant critiqué les crimes israéliens contre les droits de l'homme en Palestine, a rapporté Slat mercredi.
Alex Sammon, rédacteur politique de Slate, a écrit que "les observateurs attentifs s'attendent maintenant à ce que l'AIPAC dépense au bas mot 100 millions de dollars dans les primaires démocrates de 2024, en grande partie pour éjecter les membres sortants du Squad de leurs sièges".
Sammon a déclaré que les représentants Alexandria Ocasio-Cortez (D-N.Y.), Ilhan Omar (D-Minn.), Rashida Tlaib (D-Mich.), Ayanna Pressley (D-Mass.), Cori Bush (D-Mo. ), Jamaal Bowman (DN.Y.) et Summer Lee (D-Pa.) - "le contingent le plus franc et le plus ouvertement à gauche du Parti démocrate au niveau national" - figurent parmi les principales cibles de l'AIPAC.
"Le prix à payer pour défendre l'apartheid ne cesse d'augmenter", a ironisé l'écrivain et analyste politique américain d'origine palestinienne Yousef Munayyer en réponse au rapport.
Nina Turner, l'activiste politique de l'Ohio a écrit sur les réseaux sociaux : "C'est de la haine envers les Noirs. Point final".
Mme Tlaib, la seule Palestinienne américaine membre du Congrès, a accusé Israël de génocide pour avoir tué et mutilé des dizaines de milliers de civils à Gaza et déplacé de force près des trois quarts de la population du territoire assiégé. De nombreux experts sont d’accord avec cette qualification.
Rashida Tlaib, Ilhan Omar, Cori Bush ainsi qu'une poignée d'autres législateurs démocrates ont également qualifié Israël d'État d'apartheid, une appréciation partagée par un nombre croissant de groupes de défense des droits, de personnalités internationales et même d'anciens responsables du gouvernement israélien.
Cependant, la critique la plus poussée des démocrates progressistes à l'égard des politiques et des pratiques israéliennes a consisté à soutenir une résolution présentée le mois dernier par Bush, exhortant le président américain Joe Biden à faire pression sur le gouvernement israélien d'extrême droite pour qu'il accepte un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Mercredi, deux douzaines de membres de la Chambre des représentants, menés par les représentants Ocasio-Cortez, Mark Pocan (D-Wis.) et Betty McCollum (D-Minn.) ont envoyé une lettre à Biden appelant à un cessez-le-feu.
Comme l'a noté Sammon, un récent sondage de Data for Progress a révélé que les deux tiers des électeurs américains, dont 80 % des démocrates, soutiennent également un cessez-le-feu.
Connor Farrell, président du groupe de collecte de fonds progressiste Left Rising, a déclaré à Sammon que l'AIPAC voulait
"faire savoir au cours de ce cycle que personne n'est à l'abri de leur colère, que si vous vous exprimez, vous pouvez être pris pour cible, quelle que soit votre popularité ou le nombre de vos cycles de mandats".
Ajoutant :
"C'est extrêmement osé".
Les démocrates progressistes ne sont pas étrangers au fait que l'AIPAC dépense massivement pour tenter de les diffamer, de les vaincre ou de les faire tomber. Comme l'a noté Sammon :
"Lors des élections de mi-mandat de 2022, le lobby israélien est devenu le plus gros investisseur extérieur dans les primaires démocrates, versant près de 30 millions de dollars par l'intermédiaire du super PAC United Democracy Project, et des millions d'autres par l'intermédiaire du PAC Democratic Majority for Israel. Il s'agit d'une somme astronomique, principalement destinée à éliminer les progressistes des primaires, en grande partie dans des sièges ouverts et redessinés".
On a reproché à l'AIPAC d'avoir aidé la députée Haley Stevens (D-Mich.) à battre le député sortant Andy Levin - qui se décrit lui-même comme un juif sioniste - l'année dernière dans la primaire démocrate du 11ème district du Congrès du Michigan.
À l'inverse, certains des plus fervents partisans d'Israël au Congrès ont bénéficié des largesses de l'AIPAC. Le groupe a été le premier donateur du président de la Chambre des représentants Mike Johnson (R-La.) et du chef de la minorité de la Chambre des représentants Hakeem Jeffries (D-N.Y.) au cours du dernier cycle électoral.
L'AIPAC a également été l'un des principaux contributeurs de législateurs tels que les députés Ritchie Torres (D-N.Y.) et Josh Gottheimer (D-N.J.). Ritchie Torres (D-N.Y.) et Josh Gottheimer (D-N.J.), qui non seulement soutiennent bruyamment Israël, mais attaquent également des collègues comme Tlaib et Omar pour leurs opinions pro-palestiniennes. L'AIPAC a été de loin le plus gros contributeur de Gottheimer lors du cycle électoral de 2022, avec plus de 216 000 dollars versés à sa campagne. Il en va de même pour Torres, qui a reçu plus de 141 000 dollars du groupe au cours de la même période.
Certains observateurs pensent également que ce n'est pas une coïncidence si le représentant Jack Bergman (R-Mich.) - dont l'AIPAC a été le troisième plus gros contributeur à la campagne électorale lors du dernier cycle électoral - a introduit une motion de censure contre Tlaib le mois dernier, la taxant sans fondement de sympathisante terroriste.
Les législateurs progressistes n'ont pas pris les attaques de l'AIPAC à la légère. Omar - qui, comme Tlaib, a reçu des menaces de mort après avoir été ciblé par le groupe - a accusé l'organisation de mettre sa vie en danger. Au début du mois, Pocan a qualifié l'AIPAC de "cancer pour notre démocratie et la politique en général".
"Je me fous de l'AIPAC", a-t-il dit après que le groupe l'a faussement accusé, ainsi que d'autres représentants, de "tenter de maintenir le Hamas au pouvoir".
L'AIPAC est également sous le feu des critiques des démocrates de tous bords pour avoir soutenu plus de 100 législateurs américains républicains ayant voté en faveur de la subversion de l'élection présidentielle de 2020 au service du "gros mensonge" de l'ancien président Donald Trump, selon lequel les démocrates auraient truqué le concours.
Faisant allusion au soutien de la droite au groupe, Cori Bush a écrit sur les réseaux sociaux mercredi que "l'AIPAC tente d'acheter des sièges bleus avec l'argent des donateurs du GOP".
Sammon a écrit que les efforts de l'AIPAC pour évincer des démocrates populaires sont lourds de risques pour le groupe :
"Renverser un député sortant n'est pas facile. Tlaib, Omar, Bush, Bowman, Pressley et Ocasio-Cortez sont tous très appréciés, en particulier dans leur circonscription. Certains, comme Tlaib, sont des maîtres en services aux électeurs. D'autres ont fait preuve d'une incroyable capacité à collecter des fonds et se targuent d'avoir d'énormes réseaux de base. Des tentatives antérieures pour éliminer Tlaib et Ocasio-Cortez ont déjà échoué de manière spectaculaire et coûteuse. Omar, qui semblait vulnérable dans sa course précédente, n'a pas vraiment fait campagne cette fois-ci. L'AIPAC pourrait se retrouver à brûler de l'argent pour se battre sur un terrain inhospitalier. Et en cas d'échec, la réputation redoutable du groupe à Washington sera grandement diminuée".
"Le fait que l'AIPAC ressente le besoin de dépenser des sommes aussi colossales pourrait bien être considéré comme un signe de faiblesse, et non de force", a ajouté Sammon. "Le militarisme israélien illimité est déjà profondément impopulaire ; une année entière de bombardements d'hôpitaux palestiniens et de pertes massives d'enfants à Gaza pourrait rendre la ligne de l'AIPAC encore bien plus impopulaire".
Brett Wilkins est un écrivain et activiste basé à San Francisco dont le travail se concentre sur les questions de guerre, de paix et de droits de l'homme. Il est rédacteur chez Common Dreams et membre du groupe international d'écrivains socialistes Collective 20. Avant de rejoindre Common Dreams, il a été journaliste et essayiste indépendant de longue date dont les articles ont été publiés dans une grande variété de publications imprimées et en ligne, notamment Counterpunch, Truthout, Salon.com, Antiwar.com, Asia Times, The Jakarta Post, Alternet, teleSUR, Yahoo News, Mondoweiss, EcoWatch ou encore Venezuela Analysis.
À lire ou relire : L'argent du sang : Les dix hommes politiques les mieux rétribués par le lobby israélien
& Le lobby israélien offre 20 millions de dollars à un homme politique américain pour renverser Rashida Tlaib
◾️ ◾️ ◾️