❖ Gaza est notre heure de vérité, sans doute notre ultime chance de sauver l'humanité
Gaza est le sens de nos vies, la clarté dont nous avons besoin et que nous recherchons, le clivage définitif entre nous et la classe dirigeante qui nous piétine. C'est nous ou eux
3 articles
1 - Gaza est notre heure de vérité
2 - Chère réfugiée palestinienne
3 - La vie des Palestiniens sous l'occupation israélienne - Guide illustré
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1- ➤ Gaza est notre heure de vérité
Par Susan Abulhawa, le 14 mai 2024, The Electronic Intifada
Les puissants mouvements étudiants des années 1960 et 1970 ont secoué la conscience mondiale pour mettre fin aux massacres américains au Viêt Nam et au Cambodge. La force morale des Noirs s'unissant dans leur douleur et leur rage contre le racisme imposé par la loi a changé le tissu social de l'Amérique, mettant fin à la ségrégation formelle et ouvrant une nouvelle ère dans la lutte contre le racisme institutionnel.
Le pouvoir a fait ce que le pouvoir fait toujours, déployant la force brute, le meurtre, l'intimidation, le silence, la marginalisation, la surveillance et toutes sortes de pratiques policières corrompues.
Nous voyons le résultat et nous pensons le connaître.
Des termes tels que "victoire" et "progrès" sont utilisés. L'expression "droits civils" est utilisée comme un absolu, un point singulier de l'histoire avec un avant terrible et un après libéré.
C'est le recadrage de la "happy end" de ce qui est en fait un fil illimité de lutte pour la libération des Noirs s'étendant dans les deux sens à travers le temps.
La résilience des élites capitalistes repose largement sur ce type de construction narrative qui manipule l'imagination du public avec des platitudes et des concessions réversibles, suivies d'un changement d'image de l'oppression.
L'asservissement devient l'incarcération de masse et la toxicomanie délibérée. La ségrégation est sacrifiée pour être remplacée par la conscription de visages noirs autour de la même table de pouvoir.
Reprise avec une plus grande cruauté
Le pouvoir s'est adapté depuis les années 1960, créant de nouveaux freins, leviers, barrières et gardiens. Ils nous ont endormis dans leur système, l'ont réamorcé avec davantage de cruauté et de corruption, et l'ont rééquipé à coup de distractions et de culte de la célébrité, tout en renforçant et concentrant le pouvoir entre les mains d'une infime minorité.
Ils ont acheté des politiciens qui, à leur tour, travaillent à protéger et à accroitre la richesse et l'influence de cette minorité d'élite, transformant les millionnaires en milliardaires et bientôt en trillionnaires, un écart de richesse vertigineux construit sur la misère des masses. Ils ont instauré des lois pour disculper leur criminalité et criminaliser la dissidence.
Ils ont brisé les syndicats, assujetti les travailleurs et les ont montés les uns contre les autres. Alors qu'ils auraient dû affronter les patrons, les travailleurs ont été manipulés pour exiger des frontières de fer et la séparation des familles à ces frontières.
Ils ont sabré dans les règles et acheté les ondes afin de dicter désormais le contenu de 95 % de tout ce que nous voyons, entendons et lisons dans le domaine du journalisme, du divertissement, de l'éducation et des productions culturelles.
C'est la raison pour laquelle les personnages terroristes dominent les représentations arabes à Hollywood. C'est la raison du nombre exceptionnellement élevé de mentions occasionnelles de la bienveillance ou du génie israélien dans tant de séries télévisées et de films ; c'est la raison pour laquelle l'humanité palestinienne est ignorée ou, au mieux, occultée dans la presse écrite et audiovisuelle, quelles que soient les atrocités que nous subissons de la part d'Israël.
C'est pourquoi les médias noirs, détenus et dirigés par des sionistes de tous bords, publient des articles sur des personnes telles qu'Amanda Seales pour sa juste position sur la Palestine.
Au lieu de payer des impôts, ces milliardaires "offrent" aux universités des sommes suffisantes pour imposer leur vision non seulement de l'enseignement supérieur, mais aussi de l'expression acceptable de droits constitutionnels tels que le premier amendement.
Ainsi, indignés par un festival de littérature palestinienne - une remarquable célébration de l'excellence palestinienne et de l'héritage indigène - les milliardaires Marc Rowan, Dick Wolf et la famille Lauder ont conspiré pour destituer la présidente de l'université de Pennsylvanie parce qu'elle ne respectait pas suffisamment leur interprétation de la liberté académique.
Avec l'aide de leurs hommes de main au Congrès, ils ont, avec d'autres, comme Bill Ackman, dénigré et/ou destitué d'autres présidents d'université pour la même raison.
Ils ont même réussi à placer le web - qui a donné à la génération des années 1990 l'espoir d'une véritable démocratie - sous leur contrôle funeste via des algorithmes et diverses formes de surveillance et de censure.
Dissimuler les atrocités
Au début des années 2000, la population américaine a tenté d'arrêter la marche des entreprises américaines et des bellicistes sionistes vers la guerre, mais ceux-ci ont continué à aller de l'avant, foulant aux pieds notre volonté et les corps de millions d'Irakiens. Le monde a regardé les États-Unis pulvériser l'Irak, une société ancienne glorieuse et performante.
Une presse intégrée a caché les atrocités meurtrières et tenu secret le pillage des trésors irakiens par les entreprises américaines et le blanchiment de l'argent des contribuables américains dans le cadre de projets de reconstruction.
Désensibilisés, les Américains n'ont pas pris la peine de protester lorsque les États-Unis ont fait la même chose en Libye, provoquant un développement stupéfiant de l'une des nations les plus avancées d'Afrique qui s'est transformée en un véritable marché d'esclaves humains.
L'esclavage et la mutilation d'enfants congolais et de familles entières dans les mines de ressources minérales au profit de milliardaires américains de la technologie (ainsi que le commerce des diamants de sang d'Israël) suscitent à peine un sursaut dans les médias occidentaux, une réalité scandaleusement cruelle qu'ils continuent d'occulter.
Il existe des centaines d'autres exemples de militarisme américain et israélien qui massacrent et détruisent d'autres personnes au service de la classe dirigeante.
La surveillance de masse de la population a suivi l'éviscération et le pillage de l'enseignement public aux États-Unis. Les nantis se sont enrichis et les pauvres se sont appauvris.
Au nom de la technologie et de la performance, les capitalistes ont dégradé notre alimentation et notre eau - les ont même empoisonnés - au profit des milliardaires de l'industrie pharmaceutique qui maintiennent les masses à la limite du raisonnable quant à leur santé.
Les gourous populaires ont mis en avant des philosophies d'individualisme, de mépris de la famille et diverses formes d'aliénation qui ont brisé la communauté et les liens sociaux ou familiaux, laissant de vastes pans de la population incapables de faire face à la vie sans les diverses drogues, légales et illégales.
Ils nous ont accablés des rêves factices qu'ils nous ont fabriqués - des dettes insurmontables en lieu et place de la famille et de l'éducation, des diamants de sang en lieu et place de l'amour et des carnages à l'étranger en lieu et place de la grandeur. Ils nous ont vendu un glorieux ramassis de merde et nous ont fait croire qu'il s'agissait d'un mode de vie normal, voire inévitable.
Ils ont glorifié le consumérisme obsessionnel et les modes de vie obscènement ostentatoires. Et nous les avons laissés faire, croyant que c'était notre choix.
Mais nous n'en avions aucun.
Une illusion américaine
Démocratie et liberté de la presse, le choix n'est qu'une illusion américaine, un conte de fées colporté depuis l'école, dans les journaux et les chansons.
Voyez la rapidité avec laquelle ils ont démantelé, réduit au silence et effacé la mémoire du mouvement Occupy Wall Street en 2011. Voyez comment on nous apprend à croire que le changement ne peut venir que des urnes, où l'on nous dit de "choisir" entre deux criminels de guerre, élection après élection.
Ce génocide en direct est l'aboutissement de décennies de criminalité capitaliste mondiale et d'impérialisme occidental et sioniste génocidaire. Nous regardons avec effroi des familles palestiniennes entières être enterrées vivantes chez elles, écrasées sous le poids des décombres, leurs corps déchiquetés et broyés.
Puis ils nous manipulent à coups de propagande.
Politiciens, porte-parole, experts, journalistes et radiodiffuseurs, tous prennent la parole pour nous convaincre que nous ne venons pas de voir des cerveaux, des langues et des globes oculaires sortir de crânes broyés d'enfants et de bébés. Ou pire encore, qu'ils l'avaient mérité.
"Brouillard de guerre". "Dommages collatéraux". "Hamas. Hamas. Hamas". "La seule démocratie". "Autodéfense".
Encore et encore, ils utilisent leurs justifications et obscurcissements diaboliques, s'adressent à nous comme si nous étions stupides puisqu'ils ont l'habitude de notre silence et de notre acceptation.
Et ils continuent, se pavanant au Met Gala dans des atours obscènes, dont la vulgarité est d'autant plus évidente qu'elle est juxtaposée aux petits corps brûlés et démembrés qui, le même jour, ont afflué dans les rares hôpitaux restants de Gaza, hurlant, déboussolés, en état de choc et de douleur.
Mais grâce à Dieu, les étudiants sont là.
Grâce à Dieu, tous les journalistes palestiniens et tous les professionnels de la santé palestiniens risquent leur vie jour après jour pour servir leur peuple.
Pour chaque combattant qui choisit le martyre plutôt que l'indignité.
Pour les organisations locales et les militants dont vous n'entendez jamais parler, mais dont le travail a permis à des milliers de personnes de survivre. Je n'ose pas prononcer leurs noms, de peur qu'ils ne deviennent des cibles.
Pour Naledi Pandor en Afrique du Sud, Francesca Albanese aux Nations Unies et Clare Daly au Parlement européen.
Pour les masses qui se soulèvent dans le cadre de #Blockout2024. Pour les artistes et les musiciens, de Roger Waters à Talib Kweli, en passant par Macklemore et Black Thought , Questlove et bien d'autres.
Pour le Yémen, l'Afrique du Sud et la Colombie. Pour chaque personne refusant de rester silencieuse.
La connexion de tous les points
Cette époque diffère des soulèvements des années 1960 et 1970. On observe un nouveau sentiment d'interconnexion mondiale, une conscience de classe émergente et des analyses politiques fondamentales basées sur les études postcoloniales et l'intersectionnalité.
À l'époque, les étudiants blancs qui protestaient contre la guerre ne voulaient pas s'unir aux Black Panthers faute de parvenir à relier les points entre eux. Aujourd'hui, tous les points sont reliés.
Gaza n'est plus l'enclave isolée et assiégée par Israël et l'Égypte d'Abdulfattah al-Sisi, transformée en camp de concentration. Gaza n'est plus la bande de terre densément peuplée occupée par Israël.
Gaza est désormais le monde entier.
Gaza est notre moment de vérité collective, le sens de nos vies. C'est la clarté dont nous avons besoin et que nous recherchons.
C'est le clivage définitif entre nous et la classe dirigeante qui nous piétine.
C'est nous ou eux. Il n'y a plus de juste milieu.
Toutes les frontières s'effacent, nous unissant pour affronter cette minorité génocidaire vorace partout dans le monde.
Gaza est actuellement l'endroit le plus angoissant de la planète, assombri par l'inimaginable barbarie sioniste, que ses militaires et sa société pratiquent avec une jubilation perverse qu'ils diffusent en musique sur TikTok.
Et de ce lieu torturé de décombres, de mort et de misère jaillit la plus grande lumière que nous ayons jamais connue pour nous guider hors de l'obscurité dans laquelle nous avons été forcés de vivre. La lumière de nos ancêtres - de la Palestine et d'Alkebulan à l'île de la Tortue et à Aotearoa.
Gaza pourrait bien être notre ultime chance de sauver l'humanité.
Si nous permettons aux rouages de ce mécanisme sioniste génocidaire de continuer à fonctionner, le fascisme ne connaîtra plus aucune limite. Plus aucune honte, plus aucune ligne rouge devant laquelle il s'arrêtera.
Cette lutte ne peut plus se limiter à un cessez-le-feu. Elle doit exiger la libération et la responsabilité sur notre planète en feu.
Ils utilisent déjà la tactique de la force brute, de l'intimidation violente, de la suspension et de la marginalisation. Ils tenteront de démanteler, de réduire au silence et d'effacer comme ils l'ont fait avec le mouvement Occupy Wall Street.
Ils offriront des promesses à la noix, sans aucun mordant, qui suffiront à calmer les esprits suffisamment longtemps pour adopter de nouvelles stratégies et promulguer de nouvelles lois.
Si nous nous arrêtons, ils s'adapteront, et ils le feront avec l'intelligence artificielle, contre laquelle nous pourrions bien n'avoir aucune défense, pas avant longtemps. Prenons donc garde à leurs concessions.
Méfions-nous d'une victoire qui nous ramènerait dans les voies qu'ils ont tracées.
Nous ne pouvons pas permettre que le génocide israélien contre une population indigène sans défense et captive devienne un moment historique blanchi et vidé de sa substance, un avant et un après.
Nous ne pouvons pas quitter les pelouses, les rues, les tribunaux et les champs de bataille tant que le sionisme n'est pas démantelé et que la Palestine n'est pas libre.
Ce moment appartient au peuple. Nous pouvons façonner nos propres rêves et créer un nouveau monde dans chaque acte personnel de refus de participer à cet horrible système fondé sur le génocide et l'exploitation sans fin.
Ensemble, nous sommes bien plus puissants que nous ne l'imaginons. La compassion et le défi sont nos superpouvoirs, et ce n'est que notre histoire originelle.
Les jeunes mènent la danse et nous montrent que l'avenir nous appartient, si nous osons le revendiquer.
Susan Abulhawa est écrivaine, poète, essayiste, scientifique, mère et militante. Son premier roman, Mornings in Jenin (Bloomsbury, 2010), traduit en 30 langues, a été un best-seller international et est considéré comme un classique de la littérature palestinienne. Sa portée et ses ventes ont fait d'elle l'auteure palestinienne la plus lue. Son deuxième roman, The Blue Between Sky and Water (Bloomsbury, 2015), a également été un best-seller international. Son dernier roman s'intitule Against the Loveless World (publié en août 2020 par Simon & Schuster) et a reçu un accueil très favorable. Elle est également l'auteur d'un recueil de poèmes, My Voice Sought The Wind (Just World Books, 2013), collaboratrice de plusieurs anthologies, commentatrice politique et conférencière.
Susan Abulhawa est la fondatrice de Playgrounds for Palestine, une organisation d'enfants qui se consacre à l'éducation des enfants palestiniens. Elle est également coprésidente de Palestine Writes, le premier festival nord-américain de littérature palestinienne.
📰 https://electronicintifada.net/content/gaza-our-moment-truth/46401
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2- ➤ Chère réfugiée palestinienne
Nous publions un texte qui a été écrit et lu par une militante du collectif lors d'un de nos Ciné-Club. Elle y raconte sa découverte de l'histoire palestinienne - un témoignage qui fait écho à l'expérience de plusieurs membres de Tsedek! et qu'il nous a paru important de diffuser en cette journée de commémoration de la Nakba.
Par Collectif Juif Décolonial, le 15 mai 2024, Blog Mediapart
Ce texte a été écrit et lu par une militante du collectif lors de l'une de nos projections de Israelism, un documentaire portant sur l'endoctrinement que subissent les Juifs et Juives aux États-Unis. Elle y raconte sa découverte de l'histoire palestinienne et de sa désionisation - un témoignage qui a fait écho à l'expérience de plusieurs membres de Tsedek! et qu'il nous a paru important de diffuser.
Chère réfugiée palestinienne, j’ai une histoire à te raconter.
Une histoire qui ne sera pour toi pas facile à écouter.
Mais je t’invite à plonger dans l’esprit d’une jeune fille de 18 ans qui ne reconnaît pas ton existence, n’a pas connaissance de tes souffrances, ne te voit pas.
Avant de crier pour la liberté de ton pays, il m’a fallu du temps. Je te propose de remonter ce temps avec moi.
C’était il y a 10 ans, le 8 octobre 2013 et je m’apprête à prendre l’avion, celui qui m’amènera à te connaître et à te reconnaître.
8 Octobre 2013 : Je suis dans mon lit. J’ai essayé de me coucher tôt, car demain je voyage. Mais je n’arrive pas à fermer l’œil. Je suis beaucoup trop heureuse et pressée d’être demain matin. Je vais prendre l’avion avec une amie que je viens de rencontrer il y a quelques jours ; elle sera dans le même programme que moi. J’ai choisi ce programme parmi tous les programmes Massa. Massa, c’est un projet conjoint du gouvernement d'Israël, de l'Agence juive pour Israël et de ses partenaires, les Fédérations juives d'Amérique du Nord et le Keren Hayessod. Le programme que j’ai choisi proposait une expérience enrichissante d’un an, pour les jeunes sortant du bac français et voulant vivre en Israël. Il me correspondait bien. Un programme sioniste, d’étude et de préparation à l’université israélienne, qui allait nous faire découvrir Israël de long en large par des visites, des voyages à l’intérieur du pays - une plongée dans la culture israélienne, sa langue, son histoire, la beauté de sa terre, de notre terre.
Je savais qu’ils m’aideraient pour faire ma demande d’Alya, et pour mon futur en Israël, que ce soit par l’armée, le service civique ou l’université. Pendant un an, l'État d’Israël prendrait tout en charge pour moi, ou une bonne partie en tout cas, le logement, les assurances, le visa … L'année a un coût, bien sûr, mais il y a tellement d’aides que mes parents vont pouvoir me l’offrir, surtout que le directeur aide particulièrement les familles qui n’ont pas trop les moyens pour que tout le monde puisse avoir la même chance.
J’ai tellement hâte d’être demain, Israël que j’aime tant va enfin devenir ma maison. Les vacances là-bas c’est bien, mais moi je veux plus - je veux vivre là-bas, vivre sur ma terre. Trop de gens ont sacrifié leur vie pour cela.
9 octobre 2013 – Nous atterrissons enfin en Israël, à l’aéroport de Ben Gourion. J’ai les larmes aux yeux de joie, j’ai envie d’embrasser la terre, mais c’est goudronné donc je décide de me calmer. Je montrerai ma joie autrement. Nous prenons le train vers Sderot, une petite ville du sud, située à quelques kilomètres de Gaza, qui reçoit très souvent des roquettes.
Nous aussi nous en recevrons toute l’année, surtout la nuit ou pendant les fêtes. « Les arabes aiment bien nous embêter dans les moments de joie » me dira-t-on. Le directeur vient nous chercher à la gare de Sderot, et nous conduit où nous vivrons pendant un an : Netivot (à 15km de Gaza).
16 novembre 2013 – Je passe mon premier Shabbat à Hébron chez mon instructrice. Il s’agit en fait d’une jeune fille israélienne de notre âge qui s’occupera de nous toute l’année. Elle habite Aharssina juste à côté de Hébron. La Judée-Samarie est vraiment une belle contrée, Hébron me plait, l’air y est différent. Je ne sais pas l’expliquer alors je me dis que l’on m’envoie un signe : c’est ici que je dois vivre. Ici, les gens vivent simplement, ont des vraies valeurs. En plus, les prix de l’immobilier y sont vraiment attrayants. J’ai enfin trouvé un endroit où je me sens apaisée, ça ne m’était jamais arrivé.
18 novembre 2013 – Nous partons visiter Eilat et ses alentours. Nous faisons de la plongée sous-marine dans la mer Rouge, visitons le parc national de Timna, un espace désertique rempli de trésors archéologiques datant de l’époque judéenne, ou encore le Sinaï où se trouve la petite montagne dans le désert, où Dieu aurait donné les tables de la loi à Moïse.
28 novembre 2013 : 8 soirs d’allumage des 8 bougies de Hanoucca dans différents lieux. L’un des soirs, nous nous rendons dans la base militaire des Golani. Nous prenons des photos avec les et avec des membres du mouvement de jeunesse sioniste religieux, le Bne Akiva, venu avec nous pour l‘occasion.
19 décembre 2013 – Nous nous rendons au concert du Bac Bleu Blanc 2013 à Jérusalem organisé par l’Agence Juive et qui réunit chaque année plus de 1000 élèves de terminale issus de plus d’une vingtaine d’écoles juives de France. Nous chantons des chansons sur Israël et l’amour de notre pays. Tout commence avec la vidéo habituelle qui passe à la fin de ce séjour éducatif, "plaidoyer pour ma terre" d’Herbert Pagani. Richard Prasquier, président du Keren Hayessod France conclut son discours en soulignant le sentiment d’appartenance au peuple juif : “Nous avons tous le sentiment que nous faisons partie d’un même peuple. Lorsque je vous parle de l’identité juive, je sais que vous la ressentez profondément. Je vous souhaite de prendre les bonnes décisions". Nous étions tous très émus. Israël et le peuple juif ne font qu’un, et ‘’l’an prochain à Jérusalem’’ de la bible, je le vis aujourd’hui.
Vendredi 31 janvier 2014 – Nous retournons à Hébron, cette fois avec tout notre groupe d’environ 40 jeunes filles. Nous avons hâte que Shabbat commence pour aller prier à Maarat Ama’hpela (où seraient enterrés les patriarches bibliques) qui se trouve à Hébron même. Nous y allons toutes ensemble, nous sommes en force et puis nos soldats sont là pour nous protéger. Ils sont sur les maisons, dans les rues, nous ne sommes pas seules. Nous avons de la peine pour eux car nous savons que leur travail n’est pas facile. Ce sont nos héros et nos enfants un jour seront à leurs places. Avec affection, nous leur distribuons des gâteaux et des bonbons. Ils sont là pour nous et nous sommes là pour eux. C’est ça, un peuple. On ne laisse jamais tomber son peuple, coûte que coûte, on est là pour lui. Comme disait mon arrière grand-père, "tout ce qui n’est pas juif est anti-juif" - nous ne pouvons compter que sur nous-même. Alors si nous ne nous soutenons pas entre nous, qui le fera ?
Tout au long de l’année, nous avons visité bien d’autres lieux : le Golan et le lac de Tibériade, ou la mer Morte, Ein Gedi - où David se serait caché du roi Shaul, et la forteresse de Massada qui aurait servi de refuge à un millier de Juifs, après la conquête de Jérusalem par l’empire romain en 70. Après un long siège, lorsque les Romains atteignirent le sommet de Massada, ils trouvèrent 960 cadavres et beaucoup de nourriture, montrant alors que les Juifs avaient choisi de mourir. Aujourd'hui, les unités d'élite de l'armée israélienne viennent y réciter le poème Masada d’Yitzhak Lamdan écrit en 1927, un immense symbole pour nous tous. "Massada ne tombera plus jamais car nous sommes là". Forts et puissants, nous ne laisserons plus jamais personne nous marcher dessus, nous ne serons plus des victimes.
Nous avons également visité des kibboutz et des fermes, été reçues chez des familles qui nous ont accueillies avec toute leur bienveillance et qui partageaient tout avec nous, même quand elles avaient peu. Kfar Maimon, Ashkelon, Yad Binyamin, Eli, ou encore Efrat dans le Goush Etsion [1]. Des villes, des villages, des kibboutz que notre pays a construits en si peu de temps. Nous sommes aussi allées à Yad Mordehai, chez une famille qui s’y est réfugiée après avoir été chassée de leur maison du Gouch Katif [2] . Ce souvenir leur est douloureux alors nous faisons une prière dans nos cœurs pour un jour pouvoir y retourner. Nous avons construit en quelques dizaines d’années un paradis sur une terre désertique. Une terre vide et aride pour un peuple sans terre, c’était parfait. Certains disent que nous avons colonisé cette terre, et que nous l’avons volée aux arabes. Mais nous y sommes chez nous, nous sommes revenus chez nous, comment pourrions-nous coloniser notre propre terre ? Voler notre propre maison ? Et puis, il y a de la place pour tout le monde. Nous, nous voulons bien vivre en paix, cela ne dépend que d’eux. S’ils déposent les armes, nous les déposerons aussi.
28 avril 2014 – C’est Yom Hashoah et nous sommes réunies pour une cérémonie en souvenir des 6 millions de juifs assassinés. Nous célébrons notre chance d’avoir un pays aujourd’hui, pour ne plus jamais avoir à vivre une horreur pareille.
4 mai 2014 – Vient Yom Hazikaron, le jour du souvenir des victimes des guerres israéliennes et des opérations terroristes. Nous rendons hommage aux soldats morts pour la patrie, tombés pour que la nation juive se relève.
5 mai 2014 – Nous passons de la tristesse à la joie, c’est la fête d’indépendance, avec une multitude de célébrations dans tout le pays. Puis le 8 mai, nous nous rendons à Jérusalem pour fêter la libération de la ville. Dans le bus, nous écoutons, émues, des enregistrements de soldats rentrant dans la vieille ville. Des drapeaux israéliens à la main, nous défilons joyeusement dans les rues en direction du Kotel (le mur occidental), où nous prions et dansons toutes ensemble.
Juin 2014 – C’est un jour de fête pour nous car nous recevons enfin notre Teoudat Zeout, notre carte d’identité israélienne. Nous recevons également 15 000 shekels sur notre compte, et pleins d’autres avantages. Notre aventure va pouvoir commencer.
Il m’a fallu plusieurs années pour apprendre, comprendre et accepter, que derrière ma mémoire, se cachait la mémoire de tout un peuple dont l’histoire ne m’avait pas été racontée. Un peuple, avec une terre et une culture, dont la souffrance avait été ignorée. J’utilisais alors le terme assez flou d’"arabe" parce que c’est celui que j’entendais autour de moi. Il est arrangeant et permet de ne pas parler de "Palestinien·nes", reviendrait à reconnaitre leur existence et leur identité collective. Je ne parlais pas non plus de Cisjordanie mais de Judée-Samarie, pas de Palestine, parce que ça n’avait pas d’importance. Ce n'était pour moi rien de plus que le nom donné par les Romains à la Judée. La Palestine n’avait pas d’autres histoire que son histoire juive.
Jusqu’alors, il n’avait pas été question de la souffrance palestinienne pour moi. La Nakba, ce terme qui signifie "catastrophe" ou "désastre" en arabe, et qui désigne l’exil forcé des Palestinien·nes en 1948, je ne l’ai pas entendu une seule fois. J’ai dû attendre ma troisième année d’étude en histoire pour le lire pour la première fois. Je n’ai d'abord pas cru à ce que j’ai lu, tout simplement parce qu’on m’avait toujours appris que les Palestinien·nes étaient parti·es d’elles·eux-mêmes, parce que les pays arabes leurs avaient demandé de le faire pour leurs laisser le passage pour nous exterminer. Nous n’avions fait fuir personne, tué personne, aucune horreur n’avait été commise, iels avaient décidé de partir et étaient revenu·es comme des fleurs ensuite pour récupérer leurs biens une fois qu’Israël avait gagné la guerre. Je cherche alors dans les archives pour me rassurer, et je tombe entre autres sur un article de 1961 du journaliste et fonctionnaire de l'Organisation des Nations Unies irlandais, Erskine Barton Childers. Celui-ci avait des doutes quant à l’explication de Chaïm Weizmann concernant la fuite volontaire des Palestinien·nes. Dans "The Other Exodus", publié dans le journal The Spectator, il explique qu’il n’a trouvé aucune trace d’appels à évacuer la Palestine lancés par des leaders arabes dans les archives radiophoniques proche-orientales de l’époque, conservées par la BBC au British Museum. Les bandes contiennent à l'inverse des injonctions à rester sur le territoire : il cite l'exemple d'une archive radiophonique du 4 avril 1948, diffusée par Damascus Radio, qui exhorte les Palestinien·nes à ne quitter leurs maisons et à garder leur travail.
Je continue mes recherches, les preuves s’accumulent et je dois me rendre à l’évidence : on m’a menti.
Mon monde s’écroule.
J’en parle alors à quelques personnes autour de moi et on me fait tout de suite comprendre qu’il vaut mieux ne pas en parler, que ce ne sont que des bêtises, de la propagande palestinienne.
Je découvre alors que mes connaissances sont peuplées de croyances et de mythes.
Je pensais que nous voulions la paix contrairement aux Palestinien·nes. J'apprends que si les pays arabes ou les Palestinien·nes avaient décidé d’accepter la résolution de partition, les dirigeants juifs auraient sûrement rejeté la carte que leur proposait l’UNSCOP. En 1920, lorsque les Palestinien·nes refusent le principe de parité proposé par les Britanniques, les sionistes l’acceptent, mais en 1928, lorsque la direction palestinienne finit par accepter la formule proposée comme base de négociation, face à la réalité de l’expansion juive sur la terre et du taux d’immigration croissant, les dirigeants sionistes la rejetèrent aussitôt. On peut en déduire que c’est l’opposition palestinienne qui incitait les dirigeants sionistes à accepter. Le soulèvement palestinien de 1929 fut la conséquence du refus des Britanniques de tenir au moins leur promesse de parité, les sionistes l’ayant finalement refusé. Je tombe ensuite sur l’accord entre Abdallah de Jordanie et Golda Meïr. Cet accord est une preuve de la non acceptation officielle de la résolution 181, puisqu’il prévoyait de voler copieusement une importante partie de ce qui était censé appartenir au futur État palestinien, la Cisjordanie.
Je comprends que les soldat·es ne sont pas posté·es en des lieux stratégiques pour nous protéger. Le régime militaire israélien contrôle en vérité les territoires palestiniens et tous les aspects de la vie quotidienne des Palestinien·nes. C’est ce régime qui décide de leurs droits et détermine s’iels peuvent ou non se déplacer ici et là, pour aller travailler ou aller à l'école, voyager à l'étranger, rendre visite à leurs proches, participer à une manifestation, accéder à leurs terres agricoles ou même avoir accès à l'électricité ou à une source d'eau potable.
Cela peut paraître bête, mais lorsque l’on vit en Israël, on n’est pas forcément au courant de tout ce qu’il se passe, et les événements sont rapportés de sorte qu’ils soient acceptables et défendables.
Je comprends alors que je vis en surface, sur une terre invisibilisée. Moi qui gardais de supers souvenirs de cette première année pendant laquelle j’ai visité toutes sortes de lieux - villes, villages, kibboutzim, forêts, montagnes, déserts, parcs nationaux - je ne sais plus quoi faire de ces souvenirs. Qu'y a-t-il en dessous de ces terres ? Qu’ont vécu ses habitant·es ? Sont-ils mort·es ? Ont-ils et elles fui de terreur ? Est-ce que j’ai piétiné leurs souvenirs pour l’on puisse passer une belle journée et pique-niquer tranquillement au soleil, en se sentant à l’abri des angoisses de nos aïeux/aïeules ? Toutes ces belles journées sont bien loin, je ne ressens plus la même joie que mes ami·es ou ma famille. Oui j’aime cette terre, oui j’aimerais y vivre, mais pas dans ces conditions, pas à n’importe quel prix. La culpabilité me ronge, on m’a offert sur un plateau d’argent une carte d’identité comme à une réfugiée en détresse. Mais je n’étais pas une réfugiée en détresse, je n’étais d’ailleurs même pas une réfugiée tout court. Il y a de vrai·es réfugié·es, des femmes palestiniennes par exemple, qui elles sont apatrides parce qu’il faut que des personnes, comme moi, qui ont déjà tout, puissent avoir deux nationalités, deux pays, deux maisons, des tonnes d’aides et de sécurité.
À toi, chère réfugiée palestinienne, sache que je suis repartie depuis presque 5 ans maintenant, j’ai tout laissé derrière moi, ma famille, mes ami·es, mon travail, mes études, tout ce que j’avais construit sur tes ruines. 6 ans pour ouvrir les yeux et des soirées à pleurer sur les découvertes que je faisais dans les archives israéliennes. Le deuil a été long et chaque jour qui passe ton pays me manque terriblement. Mais je vais devoir attendre, car je ne reviendrai pas vivre ou même m’amuser dans les rues de ton pays tant que tu ne seras pas libre sur ta terre.
[1] Un ensemble de colonies situé en Cisjordanie au sud de Jérusalem
[2] Un ensemble de colonies qui était situé dans la bande de Gaza non loin de Rafah, avant leur évacuation en 2005.
📰 https://blogs.mediapart.fr/tsedek/blog/150524/chere-refugiee-palestinienne
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3- ➤La vie des Palestiniens sous l'occupation israélienne - Guide illustré
Contrôle des terres & des ressources naturelles, de l'habitat, des ressources humaines, des ressources financières, contrôle du commerce, de la technologie, des infrastructures, du patrimoine culturel
Par Mohammed Hussein & Hanna Duggal, le 15 mai 2024, Al Jazeera
Chaque année, le 15 mai, les Palestiniens commémorent la Nakba, nettoyage ethnique de la Palestine en 1948 par les milices sionistes.
Au cours des 76 années qui se sont écoulées depuis la Nakba, le contrôle exercé par Israël sur le peuple palestinien a affecté tous les aspects de la vie, depuis les services auxquels ils ont accès et les lieux où ils peuvent voyager, jusqu'aux ressources dont ils peuvent disposer et aux espaces où ils peuvent construire des maisons sur leurs propres terres.
Dans ce guide illustré, Al Jazeera vous fait découvrir quelques-unes des luttes menées au quotidien sous l'occupation israélienne.
1. Contrôle des terres et des ressources naturelles
Une séparation matérielle existe entre les Palestiniens vivant à Gaza et ceux vivant en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.
Israël interdit essentiellement tout mouvement entre ces zones.
En 1995, dans le cadre des accords d'Oslo, la Cisjordanie occupée a été divisée en zones A, B et C.
La zone C, qui représente 60 % de la Cisjordanie et qui abrite environ 300 000 Palestiniens, était censée être transférée à l'Autorité palestinienne.
Mais Israël la contrôle toujours entièrement et y a construit plus de 290 colonies juives illégales et avant-postes, où vivent aujourd'hui quelque 700 000 colons.
Au regard du droit international, les colonies israéliennes sont illégales.
2. Contrôle de l'habitat
Que feriez-vous si vous saviez que vous avez besoin d'un permis pour construire une maison, mais qu'il est pratiquement impossible de l'obtenir parce que vous êtes Palestinien ?
Israël refusant de délivrer des permis de construire, de nombreux Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est occupées sont contraints de construire des maisons sans permis.
"Tous mes souvenirs se trouvaient dans cette maison", a déclaré Fakhri Abu Diab, 62 ans, à Al Jazeera après que les autorités israéliennes eurent rasé sa maison à Jérusalem-Est occupée en février.
Les autorités israéliennes exigent généralement des résidents palestiniens qu'ils paient pour la démolition de leur propre maison, ce qui fait craindre à Fakhri Abu Diab qu'il n'ait pas les moyens de financer cette destruction.
Depuis 2009, selon les Nations unies, au moins 10 700 structures appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie occupée ont été démolies, entraînant le déplacement de plus de 16 000 personnes.
3. Contrôle des ressources humaines
Chaque matin, avant l'aube, des dizaines de milliers de travailleurs palestiniens se pressent dans des couloirs aux allures de cages pour attendre de passer les multiples points de contrôle militaires israéliens sur leur trajet vers leur lieu de travail.
Israël, en imposant de lourdes restrictions aux déplacements et aux ressources des Palestiniens, a fait passer le taux de chômage palestinien au troisième rang mondial.
Pire encore, en janvier 2024, quelque 507 000 emplois ont disparu en Palestine en raison de la guerre menée par Israël contre Gaza, selon l'Organisation internationale du travail (OIT) et le Bureau central palestinien des statistiques.
L'OIT prévoit que si la guerre contre Gaza se poursuit jusqu'en juin, le taux de chômage en Palestine dépassera les 45 %, contre 25 % pour la même période l'année dernière.
4. Contrôle des ressources financières
Israël exerce une influence significative sur les ressources financières de la Palestine par le biais de mécanismes tels que les taxes perçues au nom de l'Autorité palestinienne (AP), qui supervise certaines parties de la Cisjordanie occupée par Israël depuis le milieu des années 1990.
Israël perçoit environ 188 millions de dollars par mois en taxes pour le compte de l'AP, soit 64 % du revenu total de l'AP.
Israël a régulièrement suspendu ces paiements, empêchant l'Autorité palestinienne de verser les salaires de ses quelque 150 000 employés travaillant en Cisjordanie occupée et à Gaza.
5. Contrôle du commerce
Depuis 1967, date à laquelle Israël a occupé toute la Palestine historique et expulsé 300 000 Palestiniens de leurs foyers, les relations commerciales des Palestiniens avec le monde arabe ont été pratiquement coupées.
Israël contrôle la circulation des marchandises que les Palestiniens peuvent importer et exporter.
En 2001, les forces israéliennes ont détruit l'aéroport international Yasser Arafat à Rafah, dans le sud de Gaza, unique aéroport du territoire géré par les Palestiniens.
Le déficit commercial de la Palestine est élevé à cause des restrictions israéliennes sur ses frontières et ses ressources. Sa dépendance à l'égard de l'économie israélienne signifie qu'environ 80 % de ses exportations sont destinées à Israël.
6. Contrôle de la technologie
La Palestine est également occupée sur le plan numérique.
Israël restreint les importations d'équipements de technologies de l'information et de la communication (TIC), affirmant qu'ils sont "à double usage", ou ont des applications à la fois civiles et militaires.
Alors qu'Israël déploie l'internet mobile 5G à haut débit, les opérateurs de réseaux palestiniens ne sont autorisés à utiliser que la 3G en Cisjordanie occupée (depuis 2018) et la 2G à Gaza.
Ces restrictions étouffent le secteur des technologies de l'information et de la communication de la Palestine, lequel dépend essentiellement des logiciels et de l'infrastructure israéliens.
Les réseaux israéliens peuvent également surveiller et censurer le contenu palestinien en ligne.
7. Contrôle des infrastructures
Israël contrôle la plupart des ressources en eau de la région, y compris les principaux aquifères souterrains de la Cisjordanie occupée.
Les Palestiniens vivant en Cisjordanie occupée et à Gaza sont souvent confrontés à des restrictions d'accès et d'utilisation.
L'Organisation mondiale de la santé recommande une consommation minimale d'eau potable de 100 litres par habitant et par jour.
En 2023, les Israéliens consommaient en moyenne 247 litres par jour, contre 82 litres pour les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza occupées.
8. Contrôle du patrimoine culturel
Le riche patrimoine culturel de la Palestine est constamment menacé par l'occupation israélienne.
Depuis le 7 octobre, les bombardements israéliens sur Gaza ont détruit plus de 200 sites du patrimoine culturel, dont des musées, des bibliothèques et des mosquées.
Israël a également détruit plus de 390 établissements d'enseignement, dont toutes les universités de Gaza.
Le 17 janvier, l'armée israélienne a utilisé des explosifs pour détruire l'université Israa dans la ville de Gaza.
Ce ne sont là que quelques exemples des nombreuses entraves qui pèsent au quotidien sur la vie des Palestiniens sous l'occupation israélienne.
Le contrôle et la domination d'Israël violent les lois internationales et privent les Palestiniens de leur droit à l'autodétermination. Selon un rapport de la Commission économique et sociale des Nations unies pour l'Asie occidentale, elles ont également affaibli l'économie palestinienne, la rendant totalement dépendante d'Israël.
"Nous sommes traumatisés", a déclaré Abu Diab, qui a été contraint de payer pour la démolition de sa propre maison au début de l'année.
Les Palestiniens affirment que la persistance du système d'oppression israélien fait que la Nakba n'a en réalité jamais pris fin.
📰 https://interactive.aljazeera.com/aje/2024/israel-occupation-illustrated-guide/
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