❖ Des nouvelles de l'armée la plus morale du monde & de la seule démocratie du Moyen-Orient ... #5
L'occupation n'a jamais cessé. La violence est juste plus sophistiquée & généralisée, la barbarie ouvertement affichée, totalement désinhibée, sans honte ni crainte, soutenue ou excusée par l'Occident
SOMMAIRE :
1 - Une frappe israélienne sur une tente de presse au sein d'un hôpital de Gaza tue trois journalistes & en blesse d'autres - Quds News Network
2 - Des Israéliens apprennent à des enfants à chasser des "terroristes" dans un village palestinien factice - Palestine Will Be Free
3 - Un aide médical de 63 ans, bouclier humain des brigades israéliennes à Gaza pendant 3 mois - Yahya Al-Qassas
4 - Netanyahou admet qu'Israël soutient des groupes "criminels", rivaux du Hamas, à Gaza - Al Jazeera
5 - Les sales vieilles pratiques - Binoy Kampmark
6 - "La prochaine fois, nous te tatouerons une étoile de David sur le visage" - Oren Ziv
7 - Israël désigne fallacieusement des zones de Gaza comme étant vides afin de les bombarder - Yuval Abraham
Et tout dernier acte en date
8 - La Flotille de la liberté : Lire ou relire l'article spécial ici Les forces israéliennes arraisonnent la flottille d'aide à Gaza & arrêtent les 12 membres de l'équipage
1- Un raid israélien sur une tente de presse au sein d'un hôpital de Gaza tue trois journalistes & en blesse d'autres
Au moins 224 journalistes palestiniens ont été tués dans des attaques israéliennes depuis le début de l'assaut israélien en octobre 2023.
Par Quds News Network, le 5 juin 2025
Gaza - Une frappe israélienne visant une tente de presse à l'hôpital baptiste de la ville de Gaza a tué au moins trois journalistes et en a blessé plusieurs autres jeudi.
Les journalistes sont Ismail Badah et Sulaiman Haja, qui travaillaient tous deux pour la chaîne Palestine Today et Samir Al-Rifai, qui travaillait pour l'agence de presse Shams.
Selon des sources locales, des morceaux de chair ont été éparpillés dans ce qui était autrefois un jardin bien entretenu de l'établissement médical.
Deux autres journalistes, Ahmed Qalja, photojournaliste pour Al-Araby TV, et Emad Daloul, correspondant pour Palestine Today, ont été grièvement blessés.
C'est la huitième fois que l'hôpital est pris pour cible, a précisé le directeur de l'hôpital baptiste.
Le directeur du Syndicat des journalistes palestiniens a déclaré à la chaîne de télévision Al-Araby que l'occupation israélienne s'est livré à un massacre contre les journalistes de l'hôpital baptiste, ajoutant que la bande de Gaza "témoignait une nouvelle fois du plus grand massacre de journalistes de l'histoire".
Au moins 224 journalistes palestiniens ont été tués dans des attaques israéliennes depuis le début de l'assaut israélien en octobre 2023.
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2- Des Israéliens apprennent à des enfants à chasser des "terroristes" dans un village palestinien factice
Des enfants israéliens sont entraînés à chasser des "terroristes" dans des villages palestiniens simulés, brouillant ainsi la frontière entre le jeu et l'endoctrinement militaire.
Par Palestine Will Be Free, le 5 juin 2025
Pour occuper leurs enfants sous le soleil brûlant de l'été en Asie occidentale, les parents israéliens ont une solution très israélienne : ils incitent leurs enfants, dès l'âge de six ans, à revêtir une tenue de "terroristes" ou à tirer sur des "terroristes" avec un assortiment d'armes employées par les forces d'occupation israéliennes.
"Un centre appelé Fauda Base offre aux enfants âgés de six ans et plus la possibilité de devenir des agents secrets, de s'entraîner au tir, de se déguiser en terroristes et de jouer les combattants prenant le contrôle d'un village arabe", rapporte le journal israélien HaMakom.
La base d'été porte le nom de la série Netflix, Fauda, qui met en scène un commandant de l'unité israélienne Musta'ribeen (Mista'arvim en hébreu) à la poursuite de résistants palestiniens. Le camp est géré en collaboration avec Yes, les producteurs de la série télévisée, et ses instructeurs sont d'anciens membres des forces d'occupation israéliennes.
Les musta'ribeen sont des Israéliens arabophones et d'apparence arabe utilisés par l'occupation pour infiltrer la résistance palestinienne et la société civile afin d'en extraire des informations vitales.
Selon HaMakom,
Fauda Base "simule une journée dans la vie d'un combattant d'une unité spéciale d'infiltration et invite les participants - qu'ils aient six ans ou qu'ils soient chefs scouts - à prendre part à une opération spéciale".
D'après HaMakom :
Tout d'abord, les visiteurs du complexe "entendront parler d'un incident de sécurité qui s'est produit et recevront un ordre opérationnel". Afin de se conformer à l'ordre opérationnel, "les participants devront devenir une équipe de combat opérationnel dans une unité d'infiltration" et avoir "une série de séances d'entraînement qui comprennent l'entraînement au tir, le combat dans des zones construites, le combat au corps à corps, et plus encore".
"Dans nos activités, vous pouvez tirer avec tous les types d'armes utilisés par les forces spéciales", peut-on lire sur le site Internet de la [base de Fauda]. "Fusils M4, pistolets Glock, fusils Tavor, Uzis, fusils de sniper, fusils Kalachnikov et bien plus encore !" Pour se mettre dans l'ambiance, ils recevront également un équipement de combat comprenant des armes personnelles, des uniformes de commando ou des vêtements d'infiltration - "tout cela en fonction de leur rôle dans la force", est-il précisé. "Certains joueront le rôle de terroristes, d'autres celui de civils innocents, et d'autres encore celui d'agents infiltrés". Les participants portent des keffiehs, des galabeyas et diverses barbes. Ils se colorent également les dents pour qu'elles aient l'air sales, cariées ou manquantes.
Enfin, les participants se rendent à "Al Mahmoudiyah" - "notre village, qui comprend un petit marché, un restaurant et plusieurs bâtiments, où se déroulent les activités spéciales de Fauda". Lors d'une conversation avec le représentant du complexe, il nous a été précisé qu'il s'agissait d'une activité impliquant "beaucoup de rires et d'amusement".
Cette "activité spéciale" consiste à tirer des balles en plastique ou en porcelaine sur des "cibles mobiles" : des cibles marquées à l'avance dans la zone du village, le tir étant effectué en compagnie d'instructeurs. Les jeux de Krav Maga constituent une autre étape. Alors que le site web indique que l'activité est autorisée à partir de 15 ans (et dans sa version anglaise, à partir de 12 ans), un appel téléphonique nous a appris que six ans était en fait la limite inférieure - même pour l'entraînement au tir.
Au cours des 20 mois de génocide en cours à Gaza, les enfants israéliens ont joué un rôle très important. On les a régulièrement vus détruire l'aide destinée aux enfants palestiniens affamés et assiégés de Gaza, qui meurent de faim :
Des enfants israéliens font des promenades en bateau casher avec leurs parents pour regarder leurs compatriotes israéliens réduire en charpie des enfants palestiniens en larguant des bombes de mille livres (500 kg) expédiées par les États-Unis :
Ils chantent des chansons génocidaires, appelant à l'anéantissement complet de Gaza et de son million d'enfants :
Tout cela s'inscrit dans une tendance plus large de la société israélienne, qui commence à enseigner à ses enfants, dès leur plus jeune âge, leur prétendue sélection et supériorité sur toute autre race, en particulier les Arabes dont ils sont géographiquement entourés.
Dans son livre, Palestine in Israeli School Books : Ideology and Propaganda in Education, l'auteure israélienne Nurit Peled-Elhanan explique comment les manuels scolaires israéliens présentent les Palestiniens comme des voyous et les Israéliens comme des victimes :
Les manuels scolaires israéliens - au mépris des faits - présentent toujours les Palestiniens comme des "voyous" et les Israéliens comme des victimes et des protecteurs de la terre.
Une autre vérité immuable reproduite dans les manuels scolaires étudiés ici, écrit-elle, est le message colonialiste selon lequel les Juifs israéliens sont les émissaires du progrès et des lumières dans un environnement où les Arabes primitifs doivent être civilisés ou plutôt cultivés comme le paysage "négligé".
Dans un autre passage du livre, elle écrit :
Le récit israélo-sioniste, tel que reproduit dans les manuels scolaires analysés dans ce livre, reflète l'opinion selon laquelle les Palestiniens ne peuvent être considérés que comme un obstacle ou une menace à surmonter ou à éliminer.
Ceci offre une petite fenêtre sur la façon dont la société israélienne déshumanise complètement les Arabes.
Dans ce contexte, les masses d'écoliers qui s'en prennent à des Arabes aux dents abimées ou manquantes ne font que mettre en pratique les leçons qu'ils apprennent en classe sur un champ de bataille fictif - une préparation précoce à ce qui pourrait être leur véritable carrière dans un peu plus d'une décennie ou moins.
Dans une société où les jeux de guerre passent pour de l'enfance, l'avenir n'est pas seulement militarisé, il est moralement à la dérive. Et ses conséquences ont été diffusées en direct au monde entier depuis Gaza au cours des 20 derniers mois.
📰 Lien de l'article original :
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3- Un aide médical de 63 ans, bouclier humain des brigades israéliennes à Gaza pendant 3 mois
"Ils m'ont ordonné de mettre uniforme militaire et demandé de fouiller les maisons pour voir s'il y avait des explosifs ".

Par Yahya Al-Qassas, le 5 juin 2025, Drop Site News
Le recours étendu par Israël de civils palestiniens comme boucliers humains à Gaza et en Cisjordanie est bien documentée. Connu sous le nom de "protocole moustique", les soldats israéliens forcent les Palestiniens à inspecter des bâtiments, des tunnels et d'autres sites. Israël a nié cette pratique, malgré un nombre croissant de preuves, y compris des citations de soldats israéliens eux-mêmes, qui affirment que cette pratique est utilisée, en partie, pour épargner aux chiens de combat des blessures et la mort. À Gaza, le recours aux boucliers humains par Israël s'est généralisé.
Yahya Al-Qassas a risqué sa vie pour écrire l'article que vous allez lire, en s'introduisant dans une zone de déplacement à Khan Younis pour interviewer Jameel al-Masri, un Palestinien de 63 ans qui a été contraint de servir de bouclier humain pendant trois mois.
Regardez l'interview vidéo de Jameel al-Masri réalisée par Uncaptured Media.
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Khan Younis, Gaza - En octobre 2024, Jameel Al-Masri, un Palestinien de 63 ans originaire de Beit Hanoun, faisait partie du personnel de l'hôpital indonésien alors que l'armée israélienne mettait en œuvre ce que l'on a appelé "le plan des généraux", une opération visant à dépeupler de grandes parties de la bande de Gaza (ndr : comprendre nettoyer ethniquement). Son travail consistait à aider les patients et les familles à se déplacer dans l'hôpital de la manière la plus sûre possible, une tâche devenue difficile, voire impossible, lorsqu'Israël a commencé à attaquer la zone autour de l'hôpital à la mi-octobre. Jameel et sa famille ont trouvé refuge à l'école d'El-Fawka.
Mais les troupes israéliennes sont arrivées quelques jours plus tard, ont assiégé l'école et ont ordonné à tout le monde de partir vers le sud.
"Je suis employé à l'hôpital, je suis payé par l'Autorité palestinienne et je ne travaille même pas pour le gouvernement de Gaza. Auparavant, j'ai travaillé pendant des décennies en Israël et je parle hébreu. Je n'ai rien à voir avec la politique."
Près du centre d'approvisionnement de l'ONU, les soldats israéliens ont installé un checkpoint et commencé à rassembler tous les hommes par groupe de cinq. Jameel en faisait partie. Alors qu'il attendait près d'un centre de détention, un soldat a crié : "Qui parle-t-il hébreu ?". Jameel a remarqué deux femmes elles aussi enlevées et a supposé qu'elles avaient besoin d'un traducteur. Il s'est avancé.
"Moi."
C'est là que tout a basculé. Des soldats de la brigade israélienne Givati l'ont pris à part et l'ont interrogé sur son hébreu. Il leur a dit avoir travaillé en Israël pendant plus de 30 ans. Ils lui ont bandé les yeux avant de le jeter dans un véhicule blindé de transport de troupes, un APC. Aucune charge contre lui. Aucune explication ne lui a été donnée.
Lorsque le bandeau lui a été retiré, il a aperçu pour la première fois un homme sur lequel il était couché, maintenu au sol. Ils sont restés ainsi une journéeentière. Jameel se souvient encore de son nom : Wael AbdelLatif Abo Amsha.
Le lendemain, des soldats leur ont dit :
"Vous allez nous aider à faire sortir les gens des écoles. C'est une mission de deux jours, puis vous pourrez rentrer chez vous. On n'a rien sur vous dans notre base de données"
Ils l'ont habillé d'un gilet. N'ayant pas le choix, il s'est exécuté. Les soldats lui avaient menti : des mois de tourments l'attendaient.
Une semaine s'est écoulée. Aucune libération. Seulement des coups, des cris, des humiliations et des obscénités.
"Nous devons vider toutes les écoles. Vous allez rester encore un peu, puis vous rentrerez chez vous", ont-ils dit.
La première école que Jameel a dû faire évacuer se trouvait à Beit Hanoun. Il a reçu l'ordre de s'y rendre, de mettre les civils déplacés en rangs et de les faire sortir. Puis il y a eu d'autres ordres. Les soldats le forçaient à entrer seul dans des maisons détruites et incendiées. La porte de l'APC s'ouvrait et on lui demandait de sortir - revêtu d'un uniforme de l'armée israélienne - et de fouiller l'intérieur. Un drone planait au-dessus de lui, émettant une voix lui ordonnant où aller.
Tandis qu'il inspectait les foyers, le drone filmait tout. Puis les soldats prenaient d'assaut la maison, plaçaient des explosifs sur les piliers de soutien et faisaient ensuite sauter la maison. Tel était le cycle. Encore et encore. Maison après maison.
L'unité militaire changeait tous les mois, mais Jameel, lui, restait. Trois unités différentes. Il était leur instrument. Toutes les une à deux semaines, on l'amenait sur le terrain.

Jameel était malade. Il avait des problèmes cardiaques, avait dû se faire poser un stent et s'essoufflait vite. Ils ont compris qu'il ne pouvait plus suivre et l'ont de moins en moins utilisé au cours de ses trois mois de captivité.
Une nuit, alors qu'une unité se préparait à partir, ils lui ont hurlé dessus alors qu'il était allongé dans les escaliers, arme au poing. Ils lui ont ordonné de nettoyer leur cuisine. Il pensait qu'il allait enfin rentrer chez lui.
Au lieu de cela, ils l'ont fait asseoir et ont repris leur jeu sadique, lui posant des questions sur son hébreu. L'un d'eux a chargé son arme derrière lui et l'a pointée sur sa tête, tout en jouant avec et en riant.
"Ça m'était égal. J'ignorais ce qu'ils avaient en tête. J'attendais chaque jour le cessez-le-feu pour pouvoir rentrer chez moi".
Ils réitéraient quotidiennement la même promesse :
"Ne vous inquiétez pas. Dans une semaine ou dix jours, vous rentrerez chez vous."
Durant tout ce temps, on ne lui donnait qu'un morceau de pain et une boîte de thon par jour. La première semaine, ils ne lui ont rien donné.
J'ai interrogé Jameel sur ses conditions de vie. Sans hésiter, il m'a répondu :
"Il était très, très difficile de trouver le sommeil. On dormait dans les escaliers à même le sol."
Ils pointaient constamment des armes sur son visage. Il se voyait aboyer des ordres, envoyer dans des ruines dangereuses, seul, suivi par un drone. Sans protection. Privé de sa dignité. Sans choix possible.
L'armée lui accordait-elle quelque protection ?
"Ils m'habillaient d'un gilet et me donnaient un uniforme militaire."
Il leur a demandé pourquoi.
"Parce que on ne veut pas que le drone te tire dessus".
Les soldats étaient jeunes, à peine une vingtaine d'années. Ils parlaient un arabe approximatif. Jameel se souvient de certains noms : Sion, Dany, Ido, Benjamin.
Il raconte une autre nuit : il était allongé quand un soldat lui a sauté dessus, arme pointée sur lui.
"Tu as deux minutes pour te préparer".
Jameel a été envoyé pour inspecter des maisons à Jabaliya. S'il mettait trop de temps, hésitait ou avançait trop lentement par épuisement, les soldats l'insultaient, lui donnaient des coups de pied et le battaient sans prévenir.
"Fils de pute."
"Quel chien."
Il a vu des cadavres dans les rues.
Une autre fois, des soldats lui ont de nouveau ordonné de nettoyer la cuisine. L'un d'eux a pointé une mitraillette sur lui tandis que l'autre filmait. Ils l'ont menacé en disant :
"Maintenant, c'est ton heure."
Puis ils ont ri et dit que c'était une blague. Ce n'était pas la première fois. Une autre unité avait fait de même.
"Mais au moins, je pensais qu'ils ne me tueraient pas dans la pièce. Peut-être à l'extérieur. Ils ne veulent pas de sang là où ils dorment. Ils ont peur du sang et des cadavres".
Jameel devait demander la permission d'aller aux toilettes. L'humiliation était constante, les accusations aussi.
"Tu es responsable du 7 octobre".
Jameel a répondu :
"Qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans ? Rien du tout. Je me rends au travail tous les jours et je rentre chez moi".
Mais le soldat a rétorqué :
"Non ! C'est vous tous. Vous êtes tous restés silencieux. Ils me l'ont dit. Ils s'en fichaient. Ils ne posaient pas de questions. Ils provoquaient".
Même entre eux, ils étaient violents. Jameel les a entendus vociférer, se moquer, se vanter. Ils parlaient avec désinvolture de tuer.
"J'ai tiré sur ce type."
"J'ai tiré comme ça."
Il a entendu les soldats parler de leurs voyages en Thaïlande, au Royaume-Uni, de Trump, d'un cessez-le-feu qui leur permettrait de rentrer chez eux. Il se souvient de soldats parlant d'un incident au cours duquel un de leurs collègues est mort après avoir joué avec une grenade à Jabaliya.
"Je suis très affecté psychologiquement."
Sa famille a vécu une véritable agonie.
"Ils pensaient que j'avais été tué. Ils n'ont pas été informés de l'endroit où je me trouvais. Sans un gars d'une école, que j'avais évacué pendant ma mission pour dire à ma famille que j'allais bien, ils auraient cru que j'étais mort".
Jameel Al-Masri a été libéré le 20 janvier 2025, le premier jour du cessez-le-feu, après avoir été enlevé le 18 octobre 2024 dans le camp de réfugiés de Jabaliya. Même lorsqu'il est retourné auprès de sa famille, il ne parvenait pas à y croire.
"Il m'a fallu un mois entier pour oublier ce que je venais de vivre. Je me réveillais en pensant que j'avais été enlevé".
Il souffre d'une hernie discale due aux coups portés par les soldats. Il a été privé de ses médicaments contre l'hypertension. Après sa libération, les médecins ont constaté un rétrécissement des artères. Il est désormais sous traitement et son état physique s'est amélioré. Mais son esprit est toujours captif.
Après sa libération, Al-Masri est resté à Khan Younis malgré l'ordre de partir. Sa famille n'a pas trouvé d'autre lieu où loger et n'a pas les moyens d'acheter une tente. Ils se sont une nouvelle fois réfugiés dans une école.
Younis Tirawi et Maira Pinheiro ont contribué au reportage.
📰 Lien de l'article original :
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4- Netanyahou admet qu'Israël soutient des groupes "criminels", rivaux du Hamas, à Gaza
Première reconnaissance de l'utilisation par Israël de gangs armés, accusés par les groupes humanitaires de voler l'aide dans les camions.
Par Al Jazeera, le 5 juin 2025
Le Premier ministre israélien a déclaré que le pays se servait des gangs armés à Gaza pour lutter contre le Hamas. Cet aveu intervient après une nouvelle vague de frappes militaires sur la bande de Gaza assiégée qui a fait au moins 52 morts parmi les Palestiniens.
Netanyahou a déclaré que le gouvernement avait "activé" des clans locaux puissants dans l'enclave sur les conseils de "responsables de la sécurité". Sa déclaration vidéo publiée sur Twitter X jeudi est intervenue quelques heures après que l'ancien ministre de la défense, Avigdor Lieberman, l'a accusé d'avoir déployé cette tactique.
Cette déclaration marque la première reconnaissance publique par le gouvernement de son soutien aux groupes armés palestiniens basés sur des familles puissantes, accusés par les travailleurs humanitaires de mener des attaques criminelles et de voler de l'aide dans les camions, alors que la famine frappe l'ensemble du territoire provoquée par le blocus israélien punitif.
Un fonctionnaire israélien cité par l'agence de presse Associated Press a déclaré que l'un des groupes auxquels faisait référence Netanyahou était les "Forces populaires", dirigées par Yasser Abu Shabab, un chef de clan local à Rafah.
Le mois dernier, le journal israélien Haaretz a fait état des activités du groupe - bien qu'il ait été nommé "Service antiterroriste" dans le rapport - en déclarant que des sources à Gaza affirmaient qu'il se composait d'une centaine d'hommes armés opérant avec l'approbation tacite de l'armée israélienne.
Ces dernières semaines, le groupe d'Abu Shabab a annoncé en ligne que ses combattants aidaient à protéger les livraisons de produits vers les nouveaux centres de distribution soutenus par les États-Unis et Israël et gérés par l'obscure Fondation humanitaire de Gaza (GHF).
"L'opposition israélienne affirme qu'il n'y a pas eu de consultation au sein du gouvernement israélien ou du cabinet israélien. Netanyahou affirme que ces gangs armés pourraient essentiellement aider les Israéliens à vaincre le Hamas à Gaza".
"Mais cela ne passe pas bien en Israël, où l'on dit qu'il s'agit d'entreprises criminelles armées dans la bande de Gaza, qu'elles ne devraient pas être armées et que ce sont des armes israéliennes que l'on met entre leurs mains. Qu'ils ne devraient pas être armés et que ce sont des armes israéliennes qui sont mises entre leurs mains", a déclaré Hamdah Salhut, d'Al Jazeera, en direct d'Amman, la capitale de la Jordanie.
Abattoir d'humains
Netanyahou a fait cette déclaration à l'occasion d'une nouvelle journée meurtrière à Gaza, l'armée frappant des cibles dans toute l'enclave côtière assiégée où le blocus paralysant a conduit la population au bord d'une famine meurtrière massive.
Les incidents meurtriers, qui ont fait plus de 100 morts et de nombreux blessés sur les sites de distribution d'aide gérés par le GHF depuis la semaine dernière, ont suscité une condamnation générale, les troupes israéliennes ayant ouvert le feu sur des Palestiniens venus chercher de l'aide à quatre occasions distinctes depuis la semaine dernière.
Chris Gunness, ancien porte-parole de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a déclaré à Al Jazeera que les activités de la Fondation humanitaire de Gaza avaient transformé Gaza en un "abattoir d'humains".
"Des centaines de civils sont rassemblés comme des animaux dans des enclos clôturés et sont abattus comme du bétail au cours du processus", a-t-il déclaré.
Face à la condamnation internationale croissante, la GHF a interrompu ses activités une journée entière mercredi, avant de déclarer le lendemain qu'elle rouvrirait deux centres de distribution d'aide dans la zone de Rafah, dans le sud de Gaza sans préciser quand la distribution de l'aide reprendrait.
Au moins 52 Palestiniens ont été tués jeudi, selon des sources hospitalières qui ont parlé à Al Jazeera. Les sources ont indiqué que 31 corps étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younis, et que 21 autres avaient été admis dans les hôpitaux al-Ahli Arab et al-Shifa de la ville de Gaza.
Israël a tué quatre journalistes lors d'une attaque contre l'hôpital al-Ahli, également connu sous le nom d'hôpital baptiste, dans la ville de Gaza. Fadi al-Hindi, un habitant de la ville de Gaza, a déclaré à Al Jazeera qu'il avait vu l'une des frappes dans la rue al-Nasser, près de l'hôpital al-Shifa, et qu'il avait assisté à des scènes de mort après s'être précipité hors de sa tente pour aller voir ses enfants.
"Lorsque je suis arrivé, j'ai vu un homme en lambeaux ; il roulait à bicyclette et la moitié inférieure de son corps avait disparu. Tout le monde dans la rue était blessé, et nous avons commencé à ramasser les morceaux de corps des blessés", a-t-il déclaré.
Au moins trois Palestiniens, dont des enfants, ont été tués lors de cette attaque.
L'agence de presse palestinienne Wafa a également fait état de cinq morts dans les environs de Khan Younis, de quatre morts à l'ouest de Beit Lahiya, dans le nord, et d'un mort au sud de la ville de Gaza, ainsi que d'un enfant blessé près de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza.
Wafa a également rapporté que les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des Palestiniens qui tentaient d'atteindre un centre d'aide près de Wadi Gaza.
Entre-temps, le chef du Hamas, Khalil al-Hayya, a déclaré dans un discours préenregistré que le groupe n'avait pas rejeté la proposition de cessez-le-feu à Gaza présentée par l'envoyé spécial américain Steve Witkoff, précisant qu'il avait plutôt demandé quelques changements pour garantir la fin de la guerre.
Al-Hayya a ajouté que le Hamas était prêt à s'engager dans de nouveaux pourparlers et que les communications avec les médiateurs se poursuivaient. Israël a rompu une précédente trêve en mars pour reprendre sa guerre contre Gaza.
📰 https://www.aljazeera.com/news/2025/6/5/netanyahu-admits-israel-backed-armed-rivals-of-hamas-in-gaza
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5- Les sales vieilles pratiques
Israël soutient les milices palestiniennes à Gaza.
Par Binoy Kampmark, le 7 juin 2025, Savage Minds
C'est l'une de ces choses qui devraient être enregistrées et rejouées éternellement : Israël, afin de préserver un sentiment de sécurité mal placé, soutient volontiers les groupes palestiniens dans le but de les diviser. Le Hamas, considéré aujourd'hui comme un monstre existentiel, a été toléré et même soutenu pendant de longues périodes dans le but de saper les différentes factions de l'Organisation de libération de la Palestine représentée par le Fatah.
Dans son ouvrage de 2008, Hamas vs. Fatah, Jonathan Schanzer explique comment les Frères musulmans égyptiens, source d'inspiration du Hamas, ont été considérés comme une opportunité par les Israéliens lorsqu'ils se sont implantés à Gaza. "À la fin des années 1970, les Israéliens pensaient avoir trouvé le talon d'Achille du Fatah". La stratégie israélienne a permis à la confrérie de prospérer, allant jusqu'à autoriser le religieux Cheikh Ahmed Yassine à gérer un réseau de services sociaux, médicaux et éducatifs, services ayant été cruellement négligés par le Fatah dans la bande de Gaza. Cette approche a effectivement permis l'émergence du fondamentalisme, considéré, curieusement, comme plus facile à gérer que l'aventurisme militaire de l'OLP.
La première Intifada de 1987 a conduit à la création par Yassin et ses partisans du Harakat al-Muqawama al-Islamiya (Mouvement de résistance islamique). La charte de 1988 de l'organisation que nous connaissons sous le nom de Hamas, plus jeune, plus petite et plus affamée que ses rivaux du Fatah, énonce clairement son objectif : "Il n'y a pas d'autre solution à la question palestinienne que le djihad".
En 2009, alors qu'il examinait les ruines du bungalow d'un voisin à Moshav Tekuma, l'officier israélien à la retraite Avner Cohen, qui avait servi à Gaza pendant plus de vingt ans, était dépité.
"À mon grand regret, le Hamas", a-t-il déclaré au Wall Street Journal, "est la création d'Israël".
Le soutien et les encouragements de l'État juif ont effectivement enhardi un ennemi mortel.
Un tel bilan devrait mettre en garde les législateurs et les dirigeants avisés. Mais la seule leçon que l'histoire enseigne, c'est que ses graves enseignements restent lettre morte et que les plus désastreuses et néfastes se répètent ad vitam æternam. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou en est la parfaite illustration. Ses différents gouvernements ont fièrement soutenu la politique de division entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, sapant peu à peu le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas d'un côté et soutenant le Hamas de l'autre. De temps à autre, les forces armées israéliennes menaient des opérations sanglantes contre le Hamas, une stratégie que l'on a fini par appeler "tondre le gazon".
Le soutien d'Israël au Hamas a pris la forme de permis de travail (jusqu'à 3 000 accordés aux Gazaouis en 2021, puis 10 000 sous le gouvernement Bennett-Lapid) et de valises, bourrées d'argent qatari, entrant depuis 2018 dans la bande via les checkpoints. En 2019, Netanyahou aurait déclaré lors d'une réunion de la faction du Likoud que les opposants à un État palestinien devraient soutenir le transfert de fonds au Hamas. Cinq ans plus tôt, Bezalel Smotrich, l'actuel ministre des finances pro-nettoyage ethnique et belliciste, déclarait avec candeur :
"l'Autorité palestinienne est un fardeau, et le Hamas un atout".
Avec le Hamas désormais cible et ennemi juré, le Premier ministre estime que la même expérience manquée, adoptée par étapes depuis les années 1970, peut être reproduite : soutenir et encourager encore un autre groupe de Palestiniens à saper toute cause souveraine.
La figure centrale et le bénéficiaire de cette dernière folie est le louche Yasser Abu Shabab, un résident de Rafah issu d'une famille bédouine connue pour pour son casier judiciaire criminel chargé. Se faisant appeler "Service antiterroriste" ou Forces populaires, et équipés de fusils d'assaut et de matériel saisis au Hamas, son "clan", comme l'ont décrit certains rapports, s'est engagé à piller l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. Aux yeux de Netanyahou, ces pillards rapaces sont devenus des sentinelles opportunistes, surveillant partiellement l'aide dérisoire actuellement envoyée à Gaza sous la supervision de la Fondation humanitaire de Gaza, soutenue par Israël.
Georgios Petropoulos, haut fonctionnaire des Nations unies basé à Gaza l'année dernière, qualifie Abu Shabab de "maître autoproclamé de l'est de Rafah". Pour sa part, Abu Shabab admet avoir pillé les camions d'aide, mais seulement "pour pouvoir manger et non pour vendre". Les penchants de ces groupes pour le pillage sont bien connus. Le 28 mai, le chef du bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires dans les territoires palestiniens occupés, Jonathan Whittall, a lancé une accusation accablante :
"Le véritable vol d'aide depuis le début de la guerre a été perpétré par des gangs criminels, sous la surveillance des forces israéliennes qui les ont autorisés à opérer à proximité du point de passage de Kerem Shalom à Gaza".
Le 21 mai, le groupe d'Abu Shabab a publié ce message sur Facebook : "92 camions ont été sécurisés et sont entrés dans des zones sous la protection de nos forces populaires, et en sont sortis en toute sécurité sous notre supervision". Aucune précision n'a été donnée sur l'organisation qui a loué les véhicules de transport.
Alors que des rumeurs circulaient sur le fait que le gouvernement israélien s'était engagé dans cette dernière action, Netanyahou a dit les choses clairement.
"Sur les conseils des responsables de la sécurité, nous avons activé les clans de Gaza qui s'opposent au Hamas", a-t-il annoncé dans une vidéo publiée avec son cynisme habituel. "Qu'y a-t-il de mal à cela ?" Cette stratégie "ne fait que sauver la vie de soldats israéliens et le fait d'en faire la publicité ne fait que profiter au Hamas".
Le conseil que le Shin Bet aurait donné à Netanyahou d'armer les milices de Gaza opposées au Hamas était une mesure opportuniste, largement motivée par le refus persistant du Premier ministre d'impliquer l'Autorité palestinienne dans la bande de Gaza.
Tous les législateurs israéliens n'ont pas été impressionnés par le dernier effort supposément ingénieux du premier ministre israélien. Yair Golan, chef des démocrates à la Knesset, l'a condamné, estimant qu'il s'agissait d'une menace pour la sécurité d'Israël.
"Au lieu de parvenir à un accord, de conclure des arrangements avec l'axe sunnite modéré, de ramener les otages et d'assurer la sécurité des citoyens israéliens, il crée une nouvelle bombe à retardement à Gaza".
Le chef du parti Yisrael Beiteinu, Avigdor Lieberman, estime que le transfert d'armes au groupe d'Abu Shabab a été effectué de manière unilatérale.
"Le gouvernement israélien donne des armes à un groupe de criminels et de malfaiteurs identifiés comme appartenant à l'État islamique", a-t-il déclaré au radiodiffuseur public Kan. "À ma connaissance, cela n'a pas été soumis à l'approbation du cabinet".
L'aide humanitaire étant désormais à la merci d'un groupe méprisé par les fonctionnaires de l'ONU, les travailleurs humanitaires et certains politiciens israéliens - un rare consensus - la nouvelle série d'erreurs d'une stupidité incroyable et donquichottesque s'amorce. Israël ajoute encore à sa propre insécurité, tandis qu'Abu Shabab ne connaît que trop bien les opinions de sa famille, exprimées dans une déclaration qui fait froid dans le dos :
"Nous affirmons que nous n'accepterons pas le retour de Yasser dans notre famille. Nous n'avons aucune objection à ce que son entourage le liquide immédiatement et nous vous disons que que sa mort est annoncée".
Binoy Kampmark est rédacteur collaborateur à CounterPunch et chroniqueur au Mandarin. Ancien boursier du Commonwealth, Selwyn College, Cambridge.
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6- "La prochaine fois, nous te tatouerons une étoile de David sur le visage"
Après son arrestation, les geôliers israéliens ont forcé un militant anti-guerre juif à porter un T-Shirt pro-israélien, une pratique dégradante souvent utilisée à l'encontre des prisonniers palestiniens.

Par Oren Ziv, le 2 juin 2025, 972+ Magazine
En février, les prisonniers palestiniens libérés dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu à Gaza ont été contraints de porter des chemises ornées de l'étoile de David, du logo de l'administration pénitentiaire israélienne (IPS) et de la phrase "Nous n'oublierons pas et nous ne pardonnerons pas" en arabe.
Aujourd'hui, un détenu juif-israélien placé sous la garde de l'IPS a lui aussi été soumis à cette pratique humiliante : Les agents de l'IPS ont contraint le militant de gauche Itamar Greenberg, arrêté dimanche dernier, le 24 mai, lors d'une manifestation anti-guerre, à porter un T-Shirt portant l'inscription "Am Yisrael Chai" ("La nation d'Israël vit"). Pendant sa détention, ils l'ont également insulté et menacé de lui tatouer une étoile de David sur le visage la prochaine fois, comme cela avait déjà été fait à un détenu palestinien de Jérusalem-Est.
Le 24 mai, des manifestants anti-guerre ont brièvement bloqué une route à Tel Aviv ; au cours de la manifestation, Greenberg, un objecteur de conscience de 19 ans qui avait purgé près de 200 jours de prison militaire, a été arrêté et emmené au poste de police de Lev Tel Aviv, où il a été interrogé pour "trouble de la paix et de l'ordre public". avant d'être transféré pour quelques heures au poste de Glilot, puis ramené à Lev Tel Aviv et, de là, emmené par l'IPS au tribunal de première instance de Tel Aviv pour une audience.
"Dès le moment où je suis sorti du véhicule de l'IPS au palais de justice, je ne peux même pas décrire à quel point ils ont été cruels. Ils n'arrêtaient pas de dire : "Vous les gauchistes, êtes les pires terroristes, nous vous mettrons en cellule avec les Arabes, avec les immigrés clandestins"", a raconté Greenberg.
Les agents de l'IPS ont remarqué le T-Shirt "Partenariat pour la paix" que Greenberg portait au moment de son arrestation et qui arborait le slogan "Non à la guerre, oui à la paix" en hébreu et en arabe. "Cela les a vraiment interpellés. Ce n'est même pas un message radicale", a-t-il expliqué.
"Ils m'ont fait subir une fouille corporelle et m'ont apporté une chemise grise épaisse. Après quoi, ils m'ont forcé à la porter et j'ai vu qu'il y avait écrit "Am Yisrael Chai" au marqueur bleu, avec un dessin du drapeau israélien. J'ai entendu le type qui l'avait fait s'en vanter auprès de ses amis".
Depuis la cellule du sous-sol du palais de justice, Greenberg a été amené pour une audience devant la juge Ravit Peleg Bar-Dayan et ce n'est que vers la fin que son avocat et d'autres personnes ont remarqué le T-Shirt imposé par l'IPS. Selon Greenberg,
"l'IPS a essayé de me faire sortir rapidement, en disant : 'Allez, tu ne reste pas ici, l'audience est terminée'. [Lorsque mon avocat a insisté pour dire quelques mots, les officiers de l'IPS ont commencé à crier : "C'est le drapeau de votre pays ! Qu'est-ce qui ne va pas avec le drapeau israélien ? Va plutôt dessiner un drapeau palestinien".

Au cours de l'audience, l'avocat de Greenberg, Ramzi Ktilat, a qualifié l'inscription en hébreu sur le T-Shirt de son client de "tentative de faire une déclaration et de porter atteinte à la dignité du détenu". Il a expliqué que cette pratique s'inscrivait dans un contexte plus large. "Depuis le 7 octobre et pendant la guerre, l'IPS utilise ce slogan ["Am Yisrael Chai"] pour humilier les détenus qui, selon eux, ne soutiennent pas la guerre".
La juge a décidé que l'affaire devait être portée à l'attention d'un responsable de l'administration pénitentiaire israélienne (IPS). Elle a rejeté la demande de la police de prolonger la détention de Greenberg de trois jours, le relaxant avec une interdiction d'un mois de toute participation à des manifestations déclarées illégales par la police israélienne, sous peine d'une amende de 5 500 NIS.
Amuse-toi dans les tunnels
Après l'audience, les agents de l'IPS ont ramené Greenberg dans une cellule au sous-sol, où il a attendu pendant environ deux heures.
"Lorsque nous avons pris l'ascenseur - qui est petit - ils m'ont à nouveau menacé. L'un des agents a dit : "Je vais faire de toi un extrémiste de droite [qui porte] une kippa [kippa] avec une étoile de David. Viens mettre des tefillin [petites boîtes en cuir noir portées par les adultes juifs pour les prières de la semaine et du dimanche matin]. Es-tu un juif circoncis ? C'était vraiment désagréable", a raconté Greenberg.
Avant qu'il ne soit libéré, un officier supérieur de l'IPS est arrivé avec l'inscription "commandant de peloton" sur son uniforme, selon Greenberg. "Elle m'a photographié avec son téléphone. Je pensais qu'elle le faisait pour enquêter sur l'affaire parce qu'elle avait entendu ce qui s'était passé pendant l'audience".
Plus tard, alors que Greenberg était sur le point d'être libre, un autre officier de l'IPS lui a demandé : "Qu'est-ce que c'est que ce T-Shirt ? Tu ne partiras pas avec". Greenberg a répondu qu'il partirait effectivement avec le T-shirt que les agents l'avaient forcé à porter. J'ai dit [à l'officier] : "Bien sûr que oui. Vous m'avez mis dans l'embarras, vous avez essayé de m'humilier, et j'exige des preuves de ce que vous avez fait".
Selon Greenberg, le policier a répondu par une insulte : "J'espère que tu te feras kidnapper". L'officier supérieur présent a fait de même. "Amen, va à Gaza. Amuse-toi bien dans les tunnels".
"Ils m'ont dit : "Amen, qu'un missile iranien te tombe sur la tête" et "La prochaine fois que tu seras arrêté, nous te tatouerons une étoile de David sur le visage" - je suppose que c'est ce qui a été fait à un détenu palestinien. Au milieu de toutes ces discussions, j'ai réalisé que si je refusais, ils me battraient, alors j'ai enlevé mon T-shirt".
Il s'agissait de la quatrième arrestation de Greenberg depuis sa libération de la prison militaire. Ce qu'il faut retenir, dit-il, c'est que
"pour les Palestiniens, ces [abus] sont la norme, et maintenant ils sont dirigés contre les activistes aussi".
L'administration pénitentiaire israélienne a répondu à la demande de commentaire de +972 par la déclaration suivante :
"Le détenu en question est arrivé à l'unité d'escorte Nachshon de l'IPS en portant un T-shirt avec une écriture arabe. Pour sa propre sécurité et pour éviter les frictions avec les autres détenus, il lui a été demandé de revêtir des vêtements fournis par l'IPS".
"En ce qui concerne l'allégation relative à l'écriture sur les vêtements, l'affaire sera examinée en profondeur et, si elle est avérée, des mesures disciplinaires seront prises en conséquence. L'IPS insiste sur le fait que son personnel agit conformément à la loi, de manière égale et sans parti pris, tout en préservant les droits et la sécurité de chaque détenu et prisonnier."
L'IPS a choisi de ne pas répondre aux allégations concernant les insultes, les photographies et les menaces.
Le mardi 27 mai, l'administration pénitentiaire israélienne a indiqué que le commissaire de l'IPS avait ordonné la nomination d'un enquêteur chargé d'examiner les circonstances de l'incident et également ordonné le retrait immédiat du gardien de son poste "jusqu'à ce que le processus d'enquête soit achevé".
Oren Ziv est photojournaliste, reporter pour Local Call et membre fondateur du collectif de photographes Activestills.
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7- Israël désigne fallacieusement des zones de Gaza comme étant vides afin de les bombarder
L'armée utilise un algorithme qu'elle sait inexact pour déclarer des quartiers de Gaza comme étant "verts", c'est-à-dire vidés de leurs habitants, et mener des frappes aériennes, tuant des centaines de civils au cours des dernières semaines, révèle une enquête conjointe.

Par Yuval Abraham, le 4 juin 2025, 972+ Magazine
Ces dernières semaines, l'armée israélienne a lancé des frappes aériennes sur des quartiers résidentiels de Gaza qu'elle considère comme évacués, tout en sachant parfaitement que de nombreuses maisons bombardées étaient remplies de civils ne pouvant ou ne voulant pas partir, selon deux sources de renseignement qui ont parlé à +972 Magazine et à Local Call.
La désignation par l'armée d'un quartier particulier comme "vert", c'est-à-dire débarrassé de ses habitants, est basée sur une analyse algorithmique grossière des habitudes d'utilisation des téléphones dans une vaste zone - et non sur une évaluation détaillée, maison par maison, avant le bombardement, comme l'ont révélé précédemment +972 Magazine, Local Call et le New York Times.
Deux sources de renseignements ont observé en mai que l'armée bombardait des maisons et tuait des familles, tout en enregistrant en interne que les habitations étaient vides ou presque vides de résidents, sur la base d'un calcul algorithmique défectueux.
"Cette estimation de l'occupation est basée sur un ensemble d'algorithmes incroyablement mauvais. Il est clair que beaucoup de gens se trouvent dans ces maisons. Elles n'ont pas vraiment été évacuées.
"Vous regardez les tableaux d'évacuation, et tout est vert - ce qui signifie qu'il reste entre 0 et 20 pour cent de la population. Toute la zone où nous nous trouvions, à Khan Younis, était marquée en vert, alors qu'elle ne l'était manifestement pas", a expliqué une source de renseignements à +972 et à Local Call.
La semaine dernière, une frappe aérienne à Khan Younis a touché la maison du Dr Alaa Al-Najjar, tuant neuf de ses dix jeunes enfants et son mari, le Dr Hamdi al-Najjar, qui a succombé à ses blessures quelques jours plus tard. "Certains [des enfants] ont été mutilés et tous ont été brûlés", a déclaré le frère de son mari au Guardian. Dans un communiqué de presse publié après l'incident, l'armée a dit avoir viser des "suspects" et que Khan Younis avait été évacué.

Après avoir désigné un quartier comme "vert", l'algorithme de renseignement calcule le nombre de résidents dans chaque maison en fonction du taux d'évacuation estimé de la zone. Si l'algorithme estime que 80 % des habitants sont partis, le nombre de victimes attendues par maison est réduit de 80 %, souvent sans consacrer de temps à un examen détaillé. Ainsi, dans une maison où vivaient 10 Palestiniens avant la guerre, le système dira qu'il n'en reste que deux. "Il s'agit d'une approche statistique des erreurs", a déclaré une source des services de renseignement.
De cette manière, l'armée peut approuver davantage de frappes aériennes et prétendre respecter le principe de proportionnalité, ont indiqué les sources qui ajoutent que l'armée ne procède pas à des évaluations après les frappes pour déterminer combien de civils ont été effectivement tués et que, pour cette raison, elle ne sait pas non plus combien de Palestiniens elle a tués depuis le 7 octobre.
Bien que le calcul statistique estime faussement le nombre de civils dans chaque maison, le massacre de civils à Gaza n'est pas le fruit d'une erreur, mais une conséquence directe de la politique d'indulgence d'Israël à l'égard des dommages causés aux civils, ont déclaré plusieurs sources. Comme l'ont précédemment rapporté +972 Magazine et Local Call, la politique de l'armée permettait aux officiers de tuer jusqu'à 20 civils dans chaque maison où se trouvait un militant subalterne, et des centaines de civils lorsque la cible était plus âgée.
Marta Bo, chercheuse principale en droit international à l'Institut Asser de La Haye, a déclaré à +972 et à Local Call que l'utilisation de données statistiques et imprécises pour déterminer les dommages causés aux civils pourrait être considérée comme une violation du principe de précaution du droit international, qui exige que les États prennent des mesures pour minimiser les dommages anticipés à la population civile.
Les deux sources ont expliqué que depuis qu'Israël a violé le cessez-le-feu en mars, la plupart des militaires ciblés par l'armée israélienne sont de bas niveau, et parfois sans aucun grade - classés dans les dossiers des services de renseignement simplement comme "opérationnels", ce qui indique un statut encore plus inférieur à celui des chefs d'escadron ou des commandants de section, et donc d'une valeur militaire négligeable.
Selon l'une des sources, au cours des dernières semaines, nombre de ces attaques n'ont tué que des civils et ont été menées alors qu'on ne savait pas si elles toucheraient des cibles militaires. Selon plusieurs sources, ces "ratés" sont dus aux politiques militaires qui autorisent les frappes sans procéder à des vérifications approfondies - par exemple, sans vérifier en temps réel que la cible est bien présente dans le bâtiment.

Muhammad Shehada, analyste politique palestinien de Gaza et chercheur invité à l'European Council on Foreign Relations, a déclaré que ces politiques devaient être considérées dans le contexte des efforts systématiques déployés par Israël pour détruire tout ce qui est encore debout à Gaza.
"Aucun quartier de Gaza n'est entièrement évacué. Même dans les zones qu'Israël occupe depuis un certain temps, il y a des personnes âgées, des personnes handicapées, des femmes enceintes, des enfants et des orphelins qui n'ont personne pour les aider à évacuer", a déclaré Shehada.
Il a expliqué qu'étant donné que le Hamas ou des individus affiliés au Hamas sont présents partout dans la bande de Gaza, ces politiques de bombardement équivalent à "un tapis de bombes ou à des bombardements aveugles, utilisant des membres non armés du Hamas comme prétexte pour atteindre le véritable objectif, qui est la destruction maximale". Il a fait remarquer qu'avant le 7 octobre, Israël bombardait déjà les infrastructures civiles de Gaza pour dissuader la population de soutenir le Hamas, mais que cette fois-ci, "il ne s'agit pas de dissuasion, mais d'extermination".
Les Gazaouis sont considérés comme des moins que rien
Depuis qu'Israël a violé le cessez-le-feu en mars, les frappes aériennes ont tué chaque jour des dizaines de Palestiniens à Gaza, dont l'armée israélienne a confirmé qu'il s'agissait en grande majorité de civils. En mai, le nombre de morts (comprendre personnes tuées) moyen à Gaza s'élevait à 62 personnes par jour, selon les rapports du ministère de la santé.
Selon une nouvelle enquête du Guardian, plusieurs des frappes aériennes les plus meurtrières de ces dernières semaines ont visé des écoles et des hôpitaux bondés de réfugiés, dans le cadre d'une stratégie délibérée. Auparavant considérés comme des "sites sensibles", ces lieux sont désormais également classés par l'armée dans la catégorie des "centres lourds" (au motif qu'ils abritent une forte concentration d'agents du Hamas), et les procédures d'autorisation des frappes aériennes à leur encontre ont été assouplies.
Depuis le début du mois de mai, l'armée a frappé au moins six écoles à Gaza, tuant plus de 120 Palestiniens. +972 et Local Call ont appris que dans l'une des écoles récemment bombardées, le nombre de civils tués était trois fois plus élevé que le nombre de personnes que l'armée estimait s'y trouver.

Le 12 mai, l'armée a frappé l'école de filles de Jabalia, tuant apparemment 15 personnes. Un survivant a raconté comment ils ont rassemblé les corps dans des sacs dans la cage d'escalier de l'école, "comme de la viande". Un autre a déclaré que l'explosion l'avait réveillé à 1 heure du matin ; il a couru et a vu les salles de classe en flammes.
"Alors que nous voyions les corps se calciner, l'armée nous a appelés et nous a dit d'évacuer l'école parce qu'elle allait la bombarder à nouveau. Nous ne pouvions aller secourir les enfants brûlés et blessés ; des personnes étaient encore en vie. Lorsqu'ils sont retournés à l'école, elles étaient mortes", a-t-il relaté.
Le porte-parole des FDI affirme souvent que les centres de commandement du Hamas sont situés dans des écoles, mais une source de renseignements a déclaré à +972 et à Local Call qu'il s'agit souvent d'une exagération.
"Vous bombardez deux salles de classe dans une école et vous tuez des enfants juste pour toucher quelques acteurs de bas niveau. Ils le font parce que la vie des habitants de Gaza est considérée comme inutile, comme un obstacle", a-t-il déclaré.
Comme +972 et Local Call l'ont précédemment rapporté, tout au long de la guerre à Gaza, l'armée israélienne a systématiquement pris pour cible les personnes soupçonnées d'être des agents militaires alors qu'elles ne représentaient aucune menace immédiate - ce qui a entraîné un grand nombre de victimes civiles pour chaque frappe autorisée sur des cibles militaires. De multiples sources de renseignements ont confirmé pour cette enquête que l'armée continue de procéder à ces "assassinats ciblés" d'agents militaires présumés dans des environnements civils, tels que des écoles ou des maisons familiales, ce qui a donné lieu à certaines des attaques les plus meurtrières depuis la reprise de la guerre en mars.
Un ghetto de facto
Le mois dernier, +972 et Local Call ont révélé que la destruction systématique de la bande de Gaza par Israël - principalement à coups de bulldozers et d'explosifs - est le résultat d'une décision délibérée d'empêcher les habitants de rentrer chez eux. La semaine dernière, plusieurs vidéos ont fait surface, montrant des bulldozers raser des maisons à Gaza ou faisant exploser de grands bâtiments, le quotidien israélien Maariv rapportant que "des milliers de bâtiments ont été détruits" ces derniers jours.
Cette destruction continue intervient alors qu'Israël étend l'opération Chariots de Gédéon, dont l'un des objectifs déclarés est la concentration de la population de Gaza dans des zones désignées. Alors que les dirigeants israéliens appellent ouvertement et explicitement à l'expulsion de tous les Palestiniens de Gaza, la campagne de bombardements meurtriers est un autre outil utilisé pour faciliter le transfert de population.

"Tsahal dit ouvertement que la pression exercée sur la population civile vise à créer une menace réelle pour le pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza", a écrit cette semaine un correspondant militaire israélien.
Les témoignages des deux sources de renseignements, ainsi que ceux de deux autres sources de sécurité qui se sont rendues à Gaza ces derniers mois, renforcent cette affirmation. Selon les sources de renseignements, depuis mars, les frappes aériennes ont souvent été menées simplement "pour le plaisir d'attaquer", sans valeur militaire directe significative.
"Il n'y a plus beaucoup de cibles. Tous ceux qui comptaient ont déjà été tués ou se cachent très bien. Ils recherchent donc des cibles par la force, et celles-ci sont de très mauvaise qualité", a déclaré une source de renseignements pour décrire la situation de ces dernières semaines.
Une source de sécurité ayant servi à Gaza ces dernières semaines a déclaré à +972 et à Local Call que la logique de base de l'opération Chariots de Gédéon est d'exercer une pression sur le Hamas en ciblant la population civile et en détruisant systématiquement Gaza.
"Au lieu d'opérations d'entrée et de sortie, il s'agit d'entrer et d'écraser. Chaque zone prise par Tsahal est aplatie par les FDI. L'idée est de pousser tout le monde à Al-Mawasi et de faire d'un seul quartier le foyer de deux millions de personnes, clôturée et contrôlée par l'armée, avec un accès uniquement par des points de contrôle, et le seul endroit où l'aide humanitaire est acheminée", a-t-il expliqué.
Ajoutant,
"L'armée n'utilise pas les mots "ghetto" ou "nettoyage ethnique", mais il s'agit d'un ghetto de facto".
+972 a contacté le porte-parole de Tsahal pour obtenir des commentaires sur ce rapport ; leur réponse sera ajoutée ici si elle est reçue.
Yuval Abraham est un journaliste et cinéaste basé à Jérusalem.
📰 https://www.972mag.com/israel-gaza-empty-neighborhoods-airstrikes/
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