👁🗨 Coup d'État de Juan Branco, un livre décisif ?
S/s-titré Manuel insurrectionnel. L’ambition est claire : offrir les outils pour mener 1 révolution et en accepter toutes les conséquences… Après Crépuscule, Abattre l'ennemi, 3è volet de la trilogie.
Nous vivons les prolégomènes d’une guerre. Celle-ci aura une cause unique : la répartition des ressources imposée par la transition de notre modèle économique.
- Coup d’État. Manuel insurrectionnel, de Juan Branco.
Pepe Escobar sur Twitter :
Brillant. Par le cerveau le plus aiguisé de France.
"Ils tremblent à l'idée qu'une révolte se loge devant leurs portes, et trouble ce qu'ils ont tenté d'appliquer : faire payer aux déjà exploités le coût d'un nouveau modèle productif qui les fracassera à nouveau."
👁🗨 "Coup d’État" de Juan Branco, un livre décisif ?
En 2018, au début du mouvement des Gilets jaunes, Juan Branco sortait Crépuscule, ouvrage qui offrait une enquête et une analyse sur les ressorts de la Macronie. Sans renfort médiatique, il fut téléchargé plus d’un million de fois et vendu à plus de 160 000 exemplaires. Cinq ans plus tard, Juan Branco publie Coup d’État. Nous vous proposons, cinq jours avant sa sortie, un retour sur ce livre en exclusivité.
✒️ Par Martin Lopez, le 25 mars 2023, Gavroche Média
Juan Branco, mal décrié
Si la quantité de faits à fournir pour démentir toutes les informations mensongères qui circulent sur lui forme un corpus à la longueur indécente, un texte démontrant sa qualité d’intellectuel au rang, au hasard, d’un Emmanuel Todd le serait tout autant. Difficile, en un article, de résumer un tel écrivain et militant.
Il a réussi à gagner un procès contre Emmanuel et Brigitte Macron. Qui en parle ? Personne. Il a réussi à gagner un procès contre l’ancien préfet Didier Lallement et le ministre Gérald Darmanin. Qui en parle ? Personne. Assange l’antisouverain, ouvrage dont il est l’auteur, est un ouvrage brillant. Qui en parle ? Personne.
Ses nombreux détracteurs semblent avoir des difficultés à constituer une opposition crédible et encore moins pertinente.
Ils l’accusent d’avoir révélé l’homosexualité de Gabriel Attal ? Tout le petit Paris savait, et s’en servait pour le faire monter.
Il a un égo surdimensionné, proche de la psychopathologie, car il se prendrait pour l’"Ange noir de Saint-Germain-des-Prés" ? Cette expression n’a été utilisée qu’une seule fois, dans sa quatrième de couverture d’Abattre l’ennemi, en hommage à la journaliste qui sous-entendait qu’une femme de son entourage proche se prostituait, comme un retour de crachat à l’envoyeur.
Ils prétendent qu’il a aidé Piotr Pavlenski à révéler une vidéo où Benjamin Grivaux se masturbait pour séduire une jeune femme alors qu’il sous-entendait être un père de famille et un mari modèle dans la presse mainstream ? La justice affirme à présent qu’il est innocent.
Ils l’accusent d’avoir menti en se faisant passer pour le directeur de cabinet d’Aurélie Filipetti ? Il révèle un échange où elle l’avoue elle-même.
Ils l’accusent d’avoir violé une jeune femme profitant de son état de vulnérabilité ? Un livre – pourtant écrit par des ennemis à lui, proches du pouvoir – révèle que l’Élysée a été informé en amont de sa mise en examen alors qu’une mise en examen ne s’instaure qu’après avoir entendu la personne, nous apprenant que cette affaire est une manœuvre avilissante du pouvoir en place.
Ce "ils" qu’il nous faut achever, ce sont trois nauséabonds éléments à abattre. Ceux qui désirent conserver l’existant en payant le prix du sang (des autres, jamais le leur), ceux qui se qualifient de subversifs et ne le sont pas, détournant notre attention, et cette passivité qui règne encore chez nombre d’entre nous. Qui nous empêche de renverser, pour enfin faire régner notre souveraineté.
De quoi "Coup d'État" est-il le nom ?
Coup d’État fait partie d’une trilogie, formée de Crépuscule publié en 2019, Abattre l’ennemi en 2021, et de l’ouvrage discuté ici.
Si Crépuscule nous donnait la possibilité de comprendre l’ascension de la Macronie avec des révélations qui feraient rougir Médiapart, et si Abattre l’ennemi expliquait ce qu’il faudrait mettre en place pour faire basculer la France à nouveau dans l’Histoire, Coup d’État nous donne les clés pour ouvrir les portes qui nous empêchaient d’avancer – et nous permet surtout de les défoncer.
L’ouvrage pourrait être divisé en deux parties. Une première avec une mise au point de la situation, où ceux qui le suivent depuis un certain temps pourront retrouver avec joie un condensé de nombre de ses réflexions de ces derniers mois. Pour ceux plus affamés et désireux de nouveauté, Juan Branco livre une deuxième partie novatrice : c’est le noyau de son manuel insurrectionnel. Prises de préfectures expliquées, comment faire le siège des Hôtels de Ville si la police s’y est installée après la chute des préfectures, prise des aéroports, des Palais de Justice. Tout y est.
Mais pour que Coup d’État il y ait, Crépuscule des idoles, il doit y avoir. C’est avec une dextérité chirurgicale, mais avec la douceur d’un lance-roquettes, que Juan Branco s’en prend au trio Ruffin-Mélenchon-Bégaudeau. Avec dureté mais justesse. S’il reconnaît le génie des trois susnommés, il les recale au rang de pièges qui nous font penser qu’un Coup d’État n’a rien de nécessaire, devenant malgré eux les gardiens d’un existant qui a déjà fait son choix. Celui du fascisme.
Dans un livre d’action de premier plan, bien qu’en dessous de ses grands livres de recherche comme Assange l’antisouverain, ou L’ordre et le Monde ou encore D’après une image de Daesh, Juan Branco nous invite à sortir du débat entre élections présidentielles et Coup d’État, le Coup d’État étant pour lui l’évidence. On ressort de la lecture plein de questions, qui naissent au fur et à mesure qu’on l’explore. Quelle sortie de l’Union européenne ? Quel RIC ? Quelle forme de mandat impératif et révocatoire ? Pour les élites de la structure oligarchique qui auront répandu le sang, Goulag humaniste à l’île Kerguélen ou geôles en verre sous la place de la Concorde ?
Il est temps de renouer l’histoire de ce peuple, notre peuple, qui a su écrire des pages de l’histoire de l’humanité de toute beauté, avec une forme de transcendance. Celle qui s’appuie sur l’amour, l’entraide, la solidarité, bref, la reliance.
📰 https://gavrochemedia.fr/coup-detat-juan-branco/martin-lopez/
👁🗨 Juan Branco : "Je n’y survivrai pas. Vous et moi le savons"
ENTRETIEN - L'ancien conseiller juridique de Julian Assange, avocat de la ligue de football espagnole contre le PSG, ou de certains Gilets jaunes, Juan Branco, clôt une trilogie commencée avec Crépuscule (près de 110.000 ex. vendus en grand format, 57.000 ex. en poche, données Edistat). Le titre de l’ouvrage parle de lui-même : Coup d’État, sous-titré Manuel insurrectionnel. L’ambition est claire : offrir les outils pour mener une révolution et en accepter toutes les conséquences…
✒️ Par Hocine Bouhadjera, le 30 mars 2023, Actualitté - Les univers du livre
📌 "La théorie se change (...) en force matérielle, dès qu’elle saisit les masses, dès qu’elle argumente ad hominem, et elle argumente ad hominem dès qu’elle devient radicale. Être radical, c’est saisir les choses à la racine, mais la racine, pour l’homme, c’est l’homme lui-même". Karl Marx, cité dans Coup d’État, manuel insurrectionnel, de Juan Branco.
Dans Crépuscule, paru en 2019, l'auteur avait souhaité rendre "un travail de dévoilement sur les illusions de la démocratie qui existe en France, et la réalité du contrôle sur l’élection qu’exerce un certain nombre d’individus et de forces économiques". Le deuxième ouvrage, Abattre l’ennemi, édité en 2021, c’était "rompre cette illusion et proposer une alternative, un système politique, qui fonctionnerait de façon saine, avec même un plan détaillé du Paris Révolutionnaire..."
Radicalement nouveau
L’avocat complète : "L’enjeu était d’être cohérent, c’est pourquoi, après avoir dessiné une alternative, j'indique comment l’atteindre, d’où l’importance de ce dernier livre, car dès lors que vous avez conclu que ce système démocratique est vérolé, vous êtes obligé de réfléchir à des actions qui passent par l’extérieur. "
L’auteur est formel : "Ce n’est pas un texte théorique, éthéré, romantique, mais l’exact inverse, très pragmatique et concret. Et ça, je pense que c’est radicalement nouveau, que ça n’a jamais été fait à l’échelle d’un territoire : proposer un manuel insurrectionnel sur une aire donnée qui soit applicable à une époque immédiate."
Il a mis ici à profit "ces quelques années d’expérience dans les luttes aux côtés de nombreuses personnes qui ont été poursuivies de façon complètement délirante par le pouvoir, blessés, arrêtés arbitrairement…". Mais aussi son travail avec Wikileaks, et ses lectures, entre Technique de coup d’état de Curzio Malaparte, et l’étude "de nombreux auteurs insurrectionnels ou révolutionnaires de tous bords politiques".
Dans cet ouvrage, Juan Branco et son équipe envisagent les scénarios de l’élection, de la révolution et du coup d’État. Avec les possibilités de réussite ou d’échec, les avantages et les inconvénients, de chacune des options. Ils y arrivent après deux premières parties consacrées à l’analyse de la nature, des contraintes et des conditions d’exercice du pouvoir.
La revanche des gilets jaunes
De premier abord, on se dirait que l’État, malgré parfois des signes extérieurs de faiblesse, n’a jamais été aussi présent dans le quotidien des français, légiférant tous les pans de leurs vies. Pour Juan Branco, c’est l’exact inverse : "L’État sait où sont ses vulnérabilités et la population ne le sait que localement et de manière dispersée. Les syndicats sont une des rares institutions qui ont accès à ce savoir, car ils officient dans tous ses secteurs sensibles. Ils utilisent ce pouvoir pour renforcer leur position de force dans les négociations, et non pour servir l’intérêt général."
Juan Branco a "pillé ces connaissances pour les redistribuer. Que tous les Français soient au courant de la faisabilité d’un renversement". L’épisode des gilets jaunes serait une preuve de la possibilité du renversement : "On n’avait pas réfléchi en amont à la possibilité d’un surgissement populaire qui permettrait de provoquer des bascules ; on a eu du mal à y croire nous-même", confie-t-il.
Et d’ajouter : "Intellectuellement, c’est important d’être conséquent. La prochaine fois, il ne faut pas s’arrêter aux portes de l’Élysée, et il ne faut pas y aller pour prendre le pouvoir mais pour le rendre au peuple français. Il est donc nécessaire de créer un système de pensée et des méthodes pratiques qui permettent de s’assurer qu’il y aura une redistribution de celui-ci et qu’on atteindra enfin une forme démocratique beaucoup plus juste à tous les niveaux."
Nous vivons les prolégomènes d’une guerre. Celle-ci aura une cause unique : la répartition des ressources imposée par la transition de notre modèle économique.
- Coup d’État. Manuel insurrectionnel, de Juan Branco.
Lier action et pensée
Cette faisabilité, Juan Branco la décrit le plus concrètement possible, à l’instar d’une opération militaire, du sabotage des infrastructures vitales, en passant par la prise de contrôle de centres RTE, de postes de haute tension de la RATP, jusqu’aux câbles sous-marins… Créer une désolidarisation des instruments du pouvoir et du gouvernement. Des actions qui doivent s’accompagner "d’une propagande par le fait qui doit prendre la forme d’un terrorisme intellectuel".
La question de la violence, Juan Branco ne l’élude pas, mais y voit un non-sujet : "La politique, c’est la gestion de la conflictualité, donc une politique qui fait naître la violence est dysfonctionnelle". Il ajoute : "Quand on est dans un rapport de force, il faut assumer la confrontation et se mettre en capacité de ne pas se faire écraser". Face à la notion de "violence", il favorise les termes de force et d’expression de volonté, et cite l’auteur Jean Genet : "Il n’y a plus violent que la rose qui naît ?"
Il ne faut, en choisissant une telle voie, craindre d’être haï. Car si le corps se saisit, l’âme se séduit. Or le coup d’État privilégie la prise au mot, et il faut une estime de soi importante pour s’indifférer aux regards qui en naîtront.
- Coup d’État. Manuel insurrectionnel, de Juan Branco.
Il tempère néanmoins : "Il n’y a pas d’incitation à la violence, mais à la réduction de son niveau au sein de cette société. Aujourd’hui, elle suscite systématiquement des degrés de virulence ahurissants, notamment au quotidien, qui se répercutent dans les foyers conjugaux etc."
Des instruments de coagulation
Dans cette optique, "comment on subvertit tout ça, on apaise les âmes, on les libère de ce système de contrainte qui les poussent à la folie, à l’anomie et à la radicalité ?". "Assainir le système politique", et pour ce faire, "faire usage de contrainte vis-à-vis d’un certain nombre d’individus."
Toujours dans l'ambition d’être conséquent en nommant autant les choses que les personnes, il s’agit de ne pas se tromper d’ennemis, par exemple de rendre responsable les forces de l’ordre de la situation : "On n’est pas face à des violences policières dans le cadre des contestations, mais des violences politiques, qui sont ordonnées politiquement, et qui utilisent et instrumentalisent les forces de l’ordre pour faire barrage au peuple."
Il enfonce le clou : "Le petit marquis qui reste dans son palais sans avoir ni tué une mouche ni frappé qui que ce soit, c’est lui le générateur de violence, et c’est lui qui faut contraindre. Olivier Dussopt n’a pas l’air violent, mais lui et les autres produisent de façon massive de la violence parce qu’ils ont choisi d’être en position de pouvoir. Un politicien qui prétendrait ne pas avoir de rapport avec la violence, ne pas être entré en politique, de manière consciente ou inconsciente, pour générer un rapport à la violence, est un hypocrite, un menteur et quelqu’un de dangereux."
Juan Branco s’attache à définir l’ennemi, mais ne cherche pas d’amis, affirme-t-il : "La radicalité de notre propos fait qu’on se refuse à apporter avec nous qui que ce soit, parce qu’on sait les conséquences que peuvent avoir nos gestes, trop importantes. Je ne cherche pas à coaguler autour de moi, mais à donner des instruments de coagulation. Les gens se rejoignent entre eux, de tout ordre."
Quels risques judiciaires ?
Il n’y voit en revanche aucun quelconque complot des élites, mais la résultante "d’un système d’intérêt lié, qui s’est coagulé sur des bases impensées, car il y a un vrai manque d’intelligence de la part de nos dirigeants politiques. Pourtant, beaucoup des personnes qui appartiennent au peuple français pensent, se laissant fasciner par des artifices et des artefacts mis en œuvre à travers un système de communication des médias traditionnels. On est en réalité dans des fonctionnements par à-coup."
Il adjoint : "On paye des intellectuels, des journalistes, des hommes de langage pour habiller la mariée, donner une cohérence discursive à ce qui n’est que de banales opérations de pillages, de corruption, de redistribution des ressources, de préservation d’intérêt. La réalité c’est qu’on est face à des gens assez simples, barbares, qui ont un rapport à la pulsionnalité particulièrement développé."
Il n’y a être plus prostituable au sein de ce système que son petit soldat par excellence, le gardien de la visibilité, le détenteur de ses clefs, en d’autres termes : le journaliste français….
- Coup d’État. Manuel insurrectionnel, de Juan Branco.
Selon lui, la plupart des figures de premier plan n’ont pas conscience "d’avoir un rôle délétère au sein de la société" : "Ils sont pris dans l’illusion d’un système qui les valorise, qui leur permet d’avoir l’impression d’avoir des qualités extraordinaires qui justifient que etc.. Ils sont happés le plus souvent dans le voile qui les trompe eux-mêmes."
C’est très important, "car ça nous donne l’occasion de perdre une forme de colère et de frustration à leur encontre et d’avoir un sentiment plus analytique et plus froid qui nous rend plus puissants. Il est beaucoup plus facile de déstabiliser un individu quand on connaît, paradoxalement, son innocence".
Franchir le rubicon
Nommer les personnalités à mettre en prison, et assumer l’utilisation de la force, c’est prendre des risques judiciaires que ne peut ignorer un docteur en droit : "Ce texte mérite les conséquences que ça pourra produire", réagit l’auteur.
Et de continuer : "Je sais déjà qu’il est sur le bureau d’Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée, et qu’ils sont en train de décider s’ils m’attaquent directement ou indirectement. Il y a des discussions au plus haut niveau de l’État et la question qui se pose maintenant, c’est quelle est la stratégie qu’ils vont adopter. Mais dès lors que j’ai donné cet instrument, ma personne compte beaucoup moins. En partageant mes connaissances et mon savoir, mon élimination, sociale, physique et autre devient moins importante."
Déjà Crépuscule avait été signalé par l’actuelle présidente du Groupe Renaissance à l’assemblée, Aurore Bergé, en commission de crimes et délits. Ce risque, c’est justement ce qui explique "pourquoi je tiens autant à ce livre", confie-t-il encore : "C’est la première fois que j’ai un sentiment de conséquence".
L'avocat annonce : "Je sais qu’ils sont suffisamment bêtes pour s’attaquer soit à l’auteur, soit au texte. Qu’ils commettent cette erreur. On est très confiants et conscients de ce qu’on fait. On a tenté de nous éliminer de différentes façons, donc aujourd’hui on n’est plus dans une inquiétude par rapport à ce pouvoir déliquescent."
Contre les intellectuels
Dans cette optique frontale où le rapport de force est assumé, Juan Branco met en cause plusieurs personnalités, parmi lesquelles François Bégaudeau, afin d’amener une réflexion sur la figure de l’intellectuel "qui se nourrit du ressentiment, de l’indignation, qui l’alimente à son tour, qui met les termes dessus, mais qui n’a aucune utilité dès lors que les systèmes délibératifs de la démocratie représentative ne fonctionnent plus".
Il développe : "Il ne fait que son marché sur un système défaillant, et à aucun moment propose de sortie concrète qui doivent prendre des formes opérationnelles. Je remets donc en question le rôle des intellectuels repus qui se nourrissent de la dysfonction. Des médias comme Mediapart, qui n’ont que pour fonction de se repaître du scandale et de l’alimenter. Ils vont comme des trafiquants d’information profiter des querelles de chapelle pour créer, susciter des sentiments et des ressentiments. Pour les pousser à consommer des contenus, et en conséquence, les maintenir dans un état de passivité qui n’est pas productif d’effets systémiques, mais qui ne fait qu’accumuler des transformations à l’intérieur du système lui-même."
Face à cette approche inopérante, il propose celle du sulfureux Piotr Pavlenski, connu en France pour avoir révélé la sextape d’ "un des hauts représentants de la Macronie", Benjamin Griveaux : "C’est intéressant à quel point il a indigné la sphère politique, bourgeoise, y compris de gauche. Une véritable bombe, l’équivalent d’un instrument de guerre au sein d’une société qui a fait de la protection de l’intimité de ses puissants et des asymétries de rapport de force, ses piliers."
La révolution, pour quoi faire ?
Et d’ajouter : "J’ai trouvé ça fascinant, parce qu’il y avait une efficacité politique. Lui a fait tomber un ministre, a déstabilisé un pouvoir, a assumé un risque extraordinaire que personne n’a pris. Est-ce qu’on est d’accord ou pas avec l’éthique de la méthode, de la même façon qu’on n’était abstraitement pas en accord avec le geste du colonel Fabien, je le comprends parfaitement. Mais la méthode en politique c’est aussi le résultat, et la capacité, dans ce rapport de force, de produire des effets."
En définitive, pourquoi changer de régime, d’élite politique, de système ? Pour mettre quoi à la place ? Juan Branco se complairait-il dans une romantisation de l’horizontalité et de cette notion de "peuple" ? "Je réponds que je suis un vrai démocrate. Si on ne se paye pas de mot, la démocratie, c’est le pouvoir au peuple. Ce n’est pas l’idéaliser ou non, mais l’immense majorité des citoyens aujourd’hui est dépourvue de prise sur le fonctionnement politique de notre pays, sur les décisions et là où doivent aller les ressources, comment doivent être organisés les services publics etc."
Nos exigences sont simples. Services publics, démocratie directe, redistribution, sécurité, honneur, justice, dignité, liberté. Souveraineté.
- Coup d’État. Manuel insurrectionnel, de Juan Branco.
Refonder l’existant
En creux, à partir de ce constat, Juan Branco soumet une réflexion existentielle dans son ouvrage : "L’état de délabrement psychique de la société française, le niveau de solitude et de souffrance qui a enfanté la dévastation de cette société est immense. Le remplacement de structures traditionnelles par le marché le siècle dernier, l’absence de recréation de structure communautaire alternative qui permettrait de ne pas se sentir abandonné, seul. L’exploitation atroce de situation comme la vieillesse, rompre complètement tous les liens familiaux pour en faire un produit de rentabilité… Tout ça est nécessairement ravageur."
Il en est convaincu : "C’est à partir de ces réalités qu’on doit penser un nouveau régime politique qui essaye d’améliorer l’existant."
Et d'enrichir son propos : "La question de la répartition des ressources doit être regardée non pas d’un point de vue idéologique comme le fait malheureusement trop souvent la gauche, c’est-à-dire en faire une problématique de justice abstraite, mais en ce que ça engendre dans le lien, dans le rapport des uns aux autres, et dans la capacité à vivre. L’argent c’est un moyen pour se lier à son prochain, pour toucher à l’amour, à l’épanouissement intellectuel, social, érotique… Et c’est de là qu’il faut partir pour régénérer cette société, et non à partir d’idéaux abstraits."
Un amour brisé
Juan Branco en appelle à traverser les systèmes idéologiques pour se concentrer sur l’intérêt général : "Si on commence à entrer de nouveau dans une querelle partisane, on est foutu", assure-t-il. Ce qui ne l’empêche pas de s’attaquer à ceux qu’il désigne comme des " faux prophètes" : Mélenchon, Zemmour…
"Il y a un niveau de tolérance qui peut exister à l’égard de personnalité, parce que le pouvoir a conscience qu’ils ne sont pas nocifs, et au contraire, permettent d’entretenir l’illusion démocratique. C’est très important de le pointer pour ne pas tomber dans le piège, et qu’ils ne divertissent pas les énergies sociales et révolutionnaires qui peuvent être en branle dans ce pays."
À la fin de son manuel insurrectionnel, Juan Branco se livre plus intimement, révélant les motivations profondes de son engagement : "Ils ont essayé de me détruire, c’est très clair, de m’éliminer socialement, physiquement, amoureusement, de démolir ce qui était ma force, ma capacité à aimer, à m’allier à l’autre… Ils ne se rendent pas compte de l’erreur qu’ils ont commise. Une tentative de dévastation impardonnable. C’est comme quand vous cherchez à tuer quelqu’un, soit vous y arrivez, soit vous êtes foutu, et là ils sont foutus". Il évoque un amour brisé par cet engagement.
En novembre 2021, Juan Branco a été mis en examen pour viol. Ce dernier affirme que la relation était consentie, et parle d’un coup monté.
La chaleur partout manqua. Cette chaleur qui jusque là m’avait empourpré, me donnant cet air enfantin qui soudain me quittait. Alors, la lutte. La mort ou la lutte, pour retrouver cette âme et cet amour échoués.
- Coup d’État. Manuel insurrectionnel, de Juan Branco.
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