♟ Comment les forces israéliennes ont piégé et abattu des raveurs lors du festival Nova
Nouvelles preuves : les forces de sécurité israéliennes et non le Hamas responsables de la plupart des victimes civiles dont la mort a ensuite été utilisée pour justifier le génocide perpétré à Gaza
Comment les forces israéliennes ont piégé et abattu des raveurs lors du festival Nova
De nouvelles preuves désignent les forces de sécurité israéliennes, et non le Hamas, comme responsables de la plupart des victimes enregistrées lors du festival de musique - des civils tués dont la mort a ensuite été utilisée pour justifier le génocide perpétré par Tel-Aviv à Gaza.
Par William Van Wagenen, le 12 janvier 2024, The Cradle
Les autorités israéliennes affirment que le Hamas a perpétré un massacre prémédité et soigneusement exécuté de 364 civils israéliens lors du festival de musique Nova, près de Gaza, le 7 octobre, dans le cadre de l'opération Al-Aqsa Flood de la résistance palestinienne. Ils affirment que le Hamas et d'autres Palestiniens ont disposé de plusieurs heures pour assassiner les fêtards israéliens avant que l'armée n'arrive sur les lieux.
Cependant, de nouveaux détails ont été révélés, attestant que la police israélienne des frontières avait été déployée sur le site de Nova avant que le Hamas ne tombe sur le festival, ce qui a déclenché une bataille de grande ampleur.
Si certains ravers ont effectivement été tués par la résistance palestinienne - que ce soit intentionnellement ou dans le chaos de la bataille - les preuves suggèrent désormais que la majorité des morts civiles ont probablement été infligées par les forces israéliennes elles-mêmes.
Cela s'explique par la puissance de feu écrasante employée par les forces d'occupation - notamment à partir d'hélicoptères d'attaque Apache - et par le fait que Tel-Aviv a émis la directive Hannibal controversée afin d'empêcher le Hamas de capturer des fêtards israéliens.
L'opération Philistine Horseman (cavalier philistin)
À 6h30, juste après le lever du soleil, le 7 octobre, les combattants de l'aile militaire du Hamas, les Brigades Qassam, ont lancé leur opération militaire en tirant un déluge de missiles en direction d'Israël. Des milliers de combattants du Hamas et d'autres factions ont franchi la barrière frontalière de Gaza en de multiples points afin d'attaquer les bases militaires israéliennes environnantes et de détenir des captifs dans les colonies en vue d'un accord d'échange massif de prisonniers.
Bien que l'armée ait mis des heures à réagir, des unités de la police des frontières ont été rapidement déployées. À 6h42, 12 minutes à peine après le lancement de l'opération Déluge d'Al-Aqsa, le commandant du district sud de la police israélienne, Amir Cohen, a donné un ordre sous le nom de code Philistine Horseman (cavalier philistin), envoyant sur les théâtres des opérations des policiers et des membres de la police des frontières qui étaient en état d'alerte.
Il s'agissait notamment de membres des commandos Yamam et Tequila, n'ayant pas de fonction policière mais menant des opérations militaires et de contre-terrorisme, y compris des assassinats sous couverture dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée.
Selon un officier supérieur israélien interrogé par le New York Times, les premiers renforts officiels dans le sud d'Israël sont venus de commandos héliportés.
Sagi Abitbol, un policier travaillant comme agent de sécurité au festival, fut parmi les premiers à affronter les combattants du Hamas près de Nova et témoin de l'arrivée express de ces hélicoptères.
Au cours des combats, 59 policiers israéliens ont été tués, dont au moins 17 au festival de Nova.
Le Hamas n'avait nullement planifié d'attaquer le festival
Avi Mayer, du Jerusalem Post, a affirmé que le Hamas avait soigneusement planifié l'attaque du concert à l'avance, avec l'intention d'assassiner autant de civils israéliens que possible. Les faits, cependant, racontent une histoire totalement différente.
Une enquête de la police israélienne rapportée par Haaretz indique que le Hamas n'était pas au courant de l'existence du festival à l'avance (ndr : la date initialement prévue ayant été modifiée). Les conclusions officielles suggèrent que la cible visée était Re'im, une colonie et une base militaire situées juste à côté - sur la route 232 - du site de Nova.
Un combat intense s'est effectivement déroulé à Re'im, où se trouve la division de Gaza de l'armée israélienne, cible militaire déclarée de la résistance palestinienne. Le commandant de la base a été contraint de faire appel à un hélicoptère Apache pour effectuer des frappes aériennes sur la base elle-même afin de repousser cette attaque du Hamas.
L'enquête de la police indique également que les combattants du Hamas ont atteint le site du festival par la route 232, plutôt que par la barrière frontalière de Gaza, confirmant ainsi que le festival n'était pas une cible planifiée.
Après le lancement de missiles depuis Gaza - et avant que les combattants de la résistance palestinienne n'arrivent sur les lieux - les organisateurs du festival ont rapidement coupé la musique et procédé à une évacuation.
Selon un officier supérieur de la police cité par Haaretz, environ 4 400 personnes étaient présentes au Nova et "la grande majorité a réussi à s'échapper suite à la décision de disperser l'événement prise quatre minutes après le tir de roquette", alors que les premiers échanges de tirs n'ont été entendus qu'une demi-heure plus tard.
Des civils pris au piège : La police israélienne a bloqué la sortie vitale de la route 232
Cependant, alors que les festivaliers quittaient le site en voiture pour emprunter la route 232, la police israélienne a établi des barrages dans les deux sens, provoquant un embouteillage qui a piégé de nombreux fêtards dans la zone où les combats entre le Hamas et la police des frontières allaient finir par éclater.
"La confusion régnait. La police a barré la route, de sorte que nous ne pouvions nous rendre près de Be'eri. Nous ne pouvions pas approcher Re'im, les deux kibboutzim proches", raconte un témoin, Yarin Levin, qui tentait d'évacuer la zone avec ses amis.
Levin, un ancien soldat israélien, a déclaré que
c'est à ce moment-là qu'ils ont eu leur "premier affrontement avec les terroristes... qui se battaient contre la police présente sur place... deux terroristes se sont perdus dans une sorte d'échange de coups de feu, et ils nous ont trouvés".
Un autre témoin, Shye Weinstein, confirme lui aussi les barrages de la police israélienne qui bloquaient la sortie principale du festival. Il a pris des photos d'un véhicule de la police des frontières et d'un policier lourdement armé en tenue de combat qui bloquait la route devant sa voiture.
Une vidéo enregistrée sur un téléphone portable par un festivalier montre la police israélienne et les forces de sécurité utilisant leurs véhicules pour bloquer la route près du site du festival et échangeant des coups de feu avec des combattants du Hamas.
Lorsque les tirs ont éclaté, les personnes piégées sur la route ont fui vers l'est dans les champs, à bord de leur voiture ou à pied. Beaucoup ont réussi à traverser les champs et se sont cachés près des arbres, sous les buissons et dans les ravins.
Mais les images des caméras corporelles révèlent que des unités de la police israélienne lourdement armées ont pris position sur la route et ont tiré sur les arbres où les civils s'étaient réfugiés, en plein champ et à découvert.
Comme l'a expliqué à la BBC Gilad Karplus, un ancien soldat israélien qui a participé au festival Nova,
"Nous savions qu'ils allaient probablement bloquer la route. Je suis quasi certain que beaucoup ont été tués sur ces routes... Nous avons gagné le champ et essayé de nous cacher... Ensuite, nous nous sommes enfoncés un peu plus dans les champs et ils ont commencé à nous tirer dessus avec des fusils de sniper depuis différents points, ainsi qu'avec de l'artillerie lourde".
Bien que Karplus et d'autres festivaliers aient essuyé des tirs de la police des frontières, ils n'ont pas compris et ont d'abord cru que les tirs provenaient de combattants du Hamas déguisés en policiers ou en soldats. En d'autres termes, ces témoins ont réellement vu les forces israéliennes leur tirer dessus.
Pour que le Hamas ait pu exécuter un plan impliquant des déguisements élaborés, l'opération Nova aurait dû être planifiée à l'avance, et l'enquête de la police israélienne a déjà conclu que le Hamas n'était pas au courant du festival à l'avance. En outre, aucun autre lieu d'affrontement le 7 octobre n'a fait état de combattants palestiniens revêtus d'uniformes israéliens, que ce soit dans les différentes colonies percées ou dans les bases militaires israéliennes dans lesquelles ils sont entrés.
Tirs "amis"
En résumé, la police des frontières et les hélicoptères d'attaque Apache ont été immédiatement déployés sur le site du festival. Selon le colonel Nof Erez de l'armée de l'air israélienne (réserve), les hélicoptères étaient dans les airs à 7h15 - 45 minutes après le lancement du déluge d'Al-Aqsa - et un nombre bien plus important a été déployé dans tout le sud d'Israël dans les heures qui ont suivi.
Noa Kalash, une survivante du festival, a raconté avoir entendu les tirs du Hamas et des forces israéliennes, ainsi que les frappes aériennes des hélicoptères d'attaque et des avions de guerre, alors qu'elle était terrée dans les buissons des heures durant pour tenter de rester en vie.
"Nous entendons des coups de feu partout et des tireurs, et nous pouvons déjà reconnaître si ce sont des terroristes qui font feu ou s'il s'agit de l'armée. Ou bien c'est un avion, un hélicoptère ou des roquettes", se souvient Kalash.
Il est tout à fait clair que les tirs d'hélicoptères ont tué certains des spectateurs terrifiés. Haaretz cite une source policière affirmant que les hélicoptères Apache "ont tiré sur les terroristes et ont apparemment aussi touché certains des festivaliers qui se trouvaient là".
De nombreux témoins oculaires qui se sont rendus sur le site de Nova après la fin de l'affrontement ont décrit les destructions épouvantables qui s'y sont produites. Comme l'indique une autre dépêche :
"Il est impossible de décrire les scènes qui s'y sont déroulées avec des mots. On ne peut qu'énumérer les images qui s'étendent sur un kilomètre. Il y a des centaines de voitures brûlées et criblées de balles, d'énormes flaques de sang humide grouillant de mouches et dégageant une odeur pestilentielle, des sacs contenant des fragments de corps collectés par l'organisation de sauvetage ZAKA, des milliers de balles, de douilles et d'éclats d'obus de toutes sortes".
Un journaliste du Times of Israel qui s'est rendu sur place quelques jours plus tard a raconté que
"des dizaines de voitures étaient garées en rangées, certaines d'entre elles étant des carcasses calcinées dans lesquelles se trouvaient les corps de jeunes festivaliers qui avaient été abattus et brûlés vifs".
Des balles réservées pour abattre des soldats
Aussi incroyable que cela puisse paraître, les autorités israéliennes affirment que la destruction de centaines de voitures à Nova, brûlant vifs leurs passagers, est l'œuvre de combattants du Hamas. Or, le Hamas ne disposait pas d'une telle puissance de feu.
Les combattants du groupe n'étaient armés que de mitrailleuses légères et de RPG, et leurs munitions se limitaient à ce qu'ils pouvaient acheminer avec eux dans des pick-up en provenance de Gaza.
Owen Jones, journaliste au Guardian, l'a fait remarquer en commentant une compilation de 43 minutes de séquences vidéo du 7 octobre montrées à des journalistes sélectionnés par l'armée israélienne. Selon lui, les combattants du Hamas "demandent instamment que les balles soient réservées pour abattre des soldats". Un festivalier terrifié dans une voiture se voit demander : "Êtes-vous un soldat ?".
Comme le souligne Jones,
"Il est donc clair qu'une distinction est faite entre civils et soldats dans les images sélectionnées par Israël parmi les milliers d'heures d'images que nous ne voyons pas".
Alors que les munitions du Hamas étaient limitées, la police des frontières était lourdement armée et les hélicoptères Apache étaient équipés de missiles Hellfire et de canons automatiques à chaîne de 30 mm, pouvant contenir jusqu'à 1 200 munitions et tirer 625 coups par minute.
Cela suggère que les forces israéliennes ont causé la plupart des morts et des destructions à Nova - ce qui pourrait être confirmé si Israël publiait toutes ses séquences vidéo du 7 octobre.
La directive Hannibal
Les forces israéliennes avaient non seulement la puissance de feu nécessaire, mais aussi l'ordre officiel de tuer des Israéliens à Nova.
L'une des principales raisons pour lesquelles le Hamas a lancé l'opération Al-Aqsa Flood était de faire des captifs israéliens qui pourraient être échangés contre les milliers de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Mais les forces israéliennes étaient déterminées à empêcher le Hamas de ramener des captifs à Gaza, même si cela impliquait de tuer les civils capturés.
Une enquête sur la directive Hannibal, longtemps controversée, conclut que
"du point de vue de l'armée, un soldat mort vaut mieux qu'un soldat captif en proie à sa propre souffrance et qui oblige l'État à libérer des milliers de captifs pour obtenir sa libération".
Mais, le 7 octobre , selon une enquête du Yedioth Ahronoth, la directive Hannibal - qui ne s'appliquait auparavant qu'aux captifs de l'armée - a également été émise à l'encontre des civils israéliens. Le quotidien de langue hébraïque écrit que "le 7 octobre à midi, l'IDF [l'armée israélienne] a ordonné à toutes ses unités de combat d'utiliser en pratique la "procédure Hannibal", sans toutefois la mentionner explicitement par son nom".
L'ordre visait à stopper "à tout prix toute tentative des terroristes du Hamas de retourner à Gaza, malgré la crainte que certains d'entre eux ne fassent des prisonniers", conclut l'enquête.
Dans les jours et les semaines qui ont suivi l'incident, les autorités israéliennes ont fait grand cas de la diffusion d'images de véhicules dévastés sur le site du festival, laissant entendre que les voitures - et les victimes décédées à l'intérieur - avaient été réduites en cendres par des combattants palestiniens. Le rapport du Yediot réfute complètement cette affirmation :
"Dans la semaine qui a suivi l'attaque, les soldats des unités d'élite ont contrôlé environ 70 véhicules laissés dans la zone située entre les colonies et la bande de Gaza. Il s'agit de véhicules qui n'ont pas atteint Gaza, étant donné qu'en chemin, ils ont été touchés par un hélicoptère de combat, un missile antichar ou un char, et dans certains cas au moins, tous les occupants du véhicule ont été tués", y compris des captifs israéliens.
Nof Erez, le colonel de l'armée de l'air israélienne mentionné plus haut, a conclu de la même manière, en ce qui concerne l'utilisation indiscriminée par Israël de la puissance de feu des hélicoptères ce jour-là, que "la directive Hannibal a probablement été déployée parce qu'une fois que vous détectez une prise d'otages, c'est la directive Hannibal".
Un cas manifeste de ce comportement au festival Nova a été documenté par inadvertance par la BBC, qui a rapporté que des images vidéo montraient une femme prise en otage, mais qui :
"réapparaît soudainement deux minutes plus tard. Elle saute et agite les bras en l'air. Elle doit penser que les secours sont proches - à ce moment-là, les forces de défense israéliennes ont commencé à s'efforcer de repousser l'incursion. Mais quelques secondes plus tard, elle s'effondre sur le sol alors que les balles fusent autour d'elle. Nous ne savons pas si elle a survécu".
La raison d'être de la directive Hannibal a été expliquée plus en détail par le général de brigade Barak Hiram, qui a ordonné à un char d'ouvrir le feu sur une maison pour régler une prise d'otages dans le kibboutz Be'eri, "même au prix de pertes civiles". La frappe a tué 12 Israéliens, dont Liel Hetzroni, 12 ans, et des dizaines de combattants du Hamas.
"Je crains fort que si nous retournons à Sarona [quartier général militaire israélien à Tel-Aviv] et que nous essayons de mener toutes sortes de négociations [pour libérer les otages], nous ne tombions dans un piège qui nous lierait les mains et nous empêcherait de faire ce qu'il faut, c'est-à-dire entrer, manœuvrer et tuer [les membres du Hamas]..."
*Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de The Cradle.
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