❖ Macédoine : Des machinations labyrinthiques orchestrées par l'Occident pour enrôler le pays de force dans l'OTAN au coup d'État du MI6 dévoilé
Après la nette victoire du parti anti-Otan & anti-UE, il est temps de mettre un terme aux opérations de tous les services de renseignement US & UK, de leurs filiales & de reconquérir le territoire
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Note de l'auteur, Kit Klarenberg
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Macédoine :
Une histoire sordide d'ingérence dans les élections, de subversion de la démocratie, d'escroqueries éhontées, de crimes et délits graves, et d'une sournoiserie américaine et britannique de grande envergure, dont les dimensions complètes ne feront peut-être jamais surface publiquement
Comment l'OTAN a annexé la Macédoine
Par Kit Klarenberg, le 12 mai 2024, Blog de l'auteur
En Macédoine - ou Macédoine du Nord, ou ARYM (ancienne République yougoslave de Macédoine) - une contre-révolution est en cours. Ce 8 mai, le parti anti-Otan et anti-UE VMRO-DPMNE a remporté une nette victoire aux élections présidentielles et législatives. Gordana Siljanovska-Davkova est désormais la première femme présidente de ce petit pays des Balkans, battant à plate couture le candidat sortant pro-occidental Stevo Pendarovski, membre du parti social-démocrate (SDSM) au pouvoir.
Pendarovski est la coqueluche des fonctionnaires de l'UE et des États-Unis. Sa victoire surprise en 2019 a été largement saluée par les médias mainstream comme illustrant l'aspiration des Macédoniens à devenir, enfin, membre à part entière de la communauté transatlantique, ainsi que le rejet de la politique "anti-occidentale" du parti VMRO-DPMNE, qui s'est notamment opposée à l'adhésion à l'OTAN. Son succès a également permis de lever le dernier obstacle à l'adhésion de Skopje à l'alliance militaire - un processus amer, difficile et de longue haleine, auquel s'opposait une grande partie de la population locale.
La façon dont la Macédoine en est arrivée là est largement inconnue en dehors du pays. Il s'agit d'une histoire sordide d'ingérence dans les élections, de subversion de la démocratie, d'escroqueries éhontées, de crimes et délits graves, et d'une sournoiserie américaine et britannique de grande envergure, dont les dimensions complètes ne feront peut-être jamais surface publiquement. Aujourd'hui, la victoire apparemment inévitable de Siljanovska-Davkova menace non seulement de renverser ces machinations pernicieuses, mais aussi d'inverser les efforts incessants de l'empire américain pour intégrer de force l'ensemble de l'ex-Yougoslavie au sein de l'OTAN.
Tout comme l'élection de Robert Fico en Slovaquie, le triomphe du VMRO-DPMNE arrive à un très mauvais moment pour Washington. Dans tout l'Occident, le soutien public et étatique à la guerre par procuration en Ukraine se détériore rapidement, alors que Kiev est confronté à un effondrement total de la ligne de front et que ses forces battent en retraite partout. La perspective du retrait de Skopje de l'OTAN risque de déclencher un nouvel effet domino déstabilisant. La question de savoir comment et si l'Alliance serait en mesure d'empêcher cela reste ouverte. Mais il ne fait aucun doute qu'elle cherchera à le faire.
Larguer des "bombes"
Le mantra officiel de l'OTAN, souvent réitéré, est que les pays sont libres de choisir leurs propres dispositions en matière de sécurité. Comme les habitants des Balkans ne le savent que trop bien, dans la pratique, ce n'est tout simplement pas vrai. Par exemple, The Grayzone a déjà révélé comment l'adhésion à l'alliance a été violemment imposée au Monténégro en 2017, contre la volonté de l'écrasante majorité de la population. Les Macédoniens étaient un peu plus enclins à adhérer, même si, pendant de nombreuses années, un obstacle apparemment insurmontable a empêché l'adhésion : le nom de leur pays.
Après l'éclatement de la Yougoslavie, la Macédoine a demandé à adhérer à une multitude d'organisations et d'institutions internationales. Athènes, qui craignait que les dirigeants nationalistes de Skopje ne profitent de leur nouvelle indépendance pour revendiquer des droits irrédentistes sur son propre territoire, a fait pression avec succès sur les Nations unies et autres pour que la Macédoine soit à jamais désignée comme l'ARYM dans les forums internationaux. Les autorités ont affirmé qu'il n'y avait aucun lien entre l'État moderne, peuplé d'ethnies slaves, et la terre grecque de l'Antiquité.
En 2008, la Grèce a toutefois bloqué la demande de Skopje d'entamer le processus d'adhésion à l'OTAN sous le nom d'ARYM, explicitement en raison de sa dénomination officielle. Athènes a proposé au pays de se rebaptiser Nouvelle ou Haute Macédoine, avant de retenter sa chance. Trois ans plus tard, la Cour internationale de justice a jugé cette démarche inappropriée et discriminatoire, mais n'a rien fait pour empêcher qu'elle ne se reproduise. L'Alliance et l'UE sont restées fermement convaincues que la question devait être résolue avant que les négociations d'adhésion à l'une ou l'autre instance ne puissent commencer.
Des sondages récents ont montré que 82,5 % des Macédoniens étaient opposés au changement de nom du pays, une position que le gouvernement partageait sans réserve. Le VMRO-DPMNE, dirigé par le nationaliste pur et dur Nikola Gruevski, était alors au pouvoir. Promettant que la Macédoine s'appellerait toujours Macédoine, comme pour contrarier Athènes, il a ensuite lancé un ambitieux projet de construction, Skopje 2014. Des pans entiers de l'architecture brutaliste de la capitale ont été rasés pour faire place à de faux bâtiments néoclassiques, et une statue géante d'Alexandre le Grand a été érigée dans le centre-ville.
Du point de vue de l'OTAN, toutefois, les "aspirations" de la Macédoine à l'alliance ont été "gravées dans le marbre" lorsque Skopje a signé un "Plan d'action pour l'adhésion" en 1999. La popularité du VMRO-DPMNE et le leadership de Gruevski étaient donc très problématiques pour Washington. Dans l'année qui a suivi la réunification de la Russie avec la Crimée en mars 2014, les efforts de l'OTAN pour s'étendre dans les territoires étrangers proches de Moscou ont connu un coup d'accélérateur. Comme s'il s'agissait d'une évidence, le chef du parti d'opposition SDSM, Zoran Zaev, a commencé à lâcher régulièrement ce que les médias nationaux et lui-même appelaient des "bombes".
Il s'agit d'enregistrements audio et d'écoutes téléphoniques très compromettants de conversations privées entre d'éminents fonctionnaires locaux, des hommes d'affaires, des journalistes et des juges. Apparemment capturés illégalement par les services de renseignement de Skopje et fournis à Zaev par des lanceurs d'alerte, ils semblaient impliquer Gruevski et ses ministres dans des malversations et des abus de pouvoir flagrants. Pour sa part, le premier ministre macédonien a affirmé que le SDSM tentait de le faire chanter pour qu'il organise des élections générales anticipées et avait menacé de rendre publics des renseignements préjudiciables "recueillis avec l'aide d'un service d'espionnage étranger".
Uniquement consultatif
Une crise politique a alors éclaté en Macédoine. L'UE et les États-Unis sont intervenus et ont négocié un accord aux termes duquel le SDSM nommerait les ministres des ministères dans le cadre d'une administration intérimaire, Gruevski démissionnerait en janvier 2016 et de nouvelles élections seraient organisées en juin de la même année. L'Office of Transition Initiatives (OTI) de l'USAID, une composante du service de renseignement consacrée à la "transition politique" - autrement dit, au changement de régime - s'est ensuite installé à Skopje.
L'OTI a ensuite canalisé des dizaines de millions de dollars vers des groupes, des partis politiques ainsi que des ONG antigouvernementales et pro-OTAN. Au total, 16,2 millions de dollars ont été alloués pour garantir l'entrée sans problème de la Macédoine dans l'OTAN. L'Open Society Foundations de George Soros a également reçu des sommes considérables pour semer le chaos. Un rapport final sur ces efforts produit par l'USAID se vantait que son "Initiative de soutien à la Macédoine" avait "renforcé l'objectif de politique étrangère du gouvernement américain consistant à consolider les processus de réforme démocratique de la Macédoine en vue d'une plus grande intégration euro-atlantique".
Pourtant, lors des élections qui ont suivi, le SDSM n'a pas réussi à s'imposer et a dû se contenter d'un fragile gouvernement de coalition. Incongrûment, environ 70 000 Albanais de Macédoine - une proportion significative de la population totale du pays - ont soutenu Zaev, alors qu'ils auraient normalement voté pour des partis de l'ethnie albanaise. Ils n'avaient jamais soutenu le SDSM en grand nombre auparavant, et ne l'ont pas fait depuis. Des sources locales ont déclaré à ce journaliste qu'elles soupçonnaient les ambassades américaine et britannique de Skopje (capitale du pays) "d'avoir travaillé avec les anciens des villages, les imams et les éléments de la mafia locale pour amener les Albanais à changer leur vote cette fois-ci".
Malgré sa vulnérabilité, l'administration de la coalition était la percée nécessaire pour mettre fin au différend sur le nom de Skopje une fois pour toutes. C'est ainsi qu'en juin 2018, les ministres des affaires étrangères grec et macédonien se sont rencontrés au bord du lac Prespa pour signer un accord historique. La Macédoine du Nord était née, et son adhésion à l'OTAN était imminente. C'est du moins ce que pensait l'alliance. Alors que le parlement a approuvé l'accord, le président du VMRO-DPMNE, Gjorge Ivanov, l'a refusé, soulignant que celui-ci allait à l'encontre de la constitution de Skopje.
Paniqué, le gouvernement macédonien a décidé d'organiser un référendum sur le changement de nom en septembre. Au cours des trois mois qui ont suivi, les autorités - soutenues et financées par l'UE et les États-Unis - ont bombardé les citoyens de publicité et de propagande habile, destinée à vendre au public les avantages de l'adhésion à l'OTAN. Simultanément, de vastes manifestations ont fait rage dans tout le pays, sous la bannière "Jamais le Nord, toujours la Macédoine". Ivanov, et d'innombrables affiches dans les grandes villes, ont exhorté les électeurs à boycotter le plébiscite. Comme l'a expliqué un constitutionnaliste local :
"Le nom d'un pays est un nom qui vient et est donné par ceux qui ont créé ce pays et qui y vivent. L'État créé par le peuple macédonien porte le nom de République de Macédoine. Le peuple macédonien ne désignera jamais son pays autrement... Nous n'accepterons jamais de changer un nom que nous utilisons depuis des siècles, un nom que porte cet État depuis plus de 50 ans".
Lorsque les résultats du référendum ont été connus, les dirigeants occidentaux et Zaev ont salué le fait que 94 % des électeurs avaient voté en faveur du changement de nom de la Macédoine. Mais ils ont omis de mentionner que le taux de participation n'était que de 37 %, annulant par conséquent le résultat. En vertu de la constitution de Skopje, 50 % de la population doit s'exprimer pour que le gouvernement honore le verdict d'un référendum. Quoi qu'il en soit, Zaev a simplement travesti la chose, affirmant que le plébiscite n'était "que consultatif". Le changement de nom pourrait se faire et se ferait de toute façon.
En janvier 2019, le parlement a approuvé des "réformes" constitutionnelles douteuses et très controversées, permettant au pays d'être rebaptisé sans vote citoyen, ni même la bénédiction du président. Pour ce faire, il a fallu que les deux tiers des législateurs soutiennent les changements. La coalition dirigée par le SDSM a réussi cet exploit en soudoyant, intimidant et faisant chanter des députés, en graciant des parlementaires poursuivis pour des crimes graves et en recourant à d'autres connivences cyniques. Des enquêtes ultérieures ont révélé de "graves violations" de la législation nationale et des normes internationales de la part des autorités au cours de la campagne référendaire.
Le mois suivant, les 29 membres de l'OTAN acceptaient l'adhésion de la Macédoine du Nord. L'alliance accueillerait son nouveau membre le 27 mars 2020. Il serait extraordinaire que le pays soit le dernier à entrer et le premier à sortir. Bien avant les dernières élections présidentielles, des signes sans équivoque indiquaient que Skopje sentait que la brise géopolitique soufflait désormais dans de nouvelles directions. En novembre 2023, les autorités macédoniennes ont annoncé l'ouverture de leur espace aérien à la Russie, permettant ainsi à Sergei Lavrov de se rendre à un sommet ministériel local de l'OSCE.
📰 Lien de l'article original :
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Le coup d'État du MI6 en Macédoine dévoilé
Par Kit Klarenberg, le 21 juin 2024, Blog de l'auteur
Le 12 mai (article traduit ci-dessus), je vous décrivais et documentais les machinations labyrinthiques orchestrées par l'Occident par lesquelles la Macédoine - sous le nom localement méprisé de Macédoine du Nord - a été enrôlée de force dans l'OTAN, malgré l'opposition généralisée de l'opinion publique. Cette enquête ne mentionnait pas le rôle central joué par les services de renseignement britanniques dans ces connivences. En l'occurrence, l'ambassadeur de Londres à Skopje (capitale du pays) et agent de longue date du MI6, Charles Garrett. Aujourd'hui, avec le retour au pouvoir du très "problématique" VMRO-DPMNE, il est vital de réexaminer ses activités dans le pays.
Comme The Grayzone l'a précédemment documenté (ndr : à propos du Kosovo), Londres gère un programme spécifique connu sous le nom de Global Britain dans les Balkans de l'Ouest. Des documents divulgués concernant cet effort révèlent qu'il s'agit d'influencer insidieusement la composition des gouvernements locaux et les cadres juridiques et réglementaires afin de promouvoir les intérêts britanniques, tout en alimentant les forces de sécurité, de renseignement et militaires de la région avec des éléments triés sur le volet. Comme l'indique clairement un dossier ayant fait l'objet d'une fuite, le MI6 ne tolère aucune opposition régionale à son programme et déploie promptement des mesures actives pour neutraliser toute résistance locale :
"Dans les contextes où les incitations de l'élite ne sont pas alignées sur les objectifs/valeurs [de la Grande-Bretagne], une approche visant à demander des comptes à l'élite politique pourrait être nécessaire... Nous pouvons établir des relations et des alliances avec ceux qui partagent nos objectifs et nos valeurs en matière de réforme... Il est essentiel que les médias aient la capacité et la liberté de demander des comptes aux acteurs politiques."
Les événements survenus en Macédoine au cours de la dernière décennie sont une démonstration brutale de ce qui peut arriver aux gouvernements et aux fonctionnaires des Balkans ne partageant pas les "objectifs" et les "valeurs" du Royaume-Uni, et de la manière dont ils sont "tenus de rendre des comptes". Il en va de même pour le coup d'État de 2020 au Kirghizstan, où Garrett s'est installé après avoir quitté Skopje. L'Asie centrale étant désormais dans la ligne de mire de la quête sans fin de Londres pour les "réformes" à l'étranger, il n'a jamais été aussi vital de se méfier des Britanniques porteurs de cadeaux.
Une "révolution de couleur"
Après la réunification de la Crimée par la Russie en mars 2014, les efforts de l'OTAN pour s'étendre à l'ex-Yougoslavie sont passés à la vitesse supérieure. The Grayzone a précédemment rapporté comment l'adhésion à l'alliance a été imposée au Monténégro en 2016, malgré l'opposition quasi universelle de l'opinion publique. Pour réaliser cet exploit, il a fallu maintenir au pouvoir un dictateur pro-occidental corrompu et brutal pendant près de deux décennies, ainsi qu'une connivence élaborée dans le cadre de laquelle des acteurs de l'opposition anti-OTAN ont été emprisonnés sur la base de fausses accusations de collusion avec les services de renseignement russes pour renverser le gouvernement, sur la base de fausses preuves fournies par la CIA et le MI6.
Un subterfuge similaire a été utilisé à Skopje, qui a signé un "Plan d'action pour l'adhésion" avec l'OTAN en 1999. Bien que légèrement plus favorable à l'adhésion à l'OTAN que les Monténégrins, la population locale s'est presque unanimement opposée au changement de nom du pays, dont la Grèce, l'UE et les États-Unis avaient fait une condition préalable à l'adhésion. Le gouvernement VMRO, dirigé par Nikola Gruevski, a promis que la Macédoine garderait toujours son nom. Un coup d'État orchestré par l'Occident a donc été fomenté.
En février 2015, le chef du parti d'opposition SDSM, Zoran Zaev, a commencé à lâcher régulièrement ce que lui et les médias ont qualifié de "bombes" : des écoutes téléphoniques très préjudiciables de conversations privées entre d'éminents fonctionnaires, hommes d'affaires, journalistes et juges macédoniens. Ces enregistrements semblent impliquer Gruevski et ses ministres dans des crimes graves, y compris des meurtres. Zaev a affirmé que les enregistrements capturés illégalement lui avaient été transmis par des lanceurs d'alerte. Le premier ministre a rétorqué que ces enregistrements avaient été fournis par des services de renseignement étrangers, dans le but de forcer la tenue d'élections anticipées.
Des enquêtes ultérieures ont révélé comment le SDSM a édité et coupé de manière trompeuse ces enregistrements divulgués pour en déformer considérablement le contenu et incriminer faussement des représentants du gouvernement. Ainsi, une "bombe" a été largement trafiquée pour donner l'impression que les dirigeants du VMRO avaient conspiré pour dissimuler le meurtre d'un jeune Macédonien en 2011 à Skopje par un officier supérieur de la police, tout en les soustrayant à la justice. L'enregistrement non expurgé indiquait qu'ils étaient en fait choqués par le meurtre et tenaient à ce que le coupable soit sévèrement puni.
La vérité n'a cependant été révélée que quatre ans plus tard. Dès leur publication, les "bombes" de Zaev ont déclenché un tollé en Macédoine, incitant des centaines de milliers de citoyens à descendre dans la rue, exprimant leur juste colère à l'égard du VMRO. Appelée ouvertement "révolution de couleur" par les citoyens et les ONG participants, ainsi que par les médias de langue anglaise, l'UE et les États-Unis sont intervenus et ont négocié l'accord de Przino, en vertu duquel Gruevski a démissionné et de nouvelles élections ont été organisées.
Le SDSM est arrivé au pouvoir par le biais d'une coalition fragile, puis a entrepris de jeter les bases du changement de nom de la Macédoine au service explicite de l'adhésion à l'OTAN, moyennant des dizaines de millions de dollars versés par l'USAID, l'agence de renseignement mise au ban. Les parlementaires ont fait l'objet de chantage - souvent au moyen d'écoutes téléphoniques illégales - ou ont été soudoyés pour adopter des réformes anticonstitutionnelles et très controversées, permettant à Skopje d'être rebaptisée Macédoine du Nord sans approbation de l'opinion publique, ni même du président. Un simulacre de référendum, boycotté par la plupart des citoyens, a également été cyniquement organisé.
La Macédoine du Nord a finalement été officiellement intégrée à l'OTAN en mars 2020. Depuis, les responsables de l'Alliance ont à plusieurs reprises indiqué clairement qu'ils considéraient l'adhésion de la Bosnie-et-Herzégovine comme inévitable. Et ce, bien que 98 % des Serbes de Bosnie soient opposés à l'adhésion, en raison du rôle central joué par l'OTAN dans la destruction criminelle de la Yougoslavie au cours des années 1990. Les Britanniques s'efforcent secrètement de promouvoir l'OTAN en Serbie également, bien que plus de 80 % de la population s'oppose à l'adhésion.
Les "drôles de dames" de Charlie
En août 2013, Charles Garrett a été nommé ambassadeur de Londres en Macédoine. Il avait pour mission expresse d'aider le pays à "atteindre ses objectifs d'adhésion à l'OTAN et à l'UE". De multiples sources locales ont informé ce journaliste que Garrett a joué un rôle déterminant dans la "révolution de couleur", distribuant de l'argent aux ONG et aux activistes impliqués dans les troubles via sa valise diplomatique, tout en essayant de rallier les partisans du gouvernement à sa cause.
Les archives publiques suggèrent fortement que Garrett est un officier du MI6 à vie. Sa longue carrière au sein du service diplomatique londonien comprend des séjours à Chypre, à Hong Kong, en Suisse et à Taïwan, autant de noyaux clés de collecte de renseignements et d'actions clandestines pour l'agence britannique d'espionnage à l'étranger. Il a également été affecté aux Balkans dans la seconde moitié des années 1990, lorsque la région est devenue un véritable terrain de jeu pour le MI6.
En vertu de l'accord de Przino, un bureau de procureur spécial (SPO) a été créé pour enquêter sur les fonctionnaires accusés de crimes graves censés avoir été révélés par les interceptions illégales. Un procureur jusqu'alors inconnu, originaire d'une petite ville frontalière de Macédoine, Katica Janeva, a été choisi pour diriger le Bureau. Alors que le SPO était censé poursuivre les militants du SDSM - y compris Zaev, pour avoir divulgué les interceptions - cela ne s'est jamais concrétisé. Pendant ce temps, tous les officiels occidentaux en visite en Macédoine s'assuraient de visiter le siège du SPO et de faire la connaissance de Janeva. Garrett en faisait bien sûr partie.
Dans un premier temps, les journalistes occidentaux ont présenté à Janeva de nombreux profils élogieux. La presse britannique s'est montrée particulièrement enthousiaste. Le Financial Times l'a qualifiée de "Beyonce" macédonienne. La BBC a surnommé la procureure spéciale et ses deux principales assistantes "les drôles de dames", affirmant que le trio était "le fléau de l'élite politique macédonienne et l'héroïne des manifestations de rue secouant actuellement la petite nation balkanique". Un long "documentaire" financé par l'USAID mettait en scène ses collaborateurs se moquant de leurs cibles par téléphone, entre deux discussions sur la prochaine personne à emprisonner autour de pizzas et de cigarettes.
Cette diffusion a été retirée du web et on ne trouve pratiquement aucune trace de son existence en ligne aujourd'hui. Cela s'explique peut-être par le fait qu'en juin 2020, Janeva a été emprisonnée pour sept ans pour corruption. Sa croisade contre le crime était dès le départ une fraude obscène et partisane. En cours de route, le procureur spécial s'est secrètement enrichi par le biais de divers moyens criminels et sans le moindre scrupule. Le véritable objectif du procureur spécial était de déstabiliser le gouvernement VMRO et de discréditer ses partisans par association.
Les cibles de Janeva ont souvent été inculpées sur la base d'accusations grotesques. À titre d'exemple, le Premier ministre Gruevski a été accusé d'"abus de pouvoir" pour avoir commandé la construction de deux "autoroutes chinoises". Les procureurs l'ont accusé d'avoir bénéficié indûment de l'accord - non pas financièrement, mais parce qu'il bénéficierait d'un "regain de popularité" si les autoroutes étaient achevées dans les délais prévus. Par ailleurs, une journaliste pro-VMRO a été accusée de fraude fiscale pour avoir déduit des frais de blanchisserie de ses dépenses professionnelles, ce qui lui a valu de nombreuses railleries misogynes de la part des médias affiliés au SDSM.
Plus grave encore, le propriétaire d'un site d'information indépendant s'est suicidé après avoir subi des pressions de la part du SPO qui le pressait de devenir un témoin public, à la suite de descentes de police menées tôt le matin contre lui et sa famille. Les procès intentés contre les propriétaires des chaînes de télévision Sitel et Nova, soutenues par le gouvernement, ont modifié leur ligne éditoriale en faveur du SDSM, conduisant à la fermeture pure et simple de cette dernière. À sa place, 1TV, radicalement pro-SDSM, a été lancée par Bojan Jovanovski, personnalité excentrique des médias macédoniens, également connue sous le nom de Boki 13.
En public, Boki 13 a usé de sa station pour promouvoir sans relâche le gouvernement dirigé par le SDSM et le travail du SPO, Janeva étant fréquemment invitée à participer à ses programmes "factuels" et de divertissement. En privé, il a extorqué de riches hommes d'affaires inculpés par Janeva ou impliqués d'une manière ou d'une autre dans les interceptions illégales, en leur promettant de faire disparaître leurs problèmes juridiques en échange d'achats publicitaires onéreux sur 1TV ou de dons considérables à son "association caritative", International Association. Charles Garrett était le seul à siéger à son conseil d'administration.
Cinquième colonne
Lorsque ces faits ont été rendus publics et que Janeva et Boki 13 ont été emprisonnés, Garrett avait quitté Skopje en toute sécurité, après avoir été nommé ambassadeur britannique au Kirghizstan. Presque immédiatement, une révolution a éclaté à Bichkek (ndr : capitale du Kirghizstan). Des manifestations de masse, déclenchées par des informations faisant état de fraudes lors des élections législatives d'octobre 2020, ont abouti à la prise d'assaut par l'armée de l'enceinte du président Sooronbay Jeenbekov et à sa destitution - physiquement - de son poste.
En février 2022, un journal affilié au gouvernement kirghize a ouvertement accusé Garrett d'entretenir une "cinquième colonne" à Bichkek. Selon ce média, à l'approche du scrutin de 2020, Garrett ainsi que des représentants du département d'État américain ont rencontré des journalistes et des blogueurs locaux, leur offrant des sommes faramineuses pour identifier les violations électorales - telles que le trucage des votes - et documenter les pressions officielles exercées sur les organes de presse et les groupes de la société civile. Garrett leur aurait promis du matériel de diffusion haut de gamme, afin d'accroître leur audience. Peu de temps après la publication, il est rentré à Londres.
Depuis, Garrett s'est fait discret et occupe aujourd'hui un poste confortable à la Commission des sépultures militaires du Commonwealth. Néanmoins, en septembre 2023, il a présenté un témoignage écrit à une commission parlementaire britannique chargée d'enquêter sur "l'engagement de Londres en Asie centrale". Il a préconisé un certain nombre de moyens pour exploiter les "perturbations causées par la nouvelle invasion de l'Ukraine par Moscou" afin de saper les liens historiques, économiques et politiques de la région avec la Russie et la Chine, et de "façonner l'avenir de ces pays" en fonction des intérêts du Royaume-Uni.
Lorsque le ministre britannique des affaires étrangères David Cameron a effectué une tournée très médiatisée en Asie centrale en mai 2024, il a suivi à la lettre les propositions de Garrett. L'héritage de l'ambassadeur perdure visiblement en Macédoine aujourd'hui encore. En mars 2016, des manifestants de la révolution de couleur ont tenté d'incendier le bureau du président, après que 56 personnes inculpées par le SPO aient été graciées. Les locaux ont été transformés en siège de UK Aid, une agence gouvernementale britannique aujourd'hui disparue, intimement impliquée dans le pillage et le viol néolibéral de l'Ukraine.
Il s'agissait notamment de mener des campagnes de communication secrètes pour le compte de Kiev, afin de promouvoir la destruction des droits des travailleurs au niveau local. Il est probable que l'organisation se soit livrée à des activités similaires à Skopje, après que Garrett soit arrivé en ville. Le retour du VMRO au gouvernement offre enfin aux Macédoniens l'occasion de mettre un terme aux opérations de tous les services de renseignement américains et britanniques, de toutes leurs filiales opérant sur leur sol, et de reconquérir le territoire conquis par des intérêts étrangers.
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