♟ Les États-Unis oublient d'opposer leur veto à la résolution de l'ONU sur le cessez-le-feu, un oubli embarrassant
Il ne reste plus qu'à savoir si Israël respectera la résolution de l'ONU et quelles seront les conséquences d'un tel manquement. Sera-t-il traité comme Saddam ? Je suppose que la réponse est non.
Par Ricky, le 5 mars 2024, Council Estate Media
Un cyclone a dû frapper l'enfer aujourd'hui, car le Conseil de sécurité des Nations unies a réussi à adopter une résolution sur le cessez-le-feu à Gaza sans le veto des États-Unis (à mon avis, la représentante américaine a dû oublier de lever la main). C'est de toute évidence un moment inquiétant pour tous ceux qui placent Israël au-dessus du droit international, alors n'oubliez pas de faire preuve de sensibilité lorsque vous discutez des criminels de guerre de Tsahal.
La résolution de l'ONU exige un cessez-le-feu immédiat à Gaza et la libération de tous les otages capturés par le Hamas, mais il est important de noter que cette demande de libération des otages est distincte de celle du cessez-le-feu. En d'autres termes, personne ne peut utiliser les otages comme excuse pour poursuivre le massacre de civils.
Quatorze pays ont voté en faveur du cessez-le-feu estimant que le génocide est mal, et aucun n'a voté contre, mais les États-Unis se sont abstenus parce qu'ils ne sont pas encore sûrs que le génocide soit mal. Je pense que tout se résume aux piètres résultats des sondages concernant Biden, donc si vous cessez d'accepter de voter pour le moindre des deux maux, il pourrait se sentir obligé de faire ce qu'il faut. Vous saisissez comment ça marche ?
Les États-Unis avaient en fait rejeté une version antérieure de la résolution de l'ONU parce qu'elle prévoyait l'expression "cessez-le-feu permanent". Imaginez que vous craigniez qu'un cessez-le-feu ne dure trop longtemps. On peut supposer que les Américains préféreraient que l'effusion de sang se poursuive aussi longtemps que possible, même s'ils ont prétendu vouloir le contraire. La politique peut être un exercice d'équilibre assez délicat.
Il est évident qu'un cessez-le-feu aurait pu intervenir depuis plus de cinq mois, mais les États-Unis étaient préoccupés du nombre trop faible d'enfants déchiquetés en représailles au 7 octobre, et la population de Gaza semblait un peu trop bien lotie à leur goût côté nourriture.
La semaine dernière, une évaluation de la sécurité alimentaire réalisée par les Nations unies a révélé que 1,1 million de personnes à Gaza souffraient d'une faim extrême. Pour remédier à cette situation, Israël a décidé de couper toute aide au nord de la bande de Gaza, où l'insécurité alimentaire s'avère la plus grave, condamnant ainsi à mort l'ensemble de la population. Ils ont refusé de justifier leur décision parce qu'ils savent que tout mensonge qu'ils inventeront sera démenti dans les trois jours et qu'ils n'en ont plus rien à faire.
Riham Jafari, d'ActionAid Palestine, a déclaré à propos de la décision :
"Nous sommes absolument horrifiés et indignés de voir Israël interdire l'accès à l'aide la plus vitale pour des centaines de milliers de Palestiniens de Gaza au bord de la famine, en ce moment même. La décision d'Israël de cesser de travailler avec l'UNRWA n'est rien d'autre qu'une condamnation à mort pour ceux qui subissent la famine et des souffrances immenses, alors que des enfants meurent de faim et que des femmes sévèrement sous-alimentées accouchent d'enfants mort-nés".
Même le ministre britannique des affaires étrangères a été contraint d'admettre sa "frustration" face au refus d'Israël de laisser entrer l'aide dans la bande de Gaza, alors que les ministres avaient précédemment accusé les députés s'interrogeant sur cette question d'être "insensibles" à l'égard des génocidaires. On ignore si le Royaume-Uni cessera d'envoyer à Israël les armes qui empêchent l'instauration d'un cessez-le-feu. Tout ce que je dis, c'est qu'il ne faut pas retenir son souffle...
Netanyahou était contrarié par le fait que la résolution sur le cessez-le-feu ne liait pas le cessez-le-feu à la libération des otages, mais il n'a nullement indiqué qu'il libérerait ses otages en échange - et il en détient beaucoup plus que le Hamas. Je crois qu'il s'agit là d'une politique de deux poids, deux mesures.
Pour apaiser les tensions avec Israël, Anthony Blinken a prétendu que la résolution était "conforme à notre position de principe selon laquelle tout texte de cessez-le-feu doit être accompagné d'un texte sur la libération des otages".
Les États-Unis prétendent même que la résolution à laquelle ils ont oublié d'opposer leur veto n'est pas juridiquement contraignante, mais selon Arnaud Bertrand sur Twitter, c'est inexact, mais je n'en sais rien.
En revanche, je sais que Netanyahou est furibond contre Biden et qu'il a annulé un voyage à Washington lorsque le président américain a annulé la fête de l'invasion de Rafah pour sauver ses chances de réélection. Vous voyez ce qu'il est possible de faire lorsque vous ne garantissez pas automatiquement votre vote aux criminels de guerre ? Même les plus insignifiants ont davantage de poids qu'ils ne le pensent !
Un détraqué du nom de Ben Gvir s'est lancé dans une impressionnante diatribe, déclarant à tous ceux qui réclamaient un cessez-le-feu qu'ils étaient désormais des antisémites. Il a lancé :
"La résolution du Conseil de sécurité prouve que les Nations unies sont antisémites, que leur secrétaire général est antisémite et qu'il encourage le Hamas."
Je pense que nous pouvons extrapoler ses propos en concluant que la quasi-totalité de la population mondiale est antisémite, étant donné qu'elle soutient la résolution sur le cessez-le-feu. Bienvenue au club de la diffamation, messieurs dames ! Vous vous sentirez bien ici. Nous avons des biscuits... et des principes !
Il ne reste plus qu'à savoir si Israël respectera la résolution de l'ONU et quelles seront les conséquences d'un tel manquement. Les États-Unis et le Royaume-Uni vont-ils enfin interrompre leurs ventes d'armes ? Vont-ils enfin prendre des mesures plus sévères à l'égard de Netanyahou ? Sera-t-il traité comme Saddam ?
Je crois me souvenir que lorsque l'Irak enfreignait une résolution des Nations unies, nous considérions qu'il s'agissait d'un acte de guerre ! Cette logique s'applique-t-elle maintenant à Israël ou sera-t-il tout simplement autorisé à enfreindre les résolutions de l'ONU ?
Je suppose que la réponse est oui, Israël sera autorisé à enfreindre les résolutions de l'ONU, étant donné que les États-Unis ont décidé de ne rétablir le financement de l'UNRWA que si la Palestine ne soutient pas les enquêtes sur les crimes de guerre israéliens. En d'autres termes, les États-Unis exigent que les criminels de guerre soient au-dessus de la loi, faute de quoi ils laisseront à nouveau mourir les populations de faim. Je suis quasiment certain qu'il s'agirait d'une punition collective, ce qui constituerait un autre crime de guerre. Ils ne peuvent pas s'en empêcher, n'est-ce pas ?
ndr : Le Hamas a salué la résolution et s'est dit prêt à un échange immédiat de prisonniers avec Israël, laissant espérer une percée dans les négociations en cours à Doha, où les chefs des services de renseignement et d'autres responsables des États-Unis, de l'Égypte et du Qatar cherchent à négocier un accord qui impliquerait la libération de certains otages détenus par le Hamas contre des prisonniers et des détenus palestiniens, ainsi qu'une trêve d'une durée initiale de six semaines.
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