🚩 Julian Assange : Actualité semaine #23 - Mai 2024 🎗⏳
9 & 10 juillet prochain : Début du procès en appel de Julian Assange contre l'extradition. Les juges seront ceux lui ayant accordé une rare victoire le mois dernier, le droit de cet appel.
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"Le courage dont nous avons besoin n'est pas celui d'obéir au service d'une guerre injuste, d'aider à dissimuler des mensonges, de nous soumettre à un patron ayant usurpé le pouvoir et agissant comme un gouvernement hors-la-loi. C'est le courage d'affronter enfin honnêtement la vérité et la réalité de ce que nous faisons dans le monde et d'agir de manière responsable pour changer les choses".
- Daniel Ellsberg
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SOMMAIRE :
1 - 9 juillet prochain : Début du procès en appel de Julian Assange contre l'extradition - South China Morning Post
2 - Désignation des juges pour l'appel de l'affaire Assange - Joe Lauria
3 - Le premier amendement sauvera-t-il Assange ? - Peter Van Buren
4 - Congrès SNJ-CGT : Motion "Liberté pour Julian Assange !" - Syndicat National des Journalistes CGT
5 - Julian Assange : quand deux choses contradictoires sont toutes deux vraies - Nick Hossack
6 - La destruction de Julian Assange - Jacob G. Hornberger
7 - Projection de The Trust Fall : Julian Assange aux États-Unis avant l'élection présidentielle - Mia Armitage
8 - Julian Assange est assassiné dans le cadre d'une fausse affaire dépourvue de tout fondement juridique - Paul Craig Roberts
9 - La puissance morale de Daniel Ellsberg reste bien vivace - Norman Solomon
10 - L'affaire Assange vue par Rony Brauman : "Un prisonnier d’opinion, un prisonnier politique, torturé" - Vidéo en français
11 - Espionage Act : L'inculpation de Trump pourrait-elle entraîner des modifications de la loi de 1917 utilisée pour emprisonner les lanceurs d'alerte ? - Democracy Now (2023)
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1- ♟ 9 juillet prochain : Début du procès en appel de Julian Assange contre l'extradition
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Par le South China Morning Post, le 11 juin 2024
Le procès en appel de Julian Assange contre l'extradition américaine débutera le 9 juillet.
Les autorités américaines veulent le juger pour avoir divulgué des secrets militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan.
L'appel interjeté par le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, contre une décision de justice britannique approuvant son extradition vers les États-Unis pour y être jugé pour violation des lois sur la sécurité nationale débutera le 9 juillet, a déclaré mardi un porte-parole de la justice.
Assange, âgé de 52 ans, a obtenu gain de cause le mois dernier et l'audience de deux jours se déroulera le mois prochain devant la Haute Cour de Londres.
Washington recherche l'éditeur australien pour avoir publié des centaines de milliers de documents secrets américains à partir de 2010, en tant que directeur du site web de divulgation WikiLeaks.
S'il avait perdu à l'audience du mois dernier, Assange, devenu une figure de proue pour les défenseurs de la liberté d'expression, aurait pu être promptement extradé après une bataille juridique longue de cinq ans.
Dans ses observations écrites en vue de l'audience, l'avocat Edward Fitzgerald, qui représente Assange, a considéré les assurances du gouvernement américain selon lesquelles il ne risquait pas la peine de mort comme étant "sans ambiguïté".
Mais il s'est interrogé quant à la possibilité pour son client d'invoquer le premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d'expression et la liberté de la presse, lors du procès.
James Lewis, représentant le gouvernement américain, a déclaré au tribunal que la conduite d'Assange n'était "tout simplement pas protégée" par le premier amendement.
Celui-ci ne s'applique à personne "en ce qui concerne la publication d'informations sur la défense nationale obtenues illégalement et donnant les noms de sources innocentes qui risquent de subir un préjudice grave et imminent", a-t-il soutenu.
Assange est incarcéré à la prison de haute sécurité de Belmarsh, à Londres, depuis avril 2019.
Il a été arrêté après avoir passé sept ans reclus dans l'ambassade de l'Équateur à Londres pour éviter l'extradition vers la Suède, où il a fait face à des accusations d'agression sexuelle finalement été abandonnées.
Les autorités américaines veulent le poursuivre pour avoir divulgué des secrets militaires américains sur les guerres d'Irak et d'Afghanistan.
Il est accusé d'avoir publié, à partir de 2010, quelque 700 000 documents confidentiels relatifs aux activités militaires et diplomatiques des États-Unis.
Les États-Unis ont accusé Assange en vertu de la loi sur l'espionnage de 1917, ce qui, selon ses partisans, pourrait lui valoir une peine de 175 ans d'emprisonnement.
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2- ♟ Désignation des juges pour l'appel de l'affaire Assange
Consortium News sera de nouveau dans la salle d'audience à Londres les 9 et 10 juillet pour couvrir l'appel de Julian Assange contre l'extradition. Aidez-nous à vous informer de son sort.
Par Joe Lauria, le 14 juin 2024, Consortium News
Les juges chargés de l'audience en appel de Julian Assange, qui se déroulera sur deux jours les 9 et 10 juillet, seront les mêmes que ceux lui ayant accordé une rare victoire le mois dernier : son droit de faire appel de l'ordre d'extradition vers les États-Unis émis par le ministère de l'intérieur.
Les juges Jeremy Johnson et Victoria Sharp n'ont accordé à Assange le droit de faire appel que pour deux des neuf motifs demandés, mais ceux-ci sont importants :
1) son extradition est incompatible avec ses droits à la liberté d'expression inscrits dans la Convention européenne des droits de l'homme ;
et 2) il risque d'être lésé en raison de sa nationalité (il ne bénéficie pas de la protection du 1er amendement en tant que non-américain).
Toutefois, le déni de ses droits dans une salle d'audience américaine irait au-delà du premier amendement et s'étendrait à tous ses droits constitutionnels américains, conformément à l'arrêt rendu en 2020 par la Cour suprême des États-Unis dans l'affaire USAID vs. Alliance for Open Society International Inc. qui stipule qu'un citoyen non américain agissant en dehors des États-Unis ne bénéficie d'aucune protection constitutionnelle.
Les États-Unis n'ont pas été en mesure de garantir que l'équivalent européen de ses droits constitutionnels serait protégé, comme l'exige la loi britannique sur l'extradition. Cela suscite des espoirs pour Assange dans le cadre de son appel.
Le fondateur de WikiLeaks est incarcéré depuis plus de cinq ans dans la tristement célèbre prison londonienne de Belmarsh, où il est en détention provisoire dans l'attente de la décision d'extradition. Il a été inculpé aux États-Unis pour avoir publié des documents classifiés qui ont révélé des preuves prima facie de crimes d'État américains.
Consortium News s'est vu décerner un prix et de nombreuses récompenses pour sa couverture de l'affaire Julian Assange. Nous serons présents au tribunal ainsi que devant la Cour royale de justice de Londres durant les deux jours de l'audience, vous apportant les toutes dernières informations, analyses et commentaires.
Aidez-nous à continuer à couvrir l'affaire Assange à Londres en faisant un don dès aujourd'hui.
📰 https://consortiumnews.com/2024/06/14/judges-named-for-assange-appeal/
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3- ♟ Le premier amendement sauvera-t-il Assange ?
Le Royaume-Uni a obtenu la promesse que les procureurs reconnaîtraient les droits d'expression du fondateur de Wikileaks.
Le tribunal britannique doit très soigneusement peser les fausses promesses américaines de droits du premier amendement pour Assange, et se demander plutôt s'il ne s'agit pas d'une punition ciblée, d'une criminalisation du journalisme.
Par Peter Van Buren, le 10 juin 2024, The American Conservative
Un tribunal britannique a décidé que Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, pouvait faire appel de son extradition vers les États-Unis. L'issue de l'affaire Assange pourrait modifier à la fois la manière dont les affaires relevant de l'Espionage Act de 1917 sont défendues et la relation plus profonde entre l'Espionage Act, le 1er Amendement et la liberté de la presse.
Les États-Unis ont inculpé Assange à plusieurs reprises en vertu de la loi pour une conspiration présumée visant à prendre possession et à publier des informations relatives à la défense nationale. Si le tribunal britannique avait statué en faveur du gouvernement américain, Assange aurait épuisé toutes les voies de recours au Royaume-Uni. Il peut désormais lutter contre l'extradition vers les États-Unis depuis la relative sécurité de la Grande-Bretagne.
Les allégations remontent à 2010, lorsque WikiLeaks a publié un demi-million de documents classifiés, axés sur l'Irak et l'Afghanistan, divulgués sur le site par Chelsea (anciennement Bradley) Manning, une analyste des services de renseignement de l'armée. Parmi ces documents figurait une vidéo d'Irak montrant des hélicoptères américains abattant des civils irakiens, reprise dans le film Incident in New Bagdad. L'équipe juridique d'Assange soutient que cette affaire est une forme de représailles de l'État, motivée par des considérations politiques, pour avoir mis les États-Unis dans l'embarras.
À la suite des accusations portées par le gouvernement américain, Assange s'est vu accorder l'asile pendant sept ans à l'ambassade de l'Équateur à Londres. Arrêté par les autorités britanniques pour non-respect de la liberté sous caution, il a passé ces cinq dernières années dans une sombre prison britannique à lutter contre l'extradition vers les États-Unis. Son épouse parle de "punition par la procédure".
En février, les avocats d'Assange ont présenté les motifs d'un éventuel appel. En réponse, la Haute Cour a invité le gouvernement américain à garantir que :
a) Assange ne serait pas passible de la peine de mort ;
b) il ne serait pas traité différemment d'un citoyen américain ;
et c) il serait protégé en vertu du premier amendement. Le gouvernement américain a fourni ces assurances dans un courrier. Le tribunal britannique n'a pas été convaincu et autorisera Assange à faire appel de la demande d'extradition.
Parmi les trois conditions, la question clé est de savoir si Julian Assange peut ou non invoquer une défense efficace au titre du premier amendement contre la loi sur l'espionnage (Espionage Act). Julian Assange pourrait-il, par exemple, prétendre que son droit de publier les documents ayant fait l'objet d'une fuite est protégé en tant qu'éditeur et journaliste par le premier amendement, dans l'intérêt du public ?
Le ministère de la Justice a précédemment déclaré à un tribunal britannique que le premier amendement ne s'appliquait à personne "en ce qui concerne la publication d'informations de défense nationale obtenues illégalement et donnant les noms de sources innocentes à leur risque grave et imminent de préjudice". Le recours de Chelsea Manning à une défense d'intérêt public au titre du 1er Amendement a été bloqué et ses tentatives de s'adresser directement au peuple américain ont été entravées par le fait que son procès a été intégralement classé confidentiel.
"La réponse courte est que la possibilité de "soulever" une défense est différente de la possibilité de "s'appuyer" sur une défense. Dans les affaires relevant de la loi sur l'espionnage, le gouvernement a littéralement déposé des requêtes pour empêcher l'utilisation des mots "premier amendement". Je peux facilement imaginer que cela se produise ici, ainsi que des motions visant à exclure les mots liés au premier amendement, tels que "journaliste" et "éditeur". Assange peut invoquer le premier amendement. Il peut élever un troupeau de chèvres s'il le souhaite. La meilleure question est de savoir si Assange aurait droit à une défense fondée sur le premier amendement", a déclaré l'ancienne avocate d'Assange Jesselyn Radack, qui dirige le Whistleblower and Source Protection Program (WHISPeR, pour Expose Facts), lors d'un entretien avec notre rédaction.
Dans de telles circonstances, tout tribunal britannique prêt à accepter l'assurance du gouvernement américain qu'Assange aurait des droits au premier amendement dans un sens pratique est pris pour un imbécile.
Mais l'affaire Assange soulève une question plus importante que le tribunal britannique pourrait poser s'il était soucieux de l'équité envers Assange : pourquoi le procès ne concerne-t-il que lui, et pas des organes de presse comme le New York Times, qui a également publié les documents ayant fait l'objet d'une fuite ? Pourquoi pas le Guardian, le Washington Post et NBC News ?
En vertu de la loi sur l'espionnage, la possession non autorisée de documents classifiés garantit à elle seule un verdict de culpabilité, indépendamment de l'intention. La loi ne fait pas de distinction entre le journalisme et l'espionnage. Assange serait déclaré coupable tout en se voyant refuser la possibilité de se défendre en invoquant la liberté d'expression.
Assange pose un dilemme aux États-Unis dans le bras de fer qu'ils mènent actuellement pour trouver un équilibre entre le pouvoir du gouvernement de protéger les informations classifiées, la garantie d'une presse libre et le concept plus large de la nécessité d'une population informée pour être à même de contester son gouvernement et de faire fonctionner cette démocratie dans la pratique.
À quel moment la nécessité pour le peuple de savoir quelque chose l'emporte-t-elle sur les lois autorisant le gouvernement à le dissimuler ? Si une sanction apparaît nécessaire, faut-il punir l'auteur de la fuite, le journaliste qui la publie, ou aucun des deux, ou les deux ? À l'ère du numérique, où les documents matériels n'ont plus besoin d'être copiés un par un et où les contraintes sont moindres que dans les médias traditionnels, ces questions sont devenues plus pressantes.
Une histoire complexe précède Assange. En 1971, Daniel Ellsberg a divulgué les Pentagon Papers au New York Times. À l'époque, personne n'avait jamais publié de tels documents classifiés et les responsables du Times craignaient d'être emprisonnés en vertu de la loi sur l'espionnage (Espionage Act).
Au lieu de cela, la Cour suprême a prononcé une décision historique en faveur du premier amendement dans l'affaire New York Times Company vs. United States. Le Times a remporté un Pulitzer, mais Ellsberg a été inculpé en vertu de la loi sur l'espionnage. L'affaire a finalement été classée pour faute grave du gouvernement et collecte illégale de preuves. Les questions sous-jacentes, en particulier la défense d'Ellsberg selon laquelle il était moralement obligé de divulguer des informations au Times, n'ont jamais été abordées.
En examinant l'affaire du Times sous l'angle de Wikileaks, le professeur de droit Steve Vladeck souligne que :
"Bien que le premier amendement protège séparément la liberté d'expression et la liberté de la presse [...] la Cour suprême n'a jamais suggéré que le premier amendement pourrait protéger le droit de divulguer des informations relatives à la sécurité nationale. Certes, dans l'affaire des Pentagon Papers, le gouvernement a été débouté de sa demande d'interdiction de publication, mais plusieurs juges, dans leurs opinions individuelles, ont spécifiquement suggéré que le gouvernement pourrait poursuivre le New York Times et le Washington Post après publication, en vertu de la loi sur l'espionnage (Espionage Act)."
La Cour suprême a ainsi laissé la porte ouverte au gouvernement pour poursuivre à la fois l'auteur de la fuite (en rejetant l'affaire Ellsberg sans créer de précédent) et les journalistes (en se limitant à interdire au gouvernement d'exercer une restriction préalable sur le Times).
Ce qui s'est passé depuis n'est guère plus qu'une danse autour du gorille de 500 livres en liberté dans les couloirs de la démocratie. Le gouvernement poursuit agressivement les lanceurs d'alerte en vertu de la loi sur l'espionnage (Espionage Act) tout en choisissant de ne pas poursuivre les journalistes qui publient ce que les lanceurs d'alerte leur transmettent. Le cas d'Assange semble être une exception.
Assange a-t-il pratiqué le journalisme ? Il n'a rien écrit à côté des documents publiés sur Wikileaks, n'a pas fait de tri ou de mise en forme, et n'a caviardé que peu d'informations. Dans son cas, la publication a simplement consisté à télécharger ce qui lui avait été fourni. Il serait facile pour le gouvernement de monter un dossier contre Assange qui établirait un précédent selon lequel il n'a droit à aucune protection au titre du premier amendement - télécharger en cliquant n'est pas publier et Assange n'est pas un journaliste, pourrait-on dire. L'interprétation la plus simple de la loi sur l'espionnage (Espionage Act), selon laquelle Assange a volontairement transmis des informations relatives à la défense nationale sans autorisation, s'appliquerait alors. Coupable, comme la quasi-totalité des fuites et autres canaris de la mine de charbon de Washington.
Pourtant, à l'instar du Times, Wikileaks a contourné les contraintes du journalisme traditionnel pour apporter immédiatement au peuple la matière première de l'histoire. C'est la base d'un public informé, grâce à un ensemble d'outils jamais disponibles avant qu'Internet et Julian Assange ne les créent.
Le tribunal britannique doit très soigneusement peser les fausses promesses américaines de droits du premier amendement pour Assange, et se demander plutôt s'il ne s'agit pas d'une punition ciblée, d'une criminalisation du journalisme. Le président Joe Biden étudie déjà la demande du gouvernement australien d'abandonner les charges pesant sur Julian Assange. Le tribunal britannique devrait surseoir à l'extradition et enfin libérer Julian Assange pour n'avoir fait que ce que le New York Times et d'autres ont fait avant lui.
📰 https://www.theamericanconservative.com/will-the-first-amendment-save-assange/
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4- ♟ Congrès SNJ-CGT : Motion "Liberté pour Julian Assange !"
Par le Syndicat National des Journalistes CGT, le 8 juin 2024
Liberté pour Julian Assange !
Motion du congrès de Six-Fours-les-Plages
Le SNJ-CGT, réuni en congrès du 5 au 7 juin 2024, appelle à la libération immédiate et sans condition du journaliste australien Julian Assange, privé de liberté depuis 2019, enfermé sans jugement dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres.
Cette libération est d’autant plus urgente que la santé morale et physique du fondateur de Wikileaks est gravement mise en danger par cet enfermement illicite, survenant après sept ans passés reclus à l’ambassade d’Équateur à Londres.
Le 20 mai 2024, la justice britannique a accordé un ultime recours à Julian Assange contre son extradition réclamée par les Etats-Unis, où il encourt une peine de 175 ans de détention dans le cadre de l’Espionage Act. Le journaliste australien est accusé d’avoir révélé et permis de publier plusieurs milliers de documents classifiés relatifs aux crimes commis par les troupes américaines en Afghanistan et en Irak.
La France serait bien inspirée de suivre l’avis du Premier ministre australien Anthony Albanese, qui considère qu’il est temps de mettre un terme à cet acharnement judiciaire.
Considérant qu’au travers de cette affaire, Julian Assange est un prisonnier politique, le SNJ-CGT exhorte donc le président français Emmanuel Macron à accorder le droit d’asile à Julian Assange.
Il y va de la liberté de la presse et du droit des journalistes et des lanceurs d’alerte à informer les citoyens. Des droits que le pays de la Déclaration des droits de l’Homme ne peut ignorer, d’autant que la Constitution protège "tout étranger persécuté en raison de son action en faveur de la liberté".
📰 https://snjcgt.fr/2024/06/07/liberte-pour-julian-assange/
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5- ♟ Julian Assange : quand deux choses contradictoires sont toutes deux vraies
Par Nick Hossack, le 10 juin 2024, The Spectator
Voici ma contribution au défi lancé par Alexandra Marshall sur Julian Assange...
Depuis un an environ, j'ai beaucoup discuté avec des tiers de Julian Assange et de la question de savoir s'il devait être extradé du Royaume-Uni vers les États-Unis pour y être jugé par la justice américaine.
Certains soutiennent avec passion qu'il est journaliste et a fait ce que tout journaliste est censé faire, c'est-à-dire révéler des faits pour que les citoyens d'un pays aient une meilleure compréhension de ce qui s'y passe réellement.
Assange a publié des informations concernant les activités des États-Unis en Irak et en Afghanistan et ces informations peuvent être utilisées pour déterminer si les responsables américains ont agi conformément à leurs déclarations ou bien si des mensonges et des activités contraires à l'éthique ou criminelles ont été commis.
D'autres encore semblent quelque peu indifférents aux questions d'intérêt public plus larges et, au lieu de cela, sont étrangement fascinés par les caractéristiques personnelles d'Assange, par exemple, comment était-il en tant qu'invité à l'ambassade de l'Équateur au cours de ses sept années en tant que réfugié politique ?
Un article violent paru dans The Australian en avril affirmait que le comportement personnel d'Assange à l'ambassade était décrit comme dégoûtant. Citant des membres du personnel de l'ambassade, l'article indiquait que lorsque Assange voulait être désagréable, il étalait des excréments sur les murs et laissait des sous-vêtements avec des excréments dans les toilettes. Il fallait lui rappeler de tirer la chasse d'eau et de laver la vaisselle. Il a apparemment refusé de nettoyer les déjections de son chat.
Le troisième groupe de personnes qui s'intéressent de près à Assange sont les faucons de la sécurité nationale, qui considèrent que ses actions mettent en danger la vie de militaires, d'espions, d'informateurs et de diplomates. En tant que tel, il compromettait les intérêts nationaux américains au sens large et transmettait des informations utiles à des personnes méprisant les États-Unis et les valeurs occidentales.
Compte tenu de ces trois camps Assange, il n'est peut-être pas surprenant que le soutien des politiciens soit mitigé. Certes, le Parlement a adopté une résolution appelant à son retour en Australie, mais le Premier ministre ne s'est pas rallié au bien-fondé de sa demande d'extradition, du moins pas publiquement.
La ligne suivie jusqu'à présent est qu'il a passé suffisamment de temps dans une forme ou une autre d'incarcération, et que l'affaire devrait donc être résolue concrètement.
Une société saine a besoin de journalistes et surtout de francs-tireurs de la trempe d'Assange - ces personnes qui, pour quelque raison que ce soit, peut-être parfois simplement pour attirer l'attention, sont prêtes à enfreindre les lois lorsque celles-ci ont pour effet d'ébranler les lois naturelles qui sont celles que nous associons aux droits de l'homme fondamentaux.
On peut soutenir de manière convaincante que la personnalité étrange d'Assange est un bien précieux pour une société, puisque l'existence de personnes prêtes à agir contre des intérêts étatiques puissants crée des retombées positives (connues officiellement sous le nom d'"externalités positives") - parce qu'elles augmentent la probabilité d'exposer un mauvais comportement, ce qui peut alors réduire ce mauvais comportement.
Cependant, je pense que les agences gouvernementales chargées de protéger les intérêts nationaux, telles que la Central Intelligence Agency (CIA) aux États-Unis, jouent également un rôle essentiel dans la protection des personnes. Bien qu'elles aient échoué dans l'attentat du 11 septembre, il est probable que les agences d'espionnage américaines aient depuis lors sabordé des dizaines de tentatives similaires.
Il n'est ni juste ni soutenable qu'une personne comme Assange, agissant d'une manière qui menace la vie d'individus et de groupes, même sous le couvert du journalisme, puisse s'attendre à le faire sans conséquences tempérées.
Nous nous trouvons donc dans une situation étrange où les deux camps semblent avoir une valeur profonde : la volonté d'Assange de publier des documents confidentiels et, de l'autre côté, l'infrastructure de l'État mise en place pour empêcher de tels actes illégaux.
Une situation ironique similaire se produit souvent en ce qui concerne les syndicats en Australie.
La Cour fédérale a récemment condamné le syndicat à une amende de 60 000 dollars, dont 6 300 dollars pour un membre de la section du Queensland, pour avoir agi en "défiant délibérément et ouvertement" les exigences en matière de sécurité.
Cette dernière amende vient s'ajouter à celles infligées en 2019 à un fonctionnaire qui s'était vu refuser l'accès à un chantier parce qu'il n'était pas considéré comme une personne "apte et appropriée".
L'arrêt de la Cour fédérale a déclaré que le CFMEU considérait les amendes et les pénalités comme "un simple coût de ses activités industrielles".
En 2018, le juge Richard Tracey a déclaré que le "syndicat se considère simplement comme libre de désobéir à la loi".
Je pense personnellement que le mouvement syndical est un fléau pour la productivité et le niveau de vie en Australie, mais je reconnais que le rôle du CFMEU en tant que syndicat désireux et capable d'enfreindre les lois est un atout potentiel pour la société dans son ensemble.
Il y a quelques années, le Conseil australien des syndicats (ACTU) a mené une campagne autour de l'idée qu'il est acceptable d'enfreindre la loi - en particulier si cette loi est mauvaise.
Le soutien législatif à l'apartheid était-il une bonne loi en Afrique du Sud ? Qu'en est-il des lois de Mugabe permettant la confiscation des terres des fermiers blancs ?
L'une des principales préoccupations des pères fondateurs des États-Unis n'était-elle pas de veiller à ce que le gouvernement n'outrepasse pas ses compétences et ne piétine pas les droits naturels des citoyens ?
Qu'en est-il de la charia et de son approche brutale de l'homosexualité et des femmes ? Sommes-nous à l'aise avec cela, simplement parce que ces lois peuvent être soutenues par une majorité de citoyens dans certains pays ?
Je vis à Millers Point, à Sydney, et je suis extrêmement reconnaissant au communiste et syndicaliste Jack Mundey, aujourd'hui décédé, pour les lois qu'il a enfreintes en empêchant la démolition de bâtiments historiques autour des Rocks.
Assange et le CFMEU feront des choses qui peuvent être très mauvaises pour les pays et les économies, mais nous devrions également être reconnaissants de leur existence, car nous bénéficions tous des retombées positives de la présence de personnes et d'organisations qui ont la mentalité et les moyens de défier des gouvernements trop autoritaires. Et pourtant, nous devrions également apprécier à sa juste valeur l'infrastructure répressive mise en place pour les arrêter et les obliger à rendre des comptes.
Il n'est pas nécessaire de prendre un parti définitif sur Assange. La vénération et la répulsion sont toutes deux vraies. Deux choses contradictoires peuvent parfois être vraies en même temps.
Nick Hossack est consultant en politiques publiques. Il est l'ancien directeur politique de l'Association des banquiers australiens et l'ancien conseiller du Premier ministre John Howard.
📰 https://www.spectator.com.au/2024/06/julian-assange-when-two-contradictory-things-are-both-true/
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6- ♟ La destruction de Julian Assange
Les autorités américaines savent que la récente victoire judiciaire d'Assange est une victoire à la Pyrrhus. Il reste incarcéré dans des conditions particulièrement brutales dans une prison de haute sécurité en Angleterre - et continuera à l'être - jusqu'à ce que son appel soit définitivement tranché. Quelle différence cela fait-il pour les autorités américaines qu'Assange soit emprisonné dans les pires conditions en Angleterre ou aux États-Unis ?
Par Jacob G. Hornberger, le 10 juin 2024, The Future of Freedom Foundation
Le mois dernier, un tribunal britannique a autorisé Julian Assange à continuer de s'opposer aux tentatives du gouvernement américain de l'extrader vers les États-Unis pour y être jugé pour violation de la loi sur l'espionnage de la Première Guerre mondiale. En réalité, les autorités américaines s'en prennent à Julian Assange pour avoir eu l'audace, en tant que rédacteur en chef de WikiLeaks, de révéler des crimes de guerre et d'autres activités obscures de l'État américain chargé de la sécurité nationale.
Les autorités américaines savent que la récente victoire judiciaire d'Assange est une victoire à la Pyrrhus. Car celui-ci reste incarcéré dans des conditions particulièrement brutales dans une prison de haute sécurité en Angleterre - et continuera à l'être - jusqu'à ce que son appel soit définitivement tranché. Quelle différence cela fait-il pour les autorités américaines qu'Assange soit emprisonné dans les pires conditions en Angleterre ou aux États-Unis ? Le fait est que, dans tous les cas, il est détenu dans des conditions extrêmes.
En fait, il est de plus en plus probable qu'Assange meure dans une prison britannique avant que la procédure d'extradition ne soit définitivement réglée. Les responsables américains s'en réjouiraient sans aucun doute, ainsi soulagés de ne pas avoir à juger une personne ayant révélé des crimes de guerre et d'autres activités obscures de l'État américain chargé de la sécurité nationale.
Il faut garder à l'esprit que les poursuites contre Assange ne se limitent pas à lui infliger un préjudice. Les responsables américains savent qu'ils doivent envoyer un message à tous les autres :
"Le secret autour de nos crimes de guerre et nos activités du côté obscur est sacro-saint. Ne pensez jamais à faire ce qu'Assange a fait. Si vous le faites, nous vous réserverons le même sort. Nous vous achèverons. Même si vous êtes finalement acquitté, vous serez un individu totalement détruit à la fin de la procédure".
Ainsi, les autorités américaines se moquent éperdument de la dernière "victoire" judiciaire d'Assange. Ils savent que les autorités britanniques le laisseront pourrir dans leur système carcéral jusqu'à ce que ses appels soient finalement résolus, si tant est qu'ils le soient. Idéalement, du point de vue des autorités américaines, Assange mourra au cours de ses éternels appels, auquel cas la destruction de sa vie et sa mort subséquente en prison auront atteint leur but en envoyant le message suivant à tous les autres :
"Ne vous frottez jamais à nous ou nous vous ferons ce que nous avons fait à Assange".
Jacob G. Hornberger est le fondateur et le président de la fondation The Future of Freedom. Il est né et a grandi à Laredo, au Texas, et a obtenu une licence en économie à l'Institut militaire de Virginie et un diplôme de droit à l'Université du Texas. Il a été avocat pendant douze ans au Texas. Il a également été professeur adjoint à l'université de Dallas, où il a enseigné le droit et l'économie. En 1987, M. Hornberger a quitté la pratique du droit pour devenir directeur des programmes de la Fondation pour l'éducation économique. Il a défendu la liberté et les marchés libres sur des stations de radio à travers le pays, ainsi que sur les émissions de Neil Cavuto et Greta van Susteren de Fox News, et il est apparu comme commentateur régulier dans l'émission Freedom Watch du juge Andrew Napolitano. Ces interviews sont disponibles sur LewRockwell.com et Full Context . Envoyez-lui un courriel
📰 https://www.fff.org/2024/06/10/the-destruction-of-julian-assange/
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7- ♟ Projection de The Trust Fall : Julian Assange aux États-Unis avant l'élection présidentielle
Le documentaire partira ensuite pour le Canada puis l'Europe
![](https://substackcdn.com/image/fetch/w_1456,c_limit,f_auto,q_auto:good,fl_progressive:steep/https%3A%2F%2Fsubstack-post-media.s3.amazonaws.com%2Fpublic%2Fimages%2Fe6a184ef-1953-454e-9ef8-9fadcf896188_640x426.jpeg)
Par Mia Armitage, le 10 juin 2024, Echo
Projection du documentaire sur Assange à Byron
L'appel à l'extradition de Julian Assange des États-Unis est un événement majeur dans l'histoire de la démocratie mondiale, mais il est en prison depuis si longtemps que certains n'ont sans doute pas compris.
Cette semaine, la projection à Byron Bay du documentaire de Kym Staton, THE TRUST FALL : JULIAN ASSANGE, est l'occasion de rattraper le temps perdu.
Lorsque Mr Assange a trouvé asile dans l'ambassade équatorienne de Londres en 2012, des maisons et des appartements entiers pouvaient être loués dans le comté de Byron pour moins de 500 dollars par semaine.
Beaucoup de choses ont changé au cours des douze dernières années, tant dans les Northern Rivers qu'à l'étranger, mais le journaliste australien et fondateur de WikiLeaks a dû apprendre des événements tels que le Brexit, la pandémie, l'assaut russe contre l'Ukraine et le référendum australien depuis son lieu d'enfermement.
Ce col blanc primé a passé plus de temps en détention, qualifiée de torture par le rapporteur des Nations unies Nils Melzer, que de nombreux auteurs de violences domestiques et de maltraitance d'enfants.
Des victimes présumées de crimes de guerre américains s'expriment
Nombreux sont ceux qui, dans le monde entier, s'intéressent au journalisme franc et sans peur et à une démocratie au service de son peuple, attendent l'appel de Mr Assange avec anxiété et espoir, tout en reconnaissant que d'autres forces géopolitiques sont en jeu, telles que les prochaines élections américaines et le rôle de l'Australie au sein de l'alliance Five Eyes.
Entre-temps, quiconque a oublié l'origine de l'affaire américaine contre Mr Assange peut être pardonné, car les détails de la saga en cours éclipsent souvent les faits cruciaux au cœur de l'affaire.
WikiLeaks, ainsi que plusieurs autres agences de presse internationales réputées, dont le New York Times, le Guardian et le Spiegel, ont partagé des preuves alléguant des crimes de guerre commis par les États-Unis en Irak.
Des séquences vidéo prises à partir d'un hélicoptère de l'armée américaine ont montré qu'il avait été utilisé pour tirer sur des civils, notamment des enfants et deux employés de l'agence de presse Reuters, ces derniers ayant succombé aux tirs.
Dans THE TRUST FALL : JULIAN ASSANGE, les survivants de l'agression font part de leur expérience par le biais d'interviews contemporaines, dont celle, bouleversante, d'un enfant blessé lors de l'attaque.
Le documentaire sur Assange sera projeté aux États-Unis avant l'élection présidentielle
Présenté pour la première fois à Melbourne en juillet 2023 avant d'être projeté au Festival international du film de Byron Bay plus tard dans l'année, le film a depuis été projeté dans plus de 350 cinémas en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni.
Kym Staton indique que plus de 40 000 spectateurs ont assisté aux projections, en faisant "probablement le documentaire le plus regardé dans les cinémas cette année dans le monde", rapporté au nombre d'habitants.
Il précise qu'il s'agit du documentaire ayant généré le plus de recettes en Australie depuis le début de l'année, et qu'il occupe la cinquième place au niveau international, malgré un nombre limité de projections à l'étranger.
La sortie du film est prévue aux États-Unis le 17 juillet 2024, puis se poursuivra au Canada et en Europe.
Les projections aux États-Unis sont particulièrement intéressantes, étant donné que les administrateurs de la justice américaine ont le pouvoir d'abandonner les poursuites contre Mr Assange.
"J'ai vraiment hâte de provoquer des remous là-bas, que le film fasse pression sur les gouvernements, en particulier sur le gouvernement américain", explique Mr Staton, "car ce sont eux qui poursuivent Julian, en essayant de l'extrader dans leur pays en vertu d'une loi désuète, l'Espionage Act, datant de 1917".
Quelques Américains ont assisté à la projection du film et sont venus nous parler par la suite, explique le cinéaste, et ils ont généralement exprimé leur embarras.
"Ils ont vraiment honte de ce que leur gouvernement a infligé à Julian".
Mr Staton fait partie des quatre habitants de Northern Rivers qui ont récemment pu rencontrer la députée travailliste de Richmond, Justine Elliot, à l'occasion de la campagne "Meet your MP" (Rencontrez votre député).
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Roy Drew, militant de Northern Rivers pour Julian Assange, était également présent à la réunion et a déclaré plus tard à une foule de Mullumbimby réunie pour écouter John Shipton, le père de Mr Assange, que Mme Elliot semblait intéressée et avait réitéré la déclaration du Premier ministre Anthony Albanese selon laquelle cette affaire devait être close.
Le film THE TRUST FALL : JULIAN ASSANGE sera projeté au Palace cinemas de Byron Bay le mercredi 12 juin.
Kym Staton présentera le film à 18h30 et sera disponible pour des discussions informelles après la projection. Il collectera également des fonds en proposant ses poèmes à la vente.
📰 https://www.echo.net.au/2024/06/julian-assange-docomentary-byron/
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8- ♟ Julian Assange est assassiné dans le cadre d'une fausse affaire dépourvue de tout fondement juridique
Par Paul Craig Roberts, le 11 juin 2024, blog de l'auteur
Dans les années 1970, Daniel Ellsberg, fonctionnaire du Pentagone, a divulgué les Pentagon Papers. Le New York Times les a publiés. Ces documents ont contribué à mettre fin à la guerre en révélant aux Américains à quel point Washington les avait trompés. Le gouvernement américain a tenté de poursuivre Ellsberg et le New York Times, mais le président du tribunal a prononcé l'annulation du procès en invoquant une faute gouvernementale d'une gravité telle qu'elle "offensait le sens de la justice".
Quatre décennies plus tard, des documents ont été divulgués par Manning à Assange, fondateur de Wikileaks, qui les a mis à la disposition du New York Times et du Guardian, qui en ont tous deux publié certains, et les informations divulguées ont été publiées par Wikileaks. Assange n'était pas l'auteur de la fuite, mais jouait le rôle du New York Times dans les années 1970. Les documents ont exposé les crimes de guerre perpétrés par les États-Unis ainsi que les tromperies pratiquées par Washington à l'égard de ses alliés.
Au cours des années qui se sont écoulées entre Ellsberg et Assange, le "sens de la justice", a disparu des gouvernements et des tribunaux américains et britanniques. Les médias de ces deux pays, dont les droits à la liberté d'expression sont anéantis par la persécution d'Assange, ont en fait prêté main forte aux deux gouvernements corrompus pour monter un dossier public à l'encontre d'Assange. Par conséquent, la Constitution américaine écrite et la Constitution britannique non écrite ont été sapées en tant que protections contre les actions arbitraires et vengeresses des gouvernements. Assange est incarcéré sous une forme ou une autre depuis plus de dix ans, en violation totale de l'habeas corpus. Les Britanniques s'amusent à maintenir Assange à l'isolement dans une prison de haute sécurité, où il n'a certainement pas sa place, alors que les appels se succèdent. Ce sinistre jeu permet d'emprisonner Assange sans l'inculper ni le condamner.
Le problème plus général est que la persécution d'Assange aboutit à la criminalisation de la vérité lorsqu'elle est rapportée sur les méfaits du gouvernement. L'incapacité de demander des comptes au gouvernement ne semble déranger personne dans les médias ou le gouvernement et très peu parmi la population, dont la plupart se sont déchaînés contre "le traître Assange". La même anarchie et les mêmes émotions aveugles caractérisent la persécution de Donald Trump par les démocrates.
Une fois de plus, nous constatons l'incapacité des Américains à reconnaître les menaces qui pèsent sur eux. Cette incapacité est incompatible avec le fait d'être un peuple libre. Lisez l'article de Jacob G. Hornberger La destruction de Julian Assange (ndr : article traduit un peu plus haut).
Paul Craig Roberts, ancien secrétaire adjoint au Trésor américain et ancien rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal, rapporte depuis deux décennies des cas choquants d'abus en matière de poursuites. Une nouvelle édition de son livre, The Tyranny of Good Intentions , co-écrit avec Lawrence Stratton, un récit documenté de la façon dont les Américains ont perdu la protection de la loi, a été publiée par Random House. Visitez son site Internet.
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9- ♟ La puissance morale de Daniel Ellsberg reste bien vivace
Introduction de Tom Dispatch
Il est étrange de se dire que, sans Daniel Ellsberg, le Watergate n'aurait peut-être jamais eu lieu, Richard Nixon serait peut-être resté président et la guerre du Viêt Nam aurait peut-être pris encore plus de temps à se terminer. Tant de décennies plus tard, il est facile d'oublier qu'en juin 1971, lorsque Ellsberg a publié les documents secrets du gouvernement, connus sous le nom de Pentagon Papers, et que leurs révélations choquantes sur cette guerre lointaine ont fait la une du New York Times, Nixon et son équipe étaient déterminés à agir contre lui - et vite. Peu importe qu'il soit "inculpé de 12 chefs d'accusation, dont le vol et la violation de la loi sur l'espionnage", et qu'il risque jusqu'à 115 ans de prison. Cela ne leur suffisait pas. Nixon voulait le "voir jugé dans la presse" et s'est tourné vers le directeur du FBI, J. Edgar Hoover, pour enquêter sur lui.
Or, Hoover était un ami de Louis Marx, père de la femme d'Ellsberg et dirigeant d'une grande entreprise de jouets qui fabriquait, entre autres, de nombreux soldats de plomb. (Marx offrait régulièrement à Hoover des jouets qu'il pouvait remettre à ses employés pour leurs enfants à Noël). Ainsi, lorsque le chef du FBI s'est montré beaucoup trop lent à l'égard d'Ellsberg, Nixon et son chef de cabinet, H.R. Haldeman, inquiets des révélations des Pentagon Papers (même si elles ne portaient pas sur le rôle cauchemardesque de Nixon dans les guerres en cours au Viêt Nam, au Laos et au Cambodge), ont décidé de créer une unité d'enquête spéciale de la Maison Blanche, connue sous le nom informel de The plumbers (les plombiers).
Sa première mission sera de s'introduire dans le bureau du psychiatre d'Ellsberg à la recherche d'informations préjudiciables le concernant (Pas de chance, en fin de compte, lorsque le juge du procès d'Ellsberg découvrira cette effraction, il prononcera un non-lieu).
Neuf mois plus tard, la dernière mission de cette unité n'aurait, bien sûr, rien à voir avec Ellsberg. Il s'agirait de l'infâme effraction du siège du Comité national démocrate dans - oui ! - le Watergate Office Building à Washington, D.C. Le résultat est une histoire qui aurait été inconcevable sans - et oui ! - Daniel Ellsberg.
Comme le souligne Norman Solomon, habitué de TomDispatch, auteur de War Made Invisible : How America Hides the Human Toll of Its Military Machine, explique clairement aujourd'hui qu'Ellsberg a mené une vie bien remplie avant de s'éteindre en juin 2023. Qu'il repose en paix. (Si seulement le reste de la planète le pouvait !)
Par Norman Solomon, le 9 juin 2024, Tom Dispatch
L'absence - et la présence - de Daniel Ellsberg
Un an après sa mort, Dan est toujours parmi nous
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Par une chaude soirée, voici presque dix ans, j'étais assis sous un ciel étoilé avec Daniel Ellsberg, alors qu'il évoquait la guerre nucléaire avec une intensité alarmante. Il était presque arrivé au terme de la rédaction de son dernier et plus important livre, The Doomsday Machine : Confessions of a Nuclear War Planner (La machine de l'apocalypse : confessions d'un planificateur de guerre nucléaire). D'une manière ou d'une autre, il avait mis de côté le déni sur lequel tant de gens s'appuient pour faire face à un monde qui pourrait soudainement prendre fin dans une horreur inimaginable. En l'écoutant, je me sentais de plus en plus terrifié. Dan savait de quoi il parlait.
Après avoir travaillé au sein de la machinerie apocalyptique de ce pays, et même rédigé des plans de guerre nucléaire pour le Pentagone sous l'administration du président John F. Kennedy, Dan Ellsberg avait acquis des perspectives complexes sur ce qui graissait les rouages bureaucratiques, les ambitions personnelles et les messages politiques de l'État de guerre. Les tromperies sur l'organisation de la violence ultime d'un omnicide thermonucléaire allaient de pair avec les mensonges habituels sur la conduite de la guerre menée par les États-Unis. Il était assez facile de s'en tirer en mentant, m'a-t-il dit :
"À quel point est-il difficile de tromper le public ? En tant qu'ancien initié, je dirais que l'on se rend compte qu'il est facile de les tromper. Tout d'abord, vous leur dites souvent ce qu'ils aimeraient croire - que nous sommes meilleurs que les autres, que nous sommes supérieurs dans notre moralité et notre perception du monde".
Dan était entré dans l'histoire en 1971 en révélant les documents top-secrets du Pentagone, exposant la litanie constante des mensonges officiels qui accompagnaient l'escalade de la guerre du Viêt Nam par les États-Unis. En réponse, le gouvernement a utilisé le tromblon de la loi sur l'espionnage, datant de la Première Guerre mondiale, pour le poursuivre en justice. À l'âge de 41 ans, il risquait une peine d'emprisonnement de plus de 100 ans. Mais son procès s'est brusquement terminé par un non-lieu lorsque l'ingérence illégale de l'administration Nixon dans l'affaire a été révélée au milieu de l'année 1972. Cinq décennies plus tard, il réfléchit :
"Avec le recul, les chances que je me sorte de 12 chefs d'accusation de Richard Nixon étaient proches de zéro. C'était un miracle".
Ce miracle a permis à Dan de continuer à parler, écrire, faire des recherches et protester jusqu'à la fin de sa vie. (Au cours de ces cinq décennies, il a été arrêté en moyenne près de deux fois par an pour désobéissance civile). Il a travaillé sans relâche pour prévenir et s'opposer à une succession de nouvelles guerres américaines. Et il a toujours apporté un soutien public éloquent ainsi qu'une solidarité personnelle chaleureuse aux lanceurs d'alerte héroïques - Thomas Drake, Katharine Gun, Daniel Hale, Matthew Hoh, Chelsea Manning, Edward Snowden, Jeffrey Sterling, Mordechai Vanunu, Ann Wright et d'autres - ayant énormement sacrifié pour remettre en cause les schémas meurtriers de la tromperie officielle.
Liberté d'expression non autorisée
Dan s'est souvent prononcé en faveur de la libération de Julian Assange, éditeur de WikiLeaks, dont le travail a révélé des documents secrets américains dévastateurs sur les guerres menées par les États-Unis en Afghanistan et en Irak. À la fin d'une visite en juin 2015, lorsqu'ils se sont dit au revoir à l'intérieur de l'ambassade de l'Équateur à Londres, j'ai vu que les deux hommes étaient au bord des larmes. À ce moment-là, Assange était en asile depuis trois ans dans cette ambassade, sans qu'aucune fin ne soit en vue.
Secrètement inculpé aux États-Unis, Assange est resté dans l'ambassade équatorienne pendant encore près de sept ans, jusqu'à ce que la police londonienne le traîne en prison. Quelques heures plus tard, lors d'une interview à la radio, Dan déclarait :
"Julian Assange est le premier journaliste à être inculpé. S'il est extradé aux États-Unis et condamné, il ne sera pas le dernier. Le premier amendement est un pilier de notre démocratie et il s'agit d'une attaque contre lui. Si la liberté d'expression est violée à ce point, notre république est en danger. Les divulgations non autorisées sont l'élément vital de la république".
Les divulgations non autorisées sont l'essence même de ce que WikiLeaks a publié et de ce que Dan a fourni avec les Pentagon Papers. De même, d'innombrables révélations sur les crimes de guerre du gouvernement américain ont été rendues possibles grâce au courage de Chelsea Manning, et d'abondantes informations en première page sur les violations systématiques du quatrième amendement par le gouvernement ont résulté de la bravoure d'Edward Snowden. Tout en publiant volontiers certaines de leurs révélations, les grands journaux américains ont largement refusé de défendre leurs droits.
Cette dynamique n'était que trop familière à Dan. Il m'a dit que l'attitude du New York Times à son égard, qui a remporté un prix Pulitzer pour son énorme scoop sur les Pentagon Papers, s'apparentait à la vision qu'a un procureur d'un "mouchard" - utile mais déplaisant.
Récemment, Dan a détesté le paradigme médiatique suffisant de "Ellsberg le bon, Snowden le mauvais". Il s'est donc opposé au thème tel que présenté par Malcolm Gladwell, chroniqueur au New Yorker, qui a signé un long article dans ce sens à la fin de l'année 2016. Dan a rapidement répondu par une lettre à la rédaction, jamais publiée.
Le New Yorker aurait certainement pu trouver de la place pour faire paraître la lettre de Dan, qui disait :
"Je ne pourrais pas être plus en désaccord avec le récit global de Gladwell".
La lettre comptait un peu moins de 300 mots, alors que l'article de Gladwell en avait publié plus de 5 000. Tout en promouvant le trope "Ellsberg le bon, Snowden le mauvais", le New Yorker n'a pas fait savoir aux lecteurs qu'Ellsberg lui-même l'avait complètement rejeté :
"Chacun d'entre nous, ayant obtenu un accès privilégié à des informations secrètes, a vu des politiques inconstitutionnelles et dangereusement erronées menées par notre gouvernement. (Dans le cas de Snowden, il a découvert des violations criminelles flagrantes de notre droit à la vie privée garanti par le quatrième amendement, à une échelle qui menace notre démocratie). Nous avons découvert que nos supérieurs, jusqu'aux présidents, étaient profondément complices et ne voulaient manifestement pas dénoncer, réformer ou mettre fin aux actes répréhensibles.
Chacun d'entre nous a choisi de sacrifier sa carrière, voire la liberté de toute une vie, pour révéler au public, au Congrès et aux tribunaux ce qui se passait depuis longtemps en secret. Nous espérions, chacun avec un certain succès, permettre à notre système démocratique d'apporter les changements dont nous avons désespérément besoin.
La vérité, c'est qu'il n'y a aucun lanceur d'alerte, en fait personne sur terre, avec qui je m'identifie plus étroitement qu'avec Edward Snowden.
Il y a une différence entre nous qui est profondément réelle pour moi : Edward Snowden, à l'âge de 30 ans, a fait ce que j'aurais pu et dû faire - ce que j'aurais profondément souhaité faire - quand j'avais son âge, au lieu de le faire 10 ans plus tard".
Tout en encourageant la divulgation, Dan a souvent regretté de ne pas s'être engagé plus tôt dans cette voie. Au cours de l'été 2014, un panneau d'affichage a été placé aux arrêts de bus à Washington, D.C., citant Dan - avec de grandes lettres en haut disant
"NE FAITES PAS COMME MOI. N'ATTENDEZ PAS", suivi de "jusqu'à ce qu'une nouvelle guerre ait commencé, n'attendez pas que des milliers de personnes meurent, avant de dire la vérité avec des documents exposant des mensonges, des crimes ou des projections internes sur les coûts et les dangers. Vous pourriez sauver des milliers de vies pendant une guerre".
Deux lanceurs d'alerte qui ont été diplomates américains, Matthew Hoh et Ann Wright, ont dévoilé le panneau d'affichage à un arrêt de bus près du département d'État.
Une situation grotesque de danger existentiel
Par-dessus tout, Daniel Ellsberg était préoccupé par la nécessité de s'opposer aux politiques susceptibles de conduire à une guerre nucléaire.
"Aucune politique dans l'histoire de l'humanité n'a autant mérité d'être reconnue comme immorale. Ou insensée. L'histoire de la genèse de cette situation calamiteuse et de sa persistance depuis plus d'un demi-siècle est une chronique de la folie humaine", écrit-il dans The Doomsday Machine (La machine de l'apocalypse).
Il est tout à fait approprié que les événements prévus dans le cadre de la semaine Daniel Ellsberg (qui se terminera le 16 juin, date du premier anniversaire de la mort de Dan) comprennent au moins une manifestation dans une installation de Northrop Grumman. Cette société a signé un contrat de 13,3 milliards de dollars pour développer une nouvelle version d'un missile balistique intercontinental (ICBM) qui, comme Dan l'a souvent souligné, est la plus dangereuse de toutes les armes nucléaires. Il était impatient de sensibiliser le Congrès aux données scientifiques relatives à "l'hiver nucléaire" et à la nécessité d'arrêter les ICBM pour réduire les risques de guerre nucléaire.
Il y a cinq ans, plusieurs membres de l'Institute for Public Accuracy ont remis en mains propres des exemplaires de The Doomsday Machine, accompagnés d'une lettre personnalisée de Dan à chaque membre de la Chambre des représentants et du Sénat, aux 535 bureaux du Congrès sur la colline du Capitole.
"Je suis préoccupé par le fait que le public, la plupart des membres du Congrès et peut-être même des membres importants du pouvoir exécutif sont restés dans l'ignorance, ou dans un état de déni, concernant les implications d'études rigoureuses menées par des scientifiques de l'environnement au cours des douze dernières années", a écrit Dan en tête de sa lettre de deux pages.
Ces études "confirment que l'utilisation d'une fraction, même importante, des armes nucléaires américaines ou russes en état d'alerte provoquerait un hiver nucléaire, entraînant une famine mondiale et la quasi-extinction de l'humanité".
La lettre de Dan souligne l'urgence d'une "mesure immédiate" en particulier : "éliminer entièrement notre force redondante, vulnérable et déstabilisante de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) basés à terre". Contrairement aux armes nucléaires lancées par voie aérienne ou maritime, qui ne sont pas vulnérables aux attaques, les ICBM sont vulnérables aux frappes préventives et sont donc "prêts à être lancés" sur la base de "signaux d'alerte de dix minutes qui peuvent être - et ont été, des deux côtés - de fausses alertes, qui poussent les dirigeants à “les utiliser ou à les perdre”".
Comme l'a souligné Dan,
"le Congrès a le pouvoir de découpler la gâchette de notre système en défaisant et en démantelant les missiles Minuteman terrestres actuels et en rejetant le financement de leurs remplaçants proposés. Il en va de même pour les armes à faible rendement destinées à être utilisées en premier lieu contre la Russie, sur des sous-marins ou en Europe, qui sont des détonateurs pour l'escalade vers l'hiver nucléaire".
En substance, Dan disait aux membres du Congrès de faire leur travail, alors que le sort de la Terre et de ses habitants est en jeu :
"Cette situation grotesque de danger existentiel a évolué en secret, en l'absence quasi totale de contrôle, d'enquêtes ou d'auditions de la part du Congrès.
Il est temps que le Congrès remédie à cette situation en préparant des audiences inédites sur la doctrine et les "options" nucléaires actuelles et en exigeant des études scientifiques objectives et faisant autorité sur l'ensemble de leurs conséquences, y compris le feu, la fumée, l'hiver nucléaire et la famine. Des études classifiées sur l'hiver nucléaire utilisant les détails réels des plans d'attaque existants, qui n'ont encore jamais été réalisées par le Pentagone mais qui impliquent nécessairement sa coopération directe, pourraient être effectuées par l'Académie nationale des sciences, à la demande et avec le soutien financier du Congrès."
Mais la lettre de Dan n'était pas du tout en phase avec le Congrès. Peu de personnes en poste à l'époque - ou aujourd'hui - ont reconnu publiquement qu'une telle "situation grotesque de danger existentiel" était bien réelle. Et moins nombreux encore ont été ceux à vouloir rompre avec l'état d'esprit de la guerre froide qui continue d'alimenter la course à l'anéantissement mondial. En matière de politique étrangère et d'armes nucléaires, le Congressional Record est principalement un recueil d'arrogance et d'illusions, ce qui contraste fortement avec le trésor de connaissances profondes de Dan conservé sur Ellsberg.net.
Humanisme et réalisme à retenir
Bien qu'il ait été clair sur le fléau du militarisme embrassé par les dirigeants des deux grands partis, Dan a insisté sur le fait qu'il ne fallait pas mettre les deux partis sur un pied d'égalité au moment des élections. Il comprenait que les efforts tels que les campagnes présidentielles des Verts sont, au mieux, malavisés. Mais, comme il l'a dit sèchement, il était favorable aux tiers partis - à droite ("plus il y en a, mieux c'est"). Il savait ce que certains progressistes autoproclamés n'ont pas réussi à reconnaître comme la réalité habituelle du système électoral américain : les tiers partis de droite aident la gauche, et les tiers partis de gauche aident la droite.
Plusieurs semaines avant les élections de 2020, Dan s'est adressé aux électeurs du Michigan, un État en pleine mutation, par le biais d'un article qu'il a écrit pour le Detroit Metro Times. Sous un titre tout aussi pertinent aujourd'hui - Trump est un ennemi de la Constitution et doit être vaincu - l'article disait qu'"il est maintenant d'une importance transcendante de l'empêcher d'obtenir un second mandat". Dan a averti que "nous sommes confrontés à une menace autoritaire contre notre système démocratique d'un type que nous n'avons jamais vu auparavant", ce qui rend crucial le vote pour Joe Biden dans les États clés.
Le mélange d'humanisme profond et de réalisme de Dan est en harmonie avec son aversion pour la contorsion de la logique en fonction d'une idéologie rigide. Aussi mauvaises que soient les réalités actuelles, il n'est manifestement pas vrai que les choses ne peuvent pas empirer. Il n'avait pas l'intention d'ignorer les dangers bien réels de la guerre nucléaire ou du fascisme.
Au cours des derniers mois de sa vie, après avoir révélé un diagnostic de cancer du pancréas inopérable, Dan a touché des millions de personnes grâce à un programme intensif d'interviews. Les journalistes étaient surtout désireux de l'interroger sur les événements liés aux Pentagon Papers. Bien qu'il ait dit beaucoup de choses importantes en réponse à ces questions, Dan voulait surtout parler de la course effrénée aux armements nucléaires et de l'inquiétante frénésie d'antagonisme des États-Unis à l'égard de la Russie et de la Chine, dépourvue de tout sens de la diplomatie authentique.
S'il ne peut plus parler au monde des derniers développements, Dan Ellsberg continuera à s'adresser directement aux cœurs et aux esprits au sujet des maux extrêmes de notre époque - et de la possibilité de les surmonter par l'amour en action.
Un documentaire en accès libre, A Common Insanity : A Conversation with Daniel Ellsberg About Nuclear Weapons, se termine par ces mots de Dan, qui nous regarde droit dans les yeux :
"L'humanité peut-elle survivre à l'ère nucléaire ? Nous n'en savons rien. Je choisis d'agir comme si nous avions une chance".
Norman Solomon est cofondateur de RootsAction.org et directeur exécutif de l'Institute for Public Accuracy. Ses ouvrages comprennent War Made Easy, Made Love, Got War et, plus récemment, War Made Invisible : How America Hides the Human Toll of Its Military Machine (The New Press). Il vit dans la région de San Francisco.
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📰 https://tomdispatch.com/the-absence-and-presence-of-daniel-ellsberg/
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10- 🎥 L'affaire Assange vue par Rony Brauman : "Un prisonnier d’opinion, un prisonnier politique, torturé"
Entretien avec Rony Brauman, médecin humanitaire et ex-président de Médecins sans frontières (MSF), mené par Nadia Genet du Comité de soutien Assange le 17 avril 2024.
Vidéo de 20’ (sous titres disponibles pour les non francophones)
Rony Brauman parle notamment de l'apport de WikiLeaks au journalisme, de la lâcheté des médias face à la persécution d’Assange, ciblé par "une vengeance d’État bipartisane", des conséquences médicales de l'enfermement et de la torture ; il dresse aussi un parallèle entre le traitement médiatique de Julian Assange et celui réservé aux Palestiniens et à Gaza. Pour lui, le journaliste australien est "un prisonnier d’opinion, un prisonnier politique, torturé". Il parle d'une nouvelle affaire Dreyfus et évoque le courage de Stella Assange.
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11- ♟ Espionage Act : L'inculpation de Trump pourrait-elle entraîner des modifications de la loi de 1917 utilisée pour emprisonner les lanceurs d'alerte ?
Entretien d'Amy Goodman avec Chip Gibbons, le 14 juin 2023, Democracy Now
La majorité des accusations portées contre l'ancien président Donald Trump pour mauvaise manipulation de documents classifiés découlent de l'Espionage Act, loi datant de la Première Guerre mondiale qui a souvent été utilisée pour faire taire les dissidents et pour s'en prendre aux lanceurs d'alerte. Nous nous entretenons avec Chip Gibbons, de Defending Rights & Dissent, qui appelle à une réforme de la loi sur l'espionnage. Indépendamment de la conduite de Trump, la loi sur l'espionnage est "fondamentalement inconstitutionnelle" et ne devrait pas être utilisée telle qu'elle est actuellement rédigée, déclare Gibbons, qui souligne que Trump lui-même a utilisé cette loi pour s'en prendre à des lanceurs d'alerte lorsqu'il était au pouvoir.
Transcription
🎙 Amy Goodman : Ici Democracy Now !, democracynow.org, The War and Peace Report (Le rapport sur la guerre et la paix). Je suis Amy Goodman, accompagnée de Juan González.
Nous continuons à suivre la mise en accusation de Donald Trump, qui a plaidé non coupable mardi de 37 chefs d'accusation fédéraux, dont 31 chefs d'accusation de violation de la loi sur l'espionnage (Espionage Act). Trump devient ainsi la figure la plus en vue de l'histoire de l'inculpation en vertu de la loi de 1917.
Alors que Trump a été libéré sans avoir à payer de caution, de nombreuses autres personnes inculpées en vertu de la loi sur l'espionnage ont été traitées de manière très différente sous le président Trump. Ainsi, en 2017, la sous-traitante des services de renseignement américains Reality Winner a été arrêtée pour avoir divulgué un seul document sur l'ingérence de la Russie dans les élections américaines de 2016. Détenue sans possibilité de libération sous caution, elle a fini par passer cinq ans en prison. En 2019, l'ancien analyste du renseignement américain Daniel Hale a connu le même sort, arrêté et détenu sans possibilité de libération sous caution pour avoir divulgué des documents sur le programme secret des drones américains. En 2021, il a été condamné à plus de trois ans de prison. Il est toujours sous les verrous.
Mardi soir, Donald Trump s'est prononcé contre les accusations portées en vertu de la loi sur l'espionnage.
Donald Trump : La loi sur l'espionnage a été utilisée pour poursuivre les traîtres et les espions. Cela n'a rien à voir avec le fait qu'un ancien président conserve légalement ses propres documents. En tant que président, la loi qui s'applique à cette affaire n'est pas la loi sur l'espionnage, mais, très simplement, la loi sur les documents présidentiels, qui n'est même pas mentionnée dans cet acte d'accusation ridicule de 44 pages. En vertu de la loi sur les archives présidentielles (Presidential Records Act), qui relève du droit civil et non du droit pénal, j'étais tout à fait en droit d'obtenir ces documents.
Nous sommes rejoints par Chip Gibbons, directeur politique de Defending Rights & Dissent, où il a conseillé plusieurs bureaux du Congrès sur la réforme de la loi sur l'espionnage (Espionage Act).
Donald Trump a plaidé non coupable de 37 chefs d'accusation, dont 31 liés à la loi sur l'espionnage. Pouvez-vous nous parler de l'importance de cette affaire et de celle du fait qu'il se soit retiré du tribunal, et la comparer à d'autres affaires auxquelles vous avez participé ?
Chip Gibbons :
Eh bien, c'est très important, parce que nous avons ici un homme dont l'administration, lorsqu'il était président, a dirigé cinq poursuites différentes au titre de la loi sur l'espionnage. Dans le clip que vous avez diffusé, Trump a déclaré que la loi sur l'espionnage s'appliquait aux traîtres et aux espions. Aucune de ces poursuites ne concernait un traître ou un espion. Elles concernent Reality Winner, une lanceuse d'alerte. Daniel Hale, un lanceur d'alerte qui a rendu publiques des informations sur le programme de drones tant sa conscience était choquée par les pertes civiles qu'il entraînait. Terry Albury, un agent du FBI qui a été ébranlé par la guerre intérieure contre le terrorisme, la surveillance de la communauté musulmane et l'éviscération de la Déclaration des droits. Joshua Schulte a été accusé et condamné pour avoir fourni des informations à WikiLeaks, mais il nie qu'il s'agisse de lui. Et puis vous avez Julian Assange, la toute première fois dans l'histoire des États-Unis qu'un journaliste est inculpé en vertu de la loi sur l'espionnage (Espionage Act). Toutes les charges retenues contre Assange concernent des révélations faites entre 2010 et 2011 sur les crimes de guerre perpétrés par les États-Unis en Irak et en Afghanistan, les politiques américaines à Guantánamo et les terribles transactions en coulisses dans lesquelles le département d'État était impliqué. L'administration de Donald Trump a donc adoré la loi sur l'espionnage. Elle ne l'utilisait pas contre les traîtres ou les espions, mais contre les lanceurs d'alerte, les journalistes et les personnes accusées de fournir des informations aux médias.
Je pense donc que c'est assez considérable en soi, surtout si l'on considère qu'il y a toujours eu ce système de justice à double entrée dans le cadre de la loi sur l'espionnage (Espionage Act). Avant l'affaire Trump, j'ai toujours soutenu - et je pense que l'affaire Trump complique les choses - j'ai toujours soutenu que les poursuites au titre de l'Espionage Act étaient intrinsèquement des poursuites politiques, n'est-ce pas ? Si je fais partie du cercle rapproché de Barack Obama, de George Bush ou de Donald Trump, et que je vais voir un média pour lui communiquer des informations classifiées afin de promouvoir le programme de drones ou l'enquête sur Assange, ou si je vais parler à des cinéastes d'Hollywood pour leur donner des informations afin qu'ils puissent réaliser un film blanchissant la torture, aucun problème, je ne serai pas poursuivi en justice. Et le plus grand divulgateur de secrets du gouvernement américain est le gouvernement américain. Tout Washington le sait. Mais si je suis un soldat en Afghanistan et que je suis horrifié - je suis atterré par les victimes civiles du programme de drones, et que je regarde Barack Obama mentir à la télévision sur la protection des droits de l'homme que représente ce programme international d'assassinat, ou si je suis en Irak et que je suis horrifié par la déshumanisation du peuple irakien et la violence inhérente à cette sorte d'occupation néocoloniale, et que je transmets cette information aux médias, je serai poursuivi en justice.
Ainsi, jusqu'à Trump, l'Espionage Act a toujours été exploitée comme une sorte de loi fondée sur la discrimination des points de vue, parce qu'il s'agit d'une loi extrêmement large, n'est-ce pas ? Je veux dire que, selon les termes de la loi sur l'espionnage, si je lis dans le Washington Post que la CIA pensait que l'Ukraine pourrait bombarder le gazoduc Nord Stream, et que je le tweete, que je l'envoie par SMS, que j'en parle à un garçon de café, j'ai violé la loi sur l'espionnage, exact ? Votre invité précédent a mentionné la différence entre la conduite de Biden, Pence et Trump, et je pense que c'est tout à fait exact, mais compte tenu de la portée de la loi sur l'espionnage, vous savez, Pence et Biden l'ont violée, tout comme Trump l'a fait pour les documents qu'il a renvoyés. Mais comme il s'agit d'une loi tellement large et fondamentalement inconstitutionnelle, elle est appliquée avec de nombreuses restrictions.
Ainsi, nous vivons un moment incroyable dans l'histoire des États-Unis où un président est enfin tenu pour responsable en vertu de la loi sur l'espionnage, par opposition aux lanceurs d'alerte et aux journalistes qui révèlent l'état de la sécurité nationale des États-Unis. Bien qu'il s'agisse d'un pas en avant par rapport au système de justice à deux vitesses que nous avons connu dans le cadre de la loi sur l'espionnage, je dois souligner que je ne pense pas que la loi sur l'espionnage, telle qu'elle a été rédigée, soit un outil légitime. Je ne pense pas qu'il devrait être utilisé pour poursuivre qui que ce soit, même quelqu'un d'aussi détestable que Donald Trump. Et ce dernier bénéficie encore d'une grande marge de manœuvre, pas vrai ? Il a eu la possibilité de rendre des documents, et il n'a pas été poursuivi pour ces documents, même s'il a enfreint le texte de la loi, même s'il les a pris alors qu'il n'aurait pas dû le faire. Alors qu'un Biden ou un Pence pourrait s'en tirer, un Daniel Hale ou un Thomas Drake ne le pourrait pas. Il y a donc toujours eu ce système à double circuit dans le cadre de la loi sur l'espionnage : un ensemble de règles pour les puissants, un ensemble de règles pour ceux qui soutiennent et promeuvent la politique étrangère des États-Unis et l'État de sécurité nationale américain, et un autre ensemble de règles pour les fonctionnaires dont la conscience leur dit que les principes, dans de nombreux cas, qui les ont amenés à la fonction publique sont violés par le gouvernement, et qui sont soumis à un traitement horrible.
🎙 Juan González : Eh bien, Chip Gibbons, mais précisément en raison de la situation inhabituelle qui prévaut ici, n'êtes-vous pas en train de dire - et j'aurais tendance à être d'accord avec vous - que le recours à l'Espionage Act dans ce cas particulier a des relents, et sera perçu par de nombreux partisans de Trump, et même par ceux qui ne sont pas nécessairement ses partisans mais qui n'aiment pas les excès du gouvernement - comme une poursuite politique ? Que pensez-vous de l'affirmation de Trump selon laquelle il aurait dû être poursuivi de manière plus appropriée, si tant est qu'il devait l'être, en vertu de la loi sur les archives présidentielles ?
Chip Gibbons :
La loi sur les archives présidentielles est un leurre. Elle n'aide en rien Trump, et il s'agit d'une loi civile. Trump a commis de nombreux crimes en série - si l'acte d'accusation est vrai - et en tant que défenseur des libertés civiles, je dois insister sur le fait qu'il est innocent jusqu'à ce que sa culpabilité soit prouvée. Mais si l'acte d'accusation est vrai, je veux dire qu'il a dissimulé des informations aux enquêteurs. Il a eu la possibilité de restituer des documents. Il ne l'a pas fait - il en a rendu certains, et en a caché d'autres. Et il a continué à faire un pied de nez au gouvernement.
Je tiens à souligner que d'autres charges pourraient être retenues contre lui, en plus de la loi sur l'espionnage (Espionage Act). Sous la présidence de Donald Trump, la mauvaise manipulation d'informations classifiées - et je pense que mettre tous ces documents dans une salle de bain est clairement une mauvaise manipulation d'informations classifiées - est passée d'un délit à un crime. Il existe d'autres lois sur le vol de biens gouvernementaux. En vertu de la loi sur les archives présidentielles, ces documents nous appartiennent à nous, le peuple, et non à Donald Trump, qui les a sortis de la Maison-Blanche et qui n'a pas hésité à le faire. Je ne pense donc pas qu'il faille laisser Trump s'en tirer à bon compte ou l'inculper au titre de la loi sur l'espionnage, compte tenu des problèmes que cela pose.
Et je crains que le recours à la loi sur l'espionnage, une loi historiquement axée sur la répression politique, n'enhardisse en quelque sorte Trump à affirmer qu'il est victime de l'État profond. Mais je tiens vraiment à souligner à quel point ces affirmations sont absurdes. Il est vrai que Trump ne jouit pas des mêmes relations chaleureuses qu'un Barack Obama ou un Dick Cheney avec l'establishment de la sécurité nationale. Mais n'oublions pas qu'il s'est présenté pour la première fois à l'élection présidentielle en appelant à l'espionnage des mosquées, ce qui est pire que la torture, à l'assassinat des familles des terroristes présumés et au bombardement. Il a intensifié les guerres aériennes américaines comme jamais auparavant. Il a intensifié les opérations de changement de régime contre le Venezuela et l'Iran. Il a failli déclencher une guerre avec l'Iran en assassinant un général iranien en Irak, un pays souverain dans lequel il avait été invité. Il a renforcé les sanctions contre Cuba. Il a multiplié les guerres de drones. Et c'est lui qui a envoyé pour la première fois une aide létale à l'Ukraine. Donald Trump a donc été, à bien des égards, un président de l'État profond, même s'il ne jouit pas de relations personnelles chaleureuses avec l'establishment de la sécurité nationale des États-Unis, ce qui n'est pas du tout basé sur la politique, puisque ses politiques ont été, vous le savez, certains des pires types de sécurité nationale, le complexe militaro-industriel, y compris ces budgets de défense record - bien que Biden ait maintenant battu son record - visant à la concurrence des grandes puissances avec la Chine et la Russie. Il n'est donc pas victime de l'État profond. Il est victime de son orgueil démesuré et, pour être franc, de sa bêtise.
🎙 Juan González : Et comment voyez-vous les réformes nécessaires à la loi sur l'espionnage pour pouvoir protéger les futurs lanceurs d'alerte ?
Chip Gibbons :
La loi sur l'espionnage a absolument besoin d'être réformée. Le plus important est qu'à l'heure actuelle, il n'est pas nécessaire de prouver que quelqu'un avait l'intention spécifique de nuire à la sécurité nationale des États-Unis ou d'aider une puissance étrangère. Il suffit d'avoir des raisons de croire que les actes commis sont susceptibles de nuire à la sécurité nationale des États-Unis ou d'aider une puissance étrangère. Bien que cela semble être une norme élevée, dans les cas de divulgation d'informations, le gouvernement dit essentiellement : "Vous avez suivi une formation sur la classification. Vous saviez que si vous divulguiez des informations classifiées, vous aviez des raisons de croire que le ciel vous tomberait sur la tête". Et je crois que la position du gouvernement américain est, grosso modo, que s'il dit que l'information est secrète, vous avez une raison de croire que - vous savez, même s'ils mentent constamment, vous avez une raison de croire que cela va nuire à la sécurité nationale.
Ainsi, obliger le gouvernement à prouver qu'il s'agit d'espionnage, permettre aux lanceurs d'alerte ou à quiconque de témoigner sur l'objet de leurs fuites - pas vrai ? - parce qu'à l'heure actuelle, les jurys n'ont pas le droit d'entendre ce qui a été divulgué ou pourquoi cela a été divulgué. Et vous pouvez comprendre pourquoi le gouvernement veut cela, n'est-ce pas ? Si vous êtes Edward Snowden et que vous dites au jury : "J'ai été témoin de cette surveillance illégale. Je l'ai divulguée. Les journalistes se sont vu décerner des prix Pulitzer. Le Congrès a modifié la loi. La cour a jugé le programme inconstitutionnel - ou, je suis désolé, illégal et probablement inconstitutionnel", le jury va se poser des questions sur ce que fait le gouvernement, ainsi que sur la création d'une défense affirmative de l'intérêt public, n'est-ce pas ? L'exigence d'une intention spécifique pour prouver l'atteinte à la sécurité nationale est une défense d'intérêt public détournée, mais je pense aussi qu'il faut une défense d'intérêt public frontale.
Il faut également limiter la loi sur l'espionnage pour qu'elle ne s'applique qu'à ceux qui ont le devoir de protéger des informations classifiées. Or, Donald Trump a le devoir de protéger des informations classifiées. Si je lis les Pentagon Papers dans le Washington Post ou le New York Times, je n'ai pas le devoir de garder le secret. Les journalistes ayant publié ces documents n'ont pas non plus le devoir de les garder secrets.
J'ajouterai que les lanceurs d'alerte n'ont pas le droit de contester la classification des documents, au motif que seul le pouvoir exécutif est habilité à déterminer si un document relève de la classification. Et même si un document est classé illégalement, parce qu'il n'est pas possible de classer un document pour dissimuler une mauvaise conduite, cela n'a pas d'importance, parce que la loi sur l'espionnage, qui crée le système de classification, mentionne ou couvre à la fois les informations valablement classifiées et celles qui ne le sont pas.
Pour revenir à la question, je tiens à souligner que lorsque Daniel Hale a été jugé, l'accusation a présenté au juge une motion demandant qu'il soit interdit à Daniel Hale de faire état de ses "bonnes motivations". Les "bonnes motivations" sont les mots du procureur, pas les miens, même si je pense que Daniel Hale avait des motivations impeccables. Vous savez, pas que - il ne pouvait pas évoquer la classification, et il ne pouvait pas...
🎙 Amy Goodman : Chip, il nous reste 10 secondes.
Chip Gibbons :
- évoquer l'incohérence des fuites. Bien sûr, oui.
🎙 Amy Goodman : Chip, nous tenons à vous remercier pour votre présence parmi nous. Vous pouvez consulter notre site web pour voir nos entretiens avec les lanceurs d'alerte, ou à leur sujet, s'ils sont emprisonnés, de Jeffrey Sterling à John Kiriakou, de Reality Winner à Daniel Hale, en passant par Edward Snowden, Julian Assange et bien d'autres encore. Chip Gibbons est directeur politique de Defending Rights & Dissent, où il a conseillé plusieurs bureaux du Congrès sur la réforme de la loi sur l'espionnage.
📰 https://www.democracynow.org/2023/6/14/trump_espionage_act_chip_gibbons
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