🚩 Julian Assange : Actualité semaine #22 - Mai 2024 🎗⏳
Si toutes les informations recueillies sur la planète étaient publiques, le rapport de force serait rétabli & nous pourrions prendre en main notre destin, en tant que civilisation mondiale, J. Assange
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"Chaque fois qu'une voix libre s’essaiera de dire, sans prétention, ce qu'elle pense, une armée de chiens de garde de tout poil et toute couleur aboiera furieusement pour couvrir son écho."
- Albert Camus
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SOMMAIRE :
1 - Juan Passarelli : "En ce week-end ensoleillé, je n'ai cessé de penser à mon ami Julian Assange" - Juan Passarelli
2 - L'avocate de Julian Assange, Jennifer Robinson, estime que "l'émergence d'un point de vue bipartisan" pourrait contribuer à la libération du fondateur de WikiLeaks - Jason Whittaker
3 - Shaun Gladwell, finaliste du concours Archibald, a déployé des efforts extraordinaires pour peindre Julian Assange - Anna Freeland
4 - La situation difficile d'Assange est-elle une raison pour les conservateurs d'être en désaccord ? - Gabriël A Moens AM & Augusto Zimmermann
5 - 11 ans après les révélations de Snowden : Il est temps de modifier la loi sur l'espionnage (Espionage Act) - Defending Rights & Dissent
6 - Réponses à un questionnaire Assange adressé aux 38 listes françaises candidates aux élections européennes - Comité de soutien Assange
7 - Assange a gagné le droit de faire appel mais combien de temps devra-t-il encore attendre ? - Eve Ottenberg
8 - La famille de Julian Assange se réjouit du soutien des responsables politiques américains - Yahoo News
9 - L'Institut des droits de l'homme de l'Association internationale du barreau (IBAHRI) exhorte le président Biden à abandonner toutes les charges contre Julian Assange - International Bar Association
10 - Julian Assange : vers la prison à vie ? La réponse d'Antoine Vey, son avocat - Vidéo Le Figaro Live
2015 : The Wikileaks Files : The World According to US Empire (The Wikileaks Files : Le monde selon l'empire américain)
11 - Introduction de Julian Assange aux fichiers Wikileaks - Julian Assange
12 - Wikileaks l'a mis à nu : L'empire américain tel qu'il se définit lui-même - Robert J. Burrowes
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1- ♟ Juan Passarelli : "En ce week-end ensoleillé, je n'ai cessé de penser à mon ami Julian Assange"
Par Juan Passarelli, le 2 juin 2024, Twitter X
En ce week-end ensoleillé, je n'ai cessé de penser à Julian Assange. Pas Julian Assange le journaliste, mais Julian Assange mon ami. Le gars avec qui j'ai vécu l'épisode le plus surréaliste de ma vie et qui a transformé ma vie pour toujours. Depuis cinq ans, il est détenu à l'isolement, dans une prison réservée aux personnes les plus violentes de la société. Julian n'est qu'un intellectuel, il n'est absolument pas violent, rien ne justifie sa détention dans de telles conditions, si ce n'est qu'il sert d'exemple.
De 2010 à 2018, date de ma dernière visite à l'ambassade d'Équateur, Julian, ses proches et moi-même avons vécu ce qui ressemble à une terrifiante saga d'espionnage à la Netflix. Nous étions la cible d'opérations d'espionnage menées par les agences les plus virulentes du monde, y compris la CIA. Nous vivions dans la peur que Julian puisse être victime de n'importe quoi, à n'importe quel moment. Nous craignions également pour notre propre bien-être. On nous traitait de paranoïaques, je me demandais souvent si je l'étais. Mais la peur était constante et suffisante pour rester vigilants. Il s'est avéré que nous avions raison d'être paranoïaques. En 2017, la CIA a comploté pour assassiner Julian et d'autres collaborateurs de Wikileaks. Ils ont également prévu de le kidnapper à l'ambassade d'Équateur, située en plein centre de Londres, et de l'embarquer par avion pour une prison américaine. Ils ont prévu des fusillades à l'extérieur de l'ambassade si Julian décidait un jour d'en sortir et de percuter leurs voitures pour mettre hors d'état de nuire un éventuel véhicule diplomatique dans lequel se trouverait Assange.
À cela s'est ajoutée une campagne minutieuse pour détruire WikiLeaks. En fait, dès 2010, WikiLeaks a reçu deux fuites de propositions sur la manière de détruire Assange et Wikileaks. Parmi les entreprises concernées figuraient Stratfor, HBGarry, Palantir Tech et même Bank of America, entre autres. Les plans prévoyaient d'attaquer l'infrastructure Internet et financière de WikiLeaks afin de saper ses activités. Ils allaient également faire fuiter de faux documents pour entamer la réputation de Wikileaks, révéler l'identité de ses collaborateurs et promouvoir des récits diffamatoires pour nuire à la réputation de Wikileaks et de ses collaborateurs. Enfin, les plans prévoyaient également d'engluer Assange et Wikileaks dans des affaires juridiques relevant de différentes juridictions, aussi longtemps que possible, de manière à ce que leur capacité d'action soit réduite à néant.
Au cours des 14 dernières années, j'ai vu ces plans se réaliser un par un. J'ai vu et documenté toutes sortes d'attaques contre l'infrastructure Internet de Wikileaks, ainsi qu'un blocus bancaire qui a privé l'organisation de 90 % de ses dons pendant des années. J'ai vu et documenté comment différents gouvernements, partis politiques, politiciens et experts achetés, ainsi que les médias mainstream hypocrites, ont travaillé en tandem pendant des années pour saper la réputation de Julian et de WikiLeaks : ils ont du sang sur les mains, Julian est un traître, un sympathisant communiste, un terroriste de haute technologie, etc. Pour finir, d'interminables procédures judiciaires ont permis de réduire Julian Assange au silence depuis maintenant cinq ans.
Au fur et à mesure que les attaques se multipliaient, nous en avons appris davantage sur les tractations corrompues entre des entités puissantes usant de la guerre du droit (law warfare) contre Julian. Nous avons découvert que le Crown Prosecution Service (Service des poursuites judiciaires de la Couronne) et les procureurs suédois se sont entendus pour empêcher la clôture d'une enquête préliminaire sur des allégations peu convaincantes d'inconduite sexuelle, sans qu'aucune charge ne soit jamais retenue, et ce pendant des années, en refusant d'interviewer Assange à Londres. Une pratique courante qui aurait très probablement entraîné le classement immédiat de l'affaire, comme nous l'avons vu sept ans plus tard. Cette affaire a finalement conduit Julian à demander l'asile politique à l'ambassade de l'Équateur à Londres, par crainte d'être extradé vers les États-Unis et d'y être condamné à la peine capitale. Au cours des sept années qui ont suivi, l'ambassade est devenue un espace qu'il a d'abord appelé sa maison, puis une prison. La Suède a persisté à refuser d'interroger Julian à l'ambassade de l'Équateur, même lorsque le gouvernement a officiellement invité le procureur suédois à venir le faire au sein de l'ambassade. Ce n'est que lorsque l'ONU est intervenue fin 2015 et a déclaré que Julian était détenu arbitrairement par la Suède et le Royaume-Uni que le procureur suédois a été contraint de se rendre à Londres, d'interroger Julian et d'abandonner finalement l'enquête faute de preuves.
Même à ce moment-là, Julian a été contraint de rester à l'ambassade, le gouvernement britannique ayant menacé de l'arrêter pour ne pas avoir respecté les conditions de sa libération sous caution en se réfugiant à l'ambassade. La caution concernait une affaire déjà classée. Nous savons aujourd'hui que la véritable raison pour laquelle le Royaume-Uni cherchait à l'arrêter n'était pas une stupide violation de sa liberté sous caution, mais une demande d'extradition de la part des États-Unis, qui avait été mise sous scellés à l'époque. L'acte d'accusation américain reproche à Julian 17 chefs d'accusation d'espionnage pour avoir reçu, manipulé et publié des documents classifiés. Des publications qui ont révélé des meurtres, des tortures et d'autres crimes de guerre commis par les États-Unis et leurs alliés en Irak et en Afghanistan. Des publications pour lesquelles il a été nommé pour le prix Nobel de la paix. Des publications pour lesquelles il a travaillé en collaboration avec les journaux les plus influents du monde, notamment le New York Times, le Spiegel, le Guardian ainsi que des centaines d'autres dans le monde entier.
En 2017, les États-Unis et le Royaume-Uni ont profité du changement de gouvernement en Équateur. Le nouveau dirigeant du pays, Lenin Moreno, considérait Assange comme un obstacle pour son gouvernement et était donc prêt à négocier. L'accord qui a finalement été conclu était un prêt du FMI de 6 milliards de dollars en échange de la tête de Julian. Le président Moreno a rendu la vie infernale à Julian à l'intérieur de l'ambassade pour l'encourager à partir de lui-même. Julian n'a pas bougé, car il savait que l'alternative serait la mort dans une prison américaine. Le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture Nils Melzer découvrira plus tard que Julian a été systématiquement torturé psychologiquement par les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Équateur.
Finalement, le président Moreno a enfreint la constitution équatorienne et révoqué la citoyenneté équatorienne de Julian, et, fait sans précédent, la police britannique en civil a été invitée à pénétrer dans l'ambassade pour arrêter Julian. Le même jour, une demande d'extradition des États-Unis lui était signifiée.
Au cours des cinq dernières années, nous n'avons eu aucune nouvelle de Julian Assange. La dernière photo que nous avons pu voir de lui date de 2020. Il a été réduit au silence par les États dont il a exposé les crimes de guerre. Il est toujours torturé et encourt 175 ans de prison aux États-Unis.
En ce week-end d'été ensoleillé, je ne peux m'empêcher de penser à mon ami Julian, pas Julian le journaliste, mais Julian mon ami, et j'espère qu'un jour nous pourrons à nouveau passer un week-end comme celui-ci ensemble.
📰 https://x.com/JuanAndOnlyDude/status/1797327327371604162
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2- ♟ L'avocate de Julian Assange, Jennifer Robinson, estime que "l'émergence d'un point de vue bipartisan" pourrait contribuer à la libération du fondateur de WikiLeaks
Par Jason Whittaker, le 3 juin 2024, Australian Broadcasting Corporation
En résumé :
La conseillère juridique de Julian Assange, Jennifer Robinson, estime que le président américain Joe Biden devrait maintenant abandonner la procédure d'extradition du fondateur de WikiLeaks, après que son rival Donald Trump a exprimé son soutien.
L'Australie a fait pression sur les États-Unis pour qu'ils mettent fin à l'affaire contre Mr Assange, qui fait appel à l'extradition après plus de cinq ans de détention à Londres.
Que se passera-t-il ensuite ? Mme Robinson déclare qu'elle "ne veut pas attendre les élections américaines" et une éventuelle nouvelle administration pour obtenir la libération de Mr Assange.
L'avocate de Julian Assange affirme que le président américain Joe Biden pourrait désormais abandonner la procédure d'extradition contre le fondateur de WikiLeaks sans "contrecoup politique", après une apparente démonstration de soutien de la part de son rival politique Donald Trump.
Jennifer Robinson, avocate des droits de l'homme basée à Londres et conseillère juridique de Mr Assange, a déclaré à l'émission Q+A d'ABC lundi soir qu'elle ne voulait pas attendre l'élection américaine pour voir l'affaire abandonnée.
"C'est le moment", a-t-elle dit lundi soir.
Mme Robinson défend depuis longtemps les intérêts de Mr Assange, qui fait actuellement appel de son extradition de Grande-Bretagne vers les États-Unis, où il doit répondre de 18 chefs d'accusation pour avoir obtenu, reçu et divulgué des informations classées secrètes.
Mr Assange est détenu depuis plus de cinq ans à la prison londonienne de Belmarsh, depuis son arrestation en 2019 pour avoir enfreint les conditions de sa libération sous caution.
Avant cela, il a passé près de sept ans prisonnier au sein de l'ambassade d'Équateur pour y avoir trouvé asile.
![QandA Panel 0306 QandA Panel 0306](https://substackcdn.com/image/fetch/w_1456,c_limit,f_auto,q_auto:good,fl_progressive:steep/https%3A%2F%2Fsubstack-post-media.s3.amazonaws.com%2Fpublic%2Fimages%2F585ce307-1710-4709-b899-7ef859ab3a49_862x575.jpeg)
Le mois dernier, Mr Biden a déclaré qu'il "examinait" la demande de l'Australie de classer l'affaire.
Par ailleurs, Trump (Rq : pas de Mr pour Trump dans cet article) a déclaré la semaine dernière qu'il envisagerait "très sérieusement" de gracier Mr Assange s'il regagnait la Maison Blanche.
"Ce qui est vraiment prometteur, c'est l'émergence d'un point de vue bipartisan sur la nature problématique de cette affaire et sur le fait qu'il faut y mettre un terme.
Trump dit qu'il envisagerait d'abandonner l'affaire, de sorte que Biden ne subira pas de contrecoup politique pour avoir pris cette décision, qui est la bonne", a dit Mme Robinson à Q+A.
Lorsqu'on lui a demandé quel candidat à la présidence aiderait le mieux Mr Assange, Mme Robinson n'a fait preuve d'aucun favoritisme.
"Quel que soit le président qui mettra fin à 14 ans de persécution de mon client pour des publications primées dans l'intérêt du public.
Nous voulons une solution et nous la voulons rapidement.
Il est temps que les États-Unis abandonnent cette affaire. Il est temps que le président Biden abandonne cette affaire", a-t-elle déclaré.
La position plus que versatile de Trump à l'égard de Mr Assange
Interrogée par Patricia Karvelas, présentatrice de Q+A, sur le fait de savoir si Trump pouvait être "pris au mot" concernant ses commentaires sur la grâce, Mme Robinson a exprimé des doutes.
"Trump a fait preuve d'une grande versatilité, allant de la déclaration "J'adore WikiLeaks" à la mise en accusation de WikiLeaks alors qu'il était sur le point de quitter ses fonctions", a-t-elle souligné.
Poursuivant,
"Nous avons demandé une grâce et nous ne l'avons pas obtenue de l'administration Trump.
Mais bien sûr, si nous avons une élection et que nous nous retrouvons avec le président Trump, alors nous continuerons absolument notre plaidoyer".
Cette déclaration intervient alors qu'un nouveau sondage Q+A/YouGov a révélé que plus de sept Australiens sur dix sont favorables à la fin de la procédure d'extradition contre Mr Assange.
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a fait pression pour la libération de Mr Assange, déclarant "trop c'est trop".
Les relations entre l'Australie et les États-Unis aident Mr Assange
Un ancien haut fonctionnaire de la Maison Blanche a également déclaré à Q+A que l'importance croissante de l'Australie pour les États-Unis pourrait aider sa cause.
Kim Hoggard, qui a servi dans les administrations des présidents républicains Ronald Reagan et George H.W. Bush, a déclaré que l'Australie était un ami tres important des États-Unis.
Je sais, de par mon expérience au sein du gouvernement, que l'Australie est un allié essentiel et qu'elle est considérée avec beaucoup d'affection.
"Il s'agit d'une alliance solide, et c'est pourquoi je pense que cela pouvait se produire", a-t-elle déclaré.
Mme Hoggard, qui a été un haut fonctionnaire du département d'État américain, a également déclaré à Q+A que
l'affaire de Mr Assange mettait en évidence "un très grand nombre d'informations classifiées au sein du gouvernement américain qui n'ont pas besoin de l'être".
"Ce n'est pas sain pour la démocratie.
Je pense donc qu'il est tout à fait possible d'affirmer que la déclassification et les différents niveaux de classification ne sont tout simplement pas nécessaires", a-t-elle dit.
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3- ♟ Shaun Gladwell, finaliste du concours Archibald, a déployé des efforts extraordinaires pour peindre Julian Assange
Par Anna Freeland, le 4 juin 2024, Australian Broadcasting Corporation
Lorsque les juges du prix Archibald de cette année ont vu pour la première fois le portrait de Julian Assange réalisé par l'artiste Shaun Gladwell, ils ont été intrigués.
L'une des principales conditions d'admission au prestigieux prix du portrait est que les sujets soient peints "d'après nature", les artistes ayant réalisé au moins une séance de pose en personne.
Ils se sont donc demandé comment Gladwell avait pu peindre Assange, toujours emprisonné au Royaume-Uni.
L'explication passe par une visite à la prison de Belmarsh, 25 livres sterling et un Kinder Bueno.
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Une séance de portrait clandestine
Lorsque Gladwell a décidé de peindre le célèbre journaliste et fondateur de WikiLeaks, il a contacté son frère, le producteur de films Gabriel Shipton, qui a servi d'intermédiaire et envoyé des messages à Assange en prison.
"Nous avons dû réfléchir aux exigences requises pour le concours Archibald [...] dans le cadre de celles d'une prison de catégorie A, à sécurité maximale, dans la banlieue londonienne", explique l'artiste.
Avec l'aide de Gabriel Shipton, Gladwell a fixé une date à la fin du mois de novembre pour rendre visite à Assange à la prison de Belmarsh, dans le sud-est de Londres, où il est incarcéré depuis cinq ans. Il est actuellement dans l'attente d'un appel contre son extradition vers les États-Unis pour espionnage, suite à la publication de documents classifiés sur son site web WikiLeaks.
"On ne peut pas simplement se présenter et demander à voir un prisonnier, c'est un processus assez complexe.
Vous devez obtenir du prisonnier - ou dans ce cas, du journaliste et programmeur informatique illégalement incarcéré - qu'il inscrive votre nom sur la liste des visiteurs, puis faire une réservation. Mais la réservation est assez précaire, [les gardiens de prison] peuvent l'annuler à tout moment", explique Gladwell.
Un autre obstacle est venu s'ajouter à la visite de la prison et à la prise du portrait : Les visiteurs ne peuvent en effet rien amener à Belmarsh, pas même un carnet de croquis ou un stylo. Et si les gardiens vous remarquent en train de faire quoi que ce soit jugé "en dehors des paramètres du régime de sécurité", vous risquez d'être mis à la porte. Assange a donc proposé un plan B.
Il a demandé à Gladwell d'apporter de l'argent liquide - 25 livres sterling, pour être précis - afin d'acheter du chocolat à la cantine de la prison. Gladwell ferait ensuite fondre le chocolat entre ses mains et utiliserait le produit ramolli pour dessiner Assange en utilisant ses ongles, spécialement longs et préparés pour l'occasion, sur les billets de banque restants.
"Une idée de génie. Il avait même pensé au fait qu'un billet de banque a cours légal et que, malgré toute interruption ou modification suspecte, il vous appartient en tant que monnaie légale et ne peut vous être confisqué. Il avait réfléchi à tout cela", dit Gladwell.
Gladwell a passé une heure et demie avec Assange dans le centre des visiteurs de la prison, et l'a dessiné rapidement avant la fin de sa visite.
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Il avait testé au préalable différentes marques de chocolat pour réaliser des esquisses : Kinder Bueno était la meilleure.
"Cette marque a donné de meilleurs résultats que Kit Kat. Vous mettez le Kinder Bueno dans votre main et il fond très vite", explique l'artiste.
Sous la surveillance de cinq gardiens de prison, Gladwell a réussi à dessiner Assange en douce et à faire sortir le billet avec lui.
Du billet à la toile
Au cours des six mois qui ont suivi, l'artiste basé à Sydney a travaillé sans relâche sur le portrait, qui combine peinture à l'huile et paillettes d'aluminium.
Il souhaitait intégrer l'idée de "journalisme scientifique" défendue par Assange, qui consiste à publier des documents de première main, non édités ou accompagnés d'un minimum de commentaires éditoriaux.
"C'est une idée extraordinaire et remarquable, et je me suis dit que c'était aussi un défi artistique. L'art peut être un processus si mystérieux... Si l'art parle de lui-même, pourquoi l'interrompre par un panneau didactique, une déclaration de l'artiste ou un raisonnement conceptuel.
Je me suis demandé à quoi ressemblerait un portrait de journaliste scientifique... J'ai donc placé une grande partie des données visuelles sur la toile, et les ai mises sur son visage", explique Gladwell.
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L'œuvre achevée représente Assange sous la forme d'une montgolfière, ses yeux apparaissant à travers une fente, comme s'il regardait à travers la porte d'une prison. Le drapeau américain est collé sur sa bouche, s'inspirant en partie des affiches de protestation que Gladwell a vues devant la prison, et un billet de cinq livres est éparpillé sur les joues d'Assange, en référence à l'esquisse originale du billet de banque, mais aussi pour marquer les cinq années d'incarcération du fondateur de WikiLeaks à Belmarsh.
Sur son front, Gladwell a peint un symbole de paix - une colombe avec un rameau d'olivier - ainsi qu'un hélicoptère militaire.
"[Assange] est un penseur exceptionnel qui met en pratique ce qu'il croit et ce qu'il pense. Il dit : 'Si les guerres peuvent être déclenchées par des mensonges, alors la paix peut être instaurée par la vérité'. Je tenais donc à lui apposer sur le front quelque chose représentant cela".
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La semaine dernière, le portrait a été annoncé comme l'un des 57 finalistes du prix Archibald de cette année. Le lauréat sera annoncé vendredi et le portrait sera exposé dans le cadre de l'exposition des finalistes à la Art Gallery of New South Wales à partir du 8 juin. (Gladwell est également le sujet du portrait d'un autre finaliste, David Griggs).
Dans sa déclaration de candidature, l'artiste a décrit son portrait comme "une protestation contre la persécution politique, la torture psychologique et l'incarcération illégale" d'Assange.
Le "saint patron des photojournalistes de guerre"
Gladwell est un ancien photographe de guerre qui a passé du temps en Afghanistan entre 2009 et 2010, à peu près au moment où WikiLeaks a publié des milliers de documents classifiés exposant les violations des droits de l'homme dans les guerres menées par les États-Unis en Afghanistan et en Irak.
Il se souvient de la première fois qu'il a vu la vidéo Collateral Murder, une vidéo militaire classifiée qui montre un hélicoptère américain abattant des civils irakiens et une équipe de tournage de l'agence Reuters.
"C'était comme si je me voyais mourir. Deux journalistes de Reuters ont été abattus par un hélicoptère de combat parce qu'ils avaient été mal identifiés, parce que leurs appareils photo ressemblaient à des armes à feu, et je me suis dit : 'Oh mon Dieu, c'est exactement le même appareil photo que celui que j'avais'.
Cela m'a fait froid dans le dos et profondément troublé", raconte-t-il.
![Six photographs of Australian soldiers sleeping in various settings are framed and hanging as a collection on a gallery wall. Six photographs of Australian soldiers sleeping in various settings are framed and hanging as a collection on a gallery wall.](https://substackcdn.com/image/fetch/w_1456,c_limit,f_auto,q_auto:good,fl_progressive:steep/https%3A%2F%2Fsubstack-post-media.s3.amazonaws.com%2Fpublic%2Fimages%2F87dee6a1-295b-43bf-9348-9a0cc4d74e6a_1280x820.jpeg)
À l'époque, Gladwell était en train de surmonter son expérience en Afghanistan et affirme que,
"WikiLeaks lui a offert une vision plus éclairée et plus complète de l'ensemble du conflit".
Assange est devenu le saint patron des photojournalistes de guerre parce qu'il a montré ce que nous n'aurions jamais vu sans lui.
Cela a changé ma vision du monde", dit-il.
Gladwell est surtout connu pour ses portraits vidéo envoûtants, illustrant le skate, le BMX, le surf et le parkour (méthode d'entraînement pour franchir toutes sortes d'obstacles dans des environnements urbains ou naturels, les participants sont appelés traceurs).
L'artiste de 52 ans, formé à la COFA, n'a participé qu'une seule fois au concours Archibald, en 2015. Cette année-là, il avait été sélectionné comme finaliste pour son portrait du soldat australien et récipiendaire de la Croix de Victoria Mark Donaldson, qui avait sauvé un interprète afghan des tirs d'artillerie lourde lors de la bataille de Khaz Oruzgan.
![](https://substackcdn.com/image/fetch/w_1456,c_limit,f_auto,q_auto:good,fl_progressive:steep/https%3A%2F%2Fsubstack-post-media.s3.amazonaws.com%2Fpublic%2Fimages%2F2c443a7d-60c4-444c-8a0f-8616ebd0a5ae_399x597.png)
Gladwell avait été chargé par le Mémorial australien de la guerre de réaliser un portrait vidéo de Donaldson, qui l'a ensuite encouragé à transformer l'esquisse originale en peinture.
"La seule fois où j'ai envisagé de participer à l'Archibald, c'est lorsque j'ai pensé qu'il s'agissait davantage d'une plateforme publique et d'un espace de débat, plutôt que de l'aspect compétitif d'un prix pour un portrait", explique-t-il.
![](https://substackcdn.com/image/fetch/w_1456,c_limit,f_auto,q_auto:good,fl_progressive:steep/https%3A%2F%2Fsubstack-post-media.s3.amazonaws.com%2Fpublic%2Fimages%2Fa8e28360-84a3-4f62-b239-e3d17999d18e_422x524.png)
Pourquoi Assange aujourd'hui ?
Cela fait près de huit ans que Gladwell élabore son concept pour le prix Archibald de cette année.
Il décrit le processus comme long et émotionnellement éprouvant, ajoutant "surtout pour Julian et sa famille".
"Peindre son portrait m'a semblé être la meilleure chose à faire. À l'heure actuelle, personne ne peut réellement "imaginer" Julian. Il est incarcéré dans des conditions si sévères et si inhumaines qu'il n'est même pas possible d'obtenir un cliché ou une photo. C'est extrêmement restrictif.
Ainsi, comme dans le cas des artistes de la cour... tout à coup, le dessin redevient fonctionnel et utile.
J'avais aussi envie de pousser un cri et de hurler quelque peu. Ce portrait est à la fois un acte militant et une question", explique-t-il.
![A supporter of Julian Assange holds up a sign reading "Truth is the heart of democracy" outside the Royal Court in London. A supporter of Julian Assange holds up a sign reading "Truth is the heart of democracy" outside the Royal Court in London.](https://substackcdn.com/image/fetch/w_1456,c_limit,f_auto,q_auto:good,fl_progressive:steep/https%3A%2F%2Fsubstack-post-media.s3.amazonaws.com%2Fpublic%2Fimages%2F73e7b00f-d36d-4151-8822-c56c6ff2a377_862x575.jpeg)
Pour Gladwell, le moment est particulièrement opportun.
En février, le Premier ministre Anthony Albanese et les députés fédéraux ont adopté une motion appelant les États-Unis et le Royaume-Uni à abandonner les poursuites à l'encontre d'Assange et à le laisser rentrer en Australie.
Le mois dernier, la Haute Cour de Londres a accordé à Assange le droit de faire appel de l'ordre d'extradition, mais la date de ce recours n'a pas encore été annoncée. En attendant, Assange est toujours détenu à Belmarsh.
Gladwell a soumis son portrait à l'Archibald le 3 mai, date limite pour les soumissions et, par coïncidence, Journée mondiale de la liberté de la presse. Il y a travaillé jusqu'à la dernière minute et explique qu'en fin de compte, il voulait présenter Assange comme un révolutionnaire.
"Si le prix Archibald est destiné à récompenser des personnes ayant apporté une contribution remarquable aux arts, aux sciences ou à la politique, Julian satisfait à bon nombre de critères.
Je ne pouvais pas penser à quelqu'un que je voulais peindre plus que lui. J'ai été honoré de le faire", explique-t-il.
![](https://substackcdn.com/image/fetch/w_1456,c_limit,f_auto,q_auto:good,fl_progressive:steep/https%3A%2F%2Fsubstack-post-media.s3.amazonaws.com%2Fpublic%2Fimages%2F631ea3db-ca5f-4e4a-88b8-ddc8f1870309_402x579.png)
L'exposition des prix Archibald, Wynne et Sulman 2024 se tient du 8 juin au 8 septembre à la galerie d'art de Nouvelle-Galles du Sud. Les lauréats seront annoncés le 7 juin.
Anna Freeland est rédactrice et productrice pour ABC Arts, basée sur la terre de Wangal à Sydney. Retrouvez-la sur Twitter @annamareefree.
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4- ♟ La situation difficile d'Assange est-elle une raison pour les conservateurs d'être en désaccord ?
S'il est une chose que ces dernières années nous ont apprise, c'est qu'il ne faut pas faire confiance aux autorités gouvernementales qui cachent des informations au public. La préférence pour la tromperie dans la poursuite d'un pouvoir sans limite est devenue l'une des caractéristiques des classes dirigeantes actuelles. C'est pourquoi la lutte pour la protection de la liberté d'expression et de la liberté de la presse est si désespérément nécessaire, en particulier en ces temps de tentatives arbitraires de suppression de la dissidence politique.
Par Gabriël A Moens AM & Augusto Zimmermann, le 4 juin 2024, The Spectator
Le 31 mai 2024, Alexandra Marshall, dans son message électronique informatif adressé aux abonnés du Spectator Australia, a noté ce qui suit :
"Assange est un sujet intéressant, en partie parce qu'il divise les conservateurs en leur sein. J'aimerais savoir ce que vous en pensez... Libérer Assange ou le juger ? Quelle est votre position ?"
Il s'agit d'une invitation séduisante à laquelle les conservateurs pourraient répondre avec enthousiasme. En tant que conservateurs convaincus - un aveu qui ne surprendra pas les lecteurs de cette publication du mois d'août - nous tenons à affirmer que la situation difficile d'Assange n'est pas une question qui devrait nécessairement diviser les conservateurs.
Le "sujet intéressant" auquel Marshall fait référence est dû aux différentes valeurs que les conservateurs cherchent à protéger. En règle générale, les conservateurs soulignent l'importance du maintien de l'intégrité des secrets d'État, nécessaire pour garantir la stabilité sociale et protéger la vie des personnes impliquées dans les combats. Ils peuvent donc détester ceux qui publient des secrets d'État dont la divulgation pourrait effectivement ou potentiellement révéler l'identité des combattants et mettre leur vie en danger. Mais les conservateurs sont également favorables à la liberté d'expression et soutiennent la publication d'informations qui sont dans l'intérêt du public, en particulier dans les cas de corruption présumée de l'État.
Il n'est pas nécessaire de revenir en détail sur les faits de la longue saga judiciaire d'Assange, car la plupart des lecteurs les connaissent déjà. Bradley Manning (aujourd'hui Chelsea Manning), selon Wikipedia :
...a été condamné par une cour martiale en juillet 2013 pour violation de la loi sur l'espionnage et d'autres infractions, après avoir divulgué à WikiLeaks près de 750 000 documents militaires et diplomatiques classifiés ou non classifiés mais sensibles.
WikiLeaks, cofondé par Assange, a publié ces documents. Chelsea a purgé une peine de sept ans de prison, mais le président Obama l'a ensuite graciée. Nous nous trouvons aujourd'hui dans une situation où la personne qui a obtenu les documents est libre, mais où l'éditeur de WikiLeaks est toujours incarcéré. Assange est en effet emprisonné depuis 12 ans : 5 ans à la prison de Belmarsh et 7 ans au sein de l'ambassade de l'Équateur à Londres, en auto-emprisonnement. L'incarcération prolongée d'Assange incite les commentateurs à se demander s'il est un journaliste ou un lanceur d'alerte. Bien que ces questions soient importantes, elles ne font pas l'objet de cet article d'opinion, qui traite de la question de savoir pourquoi il y a un désaccord perçu ou réel entre les conservateurs concernant la situation difficile d'Assange.
Le 26 mars 2024, la Haute Cour de justice du Royaume-Uni, King's Bench Division, a rendu son jugement approuvé dans l'affaire d'extradition de Julian Paul Assange. Ce jugement a prolongé l'incertitude entourant le sort d'Assange. L'équipe juridique de Julian Assange avait présenté neuf arguments pour justifier le rejet par la Cour de la demande d'extradition américaine. Cependant, la Cour n'est pas parvenue à une décision concluante, sollicitant des informations complémentaires auprès des défendeurs (le gouvernement des États-Unis et le secrétaire d'État au ministère de l'intérieur), ce qui n'a fait que retarder l'extradition de Julian Paul Assange. Bien que les États-Unis aient assuré que Julian Assange serait autorisé à invoquer le premier amendement de la Constitution relatif à la liberté d'expression et qu'il ne risquerait pas la peine capitale, la Haute Cour a décidé, le 20 mai, que Julian Assange serait autorisé à faire appel de la proposition d'extradition vers les États-Unis. Simon Crowther, conseiller juridique d'Amnesty International, commentant cette dernière décision, estime que "la décision de la Haute Cour est une rare nouvelle positive pour Julian Assange et tous les défenseurs de la liberté de la presse". Il poursuit :
La tentative des États-Unis de poursuivre Julian Assange met en péril la liberté de la presse dans le monde entier. Elle ridiculise les obligations des États-Unis en vertu du droit international et leur engagement déclaré en faveur de la liberté d'expression. En essayant de l'emprisonner, les États-Unis envoient le message clair de leur non-respect de la liberté d'expression et de la volonté d'avertir journalistes et éditeurs du monde entier qu'ils pourraient eux aussi être pris pour cible pour avoir reçu et publié des documents classifiés, même s'ils le font dans l'intérêt du public.
Pour Crowther, l'extradition vers les États-Unis, si elle devait avoir lieu, mettrait donc en danger la liberté d'expression. Il s'agit là d'une préoccupation importante pour les conservateurs car, une fois que ce droit fondamental à la liberté d'expression et à la liberté de publier des informations sensibles est dilué, les journalistes et les commentateurs se trouvent sur une pente dangereusement raide, dont les effets s'accélèrent chaque fois que le gouvernement propose de restreindre davantage ces droits.
En Australie et ailleurs, nous nous sommes déjà engagés dans cette voie périlleuse avec l'adoption d'une législation contre la diffamation, d'une législation sur les discours de haine, d'une législation interdisant les symboles nazis, de lois sur la désinformation, de lois pénalisant même la prière à proximité des cliniques d'avortement, interdisant toute critique de la législation sur l'interdiction de la conversion, ostracisant l'expression religieuse dans le forum public, supprimant la liberté d'expression durant la tyrannie de la pandémie Covid, imposant aux prêtres l'obligation de divulguer des informations incriminantes reçues au confessionnal, et ainsi de suite. La liste est interminable.
Naturellement, nous ne prônons pas une liberté d'expression inconditionnelle et incontrôlée - d'ailleurs, dans notre livre The Unlucky Country, nous consacrons une section aux limites de la liberté d'expression - mais la liberté d'expression et de publication doit être préservée dans toute la mesure du possible. La raison en est qu'en poursuivant Assange, les États-Unis cherchent à asseoir leur position de force face à toute personne susceptible de vouloir révéler les manigances gouvernementales - il s'agit indubitablement d'une question d'intérêt public. Les conservateurs favorables à l'extradition ne réalisent probablement pas pleinement qu'une telle action renforcerait le pouvoir d'un État déjà tout-puissant qui, par conséquent, serait idéalement placé pour limiter davantage la liberté d'expression et de publication d'une personne. Souhaitons-nous une telle issue ?
L'équipe juridique d'Assange a fait valoir que la demande d'extradition américaine avait été faite dans le but de poursuivre le demandeur pour ses "opinions politiques", ce qui est interdit par l'article 81(a) de la loi britannique de 2003 sur l'extradition. Mais la loi de 2003 n'interdit pas l'extradition pour des "délits politiques". Bien que l'interdiction de l'extradition pour "délits politiques" figure dans le traité d'extradition entre le Royaume-Uni et les États-Unis, elle n'a pas été incorporée dans la loi de 2003 et ne fait donc pas partie du système juridique national du Royaume-Uni. La Cour a estimé que les concepts d'"opinion politique" et de "délit politique", bien qu'ils se chevauchent dans une certaine mesure, sont distincts. Ainsi, bien que la loi de 2003 "s'oppose à l'extradition lorsque celle-ci a pour but de poursuivre la personne recherchée en raison de ses opinions politiques", elle est muette sur la question de l'interdiction de l'extradition pour une "infraction politique". Conformément à ce raisonnement, il est plausible que les commentaires sur l'intervention des États-Unis en Irak puissent être considérés, et protégés, comme des "opinions politiques", mais que la publication de documents sensibles susceptibles de mettre en péril l'effort de guerre constitue une "infraction politique" non protégée. Bien que ce raisonnement ait un attrait superficiel, il s'agit d'un exemple de sophisme juridique et d'une tentative insidieuse d'interdire le droit d'Assange de publier des documents gouvernementaux sensibles qui sont dans l'intérêt du public.
Dans ce contexte, il est nécessaire de se demander si la publication de documents sensibles - une infraction politique - n'est qu'un exemple de l'expression d'une "opinion politique". Cette question est pertinente car, dans l'affirmative, les concepts, au lieu d'être distincts, se chevaucheraient et la disposition relative à la liberté d'opinion du premier amendement de la Constitution des États-Unis pourrait être interprétée comme étendant sa protection aux "délits politiques" qui communiquent un message au public. Cette considération est certainement pertinente dans le cas d'Assange, car la publication des documents aurait exposé les transgressions américaines en Irak.
Selon ce point de vue, Assange est un prisonnier politique et l'extradition ne devrait pas avoir lieu parce que les infractions politiques présumées constituent l'expression d'opinions politiques.
Mais même si les arguments ci-dessus ne convainquent pas tous les conservateurs, ceux-ci pourraient certainement s'accorder sur le fait que, quoi qu'il en soit, Assange a déjà été incarcéré pendant douze ans et que cela suffit. D'ailleurs, des hommes politiques, en Australie et à l'étranger, sont déjà favorables à ce point de vue. Ainsi, comme l’a rapporté le sénateur Alex Antic, même le président Trump envisage de gracier Assange s'il est élu en novembre. La procédure d'extradition a déjà pris beaucoup trop de temps et est une source d'embarras pour les personnes de bonne volonté qui s'attendent à un procès équitable et rapide.
Assange devrait être autorisé à retourner en Australie, quelle que soit la nature juridique des graves allégations formulées à son encontre. Le rejet constant des arguments de son équipe juridique et les atermoiements de la procédure d'extradition ne servent plus les intérêts de la justice. Ils ne servent plus à rien car Assange est désormais un prisonnier politique. En outre, ce processus ne pourrait qu'empirer si les conservateurs devaient soutenir que l'extradition est une réponse appropriée et proportionnée à la divulgation de documents gouvernementaux sensibles, même s'ils ont été publiés dans l'intérêt du public. L'extradition ne pourrait que renforcer l'État et le rendre plus déterminé à réprimer la liberté d'expression et à limiter la publication de documents sensibles.
S'il est une chose que ces dernières années nous ont apprise, c'est qu'il ne faut pas faire confiance aux autorités gouvernementales qui cachent des informations au public. La préférence pour la tromperie dans la poursuite d'un pouvoir sans limite est devenue l'une des caractéristiques des classes dirigeantes actuelles. C'est pourquoi la lutte pour la protection de la liberté d'expression et de la liberté de la presse est si désespérément nécessaire, en particulier en ces temps de tentatives arbitraires de suppression de la dissidence politique.
Pour conclure, le cas d'Assange démontre de manière éclatante l'importance d'une presse libre au sein des démocraties, et que nos gouvernements ne protègent pas les droits et la sécurité de la presse. Sans notre soutien à Assange, comment les journalistes sont-ils censés rendre compte des questions d'intérêt public grave qui exposent la corruption gouvernementale et les violations flagrantes des droits de l'homme ? En tant que conservateurs, ne voulons-nous pas que la liberté d'expression et de publication l'emporte dans le cas d'Assange, afin de minimiser au moins le pouvoir sans cesse croissant d'un État tout-puissant ?
Gabriël A. Moens AM est professeur émérite de droit à l'université du Queensland et a été vice-chancelier et doyen de l'université Murdoch.
Augusto Zimmermann est professeur et directeur de la faculté de droit du Sheridan Institute of Higher Education et a été doyen associé de l'université de Murdoch. Il a également été commissaire à la Commission de réforme du droit de l'Australie occidentale.
Moens et Zimmermann sont les auteurs de The Unlucky Country (Locke Press, 2024).
📰 https://www.spectator.com.au/2024/06/is-assanges-predicament-a-reason-for-conservatives-to-disagree/
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5- ♟ 11 ans après les révélations de Snowden : Il est temps de modifier la loi sur l'espionnage (Espionage Act)
Nous le devons aux courageux diseurs de vérité.
Par Defending Rights & Dissent, le 6 juin 2024
Nous le devons aux courageux diseurs de vérité.
Il y a onze ans, les Américains ont appris les sombres secrets de la surveillance illégale des citoyens américains par la NSA, grâce à un lanceur d'alerte courageux, Edward Snowden.
Pourtant, à cause de la loi antidémocratique et liberticide sur l'espionnage, Edward Snowden se trouve bloqué en exil, sans pouvoir rentrer chez lui.
Faites valoir au Congrès qu'il est temps de modifier la loi sur l'espionnage (Espionage Act)
Snowden n'est pas le seul à avoir vu sa vie bouleversée par cette loi vieille de 107 ans. Le même mois où les révélations de Snowden ont fait les gros titres, le gouvernement américain a jugé la lanceuse d'alerte Chelsea Manning. Elle a été condamnée en vertu de la loi sur l'espionnage. Aujourd'hui, le gouvernement cherche à poursuivre Julian Assange, éditeur de WikiLeaks, en vertu de cette même loi pour avoir publié les révélations de Manning.
Le gouvernement a intensifié son recours à la loi sur l'espionnage, passant de la poursuite des sources des journalistes à celle des journalistes.
Mais trop c'est trop ! Il est temps de modifier la loi sur l'espionnage afin d'empêcher le gouvernement d'abuser de cette loi pour cibler les journalistes et les lanceurs d'alerte.
La représentante Rashida Tlaib vient d'introduire un amendement à la loi sur l'autorisation de la défense nationale (NDAA), qui rendrait beaucoup plus difficile la poursuite des lanceurs d'alerte en matière de sécurité nationale, d'Ellsberg à Manning en passant par Snowden et Hale (et tous ceux qui se trouvent entre les deux), en vertu de la loi sur l'espionnage, et rendrait impossible la poursuite de journalistes ou d'éditeurs tels que Julian Assange.
Plus précisément, l'amendement
exige que le gouvernement prouve l'intention spécifique de nuire aux États-Unis ou d'aider une puissance étrangère (c'est-à-dire l'espionnage réel)
exige que les informations divulguées aient été correctement classifiées
permet à une personne accusée en vertu de la loi sur l'espionnage de témoigner de son intention de divulguer l'information
crée une défense de l'intérêt public, notamment pour ceux qui cherchent à alerter le public sur les crimes de guerre, les violations des droits de l'homme et les violations des droits constitutionnels.
En outre, l'amendement compromettrait les efforts du gouvernement pour poursuivre Julian Assange - ou tout autre éditeur ou journaliste - en vertu de la loi sur l'espionnage en excluant les journalistes, les éditeurs et les membres du grand public de sa compétence.
Passez à l'action : Appelez votre représentant à coparrainer et à soutenir cet amendement !
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6- ♟ Réponses à un questionnaire Assange adressé aux 38 listes françaises candidates aux élections européennes
Le 6 juin 2024, source Twitter X du Comité de soutien Assange
Le Comité de soutien Assange avait posé trois questions aux 38 listes candidates en France aux élections européennes du dimanche 9 juin 2024 :
1. Considérez-vous Julian Assange comme un prisonnier politique ?
2. Si vous êtes élu-e, plaiderez-vous pour la libération de Julian Assange et l’abandon des poursuites états-uniennes contre lui ?
3. Êtes-vous favorable à l’asile politique pour Julian Assange en France ?
Le nombre de signes maximum pour l’ensemble des réponses avait été limité à 2 000, à répartir librement entre les trois questions. 23 réponses au questionnaire ont été obtenu, soit 60 % des listes. Les autres listes ont reçu deux relances mais ne se sont pas manifestées.
En voici les réponses et non-réponses :
Les listes sont présentées dans l’ordre issu du tirage au sort organisé par le ministère de l’Intérieur.
1. Pour une humanité souveraine / Tête de liste : Léopold-Édouard Deher-Lesaint
Aucune réponse.
2. Pour une démocratie réelle : Décidons nous-mêmes ! / Tête de liste : Philippe Ponge
Oui, dans la mesure où il s’agit d’un lanceur d’alerte qui est emprisonné pour des motifs politiques, en l’occurrence pour le fait de s’opposer et de dévoiler des actions extrêmement violentes, notamment des crimes internationaux qui relèvent de la compétence de la CPI.
Oui, dans la mesure où l’Assemblée Citoyenne de DNM! exprime sa volonté dans ce sens. En effet, dans notre projet politique, le candidat(e) ou l’élu(e) ne fait que relayer la volonté populaire de l’Assemblée Citoyenne après un débat éclairé et contradictoire.
Oui, dans la mesure où Julian Assange est une personne manifestement persécutée dont un risque pour son intégrité physique (peine de mort ou traitement dégradant) et psychique est avéré, l’asile politique doit lui être accordé sans délai. Sa situation carcérale et juridique est anormale. La mise en place d’outils démocratiques (RIC et/ou autres) au niveau constitutionnel aurait permis, pour ce type de cas, l’adoption d’une décision de la part de la population française, fort probablement, favorable et juridiquement contraignante.
3. La France fière, menée par Marion Maréchal et soutenue par Éric Zemmour / Tête de liste : Marion Maréchal
Aucune réponse.
4. La France insoumise – Union populaire / Tête de liste : Manon Aubry
Julian Assange est incontestablement un prisonnier politique. Il est détenu arbitrairement, injustement poursuivi et persécuté depuis des années. Son crime ? Être à l’origine de révélations majeures concernant les crimes commis par les États-Unis en Afghanistan et en Irak, ou encore le système de surveillance à grande échelle mis en place par la NSA (National Security Agency) qui est allée jusqu’à espionner des dirigeants de plusieurs pays européens, à commencer par la France. Pour avoir usé de cette liberté d’informer, sans laquelle le droit à l’information ne peut qu’être bafoué, M. Assange subit depuis plus d’une décennie un véritable calvaire. Soumis à une persécution juridique de la part des États-Unis, ciblé par d’incessantes campagnes de calomnie, il a dû se réfugier, en 2012, à l’ambassade d’Équateur à Londres, où il est resté confiné 7 années durant… jusqu’à ce que les pions des USA ne renversent le régime en Équateur. On sait aujourd’hui qu’il y a été espionné, jusque dans les toilettes, et que la CIA a envisagé de le faire assassiner. Remis aux autorités britanniques en 2019, il est depuis détenu à la prison de Belmarsh, dans l’attente d’une éventuelle extradition vers les USA. Les rapporteurs spéciaux de l’ONU sur la torture ont dénoncé avec force le traitement auquel il est soumis ; des médecins ont constaté la dégradation de sa santé physique et mentale, liée à la persécution continue dont il fait l’objet.
Oui. Il faut en finir avec les indignations sélectives consistant à dénoncer, à juste titre, les persécutions politiques en Russie ou ailleurs, et à se taire s’agissant d’Assange, ruinent la crédibilité de la parole de la France sur ces sujets.
Oui. Assange est un "combattant de la liberté" persécuté. Notre Constitution prévoit explicitement dans ce cas l’octroi de l’asile. Cette mesure est dans le programme de l’Union populaire porté par Jean-Luc Mélenchon lors de l’élection présidentielle de 2022, et nous avons déposé une nouvelle proposition de résolution en ce sens en 2023. D’abord parce que, pour que la référence au "pays des Droits de l’homme" ait un sens, la France ne peut tolérer le traitement dégradant qui lui est réservé. Ensuite parce qu’elle a manifesté, par la loi, sa volonté de protéger les lanceurs d’alerte – ce qu’est M. Assange. Enfin parce que M. Assange a rendu un service signalé à notre pays, en révélant que plusieurs présidents français, ainsi que des ministres et conseillers de haut rang, avaient été mis sur écoute par la NSA.
5. La France revient ! Avec Jordan Bardella et Marine Le Pen / Tête de liste : Jordan Bardella
Aucune réponse.
6. Europe Écologie / Tête de liste : Marie Toussaint
Le combat de Julian Assange est celui du droit à l’information ! Julian Assange est enfermé au Royaume-Uni dans une prison de haute sécurité depuis plus de 5 ans. Avant cela, il était réfugié à l’ambassade d’Équateur, période qui a été reconnue comme détention arbitraire par le groupe de travail des Nations-Unies sur la détention arbitraire. Ces faits permettent de considérer Julian Assange comme un prisonnier politique suivant la définition du Conseil de l’Europe. Les poursuites contre Julian Assange vont bien au-delà de sa situation et font peser un risque sur l’ensemble des médias, éditeurs et journalistes dans le monde, avec l’utilisation par les États-Unis de la loi sur l’Espionnage. Au niveau européen, nous devons ainsi compléter la directive contre les procédures baillons pour mieux protéger chacun, et notamment les journalistes, de procédures judiciaires abusives.
Oui. La publication des documents par Wikileaks est d’intérêt public et pour le monde entier. Nous voulons défendre la liberté de la presse comme le droit à l’information qui sont des composantes essentielles du fonctionnement démocratique. La situation n’a que trop duré, Julian Assange ne peut pas rester dans cette situation, sa santé physique et mentale sont affectées. Les députés européens peuvent peser politiquement et rendre visible ce combat.
Oui. Quand une personne risque 175 ans de prison pour avoir diffusé des informations d’intérêt public, nous devons lui offrir l’asile et le protéger de poursuites d’État. Le principe de non-extradition pour des faits politiques doit protéger Julian Assange et lui permettre de vivre libre.
7. Free Palestine / Tête de liste : Nagib Azergui
Aucune réponse.
8. Parti animaliste – Les animaux comptent, votre voix aussi / Tête de liste : Hélène Thouy
Aucune réponse.
9. Parti révolutionnaire Communistes / Tête de liste : Olivier Terrien
Le fondateur de Wikileaks a mis en lumière les opérations secrètes et illégales de la CIA et les exactions commises par l’armée américaine. Julian Assange a révélé les coups tordus de la CIA. Toutes ces révélations jettent un regard lucide et sans complaisance sur les méthodes utilisées par l’impérialisme US pour asseoir sa domination. Un État se drapant en permanence dans le drapeau de la démocratie et les droits de l’Homme tout en les bafouant impunément ! Ils veulent l’incarcérer pour ses convictions anti-guerres et anti-impérialistes. Les tribunaux du monde entier reconnaissent que les poursuites engagées constituent une persécution pour des raisons "d’opinion politique". Le fait de dénoncer publiquement un État pour ses violations des droits humains constitue donc "un acte de dissidence politique, une opinion politique".
Nous soutenons le mouvement pour exiger sa liberté. En France, en 2022 les députés ont voté contre une proposition de résolution demandant au gouvernement de lui accorder l’asile politique. Les déclarations de Macron en 2019 "Il faut protéger toutes les libertés, la liberté de la presse mais la liberté des individus aussi". Il ajoutait que Julian Assange est un exemple symbolique du sort réservé par certains pays aux lanceurs d’alerte. Et d’Éric Dupond-Moretti en 2020, "la nation a une dette morale". N’était que de belles paroles et il y a loin des paroles aux actes. Les donneurs de leçon en démocratie font profil bas, ils ne veulent surtout pas que la nature anti-démocratique aux USA et ailleurs soit mis en lumière.
Notre Parti Révolutionnaire COMMUNISTES exige sa libération comme il exige la libération de Georges-Ibrahim Abdallah. Ces batailles ont pris un relief tout particulier cette année dans le contexte du combat en Palestine contre l’État colonial sioniste et du génocide auquel se livre cet État avec le soutien sans faille des États-Unis et des principales puissances impérialistes occidentales dont le France. Il est temps que "la patrie des droits de l’homme" joigne le geste à la parole et passe aux actes. Nous demandons que le statut de réfugié soit accordé à Julian Assange et nous demandons sa libération immédiate. La lutte continue et doit s’amplifier pour exiger la libération immédiate de Julian Assange.
10. Parti pirate / Tête de liste : Caroline Zorn
Oui, Julian Assange peut être légitimement considéré comme un prisonnier politique. Son emprisonnement prolongé, son traitement inhumain en détention et les poursuites engagées contre lui par les États-Unis semblent être motivés par des considérations politiques, notamment en raison de ses activités en tant que fondateur de WikiLeaks et de ses révélations d’informations sensibles.
Nos eurodéputés pirates plaident déjà pour la libération de Assange et sont à l’initiative d’une lettre envoyée au ministre britannique de l’Intérieur avec 46 autres eurodéputés. C’est pourquoi si nous sommes élus en 2024, nous rejoindrons notre groupe pirate et ferons front commun pour l’abandon des poursuites états-uniennes contre Julian Assange afin de garantir la protection à tous les lanceurs d’alerte, la liberté de la presse et les droits fondamentaux des individus.
Le Parti Pirate s’est positionné en faveur de l’octroi de l’asile politique à Julian Assange en Europe. En tant qu’institution attachée aux droits de l’homme et à la liberté d’expression, l’Union européenne devrait jouer un rôle actif dans la protection des lanceurs d’alerte et des défenseurs de la liberté de la presse. Accorder l’asile à Julian Assange serait conforme à ces principes et constituerait un acte de solidarité envers ceux qui luttent pour la transparence et la vérité. L’institution d’une identité européenne pourrait permettre une meilleure protection des lanceurs d’alerte au niveau européen.
11. Besoin d’Europe / Tête de liste : Valérie Hayer
Oui. Julian Assange est privé de la liberté d’aller et venir depuis le 19 juin 2012 (réfugié à l’ambassade d’Équateur à Londres).
Oui.
Oui. Je l’ai dit plusieurs fois lors de ma candidature à la présidentielle 2017. Pour Assange et Snowden.
16. Paix et décroissance / Tête de liste : Michel Simonin
Julian Assange s’est-il opposé au pouvoir en place de son pays, l’Australie (définition prisonnier politique) ? Non. Il a révélé au public de graves violations des droits humains. Ceci n’est pas répréhensible, ou ne devrait pas l’être. C’est un prisonnier politique de toutes les démocraties occidentales, et c’est indigne d’elles.
Il me semble que les États-Unis auraient dû profiter de ce que Julian Assange a révélé. Cela a mis en lumière des failles, des dysfonctionnements, des erreurs monumentales, des dérives, évitant de lourdes enquêtes internes aux États concernés. La liberté de s’exprimer n’est pas une prérogative des journalistes. Tout citoyen a le droit de dire ce qu’il pense, ou de l’écrire, et révéler ce qu’il a découvert relève du lanceur d’alertes. Alors bien sûr, nous plaiderions en faveur de sa libération et de l’abandon des poursuites contre lui.
En tous cas un endroit où se réfugier pour pouvoir vivre dignement. L’Europe pourrait se prononcer à ce sujet, mais la coopération de celle-ci avec l’OTAN est difficilement compatible avec l’asile politique de qui que ce soit, en litige avec les États-Unis. L’accueillir en France serait le signe d’une indépendance retrouvée, et un honneur pour les Français-e-s.
17. Pour une autre Europe / Tête de liste : Jean-Marc Fortané
Oui.
Oui.
Oui.
18. La droite pour faire entendre la voix de la France en Europe / Tête de liste : François-Xavier Bellamy
Julian Assange est en effet un prisonnier politique sur lequel les dirigeants américains s’acharnent, ne lui pardonnant pas d’avoir publié, en 2010, sur son site Wikileaks, 700 000 documents confidentiels. L’opinion publique internationale avait pu prendre connaissance de nombreux rapports militaires faisant état d’actes de torture, d’enlèvements et de crimes de guerre perpétrés contre des civils. D’avoir ainsi permis de jeter une lumière crue sur la réalité de la politique de l’impérialisme américain explique que, quatorze ans plus tard, cet acharnement continue avec la complicité des prétendues démocraties européennes. Qu’il soit toujours emprisonné – par le gouvernement britannique depuis 2019, dans la prison de Belmarsh, version britannique de Guantanamo -, qu’il soit de plus toujours sous la menace de l’extradition, ne peut que révolter.
Comme vous le savez, nous ne serons pas élus au parlement européen. Dans notre presse et nos tracts, nous avons dénoncé à plusieurs reprises le sort qui est réservé à Julian Assange. Si nous avions des élus au parlement européen, nous utiliserions cette "tribune" pour réclamer sa libération ainsi que l’abandon des poursuites contre lui, tout en dénonçant la complicité des dirigeants de l’Union européenne. Tout comme les dirigeants américains, ils veulent maintenir le secret sur les exactions et massacres commis aux quatre coins du monde pour maintenir leur domination. Nous défendons la nécessité, pour connaître le contenu des traités et des accords internationaux qui entraînent les peuples dans des conflits meurtriers, ou les sales coups des États pour protéger par tous les moyens leurs intérêts et ceux de ses capitalistes, d’imposer la levée du secret diplomatique et du secret-défense.
Nous sommes bien évidemment favorables à l’asile politique pour Julian Assange en France. Force est de constater que la France n’a jamais pris d’engagement dans ce sens.
20. Changer l’Europe / Tête de liste : Pierre Larrouturou
Oui, l’acharnement judiciaire et ses conditions de détention sont inacceptables. Nouvelle Donne a publié à plusieurs reprises des communiqués depuis plusieurs années pour demander que Julian Assange ne soit pas extradé aux États-Unis. En 2020, le Bureau National de Nouvelle Donne a écrit au président de la République, Emmanuel Macron, pour lui demander d’accorder au plus vite l’asile politique à Julian Assange. En 2024, nous nous sommes mobilisés pour manifester notre soutien à Julian Assange les 20 et 21 février 2024 dans plusieurs villes de France.
Oui. En février 2024 Pierre Larrouturou a d’ailleurs plaidé en tant que député européen pour la libération de Julian Assange. Voici la vidéo de soutien qu’il a publiée sur Twitter le 18 février 2024.
Oui. En 2020, le Bureau National de Nouvelle Donne a écrit au président de la République, Emmanuel Macron, pour lui demander d’accorder au plus vite l’asile politique à Julian Assange. La liberté et l’indépendance de la presse sont fondamentales. Si les démocraties ne soutiennent pas les journalistes qui alertent sur des dysfonctionnements graves et qui ne font que leur travail, quelles leçons peuvent-elles donner aux dictatures ?
21. Nous le peuple / Tête de liste : Georges Renard-Kuzmanovic
Oui, tout à fait. Il n’y a aucune raison légale à son incarcération si ce n’est de le faire taire et de terroriser les autres lanceurs d’alerte et journalistes d’investigation qui révéleraient des informations compromettantes pour les Etats-Unis et leurs alliés. Il s’agit d’un journaliste australien qui n’a enfreint aucune loi anglaise, il n’y a aucune raison pour son emprisonnement au Royaume-Uni et ses menaces d’extradition aux États-Unis si ce n’est un droit extraterritorial proprement illégal et illégitime.
Oui, bien sûr. Cette incarcération n’a aucune raison d’être et nous devrions tous protéger les journalistes d’investigation et les lanceurs d’alerte plutôt que de les laisser traiter ainsi. Le journalisme n’est pas un crime, et est même la condition de la démocratie car comment le peuple souverain peut-il se prononcer s’il n’est pas correctement informé ? Ce combat pour la liberté d’expression est fondamental, Assange doit être libéré le plus vite possible et indemnisé par les États-Unis et le Royaume-Uni pour ces années d’emprisonnement.
Oui, sans hésiter. La France s’enorgueillirait à l’accueillir et le faire citoyen d’honneur. Ce serait un geste fort pour signifier notre attachement à la liberté d’expression, la démocratie, la protection des lanceurs d’alerte, notre indépendance géopolitique… Évidemment il faut aussi appliquer ces mesures quand cela concerne des choses à dénoncer en France.
22. Pour un monde sans frontières ni patrons, urgence révolution ! / Tête de liste : Selma Labib
Oui, nous considérons Julian Assange comme un prisonnier politique car s’il est privé de sa liberté depuis plus de quatorze ans c’est parce qu’il a contribué à rendre publics, à partir de 2010, des milliers de documents confidentiels sur la manière dont l’impérialisme américain et ses alliés ont mené la guerre en Irak et en Afghanistan, c’est-à-dire comment ils se sont rendus coupables de crimes de guerres sous prétexte de "lutte contre le terrorisme".
Bien sûr ! D’ailleurs même si nous ne sommes pas élus, nous continuerons à exiger de toutes nos forces la remise en liberté immédiate pour Julian Assange, détenu arbitrairement par le gouvernement britannique dans une prison de haute sécurité. Cette détention est infâme : c’est bien la preuve que les dirigeants des gouvernements dits "démocratiques" s’assoient sur les droits humains les plus élémentaires lorsqu’ils leur faut défendre les intérêts des grandes puissances impérialistes et des lobbys militaro-industriels.
Oui, nous sommes favorables à ce que Julian Assange puisse trouver l’asile politique en France, même si Macron et ses gouvernements successifs s’y sont toujours opposés. Visiblement, Assange n’est pas le bienvenu au pays "des droits de l’homme". Faut-il y voir un lien avec le fait que la France est aujourd’hui la meilleure alliée des États-Unis, les champions de la militarisation et du soutien à tous les chiens de guerre comme on le voit aujourd’hui par rapport à Nethanyaou et sa politique génocidaire à l’encontre du peuple palestinienne à Gaza ? Si un autre pays accordait cet asile à Julian Assange, cela nous permettrait de souligner à quel point la France de Macron piétine le droit d’asile politique et d’une manière générale la liberté de circulation et d’installation sur le territoire national de toutes celles et ceux qui veulent fuir les dictatures et les guerres.
23. "Pour le pain, la paix, la liberté !" Présentée par le Parti des travailleurs / Tête de liste : Camille Adoue
De fait, Julian Assange est un prisonnier politique, puisqu’il n’a plus connu la liberté depuis 2010 ! Les États-Unis continuent d’exercer des pressions monstrueuses, à tous les niveaux, pour obtenir son extradition et l’enfermer à vie pour "espionnage". Nous considérons, tout à l’inverse, que Julian Assange est un authentique lanceur d’alerte, persécuté pour ses opinions politiques et son travail colossal d’information. À ce titre, il doit être activement et massivement soutenu. Hélas, la faiblesse de la plupart des gouvernements occidentaux sur ce sujet, y compris le gouvernement français, est un révélateur de notre soumission collective aux États-Unis et de notre immense hypocrisie en matière de protection des lanceurs d’alerte et des opposants politiques.
Bien entendu. Je n’ai d’ailleurs pas attendu d’avoir un nouveau mandat de député européen pour me mobiliser en faveur de Julian Assange. Le 24 février dernier, le mouvement que je préside, Les Patriotes, a ainsi organisé une manifestation devant l’ambassade d’Australie à Paris, réunissant plusieurs centaines de personnes, afin d’exiger sa libération. Vous trouverez ici le lien de mon intervention.
Je suis totalement favorable à ce que la France accorde l’asile politique à Julian Assange. Je l’ai d’ailleurs demandé dès 2012 ! Cet homme au courage immense doit pouvoir retrouver une vie "normale" et jouir pleinement des droits et de la protection liés à ce statut.
25. Non ! Prenons-nous en mains / Tête de liste : Édouard Husson
Oui, et sa détention scandaleuse. Assange a joué un rôle très positif en publiant les documents secrets de l’État profond américain. Nous considérons aussi les conditions de son siège autour de l’ambassade à Londres, comme scandaleuse.
Oui. À noter que nous refusons l’emploi de l’écriture inclusive, erreur grammaticale grave et n’apportant strictement rien à la cause des femmes (ou celle des hommes).
Oui. La France s’honorerait d’accueillir sur son sol ce héros. Aujourd’hui le concept d’asile politique est dévoyé : la France accueille des milliers de migrants prétendant faussement être en danger dans leurs pays d’origine et venant augmenter les statistiques de la criminalité.
27. Réveiller l’Europe / Tête de liste : Raphaël Glucksmann
Évidemment que oui.
Bien sûr.
Oui bien sûr et même à ce qu’il soit décoré pour services rendus à l’humanité.
29. Alliance rurale / Tête de liste : Jean Lassalle
Oui.
Oui.
Oui. La France est le pays de la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen. Julian Assange est un combattant, un résistant, il a totalement sa place parmi nous en France. Dès mon élection, je me livrerai, comme j’avais commencé à la faire à l’Assemblée Nationale, et en relation étroite avec les siens, à une campagne acharnée pour rappeler encore et toujours son combat sublime afin de susciter un mouvement d’opinion le plus large possible.
30. France libre / Tête de liste : Francis Lalanne
Oui.
Oui.
Oui.
31. Europe Territoires Écologie / Tête de liste : Guillaume Lacroix
La Ruche Citoyenne considère effectivement Julian Assange comme un prisonnier politique.
Élus, nous plaiderons pour la libération de Julian Assange et exigeons l’abandon des poursuites judiciaires contre lui.
Nous sommes favorables à l’asile politique pour Julian Assange dans le pays de son choix au sein de l’Union européenne.
33. Gauche unie pour le monde du travail soutenue par Fabien Roussel / Tête de liste : Léon Deffontaines
On peut considérer Julian Assange comme un prisonnier politique. Le fondateur de Wikileaks est en effet détenu dans une prison de haute sécurité à Belmarsh à Londres depuis 5 ans en préventive sans jugement. Il est accusé par la justice américaine d’avoir révélé des crimes de guerre des troupes américaines en Irak et Afghanistan. En vertu de l’Espionage Act – qui ne peut pas être en principe appliqué à Assange qui est citoyen australien – il est menacé d’être transféré aux USA où il risque une peine de 175 années de prison. Avant sa détention à Belmarsh, il a vécu enfermé à l’ambassade d’Équateur pendant 7 ans, accusé par la Suède de délit sexuel. Accusations qui se sont effondrées faute de preuves.
En qualité d’élu il conviendra impérativement de peser de tout le poids politique pour abandonner les charges qui pèsent sur Assange car ces pressions américaines constituent une menace pour la liberté d’informer pour le rôle de journaliste et de lanceur d’alerte que représente Assange. Son transfert aux USA constituerait une menace pour la liberté des journalistes à informer les citoyens. Qui osera dans ces conditions révéler des crimes commis par les USA ? Raison de plus d’abandonner les poursuites est la sensible dégradation de l’état de santé physique et morale d’Assange. Le rapporteur spécial de l’ONU a dénoncé la torture psychologique dont est victime Assange du fait des conditions de sa détention. Il y a donc urgence à faire cesser les poursuites contre Assange et reconnaître que la diffusion des informations de Wikileaks était dans l’intérêt général car l’information n’est pas un crime mais un fondement de la démocratie. L’article 10 de la charte des droits fondamentaux de l’UE défend la liberté d’informer.
L’asile politique en France serait une décision de la plus haute importance dont s’honorerait le président de la République. Assange est soutenu par la Fédération internationale des journalistes, les syndicats de journalistes français et plusieurs ONG pour sa libération immédiate et l’arrêt des poursuites. Le groupe communiste à l’hôtel de ville à fait voter un vœu en ce sens et proposer que Julian Assange devienne citoyen d’honneur de la capitale.
34. Défendre les enfants / Tête de liste : Gaël Coste-Meunier
Oui, il n’est pas poursuivi pour crime crapuleux, ni pour crime passionnel, ni pour fraude fiscale, ou autre motif dit "de droit commun".
Du point de vue juridique, l’affaire Assange concerne les États-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni ; c’est une affaire extérieure à l’Union européenne. Néanmoins, nous rappelons que notre programme indique : 4.3] Plus généralement, nos orientations politiques s’appuient sur les principes d’égalité des chances et de solidarité, sur la Convention européenne des droits de l’homme, sur les déclarations et conventions de l’ONU, notamment celles concernant les droits de l’homme et les droits de l’enfant, ainsi que sur la Déclaration universelle des droits linguistiques signée par L’UNESCO. Notre action se situerait dans ce cadre.
Notre mouvement ne peut pas prendre position à ce sujet ; son action est au niveau de l’Europe.
38. Liberté démocratique française / Tête de liste : Patrice Grudé
Oui.
Oui.
Oui.
📰 https://x.com/ComiteAssange/status/1798766647936946369
7- ♟ Assange a gagné le droit de faire appel mais combien de temps devra-t-il encore attendre ?
![](https://substackcdn.com/image/fetch/w_1456,c_limit,f_auto,q_auto:good,fl_progressive:steep/https%3A%2F%2Fsubstack-post-media.s3.amazonaws.com%2Fpublic%2Fimages%2F5b7571db-d267-4010-bfdd-95aa8f7b76c8_680x515.png)
Par Eve Ottenberg, le 7 juin 2024, CounterPunch
Julian Assange a donc gagné son droit de faire appel de l'extradition de l'Angleterre vers les États-Unis. Dans combien de temps la prochaine étape juridique aura-t-elle lieu ? Des mois, un an ? Qui le sait ? Il y a fort à parier que ni Joe Biden, qui ne gracie que ceux qui n'en ont pas besoin, ni Donald Trump, qui pourrait peut-être gracier, ne suivent l'évolution de la situation. Le seul à faire le compte, c'est Assange, incarcéré dans l'horrible prison de Belmarsh, à l'isolement, depuis plus de cinq ans, et prisonnier de fait dans l'ambassade d'Équateur durant les sept années qui ont précédé sa détention carcérale. Assange sait exactement depuis combien de temps il croupit dans un cachot, parce qu'il en a vécu chaque maudite minute. Enfermé à tort pour avoir pratiqué un journalisme sincère, sachant pertinemment qu'il pourrait encore finir dans une salle d'audience de Virginie du Nord, condamné à 175 ans de prison pour avoir violé l'odieux Espionage Act, Assange est un innocent puni à tort, sans doute rongé par un désespoir lugubre alors qu'il risque de subir encore plus de tourments aux mains de ses macabres persécuteurs américains.
Washington et Londres lui ont infligé de graves dommages, étant directement et délibérément responsables de la détérioration de son état mental et physique, sans doute dans l'espoir que sa mort mette un terme à ce qui est devenu un fiasco publicitaire très gênant. À vrai dire, la clique à Biden n'aime probablement pas beaucoup passer en public pour le bourreau d'un journaliste intègre et pour un violateur flagrant du premier amendement, bref pour un gang d'autoritaires criminels. Du point de vue de la Maison Blanche, il vaut mieux qu'Assange se dépêche de mourir et qu'on en finisse avec ce lent enlisement embarassant pour le régime de Joe Biden. Mais dommage pour eux. Assange est toujours en vie et son équipe d'avocats toujours aussi dynamique.
À quel point Washington et son acolyte britannique ont-ils torturé Assange ? Selon Chris Hedges dans le Scheerpost du 25 mai, "Julian est dans un état de santé physique et psychologique précaire". Cela a provoqué chez cet homme de 52 ans "un petit accident vasculaire cérébral, des hallucinations et une dépression. Il prend des antidépresseurs et un antipsychotique, la quétiapine. On l'a vu faire les cent pas dans sa cellule jusqu'à s'effondrer, se frapper le visage à coups de poing et se cogner la tête contre le mur... Les autorités pénitentiaires ont trouvé "la moitié d'une lame de rasoir" cachée sous ses chaussettes. Il a appelé à plusieurs reprises le service d'assistance téléphonique pour les suicides...", voilà donc l'œuvre écœurante des grands pontes de Washington et de Londres. Leur message est clair : mettez les élites américaines dans l'embarras avec des rapports d'information et des scoops de premier ordre, comme l'a fait Assange avec sa couverture des crimes de guerre américains en Irak, et vous subirez ce sort.
La presse a finalement pris conscience du danger que représente cette affaire pour elle, et de nombreux journaux ont appelé à la libération d'Assange. Bien qu'une grâce soit un atout pour le président qui libérerait Assange, Joe Biden ne semble pas conscient des avantages de la clémence en termes de relations publiques. C'est probablement parce qu'Assange a tout simplement offensé trop d'élus démocrates, au premier rang desquels Hillary "My Turn to Be President" Clinton (C'est à mon tour d'être présidente), qui s'est fameusement plainte d'Assange en disant : "Ne pouvons-nous pas simplement lui envoyer dans un drone ?". Quelle femme d'État ! Quelle démonstration d'intégrité inspirante de la part de la femme qui allait diriger l'Occident ! Non.
Hillary "We Came, We Saw, He Died" Clinton (Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort) est aussi brutale à l'égard d'Assange que le reste de l'élite de Washington et elle-même le sont à l'égard de quiconque n'est pas dans les bonnes grâces de l'empire. Biden ne le voit peut-être pas de cette façon, mais il obéit au doigt et à l'œil à la panoplie de médiocrités puissantes dont Hillary Clinton est l'une des têtes de proue. Après tout, Wikileaks a embarrassé la candidate démocrate à la présidentielle de 2016 en publiant ses courriels - lesquels révélaient des manœuvres frauduleuses pour voler la primaire à Bernie Sanders. Dans une véritable démocratie, cette révélation fracassante aurait invalidé les primaires du parti démocrate. Mais cela fait longtemps que les États-Unis ne sont plus une véritable démocratie. Peut-être qu'Assange n'a pas tenu compte de cette réalité lorsqu'il a publié les messages de HRC (Hillary). Quoi qu'il en soit, il a clairement sous-estimé la mesure dans laquelle les dirigeants libéraux, en particulier Biden, s'aligneraient sans réserve sur le motif de la vengeance sans fin.
Toute cette affaire mensongère contre Assange empeste la corruption et l'abus de pouvoir. Corruption parce que la CIA, sous la direction de Mike "Get Assange" Pompeo (Choppez Assange), a comploté pour kidnapper ou assassiner le journaliste et a également, de manière corrompue, écouté ses conversations privilégiées avec ses avocats au sein de l'ambassade de l'Équateur. Corruption parce que de fausses accusations ont été portées à son encontre par un procureur suédois docile, dans le seul but de jeter Assange en pâture à un gouvernement américain furieux. Assange n'a en aucun cas violé ces deux femmes en Suède, et le procureur a fini par abandonner l'affaire. Mais le mal était désormais fait : à la réputation d'Assange et à sa liberté, car une fois le refuge trouvé à l'ambassade de l'Équateur, il était pris au piège.
Quant à l'abus de pouvoir, les exemples sont trop nombreux pour pouvoir être cités ici de manière exhaustive. Il suffit de dire que la très hostile juge Vanessa Baraitser, lors du premier procès d'Assange à Londres, a adopté les positions de l'accusation américaine comme ses décisions, tandis que le juge devant lequel Assange a fait appel pour la première fois est le meilleur ami et l'ancien colocataire du ministre britannique chargé d'expulser le journaliste obstiné de son refuge équatorien. Comme on pouvait s'y attendre, ce juge a rendu une décision défavorable à Assange. Il y a donc eu un abus de pouvoir judiciaire, ainsi qu'un abus de pouvoir des agences de renseignement, un abus de pouvoir de la police suédoise et, enfin, l'abus inhérent à l'Espionage Act lui-même, une loi conçue par ce nabot moral et criminel de guerre qu'était Woodrow Wilson pour étouffer la dissidence - en particulier la dissidence légale du Premier Amendement à l'égard de la conduite d'une guerre.
En juin 2022, les procureurs américains ont obtenu l'accord du Royaume-Uni pour emmener Assange dans une prison américaine. Depuis lors, le journaliste se bat contre cette décision. Son équipe juridique fait valoir qu'il ne bénéficierait pas des protections du premier amendement et pourrait être condamné à la peine capitale - deux points sur lesquels les juristes américains ont refusé d'offrir des protections exhaustives. En effet, en tant qu'étranger, Assange pourrait bien ne pas bénéficier des protections du premier amendement pour exercer son métier de journaliste (s'il bénéficiait de telles protections, l'affaire serait immédiatement rejetée, en raison du précédent des Pentagon Papers) et il pourrait également être condamné à la peine de mort. En mars, les deux juges de la Haute Cour ont donc statué en sa faveur. "Washington, en réponse, aurait donné l'assurance de traiter Assange de manière équitable...", rapporte RT le 20 mai. L'équipe de défense d'Assange a fait valoir que les engagements pris par l'administration du président Joe Biden étaient "manifestement inadéquats". Les deux juges se sont accordés sur ce point.
On peut se demander pourquoi les infâmes malfaiteurs de Biden ne garantissent pas l'immunité d'Assange contre la peine capitale. Il s'agit en effet d'un refus des plus sinistres. Il est clair qu'ils feront tout pour priver ce journaliste des protections du premier amendement - sans quoi ils n'auraient pas d'affaire à se mettre sous la dent. Mais le fait qu'ils veuillent manifestement avoir les coudées franches concernant la peine de mort ? Un seul mot suffit pour qualifier cela : maléfique.
Eve Ottenberg est romancière et journaliste. Son dernier livre s'intitule Busybody. Elle est joignable sur son site web.
📰 https://www.counterpunch.org/2024/06/07/how-long-must-he-wait-assange-wins-right-to-appeal/
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8- ♟ La famille de Julian Assange se réjouit du soutien des responsables politiques américains
Le fondateur de WikiLeaks reste incarcéré à la prison de Belmarsh alors qu'il poursuit sa campagne pour ne pas être envoyé aux États-Unis.
Le 7 juin 2024, Yahoo News
La famille de Julian Assange a salué le soutien accru des responsables politiques américains en faveur de l'arrêt de l'extradition du fondateur de WikiLeaks.
L'Australien est toujours incarcéré à la prison de Belmarsh, à Londres, où il poursuit sa campagne pour ne pas être envoyé aux États-Unis, où il craint de passer le reste de sa vie en prison.
La députée démocrate Pramila Jayapal a signé une résolution demandant l'abandon de toutes les charges retenues contre lui.
Son frère Gabriel Shipton a déclaré :
"La représentante Jayapal, en ajoutant son nom à la résolution 934 de la Chambre des représentants, pose un nouveau jalon sur la voie de la liberté de Julian et de la défense du premier amendement.
Le président Biden ayant déclaré qu'il envisageait d'abandonner l'affaire, cette préoccupation bipartisane croissante devrait être un facteur."
La résolution stipule ce qui suit :
"Le gouvernement fédéral doit abandonner toutes les poursuites contre Julian Assange de même que les tentatives d'extradition, et le gouvernement fédéral doit permettre à Julian Assange de rentrer dans son pays natal, l'Australie, si tel est son souhait."
La députée Jayapal devient la 12ème personne à coparrainer la résolution, qui bénéficie d'un soutien bipartisan.
Julian Assange a obtenu le droit de faire appel de l'ordre d'extradition vers les États-Unis pour les accusations d'espionnage portées à son encontre, mais ses partisans craignent que l'appel ne prenne des mois, décrivant cela comme une nouvelle étape d'un "cauchemar juridique" qui dure depuis 13 ans pour Julian Assange et sa famille.
📰 https://uk.news.yahoo.com/julian-assange-family-welcomes-support-120359496.html
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9- ♟ L'Institut des droits de l'homme de l'Association internationale du barreau (IBAHRI) exhorte le président Biden à abandonner toutes les charges contre Julian Assange
Par International Bar Association, le 7 juin 2024
L'Institut des droits de l'homme de l'Association internationale du barreau (IBAHRI) exhorte le président des États-Unis, Joe Biden, à abandonner toutes les charges retenues contre le fondateur australien de WikiLeaks, Julian Assange, en relation avec la publication par Wikileaks, en 2010, de plus de 250 000 documents classifiés ayant fait l'objet d'une fuite - exposant des violations présumées des droits de l'homme qui auraient été perpétrées par l'armée américaine au cours des guerres d'Afghanistan et d'Irak.
En avril 2024, il a été rapporté que le président américain avait déclaré "nous y réfléchissons" en réponse à la question d'un journaliste concernant la demande du gouvernement australien d'autoriser Mr Assange à retourner dans son pays d'origine.
Le commentaire de Mr Biden faisait suite à l'adoption par le Parlement australien, en février 2024, d'une motion, soutenue par le Premier ministre Anthony Albanese, qui appelait les États-Unis et le Royaume-Uni - d'où Mr Assange lutte contre son extradition vers les États-Unis - à lui permettre de regagner son pays d'origine.
Récemment, le 20 mai 2024, la Haute Cour de justice du Royaume-Uni a accordé à Mr Assange le droit de faire appel de son extradition vers les États-Unis. L'IBAHRI s'est félicité de cette décision et souligne l'importance exceptionnelle de ce jugement qui réaffirme les lois et normes internationales protégeant le droit fondamental à la liberté d'expression et la protection du personnel des médias et du journalisme d'intérêt public dans le monde entier.
Compte tenu des risques inhérents à l'extradition de Mr Assange vers les États-Unis, où une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à 175 ans pourrait être prononcée en vertu de l'Espionage Act (loi sur l’espionnage) et du Computer Fraud and Abuse Act (loi sur la fraude et les abus informatiques), l'IBAHRI a suivi de près cette affaire.
Anne Ramberg Dr Jur hc, coprésidente de l'IBAHRI et ancienne secrétaire générale du barreau suédois, a déclaré : La décision de la Haute Cour de faire droit à l'appel contre l'extradition de Mr Assange marque un tournant dans cette saga judiciaire, non seulement pour Mr Assange et son équipe juridique, mais aussi pour le journalisme d'intérêt public, qui est également jugé dans cette affaire. L'IBAHRI réitère les préoccupations des experts des Nations unies, notamment la rapporteure spéciale des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, le Dr Alice Jill Edwards, et la rapporteure spéciale des Nations unies sur la liberté d'opinion et d'expression, Irene Khan, qui ont souligné que si Mr Assange devait être extradé, son cas créerait un dangereux précédent dont les conséquences seraient néfastes pour le journalisme d'investigation aux États-Unis et ailleurs. Il est frappant de constater que tant de temps et d'efforts ont été consacrés à la poursuite du fondateur de Wikileaks, mais apparemment moins à l'enquête sur d'éventuels crimes de guerre ayant entraîné la mort de civils, qui auraient été perpétrés par l'armée américaine pendant la guerre en Afghanistan. L'IBAHRI appelle instamment le président Biden à abandonner toutes les poursuites à l'encontre de Mr Assange.
La directrice de l'IBAHRI, la baronne Helena Kennedy LT KC, a commenté :
"La décision de la Haute Cour d'autoriser Mr Assange à faire appel de son extradition est une étape importante et attendue depuis longtemps. L'IBAHRI réaffirme que l'extradition potentielle de Mr Assange du Royaume-Uni vers les États-Unis, où il pourrait faire l'objet d'un procès préjudiciable et potentiellement motivé par des considérations politiques, serait contraire au traité d'extradition conclu entre les deux pays, et constituerait en particulier une violation des lois et normes internationales relatives à l'extradition des personnes inculpées. En outre, cela ferait de Mr Assange le premier éditeur extradé en vertu de la loi sur l'espionnage et créerait un dangereux précédent pour la liberté des médias dans le monde. L'appel sera jugé sur le fond par la Haute Cour et nous demandons instamment à la Cour de défendre le droit fondamental à la liberté d'expression et de protéger le rôle indispensable des médias libres et indépendants en tant que chiens de garde des sociétés démocratiques."
En février 2024, l'IBAHRI a réitéré son appel à mettre fin à l’extradition de Mr Assange vers les États-Unis, alors que la Haute Cour britannique délibérait sur l'affaire au cours d'une audience de deux jours. Le 26 mars, la Haute Cour a reporté son jugement sur la requête de Mr Assange d'interjeter appel de l'ordre d'extradition, dans l'attente d'assurances satisfaisantes de la part des États-Unis que Mr Assange :
ne serait pas condamné à la peine de mort s'il était jugé aux États-Unis ;
pourra se prévaloir du premier amendement de la Constitution des États-Unis, qui protège la liberté d'expression ; et
ne subira pas de préjudice en raison de son identité australienne.
Les juges Dame Victoria Sharp et le Juge Johnson ont statué qu'en l'absence d'assurances satisfaisantes, Mr Assange se verrait accorder le droit d'interjeter appel sans autre forme de procès. Le 16 avril 2024, l'administration Biden a fourni des garanties à la Haute Cour, notant que l'applicabilité du premier amendement relèverait exclusivement de la compétence des tribunaux américains.
Dans un arrêt rendu le 20 mai, Dame Sharp et le juge Johnson ont accepté les assurances fournies par les États-Unis concernant la peine capitale. Les juges ont toutefois estimé que les assurances américaines du 16 avril 2024 étaient globalement insuffisantes et ont donc accordé l'autorisation d'interjeter appel de l'extradition pour deux raisons : (a) un risque réel de discrimination fondée sur la nationalité (section 81(b) de la loi sur l'extradition de 2003), puisque Mr Assange ne pourrait pas invoquer le premier amendement comme les ressortissants américains en auraient le droit ; (b) - uniquement en conséquence de (a) - un risque réel de déni flagrant du droit de Mr Assange à la liberté d'expression (Article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme).
Mr Assange et son équipe juridique se préparent à présent pour l'audience d'appel visant à contester l'ordre d'extradition, dont la date n'a pas encore été fixée.
Contact : IBAHRI@int-bar.org
Notes à l'éditeur
Contexte :
Julian Assange a été arrêté en avril 2019 à l'ambassade de l'Équateur à Londres, où il avait obtenu l'asile pendant près de sept ans. Il a été arrêté pour avoir enfreint les conditions de sa libération sous caution en 2012, puis arrêté au nom des autorités américaines en vertu d'un mandat d'extradition pour son rôle dans l'obtention et la publication de documents militaires et diplomatiques classifiés en 2010. En mai 2019, le ministère américain de la Justice a déposé 17 chefs d'accusation supplémentaires à son encontre, l'accusant d'avoir violé la loi sur l'espionnage en divulguant des informations que beaucoup considèrent comme étant d'intérêt public, portant ainsi à 18 le nombre de chefs d'accusation retenus contre lui.
Documents connexes :
L'extradition de Julian Assange menacerait les libertés d'expression et des médias, déclare l'IBAHRI
L'International Bar Association’s Human Rights Institute (Institut des droits de l'homme de l'Association internationale du barreau) (IBAHRI), créé en 1995 par le président honoraire fondateur Nelson Mandela, est une entité autonome et financièrement indépendante qui œuvre à la promotion, à la protection et à l'application des droits de l'homme dans le cadre d'un État de droit équitable, et à la préservation de l'indépendance du pouvoir judiciaire et de la profession d'avocat dans le monde entier.
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L'International Bar Association (Association internationale du barreau) (IBA), voix mondiale de la profession juridique, est la principale organisation de praticiens du droit, d'associations d'avocats et de barreaux internationaux. Fondée en 1947, peu après la création des Nations unies, elle est née de la conviction qu'une organisation composée des barreaux du monde entier pourrait contribuer à la stabilité et à la paix dans le monde par l'administration de la justice.
Lien de la page du site web pour ce communiqué de presse :
Lien court : www.tinyurl.com/4987pcvf
Lien complet : www.ibanet.org/IBAHRI-urges-US-President-Joe-Biden-to-drop-all-charges-against-Julian-Assange
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10- 🎥 Julian Assange : vers la prison à vie ? La réponse d'Antoine Vey, son avocat
Vidéo de 15 minutes (avec sous titres disponibles pour autres langues), publiée le 30 mai 2024, Le Figaro
Antoine Vey, avocat français de Julian Assange, auteur de Julian Assange, la plaidoirie impossible (Plon), était l’invité de Vincent Roux, rédacteur en chef du Figaro Live, dans Points de Vue.
Le livre d'Antoine Vey, Julian Assange - La plaidoirie impossible, vient de sortir aux éditions PLON (144 pages, paru le 30 mai 2024)
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2015 : The Wikileaks Files : The World According to US Empire (The Wikileaks Files : Le monde selon l'empire américain)
11- ♟ Introduction de Julian Assange aux fichiers Wikileaks
Cet essai de Julian Assange est extrait de l'introduction de The Wikileaks Files: Le monde selon l'Empire américain, collection qui analyse l'impact de la publication de câbles diplomatiques américains par Wikileaks sur la politique étrangère.
Par Julian Assange, le 26 août 2015, Gizmodo
Un jour, un moine et deux novices trouvèrent une lourde pierre sur leur chemin. "Nous allons la jeter", dirent les novices. Mais avant qu'ils ne puissent le faire, le moine prit sa hache et fendit la pierre en deux. Après avoir demandé son accord, les novices jetèrent les moitiés au loin. "Pourquoi as-tu fendu la pierre pour que nous la jetions ?", demandèrent-ils. Le moine montra du doigt la distance parcourue par les moitiés de pierre. Tout excité, l'un des novices prit la hache du moine et se précipita à l'endroit où une moitié de pierre avait atterri. Il la fendit et lança le quart de pierre. L'autre novice s'empara alors de la hache et se précipita à sa suite. Il fendit lui aussi le fragment de pierre et le lança au loin. Les novices continuèrent ainsi, riant et haletant, jusqu'à ce que les demi-morceaux soient si petits qu'ils ne pouvaient plus être emportés et qu'ils leur revenaient dans les yeux comme de la poussière. Les novices clignèrent des yeux, déconcertés. "Chaque pierre a sa taille", dit alors le moine.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, WikiLeaks a publié 2 325 961 câbles diplomatiques et autres documents du département d'État américain, soit quelque deux milliards de mots. Ce corpus stupéfiant et apparemment insurmontable de littérature interne à l'État, qui, s'il était imprimé, représenterait quelque 30 000 volumes, représente quelque chose d'inédit. Comme le département d'État, il est impossible de l'appréhender sans l'ouvrir et en considérer les différentes parties. Mais prendre au hasard des documents diplomatiques isolés qui recoupent des entités et des litiges connus, comme l'ont fait certains quotidiens, c'est passer à côté de "l'empire" pour ses câbles.
Chaque corpus a sa taille.
Pour obtenir le bon niveau d'abstraction, celui qui considère les relations entre la plupart des câbles d'une région ou d'un pays plutôt que de considérer les câbles isolément, une approche plus savante est nécessaire. Cette approche est si naturelle qu'il semble étrange qu'elle n'ait pas été tentée auparavant.
L'étude des empires passe depuis longtemps par celle de leurs communications. Gravés dans la pierre ou inscrits à l'encre sur des parchemins, les empires, de Babylone à la dynastie Ming, ont laissé des traces de la communication entre le centre de l'organisation et ses périphéries. Cependant, dans les années 1950, les étudiants en histoire des empires se sont rendu compte que, d'une certaine manière, le moyen de communication était l'empire. Ses méthodes pour organiser la rédaction, le transport, l'indexation et le stockage de ses communications, et pour désigner les personnes autorisées à les lire et à les écrire, constituaient en quelque sorte l'empire. Lorsque les méthodes utilisées par un empire pour communiquer ont changé, l'empire a lui aussi changé.
Si la parole a une courte portée temporelle, la pierre en a une longue. Certaines méthodes d'écriture, comme la gravure sur pierre, convenaient à la transmission de règles institutionnelles comprimées qui devaient être communiquées en toute sécurité dans les mois et les années à venir. Mais ces méthodes ne permettaient pas de suivre l'évolution rapide des événements, ni de faire preuve de nuance ou de discrétion : elles étaient gravées dans la pierre. Pour combler ces lacunes, les empires dotés de systèmes d'écriture lents devaient encore s'appuyer fortement sur le moyen de communication le plus ancien et pourtant le plus éphémère de l'humanité : les conventions orales, la parole.
D'autres méthodes, comme le papyrus, étaient légères et rapides à réaliser, mais fragiles. Ces supports de communication avaient l'avantage d'être faciles à fabriquer et à transporter. Ils permettaient d'unifier les régions occupées grâce à un flux d'informations rapide qui, à son tour, pouvait alimenter une gestion centrale réactive. Un tel centre bien connecté pouvait intégrer les flux de renseignements qui lui parvenaient et projeter rapidement les décisions qui en résultaient vers l'extérieur, même si cela entraînait des tendances au court-termisme et à la microgestion. Alors qu'une mer, un désert ou une montagne peuvent être traversés ou contournés à un certain prix, et que des ressources énergétiques peuvent être découvertes ou volées, la capacité de projeter les aspirations, la structure et les connaissances d'un empire à travers l'espace et le temps constitue une limite absolue à son existence.
Les cultures et les économies communiquent en utilisant toutes sortes de techniques à travers les régions et les années de leur existence, de l'évolution des blagues partagées viralement entre amis à la diffusion des prix à travers les routes commerciales. Cela ne suffit pas à créer un empire. La tentative structurée de gestion d'un système culturel et économique étendu à l'aide de communications est le sceau d'un empire. Et ce sont les enregistrements de ces communications, qui n'ont jamais été destinés à être disséqués et qui sont donc particulièrement vulnérables à la dissection, qui constituent la base de la compréhension de la nature du seul "empire" qui subsiste dans le monde.
Anatomie de l'empire américain
Et où se trouve cet empire ?
Chaque jour ouvrable, 71 000 personnes réparties dans 191 pays et représentant vingt-sept agences gouvernementales américaines différentes se réveillent et se frayent un chemin à travers les drapeaux, les clôtures en acier et les gardes armés jusqu'à l'un des 276 bâtiments fortifiés qui constituent les 169 ambassades et autres missions du Département d'État américain. Ils sont rejoints dans leur marche par des représentants et des agents de vingt-sept autres départements et agences du gouvernement américain, dont la Central Intelligence Agency, la National Security Agency, le Federal Bureau of Investigation et les différentes branches de l'armée américaine.
Dans chaque ambassade, on trouve un ambassadeur, généralement proche du pouvoir politique, économique ou de renseignement des États-Unis, des diplomates de carrière spécialisés dans la politique, l'économie et la diplomatie publique de leur pays d'accueil, des gestionnaires, des chargés de recherche, des attachés militaires, des espions sous couverture du service extérieur, du personnel d'autres agences gouvernementales américaines (pour certaines ambassades, cela va jusqu'à des militaires armés ou des forces d'opérations spéciales secrètes), des entrepreneurs, du personnel de sécurité, des techniciens, des traducteurs recrutés localement, des agents de propreté et d'autres membres du personnel de service.
Au-dessus d'eux, des antennes radio et des antennes satellites balaient l'air, certaines se dirigeant vers le pays d'origine pour recevoir ou divulguer des câbles diplomatiques et de la CIA, d'autres pour relayer les communications des navires et avions militaires américains, d'autres encore placées par la National Security Agency afin d'intercepter à grande échelle les téléphones portables et autres communications sans fil de la population du pays d'accueil.
Le service diplomatique américain remonte à la révolution, mais c'est dans le contexte de l'après-Seconde Guerre mondiale que le département d'État moderne a vu le jour. Ses origines coïncident avec la nomination d'Henry Kissinger au poste de secrétaire d'État, en 1973. La nomination de Kissinger était inhabituelle à plusieurs égards. Kissinger ne s'est pas contenté de diriger le département d'État ; il a également été nommé conseiller à la sécurité nationale, facilitant ainsi une intégration plus étroite entre les relations étrangères et les services militaires et de renseignement du gouvernement américain. Alors que le département d'État disposait depuis longtemps d'un système de câbles, la nomination de Kissinger a entraîné des changements logistiques dans la manière dont les câbles étaient rédigés, indexés et stockés. Pour la première fois, la majeure partie des câbles a été transmise par voie électronique. Cette période d'innovation majeure est toujours présente dans le fonctionnement du département aujourd'hui.
Le département d'État américain est unique parmi les bureaucraties officielles des États-Unis. D'autres agences aspirent à administrer une fonction ou une autre, mais le département d'État représente, et même héberge, l'ensemble des éléments majeurs du pouvoir national américain. Il fournit une couverture à la CIA, des bâtiments pour l'équipement d'interception de masse de la NSA, des bureaux et des installations de communication pour le FBI, l'armée et d'autres agences gouvernementales, ainsi que du personnel pour agir en tant qu'agents commerciaux et conseillers politiques pour les plus grandes entreprises américaines.
Il n'est pas possible de comprendre correctement une institution comme le département d'État de l'extérieur, pas plus que les artistes de la Renaissance ne pouvaient découvrir le fonctionnement des animaux sans les éventrer et fouiner dans leurs entrailles. En tant qu'appareil diplomatique des États-Unis, le département d'État est directement impliqué dans la présentation d'un visage amical de l'empire, dissimulant ses mécanismes sous-jacents. Chaque année, plus d'un milliard de dollars sont consacrés à la "diplomatie publique", un terme indirect pour désigner la propagande tournée vers l'extérieur. La diplomatie publique vise explicitement à influencer les journalistes et la société civile, afin qu'ils servent de relais aux messages du département d'État.
Bien que les archives nationales aient produit des collections impressionnantes de communications internes de l'État, leur matériel est intentionnellement retenu ou rendu difficile d'accès pendant des décennies, jusqu'à ce qu'il soit dépouillé de son potentiel. C'est inévitable, car les archives nationales ne sont pas structurées pour résister au retour de bâton (sous la forme d'une suppression de financement ou d'un licenciement de fonctionnaires) que produiraient des archives d'importance internationale accessibles en temps voulu. Ce qui rend la révélation de communications secrètes puissante, c'est que nous n'étions pas censés les lire. Les communications internes du Département d'État américain sont le sous-produit logistique de ses activités : leur publication est la vivisection d'un empire vivant, montrant quelle substance a coulé de quel organe d'État et à quel moment.
Les câbles diplomatiques ne sont pas produits dans le but de manipuler le public, mais sont destinés à des éléments du reste de l'appareil d'État américain, et sont donc relativement exempts de l'influence déformante des relations publiques. Leur lecture est un moyen beaucoup plus efficace de comprendre une institution comme le département d'État que la lecture de rapports de journalistes sur les déclarations publiques d'Hillary Clinton ou de Jen Psaki.
Si, dans leurs communications internes, les fonctionnaires du département d'État doivent adapter leur plume aux dernières orthodoxies de Washington s'ils veulent se faire remarquer pour les "bonnes" raisons et non pour les "mauvaises", ces éléments du politiquement correct sont eux-mêmes remarquables et visibles pour les personnes extérieures qui ne sont pas suffisamment endoctrinées. De nombreux câbles sont délibératifs ou logistiques, et leurs relations causales dans le temps et l'espace avec d'autres câbles et avec des événements documentés de l'extérieur créent un réseau de contraintes interprétatives qui montrent de manière fiable comment le Département d'État américain et les agences qui interagissent avec son système de câbles appréhendent leur place dans le monde.
Ce n'est qu'en abordant ce corpus de manière holistique - au-delà de la documentation de chaque abus individuel, de chaque atrocité localisée - que le véritable coût humain de l'empire apparaît.
La religiosité en matière de sécurité nationale et l'association d'études internationales
Bien qu'il existe une abondante littérature sur l'analyse structurelle ou la realpolitik des institutions clés du pouvoir américain, une série de phénomènes rituels et même quasi-religieux entourant le secteur de la sécurité nationale aux États-Unis suggère que ces approches à elles seules manquent de pouvoir explicatif. Ces phénomènes sont bien connus dans le rituel du déploiement du drapeau, de la vénération des ordres et de la génuflexion élaborée devant le rang, mais ils peuvent également être observés dans la réaction extraordinaire aux révélations de WikiLeaks, dans lesquelles il est possible d'observer certaines de leurs caractéristiques les plus intéressantes.
Lorsque WikiLeaks publie des documents du gouvernement américain portant des marques de classification - une sorte de "sceau sacré" de la sécurité nationale, si l'on veut -, deux campagnes parallèles commencent : primo, la campagne publique de minimisation, de détournement de l'attention et de recadrage de toutes les révélations qui constituent une menace pour le prestige de la classe de la sécurité nationale ; secundo, une campagne interne au sein de l'État de la sécurité nationale lui-même pour digérer ce qui s'est passé. Lorsque des documents portant de tels sceaux sont rendus publics, ils sont transsubstantiés en objets interdits qui deviennent toxiques pour "l'État dans l'État" - les plus de 5,1 millions d'Américains (en 2014) ayant une habilitation de sécurité active, et ceux qui, à sa périphérie étendue, aspirent à son patronage économique ou social.
Cette réaction aux révélations de WikiLeaks présente un niveau d'hystérie et de non-corporéité que les théories traditionnelles du pouvoir ne permettent pas d'appréhender facilement. De nombreuses religions et cultes confèrent à leur classe sacerdotale une valeur de rareté supplémentaire en gardant leurs textes religieux secrets pour le public ou les ordres inférieurs des dévots. Cette technique permet également à la classe sacerdotale d'adopter différentes stratégies psychologiques pour différents niveaux d'endoctrinement. Ce qui est dérisoire, hypocrite ou machiavélique pour le public ou les niveaux inférieurs d'"autorisation" est accepté par ceux qui ont été suffisamment endoctrinés ou cooptés pour sentir que leur avantage économique ou social réside dans l'acceptation de ce qu'ils rejetteraient normalement. Publiquement, le gouvernement américain a prétendu, à tort, que toute personne ne disposant pas d'une habilitation de sécurité et distribuant des documents "classifiés" violait la loi sur l'espionnage (Espionage Act) de 1917. Mais les revendications de la campagne intérieure "un État dans l'État" vont dans le sens inverse. Elle ordonne aux personnes dont elle affirme publiquement qu'elles sont les seules à pouvoir lire légalement des documents classifiés de s'abstenir de lire les documents publiés par WikiLeaks et les médias associés qui portent des marques de classification, de peur d'être "contaminés" par ces documents. Alors qu'un document donné peut être lu par le personnel habilité lorsqu'il provient de dépôts gouvernementaux classifiés, il est interdit à ce même personnel de poser les yeux sur le même document lorsqu'il provient d'une source publique. Si des employés habilités de l'État de sécurité nationale lisent de tels documents dans le domaine public, ils sont censés signaler eux-mêmes leur contact avec l'objet nouvellement profané et en détruire toutes les traces.
Cette réaction est, bien entendu, irrationnelle. Les câbles classifiés et autres documents publiés par WikiLeaks et les médias associés sont totalement identiques aux versions originales officiellement accessibles à ceux qui ont l'habilitation de sécurité nécessaire, puisque c'est de là qu'ils proviennent. Il s'agit de copies électroniques. Non seulement elles sont indiscernables, mais il n'y a littéralement aucune différence entre elles. Pas un mot. Pas une lettre. Pas un seul bit.
L'implication est qu'il existe une propriété non physique qui habite les documents une fois leur marquage de classification effectué, et que cette propriété magique disparaît, non pas en copiant le document, mais en rendant la copie publique. Pour les adeptes de l'État de sécurité nationale, le document désormais public n'est pas seulement dépourvu de cette propriété magique et redevenu un objet banal, il a été habité par une autre propriété non physique : une propriété maléfique.
Ce type de pensée religieuse a des conséquences. Ce n'est pas seulement l'excuse utilisée par le gouvernement américain pour empêcher des millions de personnes travaillant pour "l'État dans l'État" de lire plus de trente domaines différents de WikiLeaks - la même excuse qui a été utilisée pour empêcher le New York Times, le Guardian, le Spiegel, Le Monde, El País et d'autres médias de publier des documents de WikiLeaks.
En fait, en 2011, le gouvernement américain a envoyé ce que l'on pourrait appeler une "fatwa WikiLeaks" à toutes les agences du gouvernement fédéral, à tous les employés du gouvernement fédéral et à toutes les entreprises de sécurité du gouvernement fédéral :
Les informations classifiées, qu'elles soient ou non déjà publiées sur des sites web publics, divulguées aux médias ou tombées dans le domaine public, restent classifiées et doivent être traitées comme telles jusqu'à ce qu'elles soient déclassifiées par une autorité gouvernementale américaine appropriée... Les contractants qui découvrent par inadvertance des informations potentiellement classifiées dans le domaine public doivent en signaler immédiatement l'existence à leurs responsables de la sécurité de l'installation. Les entreprises sont invitées à supprimer le matériel incriminé en maintenant la touche MAJ enfoncée tout en appuyant sur la touche SUPPR pour les systèmes Windows et en vidant le cache du navigateur Internet.
Après avoir été contactée par un agent du Département d'État américain, la School of International and Public Affairs de l'Université de Columbia a averti ses étudiants de "ne pas poster de liens vers ces documents ni de faire de commentaires sur des sites de réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter. S'engager dans ces activités remettrait en question votre capacité à traiter des informations confidentielles, ce qui fait partie de la plupart des postes au sein du gouvernement fédéral".
Un grand nombre de ministères et d'autres entités, y compris la Bibliothèque du Congrès, ont bloqué l'accès Internet à WikiLeaks. Les Archives nationales américaines ont même bloqué les recherches du terme "WikiLeaks" dans leur propre base de données. Le tabou est devenu tellement absurde que, comme un chien qui s'en prend à tout, il a fini par trouver sa marque : sa propre queue. En mars 2012, le Pentagone était allé jusqu'à créer un filtre automatique pour bloquer tous les courriels, y compris les courriels entrants au Pentagone, contenant le mot "WikiLeaks". En conséquence, les procureurs du Pentagone qui préparaient l'affaire contre l'analyste du renseignement américain PFC Manning, la source présumée des câbles du Cablegate, ont constaté qu'ils ne recevaient pas les courriels importants du juge ou de la défense (10). Mais le Pentagone n'a pas supprimé le filtre - au lieu de cela, le procureur en chef, le major Ashden Fein, a déclaré à la cour qu'une nouvelle procédure avait été mise en place pour vérifier quotidiennement le filtre afin de détecter les courriels liés à WikiLeaks qui avaient été bloqués. Le juge militaire, le colonel Denise Lind, a déclaré que des adresses électroniques alternatives spéciales seraient mises en place pour l'accusation.
Si cette hystérie confessionnelle semble dérisoire pour les personnes extérieures au secteur de la sécurité nationale des États-Unis, elle a entraîné une grave pénurie d'analyses des publications de WikiLeaks dans les revues américaines de relations internationales. Toutefois, les chercheurs de disciplines aussi variées que le droit, la linguistique, les statistiques appliquées, la santé et l'économie n'ont pas été aussi timides. Par exemple, dans leur article de 2013 pour la revue de statistiques Entropy, DeDeo et al. - tous ressortissants des États-Unis ou du Royaume-Uni - écrivent que le journal de guerre afghan de WikiLeaks "est susceptible de devenir un ensemble standard pour l'analyse des conflits humains et l'étude des méthodes empiriques pour l'analyse de données complexes et multimodales".
Les documents de WikiLeaks, en particulier les câbles, sont même largement utilisés dans les tribunaux, y compris les tribunaux nationaux, du Royaume-Uni au Pakistan, et dans les tribunaux internationaux, de la Cour européenne des droits de l'homme au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.
Face aux milliers de citations dans les tribunaux et dans d'autres domaines universitaires, la pauvreté en matière de couverture dans les revues américaines de relations internationales n'apparaît pas seulement étrange, mais suspecte. Ces revues, qui dominent l'étude des relations internationales à l'échelle mondiale, devraient être le lieu naturel d'une analyse appropriée du corpus diplomatique de deux milliards de mots de WikiLeaks. La revue américaine International Studies Quarterly (ISQ), l'une des principales revues de relations internationales, a adopté une politique de refus des manuscrits basés sur les documents de WikiLeaks, même lorsqu'il s'agit de citations ou d'analyses dérivées. Selon un article à paraître, "Who's Afraid of WikiLeaks ? Missed Opportunities in Political Science Research", le rédacteur en chef d'ISQ a déclaré que la revue se trouvait actuellement "dans une position intenable" et qu'il en serait ainsi tant que l'influente International Studies Association (ISA) n'aurait pas modifié sa politique. L'ISA compte plus de 6 500 membres dans le monde et est la principale association scientifique dans ce domaine. L'ISA publie également Foreign Policy Analysis, International Political Sociology, International Interactions, International Studies Review et International Studies Perspectives.
Amitav Acharya, professeur à la School of International Service de l'American University à Washington, DC, est le président de l'ISA pour l'année 2014-2015. Près de la moitié des cinquante-six membres de son conseil d'administration sont des professeurs dans des départements universitaires similaires à travers les États-Unis, dont beaucoup fonctionnent également comme des écoles nourricières pour le Département d'État américain et d'autres secteurs du gouvernement orientés vers l'international.
Le fait que l'ISA ait interdit aux archives les plus importantes de la politique étrangère américaine de figurer dans ses documents académiques - ce qui devrait aller à l'encontre de ses ambitions institutionnelles et académiques - remet en question l'ensemble de sa production, une production qui a considérablement influencé la manière dont le monde a compris le rôle des États-Unis dans l'ordre international.
Ce resserrement des rangs de la classe universitaire autour des intérêts du Pentagone et du département d'État mérite en soi d'être analysé. La censure des câbles des revues de relations internationales est une forme de fraude académique. Exclure discrètement des sources primaires pour des raisons non académiques revient à mentir par omission. Mais cela met en lumière un aspect plus important : la distorsion du domaine des relations internationales et des disciplines connexes en raison de la proximité de ses structures académiques avec le gouvernement américain. Ces structures n'ont même pas l'indépendance du New York Times, souvent déférent, qui, tout en se livrant à diverses formes de censure par câble, a au moins réussi à en publier plus d'une centaine.
La déformation de l'étude des relations internationales par ces revues et la censure de WikiLeaks sont des exemples clairs d'un problème. Mais l'identification de WikiLeaks présente également une opportunité significative : présenter une analyse des relations internationales n'ayant pas été entravée par la censure de documents classifiés.
Le monde selon l'empire américain
La réaction des États-Unis à la publication des documents de WikiLeaks trahit la conviction que leur pouvoir réside dans la disparité des informations : toujours plus de connaissances pour l'empire, toujours moins pour ses sujets.
En 1969, Daniel Ellsberg - plus tard célèbre pour avoir divulgué les Pentagon Papers - disposait d'une habilitation de sécurité ultrasecrète. Henry Kissinger avait demandé sa propre habilitation top-secret. Ellsberg l'a averti des dangers que cela représentait : "Il vous sera très difficile d'apprendre de quelqu'un qui n'a pas ces autorisations. Parce que vous penserez en les écoutant : "Que me dirait cet homme s'il savait ce que je sais ? Me donnerait-il les mêmes conseils, ou cela changerait-il totalement ses prédictions et ses recommandations ?" Vous n'aurez affaire à une personne qui n'a pas ces autorisations que du point de vue de ce que vous voulez qu'elle croie et de l'impression que vous voulez qu'elle reparte, car vous devrez lui mentir soigneusement sur ce que vous savez. En effet, vous devrez le manipuler. Vous renoncerez à évaluer ce qu'il a à dire. Le danger, c'est que vous deveniez un peu comme un abruti. Vous deviendrez incapable d'apprendre de la plupart des gens dans le monde, quelle que soit l'expérience qu'ils peuvent avoir dans leurs domaines particuliers et qui peut être bien plus grande que la vôtre."
Libérés de leurs sceaux confidentiels, les documents de WikiLeaks comblent le fossé entre les "crétins" qui ont des autorisations de sécurité et n'ont rien à apprendre, et nous, leurs lecteurs.
📰 https://gizmodo.com/gizmodo-exclusive-read-julian-assanges-introduction-to-1726605781
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12- ♟ Wikileaks l'a mis à nu : L'empire américain tel qu'il se définit lui-même
Malgré la persécution de Julian Assange et de ses collègues, ainsi que de toutes les personnes de conscience remarquables qui publient les informations que les élites violentes sont si désireuses de nous cacher, nous devons remercier Wikileaks d'avoir le courage de nous dire la vérité. L'empire américain ne le fera jamais.
Par Robert J. Burrowes, le 4 novembre 2015, Foreign Policy News
Pour de nombreuses personnes, il est plus facile, plus sûr et plus confortable de vivre dans un monde d'illusions, en particulier lorsque ces illusions ne nécessitent aucun effort de recherche et de compréhension de vérités susceptibles de s'avérer désagréables. Si l'illusion est renforcée par la promulgation persistante de la propagande de l'élite, l'idée de la remettre en question ne se pose même pas.
Toutefois, depuis la publication de vastes quantités de documents officiels par Wikileaks, la connaissance des réalités géopolitiques les plus profondes a quitté le monde sélect de l'université progressiste, illustrée par des chercheurs tels que Noam Chomsky, avec son public enthousiaste mais relativement limité dans les cercles activistes, pour devenir plus aisément et plus largement accessible.
Dans l'ouvrage The Wikileaks Files: The World According to US Empire (The Wikileaks Files : Le monde selon l'empire américain), qui vient d'être publié, nous sommes invités à comprendre comment le monde fonctionne si nous lisons la correspondance "top secrète" de ceux qui se considèrent comme nos maîtres. Après une introduction contextuelle de Julian Assange, notre voyage est guidé par dix-huit universitaires de premier plan qui expliquent soigneusement la signification d'une série de documents publiés par Wikileaks en relation avec la région du monde dont ils sont spécialistes.
Dans l'ensemble, les auteurs fournissent un compte rendu extrêmement cohérent du fonctionnement de l'empire américain. En substance, l'élite impériale américaine part du principe, non examiné et par conséquent non remis en question, qu'elle a le droit de contrôler les peuples et les ressources du monde pour son propre bénéfice et son propre profit. L'un après l'autre, les câbles publiés par Wikileaks révèlent cet état d'esprit, quel que soit le contexte national ou régional considéré.
En outre, toutes les armes sont acceptables (indépendamment de leur létalité et de leur légalité) et la seule question qui se pose est celle de leur fonctionnalité pour atteindre les objectifs impériaux. Bien que certaines régions du monde se soient récemment éloignées de la forme la plus traditionnelle de contrôle territorial fondé sur l'intervention militaire, l'impérialisme non territorial peut s'avérer tout aussi destructeur.
En effet, la rhétorique de l'empire moderne - qui décrit le système mondial comme "composé d'États-nations libéraux-démocratiques, reliés par des marchés plus ou moins libres et régis par le droit international" - masque la réalité : l'élite impériale des États-Unis se considère comme l'avant-garde de cet ordre mondial, avec le droit de violer la souveraineté des États, de contrôler les marchés (y compris par le biais d'accords de "libre-échange" rédigés par des entreprises) et d'être au-dessus du droit international. En bref, le contrôle territorial est "moins important que le contrôle des marchés des capitaux, du travail et des ressources".
Par conséquent, "les brutalités révélées par Wikileaks ne sont pas des aberrations.... (L)es méthodes de guerre américaines ont consisté à terroriser les civils.... La terreur est un élément essentiel de l'empire américain", même si d'autres méthodes violentes sont souvent employées dans des contextes particuliers.
Quelles sont donc ces autres méthodes ? En voici un résumé incomplet : mentir à l'infini (en disant publiquement quelque chose tout en accomplissant le contraire, par exemple en disant publiquement que "les États-Unis cherchent à établir les meilleures relations possibles avec tous les gouvernements" tout en cherchant à saper ceux qui ne servent pas les intérêts du gouvernement américain et des entreprises), "renforcer les institutions démocratiques" (ce qui signifie financer et aider d'innombrables autres façons les organisations de droite dans d'autres pays favorables aux intérêts de l'élite américaine), "soutenir la société civile" (ce qui signifie, en jargon, soutenir matériellement des ONG ayant de fortes connexions internationales plutôt que des groupes communautaires de base largement représentatifs au niveau local), financer et approvisionner des groupes d'opposition violents, former des dirigeants de mouvements étudiants et autres de droite, renforcer les liens avec les chefs militaires, utiliser les médias d'entreprise pour saper le gouvernement ciblé dans les forums internationaux (par exemple, en ressassant des promesses électorales qui n'ont pas encore été tenues), contrecarrer les initiatives visant à développer l'autosuffisance nationale et isoler le gouvernement ciblé sur le plan international.
Il convient de noter, bien sûr, que le pouvoir impérial inclut le privilège d'attribuer des classifications ( fidèlement rapportées par ses armes de propagande, y compris le système éducatif et les médias d'entreprise). Ainsi, le "terrorisme" est toujours le fait de l'ennemi et non de l'élite impériale américaine. Et, bien sûr, "nous ne torturons pas" est répété à l'infini pendant que les victimes sont maintenues sur la planche à eau, suspendues au plafond avec les mains liées dans le dos jusqu'à ce que leur poitrail soit écrasé et qu'elles meurent, ou qu'elles sont violées avec des bâtons lumineux à base de produits chimiques. Mais "est-ce vraiment de la torture ?" se demandent les hommes politiques.
D'excellents chapitres sur de nombreux pays et plusieurs régions géopolitiques importantes du monde illustrent à merveille la manière dont l'impérialisme américain s'est manifesté et évolue. J'ai particulièrement apprécié d'avoir un meilleur aperçu de l'ingérence américaine en Iran, en Russie, en Afrique du Sud, en Turquie, en Asie de l'Est et en Amérique centrale et du Sud, le Venezuela fournissant une étude de cas fascinante comme on pouvait s'y attendre. Mais il ne fait aucun doute que vos régions d'intérêt particulières bénéficient également d'une attention considérable.
En outre, le rapport contient de remarquables descriptions des nombreuses autres manifestations de l'impérialisme américain, telles que la manière dont le gouvernement américain et ses nombreuses agences agissent en tant qu'agents commerciaux coercitifs pour les entreprises américaines, y compris celles tirant profit de la fabrication d'armes et d'organismes génétiquement modifiés. La manipulation des Nations unies par les États-Unis, qui n'est pas une nouveauté, est également illustrée de manière saisissante dans les câbles publiés par Wikileaks.
Heureusement, il existe aussi des exemples édifiants de la manière dont des gouvernements puissants et proches des citoyens ont résisté à l'empire américain : expulser l'ambassadeur des États-Unis, fermer des bases militaires américaines et empêcher certaines agences, entreprises et médias américains d'entrer dans leur pays n'en sont que quelques exemples. Des pays ont refusé de participer à certains forums internationaux dominés par les États-Unis et/ou ont créé des institutions concurrentes, telles que l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) et les BRICS.
Mon unique critique à l'égard de ce volumineux ouvrage, par ailleurs excellent, est qu'aucun auteur n'a identifié la folie pure des élites qui conçoivent puis ordonnent la mise en œuvre de politiques destinées à contrôler, exploiter, torturer, terroriser et/ou tuer leurs semblables et/ou à détruire une ou plusieurs parties de notre monde naturel et culturel, simplement dans le but de consolider le contrôle des élites. En outre, leurs agents, qui vont des diplomates des ambassades américaines aux mercenaires ("contractants militaires") sur le terrain, ne sont pas moins fous.
À maintes reprises, en lisant ce livre, j'ai été pris de nausées en constatant que des officiels américains décidaient sans état d'âme ou, parfois, presque dans l'indifférence, de plans d'action qui entraînaient des morts, souvent substantielles, voire massives. Et des gens tout à fait ordinaires ont exécuté les ordres de l'élite. Ce qu'ils font est-il normal ? Est-ce sain d'esprit ? La plupart des gens le feraient-ils ? Bien évidemment non. L'élite américaine, et les élites en général, souffrent de graves troubles psychologiques. Mais il en va de même pour ceux dépourvus de la capacité morale et du courage nécessaires pour refuser d'obéir à leurs ordres. Ou, pour le dire autrement : accepter de l'argent pour exploiter ou tuer d'autres personnes est l'acte d'un lâche.
Je le répète : il est selon moi important d'identifier et de nommer la folie des élites. C'est ce que nous devons comprendre et expliquer afin de pouvoir élaborer une stratégie plus exhaustive pour la combattre. Et je n'ai aucun doute sur le fait qu'il s'agit d'une question clé de notre époque. Car sans stratégie pour vaincre la folie des élites, nos efforts collectifs pour mettre fin à la violence et aux guerres de l'empire américain, ainsi qu'aux nombreuses déprédations de ses entreprises, seront voués à l'échec. Il en sera de même pour nos efforts visant à éviter notre propre extinction.
La simple vérité est qu'aucun être humain mentalement sain ne consacre son temps à planifier et à mettre en œuvre des politiques visant à contrôler, exploiter, torturer, terroriser et massacrer ses semblables. En fait, en dehors des contextes impériaux, les individus agissant de la sorte se retrouvent généralement derrière les barreaux ou dans un établissement psychiatrique pour une très longue période.
Si vous voulez mon explication de la folie des élites et de la manière dont nous pouvons y résister, vous pouvez lire un compte rendu dans 'The Global Elite is Insane' (L'élite mondiale est folle). Et vous trouverez beaucoup plus de détails dans 'Why Violence?' (Pourquoi la violence ?) et and 'Fearless Psychology and Fearful Psychology: Principles and Practice' (Psychologie intrépide et craintive : Principes et pratique).
Si vous êtes enclin à résister à l'empire américain, vous pouvez vous engager publiquement en signant l'engagement en ligne de la "Charte du peuple pour la création d'un monde non violent".
Un dernier point : critiquer et résister à l'ordre mondial impérial américain demande intelligence et courage, et cela ne peut se faire si nous écoutons les individus lâches et serviles travaillant dans les médias d'entreprise pour le compte de l'empire. Il est essentiel de bien choisir la source de ses informations.
Et n'oubliez pas que vous pouvez toujours consulter les dernières révélations de Wikileaks sur leur site web : http://wikileaks.org. Malgré la persécution de Julian Assange et de ses collègues, ainsi que de toutes les personnes de conscience remarquables qui publient les informations que les élites violentes sont si désireuses de nous cacher, nous devons remercier Wikileaks d'avoir le courage de nous dire la vérité. L'empire américain ne le fera jamais.
📰 https://foreignpolicynews.org/2015/11/04/exposed-by-wikileaks-the-us-empire-according-to-itself/
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