❖ De Gaza au Liban & du Liban à l'Iran, l'idéologie génocidaire d'Israël avec l'aval de l'Occident
Nous nous laissons enfoncer dans un âge sombre où les lois, le droit, les garde-fous, tout ce qui empêcherait cette humanité de sombrer dans la barbarie, sont méthodiquement fracassés
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SOMMAIRE :
1 - De Gaza au Liban & du Liban à l'Iran - Dimitris Konstantakopoulos
2 - L'idéologie génocidaire d'Israël doit être combattue et stoppée - Jeffrey D. Sachs
3 - Guerre contre l'humanité : Comment Israël & l'Amérique ont forgé la duperie d'une collision collaborative - Mahboob A Khawaja
4 - Génocide à Gaza. La fabrication du consentement occidental - Alain Gresh - Gaza/Liban. Une guerre occidentale - Alain Gresh & Sarra Grira
5 - Israël, miroir de l’Occident - François Beaune
6 - Que signifie pour Gaza une guerre avec le Liban et l'Iran ? - Tareq S. Hajjaj
7 - La guerre éternelle d'Israël & ce qui va suivre - Abdaljawad
8 - Quelles sont les motivations de l'administration Biden au Moyen-Orient ? - Michael Arria pose la question à Mouin Rabbani
9 - Israël officialise sa rupture avec l'ONU en qualifiant Antonio Guterres de "persona non grata" - Le HuffPost avec l'AFP
10 - Lettre ouverte au Président Biden et à la Vice-présidente Harris de 99 professionnels américains de la santé ayant servi comme volontaires à Gaza
11 - Documentaire : Investigations sur les crimes de guerre à Gaza - Al Jazeera
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1- De Gaza au Liban & du Liban à l'Iran
Par Dimitris Konstantakopoulos, le 29 septembre 2024, Defend Democracy Press
Une fois de plus, les dirigeants extrémistes d'Israël s'engagent sur la voie d'une escalade qui menace de faire exploser toute la région.
Il ne fait aucun doute que l'assassinat de Nasrallah (d'autant plus odieux qu'il s'est accompagné de l'extermination de sang-froid de centaines de civils, une extermination qui rappelle les tactiques allemandes de la Seconde Guerre mondiale) et d'autres membres importants de son organisation constitue un coup très dur pour le Hezbollah. Mais cela ne peut le faire disparaître, tout comme cela ne peut faire disparaître les profonds besoins nationaux et sociaux des masses populaires chiites, et plus largement de nombre de personnes au Liban, auxquels il est venu répondre.
En outre, même s'il était possible d'éliminer le Hezbollah, ce qui n'est pas le cas, qu'est-ce qui empêcherait demain ou après-demain l'apparition d'une organisation beaucoup plus forte ?
Les Américains n'ont pas gagné au Vietnam, les Français n'ont pas gagné en Algérie, l'apartheid n'a pas gagné en Afrique du Sud, Israël ne gagnera pas au Moyen-Orient. Il est vraiment choquant et profondément décevant qu'un peuple ayant l'histoire tragique et la culture juive ne puisse pas comprendre cela ; qu'il semble n'avoir rien appris.
La question n'est même pas locale, il ne s'agit pas de savoir ce qui va se passer au Liban. Une fois de plus, les dirigeants extrémistes d'Israël s'engagent sur la voie d'une escalade qui menace de faire exploser toute la région, voire la planète. Les dirigeants israéliens, loin de modérer à la manière chrétienne les enseignements de vendetta de leur religion ("oeil pour oeil" et "dent pour dent"), ont multiplié par 1 000 et 10 000 leurs exigences vengeresses.
Mais les problèmes ne seront résolus ni par des assassinats ni par des bombardements. Ils s'aggraveront. Au lieu de négocier avec Haniyeh et Nasrallah, représentants de véritables mouvements populaires de libération nationale, qu'on (ou les Israéliens) le veuille(nt) ou non, ils préfèrent les éliminer au prix probable de voir émerger à leur place des leaders plus "durs" et plus militants.
Depuis Paris, le leader du Nouveau Front populaire de gauche, Jean-Luc Mélenchon, l'un des rares hommes politiques européens vraiment sérieux aujourd'hui, a condamné l'assassinat de Nasrallah, soulignant qu'il s'agissait d'un "pas de plus vers l'invasion du Liban et la guerre générale", et ajoutant : "La France ne compte plus sur le terrain. Les crimes de Netanyahou continueront parce qu'ils restent impunis. Le danger est extrême pour la région et pour le monde".
Même si les dirigeants d'extrême droite de l'État juif venaient à vaincre demain les Palestiniens, les Libanais, les Yéménites, les Syriens et les Irakiens, ce que je ne vois pas, que se passera-t-il demain avec l'Iran, que Netanyahou veut "neutraliser" depuis au moins vingt ans, mais qui a peut-être encore plus de raisons d'agir maintenant avant qu'Israël ne neutralise tous ses alliés et ses "défenses" ?
Et est-il possible pour la Russie et la Chine de laisser écraser leur plus important allié international ?
Avec un leadership d'extrême droite en Israël, qui contrôle presque tous les gouvernements aux États-Unis et en Europe, grâce à un lobby sioniste ultra-puissant, avec un "parti de guerre" fou qui domine l'Occident et veut à tout prix la victoire en Ukraine, avec un "vide de pouvoir politique" effectif en Amérique et en Europe (c'est-à-dire avec les détenteurs du capital financier qui prennent directement le contrôle de la gouvernance du monde), nous approchons maintenant rapidement d'une apocalypse nucléaire et de la fin de notre présence sur la Terre.
À moins que nous ne nous soulevions à temps, pendant qu'il est encore temps de le faire, et que nous ne les arrêtions.
Traduit du grec en anglais par Christos Marsellos.
📰 https://www.defenddemocracy.press/from-gaza-to-lebanon-and-from-lebanon-to-iran/
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2- L'idéologie génocidaire d'Israël doit être combattue et stoppée
Les extrémistes violents qui contrôlent aujourd'hui le gouvernement israélien pensent qu'Israël a l'aval biblique, voire le mandat religieux, de détruire le peuple palestinien.
Par Jeffrey D. Sachs, le 30 septembre 2024, Common Dreams
Lorsque le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou est monté à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies la semaine dernière, des dizaines de gouvernements ont quitté l'hémicycle. L'opprobre mondial jeté sur le Premier ministre israélien et son gouvernement résulte de la violence dépravée dont Israël fait preuve à l'égard de ses voisins arabes. Netanyahou prône une idéologie fondamentaliste qui a fait d'Israël la nation la plus violente du monde.
Le credo fondamentaliste d'Israël soutient que les Palestiniens n'ont aucun droit à leur propre nation. La Knesset israélienne a récemment adopté une déclaration rejetant la création d'un État palestinien sur ce que la Knesset appelle la Terre d'Israël, c'est-à-dire le territoire situé à l'ouest du Jourdain.
La Knesset d'Israël s'oppose fermement à la création d'un État palestinien à l'ouest du Jourdain. La création d'un État palestinien au cœur de la Terre d'Israël constituera un danger existentiel pour l'État d'Israël et ses citoyens, perpétuera le conflit israélo-palestinien et déstabilisera la région.
Qualifier le territoire situé à l'ouest du Jourdain de "cœur de la Terre d'Israël" est stupéfiant. Israël est une partie de la terre à l'ouest du Jourdain, pas le territoire tout entier. La Cour internationale de justice a récemment statué que l'occupation par Israël des terres palestiniennes (celles situées à l'extérieur des frontières d'Israël au 4 juin 1967, avant la guerre de juin 1967) était manifestement illégale. L'Assemblée générale des Nations unies a récemment voté à une écrasante majorité en faveur de la décision de la CIJ et appelé Israël à se retirer des territoires palestiniens dans un délai d'un an.
Les motivations de cette effronterie israélienne sont multiples, la plus importante étant le soutien apporté à Israël par la puissance militaire américaine.
Il convient de rappeler que lorsque l'empire britannique a promis une patrie juive en Palestine ottomane en 1917, les Arabes palestiniens constituaient environ 90 % de la population. Au moment du plan de partage des Nations unies de 1947, la population arabe palestinienne représentait environ 67 % de la population, bien que le plan de partage ne proposait de donner aux Arabes que 44 % des terres. Aujourd'hui, Israël revendique 100 % des terres.
Les motivations de cette effronterie israélienne sont multiples, la plus importante étant le soutien apporté à Israël par la puissance militaire américaine. Sans le soutien militaire des États-Unis, Israël ne pourrait pas régner sur un régime d'apartheid dans lequel les Arabes palestiniens représentent près de la moitié de la population, mais ne détiennent aucun pouvoir politique. Les générations futures s'étonneront que le lobby israélien ait réussi à manipuler l'armée américaine au détriment de la sécurité nationale des États-Unis et de la paix dans le monde.
Outre l'armée américaine, il existe une autre source d'injustice profonde d'Israël à l'égard du peuple palestinien : le fondamentalisme religieux véhiculé par des fanatiques tels que le fasciste autoproclamé Bezalel Smotrich, le ministre israélien des finances et le ministre de la défense nationale Itamar Ben-Gvir. Ces fanatiques s'en tiennent au livre biblique de Josué, selon lequel Dieu a promis aux Israélites la terre "depuis le désert du Néguev au sud jusqu'aux montagnes du Liban au nord, depuis l'Euphrate à l'est jusqu'à la mer Méditerranée à l'ouest". (Josué 1:4).
La semaine dernière, à l'ONU, Netanyahou a une nouvelle fois fondé la revendication d'Israël sur des bases bibliques : "Lorsque j'ai pris la parole ici l'année dernière, j'ai dit que nous étions confrontés au même choix intemporel que Moïse a présenté au peuple d'Israël il y a des milliers d'années, alors que nous étions sur le point d'entrer en la Terre promise. Moïse nous a dit que nos actions détermineraient si nous léguerions aux générations futures une bénédiction ou une malédiction".
Ce que Netanyahou n'a pas dit à ses collègues dirigeants (dont la plupart avaient de toute façon quitté la salle), c'est que Moïse a tracé un chemin génocidaire vers la Terre promise (Deutéronome 31) :
[L'Éternel détruira ces nations devant toi, et tu les déposséderas. C'est Josué qui passera devant vous, comme l'Éternel l'a dit. "L'Éternel leur fera ce qu'il a fait à Sihon et à Og, rois des Amoréens, et à leur pays, lorsqu'il les a détruits". "L'Éternel les livrera devant toi, et tu les traiteras selon tous les commandements que je t'ai prescrits".
Les extrémistes violents israéliens pensent qu'Israël a la permission biblique, voire un mandat religieux, de détruire le peuple palestinien. Leur héros biblique est Josué, le commandant israélite qui a succédé à Moïse et a mené les conquêtes génocidaires des Israélites. (Netanyahou a également fait référence aux Amalécites, un autre cas de génocide d'ennemis des Israélites ordonné par Dieu, dans un "coup de sifflet" clair à ses adeptes fondamentalistes). Voici le récit biblique de la conquête d'Hébron par Josué (Josué 10) :
Alors Josué et tout Israël avec lui montèrent d'Églon à Hébron, et ils l'attaquèrent. Ils s'en emparèrent et la frappèrent du tranchant de l'épée, elle, son roi, toutes ses villes et tous ceux qui s'y trouvaient. Il ne laissa aucun survivant, comme il l'avait fait pour Églon. Il la dévoua par interdit, avec tous ceux qui s'y trouvaient.
Ce récit génocidaire comporte une profonde ironie. Il est presque certain qu'il n'est pas historiquement exact. Rien ne prouve que les royaumes juifs soient nés de génocides. Il est plus probable qu'ils soient nés de communautés cananéennes locales ayant adopté les premières formes de judaïsme. Les fondamentalistes juifs adhèrent à un texte du 6ème siècle avant notre ère qui est très probablement une reconstruction mythique d'événements supposés survenus plusieurs siècles auparavant, et une forme de bravade politique qui était courante dans la politique de l'ancien Proche-Orient. Le problème, ce sont les politiciens israéliens du 21ème siècle, les colons illégaux et les autres fondamentalistes qui proposent de vivre et de tuer selon la propagande politique du 6ème siècle avant notre ère.
Les fondamentalistes violents d'Israël sont en décalage de quelque 2 600 ans avec les formes acceptables d'administration publique et de droit international d'aujourd'hui.
Les fondamentalistes violents d'Israël sont en décalage d'environ 2 600 ans avec les formes acceptables de l'art de gouverner et du droit international d'aujourd'hui. Israël est tenu de respecter la charte des Nations unies et les conventions de Genève, et non le livre de Josué. Selon la récente décision de la CIJ et la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies qui l'appuie, Israël doit se retirer dans les douze mois à venir des territoires palestiniens occupés. Selon le droit international, les frontières d'Israël sont celles du 4 juin 1967, et non celles qui vont de l'Euphrate à la mer Méditerranée.
Les fondamentalistes violents d'Israël sont en décalage de quelque 2 600 ans avec les formes acceptables d'administration publique et de droit international d'aujourd'hui.
La décision de la CIJ et le vote de l'Assemblée générale des Nations unies ne constituent pas une décision contre l'État d'Israël en tant que tel. Il s'agit uniquement d'une décision contre l'extrémisme, en fait contre l'extrémisme et la malveillance de part et d'autre de la ligne de démarcation. Il y a deux peuples, chacun ayant environ la moitié de la population totale (et les divisions sociales, politiques et idéologiques internes ne manquent pas au sein des deux communautés). Le droit international prévoit deux États, vivant côte à côte, en paix.
La meilleure solution, que nous devrions rechercher et espérer le plus tôt possible, est que les deux États et les deux peuples s'entendent et se nourrissent l'un de l'autre. D'ici là, cependant, la solution pratique consistera à mettre en place des forces de maintien de la paix et des frontières fortifiées pour protéger chaque partie de l'animosité de l'autre, tout en donnant à chacune la possibilité de prospérer. La situation totalement intolérable et illégale est le statu quo, dans lequel Israël règne brutalement sur le peuple palestinien.
Il faut espérer qu'un État de Palestine, souverain et indépendant, verra bientôt le jour, que la Knesset le veuille ou non. Ce n'est pas là le choix d'Israël, mais le mandat de la communauté mondiale et du droit international. Plus vite l'État de Palestine sera accueilli en tant qu'État membre de l'ONU, avec la sécurité d'Israël et de la Palestine soutenue par les forces de maintien de la paix de l'ONU, plus vite la paix s'installera dans la région.
Jeffrey D. Sachs est professeur d'université et directeur du Centre pour le développement durable à l'université de Columbia, où il a dirigé l'Institut de la Terre de 2002 à 2016. Il est également président du Réseau des solutions pour le développement durable des Nations unies et commissaire de la Commission à haut débit des Nations unies pour le développement. Il a été conseiller auprès de trois secrétaires généraux des Nations unies et est actuellement défenseur des objectifs de développement durable auprès du secrétaire général Antonio Guterres. Sachs est l'auteur, plus récemment, de "A New Foreign Policy : Beyond American Exceptionalism" (2020). Parmi ses autres ouvrages, citons "Building the New American Economy : Smart, Fair, and Sustainable" (2017) et "The Age of Sustainable Development" (2015) avec Ban Ki-moon.
📰 https://www.commondreams.org/opinion/israel-s-policy-of-genocide
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3- Guerre contre l'humanité : Comment Israël & l'Amérique ont forgé la duperie d'une collision collaborative
Par Mahboob A Khawaja, le 1er octobre 2024, Counter Currents
Les dirigeants pervers se font passer pour des artisans de la paix
Le mal est une force et la droiture une caractéristique de l'humanité vivante. Ces dirigeants revendiquent la démocratie mais agissent comme des monstres de l'histoire qui ne s'ouvrent jamais à la raison ni à l'intellect. Les États-Unis et Israël ont accumulé des plans pour soumettre la doctrine holistique de la paix, des droits de l'homme, de la liberté et de la justice et pour enraciner l'humanité dans d'impensables guerres catastrophiques de domination politique et économique. Historiquement, les individus et les nations qui revendiquent la soif de pouvoir et la prospérité économique sont encouragés à commettre des crimes contre les nations plus petites et plus faibles sans avoir à rendre compte de leurs actes. Les manifestations populaires pour la paix et la justice et les appels à l'aide restent des voix sans écho, enfouies sans laisser de traces. Le Premier ministre israélien se montre indifférent aux impulsions américaines en faveur d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une retenue dans l'invasion du Liban, mais un examen de la réalité montre qu'il n'en va pas de même pour la convergence de leur compréhension des objectifs stratégiques plus larges au Moyen-Orient. Il n'ey a pas d'argument rationnel pour faire converger la paix au Moyen-Orient. Les dirigeants occidentaux font des déclarations douteuses sur les principes d'égalité humaine, d'intégrité morale et institutionnelle, lorsque la Russie est accusée de bombarder les hôpitaux pour enfants à Kiev ou les centres civils, il s'agit d'un "crime contre l'humanité" et d'un "génocide". Mais lorsqu'Israël bombarde des hôpitaux, des lieux de culte et des civils innocents à Gaza, les États-Unis et l'Union Européenne ne considèrent pas qu'il s'agit d'un "crime contre l'humanité" et d'un prétendu "génocide". L'ONU, la CPI et la CIJ accusent Israël et les États-Unis d'être directement complices de ces crimes contre l'humanité. Les États-Unis fournissent toutes les armes à Israël pour tuer des innocents et détruire la Palestine, avant d'attaquer le Liban et, au-delà, le monde arabe. Après bientôt un an de guerre tragique, des millions de personnes déplacées de force, des écoles, des hôpitaux et des lieux de culte toujours bombardés, plus de 41 000 civils innocents, femmes, enfants et personnes âgées de Gaza tués intentionnellement, plus de 91 000 blessés et quelque 16 000 hommes, femmes et enfants toujours ensevelis sous les décombres, il est urgent que l'humanité entière se mobilise pour "sauver les générations futures du fléau de la guerre", s'il existe une conscience et une moralité mondiales encore vivaces et intactes.
La perversion favorite fixe la morale déguisée : "Netanyahou n'est pas le bienvenu à la Maison Blanche", a déclaré le président Biden en juillet 2023, mais en juillet 2024, ce dernier était assis avec Biden à la Maison Blanche. Ils jouent avec le temps et l'histoire. L'intérêt stratégique américain est complice des machines de guerre israéliennes visant à tuer les hauts dirigeants du Hezbollah au Liban et à raser la pelouse de Gaza pour permettre aux nouveaux colons d'occuper la bande de Gaza. Le temps est venu pour les dirigeants arabo-musulmans d'apprendre ce qui a mal tourné à Gaza et au Liban. Une agence de presse française fait état d'une taupe en Iran qui aurait fourni des informations secrètes à Israël sur la localisation de feu Nessarallah et de ses collègues à Beyrouth. Les services de renseignement israéliens ont travaillé d'arrache-pied pour cibler l'assassinat des dirigeants du Hezbollah. Les leaders arabes devraient penser à un changement de navigation plutôt qu'à des rituels de pensée et de pratiques sans issue. En présentant les nouvelles cartes des plans israéliens à l'Assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre Netanyahou a envisagé le "Grand Israël", y compris la Cisjordanie occupée, comme la force incontestable de la construction de l'avenir. Les conséquences pernicieuses de cette vision pourraient contribuer à renforcer sa popularité et lui permettre de rester au pouvoir, mais pourraient à l'avenir détruire la nation et sa liberté. Aucun dirigeant arabo-musulman n'est en mesure de remettre en question la duperie du Premier ministre Netanyahou, car ils entretiennent des relations amicales. Les dirigeants arabo-musulmans vivent dans l'obscurité et ne sont que des marionnettes des États-Unis. Les plans des dirigeants israéliens connaissaient la composition psychologique des leaders arabo-musulmans qui prononçaient des discours enflammés pour leur propre survie et ne posaient aucun défi à l'alliance israélo-américaine pour dominer et contrôler le Moyen-Orient arabe exportateur de pétrole. Voir : "Comment les dirigeants arabes trahissent l'islam et défient la logique du changement politique, de la paix et de la sécurité".
L'Amérique et Israël violent le caractère sacré de la Terre, la paix et ses conséquences pourraient les rendre obsolètes
L'humanité entière est issue de la poussière et retourne à la poussière. Ceux qui bombardent la Terre et tuent leurs semblables sont des criminels malades qui bombardent leur propre "Terre nourricière". Pour éviter les conséquences de leurs pensées et actions malveillantes, les États-Unis et Israël franchiraient toutes les lignes rouges et appelleraient à la "mort des Arabes", pour anéantir les peuples de Palestine, du Liban et d'autres pays arabes. La Terre est un foyer divin de vie humaine, de survie et de confiance, ceux qui la bombardent et la détruisent sont des retardés mentaux et défient le caractère sacré de la vérité divine. Il semble que les dirigeants américains et israéliens ne croient pas en Dieu, en la vie et la mort et en la responsabilité finale. La Terre constitue une "confiance" (fiducie pourrait-on dire) accordée à l'humanité pour son existence, sa subsistance, sa survie, son évolution (progrès) et la construction de son avenir. Là où il y a confiance, il y a responsabilité. L'avertissement divin (chapitre 7 : 56 : Le Coran), met en garde : Ne commettez pas de méfaits sur la terre après qu'elle a été remise en ordre, mais invoquez Dieu avec crainte et désir dans les cœurs, car la miséricorde de Dieu est toujours proche de ceux qui font le bien. Le message divin (Coran : 40:64) précise :
Dieu a fait pour vous la terre comme un lieu de repos et le ciel comme une voûte ; il vous a donné une apparence et a embelli vos formes ; il a pourvu à votre subsistance par des choses pures et bonnes ; tel est Dieu, votre Seigneur. Gloire à Dieu, le Seigneur des mondes.
Le meurtre d'innocents est interdit par les dix commandements (Torah) :
"Tu ne tueras point" (Exode 20:13 ; également Deut. 5:17). La loi juive prend très au sérieux l'effusion de sang innocent et considère le meurtre comme l'un des trois péchés (avec l'idolâtrie et l'immoralité sexuelle) qui relèvent de la catégorie yehareg ve'al ya'avor - ce qui signifie : "Se laisser tuer plutôt que d'enfreindre la loi".
L'humanité et sa quête de paix et de gestion des conflits sont broyées par les va-t-en-guerre
Si l'on regarde vers l'avenir, il semble que le monde occidental n'ait pas vu l'histoire tragique qui se prépare à la fin des temps et n'ait pas eu l'ingéniosité de comprendre les conséquences de l'égoïsme naïf des dirigeants israéliens faisant de la guerre un instrument d'expansion territoriale et de conquête de la Palestine, du Liban ainsi que du Moyen-Orient arabe dans son ensemble. Une conclusion rationnelle à la guerre contre Gaza serait perceptible si le monde arabo-musulman lançait un défi politico-militaire unifié aux plans israéliens. Ce paysage apparaît moralement, intellectuellement et politiquement en faillite, telle l'écume flottant sur un torrent de marionnettes naïves et de dirigeants discrédités. La guerre collaborative américano-israélienne contre Gaza et ses conséquences immédiates ont rendu le monde occidental et toutes ses institutions honteusement redondants et nuls dans les normes mondiales du 21ème siècle en matière de civilité, de droits de l'homme, de liberté, de justice et de sécurité des civils. Les dirigeants israéliens sont-ils poussés par la soif d'armes et de puissance économique des États-Unis pour conquérir la Palestine, le Liban, la Syrie et d'autres nations arabes ? Ceux qui agissent ainsi ne sont pas conscients de leur propre finalité. Le Premier ministre Netanyahou et son régime extrémiste tentent de mettre fin à la liberté de la Palestine. Gaza, la Cisjordanie, le Liban, la Syrie et bien d'autres encore sont le laboratoire expérimental de ce jeu final. La cruauté perpétuée nie la terreur aveugle, l'effroi religieux et les meurtres d'êtres humains à Gaza. Ne sommes-nous pas en train d'assister à un bain de sang cataclysmique déclenché par des bombardements aériens continus et la destruction de vies et d'habitats à Gaza et au Liban ? Les dirigeants des États-Unis et de l'Europe de l'Ouest s'entretiendraient avec les Israéliens au sujet du déplacement planifié des Palestiniens vers d'autres parties du monde. Nous, le peuple, rejetons les hypothèses violentes de militarisation et les triomphes égoïstes par des actes de guerre et des plans génocidaires à Gaza de même que par l'invasion et l'occupation du Liban. Peter Koenig ("Les champs de la mort d'Israël. La clairvoyance d'Albert Einstein ?", Global Research : 11/12/2023), explique comment Albert Einstein a perçu le conflit naissant dans sa vision prospective : Einstein avait-il prévu, ou pressenti, que la Palestine deviendrait le champ de bataille d'Israël, à partir de 1948, pour exploser dans un démocide/génocide toléré, voire soutenu et encouragé dans le monde entier, trois quarts de siècle seulement après la naissance d'Israël ? Netanyahou, son entourage - et l'Occident - réalisent-ils que les 75 années d'apartheid, de nettoyage ethnique des Palestiniens et d'effacement de la bande de Gaza et finalement de toute la terre palestinienne de la carte sont comparables à, voire même pires que l'"Holocauste" ?
Le Dr Mahboob A. Khawaja est spécialisé dans les affaires internationales, la sécurité mondiale, la paix et la résolution des conflits. Il a passé plusieurs années universitaires dans les régions de la Russie, de l'Ukraine et de l'Asie centrale, dont il connaît les peuples et les diverses cultures de pensée et de gouvernance politique, et il s'intéresse vivement aux cultures et civilisations islamiques et occidentales comparées : One Humanity and the Remaking of Global Peace, Security and Conflict Resolution, et un livre à paraître : Global Humanity and the Remaking of Peace, Security and Conflict Resolution beyond the Lens of Human Consciousness.
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4- Génocide à Gaza. La fabrication du consentement occidental - Gaza/Liban. Une guerre occidentale
Génocide à Gaza. La fabrication du consentement occidental
L’histoire n’a pas commencé le 7 octobre 2023. Dans ce focus, Orient XXI revient sur un an de guerre génocidaire à Gaza. Dans son dernier ouvrage "Une étrange défaite", Didier Fassin, professeur au Collège de France, a le mérite de démonter, pièce par pièce, la responsabilité des dirigeants politiques, intellectuels et médias qui façonnent les opinions publiques au point de faire accepter l’inacceptable.
Par Alain Gresh, le 4 octobre 2024, Orient XXI
La question revient, lancinante, à chaque crise au Proche-Orient, à chaque "escalade" contre les Palestiniens, à chaque tuerie à Gaza. Oui, bien sûr, mais… le Soudan ? Le Congo ? L’Afghanistan ? Au-delà de la constante minoration du nombre de morts palestiniens (grâce à cette précision magique : "selon le ministère de la santé du Hamas"), l’interrogation - faussement naïve - efface une distinction fondamentale entre la guerre contre Gaza et les autres conflits évoqués… Une distinction soulignée par Didier Fassin dans son dernier livre :
"Aucune de ces guerres et aucun de ces massacres n’a fait l’objet d’un soutien aussi indéfectible des gouvernements occidentaux et d’une condamnation aussi systématique de celles et ceux qui les dénoncent, alors même que l’ampleur de la dévastation et la volonté d’effacement y sont sans commune mesure."
Dans un essai percutant, Une étrange défaite, référence au célèbre témoignage de Marc Bloch, écrit au lendemain de l’effondrement de la France en 1940 et qui tente d’en comprendre les raisons politiques, le professeur au Collège de France revient sur la "défaite morale" des responsables occidentaux face à l’écrasement de Gaza, qui a toutes les caractéristiques d’un génocide. Même s’il faudra quelques années pour que la Cour internationale de justice (CIJ) l’estampille juridiquement comme tel. Faut-il, en attendant, se laver les mains du sang qui coule en Palestine ?
Il suffit pourtant de prendre les dirigeants israéliens au mot. L’avocate irlandaise Blinne Ní Ghrálaigh, qui défendait en janvier 2024 la requête de l’Afrique du Sud devant la CIJ, a su trouver les mots justes. Gaza représente "le premier génocide de l’histoire durant lequel les victimes diffusent leur propre destruction en temps réel dans l’espoir désespéré - et pour l’instant vain - que le monde puisse faire quelque chose". Comme le relève l’arrêt de la CIJ et l’historien israélien Raz Segal, qui parle de "cas d’école en matière de génocide" :
"Les discours, jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir, ont montré que l’intervention militaire israélienne à Gaza visait bien plus que la disparition du Hamas (…) : c’étaient indistinctement l’ensemble du territoire et de ses résidents qui étaient la cible. La liste des citations documentées par l’Afrique du Sud est impressionnante : le premier ministre demandant aux soldats de “se souvenir de ce qu’Amalek vous a fait”, en référence à l’ennemi biblique dont Israël devait, selon le texte sacré, indistinctement “tuer les hommes et les femmes, les nourrissons et les nouveau–nés” ; le président affirmant à propos des Palestiniens que “la nation entière est responsable” et doit être “combattue jusqu’à lui briser l’échine” ; le ministre de la Défense indiquant qu’il n’y aurait plus “ni électricité, ni nourriture, ni eau, ni essence”, car il s’agit d’une guerre “contre des animaux humains” et il faut “agir en conséquence”."
Les sophismes du récit médiatique et intellectuel
Un à un, Fassin déconstruit les sophismes du narratif israélien et occidental, dont le plus pernicieux serait que l’histoire commence le 7 octobre 2023 : enterré le blocus de Gaza ; effacée l’expansion de la colonisation et des assassinats en Cisjordanie ; oubliée la judaïsation de Jérusalem et les provocations contre la mosquée Al-Aqsa ; ignorés les milliers prisonniers dans les geôles israéliennes. Quant à "l’armée la plus morale du monde", elle ne ferait que "riposter" à ce qui était, selon les mots du président Emmanuel Macron, "le plus grand massacre antisémite de notre siècle" (1). Ce qui a amené à minimiser ou à cacher les images qui parvenaient de Gaza comme de Cisjordanie - dernier exemple, celle de soldats israéliens balançant trois Palestiniens des toits à Qabatiy (Cisjordanie) en septembre 2024, rappelant ainsi les pratiques des membres de l’organisation de l’État islamique (OEI) (2).
C’est ainsi que, avec l’aide active des médias mainstream, les dirigeants occidentaux ont forgé "un consentement" au génocide, consentement qui, écrit Fassin :
comporte deux dimensions distinctes. La première est passive. C’est le fait de ne pas s’opposer à un projet. On permet donc qu’il s’accomplisse. La seconde est active. C’est le fait d’approuver ce projet. On apporte alors son concours à sa réalisation. Dans le cas de la guerre à Gaza, les deux dimensions se conjuguent.
Certes les responsabilités sont différentes, selon les pays et à l’intérieur de chacun d’eux. Dans le monde occidental, ce sont les États-Unis qui portent la culpabilité première, mais les pays européens, en fournissant des armes, comme l’Allemagne et la France, ou en proclamant "le droit d’Israël à se défendre", ont couvert politiquement et diplomatiquement Israël.
Discréditer toute voix critique
Ce qui frappe aussi, note l’auteur, c’est la volonté de discréditer toute voix critique, y compris par la force de la police ou des tribunaux, sous l’accusation d’"apologie du terrorisme". En y ajoutant l’accusation d’antisémitisme pour achever la démonstration. Depuis le début de la seconde Intifada en 2000, quelques d’intellectuels avaient été accusés, voire poursuivis pour antisémitisme, que ce soit Edgar Morin ou le résistant Stéphane Hessel. Mais la chasse aux sorcières atteint après le 7 octobre 2023 un niveau inégalé, avec la dénonciation nominative de journalistes - sans que la profession s’en émeuve -, d’universitaires et de simples quidams. Si nombre de ces attaques viennent d’officines plus ou moins financées par Israël, elles sont orchestrées par l’État et relayées par les "bons citoyens" soucieux de dénoncer ceux qui ne pensent pas droit.
Didier Fassin lui-même a été ainsi accusé, dans une tribune de quelques collègues universitaires (3) d’adopter une "grille de lecture qui ne cesse de nous signifier qu’une vie juive vaut bien moins que toute autre" - s’il fallait ouvrir des comptes, on pourrait rappeler que depuis le 7 octobre environ 2 000 Israéliens et plus de 41 000 Palestiniens ont été tués, une proportion de 1 à 20, nettement en défaveur de "la vie palestinienne". Fassin "relativiserait" aussi la Shoah, s’inscrirait dans la lignée de Roger Garaudy (4) qui a sombré dans le négationnisme à la fin de sa vie. L’auteur serait un antisémite, anathème qui permet de clore le débat avant même de l’ouvrir.
Pour ses détracteurs, il serait inadmissible de proclamer le caractère colonial du mouvement sioniste, pourtant mis en lumière il y a près de soixante ans par Maxime Rodinson, et qui mériterait, même si on le conteste, au moins une discussion approfondie. Il est vrai que le débat à l’université devient périlleux depuis qu’une centaine de professeurs ont appelé le pouvoir politique, en octobre 2020, à surveiller ceux soupçonnés d’"islamogauchisme" ou de "wokisme" - une attaque contre les libertés académiques que personne n’avait osé réclamer depuis la fin de la guerre d’Algérie (5).
Récemment ont été publiés les noms de 11 000 enfants palestiniens tués à Gaza, dont 700 nourrissons de moins d’un an. Marc Bloch réfléchissait déjà sur les très jeunes victimes des guerres :
Il est un de ces tableaux auquel je sens bien que je ne m’habituerai jamais : celui de la terreur sur des visages d’enfants fuyant la chute des bombes, dans un village survolé. Cette vision-là, je prie le ciel de ne jamais me la remettre sous les yeux, dans la réalité, et le moins souvent possible dans mes rêves. Il est atroce que les guerres puissent ne pas épargner l’enfance, non seulement parce qu’elle est l’avenir mais surtout parce que sa tendre faiblesse et son irresponsabilité adressent à notre protection un si confiant appel. À Hérode, la légende chrétienne (6) n’aurait sans doute pas été si sévère, si elle n’avait eu à lui reprocher que la mort du Précurseur. L’inexpiable crime fut le Massacre des Innocents (7).
Quatre-vingts ans plus tard, ce "massacre des Innocents" se poursuit. Et beaucoup de ceux qui, dans l’université française ou ailleurs, se réclament de l’héritage de Marc Bloch l’acceptent sans états d’âme.
Notes
1. Extrait du discours du président Emmanuel Macron prononcé lors de la cérémonie en hommage aux 42 victimes françaises du 7 octobre.
2. On trouve des exemples de ces pratiques dans "Persecution of gay and bisexual men by the Islamic State", Wikipedia.
3. Bruno Karsenti, Jacques Ehrenfreund, Julia Christ, Jean-Philippe Heurtin, Luc Boltanski et Danny Trom, « Un génocide à Gaza ? Une réponse à Didier Fassin », AOC, 13 novembre 2023.
4. Né en 1913, ancien membre du bureau politique du Parti communiste, il en est exclu en 1970. Dans les années 1980, il se convertit à l’islam, s’engage sur le soutien aux Palestiniens avant de se rallier aux thèses négationnistes.
5. "Sur l’islamisme, ce qui nous menace, c’est la persistance du déni", Le Monde, 31 octobre 2020.
6. Le Massacre des Innocents est présent dans l’Évangile selon saint Matthieu. Le roi Hérode fit tuer tous les garçons de moins de deux ans nés aux alentours de Bethléem car des Mages lui avaient annoncé la naissance dans cette ville d’un enfant appelé à devenir le roi des Juifs.
7. Marc Bloch, L’étrange défaite ; témoignage écrit en 1940, Folio, collection Folio histoire, 1990, 326 pages, 13,10 euros.
Alain Gresh est spécialiste du Proche-Orient, il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont De quoi la Palestine est-elle le nom ? (Les Liens qui libèrent, 2010) et Un chant d’amour. Israël-Palestine, une histoire française, avec Hélène Aldeguer (La Découverte, 2017). Directeur d’Orient XXI.
📰 https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/genocide-a-gaza-la-fabrication-du-consentement-occidental,7636
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Gaza/Liban. Une guerre occidentale
Par Alain Gresh & Sarra Grira, le 30 septembre 2024, Orient XXI
Jusqu’où ira Tel-Aviv ? Non content d’avoir réduit Gaza à un champ de ruines en plus d’y commettre un génocide, Israël étend ses opérations au Liban voisin, avec les mêmes méthodes, les mêmes massacres, les mêmes destructions, convaincu du soutien indéfectible de ses bailleurs occidentaux devenus complices directs de son action.
Le nombre de morts libanais des bombardements a dépassé 1 640, et les "exploits" israéliens se sont multipliés. Inaugurés par l’épisode des bipeurs, qui a suscité la pâmoison de nombre de commentateurs occidentaux devant "l’exploit technologique". Tant pis pour les victimes, tuées, défigurées, aveuglées, amputées, passées par pertes et profits. On répétera ad nauseam qu’il ne s’agit après tout que du Hezbollah, d’une "humiliation", organisation que la France ne considère pas comme une organisation terroriste. Comme si les explosions n’avaient pas touché l’ensemble de la société, tuant miliciens ou civils de manière indifférenciée. Pourtant, le recours à des objets piégés est une violation du droit de la guerre, comme l’ont rappelé plusieurs spécialistes et organisations humanitaires (1).
Les assassinats sommaires des dirigeants du Hezbollah, dont celui de son secrétaire général Hassan Nasrallah, accompagnés chaque fois de nombreuses "victimes collatérales", ne font même pas scandale. Dernier pied de nez de Nétanyahou à l’ONU, c’est au siège même de l’organisation qu’il a donné le feu vert pour le bombardement de la capitale libanaise.
À Gaza et dans le reste des territoires palestiniens occupés, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU enfouissent chaque jour un peu plus les avis de la Cour internationale de justice (CIJ). La Cour pénale internationale (CPI) tarde à émettre un mandat contre Benyamin Nétanyahou, alors même que son procureur fait état de pressions "par des dirigeants mondiaux" et par d’autres parties, y compris personnelles et contre sa famille (2). Avons-nous entendu Joe Biden, Emmanuel Macron ou Olaf Scholz protester contre ces pratiques ?
Cela fait presque un an que quelques voix, qui passeraient presque pour les fous du village, dénoncent l’impunité israélienne, encouragée par l’inaction occidentale. Jamais une telle guerre n’aurait été possible sans le pont aérien des armes américaines - essentiellement, et dans une moindre mesure européennes -, et sans la couverture diplomatique et politique des pays occidentaux. La France, si elle le voulait, pourrait prendre des mesures qui frapperaient vraiment Israël, mais elle refuse encore de suspendre les licences d’exportation d’armement qu’elle lui a accordées. Elle pourrait aussi défendre à l’Union européenne, avec des pays comme l’Espagne, la suspension de l’accord d’association avec Israël. Elle ne le fait pas.
Cette Nakba palestinienne qui n’en finit pas et cette destruction en règle qui s’accélère au Liban ne sont pas seulement des crimes israéliens, mais aussi des crimes occidentaux, dans lesquels Washington, Paris et Berlin portent une responsabilité directe. Loin des gesticulations et des mises en scène dont l’Assemblée générale de l’ONU a été le théâtre ces jours-ci, ne soyons dupes ni des colères de Joe Biden, ni des vœux pieux énoncés par Emmanuel Macron sur la "protection des civils", lui qui n’a jamais manqué une occasion pour montrer un soutien sans faille au gouvernement d’extrême droite de Benyamin Nétanyahou. Oublions même nombre de ces diplomates qui ont quitté la salle de l’Assemblée générale de l’ONU au moment de la prise de parole du Premier ministre israélien, dans un geste qui relève davantage de la catharsis que de la politique. Car si des pays occidentaux sont les premiers responsables des crimes israéliens, d’autres, comme la Russie ou la Chine n’ont pris aucune mesure pour mettre fin à cette guerre dont le périmètre s’étend chaque jour, et déborde sur le Yémen aujourd’hui et peut-être sur l’Iran demain.
Cette guerre nous enfonce dans un âge sombre où les lois, le droit, les garde-fous, tout ce qui empêcherait cette humanité de sombrer dans la barbarie, sont méthodiquement mis à terre. Une ère où une partie a décidé de la mise à mort de l’autre partie jugée "barbare". Des "ennemis sauvages", pour reprendre les mots de Nétanyahou, qui menacent "la civilisation judéo-chrétienne". Le premier ministre cherche à entraîner l’Occident dans une guerre de civilisation à connotation religieuse, dont Israël se pense comme l’avant-poste au Proche-Orient. Avec un succès certain.
Par les armes et les munitions dont ils continuent à alimenter Israël, par leur soutien indéfectible à un fallacieux "droit à se défendre", par le rejet de celui des Palestiniens à disposer d’eux-mêmes et à résister à une occupation que la CIJ a décrété illégale et dont elle ordonne l’arrêt - décision que le Conseil de sécurité de l’ONU refuse d’appliquer -, ces pays portent la responsabilité de l’hubris israélien. Membres d’institutions aussi prestigieuses que le Conseil de sécurité de l’ONU ou le G7, les gouvernements de ces États entérinent la loi de la jungle imposée par Israël et la logique de la punition collective. Cette logique était déjà à l’œuvre en Afghanistan en 2001 et en Irak en 2003, avec les résultats que l’on connaît. Déjà en 1982, Israël avait envahi le Liban, occupé le Sud, assiégé Beyrouth et supervisé les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila. C’est cette « victoire » macabre qui a abouti à l’essor du Hezbollah, tout comme la politique israélienne d’occupation a abouti au 7 octobre. Car la logique de guerre et de colonialisme ne peut jamais déboucher sur la paix et la sécurité.
Notes
1. Lire, par exemple, le rapport d’Amnesty International, "Sept choses à savoir sur les attaques aux bipeurs et talkies-walkies au Liban", 23 septembre 2024.
2. Lire et écouter son entretien à la BBC, "ICC chief prosecutor defends Netanyahu arrest warrant in BBC interview", 5 septembre 2024.
Sarra Grira est journaliste, rédactrice en chef d’Orient X
📰 https://orientxxi.info/magazine/gaza-liban-une-guerre-occidentale,7649
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5- Israël, miroir de l’Occident
Les gens en France n’arrivent pas aujourd’hui à saisir qu’Israël c’est nous : notre base militaire, notre présence au Moyen-Orient, la logique poussée à l’extrême de notre ordre colonial passé, parce qu’on ne leur explique pas de façon claire, et qu’ils n’ont pas intérêt à voir. Le génocide à Gaza devrait servir de révélateur. Israël est ce miroir brandi qui révèle la réalité de l’Occident à la face du monde.
Par François Beaune, écrivain, le 1er octobre 2024, Blog Mediapart
Chaque jour je fais défiler le génocide en cours sur mes réseaux sociaux. Il est là dans ma main, devant moi, contrairement à beaucoup de français qui ne suivent pas Middle-East eye ou Electronic Intifada, deux sites d’investigation tout à fait édifiants. Je vis avec aussi parce que je m’y intéresse, parce que j’ai passé du temps au Moyen-Orient, à Gaza, contrairement à la majorité de mes compatriotes, qui ont un rapport abstrait avec ce coin du monde.
Je me souviens très bien d’ailleurs cette impossibilité à entrer en lien avec ce que les journaux appelaient à l’époque le conflit israélo-palestinien, quand j’étais comme eux, vierge de toute expérience de terrain. Pourtant lecteur assidu de journaux, je me disais qu’il y avait deux camps qui se battaient, je ne voulais pas m’en mêler, et je sautais les articles à ce sujet. Je n’avais aucune envie de m’y intéresser, pensant a priori que la situation était comme on me l’expliquait : complexe, inextricable.
Pourtant, tout était déjà sous mes yeux : les informations, bien que déformées, étaient accessibles. Il m’a fallu aller en Israël, puis en Cisjordanie, faire l’expérience physique de l’occupation militaire d’un peuple, à Al Khalil (Hébron), Al Qods (Jérusalem), Nablus, pour enfin m’intéresser à cette histoire et comprendre qu’elle me concernait, qu’en tant que français et en tant qu’occidental j’étais que je le veuille ou non mouillé dans les atrocités commises par nos alliés indéfectibles.
Les gens en France n’arrivent pas aujourd’hui à saisir qu’Israël c’est nous : notre base militaire, notre présence au Moyen-Orient, la logique poussée à l’extrême de notre ordre colonial passé, parce qu’on ne leur explique pas de façon claire, et qu’ils n’ont pas intérêt à voir. Le génocide à Gaza devrait servir de révélateur, mais ce n’est pas encore le cas, car il y a tout un trajet à faire, tout un travail douloureux de déconstruction de notre modèle occidental à entreprendre pour accepter ce qu’Israël nous dit de nous.
Israël est ce miroir brandi qui révèle la réalité de l’Occident, en direct sur Instagram à la face du monde, mais les peuples dont les gouvernements soutiennent Netanyahou n’ont pas encore les clés pour voir, ou en tout cas pas assez pour que leurs dirigeants en tiennent compte.
L’ordre sur lequel nous fondons nos existences
Certains autour de moi déplorent l’absence d’empathie du peuple israélien à l’égard des palestiniens, incapables à Tel-Aviv de manifester pour autre chose que la restitution de leurs otages. Mais il faut imaginer la capacité de déni que la société israélienne a développé depuis ces presque quatre-vingt années d’occupation militaire, tout simplement pour survivre chaque jour au réel qui te force à envoyer tes enfants commettre des crimes de guerre à vingt minutes de chez toi, que tu t’es convaincu nécessaires au bon fonctionnement de ta société, de ta raison d’être sur cette terre d’Israël, et qu’en tant que réserviste tu es toi aussi prêt à commettre.
Comment demander à une société qui s’est construite dans une logique de colonisation nécessaire pour sa propre survie, se racontant des mythes comme celui d’un peuple sans terre pour une terre sans peuple, de voir soudain les choses en face alors même que le besoin de déni est toujours plus grand et que les médias indépendants ont cessé d’émettre ?
Nous qui ne sommes pas en première ligne du massacre en cours, qui vivons en paix sur notre territoire et avons les informations disponibles à disposition, malgré une puissante propagande aux ordres de nos gouvernants, sommes il me semble bien plus coupables que le peuple israélien de refuser de voir, car notre aveuglement n’a pas ce caractère d’urgence existentielle, de sidération collective nécessaire pour continuer à fonctionner.
Et pourtant hormis une minorité d’étudiants et de militants des droits de l’homme qui n’ont aucun mal à faire le lien entre la situation à Gaza et les guerres passées au Vietnam ou en Algérie, la plupart d’entre nous refuse de regarder les choses en face, pour des raisons existentielles plus profondes, qui nous mettraient en péril quant à l’ordre que l’on s’est construit et sur lequel nous fondons nos existences.
Israël n’est ainsi pas notre allié indéfectible pour rien
Car regarder en face ce qu’Israël est en train de commettre au Moyen-Orient oblige à considérer que la tragédie en cours n’est pas seulement celle d’un état en train de poursuivre le nettoyage ethnique de son territoire afin d’en prendre pleinement possession, car classique de colonisation de peuplement, mais que cet état ne fait que suivre fidèlement le mode d’emploi de construction prédatrice de nos états-nations telles que nous les appliquons au monde depuis cinq siècles.
Israël n’est ainsi pas notre allié indéfectible pour rien : il est nous, c’est-à-dire nous les Occidentaux, avec notre logique, nos pulsions de conquête et nos impératifs de purification ethnique érigés en règle au 19ème siècle dans les meilleures universités européennes, qui continuent aujourd’hui de fasciner la droite française, c’est-à-dire une grande majorité de nos représentants.
Le modèle sécuritaire israélien, Eric Ciotti proposait il y a peu de s’en inspirer pour améliorer l’ordre en France. Depuis moins d’une semaine, Bruno Retailleau est devenu ministre de l’intérieur et nous promet un ordre en nous expliquant depuis des années que le désordre en France est lié à ces populations qui refusent de s’assimiler, qui n’ont pas les mêmes valeurs que nous, et dont il faut se débarrasser pour ramener l’ordre d’antan, au mieux en les expulsant, au pire en les emprisonnant le temps nécessaire, dans l’optique aboutir à un peuple homogène, partageant les mêmes valeurs, obéissant aux mêmes règles liées à la grande tradition française et occidentale.
Cette logique n’est pas celle du seul Retailleau, longtemps bras droit de Philippe de Villiers, mais celle de nos états-nations tels qu’ils se sont définis il y a deux siècles, prônant l’assimilation ou l’extermination des peuples barbares, qu’ils soient indiens, aborigènes, nord-africains, auvergnats, corses, gitans ou juifs : tous ceux qui ne correspondaient pas aux valeurs supérieures de la civilisation chrétienne devaient être soit expulsés dans les bagnes des colonies, pour les révolutionnaires de 1848 en Algérie, pour ceux de la Commune de 1871 en Nouvelle-Calédonie, soit incarcérés, punis, forcés à se réformer.
Cette logique de purification ethnique entraînera le génocide des arméniens en 1915 quand la Turquie renoncera à son empire Ottoman pour tenter de devenir un état-nation sur le modèle occidental. Et paradoxalement c’est encore cette logique-là que bien des pays anciennement colonisés appliquent à leurs populations, que ce soit l’Inde avec ses minorités musulmanes, ou la Chine avec l’ethnocide en cours des Ouïghours. Le modèle de l’état-nation à l’occidental, comme son mode de vie hollywoodien, avec son idéal de start-up nation israélienne ou macronnienne incarnant aujourd’hui l’idéal néolibéral, s’est imposé un peu partout comme un ordre désirable, voire légitime, et pourtant la manière dont il se révèle à nous à Gaza devrait nous rappeler de quoi cet ordre est fait.
Israël devrait avoir l’immense avantage de nous mettre au clair sur nous-mêmes
La réalité qui nous est surlignée plusieurs fois en rouge sang, si l’on prend le temps de s’observer, dans le miroir que nous présente Israël, nous fait comprendre qu’au fond nous sommes d’accord avec le gouvernement de Nétanyahou au pouvoir, qui pourraient être nous si nous étions à leur place, obligés de lutter en première ligne pour faire régner notre ordre. Ainsi pour justifier le fait que contrairement aux morts franco-israéliens du 7 octobre, qui avaient bénéficié d’un hommage officiel à Paris en février dernier, les franco-palestiniens ayant péri n’auraient droit eux à aucune cérémonie, notre président Emmanuel Macron a expliqué de façon limpide, comme le rapporte Didier Fassin dans Une étrange défaite, sous-titré Le consentement à l’écrasement de Gaza que ce n’est pas la même chose, les premiers sont des gens avec lesquels nous partageons le même mode de vie, les autres sont des dommages collatéraux.
Déplorer que la France continue de fournir des armes à Israël n’est donc pas suffisant, alors même qu’il est dans la logique de nos accords d’armer cette base moyen-orientale qui nous sert à tester nos missiles, faire évoluer nos drones, améliorer nos techniques de torture pourtant déjà bien éprouvées en Amérique du sud ou en Algérie. Refuser le génocide en cours suppose d’aller plus loin dans la critique, de nous inclure dans l’équation, de mettre notre propre modèle en danger, celui-là même qui nous a tant privilégié mais dont l’issue semble fatale. Un modèle qui promet de faire de la France et de l’Europe un nouvel Israël, dans la logique d’une économie mondiale qui depuis le 11 septembre 2001 s’est centrée sur le domaine sécuritaire. Un modèle qui a fait en France de nos collèges et lycées des prisons à ciel ouvert, avec checkpoints à l’entrée. Qui dresse des murs toujours plus hauts et nombreux autour de l’Europe et des Etats-Unis, construisant en béton, en barbelé, le monde ségrégué dont on a un exemple achevé quand on se rend en Cisjordanie ou à Gaza.
Israël devrait avoir l’immense avantage de nous mettre au clair sur nous-mêmes, sans avoir à en vivre toutes les conséquences. Israël nous montre concrètement ce qu’il pourrait advenir si l’on suit ce modèle d’apartheid des peuples, suivant un axe du bien et un axe du mal, avec les bons d’un côté et les méchants de l’autre, déshumanisés, à la merci de cet Occident qui si l’on ne compte que son chef de file, les États-Unis, serait responsable, selon le Cost of war project, de 4,5 millions de morts entre 2001 et 2023, en très grande partie liées aux guerres et à leurs conséquences en Afghanistan, Irak, Libye, Somalie, Syrie et Pakistan, mais sans compter Gaza et aujourd’hui le Liban.
Massacre des peuples autochtones tel qu’il s’est toujours pratiqué
Le sionisme lui-même doit être considéré comme une idéologie occidentale né de cet ordre qui considérait à l’époque les juifs comme une menace. Le sionisme est un constat d’échec, celui de Theodor Herzl, journaliste à Paris, observant comment se comportait la France antisémite à propos de l’affaire Dreyfus, concluant logiquement qu’il n’y avait d’autre salut pour le peuple juif que de se trouver une terre où se mettre à l’abri des persécutions systémiques de ce même Occident qu’il a paradoxalement pu rejoindre en 1948, qui l’a assimilé et lui a donné, après des millénaires de pogroms culminant avec la Shoah, le droit faire partie du cercle fermé de ceux qui frappent plutôt que de ceux qu’on frappe, cercle en grande majorité chrétien mais qui tolère l’état-nation juif tant qu’il sert ses intérêts.
Israël, devenu membre à part entière de cet Occident blanc, cette fois assimilé pour de bon à l’ordre dominant, ne fait donc que se servir de son droit au massacre des peuples autochtones tel qu’il s’est toujours pratiqué, et coopérer à l’ordre fondé les français, anglais, allemands, américains qui l’ont à la fois théorisé et mis en œuvre.
Tant que nous refuserons de nous voir en Israël, préférant écouter des intellectuels algériens comme Boualem Sansal ou Kamel Daoud nous disculper de toute responsabilité en nous expliquant que la seule clé de compréhension est l’Islam politique, en nous racontant la situation de leur pays, l’Algérie, comme une préfiguration de ce que le monde pourrait bientôt devenir, nous passerons, à la plus grande joie de nos gouvernants, à côté de notre responsabilité collective dans ces massacres commis en notre nom. L’Europe, autant que les États-Unis, a les moyens de faire cesser ce carnage, et si elle laisse faire, c’est non seulement qu’elle en est complice mais qu’elle trouve son intérêt dans la poursuite de cette logique.
Ce que certains comme Kamel Daoud appellent péjorativement cette mauvaise conscience qui nous aliène ou nous empêche de voir l’avenir et de tirer un trait sur le passé, ressassant à jamais nos méfaits coloniaux, n’est il me semble que le degré d’empathie minimum que non seulement nous pouvons mais nous devons avoir pour les exactions commises en notre nom.
Cette mauvaise conscience sartrienne, qui suppose de nous considérer chacun comme responsable de toutes les vies humaines, que le philosophe a nommé existentialisme et qu’on retrouve exprimé chez ceux qu’on appelle en France cathos de gauche, militants communistes, socialistes internationalistes lecteurs de Chomsky, n’est à mes yeux que l’expression d’une morale humaniste confrontée à la réalité du monde, et non une passion triste qui aboutirait à la haine de soi.
Je m’aime lucide plutôt qu’imbécile heureux de vivre dans un si beau pays qui soutient des génocides, de même que j’aime les français et leurs droits de l’homme à partir du moment où ceux-ci s’appliquent aux femmes et à tous les êtres humains, voire à tous les êtres vivants. Ce n’est pas un sort pénible que d’avoir une conscience occidentale, même mauvaise, mais plutôt un privilège, une inégalité de fait avec le reste des habitants de cette terre que l’on a tant pillée, et donc une charge, un devoir moral et politique de regarder les choses en face, d’avoir le courage de se confronter à l’histoire, de penser au-delà de nos intérêts de français, d’occidentaux, de penser donc contre nos gouvernants qui ont eux au contraire la charge de prolonger l’héritage mal acquis, de penser contre les agissements de nos états-nations qui vont à l’encontre du bien-être commun mondial. Ceux qui comme moi croient en cette internationale des peuples ne sont plus, contrairement à l’après-guerre, majoritaires dans l’opinion.
Pourtant j’ai le faible de croire que si les récits n’étaient pas tant biaisés par la propagande médiatique nous pourrions tous y voir clair et œuvrer ensemble à un monde de paix.
François Beaune est né en 1978 à Clermont-Ferrand, a grandi à Lyon et vit à Marseille. Depuis son premier livre, Un homme louche, suivi d’Un ange noir, Une vie de Gérard en Occident, Omar et Greg, et jusqu'à son dernier roman à paraître, La profondeur de l’eau, il œuvre à la création de son Entresort,1 une galerie de personnages incarnant le monde actuel. Il réalise aussi des documentaires sonores, pour Arteradio et France Culture. Il s’occupe enfin d’un projet associatif, Histoires vraies de méditerranée (www.histoiresvraies.org), qui vise à collecter puis restituer les histoires des habitants de ce territoire, dont les livres La lune dans le puits, L'esprit de famille, 77 positions libanaises, et Dans ma ZUP sont issus.
📰 https://blogs.mediapart.fr/francoisbeaune/blog/011024/israel-miroir-de-l-occident
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6- Que signifie pour Gaza une guerre avec le Liban et l'Iran ?
Dès le début du génocide, on a supposé qu'une guerre avec le Liban permettrait d'alléger la pression sur Gaza. Mais alors que l'attention du monde est désormais tournée vers l'escalade avec le Hezbollah et l'Iran, Israël continue de perpétrer ses massacres à Gaza en silence.
Par Tareq S. Hajjaj, le 2 octobre 2024, Mondoweiss
Alors que l'Iran a lancé une salve de centaines de missiles balistiques en direction d'Israël dans la nuit de mardi à mercredi, les habitants des abris et des camps de déplacés de Gaza ont envahi les rues pour regarder les roquettes pleuvoir au loin. Les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent les foules en train d'applaudir et de célébrer, ravies que, pour une fois, ce ne soit pas elles qui soient bombardées, et qu'il semble que les alliés de la résistance soient enfin venus en aide à Gaza.
Ces sentiments se sont reflétés le 8 octobre 2023, lorsque le Hezbollah a ouvert un "front de soutien" à Gaza pour tenter de détourner une partie des forces militaires israéliennes vers le nord. Alors que l'assaut israélien se transformait en génocide, les habitants de Gaza ont commencé à espérer que le Hezbollah jouerait un rôle encore plus actif et entrerait pleinement dans la guerre afin d'alléger la pression sur Gaza. Ces espoirs se sont avérés déplacés, car les objectifs du front de soutien se sont révélés être une guerre d'usure plutôt qu'une guerre totale.
Animés d'une certaine émotion, les Palestiniens de Gaza ont continué à espérer que la résistance libanaise s'engage plus avant dans la bataille afin d'alléger les souffrances de la population et d'inquiéter l'armée israélienne.
La récente expansion de la guerre d'Israël contre le Liban a cependant prouvé le contraire. Alors que la présence de l'armée sur le terrain à Gaza a été réduite, les frappes aériennes sur Gaza se sont non seulement poursuivies, mais intensifiées.
La semaine dernière, alors que le monde était préoccupé par les événements au Liban, l'armée israélienne a commis d'horribles massacres à Gaza dans le silence le plus total, avec une couverture minime des médias internationaux. Tous les regards étaient désormais tournés vers le Liban, même à Gaza.
La semaine dernière, l'armée israélienne a bombardé des centres de déplacés dans la ville de Gaza, à Jabalia et dans le camp de réfugiés de Nuseirat.
Le 26 septembre, l'armée a bombardé l'école Hafsa dans la zone de Faluja au nord de Gaza, tuant plus de 15 personnes. Le 22 septembre, l'armée a bombardé deux écoles de Nuseirat abritant des personnes déplacées. La veille, un autre massacre avait eu lieu à l'école Zeitoun, dans la ville de Gaza, où un membre de la défense civile de Gaza tenait un fœtus sans vie sorti de l'utérus de sa mère assassinée.
Une vidéo publiée par la défense civile indique qu'une mère, Iman Madi, avait été déplacée vers l'école alors qu'elle en était à son septième mois de grossesse, le foetus a été enterré avec sa mère. 21 autres personnes, dont 12 enfants, ont été tués.
Le 29 septembre, l'armée israélienne a bombardé l'école d'Umm al-Fahm, dans le nord de la bande de Gaza, entraînant la mort immédiate de 10 personnes déplacées.
Parmi ces massacres les plus importants, d'autres frappes plus modestes n'ont pas cessé, notamment le bombardement de maisons au-dessus de la tête de leurs habitants. Entre le 21 et le 26 septembre, selon les rapports quotidiens du ministère de la santé à Gaza, l'armée israélienne a commis 29 massacres dans la bande de Gaza, tuant environ 300 civils et en blessant des centaines d'autres.
Séparation des fronts et glissement vers une guerre perpétuelle
Cette réalité s'explique en partie par le fait que la guerre au Liban a débuté alors que l'armée israélienne avait déjà réduit les capacités militaires de la résistance à Gaza. Aujourd'hui, Israël est en mesure de maintenir une présence à Gaza sans y consacrer les mêmes ressources militaires qu'au plus fort de la guerre, lui permettant ainsi de réorienter ses efforts vers l'escalade au Liban.
L'analyste politique palestinienne Alaa Abu Amer estime que l'objectif premier de cette escalade est de dissocier les fronts gazaoui et libanais afin qu'Israël puisse traiter chaque front séparément :
"Gaza a été oubliée, et toute l'attention se porte désormais sur le sud du Liban", explique-t-elle à Mondoweiss.
Poursuivant :
"Après que l'armée israélienne a atteint ses objectifs à Gaza, la bande a été détruite et un génocide a été perpétré : les objectifs restants doivent être mis en œuvre par la faim et le siège".
"Israël tente d'épuiser les énergies de Gaza et de faire échouer les tentatives d'incitation à la résistance en tant qu'objectif à long terme. Ce plan est organisé entre les États-Unis et d'autres pays de la région, y compris les parties palestiniennes."
Ajoutant,
"Le front qui faisait obstacle à tout cela était le front du Sud-Liban, la seule carte de pouvoir dans la main du Hamas pour affronter les Américains et les sionistes afin de parvenir à un accord politique qui préserverait la résistance et maintiendrait Gaza en dehors du cadre des plans sionistes"
"L'équation est que le Hezbollah au Liban continuera, Israël continuera, et le Hamas ne se rendra pas. Il s'agit d'une bataille sanglante qui pourrait attirer de nombreuses parties réticentes, y compris des pays voisins comme la Jordanie".
Abu Amer estime qu'Israël ne souhaite pas s'engager dans une guerre d'usure à long terme.
"Les Israéliens sont habitués à vivre dans le luxe et n'ont aucune affinité avec cette terre. La plupart d'entre eux sont venus en Israël en raison des privilèges matériels qu'ils ont reçus. Cette société ne pourra pas perdurer longtemps après l'implication d'Israël au Liban", explique-t-elle.
Abdaljawad Omar, analyste et collaborateur de Mondoweiss, estime que si les massacres israéliens à Gaza se sont poursuivis, Israël ne sera pas en mesure de les mener avec la même intensité qu'au plus fort du génocide.
"Le déplacement du poids de la bataille vers le nord comprend le retrait de certaines forces de la bande de Gaza, ce qui signifie une réduction des bombardements à Gaza. Mais l'armée israélienne est toujours capable de mener des opérations terrestres et toute autre opération militaire à l'intérieur de la bande de Gaza", explique-t-il à Mondoweiss.
Il poursuit :
"L'armée d'occupation a désormais la possibilité, puisque le front nord est ouvert, de perpétrer des massacres sans susciter de plaintes de la part de la communauté internationale, dont les préoccupations sont ailleurs"
"Depuis le début de la guerre à Gaza et le début du front de soutien au Liban, Israël a lancé une guerre délibérée et élargie qui vise à créer une réalité radicalement différente à Gaza"
Mais imposer une telle réalité nécessite une guerre de longue haleine et une escalade continue. "Cela coûtera cher à Israël, tant sur le plan militaire qu'économique", affirme Abdaljawad Omar
Cela signifie également que la résistance à Gaza et au Liban, en plus de sa base populaire, devra payer un lourd tribut sanglant. Le résultat est qu'il n'y a pas d'horizon clair pour la fin de la guerre. Israël a confiance dans ses capacités militaires et dans la capacité de ses alliés à fournir des armes et un soutien diplomatique et politique au moment opportun.
"Personne ne souhaite peut-être une guerre globale qui réunirait toutes les forces en présence dans une guerre régionale totale", explique-t-il. "Mais Israël mène une longue guerre sur plusieurs fronts. Le fait est qu'il veut traiter chaque front séparément, mais espère aussi que ses alliés se joindront à lui, entraînant les États-Unis dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient."
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7- La guerre éternelle d'Israël & ce qui va suivre
De Gaza au Liban, Israël projette sa force tout en s'enfonçant dans un bourbier. S'il remporte de brefs succès opérationnels, il ne parvient pas à éteindre l'esprit de la résistance ni à la contraindre à se soumettre.
Par Abdaljawad Omar, le 3 octobre 2024, Mondoweiss
La poursuite de l'excellence militaire en Israël a été la marque de son effort incessant pour contraindre le monde arabe à céder au vol et à l'effacement de la Palestine. Par la force, Israël se maintient non seulement en se fondant dans l'ambition plus vaste d'assurer l'hégémonie américaine sur la région, mais il cherche également l'affirmation insaisissable de sa fragile existence. Une existence qui s'est forgée dans la violence et le nettoyage ethnique.
C'est pourquoi la force devient plus qu'une méthode - elle devient le seul langage par lequel l'État israélien peut se perpétuer.
Il n'est donc pas surprenant que l'innovation et la créativité deviennent les instruments d'une société qui ne pense qu'à trouver des moyens de tuer.
Les récents événements au Liban et l'attaque iranienne sans précédent contre Israël révèlent une convergence d'idées sur laquelle Israël s'appuie de plus en plus depuis une vingtaine d'années : la fusion du renseignement, de la puissance aérienne et de l'application de la force pour tenter de démanteler les systèmes de ses ennemis.
Israël définit ses adversaires comme un ensemble d'éléments interdépendants qui fonctionnent ensemble dans le cadre d'u)n système plus vaste. Il tente de s'introduire dans ces divers éléments pour recueillir des renseignements et mener des opérations visant à déstabiliser ce système. Il vise à paralyser ses ennemis et à les rendre incapables d'organiser une contre-attaque efficace. C'est le principe central qui guide l'approche d'Israël pour vaincre la résistance dans la région.
Mais face à l'application implacable de la force par Israël sur la résistance libanaise, ce qui s'est produit, est la volonté renouvelée du Hezbollah de se battre et la provocation d'une réponse directe de la part de l'Iran. Des centaines de missiles ont frappé l'infrastructure militaire israélienne, leurs impacts étant enregistrés au fur et à mesure qu'ils atteignaient leurs cibles, et le confort psychologique apporté par les systèmes de défense antimissile dits "Dôme de fer" et "Arrow" (flèche) a commencé à se désintégrer. Malgré cela, Israël s'est empressé de déclarer que l'attaque était un échec. Depuis le début de cette guerre, Israël a méticuleusement géré le flux d'informations, minimisant les dommages infligés par ses ennemis tout en amplifiant les effets de ses propres opérations.
Le "choc" opérationnel et le langage de la force
Lors du premier assaut majeur qu'Israël a mené contre la résistance libanaise, le pays a pris pour cible les outils de communication du Hezbollah, transformant les téléavertisseurs et les talkies-walkies en bombes miniatures qui rendaient leurs utilisateurs aveugles, les meurtrissaient ou les tuaient. L'opération était censée véhiculer l'image de la ruse et de l'ingéniosité israéliennes, mais elle n'avait rien de l'héroïsme des soldats se battant au combat.
Toutes les organisations doivent communiquer, mais transformer les outils de communication en armes a provoqué une onde de choc parmi les membres militaires et politiques du Hezbollah, déjà empêtrés dans des combats de faible intensité avec les forces israéliennes de l'autre côté de la frontière du Sud-Liban. Associée à un assaut concentré sur les dirigeants, cette campagne a frappé le cœur de la résistance, éliminant des figures clés, des commandants militaires et atteignant finalement le secrétaire général du Hezbollah, Sayyid Hasan Nasrallah.
L'opération a été préparée pendant des années, en attendant le moment opportun pour l'utiliser afin d'éroder la détermination de ses adversaires. Dans toute confrontation militaire majeure, Israël aurait utilisé ces outils comme des instruments destinés à désorienter et à démoraliser la force de frappe de son ennemi et à lui ôter sa volonté de se battre. Le choc opérationnel recherché est fondé sur la conviction que tout "système" recèle des vulnérabilités essentielles ; c'est dans ces vulnérabilités que se trouve la voie à suivre pour défaire le système.
Alors qu'Israël intensifie son action, enivré par les victoires qu'il perçoit, la résistance dans la région se retrouve, paradoxalement, à la fois meurtrie et plus vive
Après avoir déployé certains de ses éléments les plus surprenants au cours de la campagne, Israël gravit maintenant l'échelle de l'escalade, chaque échelon étant un pas calculé vers une fin incertaine. L'effet de surprise qu'il réservait autrefois a été épuisé et, avec lui, la voie à suivre devient d'autant plus périlleuse. L'objectif stratégique d'Israël est d'entraîner les États-Unis dans une guerre qu'ils ont déjà démontré être incapables de mener seuls.
Au fur et à mesure de l'escalade israélienne, enivrée par les victoires qu'elle perçoit, la résistance dans la région - incapable de nier les succès opérationnels des assassinats, des frappes aériennes massives et des capacités de renseignement d'Israël - se retrouve, paradoxalement, à la fois meurtrie et plus vive. Les coups censés éteindre sa détermination ont également contribué à intensifier la ferveur du Hezbollah. Une étrange énergie naît non pas du triomphe, mais de la rencontre même avec la perte.
La tentative d'Israël de contraindre la résistance libanaise à mettre fin à son "front de soutien" à Gaza n'a pas été couronnée de succès. Israël se dirige à présent vers un enchevêtrement plus profond, alors qu'une opération terrestre au Sud-Liban commence lentement mais sûrement. Il commence à se rendre compte que c'est une chose d'obtenir un succès opérationnel, mais que c'en est une autre de faire plier la volonté de la résistance.
Israël pourrait être en mesure de conquérir le sud à grands frais, mais une telle entreprise maintiendra la résistance contre lui pendant des années.
Dans ce contexte, l'assassinat de Nasrallah n'apparaît plus comme une stratégie calculée et mesurée, , mais comme un acte impulsif de vengeance et une expression de la profondeur avec laquelle le secrétaire général du Hezbollah s'est logé dans la conscience israélienne.
Son élimination visait non seulement à affaiblir les adversaires d'Israël, mais aussi à apaiser l'inquiétude que sa personnalité avait provoquée. Mais aujourd'hui, le spectre de sa mort a servi à alimenter la détermination de la résistance, galvanisant les combattants qui attendent l'arrivée des soldats dans leurs villages et sur le terrain périlleux des montagnes et collines du sud Liban.
Israël s'étend et se retranche à nouveau
Israël, autrefois assez pragmatique pour se retrancher derrière des murs, se retrouve aujourd'hui à s'étendre. À Gaza, il s'étend tout en s'enfonçant plus profondément dans un bourbier. Au Liban, il lance une invasion terrestre, espérant effacer les cicatrices des échecs passés, cherchant non seulement à nettoyer mais aussi à dominer de nouveaux territoires.
Mais en engageant l'essentiel de sa puissance dans le nord, Israël prend aussi le risque d'une défaite stratégique historique. Il confond le succès opérationnel ou tactique avec la capacité d'induire des changements dans le théâtre stratégique, persuadé qu'avec chaque frappe, il se rapproche de la victoire. Mais il risque de s'engager dans une guerre d'usure sanglante avec une armée débordée, une économie ne fonctionnant qu'à moitié et une société fracturée.
Contrairement à Israël, la résistance libanaise n'a pas encore utilisé son large éventail d'armes destructrices. Il n'est pas surprenant qu'Israël n'ait jamais été un acteur stratégique, à l'image du caractère risqué d'Ariel Sharon, qui prenait les choses en main et espérait le meilleur, mais qui, le plus souvent, était contraint de prendre en compte les conséquences à long terme de ses actions - comme la montée en puissance du Hezbollah après la décimation du Liban par Sharon, ou l'enracinement de la résistance à Gaza à la suite de sa répression brutale de la deuxième Intifada.
La stratégie d'Israël consiste à gagner du temps, à repousser les limites du possible.
Au fur et à mesure que l'expansionnisme d'Israël se poursuivra, il se trouvera à nouveau à la croisée des chemins : soit il recule à la suite d'accords fragiles, soit il s'enfonce davantage et oblige les nouvelles générations d'Israéliens à faire face à la résistance à chaque tournant. L'oscillation entre ces états de repli pragmatique et d'expansion obstinée, ni totalement sûrs ni totalement en expansion, suggère une nation prise dans un cycle perpétuel de conquête et de piège. Elle cherche à prendre le contrôle, mais ne l'atteint jamais vraiment.
La dépendance totale d'Israël à l'égard de ses alliés
Les succès remportés par Israël ces dernières semaines sont le fruit d'un investissement global dans la collecte de renseignements au cours des deux dernières décennies, en particulier depuis qu'il a subi un coup décisif au Liban en 2006. Israël a passé son temps à développer, accumuler et créer des opportunités de triomphe opérationnel, en utilisant un vaste réseau de canaux de renseignement avec ses alliés qui servent à l'alimenter en informations, en multipliant sa force grâce aux pouvoirs de l'OTAN, au cyberespionnage, à l'IA et aux autres formes de collecte de renseignements.
Israël se voit accorder l'espace nécessaire pour démontrer son utilité au pôle impérial qui le soutient. Mais son triomphe n'en est pas un qui lui est propre, il est le produit de l'empire éloigné lui fournissant armes, outils et un flux de ressources qu'il ne peut prétendre générer de manière indépendante. À bien des égards, Israël reflète l'Ukraine, s'accrochant à ses mécènes, à la différence près qu'il ne se dresse pas contre un ennemi unique et imposant, mais contre plusieurs ennemis à la fois nombreux et insaisissables. Ce réseau de dépendances définit la force d'Israël, qui ne peut être séparée de sa vulnérabilité.
Le 7 octobre, c'est la résistance palestinienne qui a non seulement choqué, mais aussi ouvert une profonde brèche dans la perception qu'Israël avait de lui-même. Pendant des jours, Israël s'est effondré sous le poids de son propre désarroi, luttant désespérément pour reprendre le territoire brièvement saisi par les forces palestiniennes et tuant, ce faisant, de nombreux combattants ainsi que ses propres citoyens. À ce moment-là, l'image d'invulnérabilité a volé en éclats, et ce qui a été laissé derrière n'était pas simplement une terre, mais une déchirure plus profonde - une histoire désormais incapable de se soutenir elle-même.
Israël semble déterminé à regarder l'abîme, partant du principe que, quelles que soient les difficultés de la situation, il conserve la capacité de transformer les épreuves en un récit de succès incontestable. Cet état d'esprit traduit une conviction profonde de l'utilité de la force en tant qu'outil principal pour façonner son paysage régional. L'objectif n'est pas simplement de dégrader les capacités matérielles de ses adversaires, mais de modifier fondamentalement ses relations avec la région et les Palestiniens. Elle veut que les Arabes, et par extension les Iraniens, se soumettent.
Mais les forces qui lui résistent sont également investies dans le refus d'une victoire sans friction pour Israël. Ce sont des organisations aspirant à une longue guerre d'usure, une guerre sans fin qui transforme chaque champ de bataille en un cycle de lutte sans fin, où la victoire et la défaite deviennent indiscernables. Les Israéliens passeront plus de temps sur la ligne de front que sur les plages et dans les fêtes où l'on consomme de la drogue.
Le choc opérationnel qu'Israël a cherché à imposer à la résistance libanaise n'a pas réussi à éteindre son esprit ni à la contraindre à la soumission ; au contraire, il a provoqué une réponse directe de l'Iran et la poursuite des opérations de la résistance à Gaza.
Israël, qui s'appuie sur l'assassinat et sur des opérations de renseignement rusées, continue de parler de "boucler la boucle". Pourtant, depuis plus d'un siècle, il reste prisonnier de ce processus sans fin, s'efforçant de fermer ces cercles pour les voir se rouvrir et se développer. À chaque expansion, de nouvelles générations et de nouveaux systèmes apparaissent, défiant Israël avec une résistance impressionnante et inattendue, ébranlant ses stratégies militaires et l'obligeant à faire face à une question récurrente : "Nous avons obtenu de grands résultats opérationnels. Quelle est la prochaine étape ?".
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8- Quelles sont les motivations de l'administration Biden au Moyen-Orient ?
Mondoweiss s'est entretenu avec l'analyste Mouin Rabbani sur les motivations des États-Unis au Moyen-Orient et sur les raisons pour lesquelles l'administration Biden soutient pleinement l'escalade israélienne contre le Liban et l'Iran.
Par Michael Arria, le 4 octobre 2024, Mondoweiss
Quelques jours après qu'Israël a lancé ses attaques contre le Liban, Politico a rapporté que des fonctionnaires de la Maison Blanche avaient dit en privé au gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou qu'il soutiendrait sa poussée militaire contre le Hezbollah. Cette offensive a conduit à une attaque de missiles iraniens contre Israël, que Netanyahou a juré de venger. Une fois de plus, la région semble au bord d'une guerre à grande échelle.
Pourquoi l'administration Biden soutient-elle de telles actions et qu'est-ce que les États-Unis espèrent en retirer ? Michael Arria, correspondant de Mondoweiss aux États-Unis, s'est entretenu avec Mouin Rabbani, co-éditeur de Jadaliyya et chercheur non résident au Center for Conflict and Humanitarian Studies, sur les motivations des États-Unis dans la région, le soutien constant de Joe Biden à Israël et la manière dont la politique iranienne de l'administration a aggravé la situation.
Mondoweiss : Je suis certain que vous avez vu le récent rapport de Politico sur les fonctionnaires de Biden qui soutiennent discrètement la poussée militaire d'Israël au Liban. Quelle est, selon vous, la motivation des États-Unis ? Qu'ont-ils à gagner en soutenant ces actions ?
Mouin Rabbani : Je pense que ce que nous voyons ici, c'est qu'Israël, lorsqu'il est entré dans la bande de Gaza, n'avait pas vraiment de stratégie. Il était motivé par la soif de sang et de vengeance.
Je pense que la crise s'est intensifiée au niveau régional et que l'on croit de plus en plus en Israël, avec le soutien des États-Unis, qu'il s'agit d'une véritable occasion de redessiner la carte politique du Moyen-Orient, de changer l'équation stratégique du Moyen-Orient et de démanteler "l'axe de la résistance", qui est uni par un programme commun visant à confronter et à réduire l'influence d'Israël dans la région.
Je pense que nous devons envisager l'expansion de la guerre dans ce contexte. En particulier après les récents succès d'Israël, qui a frappé durement le Hezbollah, les États-Unis, qui avaient initialement exprimé leur opposition à l'escalade régionale, sont désormais d'accord avec elle, car ils estiment qu'il existe des objectifs réalisables.
Tous les présidents modernes ont soutenu Israël, mais il y a eu quelques lignes rouges dans de rares cas, ou des critiques publiques à l'encontre du pays. Certains citent les mots durs de Ronald Reagan à propos de l'attaque d'Israël sur Beyrouth ou George H.W. Bush qui a bloqué des prêts, par exemple. On a même vu Joe Biden tenter d'amadouer Netanyahou lors de l'attaque israélienne de 2021 contre Gaza.
Mondoweiss : Pourquoi pensez-vous que l'administration Biden a tant soutenu Israël au cours de l'année écoulée et pensez-vous qu'il y ait eu une réelle tentative de mettre fin aux bombardements ?
Mouin Rabbani : Je pense qu'il y a plusieurs facteurs.
Le fameux incident de Reagan auquel tout le monde se réfère en 1982, lorsqu'il a appelé [l'ancien Premier ministre israélien Menachem] Begin et lui a dit : "Cela tourne à l'Holocauste" ou quelque chose de ce genre. En réalité, cet incident a été précédé d'un appel du prince héritier saoudien de l'époque, le prince Fahd, disant en substance à Reagan qu'il mettait les alliés arabes de l'Amérique dans une position de plus en plus difficile. Je pense que c'est surtout cela qui a poussé Reagan à agir.
De même, lorsque Biden a appelé Netanyahou en 2021, je crois qu'il a dit quelque chose comme : "Vous n'avez plus de voie". Je pense que c'est seulement un jour ou deux plus tôt que le président américain de l'état-major interarmées de l'époque, Mark Milley, a déclaré lors d'un témoignage devant le Congrès que la poursuite de ce conflit commençait à avoir un impact sur les intérêts américains dans la région, ce qui a tiré la sonnette d'alarme.
Je pense qu'un élément important est qu'en 2023 et 2024, les États-Unis n'ont vu aucun impact de la campagne génocidaire d'Israël dans la bande de Gaza ou de son escalade régionale, du moins jusqu'à présent, sur la force de leurs relations avec d'autres gouvernements arabes. L'Égypte, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, etc. Ces relations sont restées aussi solides qu'elles l'étaient le 6 octobre. Et je pense que cela affecte les États-Unis.
Je dirais aussi qu'il y a, dans un sens, un facteur personnel. Je pense que Biden, comparé à ses prédécesseurs, est particulièrement pro-israélien à plusieurs égards.
Tout d'abord, il est un sioniste autoproclamé et l'a dit à de nombreuses reprises. Deuxièmement, il a également précisé maintes fois que, du moins en public, il ne peut y avoir de divergence entre Israël et les États-Unis. Je pense le citer mot pour mot à cet égard. Cela signifie que toute capacité des États-Unis à utiliser leur énorme influence sur Israël est déjà considérablement réduite.
Je crois que ce qu'Israël craint le plus, ce n'est pas ce que les États-Unis lui disent en privé, mais ce qu'ils signalent en public, parce qu'ils donnent ainsi des indications, si l'on peut dire, à d'autres pays, en particulier aux alliés européens de Washington et à leurs relations avec Israël. Israël a donc bénéficié d'une marge de manœuvre exceptionnellement large de la part des États-Unis pour agir à sa guise.
Et ce, même si l'on admet que les États-Unis n'ont pas toujours été d'accord avec la politique israélienne. En d'autres termes, Washington n'aime peut-être pas ce que fait Israël, mais n'est pas prêt à prendre des mesures pour l'obliger à changer de cap parce qu'il ne veut pas être perçu publiquement comme s'opposant à Israël.
Selon moi, cela a pu être le cas au cours des premiers mois. Mais si vous parlez maintenant de la fin de l'année 2024, je pense qu'il est tout à fait clair que les États-Unis sont désormais entièrement d'accord avec ce que je n'appellerais pas un programme israélien, mais plutôt un programme conjoint américano-israélien. Un programme visant à redessiner le visage de la région. Et là encore, il y a aussi, je pense, un élément géopolitique important que nous ne devrions pas ignorer, à savoir que les États-Unis sont attachés à Israël, peut-être pour de multiples raisons, mais l'une d'entre elles est qu'ils considèrent Israël comme un avant-poste clé des intérêts américains au Moyen-Orient.
De ce point de vue, toute perte israélienne affaiblit les États-Unis et toute victoire israélienne renforce leur position, non seulement dans la région, mais aussi dans le monde entier.
Ainsi, comme je l'ai dit, pour les États-Unis, la seule ligne rouge sérieuse et réelle est l'échec israélien. C'est la seule chose que les États-Unis n'accepteront pas.
Mondoweiss : Je me demande comment vous évaluez l'approche de l'administration Biden à l'égard de l'Iran au cours des quatre dernières années et comment cette politique a contribué à la situation actuelle.
Mouin Rabbani : C'est une très bonne question car il s'agit d'un sujet très important.
Au début du mandat de Biden, j'ai été contacté par un chercheur d'un important think tank qui préparait un document sur les recommandations pour la politique américaine à l'égard de l'Iran. Ce dernier m'a demandé ce que j'en pensais et je lui ai répondu que si les États-Unis ne réintégraient pas immédiatement et sans condition l'accord sur le nucléaire iranien, qui, je le répète, n'est pas un accord bilatéral entre les États-Unis, Israël et l'Iran, mais un accord international dans lequel les États-Unis sont l'un des acteurs, certes un acteur clé, mais pas le seul. J'ai dit que si les États-Unis ne réintégraient pas immédiatement et inconditionnellement l'accord et ne géraient pas les différences qu'ils ont avec l'Iran en les négociant dans le cadre de l'accord, les choses allaient très mal se terminer.
Il y a eu un assez long silence à l'autre bout de la ligne, parce que, bien sûr, seul un fou ou un agent iranien proposerait que les États-Unis réintègrent l'accord sans conditions, mais regardez ce qui s'est passé.
L'Iran est une autre question pour laquelle les États-Unis n'ont pas réussi à répudier clairement la politique de Trump et, dans une large mesure, ont cherché à la poursuivre. Au lieu de réintégrer l'accord et même au lieu de chercher à résoudre uniquement les questions découlant de la renonciation des États-Unis à l'accord, les États-Unis ont tenté de négocier un accord entièrement nouveau. Ils ont essayé d'aborder, par exemple, le rôle régional de l'Iran comme une partie du prix à payer pour que les États-Unis réintègrent l'accord.
Cela n'a jamais fonctionné. Les Iraniens ont clairement indiqué que tout accord ne porterait que sur deux points : le programme nucléaire iranien et les sanctions à l'encontre de l'Iran. Ils n'étaient pas prêts à aborder d'autres questions tant que l'accord initial n'aurait pas été mis en œuvre.
Ce que je veux dire, c'est qu'en refusant de réintégrer l'accord et en poursuivant la politique de Trump qui consiste à exercer une pression maximale sur l'Iran, on a renoncé à un facteur clé qui aurait pu aider à prévenir une large part de l'escalade à laquelle nous avons assisté au cours de l'année écoulée. Nous sommes désormais dans une situation où Israël exploite activement cette détérioration des relations américano-iraniennes.
En fait, l'absence de relations entre les États-Unis et l'Iran pourrait conduire à une confrontation directe entre Washington et Téhéran. C'est dire à quel point la situation actuelle est dangereuse.
Pour revenir à une de vos questions précédentes, il ne s'agit pas seulement d'un programme israélien. Je pense que certains hauts fonctionnaires de l'administration Biden sont tout à fait d'accord avec cette idée et estiment qu'il est plus que jamais temps de la promouvoir.
Nous entendons constamment dire que le soutien à Israël est lié d'une manière ou d'une autre à la sécurité des États-Unis. Je ne sais pas vraiment combien d'Américains croient encore à cette affirmation. Je pense qu'elle a probablement eu du succès auprès des Américains dans les années qui ont suivi le 11 septembre, mais de nombreux sondages récents suggèrent que les gens ne font plus ce lien.
Mondoweiss : Pensez-vous qu'il y ait une part de vérité dans l'affirmation sur la sécurité des États-Unis et, si ce n'est pas le cas, pourquoi pensez-vous que la grande majorité des législateurs américains soutiennent encore les actions d'Israël dans la région ? S'agit-il simplement de politiciens craignant des groupes tels que l'AIPAC ou y a-t-il des facteurs plus importants à prendre en compte ?
Mouin Rabbani : Je pense que la question de la sécurité aurait pu faire l'objet d'un débat pendant la guerre froide, lorsqu'Israël était clairement un mandataire des États-Unis au Moyen-Orient, aidant à confronter les régimes alliés à l'Union soviétique.
Une fois la guerre froide terminée et l'Union soviétique désintégrée, je ne sais pas dans quelle mesure Israël a servi les intérêts régionaux des États-Unis. Je ne parle pas des relations entre les États-Unis et Israël, mais de votre question sur le rôle joué par Israël dans la promotion des intérêts américains dans la région ou dans le monde. Je pense que si l'on fait un rapport coût-bénéfice, c'est quelque peu difficile à soutenir.
Vous avez mentionné le 11 septembre. Dans l'une de ses premières interviews après le 11 septembre, Oussama ben Laden, le chef d'Al-Qaïda, a affirmé que les germes de l'attentat avaient mûri dans sa tête alors qu'il regardait des scènes de massacre à Beyrouth en 1982, lors de l'invasion israélienne du Liban.
Maintenant, il y a de deux possibilités et toutes deux sont valables. Soit c'est effectivement le cas, soit il invente, mais il estime qu'essayer de lier les attaques terroristes du 11 septembre à l'opposition à Israël est le meilleur moyen de mobiliser le soutien en faveur de ses actions.
Si vous regardez la situation actuelle, beaucoup de gens disent qu'à long terme, le 11 septembre ne sera qu'un jeu d'enfant comparé à l'impact non seulement de la conduite israélienne, mais aussi, et c'est tout aussi important, du soutien inconditionnel et non critique de l'Occident ainsi que de sa complicité avec la conduite israélienne. J'espère vivement que cela sera démenti, mais si c'est le cas, ce sera principalement grâce au tsunami de voix occidentales qui se sont élevées contre ce génocide, que ce soit sur les campus ou dans les rues des capitales européennes ou ailleurs, et qui ont établi une distinction très nette entre les citoyens et les gouvernements occidentaux.
Je pense qu'il s'agit d'un exemple très clair de la façon dont les États-Unis n'ont pas besoin d'Israël pour promouvoir leurs intérêts dans la région, en particulier parce que les Américains ont maintenant, depuis les années 1990 et la fin de la guerre froide, une présence directe très importante au Moyen-Orient. Ils n'ont pas besoin de mandataires comme c'était le cas pendant la guerre froide, lorsqu'ils disposaient de très peu de bases militaires ouvertes, même sur le territoire de leurs alliés les plus proches.
En ce qui concerne la dernière partie de votre question, pourquoi tant d'hommes politiques continuent-ils à soutenir Israël ? Oui, l'AIPAC est certainement un facteur, mais je ne dirais pas que c'est le seul. Il y a certainement des cas comme celui de Jamaal Bowman, où les ressources et l'argent des organisations peuvent déterminer les résultats de certaines élections.
Mais à mon avis, ce n'est qu'une partie du tableau. Je pense également que nous devons reconnaître l'investissement idéologique très profond de nombreux élus dans le projet israélien, soit parce qu'ils sont des chrétiens évangéliques, soit parce que le soutien à Israël et l'islamophobie sont devenus des principes de plus en plus importants dans une très large mesure.
L'islamophobie a remplacé le rôle que l'antisémitisme a joué au 19ème et au 20ème siècle pour ce type d'hommes politiques et ils la considèrent comme un atout électoral. Vous avez dit que certains hommes politiques pouvaient craindre l'AIPAC, mais cela suggère que ces personnes ne veulent pas soutenir Israël ou que c'est une question qui n'a pas vraiment d'importance pour eux.
Je suis sûr qu'il y a des hommes politiques qui correspondent à ce profil, mais il me semble que ce n'est qu'une partie de l'histoire. Je pense que de nombreux hommes politiques reçoivent de l'argent et du soutien de l'AIPAC, mais si l'AIPAC n'existait pas, ces politiciens ne seraient pas si différents.
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9- Israël officialise sa rupture avec l’ONU en qualifiant Antonio Guterres de "persona non grata"
Le secrétaire général des Nations unies est interdit d’entrée en Israël en raison de sa réaction à l’attaque iranienne sur l’État hébreu.
Par Le HuffPost avec l’AFP, le 2 octobre 2024, HuffPost
INTERNATIONAL - "Persona non grata". Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a été interdit d’entrée en Israël en raison de sa réaction après l’attaque iranienne contre Israël, survenue mardi 1er octobre soir.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a qualifié, ce mercredi 2 octobre, Antonio Guterres de "secrétaire général anti-israélien qui apporte son soutien aux terroristes, violeurs et assassins".
L’escalade après escalade »
S’exprimant sur X après que l’Iran a tiré près de 200 missiles sur Israël, Antonio Guterres a condamné "l’élargissement du conflit au Moyen-Orient", en déplorant "l’escalade après escalade". "Cela doit cesser. Il nous faut absolument un cessez-le-feu", a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
Cette réaction n’a pas plu au ministre israélien des Affaires étrangères, reprochant au chef de l’ONU de ne pas avoir condamné nommément l’Iran pour son attaque massive. Indiquant qu’Antonio Guterres était désormais « persona non grata » en Israël, Israël Katz a ajouté : « Quiconque ne peut condamner sans équivoque l’attaque odieuse de l’Iran contre Israël ne mérite pas de fouler le sol israélien. »
Appels à la démission d’Antonio Guterres
Les relations notoirement difficiles entre Israël et les Nations unies ont sombré au plus bas depuis le 7 octobre, date de l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël, qui a déclenché la guerre en cours à Gaza.
Les appels israéliens à la démission d’Antonio Guterres ont débuté très vite après le début de la guerre, lorsqu’il a souligné que l’attaque du Hamas ne s’était "pas produite dans le vide" et que "le peuple palestinien (avait) été soumis à 56 ans d’occupation étouffante".
Et Antonio Guterres a appelé à plusieurs reprises à un cessez-le-feu pour mettre fin aux combats à Gaza et au Liban, où Israël est en pleine escalade militaire contre le Hezbollah depuis quelques semaines.
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10- Lettre ouverte au Président Biden et à la Vice-présidente Harris de 99 professionnels américains de la santé ayant servi comme volontaires à Gaza
Le 2 octobre 2024
Chers président Biden et vice-président Harris,
Nous sommes 99 médecins, chirurgiens, infirmières praticiennes, infirmières et sages-femmes américains à nous être portés volontaires dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023. Ensemble, nous avons passé 254 semaines à travailler bénévolement avec diverses organisations non gouvernementales et l'Organisation mondiale de la santé dans les hôpitaux et les cliniques de la bande de Gaza.
Outre notre expertise médicale et chirurgicale, bon nombre d'entre nous ont une formation en santé publique, ainsi qu'une expérience de travail dans des zones humanitaires et de conflit, notamment en Ukraine lors de l'invasion brutale de la Russie. Certains sont des vétérans et des réservistes. Nous sommes un groupe multiconfessionnel et multiethnique. Aucun d'entre nous ne soutient les horreurs commises le 7 octobre par des groupes armés palestiniens et des individus en Israël.
La Constitution de l'Organisation mondiale de la santé stipule ce qui suit "La santé de tous les peuples est essentielle à l'instauration de la paix et de la sécurité et dépend de la coopération la plus complète des individus et des États". C'est dans cet esprit que nous vous écrivons cette lettre ouverte.
Nous sommes parmi les seuls observateurs neutres à avoir été autorisés à entrer dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. Compte tenu de notre vaste expertise et de notre expérience directe du travail dans la bande de Gaza, nous sommes idéalement placés pour nous exprimer sur plusieurs questions importantes que notre gouvernement doit examiner au moment où il décide de poursuivre ou non son soutien à l'attaque et au siège de la bande de Gaza par Israël. En particulier, nous pensons que nous sommes particulièrement bien placés pour parler de l'énorme bilan humain de l'attaque d'Israël sur Gaza, et notamment de celui des femmes et des enfants.
Cette lettre rassemble et résume nos propres expériences et observations directes à Gaza. Elle est accompagnée d'une annexe détaillée qui résume les informations accessibles au public provenant de sources médiatiques, humanitaires et universitaires sur les principaux aspects de l'invasion israélienne de Gaza. Cette lettre ainsi que l'annexe sont disponibles électroniquement sur le site GazaHealthcareLetters.org qui héberge également des lettres de travailleurs de la santé canadiens et britanniques adressées à leurs gouvernements respectifs, qui contiennent de nombreuses observations similaires à celles figurant dans le présent document.
Cette lettre et son annexe prouvent que le nombre de victimes à Gaza depuis octobre est bien plus élevé que ce que l'on croit aux États-Unis. Il est probable que le nombre de victimes de ce conflit soit déjà supérieur à 118 908, soit 5,4 % de la population de Gaza.
Notre gouvernement se doit d'agir immédiatement pour éviter une catastrophe encore plus grave que celle qui a déjà frappé les habitants de Gaza et d'Israël. Un cessez-le-feu doit être imposé aux parties belligérantes en suspendant le soutien militaire à Israël et en soutenant un embargo international sur les armes à destination d'Israël et de tous les groupes armés palestiniens. Nous estimons que notre gouvernement est tenu de le faire, tant en vertu du droit américain que du droit humanitaire international. Nous pensons également que c'est la bonne chose à faire.
Je n'ai jamais vu de blessures aussi effroyables, à une échelle aussi massive, avec si peu de ressources. Nos bombes fauchent des femmes et des enfants par milliers. Leurs corps mutilés ne sont qu'un vaste monument de cruauté.
- Dr Feroze Sidhwa, chirurgien en traumatologie et en soins intensifs, chirurgien général au ministère des anciens combattants
À quelques exceptions près, tout le monde à Gaza est malade, blessé ou les deux à la fois. Cela vaut pour tous les travailleurs humanitaires nationaux, tous les volontaires internationaux et probablement tous les otages israéliens : chaque homme, femme et enfant. Lorsque nous travaillions à Gaza, nous avons constaté une malnutrition généralisée chez nos patients et nos collègues soignants palestiniens. Chacun d'entre nous a perdu rapidement du poids à Gaza, malgré un accès privilégié à la nourriture et le fait que nous ayons emporté avec nous nos propres compléments alimentaires riches en nutriments. Nous avons des preuves photographiques de la malnutrition potentiellement mortelle de nos patients, en particulier des enfants, que nous sommes impatients de partager avec vous.
Pratiquement tous les enfants de moins de cinq ans que nous avons rencontrés, tant au sein de l'hôpital qu'à l'extérieur, toussaient et souffraient de diarrhée aqueuse. Nous avons trouvé des cas de jaunisse (indiquant une infection par l'hépatite A dans de telles conditions) dans presque toutes les chambres des hôpitaux dans lesquels nous avons travaillé, et chez beaucoup de nos collègues soignants à Gaza. Un pourcentage étonnamment élevé de nos incisions chirurgicales s'est infecté en raison de la combinaison de la malnutrition, des conditions d'opération impossibles, du manque de fournitures sanitaires de base telles que le savon, et du manque de fournitures chirurgicales et de médicaments, y compris d'antibiotiques.
La malnutrition a entraîné de nombreux avortements spontanés, une insuffisance pondérale chez les nouveau-nés et l'incapacité des nouvelles mères à allaiter. Les nouveau-nés étaient donc exposés à un risque élevé de décès, étant donné l'absence d'accès à l'eau potable dans la bande de Gaza. Beaucoup de ces nourrissons sont morts. À Gaza, nous avons vu des mères souffrant de malnutrition donner à leurs nouveau-nés en sous-poids du lait maternisé fabriqué avec de l'eau toxique. Nous ne pourrons jamais oublier que le monde a abandonné ces femmes et ces bébés innocents.
Chaque jour, j'ai vu des bébés mourir. Ils étaient nés en bonne santé. Leurs mères étaient si mal nourries qu'elles ne pouvaient les allaiter, et nous manquions de lait maternisé ou d'eau saine pour les nourrir, si bien qu'ils mouraient de faim.
- Asma Taha, infirmière praticienne en pédiatrie
Nous vous appelons instamment à prendre conscience que des épidémies font rage à Gaza. Le déplacement continu et répété par Israël de la population mal nourrie et malade de Gaza, dont la moitié sont des enfants, vers des zones dépourvues d'eau courante ou même de toilettes, est absolument choquant. Il était et reste garanti qu'il en résultera une mortalité généralisée due à des maladies diarrhéiques virales et bactériennes et à des pneumonies, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans. En effet, même le redoutable virus de la polio est réapparu à Gaza en raison de la destruction systématique des infrastructures sanitaires, de la malnutrition généralisée qui affaiblit le système immunitaire et du fait que les jeunes enfants n'ont pas été vaccinés pendant près d'une année entière. Nous craignons que des milliers de personnes inconnues soient déjà mortes de la combinaison mortelle de la malnutrition et de la maladie, et que des dizaines de milliers d'autres meurent dans les mois à venir, en particulier avec l'arrivée des pluies d'hiver à Gaza. La plupart d'entre eux seront de jeunes enfants.
Gaza, était la première fois que je tenais le cerveau d'un bébé dans ma main. La première d'une longue série.
- Dr Mark Perlmutter, chirurgien orthopédique et de la main
Les enfants sont universellement considérés comme des innocents dans les conflits armés. Cependant, tous les signataires de cette lettre ont vu des enfants à Gaza victimes de violences dirigées délibérément contre eux. Plus précisément, chacun d'entre nous qui a travaillé dans un service d'urgence, de soins intensifs ou de chirurgie a traité des préadolescents ayant reçu une balle dans la tête ou dans la poitrine de manière régulière, voire quotidienne. Il est impossible qu'une telle généralisation des tirs sur de jeunes enfants dans toute la bande de Gaza, pendant une année entière, soit accidentelle ou méconnue des plus hautes autorités civiles et militaires israéliennes.
Monsieur le Président Biden et Madame la Vice-présidente Harris, nous aimerions que vous puissiez être témoins des cauchemars qui tourmentent tant d'entre nous depuis notre retour : des rêves d'enfants mutilés par nos armes et de leurs mères inconsolables nous suppliant de les sauver. Nous aimerions que vous puissiez entendre les cris et les pleurs que notre conscience ne nous autorise pas à oublier. Nous ne pouvons comprendre pourquoi vous continuez à armer le pays qui tue délibérément ces enfants en masse.
J'ai vu tant de morts-nés et de décès maternels qui auraient pu être facilement évités si les hôpitaux avaient fonctionné normalement.
- Dr Thalia Pachiyannakis, obstétricienne et gynécologue
Les femmes enceintes et allaitantes que nous avons traitées souffraient particulièrement de malnutrition. Ceux d'entre nous ayant traité des femmes enceintes ont régulièrement vu des mort-nés et des décès de mères qui auraient pu être évités dans le système de santé de n'importe quel pays en voie de développement. Le taux d'infection des incisions de césarienne était stupéfiant. Les femmes subissaient des accouchements vaginaux et même des césariennes sans anesthésie et ne recevaient rien d'autre que du Tylenol après l'accouchement, aucun autre médicament contre la douleur n'étant disponible.
Nous avons tous observé des services d'urgence submergés par des patients en quête d'un traitement pour des affections chroniques telles que l'insuffisance rénale, l'hypertension et le diabète. Outre les patients souffrant de traumatismes, la plupart des lits des unités de soins intensifs étaient occupés par des patients atteints de diabète de type 1 qui n'avaient plus accès à l'insuline. Le manque de disponibilité des médicaments, les coupures d'électricité et de réfrigération généralisées, ainsi que l'accès irrégulier à la nourriture, ont rendu la gestion de cette maladie impossible. Israël a détruit plus de la moitié des ressources sanitaires de Gaza et tué près d'un millier de travailleurs sanitaires palestiniens, soit plus d'un travailleur sanitaire sur 20 à Gaza. Dans le même temps, les besoins en soins de santé ont massivement augmenté en raison de la combinaison mortelle de la violence militaire, de la malnutrition, de la maladie et des déplacements.
Les hôpitaux dans lesquels nous avons travaillé manquaient de fournitures élémentaires, qu'il s'agisse de matériel chirurgical ou de savon. Ils étaient régulièrement privés d'électricité et d'accès à Internet, n'avaient pas accès à l'eau potable et fonctionnaient quatre à sept fois plus que leur capacité d'accueil. Chaque hôpital a été submergé jusqu'au point de rupture par les personnes déplacées en quête de sécurité, par le flux constant de patients malades et mal nourris en quête de soins, et par l'énorme afflux de patients gravement blessés qui arrivent généralement lors d'événements impliquant un grand nombre de victimes.
Ces observations et les documents publics détaillés dans l'annexe nous amènent à penser que le nombre de victimes de ce conflit est bien plus élevé que ce qui est rapporté par le ministère de la santé de Gaza. Nous pensons également qu'il s'agit d'une preuve probante de violations généralisées des lois américaines régissant l'utilisation d'armes américaines à l'étranger, ainsi que du droit international humanitaire. Nous ne pouvons oublier les scènes de cruauté insoutenable à l'égard des femmes et des enfants auxquelles notre gouvernement participe directement.
Lorsque nous avons rencontré nos collègues soignants à Gaza, il était évident qu'ils souffraient de malnutrition et étaient dévastés tant physiquement que mentalement. Nous avons rapidement appris que nos collègues soignants palestiniens étaient parmi les personnes les plus traumatisées de Gaza, voire du monde entier. Comme pratiquement tous les habitants de Gaza, ils avaient perdu des membres de leur famille et leur domicile. La plupart d'entre eux vivaient au sein ou à proximité de leur hôpital avec leur famille survivante, dans des conditions inimaginables. Bien qu'ils aient continué à travailler selon un rythme épuisant, ils n'ont pas été payés depuis le 7 octobre. Tous étaient parfaitement conscients que leur travail en tant que prestataires de soins de santé les avait désignés comme cibles d'Israël. Cette situation tourne en dérision le statut de protection accordé aux hôpitaux et aux prestataires de soins de santé en vertu des dispositions les plus anciennes et les plus largement acceptées du droit humanitaire international.
Nous avons rencontré des professionnels de la santé à Gaza travaillant dans des hôpitaux qui avaient subi des raids et avaient été ravagés par Israël. Nombre de nos collègues ont été capturés par Israël lors des attaques. Ils nous ont tous raconté une version légèrement différente de la même histoire : en captivité, ils étaient à peine nourris, continuellement maltraités tant physiquement que psychologiquement, et finalement abandonnés nus le long d'une route. Beaucoup nous ont dit avoir été soumis à des simulacres d'exécution et à d'autres formes de mauvais traitements et de torture. Beaucoup trop de nos collègues soignants nous ont confié qu'ils attendaient simplement la mort.
Les 99 signataires de cette lettre ont passé 254 semaines dans les plus grands hôpitaux et cliniques de Gaza. Nous tenons à être parfaitement clairs : aucun d'entre nous n'a jamais vu la moindre activité militante palestinienne dans les hôpitaux ou autres établissements de soins de Gaza.
Nous vous exhortons à constater qu'Israël a systématiquement et délibérément dévasté l'ensemble du système de santé de Gaza, et qu'Israël a pris pour cible nos collègues à Gaza pour les torturer, les faire disparaître et les assassiner.
Monsieur le Président Biden, Madame la Vice-présidente Harris, toute solution à ce problème doit commencer par un cessez-le-feu immédiat et permanent. Nous apprécions le fait que vous travailliez sur un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, mais vous avez négligé un fait évident : les États-Unis peuvent imposer un cessez-le-feu aux parties belligérantes en arrêtant tout simplement les livraisons d'armes à Israël et en annonçant que nous participerons à un embargo international sur les armes à destination d'Israël et de tous les groupes armés palestiniens. Nous insistons sur ce que beaucoup d'autres vous ont répété à maintes reprises au cours de l'année écoulée : Le droit américain est parfaitement clair à ce sujet : continuer à armer Israël est illégal.
Nous demandons instamment au président Biden et à la vice-présidente Harris de suspendre immédiatement leur soutien militaire, économique et diplomatique à l'État d'Israël et de participer à un embargo international sur les armes à destination d'Israël et de tous les groupes armés palestiniens jusqu'à ce qu'un cessez-le-feu permanent soit instauré à Gaza, y compris la libération de tous les otages israéliens et palestiniens, et jusqu'à ce qu'une résolution permanente du conflit israélo-palestinien soit négociée entre les deux parties. Madame la vice-présidente Harris, en tant que probable prochaine présidente des États-Unis, nous vous appelons instamment à annoncer publiquement votre soutien à une telle politique et à déclarer publiquement qu'il est de votre devoir de faire respecter les lois des États-Unis, même lorsque cela n'est pas politiquement souhaitable.
Monsieur le Président Biden et Madame la Vice-présidente Harris, nous sommes 99 médecins et infirmières américains à avoir été témoins de crimes dépassant l'entendement. Des crimes dont nous ne pouvons croire que vous puissiez souhaiter continuer à les soutenir. Nous vous prions de nous rencontrer pour discuter de ce dont nous avons été témoins et des raisons pour lesquelles nous considérons que la politique américaine au Moyen-Orient doit changer immédiatement.
En attendant, nous réitérons ce que nous avons écrit dans notre lettre du 25 juillet 2024 :
1. Le passage de Rafah entre Gaza et l'Égypte doit être immédiatement rouvert et doit permettre l'acheminement sans entrave de l'aide par les organisations humanitaires internationales reconnues. Le contrôle de sécurité des livraisons d'aide doit être effectué par un régime d'inspection international indépendant et non par les forces israéliennes. Ces contrôles doivent se fonder sur une liste claire, non ambiguë et publiée d'articles interdits, et sur un mécanisme international indépendant et clair permettant de contester les articles interdits, comme l'a vérifié le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies dans le territoire palestinien occupé.
2. Un minimum de 15 litres d'eau potable par personne et par jour, soit le minimum prévu par le manuel Sphère en cas d'urgence humanitaire, doit être alloué à la population de Gaza, comme l'a vérifié l'agence des Nations unies pour l'eau.
3. L'accès total et sans restriction des professionnels de la santé et des chirurgiens ainsi que du matériel médical et chirurgical à la bande de Gaza doit être rétabli. Cela doit inclure les articles emportés dans les bagages personnels des professionnels de la santé afin de garantir leur stockage adéquat, leur stérilité et leur livraison en temps voulu, comme l'a vérifié l'Organisation mondiale de la santé. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Israël continue d'empêcher les professionnels de la santé d'origine palestinienne de travailler à Gaza, y compris les citoyens américains. Cela tourne en dérision l'idéal américain selon lequel "tous les hommes sont créés égaux" et porte atteinte à la fois à nos idéaux nationaux et à notre profession. Notre travail permet de sauver des vies. Nos collègues palestiniens de Gaza ont désespérément besoin d'aide et de protection, et ils méritent les deux.
Nous ne sommes pas des politiciens. Nous ne prétendons pas avoir toutes les réponses. Nous sommes simplement des professionnels de la santé et ne pouvons rester silencieux face à ce que nous avons vu à Gaza. Chaque jour où nous continuons à fournir des armes et des munitions à Israël est un jour de plus où des femmes sont déchiquetées par nos bombes et des enfants assassinés par nos balles.
Président Biden et vice-présidente Harris, nous vous enjoignons instamment : mettez fin à cette folie dès aujourd'hui !
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, Madame la Vice-présidente, l'expression de nos salutations distinguées,
Les signatures et titres et spécialisations de chaque professionnel de santé figurent au bas de la lettre.
📰 https://www.gazahealthcareletters.org/usa-letter-oct-2-2024
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11- Documentaire : Investigations sur les crimes de guerre à Gaza
Al Jazeera a publié un nouveau documentaire, disponible sur YouTube, détaillant les crimes de guerre israéliens et les violations des droits de l'homme à Gaza, basé sur des vidéos filmées et publiées sur les réseaux sociaux par les soldats eux-mêmes.
Ce long métrage d'investigation réalisé par l'unité d'investigation d'Al Jazeera expose les crimes de guerre israéliens dans la bande de Gaza à travers des photos et des vidéos mises en ligne par les soldats israéliens eux-mêmes au cours du conflit qui a duré un an.
L'unité d'investigation a constitué une base de données de milliers de vidéos, de photos et de messages publiés sur les réseaux sociaux. Dans la mesure du possible, elle a identifié les affiches et les personnes qui y apparaissent.
Ce matériel révèle toute une série d'activités illégales, allant de la destruction gratuite et du pillage à la démolition de quartiers entiers et au meurtre/assassinat.
Le film raconte également l'histoire de la guerre à travers les yeux de journalistes palestiniens, de défenseurs des droits de l'homme et d'habitants ordinaires de la bande de Gaza. Il dénonce également la complicité des gouvernements occidentaux, en particulier l'utilisation de la RAF Akrotiri à Chypre comme base pour les vols de surveillance britanniques au-dessus de Gaza :
"L'Occident ne peut pas se cacher, il ne peut pas prétendre à l'ignorance. Personne ne peut dire qu'il ne savait pas", déclare l'écrivaine palestinienne Susan Abulhawa.
Ajoutant :
Il s'agit du "premier génocide en direct de l'histoire... Si les gens sont ignorants, c'est qu'ils l'ont été délibérément".
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