❖ À propos de l'attaque menée par Israël contre l'Iran
L'attaque tant attendue d'Israël contre l'Iran s'est déroulée aussi bien qu'un ivrogne se jetant sur un videur et atterrissant à plat ventre dans une flaque d'eau, puis se remettant péniblement...
Avant de publier sur cette attaque attendue, je souhaitais prendre le temps de vous proposer un panel de d'articles divers publiés sur le sujet.
Voici donc ma petite sélection ...
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SOMMAIRE :
1 - Israël attaque l'Iran ; des explosions ont également été signalées en Syrie et en Irak - Brett Wilkin
2 - Israël lance une attaque pathétique contre l'Iran après avoir réalisé qu'il ne pouvait pas gagner une guerre - Anti Imperial Nexus
3 - Les frappes limitées d'Israël sur l'Iran mettent en évidence les énormes contraintes auxquelles Netanyahou est confronté - Juan Cole
Avec l'humour cinglant de Laura K
4 - Israël ébranlé par l'échec humiliant de l'attaque contre l'Iran - Laura K
Et pour expliquer pourquoi les États arabes ne bougent pas concernant Gaza et le sinistre sort des Palestiniens, un excellent article. Tout est une affaire de business et de profits, comme toujours. Les vies humaines ne valent rien pour les élites au pouvoir.
5 - Israël tente de vaincre l'"axe de la résistance" en dominant la chaîne d'approvisionnement régionale - Ahmed Alqarout
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1- Israël attaque l'Iran ; des explosions ont également été signalées en Syrie et en Irak
"Les cibles sont probablement à la fois des actifs iraniens et des milices soutenues par Téhéran", a déclaré un expert du Moyen-Orient.
Par Brett Wilkins, le 25 octobre 2024, Common Dreams
Israël, qui mène déjà une guerre à Gaza et au Liban, a déclaré que son armée avait frappé des cibles à Téhéran, la capitale de l'Iran, et dans ses environs, tôt samedi, tandis que des explosions considérées comme des attaques israéliennes ont également été signalées en Syrie et en Irak.
De nombreuses explosions ont été signalées dans la capitale iranienne et ses environs, notamment à l'aéroport international Imam Khomeini, ainsi que dans l'est de la ville et dans le quartier de Sadeghiyeh, à l'ouest de Téhéran. Parmi les cibles israéliennes figureraient figureraient les quartiers généraux du corps d'élite des gardiens de la révolution islamique (IRGC).
"En réponse à des mois d'attaques continues du régime iranien contre l'État d'Israël, les forces de défense israéliennes mènent actuellement des frappes précises sur des cibles militaires en Iran", a déclaré le porte-parole des forces de défense israéliennes, le contre-amiral Daniel Hagari, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
"Le régime iranien et ses mandataires dans la région attaquent Israël sans relâche depuis le 7 octobre, sur sept fronts, y compris des attaques directes depuis le sol iranien", a ajouté Hagari. "Comme tout autre pays souverain dans le monde, l'État d'Israël a le droit et le devoir de répondre."
"Nos capacités défensives et offensives sont pleinement mobilisées. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour défendre l'État d'Israël et le peuple israélien".
L'Iran a déclaré avoir lancé l'attaque au missile du 1er octobre en représailles à l'assassinat ciblé par Israël de Hassan Nasrallah, chef de longue date du Hezbollah, et d'un commandant du CGRI qui l'accompagnait, ainsi qu'à celui, en juillet, du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran.
Si les explosions syriennes et irakiennes sont confirmées comme étant des frappes israéliennes, cela signifierait qu'Israël attaque simultanément pas moins cinq pays : la Palestine, le Liban, l'Iran, la Syrie et l'Irak. En Palestine, les forces de défense israéliennes mènent depuis plus d'un an une guerre qui a fait plus de 153 000 morts et blessés. Les bombardements et l'invasion terrestre du Liban par Israël ont tué ou blessé des milliers de personnes et en ont déplacé plus de 1,2 million d'autres.
Des responsables américains ont déclaré aux médias que l'administration Biden avait été informée des attaques de samedi.
Dans le même temps, des groupes pacifistes américains ont mis en garde contre le risque d'escalade.
"Les États-Unis devraient rester en dehors du conflit entre Israël et l'Iran", a déclaré Brian Garvey, directeur exécutif de Massachusetts Peace Action, dans un communiqué. "Israël bombarde l'Iran, l'Irak, la Syrie, le Liban et le Yémen, cherchant la bagarre avec presque tous ses voisins, tout en intensifiant son génocide à Gaza."
Poursuivant,
"Les États-Unis ne devraient pas se mêler du conflit entre l'Iran et l'Iran. Le Premier ministre israélien [Benjamin] Netanyahou cherche depuis longtemps à entraîner les États-Unis dans une guerre avec l'Iran, et ses efforts en ce sens sont probablement programmés pour influencer les élections américaines."
"Les États-Unis devraient éviter ce piège, cesser d'envoyer des armes dans la région et soutenir des pourparlers urgents en vue d'un cessez-le-feu à Gaza, au Liban et entre Israël et l'Iran", a-t-il ajouté.
Brett Wilkins est rédacteur pour Common Dreams.
📰 https://www.commondreams.org/news/israel-attacks-iran
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2- Israël lance une attaque pathétique contre l'Iran après avoir réalisé qu'il ne pouvait pas gagner une guerre
On dirait bien qu'il s'agissait d'une bretelle de sortie
Par Anti Imperial Nexus, le 26 octobre 2024
Après des semaines de tergiversations, Israël a finalement lancé sa "frappe de représailles" sur l'Iran, qu'aucune personne sensée ne peut qualifier de "représailles". Si seulement nos médias étaient dirigés par des personnes sensées, capables de se souvenir du bombardement de l'ambassade iranienne en Syrie, de l'assassinat de Haniyeh en Iran et de l'assassinat d'un responsable iranien au Liban...
D'après ce que l'on peut en déduire, cette attaque israélienne a été à peu près aussi efficace que le lancement par le Hamas de pétards par-dessus la barrière frontalière israélienne (euh pardon, le mur de l'apartheid). En d'autres termes, pas très efficace...
Il semble qu'Israël ait été trompé par les leurres iraniens et que les défenses aériennes de l'Iran aient bien résisté, mais il semble également qu'il ne s'agissait pas d'une tentative sérieuse d'escalade. Israël a publié un communiqué étrange qui comprend la phrase suivante : "L'armée israélienne a frappé des réseaux de missiles air-sol et d'autres capacités iraniennes destinées à restreindre la liberté d'opération aérienne d'Israël en Iran".
Il s'agit d'une justification tellement étrange, arguant que l'Iran ne devrait pas avoir de souveraineté sur son propre territoire, qu'Israël devrait être autorisé à violer l'espace aérien de l'Iran quand bon lui semble, mais peu importe, il semble que les dommages aient été minimes et que tout ceci n'était que du théâtre. Je serais tenté de qualifier la réponse de "raisonnable" si Israël ne s'était pas comporté de manière barbare au cours de l'année écoulée.
Malgré la nullité de l'attaque, les médias israéliens ont essayé de la vendre comme un succès, et honnêtement, il faut les laisser faire. Si c'est en prétendant qu'il s'agit d'une défaite humiliante pour l'Iran que l'on vend la désescalade au public israélien, je suis d'accord. Tout ce qui peut sauver des vies...
Malheureusement, il semble que la propagande ne fonctionne pas et les Israéliens ne sont pas convaincus. Ils ont l'impression que leurs dirigeants ont été intimidés pour qu'ils fassent marche arrière, et les réseaux sociaux ont réagi avec stupéfaction. Il apparaît qu'Israël n'est pas la seule superpuissance de la région et que les guerres sont beaucoup plus difficiles à mener lorsque les cibles ne sont pas des écoles ou des hôpitaux.
Je suis assez âgé pour me souvenir que les Israéliens considéraient comme un échec cuisant toute attaque qui n'avait pas endommagé les infrastructures civiles. Eh bien, la vie continue normalement en Iran et les civils à qui l'on a demandé s'ils avaient peur se sont contentés de rire. À l'inverse, en Israël, où le nord a été évacué et où tous les habitants du sud continuent de fuir vers des abris, il semble que l'équilibre des forces soit en train de changer.
L'ampleur de l'attaque israélienne se résume à une question : Israël peut-il compter sur le soutien des États-Unis lorsqu'il est l'agresseur ? À mon avis, quelqu'un aux États-Unis a fait les comptes et s'est rendu compte qu'ils ne pouvaient se permettre cette guerre. Outre l'effondrement inévitable de l'économie américaine, il y a le fait que les réserves américaines s'épuisent à soutenir deux guerres à la fois. Il semble que la réalité ait frappé à la porte.
Netanyahou a été si courageux qu'il s'est terré dans un bunker pendant l'attaque israélienne (il n'y a de lâcheté que lorsque le Hamas se cache sous terre). Il semble qu'Israël craignait que l'Iran ne riposte avec des missiles hypersoniques imparables, et étant donné que la résidence de Netanyahou a récemment été frappée par un drone bon marché du Hezbollah, aucun responsable israélien ne se sentira en sécurité. Compte tenu de l'attaque brutale des bippeurs au Liban et du génocide impitoyable à Gaza, il est bien difficile d'éprouver de la sympathie. La peur est le seul langage que ces gens comprennent.
N'oublions pas que l'Iran a déclaré qu'il réagirait fortement à toute réponse d'Israël, même minime, mais l'Iran doit maintenant se poser la question suivante : cela vaut-il vraiment la peine de répondre ? Il est certainement plus logique d'accepter ce petit coup que de s'engager dans une guerre qui nuirait inévitablement aux deux parties.
Israël ne peut espérer vaincre l'Iran sans le soutien des États-Unis ; il est même en train de mettre fin à son offensive terrestre au Liban (selon la chaîne israélienne Kan 11 News) parce qu'il est en train de perdre fâcheusement la partie. Israël revendique bien sûr le succès, mais comme il n'a pas vaincu le Hamas après plus d'un an, il est difficile d'y voir autre chose qu'une embarrassante déchéance.
Tout ce qu'Israël pouvait faire, c'était offrir à l'Iran une porte de sortie sous la forme d'une frappe limitée et espérer que l'Iran accepte cette offre. Je pense que ce sera le cas, mais les opinions divergent en Iran. Seyed Mohammad Marandi a publié un message sur Twitter X : "Les sionistes doivent désormais attendre la réponse inévitable de l'Iran. Une frappe très douloureuse est à venir".
Mirandi est un professeur iranien qui n'a aucun lien avec le Corps des gardiens de la révolution islamique, mais il est bien informé sur ces questions. Si l'Iran lance une attaque massive sur Israël, soit il a perdu la tête, soit il a des raisons d'être confiant. Étant donné qu'Israël est une puissance nucléaire et que les États-Unis se précipiteraient pour lui venir en aide, je ne vois pas très bien d'où viendrait cette confiance. Lespays de l'OTAN ont soutenu Israël tout au long de l'année écoulée et certains continueront vraisemblablement à le faire.
Ce que nous savons, c'est que les deux parties ont la capacité de percer les défenses aériennes de l'autre. Si Israël dispose de loin des meilleures défenses aériennes et des meilleurs avions de chasse, l'Iran possède de loin les meilleurs missiles. Alors qu'Israël bénéficie du soutien des États-Unis, l'Iran dispose d'une stratégie militaire bien plus rentable. Si l'Iran lance une roquette qu'Israël intercepte, le coût pour Israël sera potentiellement cent fois supérieur au coût pour l'Iran. Il serait facile pour l'Iran de saturer les défenses aériennes d'Israël et de lui porter un énorme coup économique.
Bien qu'Israël puisse riposter, une grande partie de l'infrastructure militaire iranienne est souterraine et il serait extrêmement difficile d'essayer de la détruire. Je craignais donc qu'Israël ne devienne fou et ne commence à lancer des armes nucléaires, ce que même les États-Unis avaient envisagé qu'Israël puisse faire, selon un document qui a fait l'objet d'une fuite. Cependant, le rapport précise que : "Nous (les États-Unis) n'avons pas observé d'indications selon lesquelles Israël aurait l'intention d'utiliser une arme nucléaire". Il semble que le sang-froid l'emporte... pour l'instant.
Il est plus que probable qu'Israël se concentrera sur le réapprovisionnement désespéré de son arsenal et s'assurera que son dôme de fer est pleinement approvisionné. L'Iran poursuivra ses projets nucléaires, sachant qu'une attaque préventive des cinglés d'Israël n'est pas à exclure. Il s'efforcera probablement d'enfouir la plus grande partie possible de son arsenal sous terre et de renforcer ses défenses aériennes. Il semble que l'Iran soit en train de conclure un accord avec la Russie dans ce sens. Tout cela signifie-t-il que nous sommes prêts à entrer en guerre dans deux ou trois ans ? Ou bien les deux parties finiront-elles par se rendre compte que la guerre est tout simplement trop risquée et que seule une solution diplomatique peut fonctionner ? Étant donné qu'Israël est en mission biblique et que le complexe militaro-industriel dépend d'une guerre sans fin, je ne suis pas très optimiste...
📰 Lien de larticle original :
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3- Les frappes limitées d'Israël sur l'Iran mettent en évidence les énormes contraintes auxquelles Netanyahou est confronté
Par Juan Cole, le 26 octobre 2024, Informed Comment
Ann Arbor (Informed Comment) - Les frappes limitées sur l'Iran effectuées par des avions de combat israéliens tôt samedi matin, heure de Téhéran, ont surtout démontré les contraintes dans lesquelles même ce gouvernement israélien extrémiste doit opérer. Les bombardements se seraient cantonnés à des cibles militaires, y compris des installations de fabrication de missiles.
La première contrainte à laquelle Israël a dû faire face était d'ordre logistique. Le gouvernement Netanyahou ne pouvait faire voler ses avions de chasse directement vers l'Iran, ce qui aurait permis une série d'attaques plus importantes. Israël n'a pu obtenir d'autorisation de survol de la Turquie, de l'Irak ou de l'un des États du Conseil de coopération du Golfe (CGC : Koweït, Bahreïn, Qatar, Arabie saoudite, Émirats arabes unis et Oman). Sean Matthews, de Middle East Eye, souligne que les Israéliens auraient donc dû descendre la mer Rouge, traverser le golfe d'Aden vers l'ouest et s'approcher de l'Iran depuis la mer d'Arabie. C'est un long trajet. Ils auraient dû être accompagnés de gros avions de ravitaillement. Cette trajectoire de vol longue et maladroite a restreint les possibilités d'action des Israéliens.
Le Premier ministre israélien extrémiste Benjamin Netanyahou n'avait pas exclu de frapper les installations nucléaires ou les champs pétrolifères de l'Iran. L'Iran a toutefois pris les pays du CCG en otage, les avertissant que si Israël, soutenu par les États-Unis, frappait les champs pétroliers iraniens, Téhéran riposterait contre les monarchies pétrolières arabes du Golfe, telles que l'Arabie saoudite, soutenues par les États-Unis. L'administration Biden tente de convaincre ces pays de reconnaître Israël, et le fait qu'un gouvernement israélien berserker (ndr : guerrier-fauve qui entre dans une fureur sacrée le rendant surpuissant et capable des choses les plus invraisemblables) les entraîne dans des hostilités avec l'Iran inciterait plutôt ces pays arabes à fuir à la fois les États-Unis et l'éventuelle adhésion à Israël. À certaines fins diplomatiques, comme pour la détente avec l'Iran, l'Arabie saoudite s'est déjà tournée vers la Chine.
Selon Middle East Eye, le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araghchi, a annoncé mardi que les Arabes du Golfe avaient promis à l'Iran qu'ils ne permettraient pas que leur espace aérien ou leur sol soit utilisé pour des attaques israéliennes contre l'Iran.
Dans le même temps, Joe Biden a fait pression sur Israël pour qu'il n'attaque pas les installations nucléaires ni les champs pétrolifères iraniens.
Je considère Netanyahou comme un aventurier qui a tenté d'élargir la guerre afin de forcer l'administration Biden à le soutenir. Bien que l'Iran soutienne le Hamas, la CIA a estimé que les ayatollahs n'avaient aucune idée des attentats du 7 octobre que le Hamas prévoyait de perpétrer les et, en fait, que les dirigeants iraniens avaient refusé de soutenir le Hamas au cours de l'année écoulée précisément parce qu'ils étaient furieux que Yahya Sinwar ait tenté de les entraîner dans une guerre sans même les avoir consultés. L'Iran a également fait pression sur le Hezbollah pour qu'il ne provoque pas de guerre avec Israël.
En d'autres termes, bien que l'Iran soutienne certainement des groupes de guérilla anti-israéliens dans la région et aime harceler les Israéliens à travers eux, leurs roquettes et leurs drones, il ne semble pas avoir agi de manière agressive face à la férocité du génocide perpétré par Netanyahou dans la bande de Gaza.
Au printemps dernier, Netanyahou a frappé l'ambassade iranienne à Damas dans une tentative évidente d'impliquer l'Iran dans la guerre, et l'Iran a répondu par une salve de missiles que les États-Unis ont abattu.
Puis, cet été, Netanyahou a assassiné Ismail Haniyeh, le chef civil du politburo du parti Hamas (qui n'est pas la même chose que les brigades paramilitaires al-Qassam). L'assassinat a été perpétré à Téhéran, dans une tentative évidente d'attirer l'attention de l'Iran. De même, l'attentat de Netanyahou contre le personnel du Hezbollah (et certains Iraniens, comme l'ambassadeur iranien au Liban) et l'assassinat de Hassan Nasrallah en septembre visaient en partie à humilier l'Iran.
Le barrage de missiles iraniens du 1er octobre contre Israël a été en grande partie abattu par les États-Unis, mais certains ont réussi à passer et l'un d'entre eux a touché une base militaire israélienne. Cet attaque était une vengeance pour les meurtres de Haniyeh et de Nasrallah.
La riposte israélienne a été si limitée qu'elle pourrait bien ne susciter aucune réaction de la part de l'Iran, ce qui mettrait un terme à cette phase du conflit israélo-iranien.
Mais Netanyahou a été contraint à une réponse limitée par les États arabes du Golfe (dont deux - Bahreïn et les Émirats - reconnaissent Israël) et par l'administration Biden. Le refus des États du CCG d'accorder des autorisations de survol a également posé des limites à ce qu'Israël pouvait accomplir avec ses F-35.
Je considère le programme de missiles de l'Iran essentiellement défensif. Le pays l'a utilisé contre Israël à deux reprises cette année, et dans les deux cas en réponse à des provocations israéliennes (provocations que je crois délibérées de la part de Netanyahou). Israël a fait valoir que ses avions à réaction pouvaient désormais atteindre l'Iran avec un ravitaillement important. L'Iran a fait valoir qu'un essaim de missiles pouvait pénétrer les défenses antimissiles israéliennes et frapper une base militaire israélienne.
Chaque partie cherche une forme de dissuasion contre l'autre, dissuasion qui s'est effondrée cette année en raison de l'agression d'Israël à Gaza et au Liban et de ses défenses antimissiles.
Selon moi, l'Iran sera satisfait s'il a le sentiment que la dissuasion a été rétablie. Je ne pense pas que Netanyahou se défende, mais qu'il attaque et tente d'étendre son influence dans la région. Pour cette raison, il sera difficile de rétablir la dissuasion entre les deux pays.
Mais pour l'instant, une guerre totale semble avoir été évitée.
Juan Cole est le fondateur et rédacteur en chef d' Informed Comment. Il est professeur d'histoire à l'Université du Michigan et l'auteur, entre autres, de Muhammad : Prophet of Peace amid the Clash of Empires et The Rubaiyat of Omar Khayyam. Suivez-le sur Twitter à @jricole ou sur la page Facebook d'Informed Comment.
📰 https://www.juancole.com/2024/10/enormous-constraints-netanyahu.html
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4 - Israël ébranlé par l'échec humiliant de l'attaque contre l'Iran
C'est tellement embarrassant que je pourrais en mourir ...
Par Laura K, le , Blog Personnel
Cela fait 36 heures que l'attaque tant attendue d'Israël contre l'Iran s'est déroulée aussi bien qu'un ivrogne se jetant sur un videur et atterrissant à plat ventre dans une flaque d'eau, puis se remettant péniblement sur ses pieds et s'éloignant en titubant, marmonnant : "Je t'aurai la prochaine fois", tandis que toutes les femmes rient.
Nous nous grattons tous la tête en nous demandant ce qui a bien pu se passer lorsque nos rêves de laisser l'Iran en ruines se sont évanouis... et que l'Iran est resté intact. Comme chacun sait, le succès militaire se mesure à la quantité d'infrastructures civiles détruites par bombe. Vous pouvez imaginer à quel point les FDI ont été mortifiées lorsqu'elles n'ont pas détruit un seul hôpital iranien. Pas même une putain d'école. Pas même un putain d'immeuble d'habitation avec un tunnel imaginaire en dessous. Cela défie vraiment l'entendement.
Les FDI ont bien essayé d'ordonner à tous les Iraniens de se rendre dans des "zones de sécurité" et de marcher d'un bout à l'autre du pays jusqu'à ce que leurs pieds saignent, mais les Iraniens se sont contentés de rire. Il est étonnant de constater que les gens ne suivent pas vos ordres, à moins que vous ne les terrorisiez avec des drones sniper. Comparez les Iraniens aux sionistes occidentaux qui mouillent leur froc dès qu'ils voient un drapeau palestinien. Les vraies victimes devraient être évidentes : les personnes qui ne sont même pas originaires de la région, mais qui disent qu'elles n'ont "nulle part où aller".
Lorsque la nouvelle de la déconfiture israélienne est parvenue au QG de l'apartheid, les immigrants polonais Netanyahou et Gallant se sont tenu la main, fondant en larmes, et se sont recroquevillés dans leur bunker, priant pour que l'Iran ne réponde pas avec des missiles hypersoniques. Je ne sais pas si Netanyahou est sorti de son espace de sécurité, ni même s'il a lâché la main de Gallant. Nous vivons vraiment une période terrifiante et la question que tout le monde se pose est : qu'est-ce qui a mal tourné ?
Je peux vous révéler en exclusivité que l'échec humiliant d'Israël est dû à la confusion causée par le changement de cible. Le système de missiles israélien, à la pointe de la technologie, est calibré pour s'attaquer aux ennemis les plus meurtriers, tels que des civils dans des tentes, et n'était tout simplement pas à la hauteur d'un ennemi à même de riposter. Comment pouvions-nous savoir que les Iraniens pouvaient riposter ?
Étonnamment, l'Iran dispose de défenses aériennes et de leurres, ainsi que de bunkers quasi impénétrables. Pire encore, le pays a passé 20 ans à se préparer pour ce moment et notre camp (les gentils) a passé ces même deux décennies à utiliser des enfants comme cible d'entraînement. Je ne peux m'empêcher de penser que notre préparation a peut-être été insuffisante.
L'attaque de l'Iran était si embarrassante qu'Israël a publié une image d'une explosion provenant d'une autre attaque, ignorant qu'il y a tout un internet et que les gens peuvent comprendre ce genre de choses. Malheureusement, Israël pense toujours que tout le monde vit en 1984 et aimerait plus que tout que nous y restions. Les médias israéliens ont prétendu que l'attaque avait été un succès retentissant, mais même les Israéliens n'y ont pas cru, alors qu'il s'agit de la population qui subit le plus grand lavage de cerveau au monde.
Les Israéliens se sont déchaînés sur les réseaux sociaux parce qu'ils avaient passé leur temps à dire des choses du genre "ne commencez pas une guerre que vous ne pouvez pas gagner" et qu'ils ont ensuite commencé une guerre qu'ils ne peuvent pas gagner. Le pauvre Israël doit maintenant trouver une stratégie qui n'implique pas de réduire tout le Moyen-Orient à un champ de ruines. Il se pourrait qu'il doive recourir à la diplomatie.
Imaginez la position d'Israël : vous avez passé des années et des années à soudoyer des politiciens américains pour qu'ils vous donnent un dôme de fer et un armement censé vous rendre plus puissant que Dieu, mais ces habitants primitifs du désert traversent votre dôme de fer avec facilité et repoussent vos missiles comme s'ils n'étaient rien.
Israël a compris qu'il ne pouvait s'attaquer à l'Iran, pas plus qu'au Hezbollah, mais il n'est pas tout à fait prêt à s'abaisser et passer par la voie diplomatique. Il est donc revenu à la seule chose qu'il sait faire : couper les vivres aux populations civiles et en assassiner autant que possible. Israël a désigné tous les journalistes de Gaza comme "terroristes" après avoir réalisé qu'il ne pouvait pas prétendre à l'existence d'un tunnel en dessous d'eux, ou un centre de commandement, ou même une malle remplie d'or. Imaginez que vous soyez le type dont le travail consiste à trouver des excuses pour qu'Israël commette des meurtres. Il faut admettre qu'il n'est rien si ce n'est créatif, mais il a du pain sur la planche.
Même les alliés d'Israël peinent à défendre tout ce bellicisme, car l'excuse (la rengaine) habituelle selon laquelle "Israël a le droit de se défendre" est un peu mince après 76 ans de colonialisme. On pourrait penser que nous en trouverions une meilleure, mais honnêtement, il est plus facile d'enlever le masque et de dire ce que nous pensons vraiment. Les États-Unis et le Royaume-Uni étaient tout à fait d'accord pour exterminer tout le monde au Moyen-Orient et nous ne reculons pas face à l'Iran par moralité, mais plutôt par manque de capacité. La machine à tuer n'est tout simplement plus assez puissante pour commettre autant de meurtres. Personnellement, je blâme la génération Z.
📰 Lien de l'article original :
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Cet article explique à lui seul pourquoi les États arabes ne bougent pas concernant Gaza et le sinistre sort des Palestiniens. Tout est une affaire de business et de profits, comme toujours. Les vies humaines ne valent rien pour les élites dirigeantes.
5- Israël tente de vaincre l'"axe de la résistance" en dominant la chaîne d'approvisionnement régionale
Israël a réussi à se protéger des effets du blocus économique imposé par l'"axe de la résistance" grâce à la guerre de la chaîne d'approvisionnement au Moyen-Orient et dans la région élargie.
Par Ahmed Alqarout, le 29 octobre 2024, Mondoweiss
Lors d'un récent discours public, le 4 octobre, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a mis en lumière pour la première fois ce qu'il a décrit comme des plans américains et israéliens visant à contrôler les ressources naturelles de la région. Il a déclaré que la campagne de guerre actuelle d'Israël visait à faire de ce pays une plaque tournante pour l'exportation d'énergie vers l'Europe et l'importation de technologies afin d'assurer sa survie. Khamenei a appelé à la résistance contre le soi-disant corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEC), un projet de pont terrestre reliant l'Inde, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie, Israël et l'Europe.
Quelques jours après son appel, le parlement iranien a discuté de l'introduction d'un projet de loi pour une alliance défensive avec les pays appartenant à l'"axe de la résistance". Le 27 octobre, Khamenei a précisé cette vision en appelant à la création d'une "alliance politique et économique mondiale et, si nécessaire, militaire" pour faire face à Israël et mettre un terme aux crimes qu'il commet contre les peuples de la région. Cela annonce un choc des marchés qui pourrait être la prochaine phase de la guerre. Au cœur de cet affrontement se trouve le conflit pour la domination des chaînes d'approvisionnement régionales et mondiales.
Les ruptures de la chaîne d'approvisionnement sont devenues un problème mondial récurrent depuis l'apparition du Covid-19, qui a incité les pays à mettre en place des contrôles stricts sur les importations et les exportations. Le concept de sécurité de la chaîne d'approvisionnement est rapidement devenu une préoccupation centrale. Le gouvernement américain a adopté des mesures protectionnistes, notamment en ce qui concerne les exportations de vaccins, tandis que la Russie et l'Inde ont imposé des restrictions sur les importations et les exportations de denrées alimentaires et que la Chine a limité l'exportation d'équipements de protection et de médicaments. Cette expérience a mis en évidence l'importance de la sécurité de la chaîne d'approvisionnement pour de nombreux pays.
L'accent mis sur la sécurité de la chaîne d'approvisionnement n'a pas été uniquement motivé par des préoccupations liées aux pandémies, mais également par l'escalade de la concurrence géopolitique entre l'Occident et les nations des BRICS. Les États-Unis, en particulier, ont commencé à se servir des chaînes d'approvisionnement comme un outil stratégique contre la Chine et la Russie, notamment à la lumière des guerres des semi-conducteurs et de l'Ukraine. Les États-Unis ont imposé des restrictions sur l'accès des entreprises chinoises aux semi-conducteurs critiques produits à l'aide de la technologie américaine, ce qui a affecté de grandes entreprises comme Huawei et ZTE. À la suite de la guerre en Ukraine, les États-Unis ont pris la tête d'une coalition occidentale en imposant de vastes sanctions sur les chaînes d'approvisionnement de la Russie, tentant ainsi d'isoler le pays de l'économie mondiale. La Russie et la Chine ont riposté en limitant les exportations de minéraux de terres rares et d'uranium vers l'Occident.
Le conflit de la chaîne d'approvisionnement mondiale s'est étendu à la région MENA (ndr : Moyen-Orient et Afrique du Nord, pays bordant le Sud de la Méditerranée ainsi que la péninsule arabique). Dans le contexte de sa guerre contre Gaza en 2023, Israël a cherché à exploiter son intégration dans les chaînes d'approvisionnement mondiales et régionales pour atteindre ses objectifs militaires. En renforçant sa position au sein de ces réseaux d'approvisionnement, Israël a voulu atteindre ses objectifs stratégiques.
Intégrer Israël dans la chaîne d'approvisionnement régionale
Avant de pouvoir armer sa chaîne d'approvisionnement régionale, Israël a d'abord dû la mettre en place. Bien qu'Israël ait des liens commerciaux avec d'autres pays de la région MENA depuis des décennies, ces relations étaient limitées et souvent menées dans le secret. Toutefois, la signature des accords d'Abraham en 2020, qui incluaient Israël, les Émirats arabes unis, Bahreïn, et plus tard le Soudan et le Maroc, a permis à Israël de s'intégrer plus profondément dans la chaîne d'approvisionnement régionale. En outre, les récentes découvertes de gaz par Israël au cours de la dernière décennie sont devenues un outil pour attirer les pays dans des relations économiques plus étroites, en s'appuyant sur des accords antérieurs tels que les accords de Camp David (1978) avec l'Égypte et le traité de Wadi Araba (1994) avec la Jordanie, ainsi que sur les besoins énergétiques croissants de la région en raison de la croissance de la population.
Israël a cherché à s'ancrer davantage dans l'économie régionale en signant de nombreux accords de libre-échange et en renforçant les liens commerciaux avec les pays qui avaient normalisé leurs relations avec lui. Israël a signé son premier accord de libre-échange dans la région après la normalisation avec les Émirats arabes unis. En mai 2022, ces deux pays ont conclu l'accord de partenariat économique global EAU-Israël. Celui-ci, le second accord commercial bilatéral des Émirats arabes unis après celui conclu avec l'Inde en février 2022, vise à stimuler le commerce en réduisant ou en éliminant les droits de douane, en améliorant l'accès au marché pour les exportateurs, en attirant de nouveaux investissements et en créant des opportunités dans des secteurs clés tels que l'énergie, l'environnement et le commerce numérique. Il devrait permettre d'accroître le commerce bilatéral au-delà de 10 milliards de dollars.
Cet accord a permis aux entreprises israéliennes d'exporter des services de cybersécurité vers les Émirats arabes unis, contribuant ainsi à l'économie israélienne, malgré les appels au boycott lancés dans le monde entier suite aux allégations de génocide. Les Émirats arabes unis sont devenus un levier économique vital pour Israël afin de maintenir des relations commerciales mondiales tendues et d'établir des liens avec l'économie indienne. Par exemple, Airobotics, une société israélienne, a des bureaux à Dubaï, d'où elle exporte des services et des drones israéliens dans le monde entier. Des projets de transport maritime et d'énergie entre les deux pays sont également en cours de discussion et de mise en œuvre.
À la suite de la normalisation des relations avec Bahreïn en septembre 2020, Israël a cherché à conclure un accord de libre-échange avec le pays. Celui-ci devrait permettre à Israël de tirer parti de la position stratégique de Bahreïn dans les secteurs mondiaux du transport maritime, de la finance et de l'énergie. Cox Logistics, qui gère le pont terrestre reliant l'Inde, le Golfe et Israël via Bahreïn, a déjà signé un protocole d'accord avec l'entreprise israélienne Trucknet pour utiliser une plateforme basée sur le cloud afin de faciliter les exportations vers Israël via la chaîne d'approvisionnement militaire américaine dans la région MENA. Cox Logistics fournit des services logistiques aux véhicules militaires américains dans tout le Moyen-Orient. L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et les États-Unis étant les principaux partenaires commerciaux de Bahreïn, cela souligne l'intégration d'Israël dans les liens commerciaux régionaux sous l'égide de la sécurité des États-Unis. Bien que le volume des échanges par cette route ne soit pas important, il a renforcé la résistance d'Israël face à la guerre, en particulier après un blocus imposé par le Yémen sur la mer Rouge, réduisant considérablement les importations maritimes et provoquant l'inflation.
De même, après avoir adhéré aux accords d'Abraham, Israël a accéléré son intégration dans le marché marocain, utilisant le Maroc comme un tremplin pour obtenir un meilleur accès à l'Afrique. Les accords de libre-échange conclus par le Maroc avec des pays africains, tels que la Tunisie, ont contribué à faire du Maroc une plaque tournante pour les exportations israéliennes vers le continent. En février 2022, le Maroc et Israël ont signé un accord de coopération en matière de commerce et d'investissement qui a créé un cadre pour les relations économiques et commerciales bilatérales. L'accord ciblait des secteurs à fort potentiel, tels que l'automobile, l'agroalimentaire, l'industrie 4.0, l'aérospatiale, les énergies renouvelables et les technologies de l'eau. Il a également établi des zones industrielles qualifiées au Maroc qui permettraient un accès direct au marché américain, grâce à un accord tripartite entre le Maroc, Israël et les États-Unis.
En conséquence, Israël a signé un accord d'exploration et de production de gaz naturel offshore avec le Maroc en décembre 2022. En mai 2023, ces deux pays ont signé trois accords supplémentaires, dont un accord maritime visant à encourager les liens commerciaux directs et un pour développer des drones et des voitures auto-conduites. La coopération militaire et sécuritaire s'est également élargie. Après avoir été le premier pays à signer les accords d'Artémis dirigés par les États-Unis en 2022, Israel Aerospace Industries a signé un accord d'équipement militaire d'un milliard de dollars avec le Maroc en juillet 2023, fournissant des satellites utilisés à des fins de communication, de radar et d'espionnage. Au-delà du levier économique, le Maroc a permis la vente de technologies utilisées dans le génocide de Gaza après avoir été testées sur le terrain, comme les drones.
Israël vise également à renforcer ses liens énergétiques avec l'Égypte, en s'appuyant sur un accord conclu en 2018 pour acheter du gaz naturel israélien d'une valeur de 15 milliards de dollars sur dix ans. En juin 2022, les deux pays ont signé un protocole d'accord visant à accroître les exportations de gaz naturel vers l'Europe. Dans le cadre de cet accord, l'UE encouragerait les entreprises européennes à participer aux appels d'offres israéliens et égyptiens en matière d'exploration, ce qui faciliterait les exportations de gaz israélien vers l'Égypte via les gazoducs existants et les exportations égyptiennes de GNL vers l'Europe. Cet accord faisait suite aux tentatives infructueuses d'Israël de créer son propre gazoduc directement vers l'Europe. En pratique, l'Égypte est devenue dépendante de l'énergie israélienne pour sa consommation locale et pour obtenir des devises étrangères afin de financer son budget grâce aux ventes de gaz israélien liquéfié.
En Jordanie, Israël a cherché à renforcer la dépendance du pays à l'égard de ses ressources énergétiques et hydriques. Après avoir signé un accord gazier de 15 milliards de dollars en 2014 pour répondre à 40 % des besoins en électricité de la Jordanie avec du gaz israélien, Israël, la Jordanie et les Émirats arabes unis ont signé un protocole d'accord en novembre 2022 pour échanger de l'énergie solaire jordanienne contre de l'eau dessalée israélienne. En 2021, Israël avait déjà accepté de doubler ses exportations d'eau vers la Jordanie, augmentant ainsi la dépendance de la Jordanie à l'égard d'Israël.
Israël s'est même efforcé de s'intégrer dans des environnements hostiles. En octobre 2022, Israël et le Liban ont finalisé un accord définissant leurs frontières maritimes en Méditerranée. Celui-ci autorise l'exploitation des champs de Kraish et de Qana dans le cadre d'un accord de partage des revenus.
Peu après, en juin 2023, Israël a discrètement approuvé le développement de Gaza Marine, un petit champ gazier offshore près de Gaza. Ce projet devait bénéficier à la fois à l'Autorité palestinienne et au Hamas grâce à l'augmentation des revenus et à l'indépendance énergétique. Les deux accords ont été conçus pour sécuriser les approvisionnements énergétiques d'Israël et dissuader le Hezbollah et le Hamas de cibler les infrastructures énergétiques israéliennes en cas d'escalade militaire, créant ainsi une forte relation de dépendance.
Dans sa guerre contre Gaza, Israël a cherché à tirer parti de ses nouveaux liens économiques régionaux pour décourager les pays de s'opposer à lui et pour inciter ceux qui restaient complaisants à poursuivre leur soutien.
L'interdépendance militarisée d'Israël
Au début de la guerre de Gaza, Israël a accordé 12 licences à six entreprises pour explorer le gaz naturel au large de sa côte méditerranéenne, l'un des bénéficiaires étant la compagnie pétrolière nationale d'Azerbaïdjan, Socar. L'Azerbaïdjan a joué un rôle crucial dans l'approvisionnement d'Israël en énergie via la Turquie. Bien que la Turquie ait suspendu ses relations commerciales avec Israël à la suite du conflit de Gaza, Israël a continué à recevoir du gaz azerbaïdjanais par les ports turcs. Grâce à cet accord avec Socar, le carburant azéri a continué à soutenir l'économie israélienne sous blocus via les voies de transport turques.
Israël a également utilisé ses accords sur l'eau avec la Jordanie pour étouffer les critiques croissantes concernant ses liens économiques et le pont terrestre qui le relie aux pays du Golfe. En échange du silence de la Jordanie sur la guerre et de son soutien continu aux efforts d'intégration régionale d'Israël par le biais du corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEC), Israël a étendu son accord d'exportation d'eau existant. La Jordanie a en outre bénéficié de l'augmentation des importations israéliennes via le pont terrestre avec le Golfe, ce qui l'a incitée à continuer à soutenir la guerre.
Israël a augmenté ses exportations de gaz vers l'Égypte pendant la guerre pour inciter l'Égypte à rester neutre malgré quelques perturbations. L'Égypte a également bénéficié des nouvelles routes commerciales maritimes reliant la Turquie, la Grèce et Chypre à Israël. Israël a également usé de son influence sur le système financier mondial pour restreindre le financement de l'UNRWA, une organisation dont dépendent fortement la Jordanie et le Liban pour venir en aide à des millions de réfugiés palestiniens. En désignant l'UNRWA comme une organisation terroriste, Israël visait à lui couper l'accès au financement international, exerçant ainsi une pression supplémentaire sur la Jordanie et le Liban pour qu'ils modifient leur position sur la guerre.
En outre, Israël a tiré parti de ses liens étroits avec l'Allemagne pour garantir à l'Arabie saoudite l'accès à des technologies militaires de pointe. L'Arabie saoudite a contribué à l'interception des attaques aériennes contre Israël via son espace aérien et, en conséquence, l'Allemagne a approuvé la vente d'avions de combat Eurofighter Typhoon à l'Arabie saoudite, assouplissant ainsi ses restrictions antérieures sur les ventes d'armes au royaume. Cela a encouragé l'Arabie saoudite à garder le silence sur le conflit de Gaza et l'a incitée à rester intéressée par une normalisation avec Israël.
Un mois avant le 7 octobre, les États-Unis ont lancé l'IMEC pour relier l'Asie à l'Europe via le Golfe et Israël, dans le but d'améliorer les liens énergétiques, commerciaux et de données. Ce projet fait d'Israël une plaque tournante du commerce régional et l'intègre de manière irréversible dans la chaîne d'approvisionnement régionale. L'intégration d'Israël dans ce cadre économique devrait permettre de mettre un terme au conflit israélo-arabe, que la question palestinienne soit ou non résolue. Si les attaques du Hamas ont perturbé les plans d'Israël à court terme, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a présenté le conflit comme un jeu à somme nulle dans les discours qu'il a récemment prononcés devant le Congrès et les Nations unies. Pour Israël, la guerre vise à garantir l'alliance du marché d'Abraham, étayée par la vision de l'IMEC qui fait d'Israël la plaque tournante commerciale de la région. Par conséquent, Israël et les États-Unis tentent de lier la fin de la guerre de Gaza à un accord de normalisation avec l'Arabie saoudite. Israël envisage que Gaza fasse partie de l'IMEC, définissant la victoire par sa transformation en une plaque tournante du commerce régional - tout en décimant Gaza dans le processus.
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